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Mardochée

 

Cet homme, Mardochée, allait toujours grandissant — Esther 9:4

 

Philippe Laügt

Janvier 2003

Plan de lecture :

1     Introduction

2     Chapitre 1

3     Chapitre 2

4     Chapitre 3

5     Chapitre 4

6     Chapitre 5

7     Chapitre 6

8     Chapitre 7

9     Chapitre 8

10      Chapitre 9

11      Chapitre 10

 

 

1                        Introduction

Le livre d’Esther se situe historiquement entre les chapitres 6 et 7 du livre d’Esdras, au moment où le temple s’achève, après le premier retour à Jérusalem. L’action se déroule à Suse, durant le règne de Xerxès, connu comme le fils de Darius, le Perse.

On appelait ce roi Assuérus, comme en Égypte, où tous les rois portaient le titre de Pharaon. Le livre de Daniel (11:2) fait allusion à ce puissant monarque et à ses grandes richesses. Notons que dans ce livre d’Esther les dates abondent. Ce récit se déroule entre la troisième et la douzième année du règne d’Assuérus (Esth. 1:3 ; 3:7).

Le nom de l’Éternel ne se trouve pas dans Esther, mais la main de Dieu agit constamment, de façon mystérieuse, en faveur des siens (Dan. 4:35 ; Ps. 121:3-4). Aussi, en parcourant ce livre, nous parlerons librement de Lui, cherchant à mettre l’accent sur Ses puissantes mais secrètes interventions

Les Juifs étaient dispersés et répandus parmi les peuples, du fait de leur désobéissance. Ils ont perdu tout titre quelconque, toute position reconnue de Dieu, mais son amour et sa fidélité à leur égard restaient immuables (Esth. 3:8 ; 2 Chr. 36:16). « C’est un fait infiniment touchant et infiniment important dans les voies de Dieu » (JND).

 

Une des leçons importantes à retenir, c’est la souveraineté de Dieu sur toutes les nations. Son peuple devrait toujours être disposé à se soumettre à Sa volonté. Il peut réaliser avec reconnaissance que les dons de grâce de Dieu et son appel sont sans repentir (Rom. 11:29 ; Gen. 12:1-3). C’est vrai pour Israël, mais aussi pour l’Église, qui a reçu les très-grandes et précieuses promesses (2 Pier. 1:4).

 

2                        Chapitre 1

Le premier chapitre décrit le faste dont ce roi aimait à s’entourer. L’orgueil d’Assuérus était à la mesure de son empire. Ne régnait-il pas sur 127 provinces, de l’Inde à l’Ethiopie ! (Ps. 73:6-8). Sans atteindre un luxe d’une telle ampleur, il ne manque pas, à notre époque, de fêtes ou d’expositions grandioses, par lesquelles une nation ou une personne cherchent à éblouir et à éclipser leur entourage. C’est l’homme qui cherche toujours à s’exalter.

Mais une question sérieuse se pose, que personne ne peut éluder : « Que profitera-t-il à un homme s’il gagne le monde entier et qu’il fasse la perte de son âme ? » (Matt. 16:26).

Ce roi était en réalité très pauvre, s’il pouvait montrer toute sa gloire en l’espace de six mois ! Il faudra au croyant toute l’éternité pour sonder « les richesses de la gloire de son héritage dans les saints » ! (Éphés. 1:18). Que reste-t-il aujourd’hui de la gloire éphémère de Xerxès ?

Au festin qu’Assuérus offre à tous ses princes et à tous ses serviteurs pendant 180 jours (!), succède un autre festin de sept jours, pour tout le peuple qui habitait à Suse. Ce type de réjouissances est fréquent dans ce monde (Ex. 32:6). Comme Daniel (Dan. 1:8 ; 5:1-5) un enfant de Dieu fidèle ne s’associera pas à ces choses. « Il y avait du vin royal en abondance, selon la puissance du roi ». Il était servi dans des vases d’or. Les riches draperies, aux couleurs royales (Esth. 8:15) et les lits d’or et d’argent sont aussi décrits en détail (Esth. 1:4-8).

« On buvait selon l’édit : on ne forçait personne ; car c’est ainsi que le roi avait ordonné à tous les grands de sa maison, de faire selon le gré de chacun » (Esth. 1:8 ; Jér. 18:12). L’homme naturel refuse toutes les contraintes : Le désir du cœur naturel est de faire seulement ce que bon lui semble (Osée 5:11).

La reine Vasthi, elle aussi, faisait de son côté, un festin à toutes les femmes de la maison royale.

Mais l’ivresse engendre rapidement les excès (Prov. 20:1 ; 23:29-31). Le roi, dont « le cœur était gai par le vin », voulut que de grands dignitaires parmi ses eunuques amènent la reine Vasthi « pour montrer sa beauté aux peuples et aux princes » (Esth. 1:11). Or elle refusa absolument de les suivre, et d’être montrée publiquement comme un jouet dont le roi était particulièrement fier.

Devant cette résistance inattendue, Assuérus se met fort en colère (Esth. 1:12). Ce n’était pas chez lui un signe d’autorité, mais plutôt de faiblesse (Prov. 14:17 ; 16:32). D’ailleurs la désobéissance ouverte de Vasthi mettait en évidence les limites de son despotisme.

Le chrétien sait, par expérience, combien il est difficile de contrôler ses réactions, quand des sujets de contrariété s’accumulent. Seul le Seigneur peut et veut aider les siens à ne pas céder à la colère, ce fruit si évident de la chair, toujours prête à se manifester (Gal. 5:20).

Ainsi bafoué, Xerxès se tourne vers « ses sages, qui connaissaient les temps ». Ils affirment que l’attitude de Vasthi ne manquera pas d’être connue dans toutes les provinces et que tous les maris seront rendus méprisables aux yeux de leurs femmes. Il faut donc que le roi maintienne fermement son autorité (Esth. 1:16-17).  Sur leur conseil, Assuérus décide alors d’ôter la dignité royale à Vasthi et de la donner à une autre qui sera meilleure qu’elle (Esth. 1:19).

Prophétiquement, le « temps des nations » doit prendre fin avec l’enlèvement de l’Église. Le peuple Juif est appelé à occuper à nouveau la première place, comme ici cette jeune Juive de la tribu de Benjamin.

Dieu est derrière la scène, accomplissant ses desseins. Il sert ici, à son insu, de ce monarque païen, en réalité si faible et si vaniteux (Prov. 21:11).

 

3                        Chapitre 2

Esther est donc parmi les jeunes filles choisies, pour que l’une d’entre elles devienne la reine. Elle était belle de taille et belle de figure et « trouvait faveur aux yeux de tous ceux qui la voyait » (Esth.2:15). Elle est conduite, à son tour, auprès d’Assuérus et aussitôt « le roi aima Esther (c’est seule mention de l’amour dans ce livre)… elle trouva grâce et faveur devant lui ». Il met sur sa tête la couronne du royaume. Cette jeune fille réservée, modeste et respectueuse de l’autorité, devient donc la reine. (Esth.2:9, 15, 17). Désormais, elle se trouve à la place nécessaire pour jouer le rôle extraordinaire auquel Dieu va l’appeler.

Ne pensez pas, jeunes filles de famille chrétienne, qu’imiter les manières de faire des jeunes filles de ce monde, porter leurs vêtements et adopter leurs attitudes trop libres (És. 3:16-24) puissent assurer votre bonheur sur la terre et surtout pendant l’éternité. Bien au contraire ! À qui désirez-vous plaire avant tout ? Au Seigneur ? Toute la question est là !

Des dangers plus grands guettent ceux ou celles dont l’aspect physique est particulièrement attrayant. Ainsi Joseph, « beau de taille et beau de visage » attire rapidement l’attention d’une femme à la conduite immorale. Mais, en s’appuyant sur l’Éternel, il sera rendu capable de lui résister (Gen. 39:6-7).

Sara, Rebecca, Bath-Shéba et Tamar étaient chacune d’une grande beauté. Elles se sont trouvées dans des situations dangereuses.

Que ceux donc qui pensent avoir du charme ou une belle apparence soient plus particulièrement sur leurs gardes. Ce que chacun doit désirer, c’est de posséder cette beauté spirituelle qui est « d’un grand prix devant Dieu » (1 Pier. 3:2 ; Prov. 31:30).

La beauté d’Esther et surtout sa modestie étaient réelles. Elle ne cherchait pas à se parer de ces atours que d’autres candidates réclamaient avant d’être présentées au roi. Et pourtant elle conquit immédiatement les affections d’Assuérus (Esth. 2:13, 15, 17).

 

Dans ce même chapitre il est question à plusieurs reprises, de Mardochée. Sa généalogie est soigneusement établie. Il est fils de Jaïr, fils de Shimhi, fils de Kis, Benjaminite. Il avait été transporté de Jérusalem avec les captifs et fait partie à Suse de ce peuple abaissé humilié dont la misère contrastait si fort avec les fastes de la cour impériale.

Ces captifs n’avaient pas su saisir l’occasion de remonter au pays de leurs pères. Dieu avait pourtant ouvert le chemin en réveillant l’esprit de Cyrus, roi de Perse (Esd. 1:3). Sans doute avaient-ils appréhendé les dangers de ce long voyage et les destructions massives de la ville de Jérusalem ? La foi, l’énergie et l’affection pour la Maison de Dieu avaient sans doute manqués.

Dans cette condition misérable, Dieu va-t-il les délaisser ? Non, fidèle à Ses promesses, il continue à veiller sur eux, mais de façon cachée (Ps. 13:1-2 ; És. 49:16). On voit la place que ce peuple occupe toujours dans Ses pensées.

C’est Mardochée qui avait adopté et élevée avec dévouement cette orpheline. Son nom hébreu Hadassa, signifiait : myrte, mais on l’appelait Esther, c’est à dire : étoile (Esth. 2:7). Mardochée lui avait sagement commandé de ne pas faire connaître son peuple et sa naissance (Esth. 2:10 et 20). Or Esther se montrait toujours obéissante et faisait tout ce qu’il lui disait (Esth. 2:20).

Chacun pouvait voir Mardochée se promener devant la cour de la maison des femmes. Il était soucieux du bien-être d’Esther et désirait savoir ce que l’on faisait à son égard (Esth. 2:10-11). Le comportement de Mardochée est toujours spirituel. La manière dont il prend soin et dirige Esther est remarquable.

Quant les vierges sont à nouveau rassemblées (Esth. 2:19), Mardochée s’assied à la porte du roi. C’est là qu’il apprend que deux eunuques, parmi les gardiens du seuil, Bigthan et Théresh sont en colère. Ils conspirent contre le roi et cherchent à le tuer.

Esther en parle à Assuérus, au nom de Mardochée qui cherche la paix de la ville où il a été transporté (Jér. 29:7). Le roi fait une enquête, la chose se révèle exacte. Les deux eunuques sont pendus et tout est écrit dans le livre des chroniques du royaume, en présence d’Assuérus (Esth. 2:21-23).

Le choix d’Esther comme reine et la découverte d’un complot par Mardochée semblent, de prime abord, être des faits sans aucune relation. Le couronnement d’Esther est un évènement public. L’occasion d’ailleurs d’un de ces grands festins, si fréquents dans ce royaume !

Le service rendu par Mardochée au roi est, au contraire, d’ordre plutôt privé. Mais l’Éternel se servira bientôt de l’un et l’autre de ces faits pour accomplir ses desseins et sauver son peuple de la destruction. Dieu n’intervient pas seulement dans ce que nous estimons être des événements importants de la vie. « Toutes choses le servent » (Ps. 119:91) si petites qu’elles soient, à notre faible appréciation.

Mardochée n’a pas reçu immédiatement une récompense pour avoir sauvé la vie du roi. Mais Dieu permettra que le roi s’en souvienne en temps voulu (Chap. 6:3 ; Ps. 37:6). Faisons simplement de cœur les bonnes œuvres qu’Il place aujourd’hui devant nous et laissons Lui les conséquences.

 

4                        Chapitre 3

« Après ces choses, le roi Assuérus agrandit Haman, fils d’Hammedatha, l’Agaguite ». C’était donc un membre de la famille royale d’Amalek. Assuérus élève cet homme vaniteux et séduisant, « et place son siège (ou son trône) au-dessus de tous les princes qui étaient avec lui ». « Tous les serviteurs du roi, qui étaient à la porte du roi, se courbaient et se prosternaient devant Haman : car le roi l’avait ainsi commandé à son égard ». (Esth. 3:1-2). Le but poursuivi par Satan, « cet astre brillant, fils de l’aurore » était d’être « semblable au Très-haut » (És. 14:12-14). Il n’y a rien d’étrange à ce que ses esclaves, dont Haman fait partie, soient gouvernés par le même l’orgueil.

Prophétiquement, pendant la grande tribulation, après l’enlèvement de l’Église, deux acteurs principaux domineront la scène. Le roi, encore appelé la première Bête (Apoc. 13), chef de l’empire romain et l’Antichrist (2 Thess. 2:4), qui s’appuiera sur le premier nommé, pour combattre avec acharnement contre Israël.

 

Mais devant Haman, « Mardochée ne se courbait pas et ne se prosternait pas » (Esth. 3:2 ; voir aussi Dan. 3:12 ; 6:13). Tous s’étonnaient de cette attitude, insensée à leur avis. Ils parlaient à Mardochée jour après jour, mais il ne les écoutait pas. Finalement, ils en informent Haman, « pour voir si les affaires de Mardochée se maintiendraient, car il leur avait clairement  déclaré qu’il était Juif » (Esth. 3:4).

Cette attitude de délation, fondée sur des motifs méprisables est fréquente dans ce monde. La crainte peut retenir les enfants de Dieu de confesser ouvertement Christ à l’école, dans leur travail, ou auprès de leurs voisins. Notre conduite devrait montrer à notre entourage que nous sommes des chrétiens (Actes 11:26). Mais sommes-nous disposés à souffrir comme tels ? (1 Pier. 4:16).

Pour comprendre les motifs de cette attitude de Mardochée, il faut se rappeler que Dieu avait déclaré au début de la marche d’Israël au désert : « L’Éternel aura la guerre contre Amalek de génération en génération » (Ex. 17:16). Plus tard, Il invite son peuple : « Souviens-toi de ce que t’a fait Amalek, en chemin, quand vous sortiez d’Égypte : comment il te rencontra dans le chemin et tomba en queue sur toi, sur tous les faibles qui se traînaient après toi, quand tu étais las et harassé, et ne craignit pas Dieu » (Deut. 25:18). Israël devait effacer la mémoire d’Amalek de dessous les cieux : « Tu ne l’oublieras pas » (Deut. 25:17-19 : 1 Sam. 15:3). De telles commandements divins empêchaient un israélite fidèle de montrer le moindre signe de déférence à un ennemi de l’Éternel et de son peuple.

Durant la période actuelle, le Seigneur avertit aussi les siens : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous » (Jean 15:17-18).

Mais le monde a-t-il vraiment des motifs pour nous haïr ? Nous semblons souvent avoir oublié que nous ne sommes pas du monde, ce système organisé sans Dieu, et dont Satan est le chef ? Il nous attire plutôt par ses principes et sa manière de vivre, séduisants pour la chair (Jean 16:11).

 

Haman est blessé dans son orgueil (Ps. 73:6). Il est rempli de fureur, mais il lui paraît méprisable de mettre la main seulement sur Mardochée. Il va donc chercher à détruire tous les Juifs qui vivent dans tout le royaume, « le peuple de Mardochée » (Esth. 3:5-6). Comme Daniel (Dan. 6:10), Mardochée désire obéir à la Parole de Dieu, sans se préoccuper des conséquences. Ce devrait être notre attitude, dictée par nos affections pour Christ (Act. 5:29).

Haman sait habilement flatter Assuérus : « Si le roi le trouve bon » (Esth. 3:9 ; Ps. 5:9 ; Prov. 29:5). Il rend involontairement un bon témoignage au sujet de ce peuple dispersé dans toutes les provinces de l’empire. Il expose en effet au roi que: « leurs lois sont différentes de celles de tous les peuples, ils ne pratiquent pas les lois du roi » (Esth.3:8 ; Act. 16:20-21). Haman sait qu’aucun souverain ne désire avoir dans son royaume des personnes susceptibles de troubler l’ordre public (lire des accusations similaires dans Esd. 3:13-16).

Quelle est la conclusion d’Haman ? Il ne convient pas au roi de les laisser faire : il faut les détruire ! Généreux quant il s’agit d’aider au mal, il se déclare prêt à donner dans ce but dix mille talents d’argent, une somme énorme (Matt. 18:24). Il propose de les faire porter dans le trésor du roi (Esth. 3:9). Sans offrir de résistance, ni même chercher à s’enquérir, le roi donne son anneau à Haman, l’Agaguite, l’adversaire des Juifs. Il a maintenant « les pleins pouvoirs » (voir Gen. 41:42). Le roi ajoute même : « L’argent t’es donné et le peuple pour en faire ce qui sera bon à tes yeux » (Esth. 3:11). On voit quelle est l’influence malfaisante de cet agent de Satan sur le roi ! Il croit triompher, mais il vient de signer son arrêt de mort ! (Ps. 10:2).

Superstitieux comme le sont beaucoup d’incrédules, et même, hélas, aussi certains croyants, (Ezé. 21:26), Haman veut choisir un jour favorable pour exécuter son cruel dessein. Il s’en remet donc au sort pour décider de la date du massacre : ce sera le treizième jour du douzième mois, au mois d’Adar. Mais il ignore que si « l’on jette le sort dans le giron, toute décision est de part l’Éternel » (Prov. 16:33). Ce long délai (onze mois) va permettre l’accomplissement des desseins de Dieu en grâce vis à vis des siens, même s’ils sont présentement « Lo-ammi » c’est à dire « pas mon peuple » (Osée 1:9).

Pour satisfaire la folie meurtrière d’Haman, l’édit est rapidement préparé et signé au nom d’Assuérus. D’après la loi des Mèdes et des Perses, comme le rappellent aussi les ennemis de Daniel, il ne peut plus être abrogé (Esth. 8:8 ; Dan. 6:8, 12) !

Puis des courriers royaux « pressés par la parole du roi » le portent jusque dans les provinces les plus lointaines de l’empire. Le décret précise que tous les juifs doivent périr, être détruits, tués, du jeune garçon au vieillard, sans épargner ni femmes ni enfants. De plus, tous leurs biens seront  livrés au pillage ! (Esth. 3:13).

On connaît la haine séculaire de Satan, ses efforts inouïs en se servant d’instruments divers, pour nuire et même détruire entièrement si la chose était possible, les Juifs, le peuple du Messie. L’Ennemi redoute, à juste titre, l’Avènement de Christ, qui scellera définitivement sa perte.

Tandis qu’une fois encore le roi et Haman sont assis à boire, la ville de Suse, où se trouve de nombreux juifs, est dans la consternation (Esth. 3:15). Mais de telles périodes d’épreuve ne sont-elles pas permises pour amener chacun à s’examiner et à porter une appréciation plus juste sur sa conduite passée ? « À celui qui règle sa voie, je ferai voir le salut de Dieu » (Ps. 50:23).

 

5                        Chapitre 4

Mardochée apprend tout ce qui s’est fait. Il déchire ses vêtements et se couvre d’un sac et de cendres. Puis il sort au milieu de la ville et pousse un cri grand et amer. Comment cacher sa douleur devant ce plan diabolique ? Ce grand deuil est partagé par toute la nation juive. Elle est dispersée mais, objet de soins providentiels, elle ne s’est pas mêlée aux peuples au milieu desquels elle se trouve, elle a conservée son identité (Esth. 4:1-5).

On pense en voyant la douleur de Mardochée, à celle du Seigneur, voyant la ville de Jérusalem, peu avant la Croix. Il pleura sur elle, disant : « Si tu eusses connu, toi aussi, au moins en cette tienne journée, les choses qui appartiennent à ta paix ! » (Luc 19:41-44). Elle n’a pas connu le temps de sa visitation en grâce, le jugement va tomber.

 

Il semble évident ici, comme au temps de la grande tribulation, qui suivra l’enlèvement de l’Église, qu’il n’y a plus aucune lueur d’espérance. « Toute espérance de pouvoir nous sauver nous fut ôtée » s’écrie plus tard Luc, lors d’une terrible tempête, traversée avec l’apôtre Paul (Act. 27:20). Mais Dieu s’est réservé le domaine de l’impossible. « Espère en Lui contre toute espérance : son bras puissant t’affermira toujours » (cantique 116 des H et C).

Pourtant un petit espoir subsiste encore : Esther, reine déjà depuis quatre ans environ, ne pourrait-elle pas intercéder auprès de son royal époux ? Cette circonstance dramatique est l’occasion permise de montrer la hardiesse de sa foi.

Il faudra plus tard la Crucifixion, pour que Joseph d’Arimathée ose se faire connaître comme un disciple, en demandant à Ponce Pilate le corps de Jésus (Jean 19:38). N’oublions pas les paroles du Seigneur : « Quiconque aura honte de moi et de mes paroles… le fils de l’homme aura honte de lui » (Luc 8:38).

 

Esther va accepter de jouer le rôle important dans le plan divin en faveur des siens. Son exemple doit encourager chaque enfant de Dieu à Le servir, quoiqu’il en coûte. Ne nous laissons pas surmonter par ce qui paraît un lourd handicap ou un trop grand sacrifice : obéissons au Seigneur. Sa puissance s’accomplira dans notre infirmité. Dieu peut faire tourner en bien ce qui, au départ, paraissait être une tragédie (Gen. 50:20).

Cloîtrée dans le palais, coupée du monde extérieur, Esther ignore le génocide qui se prépare. Mais ses jeunes filles l’avertissent et « la reine en fut dans une grande angoisse » (Esth. 4:4). Elle cherche à faire accepter des vêtements à Mardochée, mais il les refuse (Esth. 4:4). Alors elle lui envoie un eunuque, Hathac et apprend de façon plus précise ce qui est arrivé. Elle reçoit même de la part de Mardochée une copie de l’édit rendu en vue de détruire les Juifs.

Mais surtout son père adoptif « lui commanda d’entrer vers le roi, de le supplier et de faire requête devant lui en faveur de son peuple » (Esth. 4:4-8). Ainsi directement concernée, la première réaction d’Esther est plutôt négative Elle fait dire à Mardochée que personne ne peut entrer auprès du roi, « sans avoir été appelé ». Sinon la même loi prescrit de le mettre à mort, à moins que le roi ne lui tende le sceptre d’or, pour qu’il vive ! Pour motiver ses réticences, et faire ressortir tout ce que cette démarche avait d’aléatoire, Esther ajoute : « et moi, je n’ai pas été appelée à entrer vers le roi depuis trente jours » (Esth. 4:11). Elle se demandait même si elle n’était pas en défaveur !

 

Telles sont les raisons qu’elle met en avant. La « bien-aimée » aussi avait des raisons pour ne pas ouvrir à son Bien-aimé : « Je me suis dépouillée de ma tunique, comment la revêtirais-je ? J’ai lavé mes pieds, comment les salirais-je ? » (Cant. 5:3).

Le sacrificateur et le lévite également avaient des raisons pour passer outre, de l’autre côté du chemin, au lieu de s’approcher et de prendre soin d’un homme à demi-mort, couvert de blessures, dépouillé par les brigands.

C’étaient d’excellentes raisons, semblait-il, d’ordre religieux. Ces gens d’église devaient veiller à ne pas se souiller ! (Luc 10:31-32). Ainsi chacun est capable, hélas, de trouver des raisons pertinentes pour se dérober devant ces bonnes œuvres que Dieu prépare à l’avance pour que nous marchions en elles (Éphés. 2:10).

 

Toutefois un certain nombre d’éléments vont encourager la reine à faire ce pas décisif. Mardochée fait répondre à Esther : « Ne pense pas en ton âme d’échapper dans la maison du roi plutôt que tous les juifs; car, si tu gardes le silence en ce temps-ci, le soulagement et la délivrance surgiront pour les Juifs d’autre part, mais toi et la maison de ton père vous périrez ».

Mardochée ne manque ni de foi, ni de discernement, ni de fermeté. Il rappelle à sa protégée que ses hésitations et ses craintes n’empêcheront pas la Providence d’agir. Esther doit réaliser combien sa position de reine augmente sa responsabilité : « Qui sait si ce n’est pas pour un temps comme celui-ci que tu es parvenue à la royauté ? ».(Esth. 4:13-14). Ces avertissements nous concerne aussi : Chacun doit réaliser que Dieu l’a placé là où il est avec un but précis. Comme David, il est appelé à servir au propos divin dans sa propre génération ! (Act. 13:36 ; Éphés. 2:10). Si l’on est tenté de rester passif, il faut se rappeler d’Esther et aussi de ces quatre lépreux qui se dirent l’un à l’autre : « Nous ne faisons pas bien. Ce jour est un jour de bonnes nouvelles, et nous nous taisons » (2 Rois 7:9).

Retenons cette exhortation solennelle : « Délivre ceux qui sont menés à la mort, et ne te retire pas de ceux qui chancellent vers une mort violente. Si tu dis : voici, nous n’en savions rien ; Celui qui pèse les cœurs, Lui ne le considérera-t-il pas ? et Celui qui garde ton âme, Lui le sait ; et il rend à l’homme selon son oeuvre » (Prov. 24:11-12). Avec Esther, soyons conscients que si l’on refuse d’assumer ses responsabilités, un autre sera appelé à prendre notre place dans le service, mais nous en éprouverons une perte. Quoiqu’il en soit, le propos de Dieu s’accomplira toujours.

Dans l’évangile de Luc, dans la scène évoquée plus haut, Dieu se sert d’un samaritain, allant son chemin Ému de compassion, il s’approche et bande les plaies de cet homme à demi-mort. Il le met sur sa propre bête, et le mène dans l’hôtellerie, où il prend soin de lui. Il accomplit avec amour la tâche que d’autres ont refusé d’accomplir (Luc 10:33-34). Israël a méprisé le Nom de l’Éternel des armées. Qu’à cela ne tienne ! Dieu permet que son Nom soit grand en tout lieu parmi les nations (Mal. 1:6, 11). Soyons disposés, avec dépendance, à répondre à l’appel de Dieu, afin que personne ne prenne notre couronne (Apoc. 3:11).

Un autre point a certainement eu une influence capitale sur Esther. Mardochée lui a rappelé que les Juifs étaient son peuple ; c’était en leur faveur qu’elle devait intercéder auprès du roi (Esth. 4:8). Alors, elle devient hardie, car elle réalise ses liens avec ce peuple sur lequel pèse cette terrible menace.

En empruntant des expressions du Nouveau Testament, on peut dire qu’Esther est désormais prête « à laisser sa vie pour les frères » (1 Jean 3:16). Aquilas et Priscilla, Épaphrodite aussi, en leur temps, « ont exposé leur propre cou » (Act. 16:3-4 ; Phil. 2:30) pour la vie de l’apôtre Paul. Frères et sœurs en Christ, pourrions-nous dire en vérité, avec Paul : « Moi, très volontiers je dépenserai et serai entièrement dépensé pour vos âmes » ? (2 Cor. 12:15).

 

Fermement décidée, Esther a besoin d’une préparation particulière avant de s’approcher du roi. Et il ne s’agit plus ici de parfums, comme au commencement ! (Esth. 1:9). Elle demande à Mardochée que tous les juifs de Suse jeûnent pour elle, pendant trois jours et trois nuits. De son côté, elle fera de même, avec ses jeunes filles (Esth. 4:15-16). Jeûner est, doit être, le signe d’une grande humiliation devant Dieu (És. 58:3, 5-6). En cas d’urgence, il faut s’attendre entièrement à Dieu (És. 28:16). Apprendre à agir sans précipitation : Daniel est un bel exemple à cet égard (Dan. 2:12, 17-19, 23, 27-29). Aujourd’hui, quand les circonstances sont pressantes, « l’assemblée toute entière » (1 Cor. 14:23) doit se réunir pour prier et si quelqu’un est dans l’impossibilité de venir, il s’associera à cet exercice spirituel en privé.

 

Quel contraste complet entre cet Assuérus inabordable et Celui qui est disposé et capable de sympathiser avec nos infirmités ! « Approchons-nous avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun » (Héb. 4:15-16). Esther envisage très courageusement les conséquences possibles de sa démarche : « Si je péris, je périrai » (Esth. 4:16 ; Act. 20:24).

 

6                        Chapitre 5

Le troisième jour, revêtue de son vêtement royal, elle se présente dans la cour intérieure de la maison du roi. Et aussitôt qu’Assuérus la voit « elle trouve grâce à ses yeux » (Esth. 5:2). Il lui tend le sceptre d’or, elle le touche. Alors il lui dit : « Que veux-tu, reine Esther, et quelle est ta requête ? Quand ce serait jusqu’à la moitié du royaume, elle te sera donnée » (Esth. 5:3). On pense avec tristesse à la réponse d’Hérodias devant une offre semblable ! (Marc 6:22-25).

La réponse d’Esther surprend ! « Si le roi trouve bon d’accorder ma demande … que le roi, et Haman avec lui, vienne aujourd’hui au festin que je lui ai préparé » (Esth. 5:4). Assuérus accepte et envoie en hâte chercher Haman. Pensons un instant à ce festin, auquel Haman le traître participe pour la dernière fois, comme le fera Judas dans la chambre haute.

Pendant qu’on boit le vin, le roi interroge à nouveau Esther : Quelle est ta demande ? Mais au lieu de répondre aussitôt, elle se contente de les inviter à nouveau et promet « demain, je ferai selon la parole du roi » (Esth. 5:6-8). Ce jour-là, Haman sort, joyeux et le coeur gai. Il est saisi de vertige dans son esprit quant il réalise combien son ascension est rapide et répond à ses désir les plus fous. Mais quand il passe, ce misérable Mardochée, assis à la porte du roi, ne se lève pas et ne bouge pas (Esth. 5:9). C’est vraiment intolérable ! Haman subitement dégrisé, est rempli à nouveau de fureur contre Mardochée.

Il se contient et rentre à la maison. Là, il énumère avec complaisance à ses amis et à sa femme, le nombre de ses fils, l’importance de ses richesses et tous les honneurs dont il est l’objet (Prov. 18:12). Et même il raconte comment la reine Esther, suprême consécration, l’a convié lui seul au festin préparé pour le roi. D’ailleurs, il est encore le seul invité pour demain ! (Esth. 5:9-12).

Mais il est incapable de cacher sa haine implacable à l’égard de Mardochée, et il affirme : « Tout cela ne me sert de rien, aussi longtemps que je vois Mardochée le juif, assis à la porte du roi » ! (Esth. 5:13 ; 1 Rois 21:4-7). Cette épithète : le juif, dans sa bouche était méprisante. Elle prendra plus loin dans ce livre, un caractère tout différent, triomphal (Esth. 8 ; 7 ; 9:29, 31).

Au faîte des honneurs dans ce monde, cet homme est constamment rongé intérieurement par la haine. Quel tableau saisissant des profondeurs insoupçonnées du méchant cœur incrédule de l’homme naturel (Jér. 17:9-10). Qu’à cela ne tienne ! Sa femme et son entourage l’encouragent à préparer un bois, haut de 50 coudées (près de 23 mètres) et d’y pendre Mardochée. Son supplice aura ainsi un caractère plus humiliant et se verra de loin !

Combien tout ceci rappelle la Croix de notre Seigneur Jésus Christ, dressée par les hommes dans ce lieu appelé Crâne, devant laquelle toutes les foules se sont assemblées, attirées par ce spectacle ! (Luc 23:48)

C’est entendu Haman ira en parler au roi dès le lendemain matin, et assurément, après lui avoir donner si aisément l’autorisation de massacrer le peuple juif tout entier, il ne fera aucune difficulté pour accepter le supplice immédiat de ce juif insolent et méprisable ! Sa femme, jouant auprès de lui le rôle de Jésabel auprès d’Achab, ajoute : va-t’en joyeux au festin avec le roi. La proposition plaît à Haman et il fait préparer le bois … mais il ne sera pas pour le Juif (Esth. 5:14 ; 7:10).

Esther a été dirigée par la « sagesse d’en haut » (Jac. 3:17) en commençant par inviter le roi à ces deux banquets. Notre comportement est souvent bien différent. Nous cherchons à être délivrés le plus rapidement possible de ce qui nous oppresse. Il y a un contraste évident entre l’attitude calme et déterminée d’Esther et tout ce qui, dans ce livre, se fait à la hâte.

 

7                        Chapitre 6

Tout a été dirigé, selon un enchaînement admirable. Dieu ne se montre pas, mais il agit constamment en faveur de son Peuple. Il veut le sauver de la destruction. Ailleurs, il révèle sa colère contre les nations. Pour quel motif était-il courroucé ? Elles « ont aidé au mal » contre Israël ! (Zach. 1:15). Ce n’était que des verges dans la Main divine, mais elles ont exécuté Son jugement avec rage, elles seront brisées (Abd. 12-14 ; És. 16:6 ; És. 10:5, 7, 12).

D’abord ici entre ces deux festins, il y aura cette insomnie du roi. Un incident futile en apparence, mais c’est Dieu, qui tout en restant invisible, dirige les pensées d’Assuérus. Il l’incite à ordonner à ses serviteurs de lui lire en sa présence les Annales du royaume (Esth. 6:1). Il permet qu’on lise justement dans ces annales ce qui concerne Mardochée, ce qu’il a fait, dans le passé, en faveur du roi (Esth. 2:23 ; 6:2).

Alors Assuérus pose une question à ce sujet : « Quel honneur et quelle distinction a-t-on conférés à Mardochée ? » ? Les serviteurs doivent répondre : « on n’a rien fait pour lui » (Ecc. 9:15). Aussitôt le roi s’enquiert : « Qui est dans la cour ? ». Or, à ce moment précis Haman entre dans cette cour. Tout est dirigé, réglé, comme un mécanisme minutieux, par une Main souveraine ! (Esth. 6:2-4).

Les incrédules jugeront invraisemblable un tel concours de circonstances. Mais, en tant que chrétiens, nous ne sommes nullement étonnés. Nous connaissons bien, pour en avoir fait l’expérience, l’intervention toute-puissante qui fait travailler toutes choses ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu (Rom. 8:28).

Haman haïssait tellement le Juif qu’il s’est levé de bonne heure « pour dire au roi de pendre Mardochée au bois qu’il avait dressé pour lui» ! (Esth. 6:4 ; Rom. 2:15). Le roi dit : « Qu’il entre » et il pose une question à Haman : « Que faut-il faire à l’homme que le roi se plaît à honorer » ? Aveuglé par son orgueil insensé, Haman est immédiatement convaincu que c’est à lui que le roi pense. Alors Il propose toute une série de distinctions, dont une seule eût fait époque dans la vie d’un homme !! (Esth. 6:6-9).

Alors « Le roi dit à Haman : Hâte-toi, prends le vêtement et le cheval, comme tu l’as dit, et fais ainsi à Mardochée le Juif, qui est assis à la porte du roi. N’omet rien du tout de ce que tu as dit » (Esth. 6:10 ; 1 Sam. 2:7-8). Quel effondrement pour ce méchant (Ps. 73:18). C’est de la main de cet ennemi, horrifié mais obligé d’obéir, que Mardochée, le Juif, reçoit ces honneurs royaux. Puis il revient modestement à sa place habituelle, à la porte du roi (Esth. 6:10-12). Comme Daniel (Dan. 5:17) il ne se laisse pas éblouir par les vains honneurs de ce monde infidèle.

Mardochée rappelle ici encore un plus grand que lui. Le Seigneur répond à Satan, qui s’engage à lui donner « tous les royaumes du monde et leur gloire » si seulement il se prosterne devant lui : « Va-t’en, Satan » (Matt. 4:8-10).

En voyant ainsi Mardochée traverser Suse, avec son pire ennemi obligé de tenir la bride de son cheval, on pense à une Personne beaucoup plus grande que lui : Le Seigneur a été méprisé et rejeté, Il sera conduit en triomphe dans Jérusalem (Apoc. 19:11-13). Mais tout genou devra se ployer devant Lui, des êtres célestes et terrestres et infernaux, et toute langue confesser que Jésus-Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père (Phil. 2:10-11).

D’autres personnes déjà dans l’Écriture avaient été des ombres de la gloire à venir du Roi des rois. Ainsi Joseph, monté dans un char du Pharaon, tandis que devant lui on criait : « Qu’on s’agenouille » (Gen. 41:43) ou encore Salomon, monté sur la mule de David, avant de recevoir l’onction royale (1 Rois 1:33).

Haman doit exécuter point par point cette tâche si humiliante à ses yeux. Pourtant ce n’était que le prélude d’une ruine complète, . Ensuite il retourne en hâte à sa maison, triste et la tête couverte (És. 21:4). Est-il rempli d’un sentiment de honte ou a-t-il simplement le désir de ne pas être reconnu ? Il raconte à sa femme et à tous ses amis, ce qui vient d’arriver. Son épouse Zéresh qui, hier encore, l’excitait à la vengeance, va elle-même sonner a ses oreilles le glas de sa grandeur (Prov. 16:18). Elle affirme le caractère irrésistible de cette race des Juifs et conclut : « Tu tomberas certainement devant lui » (Prov. 28:18). Elle ne reverra son mari qu’au moment de sa pendaison (Esth. 7:9).

Selon les conseils divins, bientôt, Israël sera à la tête, et les nations à la queue (Deut. 28:10-13. Si ce n’est pas le cas aujourd’hui, c’est la conséquence de leur désobéissance (Deut. 28:15 à 44). Pour Haman, le dénouement est maintenant tout proche (Esth. 6:13). « Encore un peu de temps, et le méchant ne sera plus » (Ps. 37:10)

Le verset suivant (Esth. 6:14) fait d’ailleurs ressortir combien le rythme de l’action s’accélère soudain : « Comme ils parlaient encore avec lui, les eunuques s’approchèrent et se hâtèrent de conduire Haman au festin qu’Esther avait préparé ». Il n’y a plus d’échappatoire possible (Prov. 7:22-23 ; Deut 32:35-36).

 

8                        Chapitre 7

Pendant ce festin, alors qu’une fois encore on buvait le vin, le roi pose à nouveau cette question : « Quelle est ta demande, reine Esther » ? Et cette fois, sans se départir de son humilité, la reine va droit au fait : « Que le roi m’accorde ma vie et celle de mon peuple ». Elle s’identifie nettement, comme Moïse, (Héb. 11:25) avec son peuple méprisé. Elle ajoute, reprenant les termes de l’édit : « Nous sommes vendus, moi et mon peuple, pour être détruits et tués et pour périr ». Elle affirme qu’elle aurait gardé le silence, s’ils avaient été seulement vendus pour être serviteurs et servantes, « bien que l’ennemi ne pût compenser le dommage fait au roi » (Esth. 7:4). Elle touche ainsi habilement une corde sensible.

Jusqu’ici elle s’est gardée de révéler l’identité de cet ennemi. Elle a su attendre la question du roi. À celui, qui en fait la demande, Dieu donne la sagesse nécessaire en paroles et en actes au moment opportun (Jacq. 1:5). Assuérus s’interroge : se peut-il que quelqu’un cherche à toucher à celle qu’il aime et à son peuple ? Il demande fébrilement : « Qui est-ce et est-il, celui que son cœur a rempli de la pensée de faire ainsi ? » La reine le désigne en quelque sorte du doigt : « L’adversaire et l’ennemi, c’est ce méchant Haman » (Esth. 7:6). Trois noms que la Parole de Dieu donne au diable lui-même.

Haman est terrifié devant le roi et la reine. Tout s’effondre pour lui en un instant (Ps. 73:17-19). Il voit que son malheur est décidé de la part du roi. Aussi, tandis qu’Assuérus, bouillant de colère, est sorti dans le jardin attenant (Prov. 16:14), Haman tente un dernier effort et fait requête pour sa vie auprès de la reine. Dans son désespoir, il tombe sur le divan sur lequel Esther se trouve couchée.

Le roi revient, et donne volontairement à ce spectacle insolite la pire signification possible. Il ordonne que l’on couvre la face de Haman, signe qu’il est condamné. Exemple frappant de la versatilité humaine (malheur aux vaincus !), un eunuque, Harbona, intervient pour signaler qu’il y a justement un « bois » dressé dans la maison d’Haman, celui qui était préparé pour Mardochée (Ps. 7:14-15). « Qu’on l’y pende » réplique le roi, et sa colère s’apaise seulement quand Haman est pendu (Esth. 7:7-10).

 

Tel Mardochée devant Haman, le favori du roi, Christ a été le seul d’entre les fils des hommes à ne pas se courber devant Satan. On se souvient de Ses paroles lors de la tentation au désert : « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu et tu le serviras Lui seul » (Matt. 4:9-10). Rien ne pouvait faire fléchir cet Homme parfait. L’Ennemi a redoublé d’efforts contre Lui (Jér. 11:19). Il a dressé les hommes contre Jésus, les a poussés à Le crucifier, comme Haman a préparé un gibet pour Mardochée (bien que ce dernier n’y soit pas monté).

Or précisément cette Croix, où Satan pensait triompher et en finir avec Christ (Jér. 11:19), a consacré sa défaite définitive (Col. 2:15 ; Héb. 2:14).

 

9                        Chapitre 8

Dieu est intervenu, le cours des évènements est changé. Esther reçoit en partage tous les biens d’Haman, l’oppresseur des Juifs. Avec l’assentiment du roi, elle établit Mardochée le Juif — c’est maintenant un titre de gloire — intendant sur toute la maison d’Haman (Esth. 8:1, 7). Le temps où Mardochée se tenait humblement à la porte du roi appartient au passé. Il entre devant le roi, car Esther a fait connaître à Assuérus quelles sont leurs relations de famille.

« Le roi ôte son anneau qu’il avait retiré à Haman, et le donne à Mardochée » (Esth. 8:2). Mais qu’en sera-t-il de ce peuple d’Israël, toujours voué à la mort ? Le roi, lié par son propre sceau, ne peut pas annuler le funeste décret. Alors Esther pleure beaucoup devant lui et le supplie : « Comment pourrai-je voir le malheur qui atteindra mon peuple ? » (Esth. 8:6).

Là encore Dieu va incliner le cœur d’Assuérus à la sagesse. « Vous donc, écrivez au nom du roi » (Esth. 8-8). Il laisse à Esther et à Mardochée le soin de dénouer le complot d’Haman, d’annuler indirectement la portée du décret. Les scribes sont appelés, et cette fois ils vont écrire avant tout aux Juifs des 127 provinces des lettres scellés du sceau du roi. Un peu plus de deux mois se sont déjà écoulés depuis le précédent décret.

Le nouvel édit est aussi rendu à Suse, la capitale. Il y a un parallélisme rigoureux entre cette partie du récit et celui qu’on trouve dans Esther 3:12-15. Visiblement le narrateur veut montrer jusque dans les détails, à quel point la situation est complètement renversée. À l’heure d’Haman succède celle de Mardochée.

Quelle joie pour les enfants de Dieu de savoir qu’il en sera bientôt ainsi pour Christ, notre Seigneur, sur cette terre. Il faut qu’Il règne, où Il a été le Méprisé de l’homme et Celui que la nation abhorre, jusqu’à ce qu’Il ait mis tous ses ennemis sous Ses pieds (1 Cor. 15:25 ; És. 49:6).

Les lettres, portés par des coursiers rapides, accordent aux Juifs de se mettre en défense pour leur vie et de faire périr toute force du peuple ou de la province qui les opprimeraient, le treizième jour du douzième mois, qui est le mois d’Adar (Esth. 8:11-12).

Chrétiens, nous avons aussi reçu les moyens de combattre efficacement nos ennemis (Éphés. 6:12). Ne les ménageons pas, eux ne nous épargneront pas. Usons de tous les moyens que Dieu met à notre disposition. En particulier de Sa Parole, l’épée de l’Esprit et de la prière.

Ajoutons qu’aujourd’hui encore chaque enfant de Dieu est un envoyé, hâté et pressé par la parole du Roi (Esth. 8:14). Il est responsable de répandre la Bonne nouvelle du salut jusqu’aux bouts de la terre (Matt. 28:19). Ainsi ceux qui étaient, du fait de leurs péchés, sous la juste condamnation de Dieu, peuvent désormais échapper à la mort éternelle, en se mettant à l’abri de l’œuvre de la Croix (Rom. 6:23).

 

Après les souffrances viennent les gloires : « Mardochée sortit de devant le roi, avec un vêtement royal bleu et blanc, une grande couronne d’or, et un manteau de byssus et de pourpre » (Esth. 8:15). Assuérus lui a conféré gloire, majesté, honneur et puissance. Cette scène est une figure de l’élévation du Seigneur Jésus Christ, que nous verrons surgir éblouissant de gloire, Fils de l’homme nimbé de l’auréole d’or » (H. R). Contemplons, par la foi, avec adoration, le triomphe de Jésus. Il sera accompagné de la destruction de tous ses ennemis (Ps. 66:3-4).

 

10                  Chapitre 9

Les dix fils d’Haman, dont il était si fier, périssent (Esth. 5 :11 ; 9:4 ; És. 14:20). En outre, les deux derniers chapitres de ce livre d’Esther montrent que les ennemis du peuple de Dieu étaient nombreux, même à Suse. Il en a toujours été ainsi au cours des âges. Nous ne savons pas de quelle manière exactement ces ennemis avaient persécuté les Juifs, mais le jour des rétributions (És. 35:4) avait sonné pour eux aussi.

Esther n’est pas un type des voies de Dieu envers l’Église. Ce livre montre, en figure, avec Vasthi les nations mises de côté, et avec Esther les Juifs appelés à partager les honneurs du Royaume. La grâce est le caractère mis en évidence actuellement par l’Église. L’exécution d’une vengeance est absolument incompatible avec l’appel du chrétien (Rom. 12:19).

Tandis que durant le Règne millénial  de justice et de vérité, l’exercice d’une juste vengeance sera au contraire tout à fait à sa place. Quand le Messie régnera et que Jérusalem sera « la reine », ce que la Parole de Dieu annonce, s’accomplira : « la nation et le royaume qui ne te serviront pas périront (És. 60:12).

Les ennemis ne seront pas frappés seulement au début du Règne, mais d’autres coups leur seront ensuite portés. Les adversaires seront abattus (Mich. 5:9) et ceux qui se sont soumis en dissimulant (Ps. 18:44). « Chaque matin, je détruirai tous les méchants » (Ps.101:8). Si on veille à respecter les dispensations successives, l’Écriture prend sa vraie place. Il faut exposer justement la parole de la vérité, la « découper droit » (2 Tim. 2:15).

« La ville de Suse poussait des cris de joie et se réjouissait. Pour les Juifs, il y avait lumière et joie, et allégresse et honneur. Beaucoup se firent Juifs « car la frayeur des Juifs tomba sur eux » (Esth. 8:15-17 ; Deut. 2:25 ; 11:25 ; Zach. 8:20-23). Le jour qui devait marquer la disparition d’Israël fut au contraire celui de son triomphe, et de l’anéantissement de ses ennemis. Ce n’est pas impunément que l’on s’attaque au peuple de Dieu (Zach. 2:8 ; Ps. 105:12-15).

D’année en année, la grande délivrance dont le peuple a été l’objet devait être commémorée par la fête des Purim, et elle l’est encore : ce seront des jours de grande joie (Ps. 30:11-12). De même, la chrétienté célèbre encore, avec des sentiments, hélas, mélangés, la naissance et la mort du Seigneur. Puissions-nous nous souvenir le premier jour de la semaine, et même chaque jour de notre vie, de notre rédemption et surtout de l’œuvre et du triomphe sur la mort de notre glorieux Rédempteur !

 

Israël sous la discipline a encore aujourd’hui, ce caractère d’une nation répandue loin et ravagée, qui attend et qui est foulée aux pieds (És. 18:2). Mais c’est en même temps, aux yeux de Dieu, un peuple merveilleux, au milieu duquel est né le Sauveur du monde. Serions-nous les objets de moins de tendresse, si nous faisons partie du peuple céleste, de l’épouse de Christ ?

Le Seigneur est mort pour cette nation Juive, mais aussi « pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés » (Jean 11:52). Tous ceux qui peuvent dire en vérité : « Abba Père » forment ensemble, le seul Corps de Christ(1 Cor. 12:12, 27). Mais ils sont présentement eux aussi, du fait de leurs péchés et de leur désobéissance aux enseignements de sa Parole, dispersés et dans une grande misère. Il est impossible que nous ne le ressentions pas : car « si un membre souffre, tous souffrent avec lui » (1 Cor. 12:26).

 

11                  Chapitre 10

Mardochée était grand dans la maison du roi, il allait toujours grandissant (Esth. 9:4). Des expressions similaires sont employées pour Moïse : « L’homme Moïse était grand dans le pays d’Égypte… très grand aux yeux des serviteurs du Pharaon et aux yeux du peuple » (Ex. 11:3).

Il est encore parlé de Mardochée le Juif à la fin du livre. Il était « grand parmi les Juifs et agréable à la multitude de ses frères, cherchant le bien de son peuple et parlant pour la paix de toute sa race » (Esth. 10:3).

 

Ces types, tout imparfaits qu’ils soient, rappellent que la place suprême appartient à Jésus, qui s’est abaissé lui-même jusqu’à la mort de la Croix, mais que maintenant le ciel a reçu (Act. 3:21) jusqu'à l’heure si proche de Son exaltation. Il sera placé très haut (És. 52:13), au dessus de tout nom qui se nomme (Phil. 2:9-11). Sondons les Écritures, elles rendent témoignage de Lui (Jean 5:39) C’est en leur parlant de ce qui Le concerne dans toutes les Écritures, que le Seigneur a fait brûler le cœur des disciples d’Emmaüs (Luc 24:32). Il est digne d’occuper vraiment la première place dans nos pensées et dans nos affections (Col. 1:18b). Nos cœurs Lui appartiennent-t-ils sans partage ni détour ?

 

 

 

Fils de l’homme exalté que les hommes rejettent

Vers toi montent nos voeux formés par ton amour.

 

Il est recommandé au lecteur de lire d’abord soigneusement le livre d’Esther et de ne pas négliger au cours de la lecture de l’article les citations tirées de la Parole. L’Écriture s’explique par l’Écriture.