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ORDRE DANS NOS MAISONS,

 

RÉPERCUSSIONS DANS LA MAISON DE DIEU

 

Paul Fuzier

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1960 p. 261

Table des matières :

1     Les désordres du monde et la responsabilité du chrétien

2     Maison du croyant

2.1      Parents

2.2      Enfants

3     Maison du croyant et répercussions sur la Maison de Dieu

3.1      Influence de l’ordre dans les maisons

3.2      Pasteurs agissant auprès des maisons de croyants

3.3      Ministère dans l’assemblée et ordre dans les maisons

4     Service au loin, service au près

 

 

1                        Les désordres du monde et la responsabilité du chrétien

Les hommes se glorifient des progrès de leur science, incontestables d’ailleurs, mais qui les conduisent à des ambitions démesurées. Dieu, à son moment, mettra un terme à leur fol orgueil. Mais tandis que l’esprit humain est ainsi occupé par mille découvertes ou à de nouvelles recherches, des progrès tout aussi incontestables sont réalisés dans un autre domaine. Nous voulons parler du désordre qui va croissant et qui s’étend partout, résultat d’un affaiblissement de plus en plus marqué du niveau moral chez les individus, dans les familles, parmi les peuples. Les hommes qui réfléchissent et observent les rapides progrès de ce désordre généralisé sont effrayés et posent la question, qui pour eux demeure sans réponse : Mais, où va-t-on ? Le croyant, instruit par la Parole et par l’Esprit de Dieu, sait que nous avons déjà sous les yeux les signes avant-coureurs des temps qui feront suite à l’enlèvement des saints à la venue du Seigneur. Il n’y aura plus alors ici-bas ni « ce qui retient », ni « Celui qui retient » (2 Thess. 2:6, 7), il n’y aura rien pour maintenir même une simple apparence d’ordre. Ce sera l’anarchie complète, une anarchie révolutionnaire typifiée par « la mer » en Apocalypse 13:1 ; cela, jusqu’au moment où « de la mer » montera « une bête », symbole d’un pouvoir officiel, politique, qui établira un certain ordre, un ordre qui ne sera pas régi par des principes divins mais maintenu par une puissance satanique.

Au sein du désordre actuel, il est deux domaines qui doivent trancher avec tout le reste et dans lesquels l’ordre doit être vu, l’ordre selon Dieu : il s’agit de la maison du croyant et de l’assemblée, maison de Dieu. Demandons-nous dans quelle mesure nous faisons face à nos responsabilités à ce sujet. L’esprit du siècle, générateur de désordre et de confusion, ne pénètre-t-il pas à l’intérieur de ces deux domaines où cependant il n’a aucune place ? Que l’exhortation de Romains 12:2 s’impose à nous avec toute sa divine autorité : « Et ne vous conformez pas à ce siècle… », comme aussi celle de 1 Cor. 14:40 : « Mais que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre ». Et que l’une et l’autre nous conduisent à un saint exercice au sujet de nos maisons et de la maison de Dieu !

Les remarques qui suivent ne sont guère qu’un rappel de vérités connues, peut-être oubliées parfois. Les ayant comme retrouvées, puissions-nous manifester assez de piété et d’énergie spirituelle pour les mettre en pratique.

 

2                        Maison du croyant

L’administration de la maison d’un croyant est une tâche difficile ; pour la mener à bien, celui qui en est responsable, le chef de famille, doit manifester une réelle dépendance de Dieu en même temps qu’une pleine confiance en Lui.

 

2.1   Parents

Cette maison est un domaine où l’ordre doit être maintenu, un petit sanctuaire où Dieu habite. Le bon ordre dans un foyer chrétien est un honneur rendu à Dieu. Il importe que le mari, chef de famille, ait conscience de ce fait comme aussi de la responsabilité qui est la sienne propre à cet égard. Si, par faiblesse ou pour d’autres raisons, il le perd de vue, les conséquences de sa défaillance seront tôt ou tard manifestées ; elles peuvent être très graves et il n’y a sans doute pas d’autres causes à la ruine spirituelle et morale de bien des foyers. Que le mari chrétien ait tout le secours que sa compagne peut lui apporter dans cette tâche si délicate, que surtout tous deux recherchent l’aide et les directions de Celui qui seul peut donner sagesse et discernement dans toutes les circonstances de la vie du foyer, tout cela est bien à désirer mais n’enlève rien au fait que la responsabilité de la conduite du foyer est sur les épaules du mari. Il n’est pas selon l’ordre établi de Dieu que sa femme se substitue à lui et soit ainsi amenée à remplir un rôle qui n’est pas le sien (Il est vrai qu’elle peut être appelée parfois à faire face à la tâche qui incombe normalement à son mari, lorsque par exemple celui-ci est retiré ; dans ce cas, qui est une exception à la règle, Dieu lui donnera de manière spéciale la force, la sagesse et toutes les ressources dont elle aura besoin jour après jour). L’Écriture nous enseigne que la femme est, pour son mari, « une aide » (Gen. 2:18), précieuse et combien utile à sa place, mais n’ayant d’autre responsabilité que celle d’aide. Ce sont des vérités qu’il n’est sans doute pas inutile de rappeler dans des jours où, de plus en plus, la femme tend à quitter la place que Dieu lui a donnée pour prendre celle de l’homme. La défaillance de son mari l’y conduit d’ailleurs parfois, de telle sorte que ce dernier, non seulement manque alors à sa responsabilité mais encore, par cela même, conduit sa femme à manquer à la sienne. Lorsqu’il en est ainsi, l’ordre selon Dieu n’est plus maintenu dans le foyer. Les enfants en souffriront inévitablement.

 

2.2   Enfants

Les parents ont, de la part de Dieu, l’autorité à laquelle les enfants doivent être soumis (Éph. 6:1-4 ; Col. 3:20, 21). Cette autorité doit être exercée principalement par le père, sans aucune brutalité mais avec fermeté, avec une fermeté n’excluant ni la douceur ni même la tendresse. En obéissant à leurs parents, les enfants obéissent à Dieu ; si les parents permettent à leurs enfants de ne pas obéir, ils manquent tout à la fois à leur responsabilité envers eux et à leur responsabilité devant Dieu. Apprendre à nos enfants à obéir, cela touche à la gloire de Dieu (Éph. 6:1 ; Col. 3:20). Ne le perdons-nous pas de vue très souvent ? Laisser des enfants s’engager toujours plus loin dans la voie de la désobéissance les amènera à rencontrer tôt ou tard le juste gouvernement de Dieu, un gouvernement qui peut aller dans un cas extrême jusqu’à l’accomplissement de Proverbes 30:17 : « L’œil qui se moque d’un père et qui méprise l’obéissance envers la mère, les corbeaux du torrent le crèveront et les petits de l’aigle le dévoreront ». Quelle douleur pour le cœur des parents lorsque Dieu est contraint d’agir de semblable manière !

 

3                        Maison du croyant et répercussions sur la Maison de Dieu

3.1   Influence de l’ordre dans les maisons

Veiller au bon ordre de nos maisons, au maintien des caractères qui conviennent à ceux qui font profession d’être au Seigneur, aura de bienfaisantes répercussions sur la vie de l’assemblée. Car ces deux domaines, Maison de Dieu et maison du croyant, sont étroitement liés, beaucoup plus étroitement qu’on ne le pense généralement. S’il y a vie et piété dans nos maisons, si dans la vie de tous les jours chacun est habitué à sentir la présence de Dieu et à vivre devant Lui, si les âmes sont quotidiennement nourries de la Parole, du Christ des Écritures, le ton moral du rassemblement en sera heureusement relevé et il y aura de la bénédiction dans la vie et les réunions de l’assemblée. — À l’inverse, le désordre dans les foyers chrétiens est susceptible d’entraîner faiblesse et désordre dans l’assemblée. Même si l’état de choses ne laissait à désirer que dans un seul foyer, il y en aurait des conséquences dans l’assemblée — conséquences plus ou moins marquées suivant l’action susceptible d’être exercée par des frères fidèles, désireux de voir la prospérité spirituelle dans les familles et dans le rassemblement. Il faut beaucoup de sagesse, de discernement spirituel, d’amour vrai pour intervenir dans des cas de ce genre mais, s’il y a un réel exercice chez quelques-uns et le désir du bien, le Seigneur saura Lui-même montrer, chaque fois, ce qui doit être fait et comment il convient de le faire, en même temps qu’Il donnera toutes les ressources nécessaires pour cela. Une action irréfléchie et témoignant d’un manque de dépendance du Seigneur, ou encore purement charnelle, ne produirait que de fâcheux effets ; elle aggraverait le mal plutôt qu’elle ne le guérirait.

 

3.2   Pasteurs agissant auprès des maisons de croyants

Y a-t-il aujourd’hui dans les assemblées beaucoup de frères qui aient vraiment à cœur la prospérité spirituelle de nos maisons, comprenant qu’elle conditionne dans une large mesure celle de l’assemblée — qui sachent agir en pasteur, en sacrificateur, discernant ce qui ne va pas et apportant le remède approprié, mieux encore sachant prévenir et donner en temps opportun ce qui est nécessaire afin que rien ne survienne qui troublerait l’ordre et la paix du foyer chrétien ? Il y a là un service, à accomplir généralement en secret, avec beaucoup de crainte et de dépendance du Seigneur, un service difficile, caché, mais dont les fruits seront visibles dans l’assemblée. Dieu veuille exercer à cet égard bien des frères pieux, fidèles et qui seraient qualifiés par le Seigneur pour accomplir de sa part une tâche aussi utile ! Et qu’Il donne également à celui dont le foyer serait en péril de savoir accepter avec reconnaissance l’intervention de celui qui vient apporter aide et secours spirituels, conseils d’ordre pratique peut-être. Car il pourrait arriver que de semblables démarches soient vues d’un mauvais œil et même parfois ne soient pas acceptées du tout, tellement est grand l’esprit d’indépendance qui caractérise notre cœur naturel. Cela peut survenir d’autant plus facilement que l’état du foyer visité laisse davantage à désirer : on finit par s’accoutumer à ce qui ne va pas, la conscience s’endurcit et, surtout, l’ennemi est à l’œuvre pour que rien ne soit fait qui serait susceptible de remédier au mal. Il faut l’opération de la grâce de Dieu dans les cœurs et les consciences pour que soit jugé tout ce qui doit l’être afin que puissent être retrouvés et le sentiment de son approbation et la joie de la communion avec Lui.

Combien plus sérieux est l’état d’une assemblée lorsque ce n’est pas seulement un foyer qui se trouve plus ou moins en désordre mais la plupart d’entre eux, sinon tous ! Qu’il y ait alors au moins un frère, ou même une sœur, qui soit exercé à ce sujet et crie au Seigneur avec persévérance ! Il a tant de moyens dans sa main pour produire un réveil et Il écoute la prière, à laquelle Il répondra au moment opportun.

 

3.3   Ministère dans l’assemblée et ordre dans les maisons

La Parole nous l’enseigne, un frère dont le foyer est en désordre se prive de la faveur que Dieu se plaît à nous accorder de remplir un service dans l’assemblée. Manifesté peu fidèle dans le domaine le plus petit, pourrait-il être fidèle dans celui qui est le plus grand ? (cf. Luc 16:10). Il ne peut exercer ni une charge d’ancien, ni même celle de serviteur. 1 Timothée 3 nous dit ce qui est requis de l’ancien : « Il faut donc que le surveillant soit irrépréhensible,... conduisant bien sa propre maison, tenant ses enfants soumis en toute gravité. (Mais si quelqu’un ne sait pas conduire sa propre maison, comment prendra-t-il soin de l’assemblée de Dieu ?) » — comme aussi du serviteur : « Que les serviteurs soient maris d’une seule femme, conduisant bien leurs enfants et leurs propres maisons ; car ceux qui ont bien servi acquièrent un bon degré pour eux et une grande hardiesse dans la foi qui est dans le christ Jésus » (v. 2, 4 et 5, 12 et 13). De même Tite 1 nous enseigne que l’ancien doit être « irréprochable, mari d’une seule femme, ayant des enfants fidèles, qui ne soient pas accusés de dissipation, ou insubordonnés » (v. 6). Ces enseignements, pourtant assez clairs, sont cependant souvent méconnus et ce ne peut être ni pour le bien de celui qui remplit une charge pour laquelle, selon l’Écriture, la marche de son foyer le disqualifie, ni pour le bien de l’assemblée dans laquelle des frères acceptent, ou même simplement tolèrent qu’il en soit ainsi. Que l’on ne pense pas trouver la prospérité et la bénédiction du témoignage dans un chemin qui n’est pas celui de l’obéissance à la Parole !

L’Écriture nous donne l’exemple d’un homme qui n’était plus qualifié pour remplir un service dans la maison de Dieu, celui d’Éli le sacrificateur. L’Éternel annonce qu’Il va le mettre de côté : « Et je me susciterai », dit-Il, « un sacrificateur fidèle ». Pour quelle raison Éli ne pouvait-il plus être considéré comme tel ? « Parce que ses fils se sont avilis et qu’il ne les a pas retenus » (1 Sam. 2:35 ; 3:13).

Au sujet de l’exercice des dons dans l’assemblée, on met parfois en avant le fait que nous n’avons pas d’enseignement aussi nets et précis que ceux de 1 Timothée 3 et Tite 1 concernant les anciens et les serviteurs et l’on s’en prévaut pour assurer qu’un frère dont le foyer est en désordre reste cependant qualifié pour présenter la Parole dans l’assemblée, enseigner et exhorter les saints. Peut-on vraiment penser qu’un tel frère ait l’autorité morale nécessaire pour cela ? Un ministère peut être rempli de telle manière que la Parole soit « exposée justement », selon l’expression de 2 Timothée 2:15, il sera pourtant sans grand fruit si celui qui l’exerce, bien qu’il ait peut-être une très vaste connaissance des Écritures, n’a par contre que peu, ou n’a même pas du tout d’autorité morale.

 

4                        Service au loin, service au près

Remplir un service public pour le Seigneur, abandonner pour cela bien des choses, partir au loin peut-être, le cœur y est plus facilement disposé qu’il ne l’est à faire face au premier service placé devant un frère chef de famille : bien conduire sa maison, tenir ses enfants soumis en toute gravité. Le témoignage, le service commence dans sa propre maison, nous ne sommes que trop portés à l’oublier. Le démoniaque guéri voulait suivre le Seigneur, mais Il ne le lui permit pas et lui dit : « Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a usé de miséricorde envers toi » (Marc 5:19). Luc 8:38, 39 nous montre que cet homme, auquel le Seigneur avait dit : « Retourne dans ta maison », « s’en alla, publiant par toute la ville tout ce que Jésus lui avait fait ». Voilà un évangéliste plein de zèle, dira-t-on. Mais l’on peut se poser la question : certes cet homme a cru bien faire, cependant a-t-il vraiment obéi à la parole du Seigneur ?

Veuille le Seigneur nous exercer quant à la vie de nos maisons. Que d’une manière particulière Il fasse sentir à chaque frère, chef de famille, la responsabilité qui lui incombe à ce titre et lui accorde, pour y faire face, tout le secours de sa grâce ! Celui qui aura ainsi « bien servi » acquerra « un bon degré » et le privilège pourra lui être donné ensuite de remplir une charge dans l’assemblée locale, d’accomplir un service pour le Seigneur, soit dans l’assemblée soit dans le monde, avec toute l’autorité morale nécessaire pour cela.