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Méditations sur la Parole de Dieu

 

Jacques

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1      Une morale de tous les temps — Jacques 1 ; 2:1-14 ; 3:13-18 ; 4:1-6, 13-15 ; 5:7-8, 10-20

2      La loi du chrétien — Jacques 1 et 2

3      La foi pratique — Jacques 1 et 5

4      La morale chrétienne — Jacques 1:2, 4, 9-10, 12-15, 19-27 ; 2:1-6, 14, 17, 19-21, 24-26 ; 3:1-2, 5-6, 9, 13-18 ; 4:6-7

5      Les oeuvres de la foi — Jacques 1:2-8, 12-18  ; 2:14-26

6      Désirer ardemment — Jacques 4:2 ; 1 Pierre 2:2-3 ; 1 Corinthiens 12:31, 14:1, 39 ; 1 Timothée 3:1 ; Psaumes 84:2 ; Philippiens 1:23 ; 2 Corinthiens 5:2 ; Luc 22:15

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   Une morale de tous les temps — Jacques 1 ; 2:1-14 ; 3:13-18 ; 4:1-6, 13-15 ; 5:7-8, 10-20

 

[LC n° 142]

30 janvier 1955

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 277

 

Jacques est un serviteur du Seigneur grave et sérieux, et pourtant nous le sentons, dans son épître, plein d’un amour d’une qualité divine. Ce n’est pas un amour frelaté, mais sain ; c’est l’amour de Dieu, «versé dans nos coeurs par l’Esprit Saint» (Rom. 5:5), et non par mon frère de qui j’attends un service ou à qui j’en ai rendu un. Il est versé en moi par Dieu, qui ne m’a pas épargné, mais qui n’a pas épargné non plus son propre Fils. L’amour divin n’épargne pas l’homme, à l’inverse de l’amour humain, si souvent calculé. Dieu n’épargne pas l’homme parce qu’il ne s’est pas épargné. Il nous dit exactement ce que nous sommes : il veut nous aider. Il ne nous dit pas que tout va bien quand nous sommes en danger de mort, en danger de glisser dans notre marche pratique. Il pose un diagnostic sûr, en vue de nous guérir ; il ne se laisse influencer par rien ni par personne. En prenant de l’âge, on voit beaucoup de choses qui déçoivent, et d’abord son propre coeur. Le jeune croyant change d’optique à mesure qu’il avance dans la vie ; les illusions tombent. Mais dans son coeur croît cette assurance que Jésus, lui, ne change pas.

«Estimez-le comme une parfaite joie, mes frères, quand vous serez en butte à diverses tentations» (Jacq. 1:2), ou aux autres épreuves de la vie. Si nous avions écrit cette phrase à un frère éprouvé, nous aurions vite été taxés de dureté. Nous avons tous les épreuves, les uns et les autres, à un moment ou l’autre de la vie ; pourquoi pouvons-nous les estimer comme une parfaite joie ? Si souvent nous sommes des «consolateurs fâcheux» (Job 16:2) auprès des éprouvés, tout en prétendant le contraire. Il faut d’abord que le Seigneur nous conduise, si nous désirons être des instruments de bénédiction pour un ami qui souffre, et qui peut-être ne peut même pas communiquer sa souffrance. «Le coeur connaît sa propre amertume, et un étranger ne se mêle pas à sa joie» (Prov. 14:10). Notre service sera d’aider cette âme à trouver la communion avec le Seigneur, la joie, la consolation, l’encouragement avec lui. Apporter non pas une parole douce, mielleuse ou flatteuse, mais apporter Dieu à cette âme. C’est le secret de tout service chrétien : apporter Christ. Si nous n’apportons pas Christ, restons chez nous et prions : ce sera un service meilleur.

Il est beaucoup question de la patience, dans cette épître. C’est une vertu importante : «Nous recommandant comme serviteurs de Dieu, par une grande patience» (2 Cor. 6:4). C’est une vertu précieuse et rare ; et nous ne parlons pas d’un caractère naturel patient, qui a son prix pour les relations de la vie courante, mais cela ne va pas loin. Un caractère naturel peut être bon ou mauvais, mais le chrétien doit manifester le caractère de Jésus. Des frères et soeurs sont patients dans les difficultés de famille ou d’assemblée pour la simple raison qu’ils ne s’en chargent pas : ce n’est plus de la patience, mais de l’égoïsme et de la dureté de coeur. Une épreuve rend naturellement l’homme impatient ; la nature ne peut rien dans le royaume de Dieu. Le Seigneur l’a dit à Nicodème : si l’homme n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ni y entrer (Jean 3:3, 5). L’homme — et le chrétien pas davantage — ne peut pas se garder lui-même, il a besoin de Dieu partout. Nous avons besoin de Dieu contre nous-mêmes.

La patience, c’est avoir Dieu avec soi dans l’épreuve ; et il «donne des chants de joie dans la nuit» (Job 35:10). Durant toute notre vie nous marchons dans la nuit, même si nous connaissons la lumière. Si nous étions avec Dieu toujours, nous serions toujours paisibles, même en pleurant. Jésus a pleuré, il n’a jamais ri. Il fut l’homme de douleurs qui voyait l’abîme de mal du coeur humain. Dans la mesure où nous le suivrons, la légèreté sera bannie de nos voies et de nos coeurs, laissant place à la joie et à la patience divines. L’impatience naît de la chair, car la patience de la chair s’épuise très vite. C’est facile de se parer de toutes sortes de qualités chrétiennes, mais que deviennent-elles dans l’épreuve ? Dieu veut la réalité intérieure dans notre vie chrétienne, l’accord entre cette réalité intérieure et notre attitude extérieure. Que Dieu nous enseigne à être remplis de la connaissance de sa volonté et à ne pas lui demander : Seigneur, qu’est-ce que tu veux que je fasse ? en disant dans notre coeur : je sais bien que je ferai ce que je veux !

«Si quelqu’un de vous manque de sagesse, qu’il demande à Dieu… qui ne fait pas de reproches» (Jacq. 1:5). On dit parfois, pour blâmer quelqu’un d’avoir révélé une faute chez une personne, que Dieu ne fait jamais de reproches (on fait facilement dire à l’Écriture ce qu’elle ne dit pas, quand on la lit peu). Le Seigneur lui-même a fait des reproches, mais il ne nous dit jamais : Depuis le temps que tu me demandes de la sagesse !… Le Seigneur voyait-il le mal sans jamais rien dire ? «Alors il commença à adresser des reproches aux villes dans lesquelles le plus grand nombre de ses miracles avaient été faits… Malheur à toi, Chorazin ! malheur à toi, Bethsaïda !» (Matt. 11:20-21). Il reprocha à ses disciples «leur incrédulité et leur dureté de coeur» (Marc 16:14).

L’épître de Jacques exprime la morale de tous les temps. La morale divine ne change pas : la morale chrétienne découle de la connaissance de Dieu ; elle consiste, pour les croyants de tous les temps, à rendre témoignage dans leur vie aux caractères moraux de Dieu lui-même. Il n’y a pas d’autre mesure. Or Dieu ne change pas ; le Dieu d’Abraham, de Paul, c’est le Dieu que nous connaissons. Mais la révélation qu’il a faite de lui-même n’a pas atteint sa plénitude avant le christianisme. Voilà pourquoi la morale chrétienne est plus élevée que toutes les autres. Dieu est mieux connu parce qu’il est entièrement révélé. Jacques regarde en face la difficulté de relation entre pauvres et riches, et il en parle. «Que le frère de basse condition se glorifie dans son élévation» (1:9) ; au lieu d’être accablé parce qu’il est pauvre, il peut se dire : le Seigneur m’a pris où j’étais et m’a élevé jusqu’à lui dans la gloire, même si sa face est broyée dans ce monde, selon l’expression du prophète (És. 3:15). La Parole n’excite jamais les sentiments naturels ; elle maintient l’ordre dans notre coeur et nous donne la clairvoyance. Que le pauvre soit encouragé, et que le riche se glorifie dans son abaissement, «car il passera comme la fleur de l’herbe» (1:10).

Au chapitre 2, dans le rassemblement des saints, les pauvres se courbaient devant les riches (v. 1-9) ; c’étaient des sentiments charnels. Jésus a été le pauvre, il était charpentier. Il ne se tenait pas auprès des gouverneurs romains ou des chefs religieux. Presque tout le ministère de Jésus s’est passé en dehors de Jérusalem, cette vieille cité orgueilleuse et fière de ses traditions. Les Juifs de Jérusalem lui en ont voulu à mort, parce qu’il ne flattait personne, parce qu’il était pauvre, parce qu’il n’avait pas d’argent sur lui. Il doit commander un poisson qui porte un statère dans sa bouche, pour payer un impôt. Tout lui obéit, mais il est pauvre. Pour répondre à ses ennemis mortels, scribes, pharisiens, docteurs de la loi, il doit leur demander une pièce de monnaie : il n’en a pas lui-même. Que Dieu nous accorde cet état d’esprit ! Au début de l’Église, les chrétiens mettaient toutes choses en commun. Ce fut la période brillante de l’Église. Qui oserait aujourd’hui prendre l’initiative de rétablir cela ? Ce serait prétendre à une puissance morale et spirituelle qui n’est plus là. Il vaut mieux baisser la tête, reconnaître que les choses ont changé, mener deuil et sentir que les choses ne sont plus normales. C’est le début des Actes qui définit l’état normal de l’Assemblée. C’est le seul moment où la lumière a brillé, pure et sans mélange.

Prenons garde de faire acception de personnes (2:1). Le Seigneur ne le faisait pas. «Nous savons que tu es vrai… et que tu ne t’embarrasses de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes» (Matt. 22:16). Et c’étaient ses ennemis qui disaient cela. Dans toute l’Écriture, ceux qui ont la responsabilité d’apprécier les choses et de les juger, qui sont appelés des dieux (Ps. 82:6 ; Jean 10:34), doivent se garder de faire acception de personnes. Les juges étaient appelés dieux parce qu’ils devaient juger comme Dieu lui-même. Ne pas faire acception de personnes en vue d’un intérêt personnel, ni en faveur du riche, ni en faveur du pauvre, nous avons tous besoin d’y veiller continuellement. Que, dans l’assemblée, la gloire de notre Seigneur Jésus éclipse tout le reste ! Ne voilons pas sa gloire par la gloire des riches !

«Dieu… ne tente personne» (1:13) : le mot «tentation» a un autre sens qu’au verset 2 ; jamais Dieu ne produit le péché ; la source est dans notre coeur, dans la convoitise à laquelle le diable présente un appât. Dieu peut permettre que Satan nous tente pour que nous apprenions avec Satan ce que nous n’avons pas voulu apprendre avec lui. Il y a une masse de convoitises latentes dans le coeur. Un frère sérieux et grave comparait notre coeur à un égout. Le diable présente une amorce, l’argent par exemple, et les hommes s’entre-tuent pour cela. L’amour de l’argent était une convoitise non jugée chez Judas ; le diable lui a présenté une occasion d’en avoir, et Judas a vendu son Maître. On n’est pas maître de soi ; Dieu seul peut nous garder. Mais Judas a méprisé les paroles de son Maître qui l’avait compté parmi ses disciples. Il espérait sans doute que Jésus se libérerait. Le remords l’assaillit, mais pas la repentance.

Il n’y a pas que l’argent : les convoitises charnelles et les honneurs sont aussi des appâts du diable. Des hommes seront en enfer parce que le diable, dès leur jeunesse, leur aura présenté une situation honorifique comme un sommet à atteindre : ils auront atteint ce sommet, mais ils iront se coucher dans le shéol avec ceux dont ils se seront moqués. Voilà la réalité des choses ! Dieu projette une lumière crue sur les choses, mais c’est pour nous conduire dans le chemin de la bénédiction et de la vie. Que Dieu nous accorde de veiller sur notre coeur, jour après jour, heure après heure, nous méfiant de nous-mêmes. C’est devant Dieu qu’il faut juger son propre coeur ; de lui vient le danger. Les choses en elles-mêmes ne sont pas toujours mauvaises, mais elles peuvent être une amorce pour nous emporter où le diable le veut.

«Recevez avec douceur la parole implantée, qui a la puissance de sauver vos âmes» (1:21). Cette parole implantée n’est pas la parole dont la mémoire se charge, mais celle qui se grave dans le coeur et dans la conscience. Pour qu’elle soit implantée, il faut la lire avec prière ; il vaut mieux lire moins, selon le temps dont on dispose, mais en demandant à Dieu qu’il implante sa Parole dans notre coeur. Sinon, au lieu d’être gouvernés par la Parole, nous sommes gouvernés par diverses influences. C’est la pensée de Dieu qui doit nous gouverner et nous sanctifier, mais elle ne peut cohabiter avec toutes les paroles des hommes : sinon elle sera pratiquement étouffée.

Nous avons lu ces expressions remarquables : la loi de la liberté, la loi royale et le service religieux.

La loi de la liberté (1:25 ; 2:12), le chrétien la connaît et trouve son bonheur à l’accomplir. J’obéis à la loi de la liberté lorsque ma volonté coïncide avec celle du Seigneur. Je suis en ordre avec mon Maître, je suis heureux, comme un enfant qui fait la volonté de son père avant même que celui-ci ne le lui demande. Si j’aime le Seigneur, je sais ce qui lui plaît ; si je ne l’aime pas, je ne le sais pas. Si votre coeur est partagé, s’il est double, coupez-le en deux et jetez loin de vous la moitié qui aime le monde.

Le service religieux (1:26-27) et la loi royale (2:8), c’est aimer son prochain comme soi-même. Se croire capable d’aimer son prochain quand le Seigneur ne remplit pas le coeur, c’est du légalisme inconscient. L’amour déborde du coeur, quand Jésus le remplit.

«Le service religieux pur et sans tache» a ce double caractère : «visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction», et «se conserver pur du monde» (1:27). On n’aime pas aller vers les gens qui souffrent, on préfère voir les puissants de ce monde. Notre coeur naturel ne nous porte pas à travailler sans éclat, sans puissance, sans rayonnement. Aller vers les affligés, voilà le sentier béni où l’amour du Seigneur nous convie. Quand nous y marchons, nous trouvons que Jésus y a passé avant nous. C’est le chemin de Bethléhem, celui de Béthanie. Jésus s’y trouve. À Philadelphie il dit : «J’ai mis devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer» (Apoc. 3:8) ; ni le monde, ni les hommes ne fermeront la porte que la main du Seigneur tient ouverte. Nos devanciers en ont fait l’expérience. Les chrétiens qui marchaient dans le chemin large, qui associaient le nom de Jésus au prestige du monde, leur ont fait une guerre sans merci. Le Seigneur a tenu la porte ouverte ; le monde n’a jamais pu la fermer. C’est toujours vrai.

Visiter les veuves et les orphelins est une activité positive, tangible, du service religieux. L’autre point, c’est de se conserver pur du monde. Quel merveilleux et divin équilibre dans l’Écriture ! Comme le Seigneur connaît bien notre coeur ! Que le Seigneur écrive cela dans notre coeur et dans notre vie !

Nous sommes exhortés ensuite à tenir notre langue en bride (3:2). Cela ne signifie pas cacher la vérité alors qu’il est nécessaire de la dire. Le Seigneur a été condamné à mort parce qu’il a dit la vérité qu’on n’aurait pas voulu qu’il dise. Il a dû dire aux pharisiens des choses très dures, par exemple : «vous avez pour père le diable» (Jean 8:44). Notre bouche ne doit pas rester fermée quand il y a lieu de déclarer la vérité, encore qu’il faille la dire avec toute la sagesse et l’opportunité nécessaires.

Que le Seigneur nous garde dans sa paix, dans l’obéissance à sa Parole ! Un état intérieur heureux entraîne une marche extérieure fidèle. Mais l’exhortation sur certains points précis a toute sa place, comme l’épître de Jacques nous le montre, et comme il est écrit : «Cessez de mal faire, apprenez à bien faire» (És. 1:16). Notre christianisme est-il fait d’habitudes mi-mondaines et mi-chrétiennes ? Le Seigneur a cela en abomination. Il aime que les siens l’aiment, car là réside leur bonheur. Prions pour que son Assemblée réjouisse son coeur ; il s’est livré pour elle et il la sanctifie en lui parlant.

 

2   La loi du chrétien — Jacques 1 et 2

 

[LC n° 143]

22 août 1965

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 271

 

Toute l’Écriture nous enseigne pour notre vie pratique. Si son enseignement ne se traduit pas en pratique, il a manqué son objet. Dieu ne veut pas que nous soyons des théoriciens. Il nous connaît trop, et il connaît trop les dangers que nous courons.

«Chacun est tenté, étant attiré et amorcé par sa propre convoitise ; puis la convoitise, ayant conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé (par l’acte), produit la mort» (1:14-15). Le mal suit le mouvement du coeur jusqu’à son accomplissement dans l’acte. La convoitise n’existait pas dans le coeur d’Adam innocent. Le péché est venu du dehors, mais, depuis la chute, la convoitise est dans le coeur. Satan mène le monde. Les gens se croient indépendants, ils sont enchaînés. Comme disait un frère : «Il y a des péchés splendides, commis par l’élite humaine». Des gens se prêtent à toutes les bassesses pour se faire un nom dans la littérature, les arts, les affaires. Que le diable ne vous trompe pas ; il promet et ne donne rien. Si vous êtes convertis, vous pourriez vous réveiller à la fin de votre vie en constatant avec épouvante que vous avez perdu votre vie chrétienne. On la perd par miettes, un jour après l’autre, en faisant sa propre volonté. Satan veut vous soustraire à l’influence de la Parole de Dieu. L’enfer est pavé de bonnes intentions, dit-on ; il sera plein de personnes estimées, entourées des plus grands honneurs sur la terre. Aimer le monde, c’est être adultère (4:4). Des contacts avec ce monde sont nécessaires, mais que de fois nous les provoquons au lieu de les éviter et de rechercher la sécurité auprès de nos frères dont nous critiquons volontiers l’étroitesse.

Le Seigneur a dit : «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix chaque jour, et me suive» (Luc 9:23). Connaissez-vous des frères aussi «étroits» que le Seigneur ? Notre christianisme tend à devenir incolore, sans puissance. On en voit, au cours d’une vie, des personnes qui tiennent à distance des chrétiens humbles, sans culture et sans fortune, et qui se permettent des bassesses auprès du monde et des chrétiens mondains. C’est faire acception de personnes (Jacq. 2:1, 9) et transgresser la loi. Les élites, ce sont ceux qui font humblement leur chemin en s’appliquant à plaire au Seigneur. Quelle part de sa vie un chrétien a-t-il consacré à faire sa fortune ? «Nul ne peut servir deux maîtres» (Matt. 6:24) : c’est encore une parole du Seigneur, c’est la vérité de Dieu. Le christianisme facile est souvent le christianisme de l’ennemi.

«Que le frère de basse condition se glorifie dans son élévation, et le riche dans son abaissement» (1:9-10). Il y a nivellement : le pauvre est enrichi par la connaissance de Dieu et le riche est abaissé dans la mesure où il se rend compte que ses richesses ne sont rien. «Les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte. Et je regarde même aussi toutes choses comme étant une perte, à cause de l’excellence de la connaissance du christ Jésus, mon Seigneur, à cause duquel j’ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures» (Phil. 3:7-8). Est-ce que ces éléments mondains ne prennent pas de la puissance dans les assemblées de Dieu ? Est-ce qu’un frère riche est nécessairement plus utile dans l’assemblée de Dieu ? La richesse n’y est d’aucune puissance. Un frère disait que l’écriture considère la fortune dans ce monde comme un malheur. Ne poursuivons pas cette idolâtrie. «Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon» (Matt. 6:24). Qu’un frère riche ne laisse pas son argent intervenir pour troubler les assemblées des saints. Le christianisme n’est pas fait pour arracher les chrétiens à leur pauvreté. Le Seigneur n’a enrichi aucun pauvre, et Paul non plus. Que le Seigneur nous accorde d’être heureux dans la simplicité ! L’attrait des richesses est dangereux. Dans les Actes, «tous les croyants… avaient toutes choses communes» (2:44). Au siècle dernier, des chrétiens ont réalisé cela : ils ont renoncé à une haute position sociale et à la fortune, et ils ont servi les pauvres comme les riches.

«Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler, lent à la colère ; car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu» (Jacq. 1:19-20). «Qui est lent à la colère vaut mieux que l’homme fort, et qui gouverne son esprit vaut mieux que celui qui prend une ville» (Prov. 16:32). Il peut y avoir des occasions pour la colère. Il y a des actes, chez les chrétiens, devant lesquels l’absence d’indignation serait une infidélité : Jésus, «les ayant regardés à l’entour avec colère» (Marc 3:5), à cause de la perfidie des pharisiens. Mais «que le soleil ne se couche pas sur votre irritation» (Éph. 4:26), pour ne pas nourrir une colère qui deviendrait péché. Celui qui est indifférent à un mal grave aux yeux du Seigneur n’est pas fidèle. Souvent nous parlons trop, parfois pas assez, par souci de considération humaine, par égard pour un frère puissant et influent : on se tait et on laisse se consommer une injustice. Le Seigneur a su parler et il a su se taire. La crainte du Seigneur nous rend intelligents pour voir, et décidés pour agir. Un frère disait : «Un seul frère peut avoir raison contre toute une foule». Par peur, pour épargner le «moi», nous pouvons laisser pencher la balance du côté de l’injustice. Un frère, une soeur, est responsable de parler et d’agir, avec sagesse, en restant à sa place, et ne pas garder sur lui la douleur intolérable de n’avoir pas fait son devoir quand une situation l’exigeait. Quand Paul s’est trouvé devant Pierre qui s’égarait, mais qui aurait pu se prévaloir d’avoir été disciple du Seigneur, lui, le treizième, «un avorton» (1 Cor. 15:8), lui résista en face (Gal. 2:11). Si le Seigneur est honoré, il se chargera de mettre de l’ordre dans le plus grand désordre. Mais si nous épargnons les hommes, nous oublions les droits du Seigneur. Quel frère compte plus que le Seigneur, dans les assemblées ? Et pourtant nous avons à estimer très haut chacun de nos frères ; chacune de nos soeurs.

«Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles» (Jacq. 4:6). Personne ne peut séparer les orgueilleux des humbles, mais Dieu s’en charge. Un chrétien qui fait des progrès avec Dieu, Dieu le rend humble ; il ne donne pas cette grâce à des orgueilleux, mais il leur résiste. La vie chrétienne est un chemin heureux de petitesse, de dignité, de noblesse. Qui est le plus grand, le Pharaon ou Jacob ? Extérieurement, c’est le Pharaon ; moralement, c’est Jacob, et c’est lui qui bénit le Pharaon.

Qu’est-ce que la science pour Dieu ? Rien. «Le monde et tout ce qu’il contient, toi tu l’as fondé» (Ps. 89:11). Dieu ne cède pas devant les prétentions de l’esprit humain. L’homme ne connaît rien de l’essence des choses, il n’en connaît que les effets. Voici un exemple : la douleur. Le médecin pourra adoucir, et même dissiper la douleur ; mais personne ne peut dire ce qu’elle est, Dieu seul le sait. Satan se sert de la création pour amuser les hommes ; mais les savants, eux aussi, seront un jour jetés dans l’éternité ; la chute sera d’autant plus lamentable que l’orgueil de l’ascension aura été plus grand.

La loi royale (Jacq. 2:8), c’est celle de l’amour : «Tu aimeras ton prochain comme toi-même» (2:8). C’est la somme de toute la loi ; c’est un commandement noble, glorieux, élevé ; le chrétien aime parce qu’il est enfant de Dieu et parce que Dieu aime.

La «loi de la liberté», c’est l’obéissance. Les commandements de Dieu (1 Jean 5:3) ne sont pas pénibles pour le nouvel homme, mû par le Saint Esprit. Le Seigneur les donne au chrétien parce qu’il peut imiter son modèle : la vie de Jésus doit se reproduire dans la vie du chrétien. Le nouvel homme est toujours d’accord avec Dieu, à la fin d’une vie comme au commencement. Il ne convoite jamais. C’est le moi qui veut utiliser ses facultés pour lui-même et pour Satan. Si nous étions toujours dépendants, nous serions toujours libres. Notre volonté serait identique à celle de Dieu. Si nous le réalisions, nous n’aurions jamais besoin de frein. L’obéissance est la perfection.

Quand on entend dire : «J’ai toujours cru», on serait tenté de répondre : «Vous n’avez jamais cru». Ce n’est pas vrai, un croyant n’a pas toujours cru ; on joue sur le mot «croire». Accepter des vérités générales n’est pas la foi, et les refuser est de l’incrédulité, et même de la rébellion. Dans les milieux chrétiens, beaucoup de personnes ne rejettent pas les vérités chrétiennes ; ce n’est pas un critère de vraie foi. La vraie foi doit se montrer par les oeuvres ; on est justifié par les oeuvres de foi (2:24). Rien ne ressemble plus à une fleur de pommier qu’une fleur de pommier sauvage ; le fruit, lui, ne peut tromper. Abraham a offert son fils ; humainement, c’est un crime abominable ; Rahab a trahi sa ville ; humainement, c’est un acte répréhensible : tous deux dignes de mort. Par ces actes de foi, Abraham et Rahab ont surmonté les droits de la nature. La foi a montré sa supériorité sur ce qui est le plus légitime dans ce monde. Combien de fois faisons-nous passer les droits du Seigneur après ceux de la nature ! La vraie foi est inimitable. Aujourd’hui encore, on voit des âmes appelées à rompre de vieilles et heureuses amitiés chrétiennes, parce que le Seigneur, par l’Écriture ou tout autre moyen, a fait jaillir en elles un trait de lumière pour qu’elles suivent le chemin qu’il ouvre devant elles. Voilà la foi ! Mais ne nous considérons pas comme des êtres supérieurs. «Qu’est-ce que l’Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit,… et que tu marches humblement avec ton Dieu ?». Je ne te demande pas des milliers de béliers, des myriades de torrents d’huile, mais «que tu fasses ce qui est droit» (Michée 6:7-8).

 

3   La foi pratique — Jacques 1 et 5

 

[LC n° 144]

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 268

 

Jacques 1:2 déclare bienheureux les fidèles qui sont dans l’épreuve. Dans tous les temps la foi a été éprouvée. Nous avons tous des épreuves. Quelqu’un pouvait dire qu’une vie sans épreuve n’est pas une vie pour un chrétien. Nous avons tous une écharde qui freine notre vie. Les victoires de Dieu sont remportées par des gens qui n’ont point de force. Dieu donne la force à celui qui n’en a pas et qui n’a aucune prétention d’en avoir. Les tentations brisent peu à peu notre volonté. Nous avons tous notre bagage de misères que nous ne disons pas à tout le monde. Une vie d’affliction nous rejette sur Dieu. Si nous nous irritons ou nous décourageons, Dieu est parti de notre coeur ; s’il est là, notre premier mouvement est de crier à lui. Dieu est un Dieu pour les jours faciles et pour les jours difficiles.

Jacques 1:9-10 parle de l’attitude des frères les uns envers les autres. L’unité d’affection et de pensée ne sera produite que si nous avons la pensée de Dieu. Les conditions extérieures ne doivent influencer ni la vie spirituelle des saints, ni la marche de l’assemblée. Tous les saints se glorifient dans le Seigneur, non pas dans les circonstances extérieures. Le frère riche aura à rendre compte des privilèges qui lui ont été confiés. Le danger pour le frère pauvre est de jalouser le riche et pour le riche de mépriser le pauvre. Veillons à ce que ces questions ne viennent pas troubler l’assemblée. Le Seigneur s’est fait pauvre pour nous enrichir. Il a renoncé à sa gloire, à ses droits de Messie ; au lieu de les faire valoir, il a été retranché et il n’a rien eu. Il n’a reculé devant aucun abaissement. Mais le Seigneur peut se servir d’un riche comme Joseph d’Arimathée, même si celui-ci n’arrive pas à la hauteur d’un simple pêcheur comme Pierre.

Jacques 1:18-21 présente la Parole comme seule source de vie. Dieu seul donne la nouvelle nature, de sa propre volonté. Les évangélistes peuvent annoncer le salut, mais seul Dieu peut donner la vie. C’est par la volonté de Dieu que les enfants de chrétiens, placés au contact de la Parole de Dieu, naissent de nouveau. C’est la nouvelle naissance, et pas seulement une influence.

Jacques 1:27 invite les frères à manifester l’humilité et à se distinguer par l’abaissement et par la petitesse. «Le service religieux pur et sans tache… est… de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction». Vous voulez montrer que vous êtes humbles, que vous abolissez les différences sociales, montrez-le à l’égard d’un orphelin ou d’une veuve. Ils n’ont personne pour revendiquer leurs droits.

Jacques 5:11 présente la patience comme une vertu qui se manifeste dans la souffrance ; Job en est un exemple. C’était un homme pieux en danger de propre justice ; il ne s’est pas vu devant Dieu. Il n’était pas hypocrite ; dans la mesure où il se connaissait, il était droit, mais il ne se connaissait pas devant Dieu. Qu’il nous soit donné de vivre dans la présence de Dieu sans nous nourrir de nous-mêmes !

Jacques 5:16 : «Confessez donc vos fautes l’un à l’autre». Nous devrions pratiquer la confession mutuelle plus souvent. Si nous avons quelque chose sur le coeur et la conscience, nous devrions en parler à quelques frères au lieu de garder cette chose qui nous trouble et parfois trouble l’assemblée ; la vie d’assemblée dépend de ces soins de détails, car une assemblée est un corps vivant. «Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui» (1 Cor. 12:26).

Jacques 5:19-20 peut s’appliquer à un inconverti ou à un chrétien qui s’est égaré. S’il s’agit d’un frère, le devoir des autres croyants est de l’entourer. Le Seigneur n’est pas heureux de voir du mal dans la vie de quelqu’un et nous devrions être aussi malheureux que lui. Le chemin de l’amour, c’est le chemin de l’humilité. Nous avons faim, nous avons soif, nous sommes brisés par la vie, notre travail ne nous donne pas beaucoup de force : que le Seigneur nous aide à nous porter les uns les autres pour que les réunions soient heureuses, pour que l’assemblée soit un centre de grâce et de vérité. Qu’une âme venant là puisse dire en se prosternant : «Dieu est véritablement parmi vous» (1 Cor. 14:25).

 

4   La morale chrétienne — Jacques 1:2, 4, 9-10, 12-15, 19-27 ; 2:1-6, 14, 17, 19-21, 24-26 ; 3:1-2, 5-6, 9, 13-18 ; 4:6-7

 

[LC n° 145]

15 novembre 1970

 

Ceux qui disent, ceux qui pensent, ou ceux qui laissent penser, que, dans le christianisme, il n’y a pas de morale, pas d’éducation, le rejettent. On a, au début du christianisme, calomnié à ce sujet les croyants. Il se pourrait que, de nos jours, ce ne soit plus une calomnie. Jamais Dieu ne nous instruit, sans qu’il doive s’ensuivre des effets, dans la vie pratique. Toute vérité doit avoir un effet, un jour ou l’autre. Et ceci est bon à redire, de nos jours. Car il risque de monter une génération qui, au lieu d’être fidèle, sera remplie de prétentions.

Il y a une morale chrétienne. Dieu n’est pas près de changer de nature pour vous faire plaisir. Il ne vous supplie pas. Parfois, certains disent que Dieu supplient les hommes de venir à lui. Mais pas du tout ! C’est l’apôtre qui supplie (2 Cor. 5:20). Dieu garde sa majesté.

Voilà ; l’honneur du chrétien, c’est d’obéir. C’est son honneur ; et c’est son bonheur, et non pas de lever la tête. Mais notons bien que cette morale n’est que pour les croyants. Elle n’est pas pour un incrédule. Sinon, c’est se moquer de Dieu. Dieu dit à l’homme pécheur : «Tout est perdu, mon ami ! Mais si tu crois, tu as le ciel». C’est une moquerie vis-à-vis de Dieu, c’est une moquerie vis-à-vis des âmes, de leur faire croire qu’avec une bonne morale chrétienne, on est tiré d’affaire. C’est une moquerie. Il n’y a pas d’accoutumance, dans la vie chrétienne. Souvent, nous n’osons pas dire la vérité. Dieu ne fait pas comme nous. Peut-être est-ce parfois pour nous épargner ? C’est de Satan, cela !

Une tentation, c’est une épreuve (1:2, 3). Quand vous voyez un chrétien qui est là, et qui souffre, il est exhorté à demander au Seigneur de la passer avec patience. Il n’y a peut-être pas de manifestation de puissance plus grande que celle-là.

Jac. 2:1-6 : Il y a un nivellement divin. Que le Seigneur nous accorde, chers amis, de savoir que ce n’est pas sous le plus beau dehors chez le chrétien qu’existe la foi la plus puissante.

Que le Seigneur engage la jeunesse dans ce chemin où on est riche en foi ! L’apôtre Paul, qui avait de quoi se glorifier quant à ce monde, disait : «Je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ» (Phil. 3:8). Que le Seigneur engage la jeunesse dans ce chemin ! Il n’y a pas d’autres moyens de surmonter les tentations du monde.

La pénétrante épître de Jacques : «Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler» (1:19). Le contrôle de la langue est indispensable. Quelqu’un qui tient sa langue en bride, voilà une forme de puissance. Les victoires sont d’abord intérieures.

Il peut y avoir une sainte colère. Mais jamais, chez le Seigneur, il n’y a eu, dans ces moments de sainte colère, la moindre trace de haine. Il se peut qu’un frère ou une soeur, devant l’énormité d’une fraude, ait, de la part du Seigneur, une sainte colère.

«Rejetant toute saleté et tout débordement de malice» (1:21). Ceci est dit à des chrétiens. Notre coeur est une fontaine de péché. Ah, ce n’est pas bien du goût de tout le monde ! Le coeur naturel est une fontaine de péché. Et il est très bon que nous n’oubliions pas notre portrait. La Parole est le seul miroir qui soit vrai. Tous les autres sont déformants. Que nous ne soyons pas de ceux qui oublient ce que nous sommes. C’est un très grand point, pour la vie chrétienne.

Le Seigneur nous encouragera, si nous marchons avec lui. Et quand il nous approuve, nous le savons très bien. Lorsqu’il ne nous approuve pas, nous le savons très bien. Et il pourra nous le dire aussi par d’autres.

v. 27 : «Le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci : de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, de se conserver pur du monde». Celui qui aime le monde n’est pas en état d’accomplir un service religieux. Et on peut être mondain de bien des manières.

2:1-6 : Les pauvres ont besoin du Seigneur plus que les autres. La fortune ne nous pousse jamais vers le Seigneur. Tandis que le pauvre, lui, a besoin de tout. Qui est-ce qui éclaire notre jugement ? C’est le Saint Esprit. Un chrétien qui vit avec le Seigneur a un jugement plus vrai. Il est de toute importance que le Seigneur garde des croyants spirituels, dans les assemblées. Sinon, elles vont au gré des vents. Encore une fois, c’est la valeur spirituelle qui a de l’importance, dans l’assemblée. Si un frère est pauvre, mais pieux, il pourra être plus utile, dans l’assemblée, qu’un frère riche, à moins qu’il soit pieux lui aussi.

Un mot sur l’authenticité de la conversion. Qui resterait, si le Seigneur venait ? Il n’y a pas de situation intermédiaire. C’est la vie ou la mort. Si on a la vie, on part ; sinon, on reste. Il faut la foi personnelle. Il ne s’agit pas de dire qu’on est fils de frère, et petit-fils de frère. La foi n’est pas une foi de tête. Le Seigneur n’en tient pas compte du tout. On pourra prendre la cène toute une vie durant, et être dehors ! Il faut que nous voyions les choses en face.

2:21-26 : Abraham avait fait le geste. C’est comme s’il avait sacrifié son fils. Rahab, pareillement, a agi avec foi.

La Parole n’est pas de l’histoire. Rahab, si elle avait pesé les circonstances, si elle avait pesé le pour et le contre, n’aurait jamais fait ce qu’elle a fait. Abraham, s’il avait pesé les circonstances, pesé le pour et le contre, n’aurait jamais fait ce qu’il a fait ; non. Il faut que nous voyions les choses en face.

Le christianisme, c’est Dieu dans un homme ; Dieu pour le ciel, et Dieu pour la terre. Enfin, je termine. Est-ce que nous encourageons la jeunesse à faire des expériences avec le Seigneur ? Sommes-nous exercés pour cela ? Que le Seigneur parle aux jeunes ! Nous avons toujours nos petites idées à nous. Et le malheur, c’est que le Seigneur en est exclu. Que le Seigneur visite chacun des jeunes. C’est la façon dont Christ est dans un coeur qui en fait la valeur.

Ensuite, il y a la langue. Nous avons tous besoin que la Parole nous dise ce qu’elle a à nous dire, à ce sujet. C’est comme pour une horloge : les aiguilles marquent l’heure, manifestant ainsi ce qu’il y a à l’intérieur. La langue trahit ce qu’il y a dans le coeur.

Il y a un temps pour parler, et il y a un temps pour se taire (Ecc. 3:7). La seule règle, c’est la crainte du Seigneur. En tous les cas, la médisance et la calomnie sont condamnées, à tous égards. Il faut savoir rester à notre place, et à chaque fois dépendre du Seigneur, pour savoir parler ou savoir nous taire. Et, si nous devons parler, il nous dira ce qu’il faudra dire.

3:8 : La langue est «un mal désordonné, plein d’un venin mortel». Il n’y a peut-être rien de plus dangereux qu’un mal, quand il est caché. Nous avons à veiller à ne pas nous complaire à chercher à découvrir les défaillances des autres, pour leur nuire. Si nous sommes occupés du Seigneur, étant occupés du bien, nous serons délivrés de cette tendance à parler de la faute des autres.

Lorsque tout est fini et restauré, nous sommes heureux de tirer le voile sur tout le mal. Il faut être occupé habituellement du bien, pour pouvoir s’occuper du mal. Le sacrificateur se tient dans le sanctuaire, pour pouvoir s’occuper d’une plaie. La sagesse divine est sans partialité. On n’agit pas de telle ou telle manière pour quelqu’un. Le sacrificateur s’occupait du mal de la part de Dieu, et non pas pour quelqu’un.

Tant que nous n’avons pas le Seigneur avec nous, restons tranquilles ! Ne soyons pas prompts à parler du mal. Le contact du mal souille. Et nous avons à nous sanctifier.

L’Assemblée est colonne et soutien de la vérité (1 Tim. 3:15). Dans l’assemblée, nous devrions voir des gens qui se tiennent devant Dieu. Ils ont des manquements, sans doute. Mais ils s’occupent de leurs manquements devant Dieu.

Nous ne pouvons pas nous passer du Seigneur. L’organisation est une insulte au Seigneur. Des chrétiens fidèles n’ont pas besoin d’organisation. S’ils s’attendent à lui, ils auront plus que ce qu’ils désirent. Montrons-lui qu’il nous est très cher, que nous ne pouvons pas vivre sans lui. Un ancien chrétien disait qu’il avait été frappé de deux choses : premièrement, que ce qui frappe les gens du monde, c’est de dire qu’on est sûr d’aller au ciel ; et deuxièmement, qu’on est heureux sur la terre.

Chers frères et soeurs, si nous connaissions tout ce que le Seigneur a mis entre nos mains, notre vie changerait du tout au tout, ce soir même. Que le Seigneur veuille nous bénir, de telle sorte que, s’il venait ce soir, pas un seul ne resterait ici-bas, mais que nous partirions tous vers lui ! Nous ne désirons pas autre chose que sa venue.

 

5   Les oeuvres de la foi — Jacques 1:2-8, 12-18  ; 2:14-26

 

[LC n° 146]

29 février 1948

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 262

 

Le mot tentation a deux sens : le premier sens (Jacq. 1:2) est celui d’une épreuve purement extérieure destinée à manifester ce qu’on est, où on en est. Dans ce sens-là, la tentation ne suppose pas le mal chez celui qui est tenté. Jésus a été tenté ; sa perfection devait être mise à l’épreuve. Quand Adam a été tenté en Éden, il n’y avait pas de mal en lui, il était innocent.

Le second sens (1:13) suppose le mal ; celui qui est tenté est sous la puissance de Satan qui amorce son coeur. Ce n’est pas Dieu qui tente, il ne peut être une source de mal ; il ne tente personne. Lorsqu’un homme est tenté, la source du mal est en lui, elle est tout intérieure. C’est pourquoi, dans la prière dominicale, il est dit : «Ne nous induis pas en tentation» (Matt. 6:13), c’est-à-dire : notre Père, nous te supplions — car nous connaissons ce que nous sommes, nous connaissons notre misère, notre capacité de pécher — nous te supplions de ne pas nous laisser aller à ce que nous sommes intérieurement, de ne pas nous laisser le manifester au-dehors.

Dans le premier sens donc, la tentation est une épreuve extérieure par laquelle l’état de notre âme est manifesté. Dans le second sens, le coeur est amorcé ; il y a péché. Or le péché ne vient pas de Dieu, mais de notre coeur, amorcé par la convoitise. Paul, lui, appelle «péché» la source, et Jacques sa manifestation. Paul va jusqu’à la racine des choses, Jacques s’en tient au fruit.

Lorsque nous sommes tentés, il n’y a pas d’excuses devant Dieu. Nous sommes tentés par notre convoitise intérieure. On peut même dire que notre vie entière est une épreuve, d’un bout à l’autre. Comme en Deutéronome 8, le but de Dieu est de manifester au-dehors ce qui est au-dedans de nous, pour que nous le jugions et l’abandonnions.

Dans le chapitre 2, Jacques cherche les preuves extérieures de la foi. «Si quelqu’un dit qu’il a la foi…» (v. 14). Est-ce vrai, est-ce faux ? Il n’est pas toujours facile de le discerner. Si nous étions en très bon état, nous n’aurions pas d’hésitation ; le Saint Esprit agirait en nous avec assez de puissance pour nous faire discerner la vérité. Mais l’erreur est facile. Un homme qui dit : Je crois que Jésus est le Fils de Dieu, je crois qu’il est mort sur la croix, je crois ce que la Parole de Dieu dit, est-ce un chrétien pour autant ? Absolument pas. Il y a une contre-épreuve à cette déclaration. Jacques nous dit : Voilà ce qu’un homme dit ; eh bien ! regardons ce qu’il fait. Le Seigneur disait : «Vous les reconnaîtrez à leurs fruits» (Matt. 7:16, 20). C’est d’autant plus important aujourd’hui, que le corps du témoignage a vieilli. Plus une forme de témoignage vieillit, plus le danger de substituer l’apparence à la réalité va croissant : on hérite des attitudes, on hérite des déclarations, et on n’hérite pas la foi.

Jacques prend place dans la période transitoire du judaïsme finissant et d’un christianisme naissant qui n’avait pas rompu avec le judaïsme. Il parle de la synagogue et de l’assemblée tout à la fois ; il précède l’épître aux Hébreux. Avant qu’il soit dit à tous ces chrétiens juifs : «Sortez hors du camp» (Héb. 13:13), Jacques parle aux chrétiens comme étant liés aux Juifs. La rupture entre l’Assemblée et le judaïsme a été consommée par la destruction de Jérusalem ; les apôtres ont eu du mal à rompre les racines juives chez les chrétiens. Du temps de Jacques, il y avait des Juifs professants et, à côté d’eux, de vrais chrétiens attachés encore au judaïsme. Les Juifs étaient attachés aux formes religieuses et à ce qui flattait la chair, à l’argent par exemple. C’est pourquoi l’enseignement de Jacques est pratique : il cherche la réalité de la vie divine dans ses fruits, dans les faits, dans les actes, et non dans l’attitude seulement. C’est important de le faire en face des masses de professants du vingtième siècle. Si quelqu’un dit qu’il a la foi, qu’il montre ses oeuvres !

Paul montre comment un pécheur peut être présenté devant un Dieu juste. Il dit : «Vous êtes sauvés par la grâce, par la foi» (Éph. 2:8). Jacques dit à ceux qui ont la prétention d’avoir la foi : Abraham a eu la foi, il a cru Dieu, cela lui a été compté à justice, mais il a donné la preuve extérieure de sa foi. Les deux exemples de foi donnés par Jacques, Abraham et Rahab, illustrent cette parole de l’apôtre Paul : «Si quelqu’un parmi vous a l’air d’être sage dans ce siècle, qu’il devienne fou, afin de devenir sage» (1 Cor. 3:18). Abraham et Rahab agissent tous les deux comme des insensés pour le monde. Si un chrétien veut montrer qu’il a la vie, dans la mesure de sa fidélité, il vivra dans ce monde comme un fou. De nos jours, si nous entendons dire : j’ai la foi, nous répondons : montrez-nous votre foi par vos oeuvres. Si nous faisons bon marché des moyens de contrôle que Dieu nous a donnés, nous ne faisons pas notre devoir. Nous risquons de reconnaître la foi à des hommes qui ne l’ont pas et qui la recherchent.

Comment l’histoire écrite par les hommes qualifie-t-elle le geste d’Abraham ? Dans toute l’histoire de l’humanité, les parents cherchent à assurer à leurs enfants la meilleure place possible sur la terre — et si possible dans le ciel — le moins de peine, le moins de souffrance, le moins d’opprobre possible. Les parents ont eu du mal ; ils veulent, à tort ou à raison, que les enfants en aient moins. On voit cela aussi bien chez les inconvertis que chez les chrétiens. Abraham a montré sa foi. Lorsque Dieu lui a dit : «Prends ton fils… va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste» (Gen. 22:2), il a pris le couteau et le bois ; et il est monté à Morija, ayant accepté le sacrifice dans son for intérieur. Où est l’Abraham d’aujourd’hui ? D’autant plus que Dieu avait dit à Abraham : «En Isaac te sera appelée une semence» (Gen. 21:12). Toutes ses espérances reposaient sur Isaac. Il aurait pu dire : Dieu est inconséquent, il m’a dit que j’avais une espérance et il me la ravit. Voilà où la foi l’a conduit, à un geste insensé. Au lieu de dire : j’ai la foi, et de concilier au mieux ses intérêts avec la déclaration de sa foi, il a montré sa foi d’une façon qui parle encore à travers les siècles : il a offert son fils. Si quelqu’un dit : j’ai la foi, qu’il montre ses oeuvres, comme Abraham. Incontestablement, Dieu nous met à l’épreuve dans notre petite mesure, et nous aurons à résoudre une question du même ordre une fois ou l’autre.

Dans l’histoire de l’Église, on trouverait bien des personnes qui ont rompu avec tous leurs amis pour suivre le Seigneur. Ce n’est pas la foi si on marche par la vue et si on sait qu’une perte dans un sens sera compensée par dix gains dans l’autre. Abraham a consenti à tout perdre : voilà la valeur de son acte de foi ! On connaît des chrétiens qui ont tout laissé pour suivre le Seigneur, sans espoir de compensation, sinon leur acte perdait toute sa valeur. Si on sait qu’on perd tout, alors on dit : tu es mon Dieu ; je ne sais comment tu agiras, mais ce n’est pas mon affaire ; mon affaire, c’est d’obéir ; tu m’ouvres un chemin, j’obéis, je pars. Voilà la foi !

Abraham avait déjà été mis à l’épreuve auparavant : «Va-t’en de ton pays, et de ta parenté» (Gen. 12:1). D’autres ont fait cela. La foi est la même dans tous les temps. Quelle beauté ! Qu’est-ce qui glorifie Dieu ? Qu’on compte sur lui. Quand ? Quand on marche en quelque sorte sur l’eau, sans appui sur rien ni personne. Que le Seigneur nous donne à tous de suivre l’exemple d’Abraham, dans le secret ! Abraham ne savait pas que, quarante siècles plus tard, on parlerait de ce qu’il avait fait au mont Morija. «Il a été appelé ami de Dieu» (Jacq. 2:23), «Abraham mon ami» (És. 41:8).

Le second exemple, Rahab, n’est pas brillant non plus aux yeux des hommes. Elle avait tout contre elle. Elle n’avait aucune qualité pour recevoir la bénédiction, mais toutes les qualités pour être soumise au jugement de Dieu. Quand elle entend parler du peuple d’Israël qui s’avance, au lieu de partager les sentiments de son propre peuple, elle a la pensée de Dieu par la foi. Israël n’avait remporté aucune victoire ; Jéricho était bien plantée, abritée derrière ses murailles qui montaient jusqu’aux cieux. Avec son seul bon sens, Rahab devait dire : voilà un peuple qui n’est pas dangereux, il ne pourra jamais entrer dans ma ville. Mais Rahab voit le peuple de Dieu revêtu de gloire et de puissance, avant que Dieu ne l’ait montré de façon éclatante à la vue des hommes. Et alors, elle trahit son peuple. Si l’acte d’Abraham était répréhensible selon la morale humaine, celui de Rahab est répréhensible selon les lois sociales des hommes. Et Rahab est entrée dans la généalogie du Seigneur.

  Que le Seigneur nous donne de peser ces choses !

 

6   Désirer ardemment — Jacques 4:2 ; 1 Pierre 2:2-3 ; 1 Corinthiens 12:31, 14:1, 39 ; 1 Timothée 3:1 ; Psaumes 84:2 ; Philippiens 1:23 ; 2 Corinthiens 5:2 ; Luc 22:15

 

[LC n° 147]

5 août 1962

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 286

 

«Vous convoitez, et vous n’avez pas ; vous tuez et vous avez d’ardents désirs, et vous ne pouvez obtenir» (Jacq. 4:2). Les désirs de nos coeurs naturels sont ceux de la vieille nature que nous avons tant de peine à considérer comme morte, du vieil homme qui a été crucifié avec Christ. Cette vieille nature est la source de toutes les guerres, entre des frères, dans une famille, au sein d’une assemblée. Elle nous conduit, dans l’exercice même de la prière, à demander mal, non pas pour le développement de notre vie spirituelle, mais pour satisfaire les désirs du coeur naturel. Ainsi, des bénédictions spirituelles nous échappent, parce que notre nouvelle nature n’est pas en activité : «Vous n’avez pas, parce que vous ne demandez pas» (4:2). La vieille nature a d’ardents désirs, posséder des biens matériels ou jouir d’une certaine autorité, par exemple. Ces désirs ne devraient pas exister chez le croyant ; ce sont ceux de la chair. Que Dieu nous en garde et que nous sachions leur imposer silence.

«Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel» (1 Pierre 2:2). Rejetant les produits de la vieille nature, qui sont un obstacle au développement spirituel, nous pourrons croître et prospérer spirituellement. Le pur lait intellectuel est, dans ce passage, la nourriture qui convient à tous les stades du développement du croyant ; en revanche, en 1 Cor. 3:1-2 et en Héb. 5:12-14, il est la nourriture des petits enfants en contraste avec la nourriture solide, avec la viande, qui convient à des croyants déjà avancés dans la vie chrétienne. Le pur lait intellectuel que nous sommes exhortés à désirer ardemment, c’est la Parole qui nous présente Christ, nourriture excellente sans laquelle il n’y a pas de développement spirituel possible. Cette nourriture doit rester pure, non frelatée, non mélangée avec les pensées naturelles de l’homme. Le ministère doit dispenser cette nourriture qui vient de Dieu, qui est le travail de l’Esprit de Dieu, qui est en accord avec la Parole de Dieu. Est-ce que notre coeur brûle du désir de s’emparer de cette nourriture ? Ou bien se nourrit-il de lectures sans utilité pour la vie spirituelle ? Plus un croyant vit près du Seigneur, plus il sera nourri de la nourriture excellente dont il a besoin.

«Si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon» (1 Pierre 2:3). Voilà pourquoi nous avons si peu cet ardent désir. Nous savons si peu apprécier la fidèle bonté du Seigneur dans toutes les étapes du chemin, dans les jours de joie comme dans les jours de peine. Formant une maison spirituelle, une sainte sacrificature (1 Pierre 2:5), nous pouvons alors nous approcher de Christ comme d’une pierre vivante pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par lui. Nous serons des adorateurs dans la mesure où nous avons désiré ardemment le pur lait intellectuel. Si nous n’avons pas été chaque jour aux pieds du Seigneur, nous viendrons devant lui avec des corbeilles vides le dimanche. Toutes les réunions d’assemblée ont un caractère collectif ; c’est donc l’assemblée toute entière qui adore.

«Désirez avec ardeur les dons de grâce plus grands» (1 Cor. 12:31). «Désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout de prophétiser» (1 Cor. 14:1). «Désirez avec ardeur de prophétiser» (1 Cor. 14:39). Les instruments que Dieu emploie sont précieux à leur place, mais le secret de la bénédiction dans une assemblée, c’est l’exercice profond de tous les frères, de toutes les soeurs, pour la prospérité spirituelle de l’assemblée, et non pas l’exercice même des dons, si éminents soient-ils. Prophétiser, c’est mettre les âmes en rapport avec Dieu, par la Parole, au moment du besoin. Quelquefois, cinq paroles peuvent suffire pour faire du bien à tous. Désirons-nous ce don avec ardeur, ou manifestons-nous une paresse coupable en laissant la charge aux autres ? Le manque d’un exercice secret avec le Seigneur est la cause de beaucoup de faiblesse. La vie individuelle d’abord, ensuite seulement il peut y avoir accroissement dans l’assemblée.

«Si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une oeuvre bonne» (1 Tim. 3:1). Voilà un désir qui devrait être dans le coeur de quelques frères dans l’assemblée, par amour pour les saints et pour l’assemblée, pour servir les saints et l’assemblée. La charge de l’ancien se rapproche de beaucoup du ministère pastoral, mais le surveillant connaît les circonstances et les besoins personnels, il connaît les brebis du troupeau. Il discerne aussi ce qui peut nuire au bon ordre : il pressent le danger ; il doit avertir, retenir. Mais il lui faut des qualités morales, une autorité morale. Que de maux dont on aurait pu être préservé s’il y avait eu, en temps opportun, l’intervention d’un ancien !

«Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel» (Ps. 84:2). Une âme, en route pour la maison, en savoure déjà les félicités. Le pèlerin fait l’expérience de celui qui pouvait dire : «Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête» (Matt. 8:20). Cette âme n’a qu’un but en traversant la terre : «Tes autels». Cette âme ne s’attache à rien d’autre ici-bas qu’à la personne dont la Sulamithe pouvait dire : «Toute sa personne est désirable» (Cant. 5:16).

«Ayant le désir de déloger et d’être avec Christ» (Phil. 1:23) ; c’est le désir de l’apôtre Paul. Pourtant, il était prêt à rester, à lutter encore, si cela était avantageux pour les Philippiens. Mais son désir ardent était d’être avec Christ.

«Désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel» (2 Cor. 5:2). Dans le corps, qui est souvent une entrave au développement spirituel, nous gémissons, étant chargés. Ce corps n’est pas à la mesure de la vie divine qui est en lui. Bientôt, nous allons prendre possession de la «maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux» (2 Cor. 5:1).

«J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous» (Luc 22:15). Devant le désir si fortement exprimé par le Seigneur, pouvons-nous dire : «le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir» (És. 26:8) ?

Que Dieu produise lui-même en nous ces saints désirs pour la paix de nos âmes, pour notre enrichissement spirituel, pour une vie individuelle plus nourrie de Christ, plus vraie, et aussi pour la prospérité de l’assemblée !