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TENIR FERME CONTRE LES ARTIFICES DU DIABLE
Éphésiens 6:11
Philippe Laügt
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1982 p. 94-99, 119-130
Plan de lecture :
1 Utilité de connaître les méthodes de l’adversaire des croyants
2 La chute : Genèse 3 — Semer le doute, Parole inexacte, orgueil
3 Aveuglement du monde — Ténèbres morales et spirituelles
4 Sortie d’Égypte et traversée du désert — Des leaders doués pour le mal
5 Fin du désert et conquête du pays — Attaques méchantes
6 Des instruments qu’on ne soupçonnerait pas
6.1 Temps des rois et de Néhémie
7.2 Pendant le ministère et jusqu’à la croix
9 Vie pratique des croyants individuellement
9.2 Œuvre de Christ plus ou moins connue
9.4 La chair et la mort avec Christ
10 Combat dans les lieux célestes — Éphésiens 6
11.3 Chaussés de la préparation de l’évangile de paix
11.6.1 La Parole de Dieu qui est l’épée de l’Esprit
« Ce n’est pas la connaissance de Satan qui nous rendra capables de discerner ses artifices, mais le fait de nous tenir dans la présence de Dieu » (J. N. D. ). Il n’en reste pas moins vrai que, sous peine d’essuyer de lourdes défaites, tout combattant doit bien connaître son adversaire, avec son but et ses tactiques familières, pour ne pas le sous-estimer. L’Écriture nous rend inexcusables si nous ignorons les desseins du grand Ennemi de Dieu et de nos âmes, Satan. D’un bout à l’autre, elle nous y rend attentifs.
Dès le commencement le diable pèche (1 Jean 3:8). Créature tombée, il ne possède ni l’omnipotence, ni l’omniscience, ni l’omniprésence. Mais avec une énergie redoutable et une sagesse perverse, il s’oppose toujours au conseil de Dieu, cherchant à l’annuler.
Au jardin d’Eden, sachant qu’Ève serait plus vulnérable qu’Adam, il s’est aussitôt efforcé d’instiller le doute dans son esprit. Stratège consommé, pour la séduire il laisse délibérément dans l’ombre les immenses bénédictions reçues de Dieu, et met l’accent sur le commandement unique que l’homme et la femme avaient à observer : « Quoi, Dieu a dit... ? » (Gen. 3:1). Il cherche à présenter l’autorité du Créateur comme arbitraire et injuste.
Si la Parole avait eu son plein effet sur le cœur d’Ève, la réponse de celle-ci aurait été simple, directe et concluante. Se servir avec exactitude de la Parole retenue par la foi, est le seul moyen de repousser les suggestions de l’Ennemi. Mais Ève ajoute à ce que Dieu avait dit. Le « père du mensonge » exploite aussitôt cette grave défaillance (Jean 8:44). Contredisant ouvertement les paroles de Dieu, il déclare : « Vous ne mourrez point ». Puis il suggère que, si l’on suivait son conseil, il en résulterait un grand gain : « Vous serez comme Dieu ». Ce piège caractéristique du diable séduit Ève et bientôt Adam (1 Tim. 3:6, 7). Leur cœur, saisi par l’orgueil, s’élève. Le péché, étant consommé, ne peut manquer de produire la mort. L’homme est désormais l’esclave de celui qui l’a poussé à la désobéissance. Toute sa race est entraînée avec lui dans la chute (Rom. 5:12).
Satan, avec sous ses ordres une multitude de démons, prend le contrôle de ce monde, dont il est le chef (Jean 12:31 ; 14:30 ; 16:11). Sous sa terrible influence, des ténèbres ont envahi la terre... Les incrédules, amorcés par leurs convoitises et leurs passions, ne sont que des jouets entre ses mains. Il les tient asservis, leur vie durant, par la crainte de la mort (Héb. 2:14, 15). Il se sert de moyens tels que le paganisme, la philosophie, la science, la superstition, le matérialisme, pour les égarer. Leur entendement est obscurci (Éph. 4:18), de sorte qu’ils peuvent parfois entendre les appels pressants de la grâce de Dieu sans qu’un seul trait de lumière vienne atteindre leur conscience et leur cœur. Leurs pensées sont aveuglées par le dieu de ce siècle (2 Cor. 4:4), qui vient de surcroît ravir la Parole dès qu’ils l’ont entendue (Marc 4:15). Seule une opération puissante de l’Esprit de Dieu peut arracher des âmes à un esclavage aussi affreux, et ouvrir leurs yeux pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu (Actes 26:18).
Car, si le monde entier gît dans le méchant (1 Jean 5:19), il n’y a pourtant pas, sur la terre, la seule semence du serpent (Jean 8:44 ; Actes 13:10), mais aussi celle de Dieu (1 Jean 3:9). Abel a été moralement le chef de file de cette lignée de la foi. Si Caïn, poussé par Satan, devient bientôt le meurtrier de son frère, Dieu suscite Seth et l’on commence à invoquer le nom de l’Éternel (Gen. 4:26). Une grande nuée de témoins vont se succéder jusqu’à la venue du Fils de Dieu, manifesté pour détruire les œuvres du diable (1 Jean 3:8). Ces hommes de foi auront constamment affaire à un Ennemi implacable, mettant son esprit plein d’intelligence et de subtilité au service du mal.
Quand Dieu décide de tirer d’Égypte un peuple, au milieu duquel devait naître un jour le Messie, Satan se déchaîne. Pour empêcher la marche de ce peuple vers Canaan, il emploie toutes sortes d’instruments. Ce sont d’abord Jannès et Jambrès qui, mus par une puissance diabolique, résistent à Moïse, imitant ses miracles. Influencé, le Pharaon endurcit son cœur et refuse de laisser partir Israël. Mais Dieu intervient ; il met d’abord son peuple à l’abri de sa propre colère, par le sacrifice de l’agneau, type de Christ. Puis il le fait sortir à main forte et à bras étendu. Au désert, un autre instrument du même Ennemi, Amalek, figure de la chair, vient attaquer lâchement par derrière ceux qui se traînent (Deut. 25:17, 18). L’intercession d’un Moïse, la vertu d’un Josué, l’un et l’autre nous parlant de Christ, seront nécessaires pour obtenir la victoire. Plus tard, du milieu des Lévites, dans cette famille de Kéhath qui avait le privilège de porter l’arche sur l’épaule, Coré s’élève. Dans son orgueil, il ambitionne la sacrificature, attire des disciples après lui. Sa rébellion apparaît comme une manifestation de l’opposition constante de Satan à la sacrificature de Christ. Ici encore, l’intervention d’Aaron, type de notre grand souverain sacrificateur, pourra seule arrêter la plaie qui dévorait le peuple. Il fait propitiation avec de l’encens, expression pour le cœur de Dieu des perfections du Seigneur (Nombres 16).
Le pèlerinage s’achève ; Balaam, le devin, vient encore enseigner à Balak comment jeter une pierre d’achoppement devant les fils d’Israël (Apoc. 2:14). Douloureusement atteints, ils devront à la fidélité d’un Phinées de surmonter cette épreuve. Le zèle pour Dieu de ce petit-fils d’Aaron porte nos regards sur un plus grand que lui, le Serviteur parfait (Jean 2:14-17). Enfin le voyageur touche aux frontières du pays ! Il entend les promesses de Dieu : « Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné » (Jos. 1:3). Mais sept nations, une plénitude de mal, vont s’opposer à lui, par force et par ruse (voir les Gabaonites, Jos. 9). La maison de Joseph, et tant d’autres après elle, a peur des chars de fer et de la puissance de l’ennemi ; ils ne le déposséderont pas. Il appartiendra à un homme de foi, déjà âgé, Caleb, de prendre Hébron malgré les Anakim, avec le secours de Dieu. Il préfigure le grand Consommateur de la foi, qui a vaincu Satan et le brisera bientôt sous nos pieds.
Ainsi, au cours des siècles, nous ne voyons jamais l’activité du serpent ancien se démentir. Qu’il s’agisse d’un temps de force spirituelle ou d’un temps de ruine, ce sont toujours les mêmes manœuvres pernicieuses. Il parviendra, par exemple, à inciter David, ce roi pieux, à dénombrer le peuple, provoquant le juste jugement de Dieu (1 Chron. 21:1). Longtemps après, au moment où, avec un faible résidu, remonté antérieurement de la captivité, Néhémie restaure Jérusalem, Satan entretient toujours des complicités au sein du peuple. Éliashib, le souverain sacrificateur, se montre infidèle ; l’Ennemi en fait son instrument. La porte des brebis qu’il devait reconstruire est inachevée, elle n’a ni verrous ni barres. Tobija, l’Ammonite, aura bientôt sa chambre là où sa présence paraît des plus insolites, dans les parvis de la maison de Dieu (Néh. 3:1 ;13:7) ! Le diable excelle à employer de préférence une personne que l’on suppose incapable d’exercer une mauvaise influence, voire qui inspire une réelle confiance (Deut. 13:6-8). Même un véritable croyant, s’il ne veille pas, peut devenir occasionnellement un instrument dans sa main.
L’exemple de Pierre est plein d’instruction. Il confesse d’abord avec force : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant », et Jésus lui déclare : « Tu es bienheureux... » (Matt. 16:16, 17). Mais voici que le Seigneur parle de ses souffrances à la croix. L’Adversaire pense qu’il pourrait le faire trébucher en se servant de ce même disciple. Les sentiments de Pierre paraissent très généreux : « Seigneur, Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point ! » Le Fils de Dieu discerne et démasque l’activité malfaisante de l’Ennemi : « Va arrière de moi, Satan, tu m’es en scandale... » (v. 23).
L’homme Christ Jésus était descendu volontairement sur la terre vaincre l’homme fort et piller ses biens. Dès le début de son ministère, après quarante jours de jeûne au désert, le tentateur s’était approché, lui suggérant d’user de sa puissance pour répondre à ses besoins. Le Créateur des mondes ne pouvait-il pas d’une parole changer en pain les pierres qui l’entouraient ? Sans aucun doute, mais Jésus serait sorti du sentier de l’obéissance et de la dépendance dans lequel il s’était volontairement engagé. Il aurait, en pratique, contredit cette Écriture, qu’il cite au moment opportun : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole de Dieu » (Luc 4:4). Il ne parlemente pas avec l’Adversaire, comme Ève autrefois. Il lui résiste victorieusement, employant par trois fois l’acier éprouvé et fiable de la seule Parole de Dieu. La convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie, auxquels Adam et Ève avaient succombé, n’ont pas de prise sur Lui. Chaque tentation ne servira qu’à mettre en évidence les beautés morales de Jésus, son obéissance, sa dépendance et la fidélité de son cœur à Dieu.
Alors le diable se retire pour un temps (Luc 4:13), mais plus le Seigneur approchera de la croix et plus les agents de l’Ennemi s’évertueront à lui barrer la route.
Les démons le reconnaissent et s’inquiètent : « Es-tu venu ici avant le temps pour nous tourmenter ? » (Matt. 8:29). Jésus guérit « tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance » (Actes 10:38). Finalement Satan mettra dans un cœur déjà chargé de convoitise la pensée de livrer le Seigneur pour un peu d’argent (Jean 13:2). Puis il prend possession de Judas (Ps. 41:9). À Gethsémané, l’Adversaire sera là, cherchant à faire reculer le Seigneur devant l’expiation. Il lui présente les terreurs de la mort, les heures ténébreuses où, fait péché pour nous, il connaîtra, douleur indicible, l’abandon de son Dieu fort. Mais Jésus, dans sa soumission parfaite, accepte la coupe de la main du Père. À l’heure suprême, l’Ennemi tentera un dernier effort. Il sait ce que la croix signifie pour lui. La semence de la femme devait écraser la tête du serpent. Mais c’est en vain qu’il se déchaîne, le Serviteur parfait se montre obéissant jusqu’à la mort et à la mort de la croix. Il pouvait sembler, en définitive, que Satan triomphait. C’était son heure et le pouvoir des ténèbres (Luc 22:53). Mais, par la mort, Christ rend impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable (Héb. 2:14). « Ayant dépouillé les principautés et les autorités, il les produit en public, triomphant d’elles en la croix » (Col. 2:15). Sa résurrection par la gloire du Père, son ascension et sa séance à la droite de Dieu témoignent du triomphe remporté. La puissance de Satan est brisée, son jugement va suivre, inéluctable. Déjà, durant son ministère, Jésus disait : « Je voyais Satan tombant du ciel comme un éclair » (Luc 10:18) « Le chef de ce monde sera jeté dehors » (Jean 12:31). Précipité sur la terre, ce séducteur sera d’abord lié, jeté dans l’abîme (Apoc. 20:2, 3) et, plus tard, jeté pour l’éternité, avec ses anges, dans l’étang de feu et de soufre.
Mais le Méchant a encore le pouvoir de nuire. Il sait qu’il a peu de temps et il déploie une activité d’autant plus fébrile.
Dès les temps apostoliques, alors que l’Esprit agissait sans entrave dans l’Assemblée, il était à l’œuvre pour lui faire abandonner son premier amour pour Christ. Il devait, hélas, bien vite y parvenir. Il incite Ananias et Sapphira à mentir à l’Esprit Saint. Pierre dira, parole combien solennelle : « Pourquoi Satan a-t-il rempli ton cœur ? » (Actes 5:3). Puis, successivement, sous son influence, un murmure s’élève chez les saints, la haine du monde se soulève contre des témoins fidèles ; Étienne, suivi plus tard de Jacques, connaîtra le martyre, alors qu’une grande persécution disperse l’assemblée à Jérusalem. Simon le magicien s’introduit même au milieu des disciples, et comment ne pas reconnaître aussi l’œuvre de l’Ennemi dans le différend qui sépare Paul et Barnabas ? Ils avaient longtemps exercé ensemble un service béni, mais une faille va surgir dans cette précieuse communion fraternelle (Actes 15:39). Plus tard, ce même apôtre Paul, qui était pourtant loin d’ignorer les desseins de l’Adversaire (2 Cor. 2:11), éprouvera, une fois et deux fois, son activité néfaste pour l’empêcher de revoir les chers rachetés du Seigneur à Thessalonique (1 Thess. 2:17, 18).
L’Ennemi se transforme volontiers en ange de lumière et ses ministres en ministres de justice (2 Cor. 11:14, 15). Il excelle dans l’art de mêler l’ivraie au bon grain, l’erreur à la vérité (Matt. 13:38, 39). De fausses doctrines, destructrices de la foi chrétienne, présentées de façon attrayante, dissimulées sous des formes de piété, sont ainsi largement répandues. Il détourne ainsi de la vérité, aujourd’hui comme hier, s’il le peut, des assemblées entières. Car chaque fois que la mort du Seigneur est annoncée, c’est la défaite de Satan qui est aussi proclamée. Pourrait-il davantage supporter qu’un incrédule soit convaincu de péché et donne gloire à Dieu, quand l’assemblée tout entière est réunie et montre ainsi la puissance de la présence de Dieu au milieu d’elle (1 Cor. 14:23-25) ? L’Adversaire, qui est encore dans les lieux célestes, fera tout son possible pour que l’assemblée faillisse à sa haute mission : magnifier et donner à connaître dans ces mêmes lieux célestes la sagesse si diverse de Dieu (Éph. 3:10).
Exploitant la difficulté que les premiers chrétiens d’origine juive éprouvaient à se détacher des ordonnances mosaïques et à accepter que les gens des nations soient admis aux mêmes bénédictions qu’eux, il réussit à fomenter des troubles dans l’assemblée à Jérusalem (Actes 15). Démasqué, il ne tarde pas à revenir à la charge. De faux docteurs, ouvriers trompeurs à sa solde, cherchent à ensorceler les Galates (Gal. 3:1). À les entendre, pour plaire à Dieu, le croyant devrait faire des œuvres de loi ! Céphas et Barnabas, eux-mêmes, avaient été un moment entraînés. Cet enseignement pervers se retrouve sous diverses formes tout au long de l’histoire de l’Église sur la terre, et porte gravement atteinte à la pleine suffisance de l’œuvre de Christ.
À Corinthe, en usant d’autres artifices, Satan voulait détourner les saints des vérités précieuses concernant l’Assemblée. Il les incitait à s’enorgueillir de leurs dons spirituels, de leur connaissance, reçus par pure grâce. Il les engageait aussi à traiter avec complaisance les manifestations de la chair dans leur marche journalière. De telles sollicitations sont-elles plus rares à la veille du retour du Seigneur, tout à la fin du témoignage confié à l’Assemblée de Dieu sur la terre ?
À Colosses, c’était par la philosophie, la tradition, le culte des anges et diverses ordonnances purement humaines que l’Ennemi s’efforçait d’égarer les saints, pour les frustrer, si possible, du prix du combat (Col. 2:18). Là encore, ne perdons pas de vue l’actualité et la gravité de tels assauts. Satan s’oppose inlassablement à tout témoignage collectif rendu au Seigneur. Notre faiblesse et notre tiédeur ne font que faciliter ses entreprises. Que Dieu nous donne les dispositions de cœur et d’esprit qui caractérisaient Philadelphie. Cette assemblée avait peu de force, mais Celui qui marche au milieu des sept lampes d’or pouvait lui dire : « Tu as gardé ma parole, et tu n’as pas renié mon nom » (Apoc. 3:8).
Les assemblées ainsi mises à l’épreuve se composent de croyants, et chacun peut s’attendre à être constamment l’objet des mêmes attaques, justement parce qu’il appartient à Christ (Luc 22:31). L’Ennemi sait bien qu’il ne peut pas le ravir des bras du bon Berger (Jean 10:28), mais il cherche par tous les moyens à interrompre sa communion avec le Seigneur. Ses assauts seront d’autant plus acharnés que nous aurons mieux saisi, par grâce, l’immense valeur de l’œuvre de Christ à la croix. Satan sait très bien que, s’il peut faire broncher un chrétien déjà affermi, le déshonneur jeté sur le nom du Seigneur n’en sera que plus grand (2 Sam. 12:14). Un chrétien endormi ou qui se lie au monde et s’y conforme, ne le dérange pas. Il est attristant de constater que la poursuite des richesses empêche plus d’un chrétien de combattre le bon combat de la foi. Les soucis de ce siècle accaparent souvent nos énergies. Si nous oublions le caractère céleste de notre appel et la séparation qui doit s’ensuivre, si nous vivons comme ceux qui habitent sur la terre, nous sommes pratiquement disqualifiés. Quelle victoire de l’Ennemi d’avoir ainsi mis hors de combat bien des enfants de Dieu !
Mais outre ces cas humiliants, nos états spirituels diffèrent, et par conséquent le caractère des hostilités avec Satan aussi. Certains rachetés sont encore en quelque sorte en Égypte. Ils savent que Christ a connu à la croix toute l’ardeur du jugement divin à leur place, et ils s’attachent exclusivement à la valeur infinie, aux yeux de Dieu, du sang versé par l’Agneau (Col. 1:20). D’autres ont fait un pas de plus. Leur foi s’est emparée de ce que le passage de la mer Rouge illustre : Christ mort et ressuscité pour nous. L’œuvre de la rédemption nous sauve, elle nous sépare du monde et nous délivre de la puissance de Satan et de la mort.
Il faut traverser le désert de ce monde. Mais les rachetés, à la différence d’Israël autrefois, doivent simultanément cheminer ici-bas et jouir, par la foi, de leur héritage céleste.
Le désert nous éprouve et nous humilie. Il nous enseigne ce qui est dans notre cœur (Deut. 8:2-6), mais nous amène aussi à goûter la sympathie et la tendresse de l’Homme parfait qui a suivi les sentiers de cette terre. Les forces du pèlerin peuvent toujours être ranimées par ce pain vivant descendu du ciel et par cette eau vive découlant du rocher frappé.
Mais dans ce monde, Satan rôde. Ses attaques peuvent surgir de tous côtés, inopinément ; une extrême vigilance est nécessaire (1 Chron. 9:24). Il s’ingénie à nous embarrasser dans les affaires de la vie, à accabler nos esprits, à décourager nos cœurs par les devoirs et les soucis de la vie journalière, les infirmités et les maladies, les difficultés de tout ordre et même, hélas, par des dissensions entre frères. Comme un lion rugissant il cherche à effrayer bien des fidèles par la persécution. Ils sont en butte, comme les témoins d’autrefois (Héb. 11:32-40), à sa haine violente pour le peuple de Dieu.
Il nous faut en outre constater que la chair est encore en nous, toujours prête à céder à l’Adversaire (Jacq. 1:14), si elle n’est pas tenue là où Dieu l’a placée, à la croix, c’est-à-dire dans la mort. Nous pouvons nous épuiser dans un douloureux débat intérieur (Rom. 7). Avec nos seules forces, la lutte contre les convoitises charnelles qui font la guerre à l’âme est désespérée. Tant que le « moi » est un fardeau pour l’âme, nous sommes incapables, dans cet état misérable, d’engager vraiment le bon combat de la foi.
Nous devons franchir spirituellement le Jourdain, à la suite de l’Arche, figure du Seigneur. Chacun doit accepter, par la foi, cette autre conséquence, si importante, de la croix : sa propre mort avec Christ. Dieu nous voit ainsi. C’est une vérité d’une portée pratique capitale, car c’est seulement ainsi que la chair, notre tyrannique ennemi intérieur, peut être tenue pour morte. De plus le chemin de la mort devient celui de la vie (2 Cor. 4:10-12 ; Col. 2:20-3:3). Nous sommes identifiés aussi avec Christ dans sa résurrection. Réalisant vraiment de telles vérités, nous sommes désormais en mesure de nous approprier les bénédictions si élevées déployées par l’épître aux Éphésiens.
Les conseils éternels de Dieu, sa grâce souveraine, le sang précieux de l’Agneau, versé à la croix, tout concourt à placer le racheté dans une position parfaite. Adopté, scellé du Saint Esprit, qui est les arrhes de son héritage, il est un membre du corps de Christ, de son assemblée. Héritier de toutes choses, agréable dans le Bien-aimé, il est, dans cette épître, assis dans les lieux célestes en Christ.
Mais la position la plus haute est aussi la plus contestée, d’où un véritable appel aux armes (Éph. 6:10). Le croyant doit se lever pour soutenir le combat contre des adversaires d’autant plus dangereux qu’ils n’appartiennent pas à la chair et au sang, mais au monde des esprits. Le prince de l’autorité de l’air a un royaume (Matt. 12:26) et des armées d’anges déchus à sa disposition (Matt. 25:41). Des puissances, des autorités, sont établies sur les ténèbres. Nous savons peu de chose à leur sujet, mais la puissance spirituelle de méchanceté est encore dans les lieux célestes, là même où nous sommes « bénis de toute bénédiction spirituelle en Christ ». Dès que le chrétien cherche avec l’énergie de l’Esprit à prendre vraiment possession de son héritage pour en jouir, il est aussitôt en butte aux attaques de l’Ennemi. L’apôtre avertit : « Ne soyons pas circonvenus par Satan, car nous n’ignorons pas ses desseins » (2 Cor. 2:11). Sa tactique est tout autre qu’au désert, la lutte a un caractère plus subtil. Il faut déjouer ses artifices et détruire aussi ses forteresses (2 Cor. 10:4 ; Jude 3). « C’est une chose extrêmement sérieuse d’être engagé dans le combat de Dieu contre Satan, et une pensée des plus solennelles que ma responsabilité soit de vaincre l’Adversaire » (J.N.D.). Nous ne pouvons pas nous dérober à ce formidable conflit, mais il faut s’y engager en comptant sur le Seigneur seul, sur la puissance de sa force (Éph. 6:10). L’excellente grandeur de la puissance de la force de Dieu, celle qui a ressuscité Christ d’entre les morts (id. 1:19) et l’a fait asseoir dans les lieux célestes, au-dessus de toute principauté et autorité et puissance, est prête à se déployer en faveur des rachetés (Éph. 1:19, 20 ; 2:6).
Nous avons du mal à réaliser notre incapacité totale, d’où la tendance à chercher des appuis, dans le nombre, dans les dons ou les capacités d’un conducteur. Nous serions même parfois prêts à user de ressources et de sagesse humaines. C’est une folie ! Saül proposait ce genre d’armure à David. Sagement, ce dernier la refuse : « Je ne puis marcher avec ces choses, car je ne l’ai jamais essayé » (1 Sam. 17:39). Il n’est pas allé sans protection à la rencontre de l’homme fort, mais il fallait l’œil de la foi pour discerner cette protection.
Dieu a préparé pour les siens une armure, son armure. Il ne suffit pas de la décrire ou de l’admirer, il faut constamment la revêtir, c’est-à-dire opposer à Satan les caractères de Christ lui-même. Nous devons manifester en pratique que nous avons revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité (Éph. 4:24). C’est ainsi seulement que nous pourrons tenir ferme (Éph. 6:10, 13, 14) et nous approprier la victoire complète de Christ sur l’Ennemi, à la croix.
La première des pièces de l’armure, c’est la vérité (Éph. 6:14). Nous pouvons certes nous efforcer d’avoir une conduite extérieurement correcte, mais ce que Dieu veut, c’est la vérité dans l’homme intérieur (Ps. 51:6). Le livre des Proverbes nous adresse de sérieuses exhortations touchant nos paroles, nos regards, le chemin que nous devons suivre. Mais il commence par cet avertissement : « Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde » (Prov. 4:23). Nos pensées et nos affections doivent être gouvernées par la Parole de Dieu qui, seule, est la vérité. Les activités de la chair en nous seront discernées et jugées par son moyen. Elle nous occupera de Christ et nous recevrons la force pour tenir ferme au mauvais jour, lors d’une bataille particulière, contre les artifices du diable. Mais si nous avons négligé d’attacher cette ceinture à nos reins, nous serons incapables de résister à une provocation subite de l’Ennemi. Loin de ressembler aux apôtres (1 Cor. 4:12), nous ne supporterons pas, par exemple, d’être insultés sans répondre, de souffrir patiemment sans nous plaindre. La Parole de la vérité occupe-t-elle toute la place dans notre cœur (Éph. 1:13) ? À l’heure de l’épreuve, comme le Seigneur, nous serons en mesure de répondre : « Il est écrit... »
La cuirasse de la justice vient ensuite. Elle est liée à notre marche dans ce monde. Rien ne peut rendre notre cœur plus faible que l’absence de cette partie de l’armure. Traiter avec indulgence des penchants à la malhonnêteté, des pensées profanes ou des agissements douteux, au lieu de les juger sans réserve et de les abandonner, nous fait courir les plus grands dangers. Il est impossible de compter parmi les défenseurs de la vérité, si nous la renions en pratique. Si l’Ennemi peut faire peser sur le cœur d’un croyant des accusations justifiées, la situation de ce dernier est terrible. Poursuivre dans un tel état une activité pour Christ serait s’exposer à tomber sous les coups de l’Adversaire, être obligé d’abandonner définitivement son poste de combat. Exerçons-nous donc, comme l’apôtre, à avoir toujours une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes (Actes 24:16).
Pour avoir nos pieds chaussés de la préparation de l’évangile de paix, cette autre pièce importante de l’armure, il faut d’abord cette bonne conscience (1 Tim. 1:5) représentée par la cuirasse de la justice. Alors, même au milieu de la bataille, nous jouirons de la paix avec Dieu. Cette paix intérieure se traduira d’abord dans notre marche au milieu d’un monde agité et inquiet. Nous serons aussi réellement prêts à apporter les bonnes nouvelles de la paix à ceux que Satan retient encore en esclavage (1 Pierre 3:15 ; Rom. 10:15).
Par-dessus tout, il faut saisir fermement le bouclier de la foi pour le diriger immédiatement du côté où le danger surgit. Dans cette guerre, nous avons besoin d’une confiance pratique, vivante, en Dieu, sinon les dards enflammés du Méchant, excitant l’orgueil, la jalousie, la cupidité, l’incrédulité, l’impureté... pourront nous atteindre, éveillant dans nos cœurs des doutes quant à l’amour et la fidélité de Dieu. La Parole de Dieu abonde en exemples à cet égard.
Le témoignage fidèle de Jean le baptiseur amenait ses disciples à le quitter pour suivre le Seigneur (Jean 1:37). Satan, connaissant bien les ressorts cachés du cœur naturel, fait dire à ceux restés avec Jean : « Rabbi, celui... à qui tu as toi-même rendu témoignage... tous viennent à lui ». Mais la foi et l’amour de Jean triomphent de cette attaque. Il détourne le dard et affirme aussitôt, en parlant du Seigneur : « Il faut que lui croisse, et que moi je diminue » (Jean 3:26-30). Pour revenir à la charge, l’Ennemi attend que Jean soit emprisonné. Une de ses armes favorites n’est-elle pas le découragement ? Ici, dans cette grande épreuve, au moment d’achever sa course, le bouclier de la foi fait un instant défaut au précurseur. Le doute s’infiltre dans son cœur : « Es-tu celui qui vient, ou devons-nous en attendre un autre ? » fait-il dire au Seigneur, qui fortifie et reprend doucement son cher serviteur (Matt. 11:3-6).
Plus tard, sur le lac, pendant la nuit, la tempête survient. La confiance des disciples est mise à l’épreuve. Jésus est là, dans la nacelle, mais il dort ! Où donc est le bouclier de la foi ? Un dard enflammé les transperce, une pensée affreuse germe dans leur esprit abattu. Le Seigneur serait-il, peut-être, après tout, insensible à leur détresse ? Ils n’hésitent pas à l’éveiller, à lui dire : « Maître, ne te mets-tu pas en peine que nous périssions ? » (Marc 4:38). Il les délivre de toutes leurs frayeurs, mais leur adresse ce reproche : « Comment n’avez-vous pas de foi ? » (v. 40).
Pour protéger la tête, particulièrement exposée, un casque, celui du salut, nous est donné (Ps. 140:7). Comment pourrait-on combattre calmement, résolument, sans être ainsi protégé ? Dans Actes 27:22-25, Paul portait ce casque. Seule la jouissance pratique d’un salut acquis une fois pour toutes à la croix, qui est aussi complet et final, gardera nos pensées dans le Christ Jésus. Nos esprits sont ainsi à l’abri des fausses doctrines, des doutes et des craintes propagés par l’Ennemi. Toujours, avec l’apôtre, le croyant peut s’écrier : « Je n’ai pas de honte, car je sais qui j’ai cru » (2 Tim. 1:12).
Dans une telle guerre, seules les armes offensives de la lumière peuvent permettre de remporter la victoire. Le combattant doit s’armer de « l’épée de l’Esprit, qui est la Parole de Dieu ». Elle est vivante, opérante, plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, nous dit l’épître aux Hébreux 4:12. Laissons-la d’abord pénétrer dans les replis les plus cachés de notre être moral. Si douloureux que soit ce travail, elle séparera nettement en nous les œuvres de la chair et le fruit de l’Esprit. Nous serons alors capables de la manier avec force. Elle sera pour nous, comme pour le Seigneur, la parfaite parade aux attaques variées de l’Ennemi ; plus encore, elle le mettra en fuite. L’Esprit nous enseignera la portion de l’Écriture capable, au moment opportun, de déjouer tout les artifices du diable, si subtils qu’ils soient. La Parole de Dieu, agissant en nous, est notre force. L’apôtre Jean écrit aux jeunes gens : « Vous êtes forts... la parole de Dieu demeure en vous... vous avez vaincu le méchant » (1 Jean 2:14).
La prière couronne le précieux ensemble de ressources mis à la disposition des combattants. Nulle part la lutte avec l’Ennemi n’est plus sentie que dans la prière, du fait que celle-ci entretient un contact constant avec le Seigneur, vainqueur de Satan et du monde. De Lui vient le secours au moment opportun (Héb. 4:16). Expression de la dépendance et de la foi, la prière doit être fervente et instante (Luc 18:1). Défensive, à l’heure de la tentation (Luc 22:40), elle permet, jointe à l’épée de l’Esprit, de prendre aussi l’offensive. La victoire est certaine, pour qui lutte à genoux. Le Seigneur lui-même, étant dans l’angoisse du combat, un combat qu’il était seul à pouvoir soutenir, priait plus instamment (Luc 22:44). Dans ses prières, le croyant, comme Épaphras (Col. 4:12,13), présentera sans cesse aussi à Dieu, par l’Esprit, les besoins des autres saints, membres avec lui du corps de Christ. Ils font partie de la même armée et participent au même combat (Phil. 1:27, 28).
Attachons une même importance à toutes les pièces de l’armure. Chacune est indispensable et doit être maintenue en bon état. Sans la Parole et la prière, nos armes offensives, il serait impossible de mettre l’Ennemi en fuite. Et si, d’un autre côté, une pièce défensive est endommagée ou mal liée à l’ensemble, notre adversaire ne tardera pas à concentrer ses attaques sur ce point faible. Veillons sans relâche, ce n’est pas ici un lieu de repos. La nuit est fort avancée, c’est la dernière heure. Satan multiplie ses assauts, l’apostasie ouverte est proche. La faiblesse et la ruine marquent le témoignage que le Seigneur nous avait confié. Mais pour tout surmonter et tenir ferme dans ce combat qui est celui de Dieu, nous avons des ressources parfaites. Le jour s’est approché. L’étoile du matin, Christ, est levée dans nos cœurs. Fortifiés en Lui et dans la puissance de sa force, nous pouvons être plus que vainqueurs, par Celui qui nous a aimés (Rom. 8:37).
Oh ! quand verrons-nous resplendir
Ce jour où doit paraître
Celui qui du ciel va venir,
Jésus Christ, notre Maître ?
Sainte journée,
Terme de nos travaux !
Foi couronnée,
Délicieux repos !
Chrétiens, encore un peu de temps,
Et le Seigneur de gloire
Viendra donner aux combattants
L’éternelle victoire !