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HOMMES DE DIEU

Paul Fuzier

 

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1955 p. 281, 316 et ME 1956 p. 29, 65

Table des matières :

1     Caractères de l’homme de Dieu selon 1 Timothée

1.1      La justice

1.2      La piété

1.3      La foi

1.4      L’amour

1.5      La patience

1.6      La douceur d’esprit

2     Bonnes œuvres

2.1      Enseigner

2.2      Convaincre

2.3      Corriger

2.4      Instruire dans la justice

2.5      Jeune âge et formation

3     Exemples de l’Ancien Testament

3.1      L’homme de Dieu de 1 Sam. 3

3.2      Samuel, David

3.3      L’homme de Dieu de Juda en 1 Rois 13

3.4      Élisée

3.4.1       2 Rois 4 — Élisée et la Sunamite

3.4.2       2 Rois 5 — Élisée et la guérison du lépreux

3.4.3       2 Rois 6 — Élisée et les fils des prophètes

3.4.4       2 Rois 6 — Élisée et les délivrances d’Israël

3.4.5       2 Rois 8 — Élisée et la Sunamite

3.4.6       2 Rois 8 — Élisée et Hazaël

3.4.7       2 Rois 13 — Élisée et le roi Joas

3.5      Moïse et Élie

3.5.1       Prière, intercession

3.5.2       Bénédiction, ministère de la Parole, intercession et adoration — Moïse

3.5.3       Grâce et puissance, et parole de jugement — Élie

3.5.4       Souffrances

3.6      Juges 13 — l’Ange de l’Éternel, manifestation de Christ

 

 

1                        Caractères de l’homme de Dieu selon 1 Timothée

Un homme de Dieu, c’est celui qui, dans ce monde, manifeste les caractères du Dieu qu’il connaît et auquel il a le sentiment d’appartenir tout entier. Vivant près de Lui, nourri « de toute parole de Dieu », il a la connaissance de sa pensée et peut ainsi parler et agir de sa part.

L’inestimable privilège de pouvoir être ici-bas un homme de Dieu est-il réservé seulement à des chrétiens âgés ? L’ennemi le laisserait croire à de plus jeunes dans la foi. Mais c’est précisément à celui auquel il écrivait : « Que personne ne méprise ta jeunesse », que l’apôtre dit aussi : « Mais toi, ô homme de Dieu, fuis ces choses, et poursuis la justice, la piété, la foi, l’amour, la patience, la douceur d’esprit ; combats le bon combat de la foi ; saisis la vie éternelle, pour laquelle tu as été appelé et tu as fait la belle confession devant beaucoup de témoins », lui montrant ainsi ce que l’homme de Dieu doit fuir, d’une part, et poursuivre, de l’autre. Il convient de fuir tout ce qui est opposé au caractère de Dieu et de poursuivre ce qui Le glorifie, de manière à présenter Dieu au monde et parmi les saints (1 Tim. 4:12 et 6:11, 12).

« Fuis ces choses », celles dont il est question dans les versets 10 et 11 de ce chapitre 6 de la première épître à Timothée. C’est l’ennemi qui place dans le cœur du croyant le désir de « devenir riche », de posséder ce que Dieu ne lui a pas donné, et « c’est une racine de toutes sortes de maux » ; cela peut même conduire à l’abandon du christianisme puisque l’apôtre ajoute : « ce que quelques-uns ayant ambitionné ils se sont égarés de la foi, et se sont transpercés eux-mêmes de beaucoup de douleurs ». L’homme de Dieu est invité à « fuir ces choses », réalisant que « la piété avec le contentement est un grand gain » (1 Tim. 6:6). Guéhazi, le serviteur d’Élisée, n’a pas su « fuir ces choses » ; bien au contraire, son désir de posséder des richesses était tel qu’il est allé jusqu’à mentir pour se faire donner par Naaman une partie des biens que ce dernier remportait en Syrie. Aussi, Élisée a-t-il dû lui annoncer ce terrible jugement : « La lèpre de Naaman s’attachera à toi et à ta semence pour toujours » (2 Rois 5:27). Guéhazi en a fait la triste expérience, « c’est une racine de toutes sortes de maux que l’amour de l’argent » ; il s’est « transpercé lui-même de beaucoup de douleurs ». Quel contraste avec son maître ! Vrai homme de Dieu, Élisée a refusé les biens que lui apportait Naaman. Le fait qu’il se tenait « devant l’Éternel » lui donnait la puissance nécessaire pour « fuir » et pour « poursuivre ». Car, s’il est des choses qu’il convient de « fuir », il en est d’autres que l’homme de Dieu doit « poursuivre », 1 Timothée 6:11 nous l’a montré. Six d’entre elles sont énumérées dans ce passage :

 

1.1   La justice

Il s’agit de la justice pratique et non de la position de justice où nous a placés l’œuvre de Christ, saisie par la foi. La seconde nous est acquise, nous n’avons pas à la « poursuivre » ; le croyant en est revêtu devant Dieu. La justice qu’il est exhorté à « poursuivre », c’est celle dont la pratique le revêtira comme d’une « cuirasse » en présence de l’adversaire (cf. Éph. 6:14). Le bon Berger conduit ses brebis « dans des sentiers de justice » (Ps. 23:3), des sentiers où le mal n’entre pas, de sorte que le croyant peut marcher, au milieu du monde où le mal règne, dans un chemin de vraie séparation du mal. Il est appelé à y suivre fidèlement Celui qui a « aimé la justice » et « haï la méchanceté », « c’est pourquoi » son Dieu l’a « oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons » (Ps. 45:7). Si nous désirons l’imiter quelque peu, il nous faut « poursuivre la justice », la pratique de la justice dans nos rapports et avec les saints et avec le monde.

 

1.2   La piété

Ce n’est pas une « source de gain », écrit l’apôtre à Timothée, c’est « un grand gain » si elle va de pair avec le contentement. Il n’y a alors dans le cœur aucun désir de « devenir riche », désir qui conduit à la ruine morale, si pas toujours matérielle. La piété est un sentiment qui est tout à la fois de crainte et de confiance : un homme pieux introduit Dieu dans tous les détails de sa vie, craint de Lui déplaire et se confie en Lui pour tout. Dans un « sentier de justice », c’est ce que le fidèle est invité à « poursuivre » et il ne peut le faire que dans un tel sentier, c’est pourquoi il est parlé de piété après qu’il a été question de justice.

 

1.3   La foi

Ce n’est pas de la foi pour le salut de l’âme qu’il s’agit ici ; l’apôtre veut parler de la puissance spirituelle qui est nécessaire pour jouir des choses invisibles et éternelles et ces choses sont toutes en Christ, Objet de la foi. Quel contraste entre celui qui veut « devenir riche », qui court après « les choses qui se voient » et qui « sont pour un temps » et celui qui, occupé des « choses qui ne se voient pas » et qui « sont éternelles », « poursuit la foi » !

 

1.4   L’amour

« Poursuivez l’amour », écrivait l’apôtre aux Corinthiens (1 Cor. 14:1), quand il les enseignait au sujet de l’exercice des dons dans l’assemblée. Qu’il s’agisse de l’édification de l’assemblée, de nos rapports personnels avec les frères ou avec le monde, poursuivons l’amour, un amour vrai, inséparable de la sainteté et de la vérité. Par-dessus tout, poursuivons l’amour que nous avons à manifester et envers Dieu et envers Christ, poursuivons-le dans l’obéissance à la Parole, obéissance qui en est la véritable preuve (Jean 14:21 et 23 ; 1 Jean 5:2).

 

1.5   La patience

C’est la vertu chrétienne qui, a-t-on dit si justement, est la plus difficile à réaliser. On peut marcher avec fidélité un jour, quelques jours, mais qui poursuivra sans se lasser, patiemment, jusqu’au bout ?… Si l’énergie est nécessaire pour rejeter « tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si aisément », la patience l’est tout autant pour « courir la course qui est devant nous » (Héb. 12:1). Patience et souffrance vont généralement de pair et certes, poursuivre la justice, la piété, la foi, l’amour implique la souffrance, qu’il s’agisse de connaître quelque chose de l’opprobre de Christ, de sentir notre faiblesse pour « poursuivre », d’éprouver l’hostilité d’un monde ennemi, qu’il s’agisse des exercices que Dieu nous dispense dans ce chemin en vue de notre formation, ou encore des infirmités de ceux qui nous entourent, infirmités que nous avons à supporter.

 

1.6   La douceur d’esprit

On pourrait « poursuivre » les différentes vertus dont l’apôtre vient de parler et conserver malgré tout, en présence de ce qui met notre patience à l’épreuve, une certaine amertume qui se manifesterait tôt ou tard dans notre conduite. L’homme de Dieu doit en être gardé, il doit veiller sur son esprit et « poursuivre » cette douceur intérieure qui sera vue dans toute sa marche. Si « la paix du Christ… préside dans nos cœurs », il sera facile de la « poursuivre.., avec tous » (Col. 3:15 ; Héb. 12:14).

C’est ainsi que le fidèle peut représenter Dieu dans ce monde, parler et agir de sa part, apporter ses ressources, dire ses avertissements ou ses répréhensions, bref être un homme de Dieu. Il rencontrera alors inévitablement la puissance de l’adversaire, c’est pourquoi l’apôtre adresse à Timothée une troisième exhortation : « combats le bon combat de la foi ». Combattre ce combat est tout aussi nécessaire pour « fuir » et « poursuivre » ce qui nous est présenté an verset 11 du chapitre 6 de la première épître à Timothée, que pour maintenir la pure doctrine, « la foi qui a été une fois enseignée aux saints » (Jude 3). Au terme du combat, le prix proposé c’est la vie éternelle en gloire : Timothée était exhorté à la « saisir », à en jouir déjà par avance, et ce devait être pour lui un encouragement précieux dans la lutte.

 

2                        Bonnes œuvres

Dans la 2me épître, l’apôtre parle de l’homme de Dieu d’une manière peut-être plus générale que dans la première ; dans celle-ci, il dit à Timothée : « Mais toi, ô homme de Dieu », tandis que dans la 2me il écrit : « … afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre ». Certes, les exhortations de 1 Timothée 6:11, 12 sont également pour nous, afin que nous puissions être nous aussi des hommes de Dieu ; à plus forte raison l’enseignement de Timothée 3:16, 17 nous concerne-t-il chacun.

« Toute bonne œuvre », voilà ce qui est proposé au fidèle. Ce n’est pas d’une « œuvre » spéciale qu’il s’agit ici, comme celle de la femme qui, entrée dans la maison de Simon le lépreux avec « un vase d’albâtre plein d’un parfum de grand prix », le répandit sur la tête de Celui qu’on allait crucifier et qui était son Roi (cf. Matt. 26:10). Cette expression renferme tout ce qui est produit par un cœur renouvelé, par exemple la sympathie envers ceux qui souffrent, ou encore le support de nos frères. Cela ne doit pas rester à l’état de sentiment dans le cœur mais se traduire en actes. L’action découle de la pensée ; la pensée qui a déterminé l’action peut avoir été fugitive — au point même de paraître absente lorsque l’acte est purement instinctif, mais ce n’est pas d’actes de ce genre que nous parlons ici — ou, au contraire, longuement mûrie : quoi qu’il en soit, elle a précédé l’acte. Il faut donc que nos pensées soient gouvernées, formées et, pour que ce soit en vue de « toute bonne œuvre », il est nécessaire qu’elles le soient par la Parole inspirée. C’est la Parole de Dieu qui doit être, pour l’homme de Dieu, la source de tout, pensées d’abord, paroles et actions ensuite. Elle est utile :

 

2.1   Enseigner

« Pour enseigner », c’est-à-dire pour établir la saine doctrine, de laquelle est inséparable la pratique de la vie chrétienne, comme nous le montre l’apôtre en particulier dans l’épître à Tite. S’il n’est enseigné de Dieu, un croyant ne peut être un homme de Dieu. Et c’est par l’Écriture inspirée de Lui, toute entière inspirée du commencement à la fin, que Dieu se plaît à enseigner les siens.

 

2.2   Convaincre

« Pour convaincre ». L’homme de Dieu a besoin d’avoir la conviction profonde de l’autorité divine de ce qui forme et gouverne ses pensées. L’Écriture est là pour le convaincre du caractère divin des propres enseignements qu’elle apporte, pour parler aussi à sa conscience, lui montrant ce qui pourrait être à juger chez lui, afin que ses rapports avec Dieu soient maintenus dans la vraie lumière de sa présence.

 

2.3   Corriger

« Pour corriger ». La discipline de Dieu est nécessaire pour notre formation, pour nous ramener si nous nous égarons du droit chemin, pour nous reprendre et nous redresser chaque fois que la chose est indispensable. Telle est encore l’utilité de l’Écriture inspirée pour la formation et la direction de l’homme de Dieu.

 

2.4   Instruire dans la justice

« Pour instruire dans la justice ». Nous ne pouvons savoir ce qu’est la justice pratique que dans la mesure où nous sommes instruits par la Parole. Par son moyen, nous recevons « instruction dans la sagesse, la justice, le juste jugement et la droiture » (Prov. 1:3). C’est ainsi que l’homme de Dieu est rendu capable de « poursuivre la justice » et qu’il peut être « accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (1 Tim. 6:11 ; 2 Tim. 3:16, 17).

 

2.5   Jeune âge et formation

Ces enseignements sont pour de jeunes croyants aussi bien que pour de plus âgés, et ils nous sont donnés tout particulièrement en vue des derniers jours, durant lesquels l’état moral des hommes est celui décrit dans les cinq premiers versets de 2 Timothée 3, et l’état de la chrétienté, celui dont il est parlé au chapitre 2 de cette même épître (verset 20). Ne nous laissons décourager ni par ceci ni par cela ! Au sein d’un tel état de choses, il y a une responsabilité individuelle : « Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci (des « vases à déshonneur »), il sera un vase à honneur, sanctifié, utile au maître, préparé pour toute bonne œuvre » (v. 21). Cette préparation « pour toute bonne œuvre » est opérée, nous l’avons vu, par l’action de la Parole inspirée, « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice ». L’homme de Dieu peut alors « fuir » et « poursuivre » et cela, aussi bien dans sa vie pratique individuelle que pour faire face à sa responsabilité individuelle du point de vue ecclésiastique : « fuis les convoitises de la jeunesse, et poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix » (v. 22). Mais là il est ajouté : « Avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur ». Fuir le mal, poursuivre le bien, ne conduit pas à l’isolement. Il convient de se séparer sans doute — et la force de ce passage est bien dans la séparation d’avec les vases à déshonneur — mais cette responsabilité individuelle n’entraîne pas, au sein de la « grande maison », une position individuelle : il faut se séparer, « se purifier », « fuir » et « poursuivre », mais « avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur », c’est-à-dire d’un cœur dans lequel les motifs ne sont pas mélangés, d’un cœur séparé du mal et attaché au bien. Un cœur pur, c’est un cœur soumis à l’autorité de la Parole inspirée : nous sommes « purifiés par l’obéissance à la vérité » (cf. 1 Pierre 1:22).

Que la Parole inspirée de Dieu forme nos cœurs et les purifie de tout ce qui est charnel en nous ; qu’elle gouverne nos pensées et règle nos pas, afin que nous puissions manifester, dans notre vie individuelle et dans l’assemblée, les traits d’un homme de Dieu ! Combien il serait à désirer, dans ces derniers jours de l’histoire de l’Église sur la terre, que beaucoup de croyants aient à cœur d’être des « hommes de Dieu » et le soient vraiment, formés et préparés à cela par l’action sanctifiante et purifiante de la Parole, pouvant ainsi parler de la part de Dieu, faire connaître sa volonté et présenter ses ressources pour répondre aux besoins du moment ! Dieu veuille que la méditation du sujet que nous désirons étudier en amène un grand nombre à remplir, parmi les saints, le service auquel fut jadis exhorté, en tant qu’homme de Dieu, un Timothée !

 

3                        Exemples de l’Ancien Testament

C’est dans l’Ancien Testament qu’il nous faudra chercher la plupart des enseignements concernant les caractères, le service, les responsabilités et les privilèges de l’homme de Dieu. Car, en effet, nombreux sont ceux qui, dans cette partie des Écritures, ont été appelés de ce nom, tandis que Timothée est sans doute le seul auquel ce titre ait été donné dans le Nouveau.

 

3.1   L’homme de Dieu de 1 Sam. 3

C’est « un homme de Dieu » qui « vint vers Éli » dans des jours marqués par une grande activité, par un service qui, en apparence, témoignait d’un zèle ardent, tandis que le caractère moral était loin d’être celui qui aurait dû y correspondre. Éli jugeait le mal mais n’avait pas l’énergie nécessaire pour s’en séparer ; il perdait de vue qu’il en demeurait donc solidaire. Aussi un homme de Dieu lui est-il envoyé pour l’avertir ; il lui parle de la part de l’Éternel — c’est là un des caractères essentiels de l’homme de Dieu : « Ainsi dit l’Éternel », peut-il déclarer — et lui adresse cette question qui est aussi un reproche : « Pourquoi foulez-vous aux pieds mon sacrifice et mon offrande, que j’ai commandé de faire dans ma demeure ? ». Éli était coupable tout autant que ses fils, bien qu’il eût nettement désapprouvé leur conduite, parce qu’il les laissait faire : « Ses fils se sont avilis et il ne les a pas retenus » (1 Sam. 3:13). Faiblesse coupable que celle qui donne le pas à telle ou telle considération au lieu de maintenir le caractère de sainteté du sacrifice et de l’offrande que Dieu a commandé de faire dans sa demeure ! « Tu honores tes fils plus que moi », lui dit encore l’Éternel, par la bouche de l’homme de Dieu. Aussi le jugement est annoncé : les deux fils d’Éli, Hophni et Phinées, « mourront tous deux en un seul jour » et Éli lui-même sera mis de côté, l’Éternel se « suscitera un sacrificateur fidèle ». — Tel est le service d’un homme de Dieu : il parle de la part de Dieu, dénonce le mal, avertit et, s’il n’est pas écouté, annonce le jugement (1 Sam. 2:27 à 36).

 

3.2   Samuel, David

Le début du premier Livre de Samuel retrace l’histoire d’un autre homme de Dieu, Samuel, qui déjà, alors qu’il était encore un « jeune garçon », « servait l’Éternel en la présence d’E1i, le sacrificateur » (1 Sam. 2:11 — cf. 2:18 et 26 ; 3:1 et 19). De cet homme de Dieu il nous est dit que c’était « un homme considéré » (1 Sam. 9:6 et suivants). Pourquoi l’était-il ? Parce qu’il vivait dans la crainte de Dieu et dans sa communion (par exemple, nous en avons une preuve lorsque Saül vint vers lui : Dieu l’avait déjà averti, verset 15) ; là, il avait la connaissance de Sa pensée en rapport avec les besoins de ceux qu’il servait (cf. 1 Sam. 3:21), ce qui est aussi un caractère et un privilège de l’homme de Dieu. De sorte qu’il pouvait être dit de lui à Saül : « tout ce qu’il dit arrive infailliblement » (9:6). On peut donc interroger un homme de Dieu avec la confiance qu’il est à même de nous éclairer sur « le chemin par lequel nous devons aller ».

Chez Samuel aussi nous voyons ce caractère essentiel de l’homme de Dieu : manifester ce que Dieu est, Amour — « vous mangerez avec moi aujourd’hui » — et Lumière — « je te déclarerai tout ce qui est dans ton cœur » (1 Sam. 9:19).

Celui que Samuel fut appelé à oindre avec la corne d’huile, le roi selon le cœur de Dieu, David fut lui aussi un « homme de Dieu ». Ce titre lui est donné à lui, « le doux psalmiste d’Israël », en relation avec la louange et cela, dans chacun des trois passages qui présentent David comme homme de Dieu : 2 Chron. 8:14, Néh. 12:24 et 36. Un homme de Dieu loue l’Éternel et prépare les cœurs des fidèles en vue de la louange que Dieu attend de ceux qui Lui appartiennent.

 

3.3   L’homme de Dieu de Juda en 1 Rois 13

Le nom de l’homme de Dieu qui était venu vers Éli ne nous est pas donné, celui qui vint de Juda à Béthel, aux jours de Jéroboam (1 Rois 13), pas davantage. Pouvons-nous en dégager un enseignement en rapport avec le sujet que nous considérons ? Sans doute celui-ci : si Dieu se plaît à consigner dans son Livre, en maints passages, le nom de ceux qui L’ont servi fidèlement, ayant été ici-bas, en vérité, des hommes de Dieu, il veut aussi nous montrer qu’il n’y a là qu’un effet de sa pure grâce et, en d’autres endroits, Il ne donne pas le nom de l’homme de Dieu afin de marquer combien peu la valeur de l’homme entre en ligne de compte. Nos cœurs sont tellement portés à chercher quelque gloire dans ce que nous pouvons dire ou faire et l’ennemi est si rusé ! Ce qui caractérise l’homme de Dieu c’est qu’il est comme inconnu de ceux qu’il sert, il n’est connu que comme « un homme de Dieu » et dans son activité, on ne voit pas autre chose que Dieu à l’œuvre. C’est cela vraiment « l’œuvre du Seigneur ».

Après avoir fidèlement rempli son service, repoussé ensuite, avec la même fidélité envers Dieu, les offres de Jéroboam, l’homme de Dieu de 1 Rois 13 perd entièrement son caractère et rencontre, d’une manière très solennelle, le gouvernement de Dieu. Pourquoi une semblable défaillance dans la vie d’un homme de Dieu ? Parce que l’autorité de la Parole a été perdue de vue ! Combien c’est chose grave pour un croyant, pour un « homme de Dieu » bien davantage car sa responsabilité est plus grande ! Mais pourtant, n’était-ce pas un « vieux prophète » qui était venu s’adresser à l’homme de Dieu de 1 Rois 13, n’avait-il pas revendiqué une autorité de prophète — « Moi aussi je suis prophète comme toi », — affirmé avoir entendu un ange lui parler « par la parole de l’Éternel » et lui commander de faire revenir l’homme de Dieu dans sa maison pour y manger le pain avec lui ? Certainement, mais « il lui mentait ». L’ennemi, parfois, « se transforme en ange de lumière », agit par le moyen d’un « vieux prophète » apparemment digne de considération et de respect et vient présenter de la sorte ce qui est en opposition avec les enseignements de la Parole de Dieu. Si nous nous laissons séduire par les apparences, nous prêterons une oreille attentive à sa voix au lieu de nous souvenir de la parole de l’apôtre : « Quand nous-mêmes, ou quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème » (Gal. 1:8). L’homme de Dieu de 1 Rois 13 a cru la parole du « vieux prophète » et y a obéi, bien qu’elle fût en contradiction avec ce que Dieu lui avait dit. Quelles ruses emploie l’adversaire pour détourner l’homme de Dieu du chemin de l’obéissance à la seule Parole de Dieu, et combien il est nécessaire, par conséquent, de nous rappeler sans cesse 2 Timothée 3:16 et 17 !

 

3.4   Élisée

Élisée, type du Seigneur Jésus dans son ministère de grâce, a été, en maintes circonstances, appelé « homme de Dieu » : plus de vingt fois dans les chapitres 4 à 8, et 13 du second Livre des Rois. Il est sans doute celui auquel ce titre est le plus souvent donné dans les Écritures et cela n’est pas pour nous surprendre puisqu’il est un type du Seigneur servant en grâce.

 

3.4.1        2 Rois 4 — Élisée et la Sunamite

La femme de Sunem, qui le retenait pour manger le pain dans sa maison, pouvait dire de lui à son mari : « Voici, je connais que c’est un saint homme de Dieu qui passe chez nous continuellement ». Toute sa conduite, sa tenue morale, sa gravité disaient ce qu’il était ; par ses actes, on voyait, sans qu’il eût à le dire, qu’il était « un saint homme de Dieu ». C’est l’homme de Dieu qui est la ressource dans les difficultés, qu’il s’agisse de la mort du fils de la Sunamite ou de la nourriture des fils des prophètes, empoisonnée par les coloquintes sauvages. De la part de Dieu, l’homme de Dieu apporte la vie là où règne la mort et donne ce qui est nécessaire pour l’entretien de la vie. Nous avons tout cela en Christ, le vrai homme de Dieu, pain de vie descendu du ciel pour nous apporter la vie éternelle et aliment de cette vie pour tous ceux qui la possèdent. Tel est l’enseignement que nous présente 2 Rois 4. L’homme de Dieu est là, à la disposition de la foi, aussi bien de la foi qui accepte, pour le salut de l’âme, ce que Dieu dit et ce que Christ a fait, que de la foi qui compte sur Dieu pour le temps du pèlerinage.

 

3.4.2        2 Rois 5 — Élisée et la guérison du lépreux

Qui peut indiquer au lépreux le moyen de guérison si ce n’est l’homme de Dieu ? Qui peut instruire le lépreux guéri, lorsqu’il désire manifester sa reconnaissance, en d’autres termes rendre culte ? C’est encore l’homme de Dieu (2 Rois 5). Lui ne peut accepter aucun présent, c’est à Dieu seul qu’appartient l’hommage d’un cœur renouvelé. Ce ne serait pas manifester les caractères d’un homme de Dieu que de s’attacher ceux auxquels le moyen de salut a été indiqué, après qu’ils l’ont accepté. S’employer à former des groupes de fidèles qui suivent un homme parce qu’il a été l’instrument employé par Dieu pour leur conversion, ou plus simplement entretenir un esprit d’attachement à un homme, quelque précieux que soit le service rempli par lui, ce n’est en rien l’activité d’un homme de Dieu. Ceux qui agissent ainsi ne sont certes pas tous des hommes « qui annoncent des doctrines perverses », mais c’est en tout cas l’un des caractères de ces mauvais ouvriers : « Attirer les disciples après eux » (Actes 20:30). Au contraire, l’homme de Dieu attache les âmes à Christ, au Dieu à qui seul appartiennent et la reconnaissance et la gloire (cf. Jean 1:35 à 37).

 

3.4.3        2 Rois 6 — Élisée et les fils des prophètes

L’homme de Dieu intervient dans les plus petites circonstances, celles qui nous paraissent insignifiantes, trop peu importantes pour que Dieu s’y intéresse. Les fils des prophètes ont formé le projet de bâtir « un lieu pour y habiter » (2 Rois 6), mais ils ne veulent pas s’engager dans ce chemin sans avoir l’approbation de l’homme de Dieu. Ils n’iront qu’après l’avoir consulté et avoir entendu cette parole : « Allez ». Davantage encore : ils ne veulent pas aller seuls, ils désirent que l’homme de Dieu aille avec eux. C’est la prière qu’ils lui adressent, « et il dit : J’irai ». Quel enseignement pour nous, dans les différentes circonstances que nous avons à traverser et lorsque nous formons quelque projet, tout particulièrement pour de jeunes croyants quand il s’agit pour eux de fonder un foyer, de « bâtir leur maison » ! Savons-nous attendre d’avoir entendu le « allez » et le « j’irai » sans lesquels les fils des prophètes ne voulaient pas se mettre en route ? Avons-nous seulement, parfois, la sagesse d’interroger l’homme de Dieu, notre vrai Élisée ? — Tandis que le travail des fils des prophètes se poursuivait, au bord du Jourdain, le fer de la hache de l’un d’eux tomba à l’eau. C’est l’homme de Dieu qui apporte, là encore, le secours et l’entière délivrance. La délivrance est obtenue parce que l’homme de Dieu est là, il est là parce que sa présence a été désirée et sollicitée. Qu’auraient fait les fils des prophètes si l’homme de Dieu n’avait été avec eux ? Pour Dieu, rien n’est grand et rien n’est petit. Puissions-nous nous en souvenir tous les jours de notre vie et Le faire intervenir dans nos circonstances, dans notre travail. Lui demander de nous donner son approbation de nos projets, avant de rien entreprendre et, s’Il peut nous la donner, d’aller avec nous ! Nous ferons alors l’expérience de son secours pas après pas. — Heureux service que celui d’un homme de Dieu qui peut, dans tous les détails de la vie des croyants, parler et agir de la part de Dieu, faire connaître ses directions et apporter son aide ! Dieu veuille susciter de tels serviteurs parmi les siens !

 

3.4.4        2 Rois 6 — Élisée et les délivrances d’Israël

La guérison de Naaman, chef de son armée, n’avait produit dans le cœur du roi de Syrie aucun sentiment de reconnaissance à l’égard du peuple d’Israël et du prophète de l’Éternel qui en avait été l’instrument puisque nous le voyons, peu après, se mettre en guerre contre Israël. Déplaçant sans cesse son camp, il essaie d’attirer dans un piège le roi Joram, mais Dieu va lui montrer, une fois encore, « qu’il y a un prophète en Israël » : l’homme de Dieu met en garde Joram qui est ainsi préservé à plusieurs reprises, à tel point que le roi de Syrie pense avoir été trahi par l’un de ses serviteurs. Lorsqu’il apprend que c’est Élisée qui déclare au roi d’Israël les paroles dites par lui, roi de Syrie, dans sa chambre à coucher, il manifeste ce qui est dans son cœur et, révolté contre Dieu, veut se saisir du prophète. S’adressant à l’Éternel, David pouvait dire : « Tu connais quand je m’assieds et quand je me lève, tu discernes de loin ma pensée ; tu connais mon sentier et mon coucher, et tu es au fait de toutes mes voies » (Ps. 139:2, 3 — et encore 7 à 12). L’homme de Dieu vit tellement près de Dieu que cette même connaissance peut, dans une certaine mesure, lui être donnée lorsque c’est nécessaire (2 Rois 6:12). Ce sentiment de la pleine connaissance que Dieu a de toutes choses produit, chez le fidèle, le désir exprimé par David dans le Psaume 139, spécialement dans les deux derniers versets ; au contraire, chez l’incrédule il développe haine et révolte contre Dieu et contre ses témoins dans ce monde.

Mais que peut l’homme contre Dieu ou contre l’homme de Dieu ? Le roi de Syrie vient assiéger Dothan, où se trouve le prophète ; il a déployé de « grandes forces ». Même le serviteur d’Élisée est épouvanté : « Hélas, mon seigneur, comment ferons-nous ? ». Mais lorsque l’opposition de l’adversaire est à son plus haut degré, l’homme de Dieu peut dire : « Ne crains pas ; car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux ». Qui les voit, « ceux qui sont avec nous » ? Seul, l’œil de la foi. — La dépendance brille chez l’homme de Dieu : « Et Élisée pria ». Quel beau type de Celui qui, vrai et parfait homme de Dieu, priait son Père avant de multiplier les pains ou de ressusciter Lazare ! Élisée demande à Dieu d’ouvrir les yeux de son jeune homme, de lui faire voir « ceux qui sont avec nous », les armées célestes qui étaient tout autour d’eux pour assurer leur sauvegarde. Mais, dans cette circonstance, les anges n’auront même pas à intervenir, c’est par la puissance de la prière que l’homme de Dieu remportera la victoire. Il a prié l’Éternel pour que les yeux de son jeune homme soient ouverts, il prie maintenant afin que ceux des Syriens soient fermés : « Frappe cette nation de cécité ». Et la chose fut faite « selon la parole d’Élisée », comme autrefois l’Éternel avait fermé, puis ouvert les cieux à la parole d’Élie. Les armées du roi de Syrie sont ainsi à la merci de l’homme de Dieu qui les conduit à Samarie ; là, il prie encore, cette fois pour que l’Éternel ouvre leurs yeux. La pensée du roi d’Israël est totalement éloignée de celle de l’homme de Dieu : il voudrait frapper les Syriens, se venger d’eux, alors que le prophète, plein de grâce, leur fait préparer « un grand festin ». Tel est l’homme de Dieu, agissant selon que le Seigneur Lui-même l’a enseigné : « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent, en sorte que vous soyez les fils de votre Père qui est dans les cieux… Vous, soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait » (Matt. 5:44 à 48). « Fils de votre Père qui est dans les cieux », « parfaits comme votre Père céleste est parfait », tels sont les traits de vrais hommes de Dieu.

Comment le roi de Syrie répondra-t-il à la bonté dont il a été l’objet de la part de l’homme de Dieu ? De la même manière que l’homme répond à la grâce divine ; Élisée avait fait préparer à Samarie « un grand festin » pour les Syriens qui avaient pourtant cherché à se saisir de lui à Dothan ; le roi de Syrie rassemble toute son armée pour assiéger Samarie ! Quel contraste entre la façon d’agir de Dieu, de l’homme de Dieu, et celle de l’homme ! — Dans la ville assiégée, la famine atteint un tel degré qu’une mère en arrive à manger son fils, après avoir passé un horrible marché avec une autre mère ! Épouvanté, le roi Joram déchire ses vêtements… Et certes, il y avait bien de quoi agir ainsi. Mais que va-t-il faire ensuite pour secourir son peuple en détresse ? A-t-il retenu quelque chose des délivrances opérées par le moyen de l’homme de Dieu lors de la précédente attaque du roi de Syrie et va-t-il crier à lui ? Tout au contraire, il dit : « Ainsi Dieu me fasse, et ainsi il y ajoute, si la tête d’Élisée, fils de Shaphath, demeure sur lui aujourd’hui » (2 Rois 6:31). Dans la détresse, l’homme accuse Dieu et le rend responsable de tous ses malheurs, méprisant la bonté dont il a été l’objet de la part de Dieu tous les jours de sa vie et, plus particulièrement, en tant de circonstances difficiles. Comme Joram rejetait le seul homme qui pouvait exaucer la prière entendue tandis qu’il passait sur la muraille : « Sauve-moi, ô roi, mon seigneur ! » (verset 26), l’homme aujourd’hui encore rejette Christ, le seul nom « sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Actes 4:12). Joram voulait mettre à mort Élisée, l’homme a crucifié Christ. Mais le cœur de Dieu est toujours le même, Il répond par son amour à toute la haine de l’homme, ne se lassant pas d’apporter sa grâce. En face de toute la méchanceté de Joram, Élisée déclare : « Écoutez la parole de l’Éternel. Ainsi dit l’Éternel : Demain à cette heure-ci, la mesure de fleur de farine sera à un sicle, et les deux mesures d’orge à un sicle, à la porte de Samarie » (2 Rois 7:1). C’était la délivrance assurée pour le peuple souffrant de la famine, le secours dans la détresse. Mais le cœur de l’homme est incrédule : « Le capitaine, sur la main duquel le roi s’appuyait, répondit à l’homme de Dieu, et dit : Voici, quand 1’Éternel ferait des fenêtres aux cieux, cela arriverait-il ? ». C’était moquerie et incrédulité ! À quoi l’homme de Dieu répond : Voici, tu le verras de tes yeux, mais tu n’en mangeras pas ». « Et il lui en arriva ainsi : le peuple le foula aux pieds dans la porte, et il mourut ». — Tel est le ministère d’un homme de Dieu : il présente la grâce, mais annonce à celui qui la méprise un jugement inexorable qui s’accomplira à la lettre.

 

3.4.5        2 Rois 8 — Élisée et la Sunamite

Au chapitre 8 de ce même second Livre des Rois, Élisée avertit la femme de Sunem, au fils de laquelle il avait rendu la vie, au moment où allait commencer une période de sept années de famine. Cette femme, après avoir passé ces sept années dans le pays des Philistins, revient sur la terre d’Israël. Elle a été l’objet des soins de Dieu alors que les jugements tombaient sur le pays ; l’homme de Dieu lui avait fait connaître ce qui lui avait été révélé et l’avait engagée à fuir là où elle pourrait séjourner ; elle avait obéi et fait « selon la parole de l’homme de Dieu », de sorte qu’elle revenait du pays des Philistins ayant fait l’expérience de la bonté de l’Éternel. Mais, où est sa maison ? sont ses champs ? Elle crie au roi pour cela. Le roi s’entretenait avec Guéhazi qu’il invitait à raconter « toutes les grandes choses » faites par Élisée, et la femme survint tandis que Guéhazi retraçait l’histoire de la résurrection de son propre fils (2 Rois 4:8-37). Cette femme a ainsi un témoin, pouvant dire au roi qui elle est ; elle raconte alors elle-même le récit que n’avait pas terminé Guéhazi. Puis, le roi ordonne : « Rends-lui tout ce qui lui appartient, et tout le revenu des champs, depuis le jour où elle a quitté le pays, jusqu’à maintenant » (2 Rois 8:1-6). — Tel est le résultat de l’obéissance à la parole dite par l’homme de Dieu. La femme avait agi selon cette parole, elle a été gardée et secourue pendant les sept années de famine, dans une terre d’exil et, quand elle revient de ce pays éloigné, Dieu a tout disposé pour qu’elle puisse s’adresser directement au roi (Ps. 119:91 ; Prov. 21:1 ; Eccl. 8:12 ; Rom. 8:28), toucher son cœur et recouvrer tout son bien, y compris le revenu de ses terres depuis le jour de son départ. Tout est gain pour elle ! Dieu a pourvu à tout et tout est bien !

 

3.4.6        2 Rois 8 — Élisée et Hazaël

Dans la scène qui suit (2 Rois 8:7-15), c’est Ben-Hadad, roi de Syrie qui, malade et ayant eu connaissance de l’arrivée de l’homme de Dieu, envoie Hazaël à sa rencontre pour lui remettre un présent et lui demander s’il doit relever de cette maladie. Il agit un peu comme il l’avait déjà fait lorsqu’il avait envoyé Naaman, son général, chargé de présents, vers le roi d’Israël. Ce n’était pas le roi qui l’avait guéri mais Élisée le prophète ; est-ce qu’aujourd’hui Élisée ne pourrait le guérir à son tour ? Pourtant, il ne connaissait guère celui qui avait refusé les présents de Naaman. Il est vrai que ce dernier n’avait pas tout rapporté dans le pays de Syrie, et nous voyons sans doute là une des conséquences de l’acte de Guéhazi. Point n’était besoin de faire parvenir à l’homme de Dieu la charge de quarante chameaux » ! L’homme de Dieu est insensible aux présents qui peuvent lui être offerts, que ce soit par un Naaman guéri de sa lèpre ou par un Ben-Hadad qui vient l’interroger ; il dira ce que Dieu lui a révélé sans y rien changer. « L’Éternel m’a montré qu’il mourra certainement ». Et puis « l’homme de Dieu pleura ». Est-ce en raison de la mort du roi de Syrie ? Non, mais parce qu’il sait tout le mal qu’Hazaël fera aux fils d’Israël. Hazaël qui va lui-même mettre à mort Ben-Hadad (c’est ainsi qu’il « mourra certainement » car, de sa maladie, il eût tout aussi « certainement » relevé), prendre sa place sur le trône de Syrie et exercer une si grande méchanceté envers le peuple : il mettra le feu aux villes fortes d’Israël, tuera avec l’épée les jeunes hommes, écrasera les petits enfants et fendra le ventre aux femmes enceintes. L’homme de Dieu, plein d’amour pour le peuple, souffre profondément en considérant toutes les épreuves qui vont l’atteindre. Et il pleure… Quelles saintes affections pour Israël, quelle douleur en présence du jugement qui va tomber sur un peuple qui, malgré tout, demeure le peuple de Dieu !

 

3.4.7        2 Rois 13 — Élisée et le roi Joas

Au soir de sa vie, Élisée reçoit la visite de Joas, roi d’Israël. Ce roi a fait « ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel » mais, venant auprès d’Élisée malade, sa conscience est réveillée et il pleure sur le visage du prophète ! C’est alors qu’Élisée l’invite à ouvrir la fenêtre vers l’orient — l’orient où le soleil se lève et qui parle de la gloire à venir — et à tirer une flèche, « une flèche de salut de par l’Éternel, une flèche de salut contre les Syriens ». Mais Joas manque de l’énergie que donne la foi, de la persévérance qui l’aurait conduit à une victoire complète ; après avoir, sur l’ordre d’Élisée, pris les flèches et frappé en terre, il s’arrête à la troisième fois, de sorte que « l’homme de Dieu se mit en colère contre lui », lui disant : « Il fallait frapper cinq ou six fois, alors tu eusses battu les Syriens jusqu’à les détruire ; mais maintenant tu ne battras les Syriens que trois fois » (2 Rois 13:14 à 19). Ce que l’homme de Dieu avait annoncé se produisit, à la lettre (v. 22 à 25).

Tels sont, à propos d’Élisée, deux des caractères de l’homme de Dieu : « l’homme de Dieu pleura » et « l’homme de Dieu se mit en colère » (2 Rois 8:11 et 13:19). Il pleure en pensant à tout ce dont va souffrir le peuple de Dieu, au mal qui lui sera fait ; il se met en colère, animé par une sainte indignation, quand il voit le conducteur du peuple, les mains lâches, n’ayant pas l’énergie nécessaire pour combattre et vaincre l’adversaire, alors que la victoire est assurée à la foi. Il n’y a aucune énergie chez Joas, son cœur ne brûle pas pour le peuple opprimé et quand il a pourtant en mains les « flèches de salut », il ne manifeste pas la vigueur nécessaire pour s’en servir. Nos mains, à nous aussi, sont devenues lâches pour livrer le combat en faveur du peuple de Dieu dans la souffrance ! Et, en considérant ces choses, un vrai homme de Dieu ne peut qu’être saisi d’une sainte colère !

En prenant la plume pour écrire ces quelques réflexions à propos des hommes de Dieu dont nous parle le Saint Livre, nous ne pensions pas nous étendre aussi longuement sur ceux dont il vient d’être question. Mais, nous voulons le croire, ce ne sera pas sans fruit que nous aurons arrêté notre attention sur différentes phases de leur histoire et sur les caractères qu’il leur a été accordé de pouvoir manifester dans ces circonstances. Comme nous y sommes exhortés, « prenons pour exemple de souffrance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur » (Jacques 5:10).

 

3.5   Moïse et Élie

Notre intention, en écrivant ces lignes, était surtout de considérer l’histoire de deux hommes de Dieu dont, à dessein, nous n’avons encore rien dit, Moïse et Élie. Ce titre est donné six fois à chacun d’eux dans les écrits de l’Ancien Testament. D’autre part, leur histoire offre un intérêt particulier parce que ce sont ces deux hommes de Dieu qui apparaissent en gloire sur la montagne de la transfiguration, s’entretenant de la mort du Seigneur. Moïse a donné la loi au peuple, elle a été violée ; Élie a exercé un ministère prophétique en vue de ramener le cœur du peuple à l’Éternel, ce ministère a été rejeté, comme aussi le ministère prophétique dans son ensemble. Dès lors, il ne reste plus que la mort de Christ comme pouvant assurer l’accomplissement des conseils de Dieu.

Moïse et Élie représentent, sur la montagne de la transfiguration, les saints qui seront avec Christ en gloire, Moïse ceux qui passeront par la mort, Élie ceux qui demeureront jusqu’à sa venue et seront ravis dans les demeures célestes sans avoir eu à passer par la mort. Tandis qu’ils ont cheminé ici-bas, exerçant l’un et l’autre le ministère qui leur avait été confié, Moïse et Élie ont été appelés des « hommes de Dieu » ; puisqu’ils typifient les saints associés à Christ dans sa gloire, puissent tous les saints réaliser, chacun dans sa marche et dans le service qui lui est échu, les caractères d’un homme de Dieu !

 

3.5.1        Prière, intercession

Un autre trait commun à ces deux hommes de Dieu : tous deux, animés d’un amour profond et vrai pour le peuple, ont su prier et intercéder en sa faveur dans la pleine intelligence de la pensée de Dieu. Moïse l’a fait dans une circonstance où cependant le peuple avait abandonné l’Éternel, se tournant vers une idole, un dieu qui pouvait être vu. Et l’Éternel avait déclaré qu’Il allait consumer le peuple et faire de Moïse une grande nation ! Moïse ne pense ni à lui ni à ce que l’Éternel veut lui donner, c’est pour le peuple qu’il « implore l’Éternel ». Ce qu’il fait valoir, dans sa première intercession, c’est la gloire de l’Éternel ; elle est en cause, l’Éternel ne peut pas détruire son peuple ! L’amour qui remplissait le cœur de Moïse pour ceux qui, malgré leur désobéissance, occupaient une si grande place dans le cœur de Dieu est manifesté dans son ardente intercession, celle d’un vrai Médiateur. Il rappelle à l’Éternel sa parole et son serment (Ex. 32:11-13 ; cf. Hébr. 6:18). En un sens, le sort du peuple dépendait du Médiateur et Dieu Lui-même avait suscité celui qui pouvait ainsi se tenir « à la brèche » (cf. Ps. 106:23).

Précieux encouragement à l’intercession en faveur du peuple de Dieu ! Si jamais il y eut une occasion dans laquelle il semblait impossible que Dieu intervînt, c’était bien lors de l’affaire du veau d’or, mais la foi de l’homme de Dieu s’élève au-dessus de toutes les impossibilités. Moïse se tint « à la brèche », lui seul, et l’Éternel ne détruisit pas le peuple ! Il le fit, prêt à se sacrifier pour Israël, allant jusqu’à dire : efface-moi de ton livre, afin que le peuple soit épargné, parce qu’il aimait ce peuple d’un amour vrai et plus fort que la mort.

À propos d’Élie, il nous est dit : « La fervente supplication du juste peut beaucoup » (Jacques 5:16). C’est pour la gloire de Dieu qu’Élie prie, c’est le vrai objet de sa prière ; si même le peuple doit connaître trois ans et six mois de famine. Élie est prêt à demander, et demande qu’il en soit ainsi (Jacques 5:17), afin que Dieu puisse être glorifié au milieu de ce peuple jusqu’alors infidèle. Élie était au sein d’un douloureux état de choses, le mal faisait de rapides progrès, la ruine était tout autour de lui ; il la sentait, il pleurait sans doute, mais aussi, il priait avec instance, non pas d’une manière plus ou moins froide, usant de « vaines redites », mais avec instance et persévérance. Quel exemple pour nous ! Y a-t-il jamais eu comme aujourd’hui nécessité de prier « avec instance » pour l’Assemblée de Dieu ?

Dieu ne refuse jamais d’agir, à son moment, quand la foi s’adresse à Lui avec confiance et intelligence, n’ayant d’autre but et d’autre désir que la gloire divine. Élie n’éprouvait certes aucun plaisir à voir la ruine de son pays devenu un aride désert, le peuple consumé par la famine, mais il désirait ardemment le vrai bien du peuple et, avant tout, la gloire de l’Éternel. Trois choses caractérisent sa prière :

1° Élie avait l’intelligence des pensées et de la volonté de Dieu au sujet de sa requête et il avait ce discernement parce qu’il se tenait sans cesse « devant Dieu » (1 Rois 17:1 ; cf. Jean 15:7 et 1 Jean 5:14, 15 ; en contraste : Jacques 4:3).

2° Il avait une pleine et entière confiance en Dieu (cf. Matt. 21:21, 22).

3° Enfin, sa prière était adressée à Dieu avec persévérance (Jacques 5:17 ; cf. Luc 11:5 et suivants ; Rom. 12:12).

Comme nous l’avons déjà remarqué, Moïse et Élie ont été appelés « hommes de Dieu » à six reprises différentes. Pour Moïse : Deutéronome 33:1 ; Josué 14:6 ; 1 Chroniques 23:14 ; 2 Chroniques 30:16 ; Esdras 3:2 et Psaume 90. Pour Élie : 1 Rois 17:24 ; 2 Rois 1:9, 10, 11, 12 et 13.

 

3.5.2        Bénédiction, ministère de la Parole, intercession et adoration — Moïse

Chez Moïse, bien des traits sont à noter en rapport avec ce caractère d’homme de Dieu :

1. Deutéronome 33:1 et 1 Chroniques 23:14. — L’homme de Dieu répand la bénédiction d’en haut sur le peuple de Dieu. Il dit du bien des fils d’Israël et pourtant, que de reproches il eût pu leur adresser ! C’est après être resté quarante ans avec eux dans le désert qu’il parle d’eux en bien… Ne pouvons-nous pas en retirer quelque instruction ?

En second lieu, une précieuse part est assignée à ses fils — la tribu de Lévi — dans le service du sanctuaire, un service qui revêt trois aspects : ministère de la Parole, intercession et adoration (Deut. 33:8-10 ; cf. 1 Chron. 23:14).

2. Josué 14:6. — Avec le discernement spirituel que donnent la crainte de Dieu et une vie dans sa communion, Moïse apprécie la persévérance et l’énergie de la foi d’un Caleb, auquel il assure la possession de l’héritage : Hébron appartiendra à celui qui a « pleinement suivi l’Éternel ».

3. 2 Chroniques 30:16 et Esdras 3:2. — De Lévi il est dit : « La loi de vérité était dans sa bouche » (Malachie 2:6). Comme nous venons de le rappeler, « quant à Moïse, homme de Dieu, ses fils furent attribués à la tribu de Lévi » (1 Chron. 23:14), tribu à laquelle était assigné le triple service dont nous parle Deutéronome 33:8-10. Si la loi de vérité était dans la bouche de Lévi, c’est parce que déjà la parole de l’Éternel était dans la bouche de Moïse. Et cela à un degré tel que, dans les deux passages considérés ici, la loi de l’Éternel est appelée « la loi de Moïse, homme de Dieu ». Qu’il s’agisse de célébrer la fête de la pâque (2 Chron. 30) ou celle des tabernacles (Esdras 3), le peuple pouvait se conformer aux enseignements donnés par Moïse, homme de Dieu, car ce qu’il avait dit était la parole de l’Éternel dans toute sa pureté. La parole de Moïse faisait donc autorité pour les âmes pieuses, même dans des temps de ruine, que ce soit lors du réveil aux jours d’Ézéchias ou au retour de la captivité de Babylone.

Il y a là un enseignement très important à souligner pour les temps auxquels nous sommes parvenus. Puisse-t-il y avoir, encore aujourd’hui, de vrais hommes de Dieu, présentant la Parole dans toute sa pureté, dans la bouche desquels se trouve « la loi de vérité » afin que les âmes soient instruites et dirigées selon la pensée de Dieu ! C’est l’exhortation adressée, dans des jours de ruine, par l’apôtre Paul à Timothée, « homme de Dieu » : « Prêche la Parole » (2 Tim. 4:1).

4. Psaume 90. — « Prière de Moïse, homme de Dieu » est-il écrit à l’en-tête de ce Psaume. Ce n’est pas le législateur qui prie, c’est l’homme de Dieu. Le seul Psaume de Moïse, qui nous ait été conservé — combien c’est remarquable — est une prière de l’homme de Dieu ! En présence du néant de l’homme, de l’iniquité d’un peuple qui a violé la loi et sur lequel pèse la colère de Dieu, il s’adresse non pas au Dieu de Sinaï, mais à Celui auquel il peut dire : « Repens-toi » (v. 13) et auprès duquel le fidèle trouvera toujours un sûr refuge : « Tu as été notre demeure de génération en génération » (v. 1).

 

3.5.3        Grâce et puissance, et parole de jugement — Élie

Chez Élie, nous avons :

1. La manifestation en grâce de la puissance de Dieu, dans la résurrection du fils de la veuve de Sarepta (1 Rois 17). Dieu seul peut donner la vie, de sorte que, lorsqu’Élie dit à la femme : « Vois, ton fils vit », elle s’écrie aussitôt : « Maintenant, à cela je connais que tu es un homme de Dieu, et que la parole de l’Éternel dans ta bouche est la vérité » (1 Rois 17:23, 24 ; cf. 2 Chron. 30:16 ; Esdras 3:2 et Malachie 2:6). On connaît de quelqu’un qu’il est un « homme de Dieu » par ce qu’il est, ce qu’il dit et ce qu’il fait. Dans cette circonstance, Élie a manifesté la grâce et la vérité, c’est le caractère d’un vrai homme de Dieu. Grâce et vérité qui ont été apportées ici-bas par Celui qui y a été, par excellence, le vrai et parfait Homme de Dieu (cf. Jean 1:17).

2. Une parole de puissance mais en jugement et non plus en grâce (2 Rois 1).

 

3.5.4        Souffrances

Il y a encore un trait commun à Moïse et Élie, ces deux grands hommes de Dieu de l’ancienne économie : L’un et l’autre ont eu à souffrir, craignant pour leur vie. Comme le Pharaon « chercha à tuer Moïse » (Ex. 2:15), Jésabel forma le projet de mettre à mort Élie (1 Rois 19:2).

 

3.5.4.1                 Souffrances de Moïse

L’Ancien Testament nous donne le récit des faits, le Nouveau y ajoute quelques commentaires, les éclairant d’un jour particulier ; c’est pourquoi il convient de méditer Actes 7 et Hébreux 11, après avoir lu Exode 2. Dieu avait préparé Moïse en lui faisant passer d’abord quarante années en Égypte ; c’était nécessaire à la formation de l’homme de Dieu. La grandeur de l’Égypte, ses richesses et ses honneurs, Moïse a rejeté tout cela parce que son cœur était avec le peuple de Dieu : « Moïse, étant devenu grand, sortit vers ses frères » (Ex. 2:11). Hébreux 11 nous dit : « Par la foi, Moïse, étant devenu grand, refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon, choisissant plutôt d’être dans l’affliction avec le peuple de Dieu, que de jouir pour un temps des délices du péché, estimant l’opprobre du Christ un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte ; car il regardait à la rémunération » (v. 24-26). Actes 7 : « Et Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ; et il était puissant dans ses paroles et dans ses actions. Mais quand il fut parvenu à l’âge de quarante ans, il lui vint au cœur de visiter ses frères, les fils d’Israël » (v. 22 et 23). En figure, c’est l’abaissement volontaire du Seigneur. Que vit Moïse, sortant « vers ses frères » ? « Il vit, leurs fardeaux » (Ex. 2:11). Il aurait pu dire alors : je suis grandement privilégié d’avoir échappé à semblable condition, Dieu est bon de m’avoir mis à l’abri ! — et ensuite, regagner le palais du Pharaon. C’eût été pur égoïsme ! Il aurait pu dire aussi : je vais intervenir auprès du Pharaon pour faire alléger les fardeaux du peuple. Mais alors, en admettant que sa requête eût été accueillie, d’où serait venue la délivrance ? Du Pharaon et de Moïse et non pas de Dieu par le moyen de Moïse. D’autre part, le résultat eût été celui-ci : le peuple serait resté en Égypte, dans une condition meilleure peut-être mais pourtant toujours en Égypte, sous le joug du Pharaon, alors que l’Éternel avait une tout autre pensée à son égard. De même pour la délivrance d’une âme, ou de ceux qui traversent la détresse : les moyens humains n’atteignent jamais le but que Dieu se propose.

Que voit Moïse en second lieu ? « Il vit un homme égyptien qui frappait un Hébreu d’entre ses frères ». L’Esprit de Dieu souligne ce qu’était cet Hébreu : l’un de ses frères ! Dès lors, aucune hésitation : il s’associe à ses frères. Il « choisit », nous dit Hébreux 11. Heureux choix de la foi ! En un instant, il a mis en balance, d’une part, les richesses de l’Égypte et, d’autre part, l’opprobre du Christ — les délices du péché et l’affliction avec le peuple de Dieu. Et, avec fermeté, il « choisit » l’affliction avec « ses frères » — ils sont « le peuple de Dieu » — et l’opprobre, mais c’est « l’opprobre du Christ ».

Tel est le point de départ du service de Moïse parmi « ses frères ». Et pourtant, le moment n’était pas encore venu où Dieu pouvait l’appeler à un tel privilège. Au lieu d’attendre cet appel, Moïse était parti selon l’impulsion de son cœur, de telle sorte qu’il va faire l’expérience de ce que peuvent être les conséquences d’une activité, excellente en soi peut-être, ayant à sa source les plus louables intentions, mais qui n’a pas l’autorité d’une pleine obéissance à un ordre de Dieu. « Il regarda çà et là », témoignant ainsi d’une certaine crainte, que n’a pas celui qui a conscience d’être envoyé par Dieu et qui, dans une entière confiance, peut aller droit son chemin, assuré d’un secours qui ne lui fera pas défaut. C’est parce qu’il « vit qu’il n’y avait personne » que Moïse « frappa l’Égyptien », le cachant ensuite dans le sable ; ce n’était pas parce que Dieu lui avait commandé de le faire. Actes 7 nous, dit : « Il croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main » (v. 25) ; il avait bien le sentiment d’être le libérateur du peuple, mais il s’était mis en route, emporté par les généreuses impulsions de son cœur, sans attendre que Dieu lui dise d’aller. Actes 7 ajoute — c’est la fin du vers. 25 — : « mais ils ne le comprirent point ». Comment Moïse eut-il le sentiment que ses frères n’avaient pas compris ? « Et il sortit le second jour ; et voici, deux hommes hébreux se querellaient. Et il dit au coupable : Pourquoi frappes-tu ton compagnon ? » (Ex. 2:13, 14 ; cf. Actes 7:26-28). Combien il est douloureux de voir deux frères se quereller ! Une commune détresse unit généralement les hommes qui en sont les victimes : ils associent leurs efforts pour en atténuer les effets, car on fraternise dans un malheur afin de le rendre plus supportable à chacun. Et voilà que parmi le peuple de Dieu dans la souffrance, deux frères se querellent, se donnant ainsi en spectacle aux Égyptiens et repoussant celui qui voudrait les ramener à la paix : « Vous êtes frères ; pourquoi vous faites-vous tort l’un à l’autre ? ». Et quel est celui des deux qui le repousse ? Le « coupable » (Ex. 2:13), « celui qui faisait tort à son prochain » (Actes 7:27). C’est encore celui-là qui dit à Moïse : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? Veux-tu me tuer, toi, comme tu tuas hier l’Égyptien ? »

Moïse est donc, d’une part, coupable d’un meurtre qui le rend passible du jugement du Pharaon et d’autre part, repoussé par ses frères. Que fait-il ? Il « eut peur » et il « s’enfuit » (Ex. 2:14, 15). S’il avait agi envoyé par Dieu et dirigé par Lui, il n’aurait pas eu peur : plus tard, il ne craindra pas la colère du roi : « Par la foi, il quitta l’Égypte, ne craignant pas la colère du roi, car il tint ferme, comme voyant celui qui est invisible » (Hébreux 11:27). Moïse avait agi selon sa propre volonté ; pour être un homme de Dieu, il faut que la propre volonté soit brisée. Ce sera, pour Moïse, l’objet de l’école de Madian. Quarante années en Égypte, à la cour du Pharaon, l’avaient amené à faire l’heureux choix de Hébreux 11:25 ; quarante années à Madian briseront chez lui toute volonté propre et feront de lui l’homme de Dieu que l’Éternel pourra alors envoyer vers son peuple (Ex. 3) pour y remplir, durant quarante années, un si grand ministère.

Quel contraste entre Exode 2:14, 15 et 4:19-20, entre la fuite coupable, la peur, résultat de la confiance de Moïse en lui-même, et son retour en Égypte, après les quarante années passées à Madian ! Il revient faible, petit à ses propres yeux, mais revêtu de la puissance de Dieu, ayant « la verge de Dieu dans sa main ». C’est le résultat du travail accompli pendant ces quarante années, années de formation de l’homme de Dieu. Il est très remarquable que ce soit précisément, des trois périodes de quarante ans qui constituent la vie de Moïse, celle dont les Écritures nous parlent le moins : la discipline de Madian, l’école de Dieu, c’est quelque chose qu’il faut apprendre chacun pour soi-même. Il convient que chacun fasse ses propres expériences dans ce travail de formation de l’homme de Dieu.

 

3.5.4.2                 Souffrances d’Élie

Ce n’est pas au début de son ministère qu’Élie fut persécuté et eut peur pour sa vie, fuyant devant Jésabel comme Moïse avait fui devant le Pharaon, c’est tout à la fin. Pour Moïse, c’était avant même de commencer son service ; pour Élie, cela en marquait la fin. Après avoir été à la rencontre d’Achab, après avoir tenu tête à huit cent cinquante faux prophètes sur le Carmel, en ayant triomphé et les ayant mis à mort, Élie « se leva, et s’en alla pour sa vie » parce que la femme Jésabel avait parlé de le faire mourir ! Il était alors, moralement, « devant Jésabel » et non plus « devant l’Éternel », et la chose est si juste qu’il devra marcher quarante jours et quarante nuits pour se retrouver devant son Dieu, à Horeb, dans la caverne.

S’en allant « pour sa vie », Élie va jusqu’au désert et là, complètement découragé, il dit : « C’est assez ! maintenant, Éternel, prends mon âme »… Il s’en allait pour sauver sa vie et, assis sous le genêt, il demande la mort ! Quelle inconséquence ! Et pourquoi demande-t-il la mort ? « Car je ne suis pas meilleur que mes pères » (1 Rois 19:4). Comme Moïse, bien que les circonstances ne soient pas exactement les mêmes, Élie s’enfuit au désert, ayant peur. Ni l’un ni l’autre n’y allait conduit par l’Éternel, chez l’un et chez l’autre la propre volonté était seule en activité et l’un et l’autre avaient de salutaires leçons à y apprendre.

Élie avait dispensé de la nourriture à d’autres dans des jours de famine, il avait été manifesté comme un homme de Dieu, apportant et la grâce et la vérité ; au désert, il est dépouillé de tout, sauf de lui-même, et sans ressources ! Dieu a compassion de lui, Il lui donne la nourriture dont il a besoin pour marcher et sans laquelle il n’aurait pu arriver à Horeb, la montagne de Dieu. Là, il entre dans la caverne, sans doute au lieu où l’Éternel avait autrefois, dans des circonstances toutes différentes, caché Moïse. Moïse, alors, intercédait pour le peuple ; ici, Élie parle contre le peuple ! Lui qui avait manifesté, en faveur de ce peuple, un amour « en connaissance et toute intelligence », selon l’expression de Philippiens 1:9. Dieu fait passer devant lui les diverses manifestations de sa puissance et de ses jugements ; Élie les connaissait bien : vent d’orage qui avait précédé la pluie (18:45), feu du ciel (18:38), et ces mêmes phénomènes s’étaient jadis produits sur cette montagne, alors que l’Éternel donnait la loi à Moïse (Ex. 19). Mais quelle leçon pour Élie ! L’Éternel n’était ni dans le vent, ni dans le tremblement de terre, ni dans le feu. Toute la vie du plus grand des prophètes, de cet homme de Dieu si remarquable, qui occupe avec Moïse une place éminente, aurait pu s’écouler sans qu’il eût réellement connu Dieu, le Dieu de grâce ! La voix « douce, subtile », chose nouvelle pour lui, dépassait tout ce qu’il avait expérimenté jusqu’alors et, le visage enveloppé dans son manteau de prophète, il se tient à l’entrée de la caverne (Moïse aussi « cacha son visage, car il craignait de regarder vers Dieu » [Exode 3:6] et c’était aussi « à la montagne de Dieu, à Horeb ». Sinaï représente la loi, Horeb la montagne où Dieu se manifeste en grâce ; et c’est bien sous ce caractère qu’Il se manifeste et à Moïse et à Élie, dans ces deux scènes).

L’Éternel pose alors à Élie la même question que celle qu’il lui avait déjà posée : « Que fais-tu ici, Élie ? » (1 Rois 19:13 ; cf. v. 9). Et Élie fait encore la même réponse. Ce qu’il vient de voir et d’entendre ne lui a, au fond, rien appris ni de lui-même ni de Dieu et il a toujours la même pensée à l’égard du peuple ! Devant le Dieu de grâce, il se fait toujours l’accusateur du peuple et plaide pour le jugement.

Eh bien, c’est Élie lui-même qui est chargé d’oindre Hazaël, Jéhu et Élisée, pour être respectivement roi sur la Syrie, roi sur Israël et prophète à sa place. Mais au lieu d’aller oindre Hazaël et Jéhu, Élie va d’abord trouver Élisée et jette sur lui son manteau de prophète ; s’effaçant entièrement, il lui laisse le soin de remplir la première partie de la mission qui lui avait été confiée. Il a maintenant compris ce qu’est la grâce de Dieu et il se sent un objet de grâce à tel point qu’il ne peut oindre lui-même Hazaël et Jéhu, les rois qui doivent être les instruments de Dieu pour le châtiment de son peuple infidèle.

En apparence, la carrière de l’homme de Dieu est brisée, mais en réalité c’est une autre phase de l’histoire d’Élie qui s’ouvre. La première, quelque brillante qu’elle ait été à bien des égards, a abouti au genêt du désert et à la caverne d’Horeb ; la seconde aura son couronnement dans le tourbillon au sein duquel Élie sera enlevé aux cieux. La première a été marquée par la puissance du prophète, la deuxième par l’humiliation d’Élie. Élie a jeté son manteau sur Élisée, non pour l’attirer après lui (1 Rois 19:20), mais pour qu’il soit prophète à sa place ; il manifeste alors ce qu’il n’avait pas montré en sortant de la caverne : humilité, jugement de soi-même, appréciation de la grâce. Dieu est pleinement glorifié par la conduite d’Élie, de sorte qu’il peut l’enlever aux cieux de la manière si remarquable qui nous est décrite en 2 Rois 2.

 

3.6   Juges 13 — l’Ange de l’Éternel, manifestation de Christ

Par-dessus tous ceux dont nous avons parlé, il en est un que l’Écriture nous présente avec ce même titre d’homme de Dieu, dans le chapitre 13 du Livre des Juges. La femme de Manoah disait à son mari : « Un homme de Dieu est venu vers moi  » (Juges 13:6). Il a la parfaite connaissance de toutes choses, annonce à la femme la naissance d’un fils et lui enseigne ce qu’elle doit faire dès avant cette naissance ; et il répète les mêmes paroles à Manoah quand il vient vers lui. Puis, n’acceptant rien de celui qui voulait le retenir et lui apprêter un chevreau, il déclare : « Si tu fais un holocauste, tu l’offriras à l’Éternel ». Tout ce qu’il fait est pour son Dieu, pour sa gloire et il désire qu’à Lui seul soient la reconnaissance et l’hommage. Qui est cet homme de Dieu qui n’avait pas dit son nom, ce nom que Manoah voulait pourtant connaître et dont il demande la révélation ? « Et l’Ange de l’Éternel lui dit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Il est merveilleux ». Merveilleux, en effet, tel Il a été dans ce monde, Celui qui a parfaitement révélé Dieu !

« Personne ne vit jamais Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18). En vérité, Manoah pouvait dire : « nous avons vu Dieu ».

Puissions-nous fixer les yeux sur Lui, être rendus capables de manifester quelques-uns de ses caractères, afin que nous soyons dans ce monde, en une mesure au moins, des hommes de Dieu accomplis et parfaitement accomplis pour toute bonne œuvre » !