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Un cantique de mon bien-aimé sur sa vigne (És. 5:1-7)
Philippe Laügt
Table des matières :
1 Une vigne qui n’a pas produit le fruit attendu
2 La parabole des cultivateurs — Une autre nation en portera les fruits — Matt. 21:33-43
3 Le vrai Cep — La taille des sarments — Jean 15:1-6
ME 1996 p. 129-135
C’est un cantique, ce qui peut surprendre dans les tristes circonstances où se trouve le peuple de Dieu. Mais la foi apprend à voir Dieu au-dessus de toutes les circonstances. Ses voies sont parfaites, elles aboutissent toujours à la délivrance de ses bien-aimés et à leur joie éternelle.
Ici, le prophète exalte la fidélité constante de l’Éternel envers son peuple désobéissant et contredisant, vers lequel il a tout le jour étendu ses mains (Rom. 10:21).
Plantée sur un coteau fertile, entourée des soins appropriés et vigilants du Seigneur, cette vigne, figure d’Israël et de Juda (v. 7), n’a pas porté les fruits que Dieu était en droit d’attendre pour sa gloire. D’où l’interrogation douloureuse d’un cœur aimant, blessé par tant d’ingratitude : «Qu’y avait-il encore à faire pour ma vigne, que je n’aie pas fait pour elle ? Pourquoi, quand j’espérais qu’elle produirait de bons raisins, a-t-elle produit des raisins sauvages ?» (v. 4). Jérémie, par l’Esprit de Dieu, est amené aux mêmes constatations. «Et moi je t’avais plantée, un cep exquis, une toute vraie semence ; comment t’es-tu changée pour moi en sarments dégénérés d’une vigne étrangère ?» (Jér. 2:21).
Israël avait été arraché à l’esclavage du Pharaon. Dès sa sortie d’Égypte, Dieu lui avait promis de grandes bénédictions s’il se montrait obéissant. Citons, par exemple, cette promesse extraordinaire : «Nul ne désirera ton pays, quand tu monteras pour paraître devant la face de l’Éternel, ton Dieu, trois fois l’an» (Ex. 34:24). Dieu établissait autour de lui comme une clôture, de sorte que personne ne pouvait lui nuire.
Mais bientôt, la parole de Dieu doit noter le penchant obstiné de leur mauvais cœur. L’histoire d’Israël est le reflet de celle d’Adam. Comme lui, il a «transgressé l’alliance» (Osée 6:7). Tout ce qui a été confié à l’homme s’achève par une ruine totale. Le peuple a affligé le Saint d’Israël, ils ont provoqué sa jalousie en servant ces dieux étrangers derrière lesquels se cachent des démons (1 Cor. 10:20).
Devant cet état misérable, Dieu multiplie pourtant ses soins. Le psaume 78, en particulier, met en évidence l’étendue de sa grâce : «Mais lui, étant miséricordieux, pardonna l’iniquité et ne les détruisit pas» (v. 38). Souvent, il détourna sa colère, envoya ses prophètes ; car il avait compassion de son peuple et de sa demeure. Mais ils se moquaient de ses messagers et méprisaient ses paroles, jusqu’au moment où «il n’y eut plus de remède» (2 Chron. 36:16).
Alors il fit monter contre eux le roi des Chaldéens et ceux qui échappèrent à l’épée furent emmenés en captivité, une captivité qui devait durer 70 ans. Elle fut suivie, selon les promesses de Dieu, du retour d’un résidu du peuple, appelé à reconstruire la maison de Dieu à Jérusalem. L’Éternel avait promis à Salomon qu’il aurait toujours ses yeux et son cœur sur ce lieu (1 Rois 9:3). Mais le résidu à son tour va produire de mauvais fruits ; le déclin s’accélère, Israël sombre dans l’indifférence et le ritualisme. Pendant quatre siècles, il n’y a même plus de ministère prophétique.
Dieu a-t-il donc rejeté son peuple ? Non, dans sa grâce, quand l’accomplissement du temps est venu (Gal. 4:4), il va parler dans le Fils, celui qu’il a établi héritier de toutes choses (Héb. 1:2).
Jésus s’anéantit lui-même, prend la forme d’esclave et s’abaisse lui-même jusqu’à la croix pour sauver sa créature perdue. Son œuvre concerne le monde entier (És. 49:6).
À la fin de son ministère, le Seigneur prononce dans le temple une parabole qui allait se réaliser dans les jours suivants. Elle met en évidence la responsabilité de ceux qui auraient dû le recevoir avec joie. Dieu y est présenté sous les traits d’un maître de maison qui déclare : «Ils auront du respect pour mon fils» (v. 37). Il s’agit, précise Marc 12:6, de son «unique Fils bienaimé». Et il était lui aussi, après tant d’autres, envoyé pour chercher le fruit auquel Dieu avait droit, et que l’homme, en l’occurrence les Juifs, lui refusaient. Les cultivateurs de la vigne avaient déjà battu, tué, lapidé tous les esclaves venus tour à tour. Il ne leur restait qu’un pas à faire pour mettre le comble à leur méchanceté. Lorsque le Fils se présente, ils n’hésitent pas à le jeter hors de la vigne et à le tuer (v. 39). S’attribuer l’héritage en mettant à mort l’héritier est leur espoir insensé. Insensé, car on ne peut jouir de l’héritage qu’en compagnie de l’Héritier, et c’est devenu la part de ceux qui sont «héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ» (Rom. 8:17). Ainsi l’homme, même s’il se cache, comme ici, sous un manteau religieux, voudrait toujours se soustraire à l’autorité divine, et suivre ses propres voies corrompues.
Ces principaux sacrificateurs et ces anciens, auxquels le Seigneur s’adresse, sont tellement aveuglés sur leur propre état qu’ils prononcent sans hésiter, comme David autrefois, leur propre condamnation (2 Sam. 12:5). Ils ajoutent même que le maître de maison louera sa vigne à d’autres cultivateurs, qui lui remettront les fruits en leur saison (v. 41). Le Seigneur confirme au verset 43 le bien-fondé de leurs paroles, mais auparavant il cite deux versets du Psaume 118 qui le concernent.
Christ est la pierre rejetée par ceux qui, en Israël, avaient la responsabilité de bâtir (Actes 4:11). Mais cette pierre vivante, choisie et précieuse auprès de Dieu, est devenue la pierre angulaire. Ésaïe 28:16 l’annonce : «Voici, je pose comme fondement, en Sion, une pierre, une pierre éprouvée». Plus tard, le résidu reconnaîtra avec joie : «Ceci a été de par l’Éternel : c’est une chose merveilleuse devant nos yeux» (Ps. 118:23). Pour l’instant, Christ rejeté devient une pierre d’achoppement pour les chefs d’Israël et pour la nation tout entière. Ils vont être brisés ; la destruction de Jérusalem est proche. Le royaume de Dieu leur est ôté et donné à une autre nation qui en rapportera les fruits (v. 43).
Les paroles du Seigneur s’appliquent actuellement à tous ceux qui, Juifs ou Gentils, s’approchent de cette pierre vivante. Ils sont édifiés sur cette maîtresse pierre de coin et forment «une maison spirituelle», «une nation sainte, un peuple acquis». Ils sont appelés à porter ce fruit de l’Esprit que Dieu désire produire chez ceux qu’il a rachetés à si grand prix (1 Pierre 2:4-10 ; Actes 13:46 ; 28:28).
En ce qui concerne Israël, la nation dont parle le Seigneur est le résidu fidèle de la fin, au sujet duquel Romains 11:26 déclare : «tout Israël sera sauvé». Quand leur Libérateur viendra de Sion, ils seront au bénéfice de la même grâce que les nations. Purifiés de leurs péchés, nés de nouveau, ils prendront plaisir à obéir à la volonté de Dieu et porteront du fruit pour lui.
Peu avant d’aller à la croix, dans des entretiens intimes avec ses disciples, le Seigneur prend la place d’Israël, vigne stérile, et se révèle comme le vrai Cep. Il ajoute : «mon père est le cultivateur», puis il compare les disciples aux sarments qui sont étroitement liés au cep, dont ils reçoivent la sève. Pour porter du fruit, il faut être absolument unis à Christ par une relation vivante : «Séparés de moi ; vous ne pouvez rien faire» (v. 5). Impossible de porter du fruit si nous ne demeurons pas en lui. Il faut s’occuper de lui, jouir de lui ; la vie doit pouvoir couler dans le sarment sans entraves.
«Tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu’il porte plus de fruit» (v. 2). Le fruit est l’expression de Christ chez un croyant. Le Seigneur sanctifie les siens par le lavage d’eau par la Parole ; il se sert de diverses disciplines. Sans taille, il n’y aurait que peu de fruit. Soyons certains que rien n’est coupé sans raison. Il est parfois nécessaire que Dieu brise nos plans, ruine nos espérances, s’oppose à nos ambitions. Toutefois le cultivateur divin n’est jamais si près de sa vigne qu’au moment où il la taille (És. 43:2), faisant en nous ce qui est agréable devant lui.
Mais, pour porter du fruit, nous devons constamment demeurer en lui, comme le sarment est attaché au cep (v. 3). Dans cette proximité, voulue par son amour, nous pouvons connaître sa volonté. Nos prières sont exaucées, notre joie accomplie (v. 7, 14).
Si les fruits que Dieu attend manquent ou si leur qualité laisse à désirer, nous devons en chercher les causes. Il peut y avoir des prédateurs qui agissent de manière subtile. Dans le Cantique des cantiques, l’époux et l’épouse s’écrient ensemble : «Prenez-nous les renards, les petits renards qui ravagent les vignes, car nos vignes sont en fleur» (2:15). On pouvait espérer des fruits abondants, mais de petits renards rusés s’apprêtent à faire de grands ravages. Ils sont toujours actifs si l’on manque de vigilance.
Dans ces petits renards, on peut distinguer les convoitises charnelles, qui font la guerre à l’âme (1 Pierre 2:11), telles la vanité, l’orgueil, l’impureté... ou diverses mauvaises habitudes qui semblent de prime abord plus supportables, du relâchement dans la conduite, de la négligence dans la lecture de la Parole ou dans la prière. Sous de telles influences, la communion avec le Seigneur s’affaiblit peu à peu, insidieusement. La vigne est gâtée ; le fruit n’est plus porté à maturité (Luc 8:14). Il faut mortifier de tels membres avant qu’ils ne ruinent notre vie chrétienne (Col. 3:5). On peut voir aussi dans ces renards une figure de ces faux-docteurs, habiles tour à tour à tromper et à se cacher (Éph. 4:14). Si l’on ne s’oppose pas fermement à eux de bonne heure, ils ne tarderont pas à désoler ouvertement l’Assemblée sans qu’on puisse les arrêter (Ps. 80:13).
La parabole du semeur (Marc 4:1-20) met aussi l’accent sur des pièges qui peuvent nous rendre stériles. Les épines étouffent la semence répandue. Le Seigneur donne la signification de cette image : les soucis de ce siècle, la tromperie des richesses et la convoitise à l’égard des autres choses étouffent la Parole et elle est sans effet pour celui qui l’a entendue et pour ceux auxquels il aurait pu rendre témoignage. Ces passages présentent essentiellement notre responsabilité individuelle vis-à-vis du Seigneur. Elle ne change pas, quel que soit l’état de l’Assemblée. D’où les exhortations de l’apôtre Paul à son enfant Timothée, en un temps de ruine comme le nôtre : «Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises... Mais toi, sois sobre en toutes choses (2 Tim. 3:14 ; 4:5). Notre état personnel a des répercussions sérieuses sur le Corps tout entier.
Demandons au Seigneur de produire en nous cet élan d’un cœur étreint par son amour. Avec la bien-aimée, nous serons rendus capables de dire : «Que mon bien-aimé vienne dans son jardin, et qu’il mange ses fruits exquis», tous ces «fruits exquis, nouveaux et anciens», gardés pour lui (Cant. 4:16 ; 7:13). Et lui répondra, ayant trouvé en ce temps sombre et difficile une réponse au travail de son âme à la croix : «Je suis venu dans mon jardin... j’ai cueilli... j’ai mangé... j’ai bu» (Cant. 5:1). Quelle joie pour son cœur en attendant le jour sans fin où les siens le serviront en perfection !
Toi-même tu verras ce que ton cœur réclame :
De ton oeuvre à la croix le fruit mûr et parfait ;
Tu jouiras, Seigneur, du travail de ton âme,
Et ton amour divin en sera satisfait.