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UNE ANCRE DE L’ÂME, SÛRE ET FERME
Hébreux 6:17-20
Philippe Laügt
ME 1997 p. 353-361
Table des matières:
1 Les ancres dans la navigation de Paul
2 Héb. 6:18-20 — Une ancre et un Précurseur
3 Nous sommes déjà à l’abri du jugement
4 Notre sécurité est assurée contre les attaques de l’Ennemi
5 Dans ce monde, les ressources de Christ sont les nôtres — Jean 16:33
6 Christ est notre ressource parfaite dans l’épreuve
L’ancre est cet instrument en métal lourd, à deux ou plusieurs branches, suspendu à une chaîne, que le marin jette au fond de l’eau pour empêcher le navire de partir à la dérive. La sécurité qu’elle procure dépend de la nature du fond sur lequel elle repose. Elle est préparée avec le plus grand soin, et l’on s’efforce de discerner la moindre fissure susceptible de diminuer sa solidité. Toutes les précautions sont prises pour qu’elle puisse résister, si besoin est, aux coups de boutoir d’une mer en furie. Généralement, il y a plusieurs ancres sur un navire. L’une d’entre elles, la plus forte, qui ne sert qu’à toute extrémité, était autrefois appelée l’ancre de miséricorde ou de salut.
Jeter l’ancre comme un dernier recours, ce fut le cas pendant le voyage dramatique où l’apôtre Paul, prisonnier, était transféré à Rome (Act. 27:29). Au début, il avait averti l’équipage : « Je vois que la navigation sera accompagnée de revers et de beaucoup de dommages... même quant à nos vies » (v. 10). Mais le centurion se fiait plus au pilote et au patron du navire qu’à ce que Paul disait.
Tout commence pourtant sous les meilleurs auspices. Mais la navigation devient de plus en plus difficile, et le navire, violemment battu par la tempête, est finalement emporté ça et là sur la mer, quatorze jours durant. La crainte des marins de voir leur navire heurter contre les écueils et se briser ne fait que grandir.
Aussi finissent-ils par jeter quatre ancres, en attendant impatiemment la venue du jour. Peine perdue ! Bientôt, il faudra les abandonner à la mer (v. 40).
Cette scène met l’accent sur l’inutilité des efforts humains en vue de sortir d’une situation désespérée. Dans de tels moments, les hommes de ce monde sont sans ressources. Seul l’apôtre, au milieu de ce désarroi, peut dire avec foi : « Ayez bon courage ; car je crois Dieu, et je sais... ». Que savait-il ? Ce qu’un ange de ce Dieu auquel il appartenait et qu’il servait était venu lui dire : « Ne crains point, Paul : il faut que tu comparaisses devant César » (v. 24). Dès lors, il savait que la tempête, malgré sa violence, ne pouvait l’engloutir. Il s’appuyait sur Celui qui, dans sa grâce immense, allait sauver en même temps tous ceux qui naviguaient avec lui : Il rend publiquement ce beau témoignage : « Je crois Dieu, et je sais que la chose arrivera comme il m’a été dit » (v. 25).
Si nous avons rappelé cette circonstance, c’est avec le désir de souligner le contraste avec une autre ancre, celle dont parle Hébreux 6. Le chrétien peut se confier en elle au milieu des tempêtes de la vie, en attendant d’atteindre le port désiré. Toute son assurance repose sur le Seigneur et sur son œuvre en sa faveur. « Nous avons une ferme consolation, nous qui nous sommes enfuis pour saisir l’espérance proposée, laquelle nous avons comme une ancre de l’âme, sûre et ferme, et qui entre jusqu’au-dedans du voile où Jésus est entré comme précurseur pour nous » (Héb. 6:18-20).
L’ancre, avec ses caractères de sûreté et de fermeté, est une belle image de l’espérance fondée sur Christ. Elle nous tient attachés à la demeure même de Dieu, au roc de son immuable fidélité : « Vous, qui êtes gardés par la puissance de Dieu par la foi », dira Pierre (1 Pierre 1:5). C’est, pour le racheté, une ferme consolation de se savoir indissolublement lié à Christ. Celui-ci, lorsque l’œuvre de grâce a été achevée, est entré au-dedans du voile, dans le ciel même, « afin de paraître maintenant pour nous devant la face de Dieu » (Héb. 9:24). Il s’y trouve comme notre « précurseur » ; il s’est sanctifié lui-même pour nous (Jean 17:19).
C’est la seule fois où ce mot « précurseur » est employé dans l’Écriture. C’était le nom très significatif qu’on donnait à une petite chaloupe qui, se détachant d’un navire, allait porter l’ancre en lieu sûr, dans le port, pour assurer la sécurité de tout l’équipage. Voilà bien ce que Jésus est spirituellement pour nous. Il est entré le premier, en notre faveur, dans la présence même de Dieu : « Je vais vous préparer une place... et je vous prendrai auprès de moi » (Jean 14:2, 3). La pensée que ce mot « précurseur » met en évidence est tout à fait en dehors de tout le système lévitique. Quand le souverain sacrificateur entrait dans le sanctuaire terrestre, c’était comme le représentant du peuple, ce n’était pas du tout comme son précurseur. Lui-même entrait avec crainte, une fois l’an, non sans du sang. Il pénétrait au-dedans du voile, dans le lieu très saint, où personne ne pouvait le suivre.
Au contraire, la présence constante de Christ à la droite du Père est le gage absolu que bientôt, comme lui, nous entrerons aussi dans ce sanctuaire où tout dit gloire, dans le ciel même où il nous a préparé une place. Arrêtons nos pensées sur quelques-uns des privilèges dont nous pouvons jouir en attendant d’y être avec lui.
L’expression « nous qui nous sommes enfuis pour saisir l’espérance proposée » rappelle de manière frappante ce meurtrier qui, en Israël, devait se sauver vers l’une des villes de refuge, en suivant un chemin soigneusement préparé. Alors, seul l’homicide involontaire pouvait y trouver refuge, et pour une période limitée — jusqu’à la mort du souverain sacrificateur ! (Ex. 21:13 ; Nomb. 35:9-28 ; Deut. 19:1-10 ; Jos. 20).
Mais maintenant, tout pécheur repentant, lavé dans le sang de Christ, goûte une parfaite et éternelle sécurité, puisque notre grand souverain sacrificateur est toujours vivant (Héb. 7:25). Le croyant n’a plus de crainte, sa dette est payée ; Christ a pris sa place et a subi le jugement que ses péchés méritaient. La parole de Dieu déclare : « Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus » (Rom. 8:1). Et si les versets 33 et 34 de ce même chapitre posent les questions : « Qui intentera accusation contre les élus de Dieu ? » et « Qui est celui qui condamne ? », la seule réponse est toujours : « C’est Dieu qui justifie ».
La joie inonde le cœur du racheté, sa parfaite assurance repose sur l’œuvre de Christ à la croix. Dans cette épître aux Romains, la justification est présentée sous trois aspects complémentaires.
· Nous sommes justifiés gratuitement par sa grâce (3:24). Notre péché abondait, nous étions sous la juste sentence de Dieu, mais sa grâce a surabondé.
· C’est sur le principe de la foi que nous sommes justifiés (5:1). Il faut s’emparer par la foi de ce don divin, et reconnaître que les meilleures œuvres accomplies avant la conversion, comparées par le prophète à un vêtement souillé (És. 64:6), sont sans valeur pour que nous soyons sauvés (Éph. 2:8, 9).
· C’est par le sang de Christ que nous sommes justifiés (5:9). Ce sang précieux versé devant Dieu était le prix réclamé par sa justice. C’est sur cette base que le Juge peut nous déclarer justes. Dieu a voulu qu’une telle œuvre soit accomplie en notre faveur. Le Seigneur s’est présenté et s’est offert à la croix. Maintenant et pour l’éternité, nous avons la paix avec Dieu.
Ici aussi, notre assurance sûre et ferme est dans le Seigneur Jésus. C’est une des conséquences de son œuvre. Nous pouvons être « plus que vainqueurs » par Celui qui nous aime. L’apôtre Jean écrit : « C’est pour ceci que le Fils de Dieu a été manifesté, afin qu’il détruisit les œuvres du diable » (1 Jean 3:8). C’est un aspect de son œuvre que l’on néglige parfois. La croix n’a pas pour seule conséquence le pardon de nos péchés, elle a bien d’autres vertus.
Le racheté doit affronter les attaques incessantes de l’Ennemi aussi longtemps qu’il est ici-bas dans un corps d’infirmité. Mais son Seigneur a définitivement triomphé de lui sur la croix (Col. 2:15).
Résistons à Satan, il n’a plus aucun droit sur nous. Nous avons été « délivrés du pouvoir des ténèbres... et transportés dans le royaume du Fils de son amour » (Col. 1:13). Il faut être sobre, veiller et, par la foi, tenir en échec notre adversaire. Comme un lion rugissant, il rôde autour de nous, cherchant qui il pourra dévorer (1 Pierre 5:8). Mais il peut aussi se transformer en ange de lumière (2 Cor. 11:14). Fertile en ruses, en fourberies et en stratagèmes pour parvenir à ses fins, il sait à quel moment il vaut mieux user de séduction plutôt que de violence. Ne soyons pas circonvenus par Satan : nous n’ignorons pas ses desseins (2 Cor. 2:11). Il peut même se servir de la parole de Dieu, en la tronquant ou en la déformant. Sommes-nous préparés à lui répondre : « Il est écrit », en nous servant de cette même Parole, avec à propos et avec foi ? Sinon, nous pourrions tomber dans ses pièges. Il nous faut être particulièrement vigilants aujourd’hui.
Bientôt, le « fils de perdition » va séduire tous ceux qui habitent sur la terre, par ses artifices et par ses mensonges. Ce ne sera pas avant la venue du Seigneur pour enlever son Église, mais « le mystère d’iniquité opère déjà » (2 Thess. 2:7), et « maintenant aussi il y a plusieurs antichrists » (1 Jean 2:18).
Saisissons et retenons fermement notre espérance, nous serons ainsi à l’abri du découragement. Regarder en haut « au-dedans du voile » occupe notre cœur de ce qui est ferme et bien assuré pour l’éternité dans la présence de Dieu.
La Parole nous met en garde contre l’amour du monde, qui, à tous égards, s’oppose au Père (1 Jean 2:15, 16 ; Jacq. 4:4). Ses séductions prennent un triple caractère : la convoitise de la chair, la convoitise des yeux, et l’orgueil de la vie. L’Ennemi s’est servi de ces armes lors de la tentation au jardin d’Eden (Gen. 3:1-7) et plus tard, au désert, contre le Seigneur lui-même (Luc 4:1-13). Mais si le premier homme est tombé dans le péché, le second homme, lui, a triomphé. Nous sommes encore dans le monde, qui « gît dans le méchant » (1 Jean 5:19). Mais nous y sommes avec les ressources et le secours du Seigneur, qui sont parfaitement suffisants pour résister aux artifices du diable.
Un autre aspect est souligné par l’apôtre Paul dans l’épître aux Galates. Il était, et nous sommes, crucifiés avec Christ (2:20). Le monde nous est crucifié et nous le sommes au monde (6:14). Cette position, chaque croyant est appelé à la mettre en pratique. Notre seul sujet de gloire, c’est la croix. Les choses de ce monde ne devraient pas avoir d’attrait pour notre cœur. Ceux qui ont été crucifiés avec le Christ Jésus en ont fini avec ce monde. La croix montre quelle estimation les hommes ont eue du Seigneur (Marc 15:13, 14). Si nous marchons sur ses traces, le monde nous haïra, comme il l’a haï (Jean 15:18). Paul, esclave volontaire de Jésus Christ, avait délibérément fait l’abandon de tous ses avantages dans ce monde, même au point de vue religieux. II regardait « toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus » (Phil. 3:8). Son désir ardent était désormais de « le connaître, lui » (v. 10). Notre vie doit refléter quelque peu celle de Christ.
Seul notre Souverain Sacrificateur peut entrer parfaitement dans toutes nos circonstances. Pour être capable de sympathiser à toutes nos infirmités, il a dû, « en toutes choses, être rendu semblable à ses frères » (Héb. 2:17 ; 4:15). Il a revêtu une humanité parfaite et participé « au sang et à la chair ». II est né dans l’indigence, il a vécu volontairement dans la pauvreté, connaissant la faim, la soif, la fatigue ; ses disciples ont pu le voir endormi dans une chaloupe.
Bientôt, il sera manifesté comme Souverain Sacrificateur pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédec. Aujourd’hui, il remplit cet office d’une manière qui ressemble plutôt à la sacrificature d’Aaron. Il est un « miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur ». Ses commandements sont ceux de l’amour ; ils « ne sont pas pénibles » (1 Jean 5:3) ; il veut par ce moyen nous garder du mal et nous enseigner comment marcher et plaire à Dieu. Seule notre obéissance montrera la réalité de nos affections pour lui.
Si, pour conclure, nous jetons un regard autour de nous, nous comprenons à quel point notre environnement est hostile. La difficulté est accrue par la présence de la chair en nous, toujours prête, si elle n’est pas tenue dans la mort, à répondre aux sollicitations de l’Ennemi. Si nous lui cédons, notre cœur sera bientôt rempli du monde et de ses vanités mensongères. Les « délices du péché », au demeurant fort brefs, nous font décliner rapidement et souvent de façon définitive dans notre vie spirituelle.
Restons dépendants du Seigneur ; ses ressources parfaites nous permettront d’agir avec sagesse et de résister victorieusement à chaque tentation. La Parole et la prière seront nos armes comme elles étaient les siennes. Il faut réaliser en pratique que nous sommes « crucifiés » avec lui et compter sur lui pour avoir du secours au moment opportun.
Dieu soit béni, notre ancre pénètre au-dedans du voile, où Jésus est entré comme notre précurseur. Et la foi, comme la chaîne qui relie un bateau à son ancre, traverse l’espace qui s’étend entre la mer agitée de ce monde et le lieu céleste et immuable où se trouve l’Objet de notre espérance.
Les marins d’Actes 27 ont fait naufrage, car ils se fiaient aux « choses qui se voient ». Gardons nos yeux fixés sur « celles qui ne se voient pas et qui sont éternelles » : notre sécurité sera absolue. Notre précurseur est là-haut, nous serons introduits bientôt dans la maison du Père. Ayons entièrement confiance dans cette ancre sûre et ferme, au moment où tout vacille autour de nous et en nous. Elle nous gardera d’être emportés par tout vent de doctrine (Éph. 4:14). « Si les fondements sont détruits, que fera le juste ? » demandait déjà le psalmiste (Ps. 11:3). Christ est la parfaite réponse à toutes les incertitudes ; il ne change pas.
Nous triomphons par ta victoire,
Seigneur Jésus, puissant Sauveur,
Dans les haut lieux et dans la gloire
Des rachetés le précurseur !
Oui, pour le ciel, notre espérance,
Sûre à jamais, repose en toi,
De notre cœur ferme assurance,
Objet béni de notre foi !