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PSAUME 59

 

Paul Fuzier

 

ME 1944 p. 57

Table des matières :

1     Psaume 59:1-5

2     Psaume 59:6-8

3     Psaume 59:9-10

4     Psaume 59:11-13

5     Psaume 59:14-17

 

 

Le Psaume 59, composé par David « quand Saül envoya, et qu’on surveilla sa maison, afin de le faire mourir », dépeint les exercices par lesquels il a passé et nous donne l’expression des sentiments qu’il a éprouvés dans les circonstances dont 1 Samuel 19 retrace le récit.

David est un type du Seigneur Jésus dans son humiliation et son rejet. Il était roi, mais pourchassé, méprisé et haï. Ceux qui ne le connaissaient pas l’accablaient de leur haine : un Saül, un Abner, un Nabal (1 Sam. 17:55-58 ; 25:10, 11). D’autres, au contraire, manifestaient quelque affection pour lui : « L’âme de Jonathan se lia à l’âme de David ; et Jonathan l’aima comme son âme ». Cet amour pour le roi rejeté conduit le fils de Saül à se dépouiller de sa robe, de ses vêtements, de son épée, de son arc, de sa ceinture, pour les donner à David (1 Sam. 18:1-4). Contraste frappant avec l’attitude de Nabal qui lui refuse « son pain, son eau, sa viande » ! Jonathan savait qui était David !

David étant considéré comme un type du Seigneur Jésus dans sa réjection, Jonathan d’une part, Saül, Abner, Nabal d’autre part, illustrent les deux classes de personnes que l’on trouve encore aujourd’hui dans ce monde. Il y a ceux qui connaissent Jésus, qui l’aiment — et cela doit les conduire à mettre à son service tout ce qu’ils possèdent ; il y a aussi, hélas, ceux qui n’ont jamais eu à faire avec Lui, qui ne Le connaissent pas, dans le cœur desquels il n’y a pour Lui qu’indifférence et mépris. De tels hommes suivent le chemin de ceux qui « tinrent conseil ensemble pour se saisir de Jésus par ruse et le faire mourir » (Matt. 26:4). C’est ce que Saül a essayé de faire à l’égard de David !

Mais encore, dans cette portion des Écritures, nous pouvons voir en David un croyant dans les difficultés, au milieu d’un monde hostile, ayant à souffrir de la part des hommes qui ne connaissent pas Jésus et n’ont, pour Lui et les siens, que des pensées de haine. Cette application du Psaume 59 ne peut-elle être étendue ? Ne contient-il pas aussi des enseignements et des encouragements précieux pour ceux qui se trouvent dans la détresse, pressés de toutes parts, découragés peut-être en voyant le mal empirer, la violence se déchaîner partout ? Sans doute, et si nous le proposons à notre méditation, c’est d’abord avec la pensée que la lecture de ce Psaume pourra être en réconfort à beaucoup de chers enfants de Dieu, éprouvés de tant de manières dans ces jours mauvais.

Le Psaume 59 comprend cinq divisions : versets 1 à 5, 6 à 8, 9 et 10, 11 à 13 et 14 à 17.

 

1                    Psaume 59:1-5

Il commence par une prière, un cri de détresse deux fois répété : Délivre-moi ! C’est bien la prière que nous adressons à Dieu du sein de la souffrance et c’est la même prière que nous reprenons, réalisant qu’Il demeure — quoi qu’il en soit de nous — « un secours dans les détresses, toujours facile à trouver » (Ps. 46:1). La première fois, David demande Sa protection ; la seconde, une délivrance complète : « Protège-moi... sauve-moi... ». Il s’adresse, comme au Ps. 63, non seulement à Dieu, mais à un Dieu qu’il connaît, à son Dieu : « ô mon Dieu ! » De la même façon, l’apôtre écrira aux Philippiens : « Mon Dieu suppléera à tous vos besoins » (Phil. 4:19).

De qui David demande-t-il à être délivré ? De ses ennemis. Et qui sont-ils ? Les messagers de Saül, envoyés pour le faire mourir au matin. Ce sont eux — et Saül représenté par eux — qui sont « des ouvriers d’iniquité », « des hommes de sang ». David décrit leur activité : ils ont dressé des embûches contre sa vie, ils se sont assemblés contre lui (v. 3).

Pourquoi David est-il ainsi persécuté ? Est-ce la conséquence de son infidélité ? Non. Il avait délivré le peuple, triomphant de Goliath, frappant les Philistins d’un grand coup — et il jouait de la harpe dans la maison de Saül quand Saül a cherché à le frapper de sa lance ! Il n’avait fait que du bien. Ce n’était donc pas en raison de sa transgression ou de son péché. Il était haï sans cause et Jonathan le souligne (1 Sam. 19:4. 5). Quel beau type du Seigneur Jésus ! (Ps. 35:7 et 19 ; Jean 15:25). « Sans cause », « sans qu’il y ait d’iniquité en moi... » (v. 4.) Il a dit ailleurs cependant : « J’ai été enfanté dans l’iniquité... » (Ps. 51:5). Mais ici, il considère les circonstances du moment et, d’autre part, en tant qu’il est vu comme type de Christ, il n’y a pas d’iniquité en lui.

« Éveille-toi... réveille-toi... » (v. 4, 5.) David dans la souffrance ressemble aux disciples dans la nacelle, lorsqu’ils vont réveiller le Seigneur. Leur foi était chancelante, mais la nôtre n’est-elle pas aussi faible ? Il nous semble parfois qu’Il dort et nous abandonne au milieu de la mer agitée de ce monde... C’est le même appel qu’adressaient aussi les fils de Coré : « Éveille-toi ! Pourquoi dors-tu, Seigneur ? Réveille-toi ; ne nous rejette pas pour toujours ! » (Ps. 44:23), et qui sera plus tard celui du résidu quand il traversera la grande tribulation. Bien que nous soyons des « gens de petite foi », quelle grâce de savoir que, malgré tout, Celui qui nous garde ne sommeillera pas et ne dormira pas ! (Ps. 121:3, 4). Cette assurance repose sur sa fidélité à Lui. Qu’elle nous soit précieuse dans les circonstances que nous traversons !

Le verset 5 nous reporte à un temps futur ; il sera dans la bouche du résidu de Juda quand il connaîtra, pendant la deuxième demi-semaine prophétique de Daniel, durant « le temps de la détresse pour Jacob » (Jér. 30:7), des angoisses telles qu’il éprouvera des sentiments semblables à ceux exprimés dans ce Psaume. Alors il demandera le jugement des nations qui entoureront Jérusalem.

 

2                    Psaume 59:6-8

Au verset 6, commence la deuxième division. L’activité des messagers de Saül nous y est dépeinte. Ils surveillent la maison où est réfugié David, « ils reviennent le soir » : c`est dans les ténèbres que les méchants accomplissent leurs mauvaises actions, conduits par celui qui est appelé « le prince des ténèbres ». « Ils hurlent comme un chien. » Chien était un terme de mépris chez les Juifs. Employé dans plusieurs passages de la Parole, il désigne, dans Matth. 7:6, ceux qui sont incapables de distinguer ce qui est saint de ce qui est corrompu ; dans Phil. 3:2, ceux qui viennent du dehors pour apporter de fausses doctrines, afin de corrompre le christianisme ; dans 2 Pierre 2:22, ceux qui n’éprouvent aucun dégoût pour le mal. Il présente surtout l’idée de corruption. Ici, il paraît être employé dans un sens analogue à celui d’Apoc. 22:15 : il désigne les hommes impurs et violents qui écoutent Satan et le suivent pour accomplir ses desseins. Il est ajouté : « et font le tour de la ville ». Les messagers de Saül faisaient le tour de la maison de David, comme aussi les nations sur lesquelles le résidu demandera le jugement feront le tour de Jérusalem.

Dans le verset 7, il est question des paroles. Dans la bouche des messagers de Saül, il n’y a qu’injures et leurs paroles expriment la violence qui est dans leur cœur. Ils pensent que nul ne les entend ! Mais, « Celui qui a planté l’oreille n’entendra-t-il point ? celui qui a formé l’œil ne verra-t-il point ? » (Ps. 94:9.) La deuxième partie de ce verset est la réponse à la question du Ps. 64:5 : « Qui le verra ? », question qui est aussi un défi. C’est ainsi qu’agissent les hommes, pensant qu’ils ne sont ni vus ni entendus ! Ils ne se doutent généralement pas que rien n’échappe à Celui qui va exercer son jugement sur eux : « Mais toi, Éternel, tu te riras d’eux, tu te moqueras de toutes les nations. » (v. 8.) David a écrit ailleurs : « Celui qui habite dans les cieux se rira d’eux, le Seigneur s’en moquera » (Ps. 2:4.)

 

3                    Psaume 59:9-10

C’est surtout à lui que David a regardé dans la première division du Psaume. Dans la deuxième, il a considéré ses ennemis, leur puissance et leur violence. En regardant à soi ou aux adversaires, on ne peut trouver aucun secours. Par la foi, il y a bien la connaissance d’une délivrance future, mais il n’y en a pas l’anticipation — il n’y a aucune joie !

Dans la troisième partie, David fixe ses regards sur Celui qui peut seul intervenir, et il sait qu’Il interviendra ! Attendant le moment de la délivrance, il est réconforté et encouragé en Le contemplant, Lui. « Je regarderai à Toi » (v. 9.) Ce qui le conduit à regarder à Dieu c’est la puissance de l’ennemi : « à cause de sa force... ». Dieu permet souvent de grandes détresses, nous met en présence d’ennemis redoutables pour nous contraindre à regarder à Lui seul !

David réalisa alors que Dieu est non seulement une haute retraite, mais la sienne : « Dieu est ma haute retraite ». Il a dit : « mon Dieu » (v. 1) et maintenant : « ma haute retraite » (v. 9). Il apprend à Le connaître au travers de l’épreuve comme Celui qui use de bonté envers lui, comme Celui qui prendra soin de lui et déjà il peut saluer le jour de la délivrance : « Dieu me fera voir mon plaisir en mes ennemis » (v. 10). La foi s’empare toujours de la bénédiction avant d’y entrer.

 

4                    Psaume 59:11-13

C’est du jugement des ennemis qu’il est question au verset 11. Il semble que David veuille dire ceci : « ne les tue pas », conserve-les en vie pour que ton jugement soit exécuté sur eux, pour qu’il soit manifesté publiquement que, s’ils sont anéantis, c’est Toi qui l’as fait. Alors ce sera un témoignage et un souvenir pour le peuple. C’est dans le même sens que l’Éternel avait dit au Pharaon, par la bouche de Moïse : « ... Tu seras exterminé de dessus la terre. Mais je t’ai fait subsister pour ceci, afin de te faire voir ma puissance et pour que mon nom soit publié dans toute la terre » (Exode 9:15, 16 ; Rom. 9:17).

Dieu manifestera toute la grandeur de sa puissance quand Il exécutera son jugement et abattra ses ennemis. C’est cette même puissance infinie qui s’exerce aujourd’hui pour nous protéger : Il est « notre bouclier ». David avait demandé : « Protège-moi » (v. 1). Quelle protection assurée, derrière un tel bouclier !

Ce que nous avons vu au verset 7 est rappelé au verset 12. C’est « à cause du péché de leur bouche » et de « la parole de leurs lèvres » qu’il y a le jugement du verset 13 — jugement qui doit manifester que « Dieu domine en Jacob jusqu’aux bouts de la terre », réponse à la prière du vers. 11.

 

5                    Psaume 59:14-17

Si nous comparons les versets 6 et 14, nous verrons que les circonstances sont exactement les mêmes. David n’a pas encore été secouru, mais il peut anticiper maintenant la joie de la délivrance. Entre ces deux moments, il y a eu les exercices d’âme par lesquels il a passé, ce que Dieu a voulu lui apprendre tout au long de cette nuit... Il a cessé de regarder à lui-même et aux ennemis pour ne regarder qu’à Dieu. Aussi, le fruit de l’épreuve est manifeste. Quel changement alors !

Les ennemis peuvent revenir le soir, hurler comme un chien, faire le tour de la ville... (v. 14). Qu’importe ! David ne s’occupe pas d’eux. D’autres pensées remplissent son cœur : « Et moi je chanterai ta force, et, dès le matin, je célèbrerai avec joie ta bonté... » (v. 16.) Il sait, par la foi, qu’au matin la délivrance sera là, qu’il en jouira auprès de Samuel à Naïoth en Rama, qu’alors il pourra exalter la puissance de Dieu qui l’aura secouru (« ta force ») et Son amour infini (« ta bonté »). Il avait parlé de Dieu comme de sa haute retraite et déjà il peut dire : « Tu m’as été une haute retraite et un refuge au jour où j’étais dans la détresse » (v. 16). Il s’est confié en Dieu. Ceux qui se confient en Lui ne sont jamais confus !

Pour nous, le matin de la délivrance n’est-il pas le matin éternel du grand rassemblement des rachetés dans la maison du Père ? Déjà l’étoile du matin est levée dans nos cœurs ; aussi nous pouvons à l’avance savourer les félicités de ce moment glorieux et commencer le cantique que nous chanterons à jamais pour exalter Celui que nous allons voir de nos propres yeux.

L’ennemi s’était proposé de faire mourir David « au matin » (1 Samuel 19:2-11). Mais « dès le matin » c’est l’allégresse et la joie. Serions-nous effrayés en présence de l’activité de l’adversaire et de ses agents dans ce monde, épouvantés en considérant leurs desseins ? Que de choses ils se proposent ! N’oublions jamais que « il y a beaucoup de pensées dans le cœur d’un homme ; mais le conseil de l’Éternel, c’est là ce qui s’accomplit » (Prov. 19:21). Combien cela devrait nous encourager à mieux nous confier en Dieu ! Il accomplira tout ce qu’Il a promis, malgré ce que peuvent faire les hommes, malgré ce qu’ils désirent faire encore.

« À toi je chanterai ! » (v. 17.) C’est Lui qui est le sujet de la louange de David, celui qui a été son refuge et dont il a pu expérimenter la grande bonté. Ce qu’il exalte dans son cantique, c’est Dieu lui-même, dans les caractères qu’il a appris à connaître au jour de sa détresse.

Que Dieu, par la lecture de ce Psaume, par l’exemple qu’Il place devant nous, veuille nous encourager et nous accorder la grâce de mieux le connaître dans tout ce qu’Il est pour les siens dans la souffrance. Qu’Il nous donne de savourer déjà la délivrance qu’Il opèrera « en un instant, en un clin d’œil » et de chanter de joie, même à travers nos larmes, célébrant et sa puissance et son amour !