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ABIJA, un des  rois  de  Juda

 

2 Chroniques 13 et 1 Rois 15:1-8

 

 

Laügt Philippe

Octobre 2004

Table des matières :

1     Rôle des mères. Comment Abija accéda au trône

2     Début de la vie d’Abija. Différence d’avec David

3     Le discours d’Abija

3.1     Des paroles qui ne concordent pas avec les actes

3.2     Jéroboam

3.3     Préparatifs de guerre

3.4     Généalogies naturelles et lignée de la foi

3.5     L’origine réelle du schisme. La vérité déformée

3.6     Ceux qui n’avaient pas le culte divin

3.7     Ceux qui avaient la tradition religieuse

3.8     Prétentions, orgueil spirituel, retrouver une vraie communion avec Dieu

4     La bataille

4.1     Impuissance totale de l’homme

4.2     Ressources en Dieu

4.3     Fidélité de Dieu à Ses promesses

4.4     Détruire l’idolâtrie de la maison de Dieu

5     Triste fin d’Abija et de Jéroboam

6     Leçons en rapport avec l’Église et ses divisions

6.1     Humiliation

6.2     Ce qui réconforte le croyant. Les victoires de la foi

 

 

Les livres des Rois retracent surtout l’histoire des souverains d’Israël, tandis que ceux des Chroniques relatent plutôt l’histoire des rois de Juda, c’est à dire des descendants de David. La lecture des livres des Rois montre à quel point l’homme, par sa conduite désastreuse, a failli à sa responsabilité — celle des Chroniques, comment Dieu se glorifie envers son peuple infidèle. On y voit les effets de Sa grâce et Ses conseils touchant la royauté de Christ, par les types de David et de Salomon.

 

1                        Rôle des mères. Comment Abija accéda au trône

Le nom de la mère est précisé pour la plupart des rois. Chaque mère joue en effet un rôle capital auprès de ses enfants. Selon l’ordre divin, elle partage avec son mari la responsabilité de leur instruction (Prov. 1:8 ; 8:20 ; 31:1-3). D’ailleurs, surtout pendant la petite enfance, elle a avec eux une relation beaucoup plus intime que le père. Si une mère a la crainte de Dieu, elle cherche leur prospérité spirituelle (2 Tim. 1:5). Ainsi l’apôtre pouvait se réjouir de constater la marche dans la vérité de ceux de la « dame élue » (2 Jean 4). Si, par contre, elle est incrédule — ou croyante mais, hélas, mondaine, — le développement moral de ses enfants ne peut qu’en souffrir.

Abija n’avait pas eu une mère pieuse, mais idolâtre. Finalement, son petit-fils Asa lui ôta même sa position de reine, car Maaca avait dressé un simulacre pour ashère (2 Chr. 15:16). Or Roboam avait aimé cette fille d’Absalom, plus que toutes ses femmes et toutes ses concubines, et c’est pourquoi il établit son fils, Abija, chef parmi ses frères, « car il voulait le faire roi » (2 Chr. 11:21-22). C’était son choix personnel, il n’avait pas recherché la volonté de Dieu.

 

2                        Début de la vie d’Abija. Différence d’avec David

Un court récit, dans le premier livre des Rois, donne un aperçu de la conduite déréglée d’Abija, durant sa brève existence (1 Rois 15:1-8). Le chapitre 13 du second livre des Chroniques contient d’abord une allocution prononcée par ce roi devant son armée et celle de Jéroboam, puis le récit de la bataille qui a ensuite opposé Juda et Israël.

Abija accéda au trône de Juda la dix-huitième année du règne de Jéroboam. Il marcha dans les mêmes péchés que son père Roboam. Sa conduite morale relâchée fut la même que celle de Salomon, son grand-père (1 Rois 11:1-4). Durant sa brève existence, il n’eut pas moins de 14 femmes, 22 fils et 16 filles (2 Chr. 13:21 ; Deut. 17:17). Tout croyant qui, comme lui, cède aux désirs de sa chair, gâte le témoignage qu’il pourrait rendre au Seigneur dans ce monde. À la différence donc de David, son arrière-grand-père (1 Rois. 15:3), le cœur d’Abija ne fut pas parfait devant l’Éternel. Un cœur parfait ne signifie pas que le péché est absolument absent dans les voies d’un homme, mais qu’il a une volonté arrêtée de plaire à Dieu et de Lui obéir à tout prix.

L’Éternel avait donné un ordre à Roboam, par le moyen de Shemahia: « Ne faites pas la guerre à vos frères, retournez chacun dans sa maison, car c’est de par moi que cette chose a eu lieu » (2 Chr. 11:2-4 ; 13:2-3). Roboam s’était soumis, au moins pour un temps, à la pensée de Dieu, mais maintenant, poussé par l’orgueil, son fils Abija désobéit ouvertement.

Toutefois « à cause de David » l’Éternel laissera à Abija une lampe à Jérusalem, le jugement mérité par Juda est différé. L’Écriture parle souvent de lampe en relation avec la postérité. La coutume était d’en laisser brûler constamment une dans la tente. Son extinction signifiait la disparition de la famille. Le fils d’Abija sera établi après lui, et Dieu fera subsister Jérusalem ; « parce que David, en sa génération, avait fait ce qui est droit aux yeux de l’Éternel, et ne s’était détourné de rien de ce qu’Il lui avait commandé, tous les jours de sa vie, excepté dans l’affaire d’Urie, le Héthien » (1 Rois 15:4-5). Dieu est fidèle : les promesses inconditionnelles faites à David auront leur plein accomplissement en Christ. « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; et il régnera sur la maison Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume » (Luc 1:32-33).

 

3                        Le discours d’Abija

3.1   Des paroles qui ne concordent pas avec les actes

Le discours d’Abija est approprié aux circonstances. Si seulement il avait marché dans un chemin de piété, ses paroles auraient pu avoir un effet salutaire sur ses frères israélites. Le divorce entre la conduite et les paroles, assez fréquent, explique la réponse d’un incrédule à son interlocuteur, qui l’exhortait à se mettre en règle avec Dieu : « Ce que vous faites crie si fort que je n’entends pas ce que vous dites ». Beaucoup d’excellents conseils, donnés avec de bonnes intentions, ne sont pas reçus pour ce motif.

Au fond, on peut juger les paroles et les actes de deux façons bien différentes. L’une, plutôt laxiste, que l’on emploie volontiers à l’égard de soi-même, et l’autre, beaucoup plus sévère, dont on se sert pour juger les autres. « Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes » constate même un fablier. Abija était apparemment de ce genre.

 

3.2   Jéroboam

Jéroboam, le roi d’Israël était un idolâtre, qui avait fait pécher gravement Israël (1 Rois 16:26). Il avait refusé d’écouter le prophète Akhija, qui l’engageait à faire ce qui était droit aux yeux de Dieu qui promettait de le bénir s’il obéissait (1 Rois 11:35-38). Jéroboam avait pris conseil, la Parole ne précise pas de qui (Éz. 11:2). Mais il avait ensuite décidé de faire deux veaux d’or. L’un d’entre eux était placé habilement à Béthel, tout près de la frontière de Juda, et l’autre, à Dan, à l’extrémité nord du pays (1 Rois 12:29). Faussement paternel, ce roi déclara ensuite aux Israélites : « C’est trop pour vous de monter à Jérusalem, voici tes dieux, Israël ! qui t’ont fait monter du pays d’Égypte » (1 Rois 12:28). Sa crainte secrète était que tout le royaume retourne à la maison de David (1 Rois 12:26).

Alors il voulut détourner le peuple de monter, en principe trois fois par an, pour offrir des sacrifices à la maison de l’Éternel. En effet Jérusalem, la ville du grand Roi, était le seul lieu que Dieu avait désigné pour être son habitation sur la terre (1 Rois 12:26-33 ; Deut. 12:5-6). Jéroboam était persuadé que sa force était fonction de l’importance de son armée. Cet Éphraïmite aurait pourtant dû savoir que pour l’Éternel il n’y a pas de différence entre beaucoup de force et peu de force (2 Chr. 14:11). Quand Il intervient, l’homme ne peut pas Lui résister (2 Chr. 20:6).

Les illusions de ce roi étaient comparables à celles du riche, dont « les biens sont sa ville forte, et comme une haute muraille, dans son imagination » (Prov. 18:11). Sur QUI repose notre confiance ? « Le nom de l’Éternel est une forte tour, le juste y court et s’y trouve en une haute retraite » (Prov. 18:10).

Hélas, la majeure partie du peuple d’Israël se laissa égarer  par cet homme et pratiqua désormais une fausse religion. Aujourd’hui encore, il y a beaucoup de doctrines erronées et par leur moyen, l’ennemi attire les croyants mal affermis. Soyons sur nos gardes (2 Cor. 11:3-4). La Parole de Dieu est le seul Rocher sur lequel notre foi peut se fonder. Placés devant de nouveaux enseignements, « un évangile différent » (2 Cor. 11:3-4), posons-nous ces questions fondamentales : « Dieu a-t-il parlé ? », et si c’est le cas, « qu’a-t-Il dit dans Sa Parole ?

 

3.3   Préparatifs de guerre

Abija ne s’est pas assis pour voir s’il avait assez de force pour résister à Jéroboam : il n’a pas agi comme le roi dont parle le Seigneur dans une parabole. Or le roi d’Israël a justement à sa disposition une armée double de celle d’Abija (Luc 14:31) ! Mais le roi de Juda imagine qu’il lui suffit d’avoir respecté les rites de la vraie religion pour triompher de cet usurpateur, doublé d’un apostat, qui s’est emparé de dix des douze tribus d’Israël. Il est prêt à ouvrir les hostilités et campe déjà sur le mont Tsemaraïm, dans la montagne d’Éphraïm, sur le territoire d’Israël.

Une terrible guerre intestine se prépare ; elle concerne l’ensemble du peuple délivré par Dieu de l’esclavage et amené, selon Sa promesse, dans un pays ruisselant de lait et de miel ! Mais rassasiés et engraissés, ils se sont tournés, comme l’Éternel l’avait annoncé, vers d’autres dieux et les ont servis. Ils ont méprisé l’Éternel, et rompu son alliance. Maintenant, à cause de leur désobéissance, ils sont dans la détresse et atteints par toutes sortes de maux (Deut. 31:20-21) ! Plus d’un million d’hommes d’élite, forts et vaillants, écoutent pour l’instant le discours d’Abija. Probablement tous les hommes valides dans les deux royaumes ont répondu : Présent ! Ils sont prêts à s’entretuer.

Abija tente, par ses paroles, d’affaiblir la résistance de son adversaire ; il cherche à le persuader que tous les droits sont de son côté ! Ses paroles, plutôt agressives, sont dignes d’un procureur. La plupart de ses arguments sont calculés pour faire mouche, mais le tableau qu’il brosse est incomplet. Jéroboam aurait pu répliquer sèchement, s’il avait été en règle avec Dieu !

 

3.4   Généalogies naturelles et lignée de la foi

Abija débute par une apostrophe pleine de mépris : « Écoutez-moi, Jéroboam et tout Israël. N’est-ce pas à vous de savoir que l’Éternel, le Dieu d’Israël, a donné à David la royauté sur Israël pour toujours, à lui et à ses fils » ? (1 Chr. 13:4-5 ; Ps 18:50). Fier de ses origines, il veut affirmer sa légitimité, en se servant de l’Écriture (Ps 89:4, 29, 36-37) ! C’était une grande faveur d’appartenir à la lignée de David, ce roi fidèle, et d’être au bénéfice d’une « alliance de sel » c’est à dire imprescriptible (Lév. 2:13 ; Nom. 18:19). Mais ne cherchons pas, par des généalogies parfois interminables, à nous glorifier d’être les descendants d’hommes de foi, de vrais conducteurs. Nabal était de la race de Caleb, mais c’était un homme de Bélial (1 Sam. 25:3, 25). Jonathan, petit-fils de Moïse, est malgré cela connu comme sacrificateur d’une image taillée, dans la tribu de Dan (Jug. 18:30) ! Par contre l’apôtre rend témoignage avec joie à la foi sincère qui était en Timothée. Elle avait d’abord habité sa grand’mère Loïs et dans sa mère Eunice et maintenant, Paul peut ajouter : « j’en suis persuadé, en toi aussi » (2 Tim. 1:5). C’est la seule vraie lignée de la foi, on ne peut y prendre rang que par sa connaissance personnelle du Seigneur.

 

3.5   L’origine réelle du schisme. La vérité déformée

Dans son pompeux discours, Abija passe sous silence les vraies raisons si humiliantes du grand schisme survenu au milieu du peuple de Dieu. Cette tragique division était d’abord la conséquence des péchés de son grand-père Salomon. Déjà à ce moment-là Dieu avait préparé Jéroboam — un adversaire d’autant plus redoutable qu’il avait été suscité au milieu du peuple (1 Rois 11:22-33 ; Act. 20:30). L’attitude intransigeante du propre père d’Abija envers le peuple d’Israël, venu avec Jéroboam lui demander d’alléger leur dur service (2 Chr. 10:4, 14-15), avait comblé la mesure. La division s’était produite, la patience de Dieu avait atteint son terme. Roboam n’avait pas tenu compte du sage conseil des vieillards mais il avait écouté les jeunes gens. Il ne s’était pas montré disposé à servir son peuple et à gagner leur cœur par la bonté (2 Chr. 10:6-8).

Par contre Abija fait ressortir comment Jéroboam, le serviteur de Salomon, a levé la main contre son seigneur Roboam, aidé par « des hommes de rien », qui s’étaient assemblés vers lui (2 Chr. 13:6-7). Quelle surprise de l’entendre décrire son père comme « jeune et craintif », et affirmer qu’il « ne s’est pas montré fort devant eux » (2 Chr. 13:7). Le récit de l’Écriture convainc du contraire (2 Chr. 10:12-14). Au début de son règne, Roboam avait 41 ans: Son caractère était plutôt raide et dur. Il parle à Jéroboam et à tout le peuple en termes hautains et méprisants.

Abija déforme les faits, décidé à rejeter tous les torts sur Jéroboam, et à justifier son père. C’est une forme de mensonge : elle ôte toute crédibilité à celui qui parle. Un chrétien doit entièrement renoncer à cette façon de faire. Le mensonge est un des signes distinctifs du « vieil homme ». Le diable le père du mensonge (Jean 8:44). Le chrétien a  dépouillé le vieil homme et revêtu le nouvel homme. Il cherche désormais à ressembler à Christ et désire parler la vérité (Col. 3:9 ; Éph. 4:25).

 

3.6   Ceux qui n’avaient pas le culte divin

C’est en vain, affirme Abija, qu’Israël compte sur ses faux dieux, sur ses deux veaux d’or, et pense se montrer fort contre le royaume de l’Éternel. Ce dernier est dans les mains des fils de David, seuls représentants légitimes du Seigneur ! Il reconnaît que leurs adversaires sont une grande multitude, mais ils ont abandonné le vrai culte divin (2 Chr. 13:8) !

Il rappelle encore comment Jéroboam et ses fils ont chassé les sacrificateurs de l’Éternel, fils d’Aaron et leurs aides, les Lévites (2 Chr. 11:13-14 ; 13:9 ; Ex. 28:41 ; 29:44). Ceux-ci, pour rester fidèles à Dieu, ont dû abandonner leurs banlieues et toutes leurs possessions, et se réfugier en Juda (2 Chr. 11:14) ! Par la suite Jéroboam a établi d’autres sacrificateurs, de toute origine, comme on agissait en Égypte, où il avait vécu. Quiconque se présentait avec un jeune taureau et sept béliers, pour être consacré (expression qui veut dire les mains remplies), devenait sacrificateur « de ce qui n’est pas Dieu » — des non-dieux, comme dit la note (2 Chr. 13:8-9 ; Jér. 2:11 ; Os. 8:6 ; Gal. 4:8).

 

3.7   Ceux qui avaient la tradition religieuse

Abija parle devant ses troupes. L’état de l’armée est le reflet de celui de Juda dans son ensemble. Pourtant il ose déclarer publiquement, avec emphase : « Mais pour nous l’Éternel est notre Dieu et nous ne l’avons pas abandonné » (2 Chr. 13:10) ! Cette prétention diffère beaucoup, hélas, de la réalité ! Ils avaient, eux aussi, fait ce qui était mauvais aux yeux de l’Éternel, et L’avaient provoqué à la jalousie, plus que leurs pères ! (1 Rois 14:22-25). Dans ce discours, le nous réitéré est une forme du moi.

Le roi de Juda décrit ensuite, avec complaisance, de quelle manière les différents aspects du culte étaient soigneusement observés. Le service se déroulait de façon harmonieuse, « chaque matin et chaque soir » dans le Lieu saint. Les sacrificateurs de l’Éternel, fils d’Aaron, servaient l’Éternel, et les lévites remplissaient leurs fonctions. Ils faisaient fumer des holocaustes à l’Éternel, ainsi que l’encens des drogues odoriférantes (2 Chr. 13:10-11). Sous-entendu : quelle différence avec la confusion qui règne maintenant en Israël ! L’homme aime à s’entourer d’une certaine tradition religieuse qui imite, plus ou moins, les enseignements de l’Écriture (Nomb. 23:1-4). Il pense se rendre ainsi la divinité favorable mais ne change rien dans sa conduite.

Abija se plaît à rappeler : « Nous avons les pains rangés sur la table pure ». Ces pains étaient au nombre de douze. Ils représentaient, dans la pensée de Dieu, les douze tribus, le peuple au complet, rassemblé dans un ordre parfait dans le sanctuaire. Dieu n’oublie aucun des siens, même s’ils sont infidèles et divisés, mais Juda et Israël s’apprêtaient à se livrer un combat sans merci. Intercédons-nous, avec un cœur rempli d’amour, pour les frères desquels nous sommes séparés ?

Le chandelier d’or, et ses lampes pour brûler chaque soir, étaient présents aussi ! Sans doute ces lampes étaient-elles arrangées continuellement, comme prescrit (Lév. 24:3). Notre communion avec le Seigneur subit des éclipses, mais la lumière de Christ, le divin chandelier, ne cesse de briller devant Dieu de tout son éclat.

En conclusion, ce roi affirme : « Nous, nous faisons l’acquit de la charge que Dieu nous a confiée » (1 Chr. 13:10-11). Pourtant le moment approchait rapidement où Dieu leur enverrait dire par le prophète : « Ne continuez pas d’apporter de vaines offrandes : l’encens m’est une abomination… Je ne puis supporter l’iniquité et la fête solennelle » (És. 1:10-15).

Abija déclare encore : « Nous avons avec nous, à notre tête, Dieu et ses sacrificateurs, et les trompettes au son éclatant, pour sonner avec éclat contre vous » (2 Chr. 13:12 ; voir 1 Sam. 4:3-5). Il ne paraît pas attristé de mentionner ces trompettes qui vont, dans un instant, sonner contre ses frères ! Quelles sont aujourd’hui nos dispositions secrètes à l’égard de nos frères « aimés de Dieu, aimés du Seigneur » (1 Thes. 1:4 ; 2 Thes. 2:13) ?

 

3.8   Prétentions, orgueil spirituel, retrouver une vraie communion avec Dieu

Que manquait-il à Juda ? Apparemment rien : tout semblait en ordre, à sa place. Les sacrificateurs et les lévites faisaient en effet l’acquit de leur charge, mais étaient-ils engagés dans ce service, avec la crainte de déplaire à leur Dieu (Jér. 30:21) ? Les apparences étaient sauves : c’était le cas, aussi, juste avant la naissance de Jésus (Luc 1:8-10), mais l’essentiel manquait. La forme de la piété peut souvent être conservée (2 Tim. 3:5), et pourtant les consciences se sont endurcies.

Le sentiment d’avoir grandement péché fait défaut ; on n’est pas conscient de sa propre ruine. Il faudrait, comme David, la confesser : il n’y a pas d’autre chemin pour la restauration (Ps. 51:2-4, 17).

Aujourd’hui, dans la plupart des milieux chrétiens, il y a beaucoup de prétention, comme à Laodicée (Apoc. 3:17 ; Jér. 7:4) ! On prétend connaître et agir selon la pensée de Dieu ! On est capable de mémoriser des vérités de l’Écriture, et de les citer à propos. Mais ont-elles d’abord un réel impact sur notre conduite ? Nous sommes très habiles à détecter les erreurs chez les autres (Luc 6:42) ! Pourtant notre cœur n’est-il pas parfois fort éloigné de Dieu, et ses enseignements méprisés (És. 29:13 ; Mal. 1:6) ?

Abija cherche à établir le bon droit de Juda, mais il s’agit plutôt leur propre justice. Son discours s’achève par un avertissement solennel : « Fils d’Israël, ne faites pas la guerre contre l’Éternel, le Dieu de vos pères ; car vous ne réussirez pas » (2 Chr. 13:12 ; Act. 5:39) !

L’Éternel, dans sa grâce, avait richement béni Israël. Ce peuple avait connu, sous le règne de Salomon, une prospérité exceptionnelle. Mais son cœur s’était détourné de Dieu. Il l’avait déshonoré, en remplissant d’idoles tout le pays d’Emmanuel. Maintenant, le petit royaume de Juda suivait le même chemin (1 Rois 11:33). Tout ce que Dieu confie à la responsabilité de l’homme, il ne tarde guère à le gâter entièrement. Aujourd’hui encore, malgré l’habitation du Saint Esprit dans chaque enfant de Dieu et dans l’Assemblée, on doit constater avec tristesse et humiliation que les divisions et les hérésies se sont multipliées. Le monde est entré dans les cœurs, au point qu’à cette question : « Où est le monde ? », on devrait répondre, en baissant la tête : « dans l’Église ! »

Si Abija avait eu le désir sincère de chercher à guérir cette douloureuse division, il aurait cherché d’abord à retrouver la communion avec Dieu. La conduite d’Esdras à cet égard est exemplaire. Malgré sa piété personnelle, il s’identifie avec son peuple, confesse leurs iniquités comme les siennes. Il s’écrie : « Mon Dieu, je suis confus, et j’ai honte de lever ma tête vers toi, ô mon Dieu… Nos iniquités se sont multipliées par-dessus nos têtes… Nous avons été grandement coupables » (Esd. 9:5-7). À l’inverse, le discours prétentieux d’Abija n’est pas de bon augure, et rappelle son père Roboam. On peut résumer ainsi ses paroles : « Vous êtes infidèles, mais nous, nous sommes fidèles ». Que Dieu nous garde d’être secrètement remplis d’orgueil spirituel, la pire forme de l’orgueil !

 

4                        La bataille

C’est dans de telles dispositions que le roi de Juda et son armée engagent le combat, persuadés que Dieu est avec eux et doit leur donner la victoire. Durant la prernière guerre mondiale, on a vu des soldats portant un ceinturon où chacun pouvait lire ces paroles : « Dieu est avec nous » !

 

4.1   Impuissance totale de l’homme

Il faut l’embuscade tendue par Jéroboam, et son habile manœuvre d’encerclement, pour faire sentir à Juda que « toute leur sagesse est venue à néant » (2 Chr. 13:13-14 ; Ps. 107:27). « La bataille était contre eux, devant et derrière » (2 Chr. 13:14). Ils comprennent brusquement qu’ils vont périr ! Une seule ressource, qui est aussi la nôtre, leur reste : se tourner vers Dieu et le supplier (És. 45:22) ! Toute prétention est vaine. Il n’y a plus place que pour la cruelle réalité. Ce sont des cris de détresse qui montent vers le ciel, la seule issue qui reste toujours libre. La pratique la plus orthodoxe d’une forme religieuse apparaît subitement telle qu’elle est : inutile. Dans une telle circonstance, à quoi sert-il de se targuer d’être un Hébreu des Hébreux (Phil. 3:5) ?

 

4.2   Ressources en Dieu

Dieu seul peut encore les sauver (Ps 50:15). Si nous confessons enfin notre impuissance totale, alors Il peut intervenir. Ce n’est plus à nous de combattre dans cette affaire. Même David, lors de la dédicace de la Maison de Dieu, reconnaît qu’il a cru pouvoir s’appuyer sur sa prospérité (qu’il appelle « ma montagne », Ps. 30:7). Quelle tragique erreur ! Il doit subitement reconnaître : « Tu as caché ta face, j’ai été épouvanté. Éternel ! J’ai crié à toi, et j’ai supplié le Seigneur ». Alors dans sa miséricorde, devant un cœur brisé et humilié, Dieu intervient. Avec adoration, David s’écrie : « Tu as changé mon deuil en allégresse, tu as détaché mon sac, et tu m’as ceint de joie, afin que mon âme te loue par des cantiques » (Ps 30:6-8, 12).

Les trompettes — quels étranges instruments de combat ! — ont déjà été évoquées. Les deux trompettes en argent battu rappellent que Dieu, dans sa grâce, a placé les siens sur le terrain de la rédemption (Ex. 15:13 ; Ps. 77:15). Il avait commandé aux fils d’Aaron de les faire sonner avec éclat, quand le peuple d’Israël irait à la guerre et serait serré de près par l’ennemi. Alors ils seraient rappelés en mémoire devant leur Dieu, et délivrés (Nom. 10:9-10 ; Ps. 106:4 ; 136:23). Israël les a déjà, à plusieurs reprises, employées avec succès (Jos. 6:4 ; Jug. 7:18). Ils vont donc en user, mais d’une façon bien moins glorieuse que celle mentionnée par Abija. Les ennemis qui les pressent, ce sont hélas leurs frères.

 

4.3   Fidélité de Dieu à Ses promesses

Il y avait encore parmi les combattants de Juda des hommes qui s’appuyaient sur les promesses de Dieu. Leur prière parvient dans Sa demeure sainte, dans les cieux (2 Chr. 30:27 ; 1 Rois 8:30). De leur côté, les sacrificateurs font entendre le son éclatant des trompettes. Tous reprennent courage, et jettent des cris. Alors, malgré leur faiblesse coupable, Dieu répond à leurs alarmes. Il y a encore de « bonnes choses en Juda » (2 Chr. 12:12). Il en tient compte et frappe lui-même Jéroboam et son armée, leur infligeant une terrible défaite : cinq cent mille hommes sont tués ! Dans sa justice, Il se montre fidèle aux promesses faites à David, Son serviteur. Il permet à Juda de remporter une victoire, malgré sa misère morale. Mais elle sera, hélas, sans effet durable sur les consciences et dans les cœurs. Que de fois on néglige des leçons que le Seigneur cherche à enseigner !

 

4.4   Détruire l’idolâtrie de la maison de Dieu

Abija poursuit Jéroboam et les débris de son armée. Il prend trois villes : Béthel, Jeshana et Éphron et les villages de leur ressort (2 Chr. 13:19). Or Jéroboam avait justement placé un de ses deux veaux d’or à Béthel. Cette « maison de Dieu », où l’Éternel avait autrefois fait des promesses à Jacob (Gen. 28:13-19) était devenue, avec Dan, un des centres de l’idolâtrie (1 Rois 12:29 ; Amos 4:4). Dieu se montre jaloux pour Son nom et permet que Béthel retourne à Juda, mais l’autel idolâtre ne sera pas détruit avant le règne de Josias (1 Rois 13:2-5 ; 2 Rois 23:4, 15, 17, 19).

Cette terrible défaite était de nature à parler solennellement aux hommes qui pratiquaient effrontément, avec Jéroboam, cette terrible idolâtrie : L’armée de ce roi avait été taillée en pièces, plus de la moitié de ses soldats avaient péri (2 Chr. 13:17).

« Les fils d’Israël sont humiliés en ce temps-là, et les fils de Juda affermis, car ils s’appuyaient sur l’Éternel, le Dieu de leurs pères » (2 Chr. 13:18). C’est encore la seule ressource du chrétien, malgré la ruine. Ni la force ni la ruse ne peuvent triompher de ceux qui placent leur confiance en Dieu.

 

5                        Triste fin d’Abija et de Jéroboam

Pourtant Abija, roi de Juda, ne change pas de conduite et meurt peu après, apparemment sans repentance. Serons-nous sensibles à l’avertissement divin : « Que ferez-vous à la fin » (Jér. 5:31) ?

Jéroboam, l’Éphraïmite, n’a plus de force. Après un règne de vingt-deux ans, dont la durée montre la patience de l’Éternel, il est frappé et meurt, la seconde année du règne d’Asa. Lors de la mort de Nabal, la Parole emploie aussi le même mot : frappé (1 Sam. 25:28) : « Dieu est lent à la colère et grand en puissance, et il ne tiendra nullement le coupable pour innocent » (Nahum 1:3). C’est Asa, successeur d’Abija et homme pieux, qui purifiera Juda des idoles érigées par ses pères (2 Chr. 13:20 : 1 Rois 15:12, 25).

 

6                        Leçons en rapport avec l’Église et ses divisions

6.1   Humiliation

Si l’on se remémore un peu l’histoire de l’Église sur la terre, on constate que la plupart des divisions ont été accompagnées de retentissantes prises de position, avec l’intention évidente d’en affirmer le bien-fondé. Mais si on relit, sans passion, ces professions de foi, on réalise que plus de temps aurait dû être consacré, avec profit, à s’humilier vraiment devant Dieu.

Dieu veut toujours montrer Sa miséricorde, et Il laisse des réchappés à Son peuple. Il leur accorde même un clou dans le saint Lieu, à l’abri des prédateurs. Il veut éclairer les Siens sur Sa pensée, par l’action du Saint Esprit, et leur redonner un peu de vie. Dans la misère, confions-nous toujours en Lui (Esd. 9:8).

 

6.2   Ce qui réconforte le croyant. Les victoires de la foi

Dans la dispersion actuelle, qui évoque ce terrible schisme survenu autrefois en Israël, c’est un immense réconfort pour le croyant de se rappeler que Dieu a placé pour toujours les rênes du gouvernement dans les mains sûres d’un Homme venu du ciel. Le Seigneur promet : « Je bâtirai mon assemblée, et les portes du Hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:18).

Dieu reconnaît et honore la foi de ceux qui gardent Sa Parole et ne renient pas Son Nom. Même s’ils n’étaient que « deux ou trois » à comprendre ce qui est lié à l’Assemblée dans la pensée de Dieu, Il maintiendra devant eux une porte ouverte, que nul ne peut fermer (Matt. 16:16, 20 ; Apoc. 3:8). Avec Son tout-puissant secours, gardons une position ferme, appuyée sur la Vérité. Rendons témoignage à Celui qui est la Vérité (Jean 14:6). Il reste le seul Centre établi au milieu du déclin général.

Dieu peut accorder des victoires à la foi, même en un temps de ruine. Il donne la force nécessaire pour la destruction de ces forteresses élevées par des hommes égarés par Satan (2 Cor. 10:4-5). Elles tourneront à louange et à honneur pour Christ, au jour où Ses gloires brilleront dans toute leur splendeur (2 Thes. 1:10).

Quant aux Siens, après les luttes indispensables pour rester fidèle au Seigneur, après aussi tant de fatigues et de faiblesses traversées dans l’attente de Sa venue, ils goûteront bientôt auprès de Lui une paix durable et une bénédiction éternelle.