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JE CROIS DIEU — Actes 27
Philippe Laügt
Table des matières :
Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; ME 1986 p. 158
Paul, lié dans son esprit (Actes 20:22) par l’amour pour ses frères israélites (Rom. 9:2-4), était fermement décidé à passer par Jérusalem en se rendant à Rome. Ni les avertissements de l’Esprit, ni les supplications des disciples ne purent le détourner de son but. Mais arrivé à Jérusalem, il se trouve bientôt dans une situation inextricable. Sa conduite n’est-elle pas en contradiction avec son enseignement ? Et ses concessions aux ordonnances judaïques, incompatibles avec le christianisme, n’ont d’autre effet que d’attiser la haine des Juifs (Act. 21).
Il faut que Dieu intervienne. Il se sert d’un officier romain pour arracher son serviteur fourvoyé à la folie meurtrière de la foule. L’apôtre sera prisonnier pendant de longues années. Son précieux ministère itinérant s’achève. Sera-t-il pour autant inutile ? Non, le Seigneur va se servir de lui dans des circonstances nouvelles et des lieux jusqu’alors inconnus de Paul. Et c’est pendant cette captivité qu’il écrit aux Éphésiens, aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon des épîtres toujours actuelles.
À maintes reprises, poussés par Satan, les Juifs vont chercher à tuer l’apôtre. Dieu agit et déjoue leurs complots. Paul comparaît devant le Sanhédrin et, habilement, divise ses adversaires. A-t-il donc oublié que les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais puissantes par Dieu ? Dans la prison, Paul est peut-être un peu découragé. Mais cette nuit-là, le Seigneur se tient près de lui et lui dit : «Aie bon courage». Puis il l’instruit quant au chemin qu’il doit suivre désormais : «Comme tu as rendu témoignage des choses qui me regardent à Jérusalem, ainsi il faut que tu rendes témoignage aussi à Rome» (Act. 23:11). C’est comme prisonnier qu’il fera cette visite tant désirée aux frères de cette ville (Rom. 15:23). Comprenant quelle est la volonté de Dieu à son égard, devant Festus, Paul déclare : «J’en appelle à César». Alors Festus, ayant conféré avec le conseil, répond : «Tu en as appelé à César, tu iras à César» (Act. 25:11, 12). Quelques jours plus tard, l’apôtre dans son apologie devant le roi Agrippa, peut dire : «Ayant reçu le secours qui vient de Dieu, me voici debout jusqu’à ce jour, rendant témoignage aux petits et aux grands... qu’il fallait que le Christ fût soumis aux souffrances, et que, le premier par la résurrection des morts il devait annoncer la lumière et au peuple et aux nations ?» (Act. 26:22, 23). Au service de son Maître, Paul est un homme heureux malgré la captivité, et devant cet auditoire, venu en grande pompe examiner les charges qui pèsent sur lui, il affirme : «Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez de toutes manières tels que je suis, hormis ces liens» (Act. 26:29).
Le trajet vers Rome sera long, difficile, semé d’obstacles suscités par l’Ennemi. Mais Paul est prêt à se laisser conduire là où Dieu l’envoie. Instruments inconscients de cette volonté divine, les Romains décident de diriger Paul par mer vers l’Italie. Il y a d’autres prisonniers sur ce navire et il s’ensuit sans doute une pénible promiscuité. Mais l’apôtre sera réconforté par la compagnie de deux fidèles serviteurs du Seigneur. Luc et Aristarque lui «font la conduite», réalisant pratiquement Héb. 10:34. Les liens de l’apôtre sont devenus manifestes, comme étant en Christ (Philip. 1:13).
Le voyage commence bien et ils atteignent Sidon dès le lendemain. Là, Jules traite Paul avec humanité et lui permet de se rendre chez ses amis pour jouir de leurs soins (Act. 27:3). Douce rencontre, permise par le Seigneur, avec ceux de la maison de la foi, avant les terribles épreuves qui vont suivre. Bien des jours vont s’écouler avant que l’apôtre, parvenu enfin aux portes de Rome, voyant à nouveau les frères, rende grâces à Dieu et reprenne courage (Act. 28:15).
Ils voguent ensuite à l’abri de Chypre car déjà les vents sont contraires. Ils traversent la mer qui baigne la Cilicie et la Pamphylie, où Paul avait tant de souvenirs liés à son service pour Christ (Act. 13:13 ; Act. 15:38, 41). Ils atteignent Myra en Lycie et là le centurion trouve un navire d’Alexandrie qui va en Italie. Il y fait monter ses prisonniers. C’est l’automne, la navigation devient pesante, elle sera bientôt périlleuse car le jeûne est déjà passé. Il est temps d’hiverner. Paul, fidèle à sa responsabilité (Ézéch. 3:17, 18), avertit ses compagnons de voyage des dangers menaçants : «Je vois que la navigation sera accompagnée de revers et de beaucoup de dommage, non seulement quant au chargement et au navire, mais même quant à nos vies» (Act. 27:10). Ce prisonnier est étranger et de surcroît ce n’est pas un marin. Mais ce qu’il dit, il le dit par l’Esprit.
Ce discernement spirituel chez l’apôtre, fruit de sa communion avec Dieu, se montre aussi lors de ses adieux aux anciens d’Éphèse : «Moi je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; et il se lèvera d’entre vous-mêmes des hommes qui annonceront des doctrines perverses... c’est pourquoi veillez» (Act. 20:29-31).
Que d’avaries et de dommages auraient été évités, si l’Église professante avait écouté cette sentinelle ! Mais on a prêté peu d’attention à ces avertissements et le «navire» — pour reprendre l’image que nous avons ici — approche rapidement du naufrage. De graves dangers, liés aux derniers jours, menacent de plus en plus : Activité des esprits séducteurs ou doctrines de démons qui conduisent à l’apostasie.
N’agissons pas comme le centurion, supportons la parole d’exhortation (Héb. 13:22). Cet homme s’appuyait sur la sagesse humaine et se fiait plus au pilote et au patron du navire qu’à ce que Paul disait (Act. 27:11 ; Prov. 27:12). Si nous refusons de prêter l’oreille aux avertissements, il nous faudra entendre comme ces hommes, plus tard, dans une grande détresse : «Vous auriez dû m’écouter» (Act. 27:21 ; Prov. 5:11-14).
Une accalmie trompeuse survient, il semble que tout va bien. «Pensant qu’ils étaient venus à bout de leur dessein», ils lèvent l’ancre, quittant Beaux-Ports : «Le vent du midi soufflait doucement». Ainsi parfois nous croyons pouvoir suivre impunément les tendances de nos coeurs naturels. Mais très vite les choses échappent à notre contrôle (Job 17:11 ; 30:26).
De ses trésors, Dieu fait sortir un autre vent, violent (Ps. 135:5-7 ; Ps. 107:25). Et c’est le drame. Le navire est emporté et va à la dérive. Il faut alors jeter, et de ses propres mains, ce à quoi le coeur, si facilement, s’attache (Act. 27:18, 19, 38). Au milieu d’épaisses ténèbres, sur ce qui n’est déjà plus qu’une épave, toutes les mesures humaines se révèlent infructueuses.
Que de fois à l’heure de l’épreuve, nous cherchons du secours ailleurs qu’en Dieu (Ps. 60:11) ! Avons-nous oublié que Dieu règne, qu’il est plus puissant que la voix des grandes eaux, que les puissantes vagues de la mer (Ps. 93:1, 4) ?
«Dès lors toute espérance de pouvoir nous sauver nous fut ôtée» écrit Luc (Act. 27:20). Quelle est notre attitude devant la tempête ? Ici, sur ce navire en perdition, il n’y a plus que deux cent soixante-seize hommes saisis de panique. Ils montent aux cieux, ils descendent aux abîmes, leur âme se fond de détresse (Ps. 107:26).
Tous, sauf un, Paul, le prisonnier de Jésus Christ. Son secret ? Il se confie pleinement en Dieu (Ésaïe 26:3) et peut dire en vérité : «JE CROIS DIEU» (ce n’est pas seulement je crois en Dieu). Pour la force et la joie de son âme, il ne se sépare jamais du bouclier de la foi. Et en quelque sorte sur ce bouclier se trouve gravé : «Je crois Dieu» et «Dieu à qui je suis et que je sers». Aujourd’hui, sur ce voilier, comme hier devant Agrippa, l’apôtre réalise qu’il ne s’appartient plus et que sa part heureuse est de servir son Dieu.
Rachetés du Seigneur, nous sommes SA propriété. Cette pensée règle-t-elle seule notre conduite ? (Rom. 14:7-9 ; 1 Cor. 6:19, 20). Quelle distance morale sépare ici Paul d’un Jonas ! Ce dernier ne cesse de descendre spirituellement. Et le voici enfin, serviteur désobéissant, profondément endormi malgré la tempête, dans la cale d’un navire. Il est pourtant seul à bord à connaître le Dieu vivant et vrai. Mais il a choisi délibérément un chemin d’éloignement et sa relation avec Dieu est interrompue. Le maître des rameurs, un incrédule, le reprend : «Que fais-tu, dormeur ? Lève-toi, crie à ton Dieu !» (Jonas 1:6).
Une triste conviction s’est formée dans le coeur de Jonas. Il a péché contre l’Éternel et son péché le trouve. Il leur dit : «Prenez-moi et jetez-moi à la mer, et la mer s’apaisera pour vous ; car je sais que c’est à cause de moi que cette grosse tempête est venue sur vous» (Jonas 1:12). Jonas retrouve dans les entrailles du poisson le chemin de la repentance et de la communion avec l’Éternel. La tempête est pour lui un des moyens dont Dieu se sert pour restaurer son serviteur égaré (Ps. 119:91). Tandis que celle que Paul traverse, a pour but de faire briller sa foi. Comme chrétien, Paul est fondé à dire : «Soyez mes imitateurs, comme moi aussi je le suis de Christ» (1 Cor. 11:1). Il rappelle à ceux qui sont sur ce navire leur incrédulité, mais leur apporte ensuite des paroles de réconfort et d’espoir. «Ayez bon courage», répète-t-il (Act. 27:22, 25). Il a lui-même entendu cette parole qui traverse l’Écriture : «Ne crains point». Dieu le lui a confirmé : «Il faut que tu comparaisses devant César». Il doit rendre témoignage en présence de cet empereur (Act. 9:15, 16 ; Matt. 10:18). Rien ni personne ne peut s’opposer au conseil de Dieu à l’égard de l’apôtre. Et l’ange qui est venu vers Paul cette nuit a ajouté : «Voici, Dieu t’a donné tous ceux qui naviguent avec toi» (Act. 27:24).
Ce n’est pas le navire, mais Dieu, fidèle à ses promesses, qui préservera les voyageurs. Et la présence de Paul, comme autrefois celle d’Abraham ou de Joseph (voir Gen. 12:3 ; 39:5, 23) apporte la bénédiction à ceux qui l’entourent. C’est un exemple remarquable de la grâce et de la souveraineté de Dieu.
Le prisonnier de Jésus Christ, qui n’a rien sur terre, possède en fait toutes choses, car les secrets de Dieu lui sont révélés. Il sait que l’on fera la perte du navire, mais il sait aussi qu’aucune vie ne sera perdue (Act. 27:22, 34). Avant que les marins ne le supposent et que la sonde ne le confirme, il annonce qu’ils seront jetés sur quelque île (Act. 27:26). Loin de craindre leurs craintes et d’être troublé, cet ambassadeur lié de chaînes affirme : «Je sais que la chose arrivera comme il m’a été dit». Ce qui caractérise la foi c’est qu’elle compte sur Dieu non seulement en dépit des difficultés, mais en dépit des impossibilités.
Tout ceci est très pratique. Par l’Écriture, Dieu nous parle. À qui ressemblons-nous ? à Jonas ou à Paul ? Quel est notre témoignage dans l’Assemblée, vis-à-vis de nos frères et au milieu de ce monde tourmenté ? Sommes-nous en tout lieu la bonne odeur de Christ pour Dieu ?
Depuis quatorze nuits ils sont emportés sur l’Adriatique (Act. 27:27). La tempête redouble de violence, mais Paul, inébranlable, s’appuie sur son Dieu. «Je sais qui j’ai cru», dit-il ailleurs (2 Tim. 1:12). Ceux qui l’entourent craignent maintenant de tomber sur des écueils et les matelots vont jeter quatre ancres de la poupe (Act. 27:29). Mais la seule ancre qui vaille, sûre et ferme, se lie à un Christ glorifié. Avec elle, on peut attendre paisiblement la venue du jour (Héb. 6:18, 19). Elle nous évitera de «faire naufrage quant à la foi» (1 Tim. 1:19) et nous gardera de terribles écueils : l’amour de l’argent (1 Tim. 6:10) ; la connaissance faussement ainsi nommée (1 Tim. 6:20), l’amour du monde (2 Tim. 4:10) et l’activité de la chair (1 Cor. 9:27).
L’égoïsme du coeur naturel se manifeste chez les matelots qui cherchent subrepticement à s’enfuir (Prov. 12:20). Mais l’apôtre avertit fermement les soldats : «Si ceux-ci ne demeurent pas dans le navire, vous ne pouvez être sauvés» (Act. 27:31). Ces paroles mettent en évidence notre responsabilité. Dieu a envoyé sa Parole et promis le salut. Mais lui-même a choisi le moyen. Il faut se soumettre et obéir.
Maintenant le centurion est disposé à écouter Paul, les soldats coupent les cordes et laissent tomber la chaloupe. Il n’est plus question ni du pilote ni du patron du navire. Comme dans d’autres circonstances (Act. 16:25-28) le serviteur de Dieu a seul la situation en main. Il veille aussi au bien-être de tous ces hommes, les réconforte et les invite à prendre de la nourriture : «C’est aujourd’hui le quatorzième jour que vous passez à jeun, dans l’attente...». Il y a dans le coeur de cet homme de Dieu les mêmes compassions que chez son Maître (Matt. 14:14 ; Marc 8:2, 3). Il rappelle la promesse divine. Puis il donne l’exemple, prend du pain et, sans honte, reconnaissant les droits de Dieu, il rend grâces devant tous. Sommes-nous disposés à rendre grâces, où que nous soyons, à Celui qui nous donne toutes choses richement pour en jouir (1 Tim. 6, fin v. 17) ?
Fortifiés, tous prennent courage et l’imitent. Le dénouement est proche, on allège encore le navire, on abandonne les ancres. Les soldats sont prêts à tuer les prisonniers sans excepter Paul, auquel ils doivent pourtant leur vie ! Les hommes ont haï sans cause et crucifié le Sauveur du monde. Le serviteur ne peut manquer de rencontrer la même opposition (Jean 15:18, 19). Satan est toujours derrière la scène, mais ses desseins sont déjoués. Le centurion intervient, la menace est écartée, la Parole doit s’accomplir, l’apôtre aller à Rome.
Sous la violence des vagues, le navire se brise, mais tous parviennent à terre sains et saufs. La promesse du Dieu vivant, conservateur de tous les hommes, spécialement des fidèles, se réalise (1 Tim. 4:10).
Ce n’est pas le voyage de Paul seulement, c’est aussi le nôtre. C’est au Seigneur qu’il faut se confier si tous dans ce monde tournent et chancellent comme un homme ivre. Il nous appelle, par la pratique quotidienne, au milieu de circonstances souvent difficiles, à confirmer par notre conduite le témoignage de Christ (1 Cor. 1:6). C’est l’exemple que nous laisse Paul, un homme ayant les mêmes passions que nous, mais qui peut dire : «Pour moi, vivre c’est Christ» (Phil. 1:21), et encore : «Pourvu que j’achève ma course, et le service que j’ai reçu du Seigneur Jésus pour rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu» (Act. 20:24).
Contre moi dans ce monde,
Si l’orage en fureur
Enfle ses flots et gronde
Troublera-t-il mon coeur ?
Non, je n’ai point de crainte,
Jésus est avec moi,
Et sa présence sainte
Éloigne tout effroi.