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JE ME TIENDRAI SUR LA TOUR    Habakuk 2:1

 

Philippe Laügt

 

Méditation sur le livre d’Habakuk

Pourquoi Dieu tarde à agir en face du mal grandissant. La leçon que Dieu apprend au fidèle, qui passe d’une interrogation angoissée, à une paix confiante : au lieu du désespoir, il se réjouit en Dieu

ME 1987 p. 3

Table des matières :

0     La situation générale au temps d’Habakuk

1     Chapitre 1

2     Chapitre 2

3     Chapitre 3

 

 

0                    La situation générale au temps d’Habakuk

Plus d’un siècle s’est écoulé depuis qu’Israël — les 10 tribus — a été transporté en Assyrie à cause de ses péchés (2 Rois 17:22, 23). Dieu a laissé un petit royaume à la postérité de Salomon, à cause de David son serviteur, et de Jérusalem qu’Il s’est choisie (1 Rois 11:11-13). Mais Juda n’a pas gardé non plus le commandement de l’Éternel (2 Rois 17:19).

Après un dernier réveil, du temps de Josias, Celui qui sonde les coeurs et les reins envoie Jérémie dire au peuple : Juda la perfide a vu ce qu’a fait Israël l’infidèle, mais elle n’a pas eu de crainte. Elle s’est prostituée elle aussi et elle n’est pas revenue à moi de tout son coeur, mais avec mensonge (Jér. 3:6-10).

Le roi fidèle, Josias, est recueilli auprès de ses pères (2 Rois 22:20). Juda est désormais dans un plus mauvais état qu’Israël autrefois. Mais ce peuple, inconscient de son état, répète encore : «C’est ici le temple de l’Éternel» (Jér. 7:4). Tous les soins de Dieu semblent vains, pourtant il attend encore dans sa grande patience, car le jugement est son travail inaccoutumé (És. 28:21).

Quel triste parallèle avec l’état actuel de l’Église professante ! Là aussi l’orgueil et la mondanité ont remplacé l’humilité et la séparation pour Christ. Nous avons oublié notre caractère d’étrangers ici-bas. Aussi le temps est venu de commencer le jugement par la maison de Dieu ! L’Ennemi a réussi à susciter de douloureuses divisions au milieu de ceux qui avaient appris la vérité concernant l’Assemblée.

Avec amour le Seigneur frappe encore à la porte, mais après l’enlèvement des rachetés, il va vomir cette Église devenue apostate. Le jugement sera d’autant plus sévère qu’elle a porté la livrée de Christ (Apoc. 3:3, 16).

 

1                    Chapitre 1

Le déchaînement du mal ne laisse aucun fidèle insensible. Comme Job (21:7) et Asaph (Ps. 73), Habakuk répand sa plainte devant son Dieu. Semblable aux fidèles dans tous les temps, il s’écrie : «Jusques à quand ?» (Hab. 1:2). En effet, là où la paix et l’unité devraient régner (Ps. 122:6-8) ce n’est que dévastation et violence, contestation et discorde. Le méchant cerne le juste et l’on rend des jugements iniques (Hab. 1:4).

Un tel tableau, hélas, est tout à fait actuel. Le monde a déteint sur nous. Et à mesure que s’estompe la crainte de Dieu, le désordre et le rejet de toute autorité gagnent la famille chrétienne et même ce qui porte le nom d’Église. Retenons l’exhortation adressée à Sardes : «Sois vigilant, et affermis ce qui reste, qui s’en va mourir» (Apoc. 3:2).

Comme celle du prophète Habakuk, notre foi doit être mise à l’épreuve. Comment Dieu peut-il assister à toute cette explosion de mal sans intervenir ? Pourquoi garde-t-il le silence ? Pourquoi laisse-t-il prospérer le méchant ? Pourquoi ne délivre-t-il pas ceux qui ont mis leur confiance en Lui ?

Dieu va enseigner son serviteur (Hab. 2:2, 3 ; voir Ps. 25:9) et bientôt sa foi triomphera malgré la ruine générale (Hab. 3:16-19).

L’Éternel attire l’attention d’Habakuk sur Son propre travail : «Voyez parmi les nations, et regardez, et soyez stupéfaits ; car je ferai en vos jours une oeuvre que vous ne croirez pas, si elle vous est racontée» (Hab. 1:5). Il va bientôt susciter contre Juda une nation cruelle et impétueuse, celle des Chaldéens. Il changera leur coeur pour qu’ils haïssent son peuple, comme il fit autrefois avec les Égyptiens (Ps. 105:25). Ils fondront sur lui comme un aigle sur sa proie ; terrible instrument dans la main de Dieu, chargé d’exécuter un jugement longtemps différé.

Beaucoup plus tard, à Antioche de Pisidie (Actes 13:26-41) l’apôtre Paul cite ce passage d’Habakuk 1:5. Les Juifs ont rejeté leur Messie, vont-ils refuser la rémission des péchés qui leur est offerte en vertu de l’oeuvre de la croix et rendre ainsi le jugement inévitable ? Dieu s’apprête à faire une oeuvre étonnante : l’évangile sera annoncé dans le monde entier et Israël dispersé au milieu des nations à cause de son infidélité.

Une réponse est aussi donnée à cette question que se posait le prophète et tant d’autres avec lui. Dieu ne contemple pas l’oppression, sa longanimité n’implique pas la tolérance du mal. Le méchant, qui se drape parfois d’un manteau religieux, méprise la patience de Dieu et sa longue attente (Rom. 2:4). Il tourne la grâce de Dieu en dissolution, en estimant que Dieu est comme lui insensible à l’iniquité. Mais l’Écriture l’avertit : «Je t’en reprendrai» (Ps. 50:16-21 ; Eccl. 8:11). Dieu fait pressentir à son serviteur Habakuk que l’orgueil remplit le coeur du Chaldéen : «Cette puissance qu’il a est devenue son dieu» (Hab. 1:11). Au lieu de réaliser que cette force irrésistible qu’il déploie lui vient de l’Éternel, il va outrepasser sa mission. Mais si le prophète sait bien que Juda mérite le châtiment divin, il ne comprend pas encore comment Dieu peut ainsi livrer «le troupeau de sa pâture» (Ps. 100:3) à des bêtes sauvages !

Il poursuit donc avec Dieu un dialogue confiant. Sa foi est simple et belle : «Toi, n’es-tu pas de toute ancienneté, Éternel, mon Dieu, mon Saint ?». Comment ce Dieu fidèle oublierait-il son alliance et les grâces assurées de David ? (És. 55:3). Si durement qu’il doive frapper les siens en vue de leur bien, tout est mesuré. L’épreuve ne sera pas plus grande que la grâce qu’il nous donne pour la supporter.

«Nous ne mourrons pas», affirme Habakuk (1:12). En serait-il autrement pour son Assemblée affligée aujourd’hui ? Pleins d’assurance, appuyons-nous sur la promesse du Seigneur : «Je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle» (Matth. 16:18).

«Tu as les yeux trop purs pour voir le mal» (Hab. 1:13) déclare le prophète en plaidant la cause d’Israël contre les Chaldéens. Et il expose encore devant Dieu quelques traits odieux de ces ennemis cruels (1:13-17).

 

2                    Chapitre 2

Habakuk réalise alors son infirmité et son incapacité pour discerner les voies si mystérieuses de Dieu, et il se réfugie vers Lui : «Je me tiendrai sur la tour, et je veillerai pour voir ce qu’il me dira, et ce que je répliquerai quand il contestera avec moi» (Hab. 2:1 ; Prov. 18:10). Heureuse attitude, riche de bénédiction pour un croyant. Nous savons si peu nous attendre à Dieu seul (Ps. 62:1, 2, 5-7 ; Lam. 3:26). Habakuk est maintenant à l’écart, dans l’attitude vigilante d’une sentinelle. Il se place moralement au-dessus des vains bruits de la terre, de l’activité fébrile de l’homme. Et même si Dieu doit le reprendre, il est disposé à se laisser enseigner. Sa conscience est en exercice, il ne sera pas laissé sans réponse. Le Seigneur ne déçoit jamais ceux qui le cherchent (Prov. 8:17).

Ce que Dieu va maintenant révéler aura un accomplissement rapide mais aussi une application lointaine, plus étendue, plus complète. La vision parle «de la fin». Par la foi, nous pouvons en tirer le plus grand bénéfice, mais elle ranimera aussi le courage du Résidu durant la grande tribulation.

Le prophète reçoit l’ordre de graver soigneusement la révélation (2:2). Celui qui la lira pourra courir et en répandre au loin le message. Si elle tarde, il faut l’attendre, elle viendra sûrement au temps assigné (Hab. 2:3). Alors le mystère de la patience de Dieu à l’égard du péché sera terminé (Apoc. 10:7).

Toute la prophétie prend sa valeur pour ceux qui ont le coeur occupé du Seigneur. Les conseils de Dieu ne sont pas toujours faciles à discerner, mais Christ en est le centre et «l’esprit de prophétie est le témoignage de Jésus» (Apoc. 19:10).

L’épître aux Hébreux montre qu’Il est déjà en vue dans ce livre d’Habakuk (Héb. 10:37). Et la vision regarde au-delà de sa première venue, de son rejet, de sa crucifixion ; elle va même au-delà de sa venue pour enlever les siens à sa rencontre en l’air et considère le moment où il viendra pour délivrer son peuple terrestre et établir son royaume en gloire.

Même si le méchant paraît triompher, le croyant doit garder les yeux fixés sur les choses invisibles (2 Cor. 4:18). «Le juste vivra par sa foi» (Hab. 2:4 ; Héb. 10:38). Cette parole, d’une densité extraordinaire, montre combien il est inexact de penser que chaque passage de l’Écriture peut n’avoir qu’une seule application. Bien au contraire, il peut y en avoir plusieurs, importantes et d’une autorité indiscutable. Ce verset est repris par l’apôtre Paul dans l’épître aux Romains. Il donne une réponse triomphante à la question angoissée de Job : «Comment l’homme sera-t-il juste devant Dieu ?» (Job 9:2 ; 25:4). L’évangile est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit. La justice de Dieu y est révélée sur le principe de la foi, selon qu’il est écrit : «Le juste (celui que Dieu justifie) vivra de foi» (Rom. 1:17). L’oeuvre de Christ à la croix répond pleinement aux droits de Dieu et à sa justice. Elle le glorifie et sur la base de ce parfait sacrifice, Dieu dans sa grâce justifie gratuitement celui qui croit et qui se met à l’abri du sang versé en propitiation pour le péché.

 

L’apôtre se sert de cette même parole pour reprendre et redresser les Galates. De faux docteurs avaient réussi à les «ensorceler». Ils avaient affirmé que la Loi devait être la règle de vie du croyant. Or faire des oeuvres dans cet esprit revient à dire que celle de Jésus n’est pas suffisante. Et beaucoup de croyants, hélas, sont retenus dans des liens comparables ! Ils reconnaissent en principe la valeur expiatoire du sacrifice de Christ, mais fondent en même temps leur salut sur leurs oeuvres et la pratique de leur religion. Dieu nous a pleinement justifiés (Rom. 3:26). Compterait-il sur nous pour «achever» par des oeuvres son travail déjà parfaitement accompli ? C’est une pensée insensée. C’est la foi qui nous a sauvés, elle seule peut nous faire vivre et marcher dans les bonnes oeuvres que Dieu a préparées à l’avance (Éph. 2:8-10). «Le juste vivra de foi» (Gal. 3:11).

 

C’était la ressource pour Habakuk, c’est celle du croyant dans tous les temps. Tout autour, rien n’est changé. L’iniquité déborde comme un fleuve, mais la foi s’appuie sur les certitudes de la Parole.

 

Le reste du chapitre montre qu’après s’être servi de Babylone comme d’une verge contre Juda, l’Éternel brisera celui «qui élargit son désir comme le shéol, ... et ne peut être rassasié» (Hab. 2:5). En réponse à sa foi, le serviteur de Dieu va entendre le réquisitoire divin contre ces peuples qui travaillent pour le feu (Hab. 2:13). À cinq reprises la malédiction est prononcée contre les Chaldéens. À cause de leur avidité cruelle (v. 6-8), de leur cupidité mêlée d’orgueil (v. 9-11), du sang versé et de leur oppression (v. 12, 13), de leur perversité et de leur violence (v. 15-18) et finalement de leur grossière idolâtrie (v. 19 ; Dan. 3 et 5). Elle s’élève directement contre Dieu. Il ne peut plus y avoir de délai. Ce terrible tableau des oeuvres de la chair (Gal. 5:19-21) appelle un châtiment subit et complet.

 

La convoitise, l’orgueil et l’idolâtrie ne caractérisent-ils pas le temps actuel ? On veut acquérir, fût-ce par violence, ce qu’il ne plaît pas à Dieu de donner. On cherche à s’élever, et les idoles de ce monde, à commencer par les richesses, ont tendance à envahir même le coeur des enfants de Dieu (Éph. 5:5, 6).

 

«L’Éternel est dans le palais de sa sainteté : ... que toute la terre fasse silence devant Lui !» (Hab. 2:20 ; Ps. 76:8, 9). Il exécutera à la fin un jugement définitif sur toutes les nations coupables de ces mêmes fautes, car le monde entier gît dans le méchant. Il délivrera son peuple et alors seulement «la terre sera pleine de la connaissance de la gloire de l’Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Hab. 2:14 ; És. 11:9).

 

3                    Chapitre 3

Le prophète a été admis au conseil secret du Tout-Puissant. Il a compris que Dieu travaille à l’accomplissement de son propre dessein. Sa prière montre un coeur uni à la crainte de Dieu et qui désire la manifestation de Sa gloire : «Éternel, ravive ton oeuvre au milieu des années ; au milieu des années, fais-la connaître» (ch. 3:2 ; voir aussi Dan. 9:17 ; Ps. 102:13). La bénédiction reste possible et Dieu redonnera «un peu de vie» aux captifs remontés de Babylone (Esd. 9:8). Malgré l’heure tardive, il peut nous accorder un réveil s’il discerne au milieu des siens brisement et humiliation.

 

Habakuk demande aussi : «Dans la colère, souviens-toi de la miséricorde !» (Hab. 3:2). C’est une intercession que nous pouvons faire monter constamment vers notre Dieu et Père. Il est puissant pour produire, au milieu de la tristesse et de la souffrance, du bien pour les âmes et de la gloire pour son nom.

En esprit, le prophète contemple le jour de Sa venue vers lequel son espérance le porte désormais (voir aussi Deut. 33:2). Les voies de Dieu sont éternelles. Il est intervenu dans le passé pour retirer son peuple d’Égypte (Hab. 3:3-6). Il sortira tout à l’heure pour son salut et celui de Son Oint, Christ lui-même (Hab. 3:7-15).

Habakuk, devant la puissance et la gloire de Dieu, est saisi de peur (Hab. 3:2, 16). Il réalise sa propre indignité et celle de son peuple. Où ce dernier trouvera-t-il du repos quand montera, à la fin des temps, celui qui l’assaillera ? Quel terrible spectacle de désolation engendrera l’inévitable jugement des coupables ! Mais le prophète a maintenant une plus juste appréciation de la miséricorde et de la fidélité de Dieu. Et nous devrions, nous les objets de l’amour de Christ à la croix, avoir plus d’assurance encore.

Quelle différence entre le commencement et la fin de cet oracle ! Habakuk n’est plus désorienté, ni troublé par des questions non résolues. Il est préparé à affronter l’épreuve qui est proche, assuré désormais que Dieu mènera à bonne fin son propos en faveur de ceux qui l’aiment. S’il doit connaître un temps de disette complète (Hab. 3:17 ; Joël 1:10-12) sa foi déjà peut s’affirmer : «Mais moi, je me réjouirai en l’Éternel, je m’égayerai dans le Dieu de mon salut» (Hab. 3:18 ; Phil. 4:1, 4).

Au commencement d’une nouvelle année, éprouvons-nous la nécessité d’un réveil dans l’Assemblée ? Que d’ignorance, d’indifférence, et même de désobéissance ouverte à la Parole de Dieu ! Le danger grandit d’être ballottés ça et là par tout vent de doctrine, du fait même de notre faiblesse. Et que dire de l’amour de l’argent, de la recherche de nos aises, de l’attrait qu’exercent sur nous les plaisirs de ce monde ! Nous rendons grâce pour tout ce que le Seigneur fait et maintient dans son Assemblée mais nous reconnaissons que nos affections pour Lui se sont attiédies et que nous avons un besoin pressant de nous humilier et d’OBÉIR en simplicité de coeur à l’Écriture.

Allons-nous rester prostrés, découragés, en nous écriant seulement : «Jusques à quand ?» Nos ennemis, Satan, le monde et la chair saisiraient l’occasion : «Ils ne consultent que pour le précipiter de son élévation» (Ps. 62:4). Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ (1 Jean 1:3). C’est le sommet, inaccessible à l’homme naturel mais, pour l’atteindre, nous avons la force du Seigneur. Par Lui, comme Habakuk (ch. 3:19), nous pourrons nous tenir sur les lieux élevés. Et malgré l’aride lieu où nous cheminons encore, Christ conduira la louange de ses rachetés, pour la joie du Père. N’est-il pas le vrai chef de musique, seul à même de faire vibrer les «cordes» du coeur de ses rachetés au milieu de l’Assemblée ? (Héb. 2:12).