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J’ai quelque chose à te dire... Maître, dis-le

 

 

Luc 7:40

 

Philippe Laügt

 

 

Cette scène remarquable est décrite par Luc. Un des pharisiens, membre de cette secte si violemment opposée au Seigneur, moins prévenu peut-être contre lui que d’autres, l’invite à prendre un repas chez lui. L’atmosphère y est bien différente de celle qu’il a connu dans la maison de Lévi, où l’on s’est empressé de lui faire un grand festin (Luc 5:29).

Pourtant, apportant comme toujours avec lui la lumière, dans sa grâce, Jésus accepte. Serviteur parfait, il ne se lasse pas de répondre à des besoins variés, dans les endroits les plus divers (És. 42:1 et 4). Sa présence, comme Siméon l’a annoncé au moment de sa naissance, ne peut manquer de révéler les pensées de plusieurs (Luc 2:35).

Entrant dans cette maison, Jésus se joint aux invités. «Et voici une femme dans la ville, qui était une pécheresse et qui savait qu’il était à table dans la maison du pharisien, apporte un vase d’albâtre plein de parfum». C’est une offrande d’un grand prix, comme celle de Marie (Jean 12:3).

L’on peut chanter des cantiques qui exaltent l’amour du Sauveur, se déclarer prêt à lui rendre un témoignage fidèle. Mais si le moment est venu de faire seulement part de ses biens, est-on disposé à le faire ? Si nous sommes infidèles dans les richesses injustes, comment Dieu nous confierait-il les vraies ? (Luc 16:28).

Le seul Juste, — le Seigneur lui-même — ce pharisien, — un propre-juste, certainement fier d’appartenir à «la secte la plus exacte» du judaïsme (Act. 26:5), — et cette femme dont l’injustice est connue de tous, les voilà un instant réunis.

La pécheresse entre dans la salle du repas sans être désirée. Elle a conscience de l’ampleur de ses besoins et place sa confiance en Jésus. Dès lors elle est prête à braver l’atmosphère glaciale de la maison de ce pharisien. Elle sait qu’elle s’expose à des rebuffades, à des moqueries, mais elle veut rencontrer Celui qui seul peut lui donner la paix avec Dieu. Celui qui dit : «Venez à moi, vous qui vous fatiguez et je vous donnerai du repos» (Matt. 11:28). Il y a déjà eu en elle, de façon cachée, un travail divin (Ps. 77:19). Maintenant le Seigneur nous permet d’admirer le fruit visible de cette oeuvre.

Que de fois, invités à venir là où le Seigneur nous attend, nous refusons de venir (Luc 14:16-24). Tout est une question d’affection à Son égard. Notre amour s’est-il enrichi, approfondi, au fil des années, ou faut-il confesser qu’au contraire il s’est refroidi ? Même si l’on assiste aux rassemblements, notre coeur ressemble t-il à celui de Simon ou à celui de cette femme ? Sommes-nous prêts à montrer, comme cette femme le fait ici, la réalité de notre attachement à Christ, face à une profession religieuse de plus en plus froide et conventionnelle ?

Humblement, le coeur chargé, cette femme cherche un abri. Elle se tient aux pieds de Jésus. C’est la bonne part qui ne lui sera point ôtée. Par derrière, sans parler, elle pleure abondamment et les pieds du Seigneur sont arrosés par ses larmes. Ce sont des larmes précieuses pour Dieu (Ps. 58:6). Ses cheveux dénoués sont l’expression visible de son deuil. C’est une honte pour une femme juive d’avoir ses cheveux épars en public. Mais elle s’en sert pour essuyer les pieds de Jésus, avant de les couvrir de baisers et de les oindre avec le parfum.

En contemplant les pieds bénis du Seigneur, l’on peut réaliser avec elle combien le chemin qu’Il a suivi ici-bas est différent du nôtre (És. 52:7 et Prov. 7:11-12). En présence de Son amour et de toute Sa grâce, cette femme revoit sa vie passée. Son coeur est brisé, elle est gagnée. Le Seigneur la laisse faire, il ne semble pas lui prêter attention, mais c’est une grande joie pour Son coeur !

Avait-t-elle déjà rencontré le Sauveur ou entendu seulement parler de son amour ? (Matt. 4:23-24). En tout cas, elle se confie dans Sa miséricorde. Les pharisiens et les docteurs de la Loi appelaient par dérision le Seigneur, «l’ami des publicains et des pécheurs» (Luc 7:34). Il est venu chercher et sauver ceux qui sont perdus. Dans ses grandes compassions, il est prêt à les «recevoir» (Luc 15:2). Cette femme peut se prosterner librement à ses pieds et donner libre cours à son affection, elle qui a tant connu la dureté et l’égoïsme des hommes.

Le pharisien qui a convié Jésus, l’épie et se méprend sur la signification de cette scène. En le voyant accepter les hommages de cette femme, il «dit en lui-même : celui-ci, s’il était un prophète, saurait qui et quelle est cette femme qui le touche, car c’est une pécheresse» (Luc 7:16, 39).

En révélant les sentiments cachés de Simon, la Parole montre son aveuglement. Il méconnaît le véritable caractère du Seigneur, l’étendue de ses compassions. Il l’accuse de manquer de discernement, d’être incapable de comprendre le mauvais état de cette femme et de la renvoyer. À son avis, ce doit être un imposteur !

Nous sommes vite disposés à jeter un regard critique sur les autres, C’est l’erreur de Simon. Son attitude à l’égard de cette femme est celle d’un propre-juste, il ne voudrait certes pas qu’elle le touche ! Elle est, à ses yeux, définitivement souillée. Mais il est loin de réaliser et de dire : «Je suis aussi un pécheur» (Luc 18:9-14). S’il avait su contempler le Seigneur, ébloui devant ses perfections morales, il aurait vite compris l’étendue de sa misère personnelle (Job 42:5-6).

Mais Simon se compare à cette femme, tout à son avantage, au lieu de se comparer au Seigneur. Nous commettons parfois ce genre d’erreur (2 Cor. 10:12). Il ne dit rien, mais le Seigneur lit ce qui se passe dans son coeur (Luc 5:22 ; Jean 2:25). Il sait aujourd’hui dans quel état sont les nôtres (Ps. 139:4).

Mais le Seigneur, qui est vraiment le Prophète et qui «connaissait ce qui est dans l’homme» (Jean 2:25) déclare : «Simon, j’ai quelque chose à te dire». Celui-ci ne s’attend pas à ce que Jésus lui adresse si brusquement la parole. Il répond, de façon abrupte : «Maître, dis-le». Après ses conclusions hâtives, à l’égard de son invité, il est sans doute peu enclin à lui parler.

Si le Seigneur nous parle, d’une manière ou d’une autre, il ne faut pas lui répondre «demain», ou l’écouter d’une oreille distraite. Dans Sa grâce, il travaille toujours, soit pour amener un pécheur à la repentance, soit pour restaurer un croyant en chute (Osée 2:14). Ouvrons-lui notre coeur !

Le Seigneur se sert d’une courte parabole pour dévoiler l’état intérieur de ce pharisien. «Combien faut-il avoir commis de péchés pour être un pécheur» ? Simon et la femme sont tous deux des pécheurs (2 Cor. 7:1), incapables de payer leur dette.

Jésus parle donc d’un créancier et de ses deux débiteurs insolvables. L’un lui doit cinq cents deniers et l’autre cinquante. Mais l’importance de la somme a peu d’intérêt, du moment que ni l’un ni l’autre n’ont de quoi payer ! Pour Dieu il n’y a pas de différence : «Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu» (Rom. 3:23). Personne ne peut donner à Dieu la rançon de ses péchés, il doit y renoncer à jamais. Ici, «comme ils n’avaient pas de quoi payer», le créancier leur fait grâce et quitte à chacun sa dette (v. 42-43 ; Rom. 3:24).

Il serait aisé de penser que le débiteur qui doit ces cinq cents deniers est une figure de cette femme de mauvaise vie, alors que le «respectable» Simon est certainement comparable à celui qui n’en doit que cinquante ! On peut se demander si cette pensée est juste. Les balances de Dieu ne sont pas celles des hommes (Prov. 16:11).

Simon se repose sur sa propre justice. Il est sans doute très satisfait de sa conduite, persuadé qu’il n’a que peu de chose à se reprocher. Touchant les débiteurs absous, Jésus lui pose cette question : «Dis donc lequel des deux l’aimera le plus ?»

Dieu hait l’orgueil dissimulé dans nos coeurs. Simon présente une forme fréquente, grave d’orgueil, l’orgueil religieux. Saul de Tarse longtemps satisfait d’être «quant à la loi, pharisien ... quant à la justice qui est par la loi, sans reproche» (Phil. 3:6), est amené par Dieu à la repentance. Tombé à terre, il entend une voix, celle de Jésus, lui dire : «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? Il comprend sa misère et se considère désormais devant Dieu comme le «premier des pécheurs» (1 Tim. 1:15).

Simon répond avec justesse : «j’estime que c’est celui auquel il a été quitté davantage». Mais cette réponse, approuvée par le Seigneur, montre que minimiser ses fautes a des conséquences graves dans la vie spirituelle. C’est dans la mesure où nous comprenons mieux tout ce que Dieu nous a pardonné, que notre amour pour Christ grandit. Placé dans Sa lumière, chaque pécheur réalise qu’il est lui-même ce débiteur de cinq cents deniers.

Se tournant maintenant vers la femme, le Seigneur dit à Simon (v. 44), «vois-tu cette femme ?». C’est une joie pour le coeur meurtri de cette pauvre malheureuse, de recevoir l’assurance que le Seigneur a noté sa présence à ses pieds et qu’Il accepte la repentante dévotion de son amour.

Le nom de cette femme n’a pas été conservé. Il est d’autant plus facile d’y mettre le nôtre. Simon pense la connaître, en fait, il connaît son nom. Toute la ville, avec lui, est sans doute au courant de sa conduite passée, misérable. Il porte sur elle un jugement sans appel. Mais le Seigneur, lui, a vu autre chose chez elle : elle vient à lui dans la repentance et dans la foi, elle est désormais un objet de sa grâce.

À Simon, le Seigneur déclare : «Je suis entré dans ta maison». C’était une grande condescendance de sa part, même si Simon pense, au contraire, lui avoir accordé un grande faveur en le recevant à sa table. D’ailleurs dès l’entrée, le Seigneur n’a pas été traité selon les règles de la politesse la plus élémentaire, celles qu’on pratiquait déjà du temps d’Abraham (Gen. 18:4). Au fond, Simon le méprise, tout en l’appelant cérémonieusement : «Maître».

Le Seigneur met en évidence son attitude : «Tu ne m’as pas donné d’eau pour mes pieds, mais elle a arrosé mes pieds de ses larmes et les a essuyés avec ses cheveux» (v. 44). Ce pharisien a certainement toute l’eau nécessaire à sa disposition. Il peut désigner un esclave pour laver les pieds de Jésus. Mais l’eau dont la femme s’est servie elle-même est d’une autre qualité, elle jaillit de son coeur. Ses larmes sont celles de la repentance et de l’amour. Elles sont d’un grand prix devant Dieu (Ps. 56:8).

Prosternés à Ses pieds, c’est de la Parole qu’il faut se servir pour parler à Dieu de son Fils Unique. L’adoration peut être correcte, tout à fait «scripturaire» et rester pourtant froide et formelle. Il faut que le Saint Esprit soit libre d’agir dans un coeur qui bouillonne, alors la louange jaillira aisément pour le Bien Aimé.

Les verbes employés en grec pour décrire ce que cette femme fait signifient qu’il s’agit d’une action continue. Nos pensées ne doivent pas monter un jour aux cieux et descendre le lendemain aux abîmes (Ps. 107:26).

«Tu ne m’as pas donné de baiser, mais elle, depuis que je suis entré, n’a cessé de couvrir mes pieds de baisers» (Luc 7:45). Simon n’a pas estimé devoir accueillir le Seigneur par un baiser, façon habituelle de recevoir un ami ou un invité en Orient. Mais la femme, avec une réelle humilité, ne cesse d’embrasser ses pieds. Si nous réalisons combien notre Seigneur est ignoré, méprisé et même haï, notre amour pour Lui ne peut que s’accroître.

«Tu n’as pas oint ma tête d’huile, mais elle a oint mes pieds avec un parfum» (v. 46). Oindre la tête avec de l’huile est un honneur pourtant fréquent en Orient. La tête parle de la gloire du Seigneur, de sa suprématie (Ps. 21:3). Dans la conduite de Simon on ne voit pas d’amour pour le Seigneur. Mais cette femme verse un parfum de grand prix sur les pieds du Seigneur. Ils seront bientôt percés pour nos péchés. Le Seigneur a attiré l’attention de Simon sur les signes évidents de l’amour chez cette femme. Il conclut : «Ses nombreux péchés sont pardonnés, car elle a beaucoup aimé».

Alors «ceux qui étaient à table avec Lui, se mirent à dire en eux-mêmes : Qui est celui-ci qui même pardonne les péchés ?» (Luc 7:49). Ils estiment à juste titre, que seul Dieu peut parler de la sorte (Luc 5:21). Leur hostilité ira grandissante. Bientôt, ils l’accuseront de chasser les démons par Béelzébul, le chef des démons ! (Luc 11:15). Mais c’est Celui qui «a porté nos langueurs et s’est chargé de nos douleurs» qui prononce ces paroles de pardon. L’Éternel a fait tomber sur Lui l’iniquité de nous tous» (És. 53:4, 6). À la croix, lI a été frappé par la justice divine à notre place.

Deux fois seulement dans les Évangiles, le Seigneur parle ainsi de pardon de leurs péchés à un homme et à une femme (Luc 5:20 ; 7:48). Dans la scène qui est devant nos yeux, le signe que cette femme sait que ses péchés sont pardonnés, c’est l’amour qu’elle manifeste au Seigneur. Tandis qu’au chapitre 5, la preuve que l’homme jouit du même pardon, c’est le changement complet qui s’opère dans sa vie. Jusqu’ici complètement paralysé, Il prend son petit lit et marche. Aujourd’hui aussi, chacun peut comprendre que nos péchés sont pardonnés, si notre amour pour Christ et notre marche en apportent le témoignage .

Ce n’est pas à cause de l’amour manifesté par cette femme que ses péchés sont pardonnés, mais du fait de l’amour merveilleux de Jésus. Il a déployé sa grâce et notre dette est acquittée par la mort du Fils de Dieu à la croix.

Avec son autorité divine Jésus s’adresse pour la première fois directement à la femme : «Tes péchés sont pardonnés» et il ajoute : «ta foi t’a sauvée, va t’en en paix». (Luc 7:46 et 48). Quelle précieuse assurance pour ce coeur courbé sous le poids de son péché. Il n’oublie ni ses larmes ni le parfum répandu, ce sont des signes tangibles de sa foi. «La foi sans oeuvre est morte» (Jac. 2:14-16). Mais il lui parle de sa foi, alors qu’avec Simon, il met l’accent sur l’amour de cette femme.

La foi seule reçoit la bénédiction de la part de Dieu (Héb. 11:6). Le Seigneur est toujours disposé, aujourd’hui comme hier, a y répondre : «Aie bon courage, ma fille, ta foi t’a guérie» (Luc 8:48) et encore : «Recouvre la vue, ta foi t’a guéri» (Luc 18:42). Aux disciples, il demande : «Où est votre foi» (Luc 8:45).

Simon va-t-il accepter dans son coeur les leçons que le Seigneur, dans son amour, lui adresse ? De toute façon, ces enseignements nous concernent tous. La grâce de Dieu justifie gratuitement le pécheur qui se met à l’abri du sang de Christ, versé en rémission des fautes (Rom. 3:24).

Cette scène est l’occasion de se demander quelle est notre attitude et nos paroles à la table d’un incrédule chez lequel nous avons voulu aller ? (1 Cor. 10:27).

Où que le Seigneur aille, il est toujours aux affaires de son Père (Luc 2:49). Notre conduite est-elle toujours en accord avec l’exhortation : «Que vous soyez des enfants de Dieu irréprochables au milieu d’une génération tortue et perverse ? (Phil. 2:15-16).

 

Profonde joie !

Christ est la voie

Qui conduit au suprême but.

Jésus pardonne,

Il n’est personne

Qu’il veuille écarter du salut.