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LES ARMES DE NOTRE GUERRE — 2 Corinthiens 10:4

 

 

 

Philippe Laügt

 

Table des matières :

1     Paul et les Corinthiens

2     Les armes du croyant

3     La destruction des forteresses et des raisonnements

4     Des instruments faibles

5     Regardant en avant

 

 

ME 1994 p. 15-22

 

1                    Paul et les Corinthiens

 

L’apôtre Paul avait longtemps travaillé à Corinthe, cité fameuse de l’antiquité, où une corruption effrayante se dissimulait sous un goût affiché pour les belles lettres, l’art et les sciences.

Dieu avait grandement béni son labeur (2 Cor. 11:27) et une assemblée nombreuse s’était formée, fruit de son ministère dévoué. Les Corinthiens ne manquaient d’aucun don de grâce (1 Cor. 1:7), mais, parce qu’ils n’avaient pas veillé au jugement d’eux-mêmes, toutes sortes de désordres avaient surgi. À la suite d’une première lettre de l’apôtre à ceux qu’il avait engendrés dans l’évangile (1 Cor. 4:15, 16), ils s’étaient montrés attristés selon Dieu (2 Cor. 7:11). Mais des querelles, des jalousies subsistaient encore, et surtout l’orgueil, celui de nos ennemis qui meurt avec le plus de peine. Aussi Paul écrit-il à nouveau avec douleur à cette assemblée divisée, qui battait en brèche son autorité et était fort en danger d’être séduite par des faux docteurs.

Les adversaires de l’apôtre, dont la prétention allait de pair avec la fourberie, s’attaquaient habilement à son apparence extérieure. Ils savaient combien les hommes admirent et suivent volontiers quelqu’un à cause de sa belle prestance (1 Sam. 9:2 ; 10:24). Aussi décrivaient-ils complaisamment celle de Paul comme «faible» et ajoutaient que sa parole était «méprisable», autrement dit qu’il n’était pas éloquent (2 Cor. 10:10). Ils insinuaient aussi que ses lettres pouvaient être «graves et fortes», mais que présent, il ne montrait plus aucune hardiesse. De fait ils refusaient de reconnaître l’enseignement de l’apôtre, n’acceptant pas de le recevoir pour ce qu’il était véritablement, la parole de Dieu (1 Thess. 2:13).

Leurs pauvres arguments ne laissaient pas, hélas ! les Corinthiens insensibles. Malgré tout ce qu’ils avaient reçu de Paul, plusieurs se laissaient égarer par ces faux apôtres, ces ouvriers trompeurs (2 Cor. 11:13).

Satan peut même se transformer en ange de lumière, et séduire, par ce moyen, des rachetés du Seigneur. C’est un danger toujours très réel. Et ceux qui, souvent inconsciemment, deviennent ses agents, insistent volontiers sur la faiblesse des instruments que Dieu emploie. Alors que l’Écriture nous invite à retenir ce qui est bon (1 Thess. 5:21).

Laissons-nous conduire par le Saint Esprit. Gardons-nous de juger sur l’apparence (2 Cor. 10:7). Dieu nous donnera du discernement si nous restons dans sa communion. Nous pourrons alors porter un jugement juste sur ce qui est exprimé (Jean 7:24 ; 1 Jean 4:1).

 

Calomnié, tourné en ridicule, Paul se voit contraint de défendre son apostolat. C’est ce qu’il appelle «sa folie» ou être «devenu insensé» (2 Cor. 11:1 ; 12:11). Car d’habitude, s’il s’agissait d’attaques personnelles, il était prêt à tout supporter. Le sommes-nous ?

Mais maintenant ce sont les droits du Seigneur qui sont en jeu. Il doit réfuter ces attaques, pour maintenir la vérité révélée, dont il est un des dépositaires (Éph. 3:3).

Combien son comportement dans ces circonstances pénibles est instructif ! Plus que d’autres, il aurait eu des raisons de se confier dans la chair (Phil. 3:4-6). Mais sous l’action du Saint Esprit en lui, il réalise que cette chair a été condamnée à la croix de Christ et doit être entièrement mise de côté.

Il ne rejette pas avec indignation les moqueries dont il est l’objet, ce qui serait la tendance naturelle de chacun d’entre nous. Non, avec une humilité désarmante, il reconnaît que sa présence personnelle est «chétive». Attitude qui n’est pas sans rappeler celle de son Maître (És. 53:3). Serviteur de Dieu, il met en pratique l’enseignement qu’il donne lui-même en 2 Corinthiens 6:4-8. Il ne passe pas son temps à se défendre. Tout de suite, il cherche à édifier (2 Cor. 10:8 ; 12:19 ; 1 Cor. 14:26). De son autorité apostolique, il espérait n’avoir à user que de cette manière. D’habitude il occupe les coeurs d’un Christ glorifié. Mais ici il exhorte avec délicatesse, et même supplie «par la douceur et la débonnaireté du Christ». Ces caractères ont brillé sur la terre chez l’homme parfait que nous avons toujours à imiter (1 Pierre 2:21). Ils étaient précieux pour Paul, ils ne l’étaient pas encore pour ses frères à Corinthe. Ils marchaient «à la manière des hommes» (1 Cor. 3:3) et se montraient plutôt portés à user d’armes charnelles, même dans le combat chrétien. N’est-ce pas souvent notre façon de faire ? Notre chair nous incite à faire usage de notre énergie naturelle, à agir avec diplomatie ou à affirmer notre personnalité pour faire triompher nos idées. On peut aussi faire preuve d’une certaine sagesse humaine ou même étaler des connaissances bibliques, restées strictement intellectuelles. Mais tout cela est sans valeur pour Dieu, il ne s’en servira pas pour l’accomplissement de ses desseins.

 

2                    Les armes du croyant

L’apôtre précise ensuite que s’il marche dans la chair, comme tout homme dont le corps est assujetti aux infirmités, il ne marche pas selon la chair, ce dont il était accusé. Ce qui convient à un enfant de Dieu, c’est de marcher selon l’Esprit (Rom. 8:4). Mais ce point est seulement suggéré ici. Ce n’étaient pas des motifs charnels qui faisaient agir Paul (Phil. 2:3). Comme serviteur de Christ, ce qui avait du prix pour lui, c’était la volonté de son Maître.

On retrouve dans la jeunesse de David un comportement qui rappelle celui de Paul. Le fils d’Isaï avait appris dans la solitude à compter sur Dieu seul (Ps. 62). C’est lui qui avait été sa force et son refuge dans ses combats contre le lion et contre l’ours. Lorsqu’il est sorti vainqueur de ces combats, sa foi l’assure que Dieu sera encore avec lui contre Goliath (1 Sam. 17:37-45). Confiant dans son armure, Saül voudrait en revêtir David. Mais ce dernier évite le piège que Satan lui tend. Il comprend que cette armure ne peut qu’entraver un homme qui marche avec Dieu. «Je ne puis marcher avec ces choses, car je ne l’ai jamais essayé.» David avait eu beaucoup affaire avec Dieu dans le secret, et si maintenant il se servait des moyens que le monde lui proposait, l’ennemi aurait prise sur lui.

Mais alors de quels moyens peut-on légitimement se servir ? Utilisons ceux que Dieu met à notre disposition, comme les cinq pierres lisses que David choisit dans le torrent. Une seule suffira d’ailleurs. Ne recourons-pas à ce que le monde offre, à ce qui fait partie des armes habituelles de l’homme et fait appel à ses ressources, voire à ses stratagèmes. En employant des armes charnelles, nous aiderions l’Ennemi. «Que personne ne s’abuse soi-même : si quelqu’un parmi vous à l’air d’être sage dans ce siècle, qu’il devienne fou» (1 Cor. 3:18).

David ira au combat avec, avant tout, sa confiance inébranlable en Dieu. Ainsi la victoire sera entièrement à la gloire de l’Éternel. Toute la terre saura qu’il y a un Dieu pour Israël (Osée 1:7) ; mais surtout, son peuple, saisi jusqu’alors d’une crainte irrésistible qui le faisait fuir, réalisera que ce n’est ni par l’épée, ni par la lance que l’Éternel sauve, mais qu’il s’est réservé l’issue de la bataille (1 Sam. 17:47). Le croyons-nous vraiment, après avoir essayé tant de fois, à notre honte, de nous servir de nos capacités, sans qu’elles soient soumises au Seigneur ?

 

3                    La destruction des forteresses et des raisonnements

Notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, comme notre façon d’agir pourrait souvent le laisser croire. Mais elle est contre la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes.

Dans cette épître aux Corinthiens, le combat se déroule dans le domaine de l’esprit, où l’Ennemi peut entretenir tout un réseau de forteresses. Il introduit dans les choses de Dieu des principes que la chair comprend et approuve. De là découle l’activité néfaste de ceux qui prétendent interpréter les oracles de Dieu avec leur intelligence naturelle. Ainsi se forgent les théologies nouvelles, les courants philosophiques où se mêle souvent la psychanalyse, voire l’occultisme.

Satan, vaincu à la croix, reste très dangereux. Il est prêt à fournir à ceux qui l’écoutent toutes sortes de raisonnements, d’arguments fallacieux (Col. 2:8). Plus que jamais, il tente de s’opposer à l’action puissante de l’Esprit, ce même Esprit qui rendait les paroles de l’apôtre persuasives (1 Cor. 2:4). Il est indispensable de «combattre pour la foi qui a été une fois enseignée aux saints» (Jude 3). Au «Quoi, Dieu a dit», (Gen. 3:1) il est toujours de saison d’opposer le «Il est écrit» (Matt. 4:4, 7, 10).

Dans son orgueil, par ses raisonnements, avec son désir d’indépendance à l’égard de Dieu, l’homme naturel est disposé à accueillir toutes les suggestions de l’Ennemi. Réprimer cette propre volonté devenue le siège et le véhicule des machinations de Satan, voilà le vrai but du combat spirituel. L’homme encore dans ses péchés poursuit inlassablement la réalisation de ses propres pensées et ce que lui suggère son imagination. Il n’en va pas de même pour le croyant. Il abandonne au contraire, sous l’action du Saint Esprit en lui, ses propres pensées et cette imagination qui déforme la réalité. Il est désormais propre à participer à ce combat spirituel pour la destruction des raisonnements et de toute hauteur qui s’élève contre la connaissance de Dieu, pour amener toute pensée captive à l’obéissance de Christ. Travail qui doit s’opérer d’abord dans ses propres pensées, ce qui lui permettra d’être aussi en aide à ceux qui l’entourent.

 

4                    Des instruments faibles

Mais pour être des instruments appropriés dans la main divine, il faut rester conscients de sa faiblesse (1 Cor. 1:29). Ainsi, au temps des Juges, une poignée d’hommes est prête à s’opposer à la puissante armée rassemblée par les Madianites. Mais Dieu, qui connaît les coeurs, veut encore diminuer fortement le nombre de ces combattants, de peur qu’Israël ne se glorifie contre lui, disant : «Ma main m’a sauvé» (Juges 7:2). Tout repose sur la disposition du coeur à obéir. Or Gédéon est prêt à le faire, sans murmurer. La bénédiction est assurée. Lui-même, comparé à un pain d’orge de peu de valeur, sera l’instrument dont l’Éternel se servira pour renverser la tente des Madianites (Juges 7:14, 22). Les armes de ses compagnons paraissent vraiment étranges. Elles seront «puissantes par Dieu» (2 Cor. 10:4). Gédéon leur dit : «Regardez ce que je vais faire, et faites de même» (Juges 7:17). Gardons-nous des initiatives, de celles qui seraient le fruit de notre imagination. Au son de la trompette, on doit briser sa cruche. D’abord vide, elle contient maintenant une torche, qui va illuminer la nuit. Cette manifestation de la lumière a pour conséquence la confusion et la panique dans le camp adverse. L’Éternel tourne l’épée de chacun contre son compagnon (Juges 7:22).

Rappelons la signification spirituelle de cette scène (2 Cor. 4:6, 7, 10). Nos corps sont des vases de terre. Dans la mesure où nous portons vraiment toujours et partout la mort de Jésus, la lumière de la connaissance de la gloire de Christ pourra luire pour ceux qui nous entourent. Sommes-nous prêts à un tel brisement de nous-mêmes pour mener les combats de Dieu ? «Toute puissance, tout service réel et effectif découlent d’une entière dépendance» (J.N.D.).

Mais quelles sont donc les armes de notre guerre, celles que Dieu met à notre disposition ? Essentiellement la prière et cette épée de l’Esprit, la Parole de Dieu. Elles sont défensives et offensives à la fois. Elles complètent cette armure de Dieu (Éph. 6), qui seule peut nous protéger contre les dards enflammés du méchant. Mais pour que ces armes soient pleinement efficaces, le Saint Esprit qui habite en nous ne doit pas être attristé. Il aura alors toute liberté pour manifester ses caractères de puissance, d’amour et de conseil (2 Tim. 1:7).

 

5                    Regardant en avant

Une nouvelle année commence. Nous appelons de nos voeux Celui qui redit au coeur des siens : «Je viens bientôt» (Apoc. 3:11 ; 22:7, 12, 20). Dans cette attente, jetant un regard en arrière, nous avons beaucoup de raisons d’être humiliés quant à notre conduite. Mais il convient de reconnaître à Sa gloire que Sa grâce n’a jamais cessé de se manifester à notre égard. Aussi, regardant en avant, nous pouvons affirmer avec confiance : «Oui, la bonté et la gratuité me suivront tous les jours de ma vie, et mon habitation sera dans la maison de l’Éternel pour de longs jours» (Ps. 23:6).

Des ennemis nombreux, puissants et subtils, assaillent notre faiblesse. Le commandement de l’Éternel à son peuple Israël garde toute sa valeur : «Qu’ils marchent !». Il parle ainsi au moment même où ils semblent vraiment pris dans une nasse, entre la mer et un ennemi qui croit triompher (Ex. 14:15). Mais sur le fondement du sang précieux de Christ, Celui qui est pour le croyant montrera toujours qu’il est contre l’ennemi (2 Rois 6:15-17).

Nous serons encore, jusqu’à la venue du Seigneur, inévitablement confrontés à de véritables forteresses. Jéricho, qui fermait l’accès du pays de Canaan à Israël, l’empêchant de prendre possession de son héritage, en est le type frappant. Prenons courage, la menace que Josué faisait peser sur la ville de Jéricho pouvait paraître dérisoire, mais «par la foi, les murs de Jéricho tombèrent, après qu’on en eut fait le tour sept jours durant» (Héb. 11:30). C’est aux pieds du Seigneur (Jos. 5:14) et à sa suite, lui la vraie Arche, que se trouvent toujours les seules vraies ressources dans chaque phase du conflit spirituel.

Séparés de lui, nous ne pouvons rien faire (Jean 15:5). La fervente supplication du juste peut beaucoup (Jacq. 5:16) ; ne cessons pas de prier. Faisons avec persévérance et foi le tour des citadelles apparemment imprenables. Si nous nous appuyons sur les promesses de la Parole, et sommes prêts à nous servir d’elle à bon escient sous sa direction, les murs de l’orgueil et de l’incrédulité tomberont dans les esprits. Les «forteresses» les plus effrayantes seront détruites à sa gloire. Et déjà, en attendant la gloire et la perfection, les rachetés jouiront des arrhes de leur héritage acquis par Christ à la croix.

 

 

Trésor incomparable,

Tendre et fidèle ami !

Toi qui seul fus capable

De vaincre l’ennemi !

Garde par ta puissance

Nos esprits et nos coeurs,

Toi qui, par ta présence,

Nous remplis de bonheur.

 

Jésus, notre richesse,

Notre seul vrai bonheur,

Puisqu’en notre faiblesse

Tu nous gardes, Seigneur,

À nos coeurs l’Adversaire

Ne peut ravir la paix,

Ni de l’amour du Père

Nous séparer jamais.