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Méditations sur la Parole de Dieu

 

2 Timothée

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1      Les ressources du chrétien — Quelques pensées sur la deuxième épître à Timothée

2      Les exhortations pour les temps de la fin — 2 Timothée 1:1-2, 8 ; 2:3-7, 14-26 ; 3:1-5, 16 ; 4:1-10, 14

3      La présence du Saint Esprit — Matthieu 18:19 ; 2 Timothée 1:7, 13 ; 2:14 ; 3:14 ; Apocalypse 3:7-13

4      La vie chrétienne dans un temps de ruine — 2 Timothée 1:7 ; 2:1-7, 24 ; 3:1, 6, 12, 15 ; 4:1-4, 7-10, 18-22

5      Esprit de puissance, et d’amour et de conseil — 2 Timothée 1:7,14 ; 3:1-5

6      Le bon dépôt — 2 Timothée 1:14-15 ; 2:19-22 ; 4:3-8

7        L’assemblée et la vérité divine — 1 Timothée 3:14-16 ; 2 Timothée 2:1-2, 14-16, 19, 21-26 ; 3:1-2, 16-17 ; 4:2-5, 18

8      Les directions de la Parole divine — 1 Timothée 3:14-15 ; 6:3-6 ; 2 Timothée 2:15, 19-21 ; 3:1-5, 14 ; 4:3-4, 6-8

9      Le corps, l’épouse, la maison — Éphésiens 1:20-23 ; 2:19-22 ; 3:4-6, 9-12, 20-21 ; 5:25-27, 29-30, 32 ; 1 Corinthiens 3:10-17 ; 12:13, 27 ; 2 Timothée 2:19-22

10        Communion et séparation — 2 Timothée 2:19-24

11        L’expérience du désert — Exode 15:21-25 ; Deutéronome 8:2-6 ; Psaumes 30:3, 5-7, 10-12 ; Philippiens 4:12-13 ; 2 Timothée 4:7, 16, 18

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   Les ressources du chrétien — Quelques pensées sur la deuxième épître à Timothée

 

[LC n° 127]

26 octobre 1952

 

Nous manquons de capacité — nous le sentons — pour apprécier la valeur et la place qu’occupe, dans les Écritures, chaque livre. Nous pouvons être humiliés en sentant combien l’inexprimable profondeur de perfection des Écritures nous échappe. C’est un sujet d’étonnement et d’admiration, spirituellement parlant, que, plus nous lisons l’Écriture (et nous en avons lu un verset qui, entre autres, nous invite à le faire, puisqu’il nous dit que «toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner» — 3:16), plus ses profondeurs, ses beautés, se développent devant nous ; plus nous sentons aussi que nous ne sommes qu’à la surface, nous ne restons qu’à la surface, de cette révélation de Dieu. Il y a, dans l’Écriture, infiniment plus de choses que nous ne le pensons. Et je dis et répète, en passant, ce qu’on a dit quelquefois ici, c’est qu’en particulier, un des traits de la Révélation, c’est qu’elle contient en elle-même, dans une indissoluble perfection, d’avance, la réponse à toutes les attaques dont elle a été l’objet, et dont elle peut être l’objet. Elle est parfaite. Elle est parfaite comme Dieu lui-même, comme Lui. À certains égards, on peut l’identifier avec Dieu, parce qu’un passage au moins nous autorise à penser ainsi. Nous aurons à rendre compte à Dieu, sans aucun doute — et nous pouvons déjà nous humilier à cet égard, nous les croyants, les plus pieux, quels qu’ils soient, en dehors sans doute d’un apôtre et de ceux qui ont été des hommes de Dieu — de ceci — à quoi nous ne pensons peut-être pas, ou pas assez — c’est que nous n’aurons pas honoré et aimé la Parole de Dieu comme elle était digne de l’être. Nous aurons souvent pensé et réalisé que c’était un livre qui se lisait comme les autres et dont, comme pour les autres, il suffisait de l’avoir lu, parcouru, d’en savoir extérieurement le contenu, pour l’avoir vraiment reçu. Ce n’est pas vrai. La Parole de Dieu est un tout, et chaque verset — si on peut parler de versets; il faut bien parler ainsi ; la division du texte n’est pas inspirée, comme chacun le sait, mais elle est commode — se rattachant à d’autres, fait allusion à d’autres éléments de la vérité, pour laquelle il faudrait l’oeil de Dieu lui-même, si nous voulions discerner ce lien de l’Écriture qui est un tout, et un tout vivant. Elle a lassé tous les efforts de l’analyse, dans tous les siècles. Combien d’hommes — chrétiens ou non — se sont attelés à l’étude de ce livre, pour le lire comme ils l’ont fait pour d’autres livres. Ce n’est pas la méthode à suivre. Pour lire l’Écriture, et c’est aussi une leçon que nous avons ici et qu’elle nous donne, il n’y a qu’un chemin. Il n’y a qu’un chemin pour entrer dans cet infini, dans ce royaume infini de la révélation de Dieu, infini comme Dieu lui-même.

Nous n’avons qu’une ressource, absolument qu’une et une seule — n’en cherchons pas d’autres. Et plus nous sommes exercés dans la lecture de la Parole, plus nous le sentons ; moins nous sommes exercés, moins nous le sentons. Le seul chemin, la seule ressource, la seule voie, pour entrer avec profit dans l’examen de ces révélations, illimitées dans leur profondeur et dans leur étendue, c’est le secours de l’Esprit Saint. Je dis cela en passant, d’abord et simplement comme sentant — chacun de nous le sent — que, lorsque le Saint Esprit, dans nos lectures personnelles, n’est pas là, agissant en nous pour nous ouvrir les pages du Saint Livre, le Livre est fermé, pour nos âmes. C’est un livre fermé. Un chapitre lu plus ou moins sans le secours de l’Esprit de Dieu, c’est un chapitre dont la lecture est perdue, pour le moment. La mémoire peut en avoir retenu quelque chose et, à un autre moment, le Saint Esprit peut faire ce travail qu’il ne pouvait pas faire à ce moment-là. Et c’est pourquoi on ne peut que recommander la lecture de la Parole de Dieu, même pour un inconverti ; nous l’avons dit ici. C’est aussi bien pour des enfants inconvertis, comme nous l’avons lu tout à l’heure : «tu connais les saintes lettres dès l’enfance» (3:15). Cela ne veut pas dire que Timothée était converti dès l’enfance ; mais cela indique que, si l’esprit d’un enfant ou d’un jeune homme, sa mémoire, sont meublés par les Saintes Lettres, c’est une bonne chose. Comme nous l’avons dit ici, je crois, c’est une chose analogue à un feu qu’on prépare, qu’on dresse et qui est tout prêt pour brûler. Il y a tous les éléments, les matériaux ; et, à un moment donné, on met le feu à cet ensemble. Tout était prêt. De même, le Saint Esprit se sert très souvent des matériaux accumulés, retenus par la mémoire sans qu’il y ait une oeuvre de vivification, aucunement ; et, à un moment donné, chez un enfant, chez un jeune homme, plus rarement chez un adulte ou un vieillard, le Saint Esprit se sert de cet ensemble qui est prêt, pour accomplir un travail de vivification. «La foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la Parole de Dieu» (Rom. 10:17).

Cela n’empêche pas que, si nous voulons présentement faire des progrès dans la Parole de Dieu, nous n’avons qu’une ressource. Celle-ci n’est pas dans notre propre esprit, fût-il aussi puissant qu’on puisse le désirer, et tout à fait armé pour pénétrer les vérités humaines. Car le monde des pensées de Dieu est un monde qui est fermé à l’homme naturel, que la Parole appelle, sans dureté mais avec vérité (car elle est la vérité), fût-il intelligent et cultivé, «l’homme animal». Quand le Saint Esprit ne dirige pas nos propres esprits dans la Parole de Dieu, nous n’avons aucune puissance, aucun secours. La vie divine que possèdent les vrais chrétiens est une vie dépendante, ce que nous ne devons jamais oublier. Nous nous réclamons de cette vie divine que nous avons, vie éternelle ; mais elle est dans l’homme une vie dépendante, et la puissance de cette vie, c’est le Saint Esprit. Ceci, nous l’oublions, pratiquement.

Nous trouvons, au chapitre 2 de la première épître aux Corinthiens, un passage remarquable quant à la place, au rôle, à l’action, du Saint Esprit. Il indique que les choses de Dieu sont révélées par le Saint Esprit, s’enseignent et se reçoivent par lui. Ceci est d’une extrême importance. Parmi nous, Dieu a maintenu ce sentiment. Mais, du jour où nous glisserions de ce terrain sur le terrain de l’activité de l’esprit humain, nous serions alors livrés à tous les errements de nos propres esprits à propos des choses de Dieu ; et nous savons ce que cela a donné, dans la chrétienté !

Ainsi, pour qu’il y ait progrès dans la connaissance des pensées de Dieu, il faut l’action pratique du Saint Esprit en nous. Et ceci se lie à un autre point : c’est que le Saint Esprit n’agit en nous que suivant notre état moral du moment, chose que nous oublions aussi très souvent. De sorte que la condition de nos progrès dans les choses de Dieu est liée à notre propre état moral du moment. Comprenons bien : Dieu se doit à Lui-même de ne pas révéler sa pensée à un de ses enfants dont Il sait d’avance qu’il entendra bien un ordre, mais qu’il fera le contraire. Dieu livre son secret à ceux qui veulent lui obéir ; voilà pourquoi l’état moral du moment est important. Si nous sommes dans un bon état moral, le coeur est docile, ne demande qu’à obéir. Alors le Saint Esprit prend de ce qui est de Christ, et en enrichit l’âme. La Parole devient «la parole implantée» (Jacq. 1:21). Un père ne va pas ouvrir son coeur et dire ses secrets à son enfant, s’il sait que son enfant se dépêchera de lui désobéir. Nous ne pouvons pas supposer que Dieu ait moins le souci de sa propre gloire et moins le désir du bien de son propre enfant, qu’un père selon la chair. Ce sont des vérités universelles.

Alors, si nous voulons jouir de la Parole, entrer dans les pensées de Dieu, y trouver Dieu Lui-même, le Seigneur, veillons à notre état moral. La Parole elle-même nous aide à entretenir cet état. Si nous sommes tombés dans un mauvais état, il faut prier, confesser le manquement. Lequel d’entre nous n’a pas, un jour ou l’autre, une fois ou l’autre (et cela dépend de notre vie quotidienne), ouvert la Parole et dit : Je n’ai rien trouvé ; c’est sec ; je me suis promené sur un terrain sec ! Est-ce que la Parole de Dieu n’est plus bonne ? La Parole de Dieu n’est-elle plus le pain de Dieu ? Mais où est la cause de cette sécheresse ? Elle est en moi, et non pas dans l’Écriture. Il y a quelque chose en moi qui ne va pas. Quand quelque chose en moi ne va pas, je vais le dire à Dieu. Le premier point est là ; et c’est ce que la Parole appelle la droiture. L’âme se met en rapport avec Dieu ; elle est droite. Elle va à Dieu d’abord, et elle ne dit pas qu’elle est en bon état quand elle n’y est pas. Job dit (33:23) : «S’il y a pour lui un messager… pour montrer à l’homme ce qui, pour lui, est la droiture».

Nous parlons de la droiture devant les hommes, mais c’est d’un second ordre, cela ! Bien entendu, si nous ne sommes pas droits devant les hommes, nous ne le sommes pas, par ce fait même, devant Dieu. Nous avons à être droits devant Dieu d’abord. Et cela consiste à ouvrir notre coeur devant Dieu, à lui dire, quand quelque chose ne va pas : Je te l’apporte. Nous avions ce verset, hier, sur notre calendrier : «Si nous confessons nos péchés, Il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité» (1 Jean 1:9). C’est le pardon gouvernemental, pratique.

C’est la droiture. La droiture entraîne la confession ; on est d’accord avec Dieu. Alors il n’y a plus d’interdit, et le Saint Esprit, au lieu de nous reprendre, comme il le fait autrement, nous occupe positivement des choses de Dieu. Si nous faisions cela fidèlement, nous serions toujours heureux ; nous boirions sans relâche à la source de Dieu et de la vérité. Nous serions toujours nourris des choses divines, et nous y trouverions nos délices. Mais c’est difficile ! Et nous trouvons, justement dans notre lecture, un exemple de ceci.

Ce que nous venons de dire est très important, tous les jours de la semaine, pour le jeune chrétien comme pour le vieillard, tout pareillement. Et la piété se montre en cela, dans le souci que nous avons d’être tout à fait d’accord avec Dieu et de sentir si, en quelque chose, Dieu n’est pas d’accord avec nous. Que Dieu nous aide à nous mettre toujours d’accord avec Lui. Comme disait un serviteur du Seigneur : «Lorsque je vais voir un médecin, il ne sait pas toujours me dire pourquoi je suis malade, souvent pas. Mais si je consulte le Seigneur, il y a une cause ; et la cause n’est jamais du côté de Dieu. J’ai peut-être été léger, ou j’ai eu une mauvaise pensée ; j’ai peut-être quelque chose à voir dans mes voies, dans mes pensées, dans mes paroles. Dieu entend tout ; Dieu sait tout ; et Il retient ainsi la joie et la sainte liberté de la communion». La vie chrétienne est une vie de détails, nous l’avons souvent dit. Comme on a vite fait de se laisser emporter ! C’est vite fait ! Comme on peut commencer le matin heureux, et finir mal le soir ! Comme on peut commencer une heure avec le Seigneur, et l’achever loin de lui ! Comment avons-nous marché, pendant la semaine qui vient de finir ? Que chacun le dise au Seigneur.

Dans le ciel, Christ remplira notre coeur. La puissance du Saint Esprit ne se relâchera jamais. La plus grande partie de sa force est aujourd’hui employée à nous aider à tenir en échec tout ce qui est contre nous : notre chair, le monde, tout ce qui veut prendre notre âme et l’emporter. Le Saint Esprit est là pour nous aider à lutter ; mais, alors, toute sa force sera employée à nous faire jouir, éternellement, des joies divines.

Avons-nous été heureux dans la semaine, chers amis ? Oh, il ne s’agit pas de le dire pour s’en vanter ! Mais, est-ce que c’est vrai ? Avons-nous passé la semaine avec le Seigneur, dans quelque mesure, ou non ? Dieu le sait ; c’est à Lui qu’il faut le dire.

Eh bien, nous avons ici une épître où tout va mal, très mal, comme aujourd’hui. Toutes choses vont mal, aujourd’hui. Tout le monde se plaint, dans ce monde, tous ceux qui réfléchissent ; tous les gens sérieux se plaignent. Ici, dans cette épître, tout va mal ; et tout va bien, en même temps. Tout va mal, parce que c’est la ruine. Aujourd’hui encore davantage, c’est la ruine. Si quelqu’un pense qu’il y a quelque chose de brillant dans l’histoire du témoignage chrétien, il n’a pas la pensée de Dieu. Il n’y a rien de brillant, dans le témoignage chrétien ; et nous voyons ici que, justement, dans cette seconde épître, tout va très mal. Dieu a permis que les choses allassent mal déjà du temps de l’apôtre, pour au moins lui faire écrire cette lettre. Si tout avait été très bien, nous n’aurions pas eu cette lettre, et nous serions aujourd’hui découragés. Nous dirions : Que faut-il faire dans un temps de ruine ? Ce qu’il faut faire ? Eh bien, lisons la seconde épître à Timothée. Elle a été écrite il y a longtemps, et d’avance, pour nous ; ce qui manifeste encore une des perfections de l’Écriture ! Tout va mal ! Mais que voyons-nous en évidence qui va bien, dans cette période où tout va mal, dans cet état de choses où tout est mauvais ? Qu’est-ce qui va bien ? La foi. Elle est là ; elle brille. On dira : Ils sont peu nombreux, ceux qui la montrent ; nous n’en savons rien. C’est probable, mais qu’importe ! Depuis quand la foi a-t-elle compté ceux sur lesquels elle s’appuie ? Qu’est-ce que la foi, si elle compte sur les autres ? Ce n’est plus la foi. Depuis quand compte-t-elle sur les autres ? Elle est la foi parce qu’elle compte sur Dieu tout seul. Ce n’est pas toujours facile. Et, comme le disait quelqu’un à propos de cette seconde épître, de l’état de choses dont elle parle, c’est le moment d’avoir du courage. C’est dans ces temps, décrits dans cette épître, que c’est le moment d’avoir du courage.

Est-ce que le Seigneur nous encourage ou nous décourage ? Quelqu’un penserait-il que le Seigneur le décourage ? Non, le Seigneur encourage toujours. C’est en regardant ce qui se passe autour de nous, en nous nourrissant des défaillances ou de toutes sortes de choses, ou du monde, que nous perdons notre force. Mais le Seigneur n’est jamais lassé. Il est aussi fort aujourd’hui qu’au début des Actes. La foi brille, ici, chez Paul.

Au premier verset de cette épître où tout croule, il rappelle «la promesse de la vie». Le Saint Esprit, dans cette épître, développe son raisonnement, ses déclarations, sur ce qui est éternel, sur Dieu Lui-même. «La promesse de la vie» : elle était promise avant les temps des siècles, et Dieu ne peut pas faire une promesse sans la tenir.

Chacun, ici, a-t-il cette vie ? Peut-être pas tout le monde. Quelqu’un n’aurait-il pas la vie divine ? Alors il n’a que la vie du premier Adam. Et cette vie, que fait-elle ? Elle va à la mort. Quelle mort ? La mort éternelle. La vie du premier Adam est une vie condamnée à mort. Quelqu’un n’aurait-il pour chef de race que le premier Adam ? Il est à plaindre. Il n’a pas la vie promise avant les temps des siècles ; car la vie qui a été promise avant les temps des siècles, c’est la vie qui est dans le Seigneur Jésus. Elle a été apportée, donnée, cette vie-là. Eh bien, cette vie, elle demeure, quelles que soient les infidélités des témoins qui la possèdent. Voilà une chose qui reste ; voilà une consolation pour nous, dans ces jours de ruine. Chaque croyant peut dire : Je bénis le Seigneur de ce que j’ai la vie éternelle ; je le sais. Elle devrait briller, aux yeux du monde, comme une lampe allumée devant tous les hommes. Elle ne brille pas beaucoup. Mais personne ne peut ôter la vie éternelle. Et nous pouvons bénir Dieu de ce que nous l’avons. Est-ce que chacun, ici, a la vie éternelle ? Et puis, ensuite, l’apôtre dit : «La grâce a été donnée avant les temps des siècles, et Jésus est venu, et il a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile» (1:10).

Voilà encore une chose qui a de la valeur : la mort est rendue nulle. C’est une chose à rappeler, cela, en ce moment de l’année où les hommes, par une tradition toute humaine, inventée — enfin le fait est là — vont remuer leur propre souffrance, désespérée, sans issue, en visitant le royaume des morts. Que dire à ces âmes-là ? Le privilège, justement, de la foi, c’est de dire : La mort est annulée. Jésus a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile (1:10). Ceci est important. Autrefois, dans l’Ancien Testament, l’au-delà de la mort était noir, même pour les croyants. Dans l’Ancien Testament, David et Abraham ne pouvaient pas penser à un Christ ressuscité et dans le ciel, de sorte que l’au-delà de la mort n’était pas éclairé. Oh, sans doute, la foi a toujours trouvé Dieu, mais d’une façon beaucoup plus vague. Job dit : «Je sais que mon Rédempteur est vivant», et «de ma chair je verrai Dieu… mes yeux le verront» (Job 19:25-27). Mais nous avons des choses beaucoup plus précises. Nous savons que Jésus, notre Sauveur mort, ressuscité, glorifié, est à la droite de Dieu, et il tient les clés de la mort et du hadès. Il a le pouvoir de la mort. Il l’a pris au diable qui l’avait. À la suite de la chute de l’homme, Dieu avait donné ce pouvoir au diable. Alors le Seigneur a pris les clés de la mort et du hadès. Il tient tout dans sa main, comme homme. Voilà le témoignage du christianisme.

Le Seigneur viendra peut-être avant que cinq heures soient sonnées. Et les croyants, vivant en ce moment sur la terre, ne passeront pas par la mort. Si le Seigneur venait avant que cinq heures soient sonnées, resterait-il quelqu’un ici, chers amis ? Il y aura bien un moment où il n’y aura plus qu’une minute, plus qu’une seconde, avant la venue du Seigneur. Est-ce que quelqu’un ici, devant cette question précise, serait troublé dans son for intérieur ? Je cite une phrase que j’ai lue, il y a quelques mois, dans une rue de cette ville. Je l’ai vue à une devanture. Cela m’a beaucoup frappé, et je l’ai répétée ailleurs. C’était dans une maison qui s’occupe de choses religieuses, avec une horloge dessinée et, autour de l’horloge dessinée avec ses aiguilles (sur un point, je ne serais pas tout à fait d’accord avec ce dessin, car les aiguilles étaient placées un peu avant minuit, et nous, nous savons que nous sommes après minuit), tout autour, cette phrase : «Il est plus tard que tu ne penses». C’était pour les passants : «Il est plus tard que tu ne penses». Et je me disais qu’il était encore plus tard que les aiguilles ne l’indiquaient, parce que les aiguilles étaient un peu avant minuit, et que nous savons que, si nous devions marquer le temps à cette horloge, nous dessinerions les aiguilles après minuit. «Il est plus tard que tu ne penses». Si le Seigneur vient, sommes-nous tous prêts ?

Eh bien, en attendant, la patience et la persévérance sont notre règle. L’apôtre encourage Timothée. Il n’a pas peur ; il n’a pas honte du témoignage. Il dit à Timothée : «N’aie pas honte du témoignage». Le témoignage n’est pas brillant non plus, aujourd’hui, mais Paul dit «ne pas en avoir honte». Il dit : Je n’ai pas honte, car je sais qui j’ai cru. Et il a remis tout son bonheur entre les mains du Sauveur. Nous savons que l’apôtre a livré sa vie ; il a eu le privilège d’être un martyr. Nous savons combien tout ce qui le concernait, corps et âme, il l’avait remis entièrement entre les mains du Seigneur : «Je lui ai confié toutes choses». Nous confions peu au Seigneur, chers amis. Nous gardons beaucoup de soucis, et notamment le soin de nous-mêmes, au lieu de le remettre entre les mains du Seigneur. «Je sais qu’il a la puissance de garder ce que je lui ai confié jusqu’à ce jour-là» (1:12).

Il dit à Timothée, un jeune : «Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce». Voilà un apôtre âgé, un homme mûr, exceptionnel. Il dit à un jeune : «Toi donc, mon enfant, fortifie-toi dans la grâce». Timothée aurait pu dire : Comment, dans ces temps de ruine, il m’invite à suivre ce chemin de la foi ! Mais si nous ne marchons pas par la foi, où irons-nous ? Si nous ne suivons pas Jésus, qui suivrons-nous ? Quel est l’autre chemin que celui de Jésus, pour le chrétien ? Y a-t-il un autre chemin ? «Toi donc, mon enfant, fortifie-toi». Et puis, «prends ta part des souffrances». Voilà un des caractères de cette période de ruine, la souffrance. Que chacun de nous remarque le nombre de fois que ce mot «souffrance» se trouve ici. «Prends ta part des souffrances» ; nous sommes appelés à prendre notre part des souffrances, à souffrir pour Christ. «Prends ta part des souffrances, comme un bon soldat de Jésus Christ».

Nous sommes soldats de Jésus Christ, même une jeune soeur, une jeune chrétienne. On ne lui demande pas son avis. On peut dire que le Seigneur ne lui demande pas son avis ; il ne nous demande pas notre avis. Quelqu’un de converti, jeune homme, jeune fille, un enfant, le voilà enrôlé dans l’armée dont le Seigneur est le chef, comme soldat de Jésus Christ, un bon soldat ! On peut être un mauvais soldat, on peut être un bon soldat de Jésus Christ. Un bon soldat n’a pas peur de souffrir. Il sait que c’est son métier de souffrir, de mettre sa vie en jeu ; il le sait d’avance. On sait très bien qu’un soldat qui est un bon soldat, et qui est engagé dans la guerre, a dit adieu — peut-être pour toujours, en tout cas momentanément — à tout ce qui est en arrière. Un bon soldat de Jésus Christ, avons-nous à coeur cela ?

Et alors, qu’est-ce que nous trouvons, au verset 4 ? «Nul homme qui va à la guerre ne s’embarrasse dans les affaires de la vie, afin qu’il plaise à celui qui l’a enrôlé pour la guerre». Quel verset, chers amis, que celui-là ! On comprend que des jeunes chrétiens ont devant eux le commencement d’une carrière, avec tout ce qu’elle peut comporter. Mais, en avançant dans la vie chrétienne, ne sentons-nous pas, tous les jours, le danger de l’emprise des affaires de la vie ? Quelle vigilance faut-il ! Y avons-nous pensé, au cours de la semaine qui vient de finir ? L’emprise des affaires de la vie vient, soit de l’amour des affaires, soit du souci des affaires. Il nous faut veiller, pour que notre coeur ne soit pas emporté par l’emprise des affaires de la vie ; et cela demande de la vigilance.

Ensuite, il s’agit de combattre suivant les lois : c’est l’obéissance. Vers. 4, c’est le dévouement, et cela nous manque — je le dis pour mon propre compte. Comme le disaient ceux qui nous ont instruits : Si j’ai compris l’appel du Seigneur, et que j’appartiens au Seigneur, je me dévoue. Le profond dévouement pour le Seigneur et pour les siens est une des choses dont la diminution est une marque du déclin. Non pas se dévouer pour se mettre en avant soi-même, aucunement ; mais se dévouer par amour pour le Seigneur et pour les siens. Ce dévouement appelle donc du renoncement. Le renoncement, voilà un mot que nous n’aimons pas beaucoup. Mais le mot, peu importe ; c’est la chose que nous n’aimons pas beaucoup. Cela est un appel, aussi bien pour les soeurs et pour les frères.

«En ce jour-là…», quand le Seigneur manifestera notre vie à chacun, Il saura mettre en évidence tout acte de renoncement accompli par amour pour Lui — remarquons la précision avec laquelle Il parle, dans les évangiles de celui qui aura renoncé à cause de moi (Marc 10:29), car on pourrait renoncer pour d’autres motifs. Des personnes, dans le monde, s’astreignent à une vie sévère à certains égards, pour arriver à de hautes situations. On n’arrive pas, dans le monde, sans une discipline personnelle. Les chrétiens sont beaucoup moins fidèles, à cet égard, que les gens du monde, vis-à-vis de leurs propres intérêts.

Et enfin, nous avons la patience. Le laboureur sème avant de voir les fruits. Et quand les fruits de la foi seront-ils vus, en fin de compte ? En «ce jour-là», quand le Seigneur manifestera ce que chacun aura fait.

Que le Seigneur nous aide à tous, frères et soeurs, à être davantage dévoués. Faut-il forcément tout abandonner, immédiatement, et prêcher l’évangile ? Aucunement ; quoique, si quelqu’un y était appelé, il faudrait qu’il le fasse. Mais si nous consacrions le plus possible de nos loisirs à nous mettre à genoux pour prier chez nous ! Tous les croyants ne sont pas appelés à prêcher, mais tous à prier, à intercéder, à porter les charges des autres. Tous sont appelés à prendre le deuil et l’humiliation pour toute la ruine du témoignage du Seigneur. Si nous faisions seulement cela, chers amis !

Dieu, certainement, produit ces dévouements obscurs ; et nous n’avons pas à nous enquérir pour les connaître. L’essentiel est qu’ils soient là. Mais s’il y a un frère, une soeur, qui, dans l’ombre, accomplissent le service de la prière, que Dieu les y encourage. Je me rappelle avoir lu, sous la plume d’un serviteur dévoué pour le Seigneur, qu’il y aura eu, dans le témoignage du Seigneur, dans les assemblées, tel frère, telle soeur, qui aura beaucoup prié, beaucoup combattu — le mot combat est lié à la prière (Col. 4 : «Épaphras, qui est des vôtres, combattant par des prières»). Eh bien, un tel serviteur, une telle servante, aura été comme le coeur caché du témoignage. Le coeur ne se voit pas ; notre coeur ne se voit pas. On voit d’autres membres ; mais le coeur, cet organe noble et vital, ne se voit pas, et il est essentiel. Il en est de même dans la vie divine ; c’est ce qui est le plus caché. Et, dans la vie du peuple de Dieu, ce seront souvent les services cachés, les dévouements persévérants (et, justement, la foi cherche toujours d’abord Dieu, et souvent seulement Dieu), qui auront été les plus utiles, pour le témoignage du Seigneur.

Tout va mal ; mais pour la foi, tout va bien, parce que la foi s’appuie sur Dieu. Le ciel de Dieu est toujours serein ; il n’y a pas de nuages, dans le ciel de Dieu. Le soleil de Dieu brille toujours du même éclat. Pour la foi, le soleil de Dieu est toujours le même. Comme disaient quelques vers que nous avons pu lire sur l’amour de Dieu :

Amour à nul autre pareil,

Dont la mort n’a point arrêté la course,

Il est du pécheur la ressource,

Pour l’âme un radieux soleil.

Que le Seigneur nous encourage, chers amis. Tout va mal, du côté des chrétiens, de la responsabilité ; tout va mal. Mais, du côté de Dieu : «sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement» (Ps. 62:1), dit le psalmiste.

Je termine en disant ceci : les derniers jours (chap. 3), ce ne sont pas les derniers temps. Les derniers temps ont commencé il y a plusieurs siècles. On les trouve dans la première épître ; chacun lira ce qui les caractérise. Mais les derniers jours, qu’est-ce qui les marque ? Ce sont les caractères des hommes. Nous voyons ce tableau impitoyable des hommes, que chacun de nous relira. Ce tableau, ce portrait des hommes («ils sont égoïstes, vantards, etc.»), est le pendant de celui des hommes païens corrompus, qu’on trouve dans l’épître aux Romains (chap. 1). C’est le portrait d’un homme qui a été imprégné de christianisme, à la fin de l’histoire chrétienne, dans la ruine de la chrétienté, le portrait d’un homme qui ressemble comme un frère à celui de l’homme païen. C’est frappant ; c’est ainsi !

Cela nous étonne-t-il ? Non ; parce que, à travers tout, l’homme est toujours le même ; et ici, il réapparaît. Le christianisme a retenu pendant longtemps les manifestations violentes de ce qu’est l’homme. Incontestablement, avec le christianisme, les hommes étaient moins durs ; la société s’est adoucie. C’est encore vrai. Partout où la Parole de Dieu pénètre, elle apporte une influence extérieure réelle, qu’on voit dans la vie sociale. On peut le voir encore. Mais lorsque ce frein — la Parole de Dieu — est peu à peu abandonné, le vrai portrait de l’homme christianisé devient identique à celui de l’homme païen. Une expression remarquable, que nous pouvons retenir, caractérise ce moment-là : Il y a la forme de la piété, et on en a renié la puissance. C’est plus que s’il était dit : Il y a la forme de la piété, et il n’y a plus la puissance. Il y a la forme de la piété ; on a gardé le christianisme extérieur. Des millions d’êtres se disent chrétiens, se soumettent à des règles chrétiennes (c’est la forme de la piété) et, pour rien au monde, ne voudraient avoir une idole païenne dans leur maison, et sont tout à fait fiers d’être baptisés (comme si le baptême constituait une grâce, ce qui n’est aucunement vrai). Ils ont la forme de la piété, un christianisme de surface, un bon vêtement extérieur chrétien ; mais ils ont renié la puissance de la piété. La piété, ce sont les rapports de l’âme avec Dieu. Et une âme vraiment pieuse, vivant avec Dieu, a de la force pour faire une chose qu’aucune chair au monde ne peut faire : aimer Dieu, rejeter ce qui n’est pas de Dieu. Tandis que l’homme dans la chair, qui n’a que le vieil homme en lui, ne peut pas le faire. Il vaudrait mieux lui ôter la vie tout de suite ; ce serait équivalent.

Que le Seigneur nous donne de goûter le bonheur et la puissance de la piété. Le secret de la puissance est l’action du Saint Esprit en nous. Que Dieu nous aide, jour après jour.

Si nous lisons la Parole, et les écrits de nos devanciers, nous sommes frappés de voir que ceux qui nous ont instruits, jour après jour, heure après heure, ont été exercés pour être pieux et avoir la puissance de la piété. Je lisais, sous la plume de l’un d’eux, qui a bien fini après une longue carrière, et à qui on disait : «Relâchez-vous un jour, un moment, de cet exercice de piété», qu’il a répondu : «Si je me relâchais un seul jour, toute ma course précédente tomberait».

Que le Seigneur nous donne de veiller, de prier, et de connaître le bonheur de la communion avec Lui.

 

2   Les exhortations pour les temps de la fin — 2 Timothée 1:1-2, 8 ; 2:3-7, 14-26 ; 3:1-5, 16 ; 4:1-10, 14

 

[LC n° 128]

Le Riou — 18 août 1963

 

Peut-être qu’on ne lit pas toujours très volontiers cette épître. Un trait général, frappant, de cette épître, c’est qu’elle fait un tableau sombre du christianisme, un tableau vrai. Et nous n’aimons pas souvent lire et entendre la vérité. Seulement, ce n’est pas la seule caractéristique de cette épître. Si elle avait été écrite par un homme, même l’apôtre, non inspiré, il aurait pu donner approximativement la vérité du tableau dans lequel devait se trouver, un jour, le monde chrétien. Mais il n’aurait pas pu aller plus loin. Tandis que c’est Dieu qui parle. Et sa grandeur, sa puissance, sa gloire, sa majesté, se montrent, non seulement dans le fait que le tableau qu’il trace est d’une surprenante vérité, pour divers temps, et pour le nôtre en particulier ; mais Dieu montre sa souveraineté en ne s’arrêtant pas là.

S’il n’y avait qu’un tableau noir, ce tableau eût été une page qu’on n’aurait jamais regardée, parce qu’elle eût été une source de découragement. Tandis que, mêlé à ces déclarations, si brèves et si profondément vraies, il y a là des affirmations de la plus heureuse assurance, et des encouragements donnés aussi sûrs, et qui ont un accent aussi bienfaisant, que si l’Esprit s’adressait à l’Église aux jours les plus prospères.

Si nous savons lire cette épître, nous serons atteints dans nos consciences. Et cela nous manque immensément. Quand l’épée s’avance, nous détournons sa pointe. On ne veut pas entendre cela. Attention ; nous ne sommes pas ici pour nous amuser. Les jours sont trop graves. Malheur aux serviteurs qui ne prêchent pas la vérité de Dieu, dans ces jours, et qui, la sachant, la travestissent. C’est trop grave. Il y va d’abord de la gloire de Dieu. Et il y va du sort d’un trop grand nombre d’âmes. Car c’est de cela qu’il s’agit. Ce n’est pas de la prospérité d’une carrière, de la réussite d’une carrière. Cela a sa place ailleurs. Nous ne sommes pas réunis pour parler de cela. Mais, parmi tous les besoins qui caractérisent un chrétien ou un homme, même, et surtout, s’il vit dans le monde chrétien, il y a des besoins prioritaires, auxquels les autres ne sauraient être comparés. Ce sont les besoins relatifs à son âme immortelle.

La victoire de Satan, c’est de reléguer au second plan, et à aucun plan du tout, cette nécessité primordiale. Et voilà comment les gens, qui sont élevés au contact de la Parole de Dieu et l’entendent souvent, des multitudes, se trouveront dans les ténèbres du dehors.

Cette épître dit la vérité, comme toute l’Écriture. Elle parle de jours sombres. Mais elle donne des encouragements qui ont peut-être plus de valeur que lorsque tout va bien. Seulement, il faut la foi pour s’en emparer, et la foi pour les appliquer.

Timothée était un jeune. Oh, on nous parle des nouvelles vagues ! C’est le mot. Nous l’entendons, nous aussi. Nous voyons, nous aussi, cela. Il ne faut pas croire, parce que nous ne sommes pas de la dernière vague, que nous n’avons pas le sentiment de ce qui la caractérise, en bien ou en mal, ou que nous ne nous y intéressons pas, ou que nous laissons supposer que la Parole de Dieu n’est pas susceptible de répondre aux besoins des dernières vagues, comme elle répondait aux besoins des âmes, au commencement de la vie chrétienne.

Le modernisme est un mensonge. L’homme, quoiqu’il en pense, est un homme extrêmement ancien, marqué des traits indélébiles de toute son histoire passée, qui remontent à la chute d’Adam. Et vous pouvez regarder n’importe quel homme, en lui, vous retrouvez sans effort, sans peine, les traits gravés de la flétrissure dont nous héritons tous par naissance.

Je dis cela aux jeunes, sans les mépriser le moins du monde, mais pour rappeler une vérité immortelle. Leurs besoins sont les mêmes que ceux de l’apôtre Paul avant sa conversion. Et nos besoins, pour nous chrétiens, sont les mêmes que ceux de l’apôtre Paul après sa conversion. Je distingue, encore aujourd’hui, très nettement — et je tiens à le faire très fortement — les besoins des âmes inconverties, et les besoins des âmes chrétiennes. Car la confusion s’établit, à l’insu même des responsables et des intéressés. La confusion s’établit, qui est une confusion entre la lumière et les ténèbres. Un inconverti, qu’il soit jeune ou plus âgé, a besoin d’être vivifié, ou il va au-devant du jugement éternel. Il peut rompre le pain depuis quarante ans, et être inconverti.

Le fait d’être fidèle à tous les actes extérieurs, même de la vie chrétienne, strictement scripturaires, n’est en rien une garantie du salut tel que Dieu le présente. Il faut dire cela, dans les jours de notre profession chrétienne. Combien de temps Dieu permettra-t-il que cela soit dit ? Ne comptez pas sur un avenir qui vous sera offert pour que vous entendiez ces choses. Vous n’avez pas le droit de faire un calcul pareil. Et vos parents non plus n’ont pas le droit de faire ces calculs ; ou alors, ils n’ont pas à coeur vos intérêts.

Ce qui est en jeu, c’est l’état éternel des créatures humaines. Pensez-y. Pensez à tout ce que cela veut dire.

Comme il vaudrait mieux être un forçat pendant toute sa vie ici-bas, et avoir même une chiche entrée dans le royaume de Dieu ; et, encore mieux, une riche entrée ! Tandis que toutes les élites humaines, tous ceux qui auront, dans ce monde, une carrière très enviable, pour tous ceux-là, à la fin, combien on a le coeur serré, en voyant ce que c’est que le dernier terme, le terme réel, final, décisif, de cette carrière.

Dans le monde chrétien, on prêche encore cela. Mais on ne le prêche plus comme autrefois. Même dans les rues de nos villages, l’accent n’est plus le même, l’accent sur la vérité vivante de toujours.

Timothée était un jeune homme, un jeune chrétien, et un serviteur. Et il lui est rappelé que Dieu nous a donné un Esprit, non pas de crainte, mais d’amour, de puissance, de conseil.

Cette vérité de la présence du Saint Esprit dans un chrétien est une vérité qu’on ne met plus assez en relief. Je ne parle pas des professants, mais des vrais chrétiens, même parmi nous. Nous pouvons prier pour que le Seigneur rappelle cela, qu’un chrétien est un homme qui a la vie divine, qui a été produite en lui par l’Esprit, la vie de Jésus lui étant ainsi communiquée (comme tout ce que Dieu fait dans la créature, il le fait directement par l’Esprit).

Si nous recevons la vie de Jésus, elle nous est communiquée par l’opération de l’Esprit. Deux ou trois réunis en son nom, cela ne peut être fait que par l’Esprit. Ne cherchons pas à remplacer l’Esprit par l’effort mental. C’est une très grande faute, une déviation très grave, de nos jours.

La vie chrétienne individuelle, la vie chrétienne proprement dite, ce qui est la vie spirituelle chrétienne, dans ses manifestations, dans son développement, dans ses sources, dans ses fruits, toute la vie chrétienne, ne peut être produite que par le Saint Esprit agissant dans le nouvel homme. Dieu ne reconnaît jamais un acte de la chair — je ne dis pas grossière. La volonté propre, même pour faire le travail de Dieu, est un péché.

Que Dieu vous donne, chers jeunes chrétiens, d’étudier cela, avec le secours de son Esprit. Votre carrière pratique en dépend. Dieu ne nous a pas laissés à l’appréciation personnelle (quelque authentique chrétien que nous soyons) de nos propres voies. Il nous a donné son Esprit. Le corps d’un chrétien est le temple du Saint Esprit. Le Saint Esprit habite dans l’Assemblée universelle. Dieu habite dans l’Assemblée par son Esprit. De sorte que, lorsque nous aurons à répondre de notre carrière au tribunal de Christ (pour les chrétiens — pour les autres, ce sera devant le grand trône blanc), aucun prétexte ne sera reçu. Tout prétexte sera rejeté. Nous ne pourrons pas dire ceci ou cela. Dieu nous dira qu’il nous avait donné le Saint Esprit, une vie divine qui ne pèche jamais, ne convoite jamais, ne s’écarte jamais, n’aime jamais autre chose que ce qui est de Dieu. Et, quand nous allons dans des chemins de traverse, ce n’est ni le Saint Esprit, ni le nouvel homme, qui nous conduisent.

Comment traitons-nous cet hôte-là, qui est un Esprit d’amour, de puissance, de conseil ?

Dieu ne vous demande pas d’aimer votre frère avec votre coeur naturel ; pas du tout, en aucune manière. L’amour chrétien, c’est l’amour de Dieu versé dans le coeur des saints, et qui manifeste ses effets chez les saints entre eux. Dieu ne reconnaît que cela. Dans un autre domaine, il peut y avoir des relations amicales. Il y a les affections de famille. C’est un terrain en dessous.

«Il n’y a ni homme, ni femme. Christ est tout et en tous» (Col. 3:11), en tous comme puissance et comme objet. Attention à ne pas mêler des courants affectifs de source et de nature très différentes. La nature n’est pas condamnée. Au chapitre 3, nous avons vu que l’abandon des relations naturelles est un trait de l’apostasie. Mais la nature n’a rien à voir, dans l’assemblée, en tant que telle. Que Dieu nous accorde de faire la différence en cela.

Esprit d’amour : c’est l’amour de Dieu. Un Esprit de puissance : où trouvons-nous cela, dans cette épître où tout est en ruine ?

S’il y avait aujourd’hui, chez les frères ou ailleurs, où que ce soit, un homme ou une femme qui ne contriste pas, jamais, l’Esprit en lui, on verrait des choses qui seraient étonnantes, tout à fait étonnantes. L’Esprit peut produire des effets puissants, dans un homme. Plus un vase est faible, plus il a le sentiment de son néant. Plus le vase est saint (plus la personne est dépouillée d’elle-même et séparée du monde), plus le Saint Esprit produit de puissance. Et cette puissance, on voudrait nous faire croire que ses effets les plus remarquables sont ceux qui se produisent comme au temps des apôtres, par des manifestations miraculeuses propres à frapper les regards, même des inconvertis. Cela peut être. Mais ces marques de puissance nous ont été retirées, dans l’ensemble. Et ce ne sont pas les plus remarquables ; il s’en faut, et de beaucoup.

Dans le début des Actes, nous connaissons le tableau. C’est à ce tableau-là que Dieu se reporte toujours. Il mesure notre déchéance. Il regarde quel est l’écart qui nous sépare de cette période, brève et brillante, qui a caractérisé les premiers jours de l’Église. Il peut aussi se reporter à la période, quoique avec moins de puissance, du réveil du siècle dernier ; je n’en doute pas. Non seulement il le fait, mais il nous demandera si nous avons su le faire. Car ce n’est pas pour rien que ces paragraphes des Actes sont dans les Écritures. J’insiste encore davantage sur cela.

Nous n’avons pas de récit inspiré, pour ceux qui ont brillé au siècle dernier. Mais nous n’en sommes pas moins responsables, au plus haut degré, de savoir ce qu’ils ont été et ce qu’ils ont fait. Sans doute, quand nous faisons appel à cela, la critique — cette critique-là, dont les auteurs auront à répondre devant celui qui sonde les reins et les coeurs, celui qui entend tout et voit tout — a beau jeu de se prévaloir du fait que ce que nous avons conservé de ces chrétiens du siècle dernier n’est pas inspiré. Nous ne pouvons pas dire le contraire. Mais c’est un devoir majeur d’en parler, pour quiconque est parfaitement convaincu de cela. Celui qui ne l’est pas, qu’il ne le fasse pas. Que chacun ne dépasse pas le niveau où il en est, spirituellement et moralement. Si leurs récits ne sont pas inspirés, ces chrétiens ont laissé des traces qui ont démontré un état d’une spiritualité que nous ne retrouvons plus. Quand on voit se lever des protestataires devant cela, on tremble pour eux. On les laisse au Seigneur, bien qu’on ait le devoir de leur dire qu’ils s’engagent sur un chemin qui n’est pas celui de la foi.

L’Esprit de puissance : quelle est donc cette puissance remarquable, supérieure à tous les miracles ? Quand on nous amènerait ici un malade et que, même de la part du Seigneur, un frère guérirait ce malade, ou ressusciterait un mort (chose que nous aimerions voir se renouveler, de nos jours, bien entendu ; parce que la mort produit des déchirements, des blessures inguérissables, tout au long d’une vie), ce miracle serait inférieur à ceux que Dieu ne cesse d’accomplir dans les siens, dans l’ombre et le secret. Quels sont-ils ? Dans le début des Actes, nous voyons que les chrétiens étaient un coeur et une âme. Autrement dit, cette puissance de Dieu dans les chrétiens triomphait de tout ce que nous portons en nous-mêmes, comme manifestations de notre vieil homme incorrigible.

Cette puissance-là, elle est de tous les temps. Les jeunes chrétiens, et ceux qui ne sont plus jeunes, savent bien que ce vieil homme, qu’ils ont en eux, leur donne passablement de fil à retordre, qu’il est en eux un ennemi implacable. Et les manifestations de ce vieil homme sont universelles, avec certaines caractéristiques chez des individus, d’autres chez d’autres individus. Il est très facile de mettre le doigt sur certaines de ces manifestations, dont l’énoncé suffit à faire que nous nous sentons tous atteints et, en particulier, l’égoïsme. C’est un état universel. C’est une chose affreuse.

Au début des Actes, il disparaît. On n’a jamais revu cela. L’apôtre Paul, après les débuts de l’Église, réalisait, pour son compte, cet état-là. Mais je pense que, dans le réveil du siècle dernier, plus d’un de ces hommes de Dieu, particulièrement brillants justement par leur qualité de chrétien ou par des dons spirituels, ont suivi de bien près, à cet égard, les apôtres.

Je place cette recherche, cette étude, ce sujet, devant les jeunes chrétiens, frères et soeurs. Il en vaut la peine. Encore une fois, ce n’est pas un corps de doctrines que nous défendons. C’est la vérité de Dieu que nous avons devant nous.

Il est un devoir de tout temps, que les chrétiens reconnaissent Dieu dans les saints, et Dieu selon le degré de sa manifestation en eux. C’est encore un oubli très grave, de nos jours. Si je connais, n’importe où, un chrétien, en qui je découvre les qualités d’un docteur, je le reconnais comme docteur. Le chef de la chrétienté professante serait-il revêtu, étant vrai chrétien, de la qualification, par l’Esprit Saint, comme docteur ou comme pasteur véritable, je suis tenu de le reconnaître. Cela ne veut pas dire que j’irai avec lui. Je ne suis pas au-dessus de Dieu. Mais si Dieu donne à un chrétien des dons de grâce, qui suis-je pour critiquer ce que Dieu fait ? En ne le reconnaissant pas, j’ai l’audace de relever le front devant Dieu lui-même.

Cela est vrai de nos jours. Et, dans chaque rassemblement, chaque croyant, je suis tenu de reconnaître les manifestations de Dieu dans un autre. Je suis tenu de le reconnaître aussi chez une soeur chrétienne. Je dois le faire.

Ces considérations, qui vont à l’encontre des courants du jour et des courants de toujours, mais des courants du jour dans le christianisme, conduisent-elles à des relations heureuses, ou malheureuses ? Pratiquement, au bonheur. Pourquoi ? Parce que le bonheur se récolte, se cueille, dans le chemin où on obéit à ce que Dieu dit, où on a affaire à Dieu, et pas ailleurs.

Oh, chers amis, chers jeunes gens, votre «moi» vous donne du fil à retordre. Ce n’est pas qu’à vous. Seulement, quand vous aurez — si cela vous est accordé — fait quarante ans de chemin avec lui, vous aurez appris à découvrir (ou alors, vous aurez perdu votre temps et votre carrière) que telle pensée, telle phrase, tel acte, qui vous paraissaient innocents quelque temps avant, sont des choses abominables. On n’aura pas besoin de vous le dire. Votre discernement intérieur s’étant accru, la lumière divine dans votre âme remplissant davantage votre coeur et votre conscience, vous vous condamnerez vous-mêmes beaucoup plus. C’est un progrès dans le secret, parce qu’on se méfie davantage de soi. On se paie moins de mots. On ne prend pas des déclarations, même scripturaires, on ne les prend plus nécessairement comme correspondant à une vérité intérieure. Et on fait attention. On parlera moins de soi ; on en vivra mieux. Voilà le progrès. De sorte que la vie d’un chrétien, avançant ainsi, est une vie de puissance intérieure.

À l’âge de la jeunesse, certains objets, dans ce monde, exercent une fascination. Nous n’accusons pas la jeunesse d’aujourd’hui, qui n’est pas plus mauvaise qu’il y a cinquante ans. Nous pourrions remonter ensemble l’histoire de l’humanité, et parcourir, avec l’Écriture, les faits qui ont marqué cette histoire. Et nous découvririons que, dans la première famille humaine, lorsqu’ils n’étaient que quatre, la jeunesse a manifesté déjà, dès ce moment-là, que, dans le coeur des jeunes, peut naître, germer et fructifier, cette chose épouvantable, qui est la pensée du meurtre. Ces questions à propos des générations, à la lumière de l’Écriture, sont réglées sans même être posées. C’est parce qu’on ne lit pas l’Écriture, qu’on ne veut pas l’écouter, qu’on les repose sans cesse, génération après génération.

Pour la jeunesse, aujourd’hui, la différence, c’est que le monde offre beaucoup d’objets, de puissances attractives extrêmement fortes. Mais, avant le déluge, et aux jours de Sodome, c’était du même genre. Le génie humain, pour employer ce mot, cette activité humaine, est aussi très ancienne. La descendance de Caïn a fait des exploits, qui peuvent soutenir la comparaison avec ce qui s’accomplit aujourd’hui, en profitant de l’effort des générations antérieures. Il y a des choses qui ne sont pas mauvaises. Mais le danger, c’est l’attraction qu’elles font sur le coeur, à longueur de journée.

Quelquefois, on entend dire, à la fin d’une vie : Ce qui reste de ma vie chrétienne, c’est bien mince. Si ce n’est pas un chrétien, qu’est-ce qui s’ouvre, quand on fait ainsi le dernier pas ? Le malheur.

Mais il y a aussi des choses mauvaises : les convoitises, les passions. Non pas seulement pour la jeunesse ; il y a des passions de toute nature. Allez voir les sages, les mages, des temps anciens et modernes ; et amenez-nous quelqu’un qui vous donne le secret de surmonter vos passions et vos convoitises. Parce que, ce quelqu’un-là, il faudrait qu’il vous donne le spectacle en lui-même, la libération accomplie par ses propres moyens. Vous retrouvez toujours, au fond de ces travaux, le moteur de tout ce qui les a fait briller et être pris pour des lumières, dans leurs temps et dans les temps qui ont suivi, l’activité du «moi».

Le «moi», ce n’est pas Dieu. Et il ne vous conduira pas à Dieu, même s’il vous conduit à des chemins qui ont l’air d’être des chemins de dévouement, de désintéressement. L’oeil de Dieu le voit, et la main de Dieu le condamne.

Chers amis, chérissez la Parole de Dieu. Chérissez-la de tout votre coeur. Rendez grâces à Dieu de ce qu’il vous a donné cela. Elle éclaire le monde entier, et elle éclaire votre propre coeur. Chérissez l’Écriture ; et demandez à Dieu qu’il vous y soumette. Qu’il vous fasse connaître quelque chose de la puissance de l’Esprit de Dieu dans un chrétien, qui peut dompter ces choses indomptables, et qui peut rendre ainsi un chrétien libre. C’est un chrétien qui n’est pas mené par ses convoitises, par ses passions, par ses prétentions intérieures, par ses qualités, par ses défauts, par Satan. Un chrétien libre est un chrétien qui a la puissance de Dieu en lui, jour après jour, moment après moment.

Voilà ce qui est offert comme une grâce, fruit de l’oeuvre de Christ à la croix. Ne vous contentez pas de penser : «J’irai au ciel». Mais demandez à Dieu qu’il vous donne de goûter le ciel sur la terre, au milieu de vos travaux, de vos occupations. Il ne vous demande pas de ne rien faire. La paresse est aussi une porte d’entrée, dans une âme. Cela ouvre la porte aux convoitises. Demandez à Dieu qu’il vous guide dans votre chemin.

Nous qui avons été amenés au Seigneur depuis bien des années, nous considérons les choses avec beaucoup plus de gravité que les jeunes peuvent le faire, parce que nous savons beaucoup mieux, beaucoup plus profondément, que nous avons eu besoin de Dieu dans ce chemin-là, jour après jour, heure après heure, pour être gardés de nous-mêmes, du monde.

«N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde» (1 Jean 2:15). Vous êtes bien obligés d’en avoir, bien sûr. Et vous ne pouvez pas, dans votre vie quotidienne, vous contenter de ce qui suffisait, sur le Plateau, il y a cinquante ans. La question n’est pas dans une affaire de technique. Mais n’aimons pas cela, ni les choses qui sont dans le monde. Que Dieu garde notre coeur, par son Esprit, attaché au Seigneur. Vous ne le regretterez jamais.

Nous avons, nous aussi, passé notre jeunesse ici. Nous sommes plusieurs à avoir entendu des choses de ce genre, et à avoir été dirigés par des frères sérieux, fidèles, qui n’étaient pas toujours des hommes supérieurs sur le plan humain, mais dont beaucoup ont été vraiment supérieurs quant à la fidélité au Seigneur ; qui avaient une piété ne dépassant pas leur mesure, et qui la communiquaient à d’autres. Et ils ont été très utiles. S’il nous était accordé de reprendre le départ de notre carrière, nous ne demanderions pas autre chose que d’être engagés dans le même chemin que celui où, par la grâce de Dieu et par le travail de ses serviteurs, nous avons été engagés. J’avoue que je n’ai jamais compris pourquoi ce qui était vrai il y a cinquante ans ne serait pas vrai, d’une manière aussi éclatante, puissante, aujourd’hui.

On veut laisser entendre que la vérité de Dieu vieillit. C’est Satan qui fait dire cela. Il le fait croire, ou le souffle, au coeur des serviteurs, jeunes ou moins jeunes. Où Satan nous porte-t-il à trouver nos ressources ? Les joies que Dieu donne, nous pouvons les goûter aujourd’hui ; pas au même degré, ni d’une façon aussi égale, mais c’est la même. Nous pouvons goûter aujourd’hui la joie que connaissait un de nos frères du Plateau, et qui exhortait les jeunes, à son lit de mort : «Ne laissez pas la communion s’interrompre avec le Père, avec le Seigneur, par l’Esprit ; c’est la force de la vie chrétienne». Ce même serviteur de Dieu, dont la mémoire est honorée dans nos régions, disait aussi aux jeunes : «Les jeunes savent beaucoup de vérités ; qu’ils les vivent». Nous pouvons aussi nous le dire les uns aux autres.

Ce qui nous gêne, ce sont ces puissances intérieures. Dieu, par son Esprit, peut les tenir en échec, et nous permettre de connaître les joies de la communion avec le Père et avec le Seigneur. Puissance, amour, conseil, sobre bon sens. Le conseil, la sagesse : il n’y a pas, pour le chrétien, deux sagesses. Il n’y a pas de morale humaine. La croix de Jésus réduit à néant toutes les morales. La morale chrétienne n’est pas efficace, pour des fruits éternels. Le fondement de la morale chrétienne, c’est celui-ci : Le premier Adam est entièrement condamné dans ses prétentions, ses efforts, ses qualités, ses efforts moraux. C’est ce que le christianisme professant, ce que des chrétiens aux tendances mondaines ou charnelles, des chrétiens, même des frères, qui veulent maintenir au vieil homme un certain honneur, ne veulent pas accepter.

La profession chrétienne fait tous ses efforts pour faire disparaître toutes ces plaies. On a beau les couvrir; de temps en temps, elles éclatent au grand public. Dieu le permet.

Comment se fait-il qu’il y ait des chrétiens qui aient l’air de contester cela, et parlent ou agissent comme si cela n’était pas fondamentalement vrai ?

Toutes les fois que, dans le travail de Dieu, nous employons des moyens autres que ces moyens divins, nous nions la ruine absolue de l’homme. Toutes les fois qu’un chrétien veut faire quelque chose sans consulter Dieu, il nie la ruine de l’homme. Toutes les fois qu’un chrétien entreprend, toutes les fois que des éléments humains sont mis en jeu, c’est une négation (elle n’est peut-être pas consciente).

Une erreur et des fautes ne seront pas mises sur le même plan. Nous n’errerions pas, si nous n’étions pas pécheurs. Nous errons dans la mesure où nous sommes dans un mauvais état pratique. Que Dieu nous donne de peser tout cela, de nos jours. Le Seigneur va venir. Nous aurons à répondre au tribunal de Christ.

Ne soutenons, en aucune manière, la défense d’un point de vue individuel ou collectif. Et, si nous avons été pleinement convaincus, comme Timothée, nous aurons bien plus de courage de rappeler ainsi la vérité. Que chacun en fasse l’usage qu’il trouvera bon d’en faire. Je ne peux pas, et ne désire pas, forcer n’importe lequel de mes frères à recevoir telle ou telle vérité chrétienne. Un serviteur la présente dans la mesure où Dieu lui accorde de le faire. Et on demande à Dieu qu’il bénisse cette vérité dans l’âme de chacun. Il se peut que Dieu réponde à des prières faites à l’égard de telle ou telle âme. Il se peut que, devant un endurcissement répété d’un chrétien, averti dix fois ou cent fois, Dieu ne permette plus que l’oreille entende ce que la vérité proclame. Ne jouons pas avec cela. On ne se moque pas de Dieu. Qu’on se prosterne pour recevoir, ou qu’on méprise en raisonnant. Nous avons vu que l’esclave du Seigneur ne doit pas contester. Il doit s’attendre à Dieu pour que Dieu délivre le raisonneur de la puissance du diable, dans laquelle il a été pris. Les jours sont très sérieux. Nous aurons à rendre compte du tribunal de Christ.

Au grand trône blanc, autorité suprême, j’aurai la manifestation de la pureté absolue de Dieu devant laquelle, par contraste, sera mise en évidence la souillure de tous les hommes qui paraîtront là, et qui, en leur temps, auront été, eux aussi, des raisonneurs, qui auront trouvé leur sagesse supérieure à celle que Dieu leur faisait entendre. Après cela, la fin.

Je cite la parole d’un auteur profane du seizième siècle, en parlant de l’enfer : «Vous qui entrez ici, laissez ici toute espérance». Pour qui cela est-il sérieux ? Pour les inconvertis, et pour ceux qui peuvent croire être convertis, sans qu’ils le soient.

Si un homme, comme en Ézéchiel, venait ici, de la part de Dieu, se promener dans l’assistance avec son encrier d’écrivain autour de ses reins, pour faire une marque sur ceux qui doivent être épargnés du jugement, s’il faisait cela… ! ! Quel est le frère, ici, qui oserait prendre lui-même la charge d’accomplir la mission d’un tel homme, sans risque d’erreur, ce frère étant supposé connaître tout le monde ? Il nous faut voir les choses ainsi. La vie n’est pas une promenade. Nous aurons à répondre, devant le tribunal de Christ, de ce que nous aurons fait, de tout ce qu’aura été notre vie, notre service.

L’apôtre peut dire : «J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi» (2 Tim. 4:7). C’est toute la doctrine chrétienne qui nourrit la foi d’un chrétien.

«J’ai combattu le bon combat» : ce n’est pas le combat dans un esprit partisan, ou qui ressemble à cela. C’est le combat pour la gloire de Dieu, la gloire du Seigneur, et la vérité de Dieu.

«J’ai achevé la course» chrétienne, cette course, cette carrière, qui suppose tant d’expériences, tant de peines, tant de labeurs, tant de déboires, chez l’apôtre et chez tous ceux qui, plus ou moins, veulent le suivre. Et j’ai gardé, malgré cela, la foi. Cela a l’air peu de choses. En vérité, c’est tout.

Cet homme-là pouvait dire : «Désormais m’est réservée la couronne de justice… et non seulement à moi, mais aussi à tous ceux qui aiment son apparition» (2 Tim. 4:8).

Pourquoi l’apparition ? Parce que c’est le jour des rétributions. Chacun paraîtra avec ce que la grâce de Dieu aura opéré dans sa vie, à la gloire du Seigneur.

Nos coeurs sont assez perfides pour tenir peu compte du tribunal de Christ.

Quelque sérieux que soient les temps, nos ressources sont les mêmes. Et nous pouvons faire une carrière, les jeunes peuvent faire une carrière, avec le Seigneur, de nos jours comme il y a cent ans. Peut-être auront-ils plus de difficultés à certains égards, parce qu’il y a une lacune générale, un manque général de frères et de soeurs pieux qui prient beaucoup, dans les assemblées, et dans l’ensemble du témoignage. Ces personnes étaient des forces, dans les assemblées et dans le témoignage. Si nous voulons voir, dans l’Ancien Testament, quand est-ce qu’on trouve la vie brillante d’un Élie, c’est quand tout était par terre.

Que le Seigneur nous engage, frères dont la tête a blanchi (ce qui veut dire, moralement, que des hivers ont passé par là — je dis hivers au sens moral du mot), que Dieu nous accorde la grâce, d’aller de plus en plus simplement et fermement dans le chemin dans lequel nous avons été gardés, malgré nos défaillances.

Nous n’avons pas le droit de leur dire qu’il y a un autre chemin. Nous avons le devoir de leur rappeler ce que Jésus dit : «Je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi» (Jean 14:6).

 

3   La présence du Saint Esprit — Matthieu 18:19 ; 2 Timothée 1:7, 13 ; 2:14 ; 3:14 ; Apocalypse 3:7-13

 

[LC n° 44]

Lausanne

 

Il est clair, pour tout croyant qui craint Dieu, qu’il ne saurait se poser de question à l’égard de la valeur de la Parole de Dieu, de sa permanence, de sa suffisance en ce jour du vingtième siècle, et de sa suffisance au même degré que pour ceux qui, au temps des apôtres, ont éprouvé sa force, ou pour ceux qui, au cours des siècles, l’ont fait à leur tour, ou encore pour ceux qui, d’une manière spécialement riche, l’ont fait, au cours des 19° et 20° siècles.

Aucune personne craignant Dieu ne peut être tentée — étant gardée, bien entendu — de chercher ailleurs la lumière de la vérité pour les jours dans lesquels nous sommes arrivés, vérité qui est exactement celle que le Seigneur a donnée, il y a vingt siècles, et qui n’a pas subi l’ombre d’une variation, ni dans sa lettre, ni dans son esprit.

Par conséquent, ce que nous pouvons déjà dire, à quiconque, à nous tous, et à ceux qui voient le terme de leur carrière à une distance peu éloignée, aussi bien qu’à ceux qui la commencent, c’est que la Parole demeure l’unique ressource. Ele a été la ressource unique et suffisante pour tous ceux qui ont déjà vécu dans la période chrétienne, dans cette parenthèse qui peut se fermer ce soir, la parenthèse de l’Église, et qui est celle aussi où toutes les choses de Dieu sont présentées à des personnes qui n’ont pas vu, mais qui ont cru, par le Saint Esprit.

Le grand caractère de cette dispensation, c’est la présence du Saint Esprit sur la terre, chose que la chrétienté a méconnue et rejetée, dans bien des cas. Et si elle ne le fait pas en doctrine, elle le fait en pratique, ce qui est encore plus grave. Nous avons besoin de nous rappeler qu’il nous arrive, à nous aussi, quelque instruits que nous ayons pu être, de le faire également.

Nous n’avons donc pas à attendre des révélations nouvelles. Nous ne sommes pas surpris s’il y a, à droite et à gauche, des prétentions de ce genre. Nous n’avons pas à en être surpris. Ces influences-là n’entament pas le chrétien qui est gardé par le Seigneur.

La source de la lumière, de l’amour, de la grâce, de la vérité, de la paix, du bonheur profond, du bonheur qui a été, dans tous les temps, la vraie force des saints, est dans l’Écriture, que nous avons entre nos mains.

Nous avons donc, tout d’abord, dans 2 Tim., ces deux vérités très importantes, de la présence, de l’action et de l’importance du Saint Esprit, et puis du saint dépôt scripturaire qui a été fait à l’Église, aux saints, et que Dieu nous a conservé, quand bien même nous aurions mérité qu’Il nous le retire (et alors, cela eût été pour nous le plus grand de tous les malheurs).

La seconde épître à Timothée est une épître pour une période où le ciel est chargé, sombre, où les circonstances des chrétiens et de l’Église ne sont, en apparence et en fait, pas réjouissantes. Eh bien, la Parole nous présente des ressources pour les mauvais jours, comme elle nous en présente pour les jours faciles ! Et nous pouvons bien faire notre compte, que la période de la facilité relative est pour nous révolue ; et cela vaut beaucoup mieux.

D’ailleurs, même dans les jours où les circonstances paraissaient très faciles et très favorables, personne, qu’il soit jeune ou non, n’a pu honorer et servir le Seigneur, avoir des rapports véritables, heureux, et vivre avec Lui et avec le Père, que par la foi. C’est par la foi que nous sommes debout. «Nous marchons par la foi, non par la vue» (1 Cor. 5:7). Cela est vrai à toutes les heures de l’histoire de l’Église, aux dernières comme aux premières ; cela est vrai aujourd’hui. La foi est le grand principe de la vie chrétienne, parce que la foi est le fait par lequel nous croyons ce que Dieu dit. Et elle est cette puissance, de source exclusivement divine, par laquelle nous comptons sur Dieu envers et contre tout… et tous.

Si nous n’avons pas assez de foi, Dieu est toujours là pour nous en donner, si nous le Lui demandons. Qu’il nous soit donné de ramener les besoins que nous éprouvons à leur élément véritable, essentiel, et de ne pas nous perdre dans des considérations secondaires.

Le Saint Esprit nous a été donné. Tout vrai chrétien l’a, bien que cela se manifeste d’une façon moins puissante, chez nous aujourd’hui, que chez l’apôtre Paul ; mais l’apôtre simple chrétien, parce que nous avons toujours la tendance de sous-estimer, et de prendre prétexte que Paul était apôtre, pour oublier Paul simple chrétien. Ce qui est le chrétien chez lui est, à bien des égards, plus admirable, spirituellement parlant, que l’apôtre. Et, en tous cas, le chrétien est celui que nous avons à imiter, d’après l’exhortation de l’Écriture.

Le Saint Esprit, nous l’avons. Chaque chrétien ici l’a. Quelqu’un qui n’a pas le Saint Esprit, qui n’est pas scellé, n’est pas dans l’état chrétien. Il ne fait pas partie du corps de Christ. Mais je ne développe pas cela. Tout vrai chrétien a le Saint Esprit, et le Saint Esprit est en lui, en chacun de nous. Un esprit d’amour, de puissance, de conseil, voilà le Saint Esprit.

Le premier grand point nous intéresse tous, étant individuel, pratique. Tout enseignement qui n’a pas une vérité pratique, on ne peut pas penser qu’il soit scripturaire, car il est impossible de penser que Dieu ait dit quelque chose dans l’Écriture qui ne doive pas avoir une portée pratique. Il n’a pas donné l’Écriture aux anges, mais aux hommes ; elle est présentée aux hommes, aux inconvertis, mais aussi aux chrétiens, pour leur instruction, leur consolation, pour toute leur carrière ici-bas.

On demande aujourd’hui : Où est la force ? Nous sommes d’accord : il y a très peu de force. Philadelphie, c’était le témoignage du siècle dernier. Il a fait moins de bruit, il a beaucoup moins remué le monde, que la Réforme ne l’a fait. Extérieurement, il y avait beaucoup moins de puissance. Du temps de Philadelphie, on n’a pas fait de miracles. «Tu as peu de force…».

Ce qui nous intéresse immédiatement, nous tous, du plus âgé au plus jeune, du plus spirituel — s’il y en a un — au plus jeune chrétien, d’une façon très pratique et très précieuse, c’est ce principe : De quelle façon traitons-nous cet Hôte, que nous avons, et qui est le Saint Esprit, dont notre corps est le temple ? Et de quelle façon traitons-nous cet Esprit de puissance ? Car il ne suffit pas que nous soyons assurés qu’Il se révèle tel ; il faut que nous soyons exercés à ne pas le contrister.

L’éteindre, c’est dans l’Assemblée. Le contrister, c’est dans l’individu. Lorsque le Saint Esprit est contristé, au lieu d’employer sa puissance à nous réjouir («le fruit de l’Esprit est la joie, la paix…» — Gal. 5:22 ; nous savons cela), à nous remplir de paix, de joie, de tranquillité, de confiance, de patience, d’énergie, toutes ces vertus chrétiennes qui ne peuvent être, dans le chrétien, que le fruit de l’opération de l’Esprit (le Saint Esprit nous révèle la beauté de Jésus, la vie de Jésus, et nous fait nous nourrir de la vie de Jésus), il doit agir en nous pour nous reprendre.

Il s’agit d’être exercés, pour savoir comment nous devons nous comporter, en raison de la présence de cette personne divine. Le Saint Esprit n’est pas une influence ; c’est une personne divine. Retenons ceci : Il produit des effets, mais c’est une personne divine. C’est aussi admirable que propre à nous remplir de confusion, en constatant avec quelle légèreté, avec quelle insouciance, nous acceptons cette vérité-là, que le Saint Esprit est en chacun de nous, de même qu’Il habite dans l’Assemblée.

Il s’agit toujours d’en arriver aux choses pratiques. Il ne faut pas attendre de rendre le dernier souffle, pour constater que la vie ici-bas est quelque chose de sérieux. Comment traitons-nous cet Hôte divin ? Comment sommes-nous exercés pour ne pas l’attrister ? pour ne pas le contrister, si on reprend l’expression des textes scripturaires (És. 63:10).

L’Esprit et la chair sont en nous. La chair convoite contre l’Esprit, et l’Esprit contre la chair. Que chacun de nous soit exercé, pour ne pas attrister le Saint Esprit.

On nous a appris, et nous avons pu reconnaître, par expérience, la vérité de cette parole très simple : Une pensée légère suffit à attrister le Saint Esprit. Combien de centaines de pensées légères avons-nous, au cours d’une seule journée, et de paroles légères, chers amis ? Que chacun de nous pense à cela ; car rien n’échappe au Saint Esprit. C’est par le Saint Esprit seulement que nous pouvons accomplir quelque service. Tout ce que Dieu fait directement, dans l’homme et par lui, Il le fait par le Saint Esprit.

Nous ne pouvons pas réaliser la présence du Seigneur, comme elle est définie en Matt. 18, autrement que par le Saint Esprit. Les deux choses sont distinctes : le Seigneur est présent en personne et en esprit ; mais c’est par le Saint Esprit et son opération, dans les saints et au milieu d’eux, qu’on peut goûter la présence du Seigneur. Ce n’est pas parce que nous nous réclamerons de la présence du Seigneur que nous l’aurons pratiquement. En réalité, ce sera en jugeant, chacun, dans son propre coeur, dans sa propre vie personnelle, en cherchant la communion avec le Seigneur et avec le Père. Au lieu qu’elle soit un fait occasionnel, comme cela est souvent le cas, que nous demandions au Seigneur qu’Il fasse que ce soit un état de plus en plus continu. Et normalement, dans une vie chrétienne, c’est ainsi que le progrès se marque. Il se marque, pratiquement, par le fait que la communion, qui était occasionnelle et facilement troublée, devient beaucoup plus égale, en même temps que beaucoup plus profonde, parce qu’il y a davantage d’expériences sur des points de détail.

La vie chrétienne est faite de détails, de toutes manières, dans les pensées, dans les paroles, dans tout le comportement.

Vous ne vous représentez pas l’apôtre Paul comme un homme léger, dans le sens ordinaire du mot. Vous ne vous représentez pas les frères et soeurs, auxquels nous devons tant (et, dans un sens, je pourrais dire, auxquels nous devons tout ce que nous savons), comme des hommes légers dans leur façon de faire. Que Dieu nous donne d’y penser. Le secret de la force gît là ; n’allons pas le chercher loin. La vie chrétienne est profondément simple, en même temps qu’elle est profondément admirable, et qu’elle est inimitable, pour celui qui n’a pas la vie de Dieu. Que Dieu nous accorde cela.

N’oublions pas que l’Esprit est présenté comme le Saint Esprit. Il détecte — pour employer un mot un peu moderne — tous nos sentiments, tout ce qui bouillonne dans notre coeur, tout ce qui ne vient pas au jour — et qui ne viendra jamais au jour. Tout cela suffit à l’arrêter. Et par quoi cela se traduit-il, pour nous ? Par une sécheresse d’âme, par de la langueur d’âme.

Nous sommes très diligents et vigilants pour la santé de nos corps, et nous sommes attentifs au moindre indice. Et, lorsque nous sommes en alerte, ces moindres indices sont des éléments, pour les personnes compétentes auxquelles nous faisons appel. À combien plus forte raison la santé de nos âmes, chers jeunes amis chrétiens, qui cherchez peut-être votre voie dans ce monde tourmenté, ce monde menteur et corrompu du haut en bas et de bas en haut. Vous cherchez votre voie ; elle est à la porte de votre coeur. Cherchez le Seigneur ; cherchez-le beaucoup, par la prière, par la lecture et la méditation de la Parole. Confessez-Lui de très près — et prenez cela comme une habitude, non pas au sens mauvais du mot, mais au sens le plus chrétien — confessez au Seigneur, au Père, vos manquements, que nous faisons tous, à tout âge, en pensées, en paroles et en actes. Le secret de notre bonheur, de notre paix quotidienne, du bon état de nos âmes et de notre force, en même temps que de l’intelligence spirituelle pour toute question, est là.

Comme la vie chrétienne est simple, mais comme elle est précise !

On est quelquefois tenté de penser que l’apôtre était un chrétien trop exceptionnel, et hors des dimensions habituelles. Mais c’était un homme avec lequel nous aurions eu la plus grande liberté. Ce n’était pas un homme qui planait ; c’était un homme qui se mêlait à la vie ordinaire, et dans lequel la vie chrétienne montrait sa force, à propos de toutes les questions qui se posent, pour un chrétien, ici-bas. C’est ainsi que nous ne sommes pas appelés à nous isoler de la société et à rechercher une vie qui ne soit pas celle dont le Seigneur Lui-même nous a donné l’exemple.

Aucun progrès, pour aucun chrétien, n’est le fruit de ses propres efforts. Il faut couper cette tendance, absolument et définitivement, à la racine. Le secret du progrès du chrétien n’est pas le fruit de ses efforts, mais il est tout entièrement l’effet de la grâce de Dieu agissant en lui avec puissance. Demandons ; ce qui est toujours ouvert devant nous, c’est la prière. Le chemin pour prier est toujours ouvert ; et même s’il nous paraît fermé, c’est justement le meilleur moment pour persévérer dans la prière. Jamais un chrétien n’a autant besoin de prier que quand il n’en éprouve pas le besoin. Si nous confessons nos manquements, nous ferons des expériences personnelles, cachées, secrètes. Chacun a ses secrets ; chaque vie chrétienne est un secret, et doit l’être. Nous ferons des expériences précieuses, et ces expériences sont autrement importantes et utiles que toutes les démonstrations extérieures. D’abord l’intérieur, et toujours l’intérieur ; l’extérieur suit.

C’est un Esprit de puissance, communiquant, suivant nos besoins, l’humilité de Jésus, la patience de Jésus, de telle façon que cette vertu fait partie de notre état spirituel, dans la mesure où nous sommes dépendants. C’est ainsi qu’on est formé, pratiquement, à l’image de son Modèle.

Mais alors, lorsque le Saint Esprit est contristé, au lieu d’employer sa puissance à cela, Il est obligé de nous faire des reproches. Et Il parle à notre conscience, qui est mal à l’aise. C’est encore une grande grâce, car nous ne sommes pas fidèles envers nous-mêmes, pour nous faire les reproches que nous méritons. Nous ne sommes pas toujours fidèles envers nos frères. Mais le Seigneur est toujours fidèle, et le Saint Esprit également.

Donc, si le Saint Esprit n’est pas attristé, il est un Esprit de puissance. Ce qui manque, de nos jours, c’est la puissance ; ce n’est pas la connaissance. La connaissance de toutes les vérités fondamentales, relatives à l’individu ou relatives à l’assemblée, donc au Témoignage, n’est pas la puissance. Il faut peut-être un certain temps pour apprendre cela, pour se rendre compte de cela ; il faut une certaine maturité d’âme, ou une certaine expérience avec le Seigneur. La puissance n’est pas nécessairement liée à la connaissance. Mais la puissance est toujours liée à la communion avec le Seigneur, et au fait que le Saint Esprit en nous n’est pas gêné par la manifestation de la chair, encore une fois, en pensées, en paroles, en actions.

Vous ne vous représentez pas l’apôtre flattant ses frères. Vous ne vous représentez pas nos conducteurs, qui ont, de la part du Seigneur, mérité ce nom, flattant leurs frères. Vous ne vous les représentez pas avec des manières prises dans le monde, même inconsciemment ; non, point du tout.

Le secret de la puissance tient à cet examen simple et vrai, et non pas fait une fois pour toutes, mais entretenu comme un exercice de piété. Qu’est-ce que la piété, sinon cela ? La piété consiste à cultiver des rapports vrais avec le Seigneur. Ces rapports ne peuvent être que par la nature divine que nous tenons de Christ. Nous avons reçu la nature de Dieu, cette nature qui ne pèche jamais. Cette nature n’est jamais légère, jamais mondaine, ne recherche jamais les folles plaisanteries, qui sont un pain pour le monde et un poison pour les chrétiens. Cette nouvelle nature trouve ses délices en Dieu, dans la gravité, la paix, et l’inexprimable bonheur de la communion avec Dieu.

Que le Seigneur nous donne de ne pas reculer devant ces exercices. Tous ces exercices sont «payants», et ils procurent à l’âme, chez laquelle le Seigneur les entretient, un bienfait qu’il est impossible d’exprimer.

Que le Seigneur nous accorde de veiller de très près sur nos voies, et nous trouverons de la force. Car, au lieu d’avoir Dieu contre nous dans bien des choses, nous l’aurons pour nous dans le détail. Christ sera notre patience, et nous fera expérimenter que, dans la patience, qui suppose toujours la souffrance, il peut y avoir un bonheur que nous ne goûterions pas dans des circonstances plus faciles.

L’apôtre pouvait dire, sans mentir : «Je puis toutes chose en Celui qui me fortifie» (Phil. 4:13). «Je me réjouis dans les détresses». «Quand je suis faible, alors je suis fort» (2 Cor. 12:10). C’est le Saint Esprit qui lui donnait de surmonter les difficultés. Et, au lieu de voir un homme qui n’en pouvait plus et qui demandait grâce, c’est un homme qui nous dit, à nous aussi, ce qu’il disait aux chrétiens de son temps : «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur» (Phil. 4:4).

Qu’y a-t-il de plus puissant qu’une âme qui traverse des difficultés avec patience ? Il n’y a pas de plus grande démonstration que cela. Ce qui manque, de nos jours, ce sont des démonstrations de ce genre. On cherche, on prétend avoir de la puissance et, si on osait, on partirait chasser les démons. Les démonstrations les plus belles et les plus merveilleuses de puissance sont celles que le Seigneur accomplit lorsqu’Il détruit en nous toutes les énergies qui s’opposent à Dieu, au Seigneur et à l’Esprit Saint.

Pour chercher un exemple qui ne sera pas rare, et à propos duquel personne ne pourra se dérober, il n’y a rien de plus difficile, pour un chrétien — et pour un inconverti, c’est impossible — que de détruire l’égoïsme, d’effacer l’activité du moi. Le moi ne disparaîtra que quand nous quitterons cette scène. Mais être délivrés de son influence, de son action, quelle chose difficile ! Si nous ne sommes pas sous l’action du Saint Esprit, ce que nous faisons, même pour le service chrétien, est entaché de cette faiblesse, de cette faute, de ce manquement, du fait que le moi intervient, ce moi qui a le même visage, aux yeux de Dieu, dans un chrétien que chez le plus affreux des hommes opposés à Dieu.

Et si nous voulons, dans ces derniers jours, glorifier Dieu et le Seigneur, et découvrir le chemin où nous pourrons ainsi glorifier ces personnes divines, si nous voulons réaliser cela, n’allons pas chercher loin. N’allons pas chercher des actions d’éclat, des actions qui risquent seulement de tourner à la confusion de tout le monde. N’allons pas nous égarer dans des sentiers qui ne sont pas ceux que Dieu a tracés. Penchons-nous sur l’Écriture, et demandons au Seigneur qu’Il nous aide à remporter, jour après jour, quelque victoire nouvelle sur ce «moi» qui est en nous, et à ce que nous soyons, aujourd’hui, un peu moins asservis à lui, un peu plus débarrassés de cette recherche de nous-mêmes, qui nous poursuit même dans le service et le témoignage chrétien. Et qu’Il nous accorde la grâce que ce soit notre prière de tous les jours, que le Seigneur nous délivre de cet égoïsme, qui est en tous, et qui est un péché indélébile, qui marque chacun des chrétiens, qui est une forteresse contre laquelle aucune puissance n’a jamais rien pu faire. Le Saint Esprit peut seul en avoir raison.

Voilà le genre de puissance, de nos jours et de tous les jours, supérieur à tous les autres.

Supposez qu’il y ait un chrétien en qui le Saint Esprit agisse avec une puissance non limitée, en aucune manière. Vous auriez un homme qui serait rempli de Christ. Vous auriez un homme qui s’oublierait à tous égards et pour toutes choses, qui ne chercherait pas sa gloire, dans aucun domaine, qui ne chercherait son propre intérêt en aucun point, qui n’aurait à coeur que la gloire du Seigneur, le vrai bien des inconvertis. Et puis, ayant fait le bien, ayant accompli un service que le Seigneur lui avait confié, il n’aurait rien de plus pressé que de se réfugier à l’ombre de son aile. N’y a-t-il rien de supérieur à cela, au vingtième siècle ? Car il s’agit ici d’une victoire de l’Esprit, remportée sur la nature foncière de l’homme, cette nature dont Dieu n’a rien pu faire. Dieu est alors intervenu d’une manière merveilleuse, en introduisant un autre homme, qui est le dernier Adam, le second homme, venu du ciel, dont nous possédons la vie. Dieu n’a rien pu faire pour le premier Adam. La merveille des merveilles, c’est que le Saint Esprit peut produire en nous la vie du second homme. Si nous voulons nous arrêter devant ce qu’Il a produit de plus beau, en tout premier lieu, le premier de tous les fruits, lorsqu’aucune tache n’était venu ternir le témoignage, c’est Actes 4:32 : «Ils étaient un coeur et une âme ; et nul ne disait d’aucune des choses qu’il possédait, qu’elle fût à lui…».

Retrouver cela dans l’ensemble, non ; chez certains individus, oui. Chez certains hommes du Témoignage, j’en suis sûr. Mais ce qui est infiniment supérieur au fait de guérir un malade, même si le Seigneur voulait l’accorder de nos jours, c’est de voir le Saint Esprit dompter cette vieille nature, pour que le nouvel homme, la nouvelle nature, prenne son accroissement. À ce moment-là, nous n’aurons plus à nous faire de souci ; nous n’aurons pas à nous demander : Seigneur, que veux-tu que je fasse ? Le chemin resplendira comme la lumière du soleil à midi. Et, quand nous avons tant de questions sur le chemin à suivre, c’est simplement notre coeur qui est enténébré ; et c’est dans notre coeur que nous avons à demander à Dieu qu’Il mette de l’ordre. La mise en ordre, c’est la mise de côté du moi, des convoitises, de ces passions qualifiées dans ce pauvre monde.

Voilà, chers jeunes qui commencez votre carrière, comment, d’après l’Écriture, vous pouvez la fournir, d’une façon qui honorera le Seigneur et qui vous remplira d’une espérance dont vous n’avez pas l’idée, qui vous enrichira dans la connaissance de Dieu, du Seigneur, et vous rendra vainqueurs de ce qui est en vous et de ce qui est autour de vous.

Combien cette vérité éternelle de l’Écriture résout toutes les questions qu’une génération après l’autre se pose, et devant lesquelles, l’une après l’autre est obligée d’avouer, si elle est sincère, sa totale impuissance.

Un Esprit de puissance ! Ce qu’il faut, c’est de la puissance, de la puissance pour être tout simplement chrétien, et de la puissance pour marcher et pour servir. Mais, avant de nous préoccuper du service, occupons-nous de notre propre état. Je sais bien qu’on accusera les chrétiens de se préoccuper d’eux-mêmes ; mais cela est essentiel, et toujours nécessaire. Et, dans la mesure où nous connaissons la communion avec le Père et son Fils Jésus Christ, nous demandons au Père, et nous demandons au Seigneur, de nous garder dans cet état, hors duquel il n’y a, pratiquement, rien. Sans la présence et l’action du Saint Esprit en nous, il n’y a pas d’amour, pas plus qu’il n’y a de puissance.

C’est difficile d’aimer, c’est très difficile. L’amour s’oppose à la haine. L’amour de Jésus s’est opposé à la haine, et il a triomphé de la haine. L’amour chrétien peut triompher de la haine qu’il trouve au-dehors, du mépris, de l’opposition sous toutes ses formes ; mais ce n’est pas la chose la plus difficile à vaincre. L’amour peut surmonter la haine, le mépris, tous les sentiments qui se manifestent si facilement dans le monde vis-à-vis des chrétiens, et qui se manifesteraient plus facilement encore si nous étions plus fidèles.

Mais il y a un point qui est important, même s’il y a peu de questions pour nous, du fait de la haine que nous ne rencontrons pas. Il y a peu de haine, d’opposition, de mépris, aujourd’hui. Un chrétien sérieux, on l’honore trop ; on peut croire qu’il n’est pas assez fidèle. Même si Dieu peut avoir calmé cette opposition, supposant même que ce soit selon Dieu que nous ayons des temps paisibles de la part du dehors, l’amour a à vaincre un ennemi qui est en nous tous, qui est l’égoïsme. L’amour surmonte l’égoïsme. Et Dieu peut nous donner de réaliser, par l’Esprit Saint, cet amour qui fait que le moi est mis de côté. Que ce soit un problème jamais résolu, et à propos duquel nous avons à être exercés tous les jours, cela est certain. Mais la ressource est là ; et il est bon de nous arrêter devant cette ressource.

À mesure qu’on avance dans la vie chrétienne, on se rend compte davantage que ce qui est le plus important, dans la vie chrétienne, c’est l’état intérieur du coeur, ce sont les rapports avec Dieu. Et je citerai, pour confirmer cela, en m’abritant derrière un autre, cette parole sortie de sa bouche par ses écrits : «Dieu fait plus en nous que par nous». Et la vie de celui qui a ainsi parlé a été plus pleine de travail que celle d’aucun d’entre nous ; sa vie de dévouement, de service, a été consacrée au Seigneur.

Dieu fait plus en nous que par nous ; tandis que nous sommes beaucoup plus préoccupés, surtout quand nous sommes jeunes, nous avons tous la tendance, au contraire, de penser que Dieu fait plus par nous qu’en nous. Ce n’est sûrement pas vrai. L’apôtre lui-même, pour citer une parole inspirée, ne dit pas : «Pour moi, vivre, c’est prêcher, vivre, prier, visiter les malades ; c’est annoncer l’évangile». Il a fait tout cela, mais il dit : «Pour moi, vivre c’est Christ» (Phil. 1:21).

L’essentiel de la vie d’un homme, la valeur d’un chrétien, n’est pas dans ce qu’il fait. La valeur d’un chrétien est dans ce qu’il est et, par conséquent, dans la manière et dans l’esprit dans lesquels il fait ce qu’il fait. De nos jours, nous pouvons être tentés d’être égarés par des activités de tous ordres.

D’autre part, un point de toute importance, lié à ce sujet, c’est que, lorsque nous sommes ainsi exercés à ne pas attrister le Saint Esprit dans notre marche, dans notre vie, quand nous sommes seuls en accomplissant notre travail ordinaire, il ne faudrait pas penser que les gens qui ont de lourdes tâches doivent être désavantagés, quant à la vie chrétienne. Ce serait accuser Dieu d’injustice et, s’il fallait être dégagé de toute obligation présente pour être un chrétien fidèle, ce serait dommage.

Il y en a qui sont ainsi appelés, et nous pouvons demander qu’il y en ait de tels. Mais, de toutes façons, ce sont des exceptions ; et ils ont besoin de veiller à cultiver ces bons rapports avec le Seigneur, pour que leur service ne revête jamais le caractère de «métier», mais soit toujours un service accompli dans la dépendance, renouvelée jour après jour. Cela exige un exercice de tous les jours, de prières, de supplications, de jugement de soi-même ; autrement dit, de piété pratique.

Ce ne sont donc pas les activités extérieures qui sont une garantie de fidélité ou de valeur de la vie chrétienne ; c’est l’état d’âme dans lequel nous nous trouvons, lorsque nous accomplissons ces services.

Tous les chrétiens ont aussi un service ; ils ont aussi une marche, un témoignage. Leur vie toute entière doit être tissée d’exercices que le Seigneur produit en eux, et c’est cela, la vie chrétienne d’un homme. Ce n’est pas sa vie extérieure, mais les relations qu’il a avec Dieu, en accomplissant sa tâche. Mères de famille et qui que ce soit, qui avons des occupations diverses, si nous sommes à notre place, nous pouvons être exercés. Une mère de famille pourra être une servante qui aura honoré le Seigneur plus que d’autres, qui se seront mis en avant, pour accomplir des services plus spectaculaires. Un frère peut très bien être appelé à faire son travail au bureau, dans lequel sa place lui a été assignée. Et, s’il a le Seigneur avec lui, sa vie sera aussi pleine que celle d’un autre. Cela est propre à nous encourager, non pas à la paresse ; car c’est encore un très grand mal que la paresse spirituelle, qui est lié à l’égoïsme de nos pauvres coeurs. Mais que nous ne soyons pas prompts à poser l’outil que le Seigneur a placé entre nos mains, pour nous engager dans tel ou tel chemin, pour faire mieux. Que le Seigneur nous garde de cela.

Que ceux qu’Il appelle — et encore, que ceux-là aient un appel certain — aient affaire au Seigneur tous les jours de l’exercice de leur service, pour que leur carrière soit commencée, continuée et terminée avec Lui ; mais cela non plus n’est pas facile. Cela est impossible, sans Dieu. Le moindre service, offrir un verre d’eau froide, si je ne le fais pas pour le Seigneur, mon service est perdu.

Comme c’est précieux et réconfortant, et admirable en même temps, de trouver là des caractères éternels et invariables, qui répondent aux vrais besoins de tous les temps, et dans toutes les circonstances. Ce n’est pas la peine de se chercher un gîte où on est isolé de tous les hommes ; on ne pourra pas s’isoler de soi-même. La façon d’être libéré de soi-même, c’est d’avoir le coeur rempli de Dieu. C’est le secret de la libération et de la liberté pratique. Chers jeunes amis chrétiens, pour vous encourager, je désire vous dire que vous ne trouverez pas cette liberté d’un seul coup, et même, que nous n’arriverons pas à la liberté totale. Et même, la libération totale ne se fait, en général, que quand nous quittons ce corps. Mais toutefois, cela en vaut la peine. Si nous ne sommes pas exercés dans ce sens, notre carrière chrétienne est manquée.

Cultivons la communion avec le Seigneur de très près, lisant l’Écriture, ne cherchant pas à nous former un bagage énorme et impressionnant de connaissances — bien que l’étude de la Parole soit nécessaire et qu’il faille l’étudier ; c’est de toute importance. Mais, en même temps que cela, cultivons la communion avec le Père et son Fils. Et nous ne l’aurons jamais sans avoir des exercices de conscience. Ceci peut paraître insignifiant, sans doute, et de peu d’importance. Il n’y a rien qui apporte à l’âme les mêmes satisfactions, le même degré de communion, de joie, de force, et qui nous révèle Dieu et qui remplit l’âme d’une paix et d’une lumière semblables.

Si on remonte en arrière, on ne regrette pas d’avoir été appelé à suivre ce chemin d’exercices. Si on a des regrets, ces regrets sont de n’avoir pas commencé plus tôt dans ce chemin-là.

Étant données la lumière et les instructions que nous avons reçues, c’est dans ce chemin-là que tous les frères sont appelés. Tous ceux qui ont été placés au contact de la Parole, comme nous l’avons été, et qui sont dépositaires d’un ensemble de connaissances qui ferait pâlir la science des réformateurs, tous ceux-là, le Seigneur ne les a pas instruits de cette manière pour qu’ils se permettent une vie relâchée, où le moi, l’amour du monde, puissent avoir leur part, plus ou moins encouragés ou tolérés. Il leur a donné cette connaissance pour qu’ils soient engagés dans ce combat qu’ils ont à livrer, non pas au-dehors d’abord, mais au-dedans, pour désapprouver toutes les manifestations de ce moi dont Dieu n’a rien à faire, et dont Il a réglé le sort en le mettant à mort, notre moi ayant été crucifié avec Christ. Je ne parle pas du «moi» des inconvertis, mais du «moi» de tous les croyants.

Que le Seigneur nous encourage. La vie chrétienne est faite de détails, dans la vie quotidienne. Et ce qui concerne les détails de notre vie détermine, non pas seulement la valeur d’une de nos journées, mais contribue à déterminer la valeur, aux yeux du Seigneur, de notre carrière chrétienne toute entière.

La carrière chrétienne, dans ces exercices de renoncement, fruits de la grâce de Dieu, est la seule qui vaille la peine d’être vécue. C’était la seule du temps de Paul, et c’est la seule aujourd’hui.

 

4   La vie chrétienne dans un temps de ruine — 2 Timothée 1:7 ; 2:1-7, 24 ; 3:1, 6, 12, 15 ; 4:1-4, 7-10, 18-22

 

[LC n° 129]

Dimanche après-midi 25 avril 1948

 

Nous sentons combien ces enseignements de la Parole sont à propos, dans les circonstances que nous traversons.

Il a été donné à l’apôtre de voir s’écrouler le résultat extérieur de son travail (que ce fût une de ses plus grandes douleurs, nous n’en discutons pas ; il a consacré sa vie à l’Assemblée ; comme il le dit aux Colossiens, il a souffert pour rassembler, tandis que Jésus a souffert pour racheter ; j’achève les souffrances dit Paul en Col. 1:24). Nous trouvons, dans l’expérience du christianisme, un résultat qui rejoint toutes les expériences que Dieu a faites avec l’homme avant le christianisme. Et nous y ajoutons, nous, depuis que Paul a écrit, une expérience nouvelle et semblable — outre les expériences individuelles. Car nous pouvons bien reconnaître et sentir que, nous aussi, dans ce témoignage du dernier temps, nous avons failli. Il est bon de le sentir. Il ne faut pas que nous levions la tête vers Dieu comme si nous n’avions rien fait, quant à ce déclin. L’intelligence de la foi, dans tous les temps, c’est qu’elle ne lève pas la tête vers Dieu comme si rien ne s’était passé. C’est Caïn qui a fait cela, comme s’il n’y avait rien entre Dieu et Adam et sa descendance. Il s’est tourné vers Dieu comme si, après tout ce qui s’était passé, il pouvait s’arranger avec lui d’une façon bien commode. L’attitude de Caïn offrant les fruits de son travail se retrouve dans toutes les époques ; tandis que la foi, au lieu de lever un front audacieux vers Dieu, baisse la tête vers la terre. La foi reconnaît le péché, les défaillances, dont elle est coupable.

Il est certain, et personne ne saurait le contredire, que cette pensée, cet état d’esprit, a caractérisé, d’une façon distincte, nos conducteurs du siècle passé. Il n’est pas possible d’ouvrir leurs écrits sans trouver que ce qui les a distingués, dans leur attitude vis-à-vis de Dieu, c’est que, alors que d’autres, en reconnaissant beaucoup de choses, voulaient venir devant Dieu la tête haute, comme si rien ne s’était passé, et comme si on pouvait se retrouver au chap. 2 des Actes, nos conducteurs, enseignés par Dieu, sont venus le front dans la poussière, et ont dit : Nous avons péché ; nous comprenons que la gloire de Dieu ne peut pas oublier l’offense qui, pendant dix-huit siècles, a monté vers Dieu, à cause des infidélités.

Nous avons, chers frères et soeurs, et tout croyant qui veut trouver Dieu en bénédiction, les mêmes raisons de prendre et de garder cette attitude ; et cela d’autant plus que, vis-à-vis même de ceux qui nous ont enseignés, nous avons baissé.

Je ne saurais trop insister sur ceci, c’est que l’intelligence de la foi qui connaît Dieu, qui va droit à lui, sait ce qui convient à Dieu et ce qui ne lui convient pas, et bannit de son attitude ce qui ne convient pas : le front audacieux, ce front audacieux qui outrage Dieu et qui, au fond, caractérise l’attitude de tout homme non touché par la grâce. Parlez à n’importe quel homme dans la rue, endurci contre Dieu ; il se dresse contre Dieu. Au lieu d’avoir honte de tout ce qui a marqué sa vie et qu’il sait bien (il sait qu’il y a, dans sa vie, beaucoup de choses déshonorantes ; entre eux, ils se le disent quelquefois, l’avouent), quand vous parlez de Dieu, il se dresse contre lui. Il est comme la femme de Proverbes, qui s’essuie la bouche et dit : «Je n’ai point péché» (30:20). Le principe est le même, qu’il s’agisse d’un inconverti ou des chrétiens. Ce qui honore Dieu, ce n’est pas que nous couvrions ce que nous avons fait contre Lui, mais c’est de le découvrir, et d’aller devant Dieu en découvrant ce que nous avons fait, ce que nous sommes. Sinon, Dieu se chargera de le faire ; mais nous nous serons privés de la bénédiction.

Relativement au témoignage, il faut que nous ne perdions pas cela de vue. Les frères, dans les assemblées, quels qu’ils soient, qui ont pris une position d’avant-garde et, par suite, de responsabilité, doivent être les premiers dans ce chemin, et des modèles dans ce chemin, qui consiste à venir devant Dieu la face contre terre et dans la poussière, avec le sentiment profond, vrai, que nous avons ajouté à toutes les défaillances antérieures. Alors Dieu bénit ; Dieu se révèle. Nous ouvrons notre coeur ; Dieu ouvre le sien. Mais, si nous fermons notre coeur, Dieu ferme le sien. C’est un principe immuable, permanent, dans toutes les relations de l’homme avec Dieu, dans quelque condition que soit l’homme, à plus forte raison lorsqu’il s’agit de ceux qui, par la grâce de Dieu, ont été groupés autour de Christ et, on peut le dire, malgré tout, ont été placés dans le chemin qui est selon la pensée du Seigneur. Les frères, il faut le redire pour soi-même, doivent être des modèles d’humilité. Au lieu de lever la tête et de se promener par le monde comme s’ils étaient des saints et des purs, ils doivent traverser ce monde et aller, devant Dieu et devant les hommes, avec ce sentiment intérieur et continu, qu’ils ont horreur d’eux-mêmes. Et, en même temps alors, en ayant ce sentiment, ils ont le droit, de la part de Dieu — Dieu leur donne ce droit moral intérieur — de jouir de leur position immuable, inattaquable, en Christ. Mais, si quelqu’un se prévaut de sa situation et de sa position en Christ, mais n’est pas droit devant Dieu, en maintenant dans son coeur et dans sa vie des choses incompatibles avec cette présence de Christ, comment Dieu peut-il le qualifier, et comment la Parole peut-elle le qualifier ?

Nous voulons jouir de Dieu. C’est le bonheur, le bonheur suprême, partout et toujours, le bonheur sur la terre et dans le ciel. Ne pensons pas que nous courberons les droits de Dieu aux caprices et aux passions de nos pauvres coeurs ; jamais !

Dans ces temps de ruine, nous voyons Paul qui écrit à Timothée, qui est un jeune homme. Il lui adresse ses dernières paroles, et lui dit : Tu sais, tout est perdu ; extérieurement, c’est la déroute. C’est un tableau de déroute, cette seconde épître. La première nous montre comment il faut se conduire dans l’assemblée qui est en ordre ; la seconde, c’est un peu le sauve-qui-peut, pour ainsi dire, en un sens. L’assemblée disparaît ; elle est ébranlée. Le témoignage croule ; sur quoi s’appuyer ? Eh bien, il n’y a peut-être pas d’épîtres où on trouve autant de points d’appui que dans la seconde épître à Timothée. Elle est adressée à un jeune homme. On a peur, quelquefois, et on dit : Il ne faut pas trop en donner aux jeunes. Or ici, Dieu fait écrire Paul, un père, à un jeune homme ; il lui fait écrire ses instructions. Paul lui dit : Je ne te cache pas les choses ; voilà la situation terrible, affligeante ; mais, tu sais, il n’y a pas d’autre chemin, et voilà le chemin que j’ai tracé. «J’ai combattu le bon combat…» (4:7). Fais comme moi ; c’est ce qu’il nous dit à tous. Puissions-nous avoir l’oreille et le coeur d’un Timothée.

Que lui dit-il, au commencement, dans le premier chapitre ? Timothée, ne te laisse pas effrayer par l’apparente victoire de l’ennemi. Dieu nous a donné des choses qui sont hors de sa portée. L’ennemi a beau faire, c’est un ennemi vaincu. Jésus Christ a fait luire la vie ; il a annulé la mort. Si notre Seigneur Jésus Christ a annulé la mort, c’est que Satan est vaincu. Satan est très rusé, fait beaucoup de mal aux croyants, et, depuis vingt siècles, il en a fait, il continue à en faire. Mais la foi sait que Satan est battu ; c’est pourquoi Satan ne peut pas supporter un chrétien pieux, quelque part. Il va s’appliquer à le faire broncher ; il le séduira. S’il y a une pièce de l’armure qui lui manque, une affection qui n’est pas jugée, Satan va prendre cette âme par là Il ne peut pas supporter quelqu’un de pieux. Cela le gêne, et une assemblée à plus forte raison.

Un de nos devanciers disait qu’une assemblée, deux ou trois croyants sans prétention, c’est une épine dans le côté du diable ; c’est très juste. Partout où on allie le monde et le christianisme, où il y a alliance, mélange, le diable dit : Ceux-là, je les tiens ; je les domine ; je les mène par leurs convoitises ; ce sont mes esclaves, mes serviteurs ; ils font ce que je veux ; ils ne sont pas les témoins du vainqueur de la croix, mais mes serviteurs à moi. Tandis que, si nous voulons servir le Seigneur et non pas Satan, nous sentons la force de Satan. Un chrétien qui vit dans le monde ne sent pas la force de Satan. Il ne sait pas ce que c’est que d’avoir des hauts et des bas. Il ne sait pas ce que c’est que de perdre la communion ; il ne l’a pas.

Savons-nous ce que c’est que la communion avec le Seigneur, que vivre en communion avec lui ? Ce ne sont pas des mots. Jouir de la communion avec le Père et son Fils Jésus Christ, savons-nous ce que c’est ? Quand nous ne jouissons pas de la communion avec le Père et avec son Fils, nous sommes, pratiquement, dans les mains de Satan. Avoir communion, cela ne veut pas dire parler des choses de Dieu ; cela veut dire en jouir, y vivre, notre âme étant nourrie de ces choses, notre âme étant remplie de ces choses, et bannir tout ce qui nous prive de cela.

Nous avons à veiller à ne pas parler de ce que nous ne sentons pas, à ne pas dire des choses que nous ne réalisons pas. Sinon, nous nous séduisons nous-mêmes.

Eh bien, Satan est un ennemi vaincu. Jésus a annulé la mort. La mort est nulle ; c’est une expression belle et très forte. Il a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’Évangile.

Avant la croix, les croyants n’avaient pas du tout la même pensée que nous. La mort était quelque chose de sombre, même pour les croyants. Jésus n’était pas mort et ressuscité.

Depuis dix-neuf siècles, l’ennemi n’a pas perdu son temps. Mais Paul dit à Timothée : La victoire est bien remportée, et n’est pas en question. Le Seigneur nous rappelle que la défaite de l’ennemi est une vraie défaite, et il n’est pas question d’en annuler la portée.

Au fond du Jourdain, bien qu’il repasse par-dessus tous ses bords, les douze pierres étaient plantées, en témoignage que l’arche du Seigneur de toute la terre avait passé là, au fond des eaux du Jourdain, et que la mort était vaincue. Le Seigneur peut dire : Ne crains pas ; je tiens les clés de la mort et du hadès. Réjouissons-nous dans cette pensée. Voilà le point d’appui, pour notre foi. N’y aurait-il que cela, nous savons que la mort est nulle. Nous sommes à Christ, liés à Christ, le vainqueur de la mort ; cela en vaut la peine. Après tout, c’est bien ce dont il faut se souvenir, quand l’heure vient de quitter ce monde. C’est alors le suprême dépouillement, le dépouillement définitif, vis-à-vis des choses liées à l’ancienne création. Il s’agit de savoir si, sur ce point, on est bien fixé, c’est-à-dire si on a la vie éternelle par la foi au nom du Seigneur Jésus ! Je dis en passant (nous l’avons dit, mais pas assez, pas depuis assez longtemps, et nous le voyons, dans cette épître) : Que les parents enseignent leurs enfants avec les Saintes Lettres ; que les parents, de bonne heure, fassent pénétrer les Saintes Lettres dans le coeur de leurs enfants. Que les parents se souviennent, et les chefs de famille en particulier, qu’avant de penser aux autres âmes, ils ont à penser à l’atmosphère de leur propre maison. Timothée avait été nourri des Saintes Lettres. Que la lecture de la Parole de Dieu soit faite avec toute révérence, dans les familles, avec tout le respect et tout l’esprit de prière et de supplication qui conviennent. Qu’il nous soit donné de ne pas profaner la Parole de Dieu, en la mélangeant à nos propres pensées. Et, lorsque les parents peuvent dire : «en voilà un qui est passé de la mort à la vie !», «un autre !», et «ils sont tous passés de la mort à la vie !», alors : «Seigneur, tu peux venir et, si même avant la venue du Seigneur, nous devons quitter la terre, c’est bien, tout est réglé, l’essentiel est fait». C’est sérieux ! Il ne s’agit pas de nous payer d’apparences, comme l’ennemi veut toujours nous entraîner à faire. Il s’agit toujours d’aller voir les assises de la vérité, sous les apparences. Jésus a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile. Quand la marée emporte tout, voilà un pivot qu’elle ne touchera pas. Il y en a d’autres, dans cette épître, et dans le premier verset d’abord. Dans toute cette épître, Dieu abandonne ce qui est dispensationnel, même l’Assemblée. Et il invite nos âmes à s’appuyer sur ce qui est éternel, à savoir la vie éternelle, la promesse de la vie donnée avant les temps des siècles. Avant qu’il y eut le temps, déjà la promesse de la vie était donnée ! Voilà à quelle hauteur Dieu nous élève, quand tout croule ici-bas. Nous en avons besoin. Et, quand ce qui est confié à l’homme disparaît et s’écroule, Dieu dit : Voilà ma pensée, ce que je vais faire ; voilà mon conseil, contre lequel personne ni rien ne peuvent quelque chose. C’est précieux, cela ; et il faut le prêcher au monde. Quand on prêche l’évangile, il ne faut pas prêcher des mots, il faut prêcher des faits : la croix de Jésus, le triomphe de Christ, le sang de Christ, la venue de Christ.

Puis Paul invite Timothée à se fortifier dans la grâce. Il nous le dit à nous aussi, d’être un bon soldat de Jésus-Christ. Un bon soldat doit être dévoué, ne pas s’embarrasser. J’en suis persuadé, beaucoup de choses nous embarrassent, dans notre combat. La vie chrétienne la plus simple est la meilleure. Plus elle est simple, mieux elle vaut : c’est ne pas s’embarrasser dans les affaires de la vie. Un soldat qui va à la guerre, eh bien, entre lui et son passé, il y a une séparation. C’est fini ; il oublie son passé, tout ce qui le rattache à la vie ordinaire. Et, dans un sens, nous devrions tous être ainsi, à des degrés divers, selon notre foi : ne pas nous embarrasser dans les affaires de la vie ! Que chacun de nous s’arrête devant le Seigneur, et voie ce dont il peut se séparer, ce qui peut l’embarrasser, dans la vie. Bien des chrétiens perdent leur vie avec des riens, même des chrétiens avancés en âge. On parlera de toutes sortes de choses de la vie, des difficultés, des douleurs, des épreuves. Mais l’expérience d’une épreuve où on n’a pas vécu Christ, c’est une expérience perdue ; c’est à recommencer. Mais la vie tout entière n’est pas à recommencer ; on ne la recommence pas ! On trouve même des chrétiens avancés en âge — l’âge ne fait pas la piété ni la spiritualité ; ce n’est pas parce qu’on est vieux qu’on est un père — qui ont passé tant d’années, de circonstances, sans Christ ! Et nous ne pensons pas seulement à des gens du dehors, mais même parmi nous. Dieu nous envoie une épreuve. La première chose à dire est : Seigneur, donne-moi d’être avec toi ; qu’est-ce que j’ai à apprendre ? Un moment plus facile, de prospérité survient : avant tout, Seigneur, avec toi.

J’insiste sur ceci, parce que c’est un des maux dont nous souffrons aujourd’hui. La vie se déroule, jour après jour, heure après heure, sans rien.

On ne vous aura pas mis en prison. Vous serez compté peut-être pour un très brave chrétien, très gentil, très bien. À ce point de vue, il peut arriver qu’un chrétien, qui aura eu une lourde chute, aura une vie plus belle, plus pleine, parce qu’il aura été brisé. Il aura appris qu’il lui faut Christ à tout prix ! Ce n’est pas toujours le cas, mais c’est arrivé.

Je prie, je supplie, que nous ne pensions pas qu’une vie irréprochable extérieurement soit une vie pleine ; pas du tout.

Un chrétien disait : Il y a trois hommes en moi : le vieil homme, le nouvel homme et, entre les deux, tout ce qui m’occupe chaque jour. Et je crois que nous avons à faire attention à cela, tous.

Si, dans les familles, on disperse son temps, si on émiette son temps, ses pensées, ses affections, sur une multitude de petits objets, toute l’atmosphère familiale s’en ressentira. Et cela explique énormément de choses. Il n’y a jamais la même armature d’âme, jamais la même nourriture d’âme ; et alors, au jour de l’épreuve, où les flots viennent contre cette maison, spirituellement parlant, qu’arrive-t-il ? C’est très sérieux.

J’attire l’attention sur ce point, celle des parents, des enfants, de ceux qui sont en âge de responsabilité : qu’est-ce qui remplit ma vie, du matin au soir ? Faisons attention à cela. On voit des parents qui, enfants, traitaient à la légère cette question. Lorsqu’ils sont devenus parents, c’est une révélation pour eux, tout à coup, que le sérieux de cette question. Qu’est-ce qui remplit notre vie, tous les jours ? On nous dit : Il ne faut pas toujours parler de Christ ; nous sommes tout à fait d’accord. Nous avons vu tant d’hommes qui parlent et écrivent des épîtres sans en jouir, sans mentir. Mais si on veut dire qu’il ne faut pas parler ni écrire sur ces questions, parce qu’on veut dire qu’il n’y faut pas penser, ce n’est pas ce que Dieu veut. Quand nous n’y pensons pas, le Saint Esprit est contristé, et mon âme est ouverte à tous les échos du monde. Il faut quelque chose au coeur ; si ce n’est pas le ciel, Christ, ce sont les choses du monde. Et on se pose des questions qui, à elles seules, révèlent l’état de l’âme. Elles n’appellent pas de réponse, mais révèlent un état d’âme.

Voilà un soldat de Jésus Christ. Ce n’est pas agréable, d’être soldat. Nous serions volontiers des soldats pour défiler les jours de gloire ; alors, on trouve des volontaires ! Mais, lorsqu’il s’agit de se tenir là aux moments difficiles, où il y a seulement des coups à recevoir, on ne trouve pas de volontaires. Il faut faire son compte : difficultés, souffrances, larmes, épreuves, cela va très bien. Voilà comment parle la foi. Et puis, il y a l’obéissance ; il faut marcher selon les lois. On dit : Chrétiens, nous faisons ce que nous voulons. Pas du tout. Vous n’avez pas le droit de choisir la forme du témoignage. L’obéissance est la deuxième vertu ; vous avez à obéir. Un chrétien qui n’obéit pas ne porte pas l’image de Christ, mais du premier Adam, pas du dernier. Un chrétien qui n’obéit pas pèche. Il n’a pas le droit de dire : Moi, je pense ainsi, et moi, je pense ainsi. Qu’est-ce que Christ pense ? Qu’est ce que Christ veut, que veut mon maître, où veut-il que je marche, le maître qui est mort pour moi, qui a été celui qui a obéi jusqu’à la mort ? Le valet n’est pas plus grand que le maître (Jean 13:16).

Une troisième vertu, c’est la patience. Le laboureur ne moissonne pas le jour où il sème. Nous semons, servons, souffrons… Que le Seigneur encourage ceux qui le font ! Les évangélistes, que le Seigneur les encourage ! Je l’ai souvent demandé dans mon coeur. C’est un très précieux service ; ce n’est pas nécessairement le plus facile ; mais il est quelquefois plus facile d’avoir affaire à un monde opposé, au visage découvert, qu’aux difficultés et aux combats intérieurs.

Voilà des exhortations, des encouragements, pour Timothée.

Au chap. 2, disons quelques mots sur les versets relatifs aux derniers temps, pas aux derniers jours. Les derniers jours, c’est au chap. 3 ; au chap. 2, ce ne sont pas encore les derniers jours. Je désirais dire un mot sur cette devise qui est là : «Or le solide fondement de Dieu demeure, ayant ce sceau : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et : Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (v. 19).

Nous avons là un sceau, un cachet, qui a deux faces, une devise sur chaque face. Sur la première : «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens», et sur l’autre : «qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur».

On nous dit : Il y a des chrétiens partout. Très bien, bien sûr ; c’est la première devise du sceau. Mais beaucoup de ceux qui parlent ainsi veulent dire, au fond : Il y a des chrétiens partout ; on doit donc aller partout. Eh bien, tournez le sceau et lisez : «qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur». Nous devons nous retirer de l’iniquité. La responsabilité individuelle est là, dernier refuge de la foi. La responsabilité individuelle existe toujours. Un chrétien ne pourra jamais invoquer quoi que ce soit pour justifier l’association avec le mal. Du moment où il discerne un mal, il est obligé de s’en séparer ; il en est responsable devant Dieu. L’application de cela au témoignage est bien évidente ; elle est vitale. Quelqu’un qui s’associe, le sachant et le voulant, à un mal, se rend coupable avec celui qui commet le mal. L’épître aux Corinthiens nous le montre, pour l’assemblée. Nous devons donc nous retirer de l’iniquité, par égard pour le nom du Seigneur.

Que le Seigneur nous donne, puisque nous sommes séparés de beaucoup de milieux chrétiens, de l’être avec intelligence, de ne pas penser que les murs du local constituent l’écran entre la sainteté et l’iniquité. Nous avons à faire attention à cela, et à nous séparer du mal par égard pour le nom du Seigneur.

Dans toute la Parole de Dieu, la séparation est la règle d’or de la foi. Je sais bien qu’il y a même des frères qui disent : Il ne faut pas être trop étroit. Je répète que le mot «secte» se trouve à la fin des Actes, en parlant du témoignage de notre Seigneur. Le témoignage même a été appelé secte : «on entend dire de cette secte que partout on la contredit» (28:22) !

Nous séparer de l’iniquité : quelqu’un a une fausse doctrine, il faut nous en séparer ; mais, tout d’abord, l’avertir, et prendre toute la peine nécessaire pour l’éclairer. Si nous voyons un danger dans l’introduction du monde et de la chair là où nous faisons profession de dire que «Dieu a tué l’homme ; Dieu a mis l’homme de côté, il a mis le monde de côté ; nous sommes moralement en dehors du monde, des relations du premier Adam avec Dieu», si quelque chose ou quelqu’un établit de nouveau ces relations du premier Adam avec Dieu parmi nous, il faut nous séparer de cela, après des exercices. Car, en toutes choses, il faut l’exercice de la piété. Mais, si nous sommes indifférents, nous ne sommes plus des témoins du Seigneur. C’est très important, la séparation d’avec le monde, et le monde religieux. Je ne saurais dire combien de fois j’ai constaté le mal inouï qu’a fait au témoignage le manque de séparation d’avec le monde ; il a rongé le témoignage. Nos devanciers, qu’est-ce qu’ils ont fait ? Ils sont sortis sans idée préconçue. Le Seigneur les a bénis. Qu’est-ce qu’on voit maintenant ? Le monde rentre ! Celui qui aime le monde, qu’il aille dans le monde ! Mais que les frères et soeurs soient fidèles, pour ne pas laisser corrompre le témoignage. «Si quelqu’un corrompt le temple de Dieu» (1 Cor. 3:17) : la corruption peut être une fausse doctrine ou ce qui en résulte, des pratiques, des façons de voir, qui ne sont pas selon Dieu ; «si quelqu’un corrompt le temple de Dieu, Dieu le détruira».

Il y a le temple, la maison de Dieu, là où Dieu habite. Il faut que les choses soient dignes de Dieu, de celui qui l’habite. Nous avons des exigences, dans nos maisons ; est-ce qu’il n’en aurait pas pour la sienne ?

J’attire l’attention, frères et soeurs, sur ce point : la séparation. Non pas qu’il n’y faille beaucoup de larmes et d’exercices de foi ; mais, autrement, c’est la porte ouverte, c’est la ruine. «Qu’ils reviennent vers toi, mais toi ne retourne pas vers eux» (Jér. 15:19) ; c’est la séparation ! On pourra dire, en lisant quelques versets plus bas. Alors, il n’y aura plus personne ; on se sépare de tout le monde, si on veut aller «avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur». On nous dit : Mais vous ne pouvez pas reconnaître ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur ! Si vous parlez ainsi, vous êtes plus sage que la Parole de Dieu ! Elle suppose que le Seigneur donnera à ceux qui l’invoquent d’un coeur pur la capacité de se retrouver ; si vous dites le contraire, vous annulez la parole de Dieu. Parce que «le Seigneur connaît ceux qui sont siens», ceux qui se retirent de l’iniquité, c’est-à-dire de tous les lieux et façons de faire où l’homme règne, sont assurés que le Seigneur leur donnera de retrouver ceux qui invoquent le nom du Seigneur d’un coeur pur.

«Qu’il se retire…» : c’est très étendu. Cela s’adresse même à un chrétien professant ; il est responsable, plus qu’un païen. Je désire insister sur cela, et prie que le Seigneur nous donne de veiller à cette séparation rigoureuse et intelligente.

Israël, qu’est-ce qui l’a tué ? C’est le manque de séparation. Tout l’Ancien Testament en fait foi, toute l’histoire d’Israël, dans la Palestine, continuellement et dans le détail. Que de fois ne le voyons-nous pas ?

Toutes les fois qu’un chrétien, frère ou soeur — et ceci est indiscutable — mondanise, oublie cette séparation, ne réalise pas cette séparation intérieure, le «nazaréat», il perd sa force, sa puissance. C’est absolu ; c’est une loi, c’est un principe immanquable. On a toujours vu, dans l’histoire du témoignage, que, toutes les fois qu’un chrétien oublie cette séparation intérieure pour Dieu, qu’il fraie avec le monde, et lie des traités d’amitié avec lui, sous quelque forme que ce soit, Dieu lui retire sa puissance.

Je fais un appel à chacun de nous, pensant être le premier à l’entendre, et certain que toute la Parole de Dieu, toute l’expérience, le justifient ; un appel quant à cette nécessité absolue d’être séparés, si nous voulons avoir Dieu avec nous. Dieu n’est jamais avec la chair, avec le monde. Il est contre ceux qui sont du monde. Dans notre vie de tous les jours, j’espère que nous faisons tous cette expérience, que nous jouissons de Dieu quand nous sommes séparés. Si nous ne sommes pas séparés, Dieu se retire à l’instant même. Il dit : Non, je ne peux pas m’associer à cela. Il est fidèle à sa propre gloire, et fidèle envers nous. Nous continuons, en vertu d’une vitesse acquise et d’une force acquise, mais Dieu s’est retiré. Nous voyons cette expression avec Saül et les petits prophètes ; c’est terrible. C’était vrai de Saül, qui n’avait pas la foi ; mais vrai aussi, dans le détail, du chrétien qui est dans le monde. Dieu se retire de lui, et c’est très solennel.

Dans le chap. 3, ce sont les derniers jours. Au chap. 2, pas encore, mais au troisième, c’est encore plus loin. Nous avons le portrait des hommes. Nous pourrions rapprocher ce portrait des hommes chrétiens et celui des hommes païens, dans Romains. C’est le parallélisme — il y a presque identité — entre la corruption chrétienne et la corruption païenne. Il y a quelque chose de plus, dans Timothée, des touches sombres en plus, l’hypocrisie chrétienne : «ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance» (3:5). On a le nom de la piété ! Et on est allié au monde ; on va chercher quelque chose dans le monde ; on se nourrit du monde. Il y a la forme de la piété, sans la puissance. Tandis que, s’il y a vraie piété, la foi est victorieuse ; elle est plus forte que le monde. Nous trouvons cette victoire dans cette épître, et dans les épîtres de Jean.

En terminant : «mais toi tu sais ces choses… les Saintes Lettres». Que cette pensée reste aussi ; que nous lisions la Parole dans nos maisons, qu’elle soit lue. Les conversions que Dieu a opérées dans les lectures de famille, les prières de famille, les conversions que Dieu a opérées sans se servir de quelqu’un, elles sont innombrables. Dieu les révélera un jour, quand il le jugera bon.

Parmi les familles de chrétiens, c’est par ce moyen-là que le plus grand nombre de conversions est opéré. Rien ne vaut, pour les familles de chrétiens, cet exercice quotidien, la lecture de la Parole de Dieu et la prière, parents et enfants se mettant à genoux devant Dieu, rendant gloire à Dieu, prenant devant Dieu la place qui convient, priant Dieu pour qu’il dépose sa parole dans les jeunes coeurs.

Que Dieu fasse que lui-même accompagne sa lumière dans leur coeur, et qu’elle porte du fruit en vie éternelle !

Que le Seigneur soit avec nous pour toujours. Qu’il nous tienne près de lui et qu’il nous garde de l’émiettement quotidien de notre vie, de nos pensées, de nos affections, de nos forces. Qu’il fasse que nos affections soient concentrées en lui. Combien d’objets, au long d’une semaine, accaparent nos affections, nos pensées, notre temps, notre énergie, peut-être notre argent, qui pourtant ne nous appartient pas ! Que le Seigneur nous donne de l’aimer et de vivre près de lui, de rester près de lui, sans bruit, jusqu’à la fin.

 

5   Esprit de puissance, et d’amour et de conseil — 2 Timothée 1:7,14 ; 3:1-5

 

[LC n° 130]

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 233

 

Chacun a sa vie personnelle ; chacun fait sa vie sous sa seule responsabilité, et chacun aura à en rendre compte à Dieu pour lui-même. Personne n’a vécu une vie idéale durant toute sa carrière ; il y a des hauts et des bas. La cause est toujours la même, l’activité du moi, les manifestations du moi. Dieu nous a informés d’une manière assez claire pour que nous n’ayons pas d’excuses, et il nous a donné les ressources suffisantes dans l’Écriture pour tenir ce moi en bride. Nous sommes entièrement responsables, même si ce mot n’est plus guère apprécié de nos jours.

L’apôtre encourage son cher enfant Timothée, qui était encore jeune. La doctrine, l’ensemble des vérités chrétiennes, n’est pas seulement destinée aux apôtres, ou aux anciens, ou aux frères à l’oeuvre du Seigneur. La vérité est pour tous les chrétiens, pour le jeune comme pour le vieillard. «Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil» (2 Tim. 1:7). L’esprit, c’est le Saint Esprit ; la personne du Saint Esprit est identifiée à ses effets dans le croyant. Ce n’est pas un Esprit de crainte, mais de puissance ; c’est le Saint Esprit qui fait tout. Plus un frère ou une soeur sont pieux, plus ils sont dépendants du Saint Esprit, par l’effet même de leur piété, dans leur vie journalière et dans la vie d’assemblée. Marquons donc une fois pour toutes une croix sur la chair, pour nous rappeler qu’elle ne peut rien faire de bon ; Dieu nous le dit souvent. La seule force du chrétien en tout temps, c’est le Saint Esprit.

Un Esprit de puissance : pour faire des miracles ? D’abord pour maîtriser une tendance coupable ou nous maintenir dans la communion avec le Père et avec le Fils, où résident la puissance et l’intelligence. Dans cet état d’âme, on traverse la vie sans danger ; on a le bien absolu, on le goûte, on en jouit ; là est la puissance du nouvel homme qui fait vivre et qui fait marcher. Le croyant n’a pas besoin de mille discussions avec lui-même pour savoir ce qu’il a à faire ; il sera gardé par la puissance de Dieu. Il ne fera pas des exploits extraordinaires au milieu des hommes, sinon le plus extraordinaire de tous : triompher des attaques de Satan par la puissance de l’Esprit. Satan veut la ruine de tous les frères, de toutes les soeurs, mais il laisse les professants tranquilles et les encourage même dans leur situation. Honorons l’hôte divin qui habite en nous ! Faisons davantage intervenir le Seigneur dans toutes nos considérations !

Un Esprit d’amour, d’amour divin, qui vient de Dieu, dépourvu de tout égoïsme, sans limite. L’apôtre Paul manifestait cet amour divin quand il disait, sans rien attendre en retour : «Si même, vous aimant beaucoup plus, je devais être moins aimé» (2 Cor. 12:15). Combien de services n’ont reçu, comme récompense, que l’incompréhension et même le rejet. C’est facile de manifester un christianisme de surface ; mais quand il faut montrer les caractères du Seigneur, alors nous sommes mis à l’épreuve. Notre «moi» nous embarrasse ; il n’est pas facile à réprimer. Il n’y a qu’un seul moyen pour cela : la communion avec le Père et avec le Fils. Nous nous croyons peut-être une élite par rapport à d’autres chrétiens ; nous découvrirons un jour que beaucoup d’entre eux auront montré cet amour vrai d’une manière plus fidèle que nous, avec moins de lumière, dans une vie secrète et solitaire ; nous serons émerveillés un jour de ce que leur fidélité aura donné à Christ. Le Seigneur ne perd rien. Il sait comment, au cours d’une journée, notre coeur a été avec lui.

Un Esprit de conseil, de sobre bon sens : jamais le Saint Esprit ne nous conduit à des jugements extravagants. Est-ce que le Saint Esprit manifeste ses effets en nous, dans l’assemblée, dans toutes les réunions, dans les réunions d’administration ou dans les réunions de culte ? Il est facile de gêner l’action du Saint Esprit, que le Seigneur emploie pour conduire les saints réunis à son nom. Cette seule action de l’Esprit justifie la séparation d’autres milieux chrétiens. Il ne nous sépare pas parce que nous sommes meilleurs, plus pieux, plus dévoués. Le Saint Esprit ne peut pas nous conduire si nous agissons autrement que nous le montre la Parole de Dieu. Pourquoi les réunions ne sont-elles pas plus heureuses ? Parce que nous croyons que ce qu’il nous a donné une fois, il nous le donnera automatiquement une seconde fois. «Garde le bon dépôt par l’Esprit Saint qui habite en nous» (2 Tim. 1:14) ; le garder dans l’âme, dans le coeur, et l’enseigner en vérité par l’Esprit, l’ayant reçu par l’Esprit.

Dans les derniers jours, les hommes seront sans affection naturelle, désobéissants à leurs parents, cruels, n’aimant pas le bien, ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance (2 Tim. 3:1-5). La forme de la piété ne nous permet pas de résister au courant du monde ; la puissance de la piété, c’est celle du Saint Esprit qui nous fait goûter les choses divines et nous sèvre des choses du monde. Aujourd’hui, on se moque de Dieu de toutes manières. Nous ne sommes pas appelés à faire face à cette marée, mais à nous en séparer, à nous séparer du mal, et à en donner la raison le cas échéant. Il est important de faire ce qui plaît au Seigneur et non pas à nous, aussi bien dans nos maisons et dans nos rapports humains que dans l’assemblée. Ce n’est pas parce que le Seigneur ne fait pas entendre sa voix d’une manière effective que nous devons être moins attentifs aux détails des déclarations qu’il a consignées dans l’Écriture, moins attentifs à les saisir et à les mettre en pratique avec l’intelligence de l’Esprit. Le Seigneur veut nous bénir ; il veut bénir l’Assemblée, elle lui est très chère ; elle reste pour lui comme un joyau au milieu d’un monde professant et corrompu. Ayons le souci de lui laisser toute la place, c’est la sienne, en ne cherchant qu’une chose, sa volonté : tu ne dis rien ; eh bien, je ne bouge pas ! Le Seigneur se manifeste encore — il pourrait se manifester beaucoup plus — pour la joie de tous, dans toutes les réunions, dans toutes les assemblées, même si nous sommes trois ou quatre. Montrons notre attachement au Seigneur par des exercices intérieurs et par le souci d’agir avec lui à l’extérieur. Que rien ne nous sépare de lui !

 

6   Le bon dépôt — 2 Timothée 1:14-15 ; 2:19-22 ; 4:3-8

 

[LC n° 131]

5 août 1965

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 360

 

La deuxième épître à Timothée donne des instructions pour piloter en eaux basses ; c’est là qu’on reconnaît les bons pilotes. Il n’y est pas parlé de l’assemblée, mais nous y sommes exhortés à garder le bon dépôt de la vérité : «Tu as gardé ma parole» (Apoc. 3:8) ; nous ne pouvons le faire que dans la dépendance de l’Esprit. Un inconverti ne peut rien garder, il a tout à recevoir, et il ne peut recevoir que par l’action du Saint Esprit en lui. Le Saint Esprit fait tout dans l’âme. C’est l’oubli pratique de ce fait qui accentue le déclin d’une année à l’autre. Les habitudes sont négatives, dans la vie chrétienne. «Garde le bon dépôt», ce n’est pas l’affaire d’un frère ou deux par assemblée ; tous les frères, toutes les soeurs sont concernés.

«Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» (2 Tim. 2:19). Ce verset a la plus grande valeur pour le temps de ruine que nous vivons, où tout paraît avoir croulé. Là est notre ressource. Le Seigneur connaît tous les siens, mais la règle de conduite est donnée à chacun ; chacun ne fait pas ce qu’il veut devant le Seigneur. À ne vouloir aucune règle (ce mot se trouve en Gal. 6:16), on rejette tout, et on sait à quoi cela conduit. Tous les chrétiens de la localité devraient se réunir ensemble. La désunion des chrétiens est un sujet d’humiliation et de larmes ; nous ne guérirons pas cette plaie, mais n’en prenons pas notre parti ; nous en sommes tous coupables. Au siècle dernier, l’Esprit a opéré une grande oeuvre pour réunir quelques chrétiens qui avaient «des oreilles pour entendre» (Matt. 11:15). Beaucoup ont vu ce travail de l’Esprit, mais ils n’ont pas suivi. Pourquoi ? Dieu le sait.

L’iniquité, dans la Parole, c’est le mal moral, la corruption, la violence, l’impiété ; c’est aussi la prétention religieuse de l’homme, l’hérésie, l’erreur. Et comment nos conducteurs, qui n’avaient pas un chemin tout tracé comme nous l’avons, reconnaissaient-ils l’iniquité ? À l’aide des Écritures. Les assemblées n’ont pas la force qu’elles devraient avoir parce que des frères et des soeurs n’ont pas reçu, comme une révélation du Seigneur, la conviction personnelle de la valeur de la séparation selon l’Écriture, dans un esprit ni sectaire, ni laxiste. Pas de sectarisme, pas de relâchement, mais réunis sur le terrain de l’unité du corps. Il faut que chacun soit persuadé pour son propre compte. Tous les chrétiens de la localité ont, en principe, le droit de prendre la cène, au même titre que le plus spirituel des frères : c’est une face du sceau ; l’autre face : «Qu’il se retire de l’iniquité». C’est un ordre, ce n’est pas un choix laissé à l’appréciation de chacun. Alors peut-on vivre dans un milieu mélangé, où on supporte le mal, moral ou doctrinal, où on déclare que, dans quelque milieu que ce soit, la faute d’un individu ne regarde que lui-même, alors que l’Écriture affirme qu’elle souille tout un corps de chrétiens ? On ne peut pas s’associer à n’importe quel chrétien, et cela fait verser des larmes ; ce n’est pas une preuve d’autosatisfaction ni de prétention ; c’est un déchirement. La foi véritable est mise à l’épreuve, mais elle se soumet à la pensée de Dieu.

Des assemblées heureuses, fidèles, furent jadis des lampes brillantes, formées d’éléments pénétrés de cette vérité, qu’ils n’ont jamais perdue de vue. Un docteur est bien plus responsable qu’un jeune frère qui a tout à apprendre, car la maturité spirituelle augmente la responsabilité. Les frères responsables, qui n’agissent pas en conséquence, sont coupables. On vient à la réunion pour le Seigneur, avec ceux qui invoquent son nom d’un coeur pur, qui n’ont que Dieu pour objet. Démas a perdu la pureté du coeur, il a aimé le monde (2 Tim. 4:10). Celui qui se retire de l’iniquité pense peut-être : je vais être seul ; il rencontrera d’autres «coeurs purs». Les vérités chrétiennes sont vivantes, elles atteignent la conscience, elles reprennent, elles arrêtent, elles troublent utilement, parce que la vérité est Christ.

Que le Seigneur soit en aide à toutes les assemblées ! Les frères et les soeurs doivent être exercés pour être utiles chacun à sa place. Que les frères soient exercés à découper droit la vérité, comme il y en eut il y a cent cinquante ans. Un homme, un vase, peut avoir une grande capacité, mais il faut qu’il contienne un don spirituel à l’intérieur. Que le Seigneur soit l’objet du coeur de chacun ! Qu’il nous donne un coeur pur, un coeur droit, pour nous attacher à la Parole, au sain enseignement, aujourd’hui comme hier !

L’apôtre a gardé la foi, toutes les vérités dont la foi s’empare. Il a combattu le bon combat. Il a achevé la course. Il est ferme et tranquille. Il a fait l’expérience que le Seigneur s’est tenu près de lui et l’a fortifié. Il peut souhaiter la grâce à tous, et le Seigneur Jésus Christ à l’esprit de chacun.

 

7   L’assemblée et la vérité divine — 1 Timothée 3:14-16 ; 2 Timothée 2:1-2, 14-16, 19, 21-26 ; 3:1-2, 16-17 ; 4:2-5, 18

 

[LC n° 126]

Le Chambon — jeudi 19 août 1965

 

L’Assemblée est la colonne et le soutien de la vérité. Qu’est-ce que la vérité ? De quelle vérité s’agit-il ? On n’est sûrement pas colonne et soutien d’une vérité scientifique. Dieu a autre chose à faire qu’à nous occuper de ces considérations, relativement à un monde qu’il va détruire par le feu.

L’Assemblée est la colonne et le soutien d’une vérité éternelle, d’une vérité morale : la révélation de la pensée de Dieu quant à lui-même et quant à l’homme pécheur, quant au bien et quant au mal. Toutes les Écritures traitent du bien et du mal, à partir du chapitre qui proclame que Dieu est le Créateur. Il a aussi ce droit. Pesons bien cela. Tout le travail de Dieu, toute l’activité de Dieu, depuis la chute de l’homme, est relative au bien et au mal, avec le triomphe final du bien, par la grâce, dans des âmes ; puis, pour les autres, le règlement de leur condition par le jugement éternel.

C’est autrement important que d’étudier l’atome ou les astres. Satan trompe les hommes avec ces choses-là. En Ézéchiel, les sacrificateurs tournaient le dos au sanctuaire, et se prosternaient devant le soleil. C’était une idolâtrie directe. Aujourd’hui, c’est une idolâtrie indirecte ; la science, en nombre de cas.

L’Assemblée est colonne et soutien de la vérité en ce point-là, que ce qui est essentiel à l’homme, c’est de connaître Dieu. L’Assemblée de Dieu, la compétence de ceux qui la composent, est donnée par Dieu. Ils sont des croyants, des enfants de Dieu. Ils connaissent Dieu. Il leur a révélé sa pensée. Les Écritures sont là. Et le fondement de toute connaissance, ce sont les Écritures. Dieu nous dit qu’elles ne sont sondables que par le Saint Esprit. Il n’a pas donné cela à un savant ou à un incrédule. Il ne faut pas nous attendre à trouver la lumière là. Celui qui ne connaît pas Dieu est un homme qui est dans les ténèbres.

La vérité de Dieu est claire et droite. Le chemin du chrétien est simple. Ce sont nos motifs qui le compliquent, le fait que notre oeil n’est pas simple. Un oeil qui n’est pas simple, c’est un oeil méchant. Il a d’autres motifs que Dieu.

«Colonne et soutien de la vérité» : une poignée de chrétiens, même ne sachant pas lire (mais avec quelqu’un pour lire les Écritures, afin qu’ils puissent s’occuper des choses de Dieu), consacrés à Dieu, représenterait cela, étant réunie sur le terrain de l’Écriture.

S’ils ont des talents humains, ces talents n’ont rien à faire, à moins que Dieu les emploie. Si c’est l’homme qui les emploie, ce n’est jamais une bonne chose ; bien au contraire. Le Saint Esprit emploie les vases. Un individu ne le peut jamais.

Nous devons découvrir cela, dans l’assemblée, et le réaliser, même imparfaitement, là où Dieu a conservé cela. Mais il ne faut pas croire que cela se réalise automatiquement. Nous ne sommes pas ici-bas comme nous serons dans la maison du Père, ayant encore autour de nous le monde et Satan, et nos coeurs naturels. Mais la réalisation de ce que nous avons, indiscutablement, dit ici, exige des exercices.

Au début, dans le livre des Actes, on pouvait dire : «Voilà l’Assemblée de Dieu». C’était manifeste, comme le soleil à son midi. Ils étaient un coeur et une âme, remplis de l’Esprit. Pas un seul élément humain n’était là. Le sentiment le plus difficile à éliminer, c’est l’égoïsme. Il n’y en avait pas. Ils étaient un coeur et une âme. Ceux qui veulent faire l’unité de l’Église, qu’ils nous montrent cela : un coeur et une âme, l’oubli total de soi. On ne leur avait pas établi des règles. Cependant, sans s’être consultés, ils étaient un coeur et une âme. Le Saint Esprit pourrait-il faire cela aujourd’hui ? Bien sûr ! Dans le monde entier ? Évidemment. S’il ne le fait pas, qui le fera ? Personne.

Il faut rester le front dans la poussière, en confessant la misère à laquelle nous avons tous participé. En 2 Timothée, nous voyons l’Assemblée dans un état de ruine. Un chemin nous est tracé. Pour Dieu, il n’y a jamais de situation sans issue. Il a tracé un chemin. Et, du temps de l’apôtre déjà, il y avait un état tel, que le Saint Esprit nous donne des instructions pour les derniers jours. Dieu n’est jamais embarrassé. Nous n’avons pas besoin de consignes, quand bien même tous ceux qui en ont seraient des chrétiens. On n’a pas besoin de consignes. On a besoin de Dieu et du Saint Esprit. Tous les frères du monde ensemble ne peuvent pas changer une situation. Ils peuvent seulement demander à Dieu de le faire. Il faut toujours laisser Dieu à sa place.

L’Assemblée dans les derniers jours, c’est notre cas. On se rend compte qu’on connaît moins bien ces vérités qu’on ne croit les connaître. Ce sont des vérités vivantes, gravées dans le coeur et la conscience.

Les chrétiens, même d’une seule localité, ne se connaissent pas tous. Il serait difficile de mettre un signe sur tous les croyants. Le diable peut même employer de vrais chrétiens pour faire un travail qui n’est pas à la gloire du Seigneur. Mais le Seigneur nous dit : «Ne vous mettez pas en souci. Je connais ceux qui sont miens». Par ailleurs, un vrai chrétien sait qu’il appartient au Seigneur. «L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu» (Rom. 8:16). Chaque croyant sait qu’il a la vie. C’est une certitude intérieure, divine, qui ne vient pas des parents ni des amis.

Comment puis-je faire, puisque le Seigneur seul connaît ceux qui sont siens ?

Première règle : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens.

Deuxième règle, impérative : «Qu’il se retire…». Cela est laissé au degré de délicatesse de conscience de chacun.

Le Seigneur nous donne un chemin clair comme le jour. Se retirer du mal, c’est une règle négative, une règle d’or, dans les temps de ruine.

Dans les Actes, cela n’était pas nécessaire (c’était tout à fait hors de propos). Comme la Parole de Dieu est diverse et complète !

Si nous n’avions que 2 Timothée 2, nous serions particulièrement embarrassés. Nous avons un chemin. Il n’y en a pas deux. Tout homme qui invoque le nom du Seigneur, c’est pour lui.

«Se retirer de l’iniquité» : qu’est-ce que l’iniquité ? Se retirer du péché moral. Dans tant de milieux chrétiens, on dit : «Si quelqu’un qui prend la cène marche mal, c’est à sa propre responsabilité». Je dois me retirer de quelqu’un qui apporte du mal dans l’assemblée. «Ôtez le méchant du milieu de vous» (1 Cor. 5:13). Même en dehors du rassemblement, il faut se retirer du mal. Voilà pourquoi un chrétien ne peut aller avec le monde. Ou alors, il n’a pas de lumière.

Si un chrétien désire suivre le Seigneur, son chemin sera clair. Il se sépare. Nous devons nous retirer de l’iniquité et, en tout premier lieu, la juger en nous.

Dans un corps de chrétiens, il y a des chefs, des hiérarchies. C’est une invention des hommes. On connaît beaucoup de chrétiens très sympathiques ; mais on ne peut pas aller avec eux. C’est impossible.

On pourrait dire : «Ce pauvre chrétien va être seul, dans sa vie». «Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur… utile au Maître». On ne peut pas être un vase utile au Maître sans la purification. Voilà pourquoi tant de ministères authentiques, dans la chrétienté, ne peuvent pas répondre à ce que le Seigneur leur a demandé. Il faut nous séparer aussi du mal doctrinal. Un vase est l’image de quelque chose que Dieu remplit, qu’il remplit d’un don, et à qui il confie un service «utile au Maître».

C’est une règle d’or aussi pour le chrétien, pour qu’il soit un vase sanctifié. Ce n’est pas fait une fois pour toutes. C’est une sanctification progressive. Il y a une sanctification de départ : la mise à part pour Dieu d’un homme. Sanctifier veut dire mettre à part. Sans cette sanctification initiale, nul ne verra le salut de Dieu. Des milliers de personnes cherchent à se sanctifier, par des activités religieuses. Nul n’est sanctifié que par une mise à part, par l’Esprit de Dieu, qui arrache un homme au monde et le met à part pour Dieu. Mais ensuite, il y a une sanctification progressive, qui consiste à faire des progrès dans la connaissance de Dieu. Et ainsi, la marche chrétienne devient plus simple, plus pure. Les motifs sont davantage selon le Seigneur. Il y a moins du «moi», moins du monde. «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3:18). Voilà la sanctification progressive.

Nous trouvons encore cette exhortation : «Fuis les convoitises de la jeunesse». Tout le monde doit les fuir. Nous devons veiller à cela de très près. Notre coeur est quelqu’un en qui il ne faut pas se confier. «Je ne me suis jamais confié en mon coeur sans que j’aie eu à m’en repentir ; mais je ne me suis jamais repenti de m’être confié dans le Seigneur».

Nous fuyons ce qui nous poursuit, et nous poursuivons ce qui nous fuit facilement. «Poursuivez la justice pratique».

La foi, ici, c’est l’état d’âme qui saisit ce que Dieu a donné pour nourrir le croyant, la doctrine entière. Le mot «foi» désigne en même temps le don par lequel nous connaissons Dieu, et tout ce que Dieu a donné à un croyant pour que sa foi se nourrisse. La foi se nourrit de ce que Dieu a donné pour la foi : Christ, la Parole. L’apôtre pouvait dire : «J’ai gardé la foi» (4:7), c’est-à-dire : «J’ai gardé la doctrine de la foi».

«Poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur». Il est donc supposé qu’il y en a d’autres. Un coeur pur, c’est un coeur qui a Dieu pour objet. Alors nous pourrons invoquer le Seigneur ensemble, d’un coeur pur.

Que le Seigneur soit la source et l’objet de notre service, dans le détail. C’est très important. C’est très simple. Et c’est là qu’on est vraiment heureux. Les soeurs peuvent faire des visites — et Dieu veuille qu’elles en fassent — d’un coeur pur, et prier beaucoup.

L’Esprit étant heureux, on évite les questions folles et insensées. Aujourd’hui, l’univers tout entier retentit de tout ce qui se proclame. La puissance des moyens ne fait que rendre plus grande la conséquence des effets. Nous devons éviter tout cela. Se retirer de l’iniquité, c’est une règle importante, une règle d’or, divine.

Supposons que nous n’ayons pas cela. Nous dirions : Il faut que je fasse, dans ce monde, la séparation du bien et du mal ; plonger dans le mal pour y apporter du bien. On peut ainsi sombrer dans le mal. Il faut être «simples quant au mal, sages quant au bien» (Rom. 16:19). Il faut en savoir le moins possible sur le mal moral et doctrinal. On n’a pas besoin d’en savoir le plus possible, sur les hérésies ; c’est du temps perdu. On n’a pas besoin de savoir toutes les toiles d’araignées que filent les hommes. On n’en sortirait jamais. Se retirer de l’iniquité, voilà la règle d’or. Et on peut s’occuper du bien.

Nous devons ne pas laisser entrer, dans l’assemblée, ces mélanges ; ne pas ouvrir la porte à ces tentatives. La séparation, même de l’apparence, le plus rapidement, c’est le mieux. Une herbe s’arrache facilement ; mais, si elle est devenue un arbre, c’est une autre affaire ! Que de choses !

L’apôtre dit ensuite que toute Écriture est utile. Elle suffit. On peut bien se demander, pour certains, dans quelle mesure ils la lisent. «Toute Écriture est utile pour enseigner, pour convaincre». L’apôtre peut dire à Timothée : «Tu as été pleinement convaincu». C’est la Parole, par l’Esprit, qui nous convainc. Ce n’est pas même un frère. Nous avons besoin d’être corrigés. Mais il y a des personnes qui ne veulent pas l’être. Elles s’obstinent dans un état, une position, une attitude. Et il se peut que, lorsque Dieu a parlé une fois, deux fois, trois fois, ou plus, il cesse. Si on s’est endormi quand il parlait, et si on continue, l’endurcissement peut venir, d’ailleurs. Dieu lui-même peut endurcir leur coeur. Cela a été vrai pour le Pharaon. Cela peut être vrai pour un incrédule, mais aussi pour un chrétien, qui ne veut pas recevoir l’enseignement, qui vient le contrecarrer dans ses pensées intérieures les plus cachées, cachées de tous, sauf de Dieu, auquel il aura à répondre.

L’apôtre encourage Timothée, qui n’est pas un vieillard. On dit quelquefois qu’il ne faut pas présenter le christianisme trop jeune. Toute la vérité est bonne. Nous ne la saisirons jamais entièrement ; mais nous avons à progresser dans sa réception.

«Insistons en temps et hors de temps» (2 Tim. 4:2). Il y a encore une porte ouverte pour que le serviteur insiste. Au v. 3, cette porte est fermée : «Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement… Ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises». Voilà la racine.

Au verset 2, il y avait encore l’occasion de présenter, et l’occasion de recevoir. Au verset 3, les choses ont empiré. C’est le temps où ils ne supportent plus.

Chers frères et soeurs, n’est-il pas vrai que, dans bien des milieux de la chrétienté, on ne supporterait pas la vérité de base, ou on ne supporterait même pas que soit déclaré, comme cela doit 1’être, qu’un homme n’est sauvé que par la foi au sang de Jésus, que la mort de Jésus est une mort expiatoire ? Jésus est un modèle pour les croyants, mais pas pour les pécheurs. Là où, autrefois, on aurait pu présenter cette vérité fondamentale, que Jésus est le seul chemin, des masses de docteurs racontent des choses épouvantables. Aujourd’hui, la porte est fermée. C’est un gouvernement.

Et lorsque, même dans les assemblées, on voit, par moment, percer certaines résistances à la présentation de la vérité, prenons garde qu’un même dénouement ne vienne terminer une pareille audace vis-à-vis de la Parole de Dieu, et, par conséquent, vis-à-vis du Seigneur et vis-à-vis de Dieu notre Père.

Un élément fondamental, de nos jours et de tout temps, un élément à entretenir, c’est la crainte de Dieu.

 

8   Les directions de la Parole divine — 1 Timothée 3:14-15 ; 6:3-6 ; 2 Timothée 2:15, 19-21 ; 3:1-5, 14 ; 4:3-4, 6-8

 

[LC n° 125]

7 mai 1972

 

Nous pouvons présenter quelques remarques, qui pourront être complétées par d’autres. D’abord ceci, c’est qu’il est indispensable que chacun, chaque croyant, se nourrisse de la Parole de Dieu. C’est une pensée devant laquelle chacun peut s’arrêter. Si la Parole de Dieu n’est pas l’objet, dans une bonne mesure, la source, de notre vie intérieure, il est bien à craindre que notre état intérieur s’affaiblisse. Que ce soit plus difficile de nos jours qu’auparavant, c’est sûr ! Mais nous avons tous à veiller et à prier, les uns pour les autres, afin que notre être intérieur soit nourri et fortifié. C’est de toute importance. Un homme qui va son chemin sans nourriture, ses forces baisseront. Et, un beau jour, il tombera. De la même manière, la nourriture divine est indispensable. Un frère qui ne serait pas trop encombré dans les affaires de la vie, c’est de toute importance. C’est le secret pratique de tout. Cet encombrement est une cause de notre fléchissement spirituel, allant même jusqu’au scandale. La cause de nos défaillances se trouve dans la négligence de la lecture de la Parole. Les exhortations sont là, afin que nous ne soyons pas privés de la source de notre force. Un chrétien ne peut pas vivre, sans la Parole de Dieu. Il ne peut pas tenir. Le climat est trop insalubre. On ne peut pas vivre sans cela. Ceci est bien pour les jeunes. On ne peut pas être un maître avant d’être un élève.

Si la Parole de Dieu n’habite pas en nous, si elle est refoulée par nos soucis, nos préoccupations (car on peut être engagé dans notre travail sans y avoir son coeur), que le Seigneur nous garde chacun ! Nous n’avons pas à nous juger les uns les autres, mais à veiller pour nous-mêmes. Disons-nous bien que le climat est plus insalubre qu’il y a un siècle ou un demi-siècle.

Les vérités sont simples et fondamentales. Elles ont toujours pour effet de nous amener dans la présence du Seigneur. L’Assemblée est colonne et soutien de la vérité. On ne se conduit pas là comme on veut. On n’est pas chez soi ; on est chez le Seigneur. Une maison a un maître. Et c’est le maître qui doit donner le ton à sa maison. On apprend cela par l’Écriture. Une assemblée locale a pour mission de représenter l’Assemblée toute entière. Il y a un seul chef ; et c’est le Seigneur qui est le chef. La grande affaire, c’est de connaître la volonté du chef, la connaître pour la faire. Mais pour la connaître, nous la connaissons dans la mesure où nous restons près du Seigneur. Le Seigneur révèle sa pensée à celui qui l’aime ; non pas en apparence, mais dans son coeur et ses pensées.

Une poignée de chrétiens a pour mission d’être colonne et soutien de la vérité. Une assemblée locale n’est pas une chose qui s’est formée à la suite de convention humaine. Ce serait prendre le pas sur la volonté du Seigneur, ou ne pas tenir compte de cette pensée, que chaque frère et chaque soeur n’est absolument rien. Il est évident que nous pourrions nous illusionner. Et l’avis des frères et soeurs, nous devons en tenir compte avec la plus grande attention. Un débutant n’a pas la compétence d’un ancien. Il l’aura plus tard, s’il se tient près du Seigneur. Ceci est de toute importance.

Une assemblée en bon état s’exprime dans la dépendance, pour connaître la volonté du Seigneur. C’est pourquoi, dans une assemblée, nous devons nous consulter, consulter le Seigneur, pour faire sa volonté. D’organisation ? Point ; en aucune manière ! C’est cela que nous avons à manifester. Les initiatives ne se trouvent jamais dans l’Écriture. Chacun doit avoir le désir de suivre le Seigneur, de s’encourager à rechercher ensemble la volonté du Maître. Quand il y a des problèmes, des difficultés, des exercices, la grande affaire, c’est de s’attendre à la volonté du Seigneur. Faisons très attention. Un frère ou une soeur peut avoir eu une vie très excellente, et ne pas s’y tenir. La grande affaire, c’est d’être attachés à ce que le Seigneur veut faire, à ce qu’il veut qu’il fasse.

Si un jeune frère, une jeune soeur, méprisait les écrits de nos anciens, ce serait un mépris de la pensée du Seigneur. Nous savons bien qu’il y a des frères qui n’aiment pas entendre dire cela.

Il y avait des éléments qui s’étaient écartés du chemin de la crainte de Dieu et de la vérité. v. 15 : «Étudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte, exposant justement la parole de la vérité». C’est important, la vérité. Nous devons avoir les reins ceints de la vérité. Ce doit être la ceinture de nos reins. C’est-à-dire que la vérité doit habiter dans l’être intérieur, dans le coeur et la conscience. «N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde» (1 Jean 2:15). «Le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5:19). Si nos reins étaient ceints de la vérité, nos contacts avec le monde seraient moins grands. Elle gouvernerait notre être intérieur, notre coeur et notre conscience. Quand nos coeurs sont gouvernés par la vérité de Dieu, ils ne sont pas attachés aux objets du monde. Quand la vérité ceint les reins du chrétien, il n’est pas attiré par l’amour de l’argent. Cela ne pèse pas plus qu’une pierre. Ce chrétien n’apprécie pas plus un frère riche qu’un frère pauvre. Il ne l’estime pas pour les richesses du monde. Que Dieu nous en garde !

Nous connaissons Dieu par nos besoins. L’homme est élevé jusqu’à Dieu par ses besoins. C’est vrai pour un chrétien. Il progresse dans la mesure où il a besoin de lui. Cela le lie à Dieu, dans le chemin de la dépendance. «Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée» (Luc 10:42).

Marthe, c’est : «Moi, je veux faire». Marie, c’est : «Parle, Seigneur ; je t’écoute».

C’est toujours le secret de la vie chrétienne. Cet homme-là est toujours aux pieds de son Maître. Que le Seigneur garde les jeunes ! Si même ils ont le désir de plaire au Seigneur, cela ne suffit pas. C’est l’appel du Seigneur qui tranche ; ce n’est pas l’activité qui tranche. Nous savons aussi que le Seigneur, ici-bas, était obéissant. Mais nous n’en tenons pas bien compte.

Nous sommes aux derniers jours. Et nous avons ici le portrait des jours d’aujourd’hui, v. 5 : «Ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance». Cela est applicable pour les frères comme dans un système. À comparer avec d’autres milieux, la tenue générale des assemblées pourrait faire penser être meilleure qu’ailleurs. Mais attention ! Car la forme de la piété se manifeste.

La piété se manifeste par la puissance du Saint Esprit agissant dans le nouvel homme. Cette puissance nous permet de faire notre chemin sans être surmontés par les circonstances, par les tentations, par l’esprit du présent siècle, dans ses manifestations ou ses retenues. Le croyant pieux est exercé, et ne cèdera pas. Il aura la force de ne pas céder à quelque chose qui est agréable et qui est avantageux. Le Saint Esprit lui en donnera la puissance. Puis il y a les tentations placées sur notre chemin. Lors d’une conversion, cela se voit ; quelque chose s’est produit dans cette âme. Le Saint Esprit lui fera accepter un renoncement qui lui coûte. La puissance se montre dans ce qui nous pousse et qui est dans notre coeur, dans les motifs qui nous gouvernent. Car Dieu regarde aux motifs. Dieu ne regarde pas à l’apparence. Il regarde aux motifs qui produisent l’acte. Même Samuel, qui n’était pas le premier venu, eut à l’apprendre (1 Sam. 16:7) : «Car l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au coeur». La vraie puissance est là.

Nous pensons que nous sommes plus instruits que nos devanciers. Eh bien, s’ils étaient là, ils nous diraient : «Voilà le chemin !». Et nous, nous hésitons. Et, dans tel ou tel cas, ils montreraient le chemin dans lequel il faut aller, coûte que coûte. Jamais la Parole ne parle de compromis.

v. 14 : «Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu». Si nous avons été pleinement convaincus, nous n’avons pas à douter, comme si nous cherchions encore. Sinon, nous ne sommes pas à même d’expliquer le pourquoi de notre séparation devant des personnes parfois plus sérieuses que nous. Personne ne devrait ignorer cette question du pourquoi de notre séparation : «Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» ; «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens» (2 Tim. 2:19).

Quelqu’un qui a appris quelles sont les relations de l’Église avec le Fils dans la gloire, doit se retirer du mal. Quelqu’un qui dirait que «chacun peut prendre la cène comme il veut», ceux qui soutiendraient cela, n’ont pas les reins ceints de la vérité. Des frères s’écartent. Au fond, c’est parce qu’ils n’étaient pas au clair quant aux vérités, et n’avaient pas les reins ceints de la vérité. Aucun d’entre nous ne doit suivre un frère. Chacun de nous devrait suivre le Seigneur, pour faire sa volonté. Pour l’apôtre Paul, sa part était dure. Il a même souffert de la part de ses frères.

Quand nous achèverons notre carrière — et nous avons vu des fins de carrières — il arrive qu’à la fin de celle-ci, dans les derniers moments de la vie du croyant ici-bas, on s’aperçoit que le jugement des choses s’éclaire. Celui qui va quitter la scène de ce monde, lui dont la vie avait été pleine de dépendance et d’obéissance, a dû reconnaître qu’il avait fait l’inverse. C’est très bien, de faire l’intéressant devant les autres. Alors que si c’est le Seigneur qui nous gouverne, les conséquences seraient toutes autres. Comme un ancien frère disait : «Ne vous détournez pas de Christ pour des oeuvres !». Le service ne passe pas avant le Maître. D’ailleurs, c’est le déclin inévitable, quand nous ne nous tenons pas près du Seigneur.

En 2 Tim. 4:7, nous lisons : «J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi». Pour Paul, ce n’est pas une vie manquée qu’il a vécue. Une vie manquée, c’est une vie où on a vécu pour le monde, tout en montrant une fidélité apparente. Une vie manquée peut être une vie où on a servi le Seigneur et soi-même en même temps.

«J’ai achevé la course». Paul ne s’est pas arrêté à mi-course. Il a été jusqu’au bout. Il arrive que des frères abandonnent en chemin. Ils ne disent rien ; mais, au fond, ils ont abandonné, à un certain moment de leur vie, cette vigueur spirituelle. C’est un arrêt dans la course, s’il n’est pas complet, parfois momentané.

«J’ai gardé la foi», c’est-à-dire l’ensemble de toutes les vérités, gardées dans son coeur et dans sa vie, de telle manière qu’elles ont produit des fruits dans sa vie. On a vu des fins de carrières qui n’étaient pas des triomphes. À cette heure de vérité, qui est plutôt un jugement vrai sur les choses, on constate que beaucoup de temps a été perdu. Un ancien frère disait : «Ne laissez pas la communion s’interrompre !» ; et encore : «Si j’avais une seconde vie à vivre, je voudrais le vivre pour mon Seigneur !». C’était un homme de Dieu, un prophète, qui disait cela. Faisons notre chemin, étant soutenus par le Seigneur !

La grande affaire, c’est de ne pas arrêter sa carrière et, après avoir vécu par l’Esprit, de ne pas continuer par la chair, comme le monde.

Que la vérité ne perde pas sa force dans nos coeurs et nos consciences !

 

9   Le corps, l’épouse, la maison — Éphésiens 1:20-23 ; 2:19-22 ; 3:4-6, 9-12, 20-21 ; 5:25-27, 29-30, 32 ; 1 Corinthiens 3:10-17 ; 12:13, 27 ; 2 Timothée 2:19-22

 

[LC n° 102]

Dimanche après-midi 28 janvier 1951

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 333

 

Dieu n’envisage pas qu’un croyant reste seul. Jésus est venu «pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés» (Jean 11:52). L’expression «enfants de Dieu» ne s’applique pas aux croyants de l’Ancien Testament, et les vrais croyants en Israël n’étaient pas rassemblés comme tels. Il y avait une masse d’incrédules et, disséminés dans cette masse, des croyants, comme David, Jonathan ou la plupart des prophètes ; il n’y avait pas un rassemblement séparé de croyants se détachant de la masse incrédule. L’un des objets pour lesquels Jésus est mort est de détacher l’ensemble des croyants de la masse incrédule. Au commencement, les croyants étaient détachés, de sorte qu’une lettre portant l’adresse «Aux chrétiens qui sont à Corinthe» serait arrivée à destination. Une assemblée était un corps d’hommes et de femmes à part, connu pour être un corps chrétien aux yeux du monde. Un homme saisi par la grâce de Dieu était arraché à son milieu, juif ou païen ; on n’avait pas besoin de lui dire d’en sortir. La puissance de l’Esprit de Dieu, toujours la même, jadis comme aujourd’hui, surmonte tous les obstacles (et il y en a, dans un coeur d’homme !), rompt les chaînes, et dirige vers Dieu l’homme qu’il a appelé. Cette puissance de l’Esprit est caractéristique de la période chrétienne. «Avez-vous reçu l’Esprit sur le principe des oeuvres de loi ?» (Gal. 3:2). L’apôtre fait allusion au fait évident que les Galates avaient reçu le Saint Esprit. Tout le monde le savait ; il y avait eu là une preuve, un témoignage de puissance auquel l’apôtre se réfère pour leur dire : réalisez-vous que vous avez reçu le Saint Esprit ? À ce moment-là, l’action du Saint Esprit était une preuve extérieure du travail de Dieu pour arracher un homme au paganisme ou au judaïsme et l’amener dans la présence de Dieu.

Cette puissance du Saint Esprit est moins visible aujourd’hui, au point même qu’on a nié la présence du Saint Esprit dans le monde, et pas seulement sa puissance. Or le Saint Esprit est venu sur la terre à la Pentecôte. Comme Dieu, il est partout ; mais la période inaugurée à la Pentecôte est une parenthèse unique dans l’histoire des conseils de Dieu : le Saint Esprit habite sur la terre depuis bientôt deux mille ans, et il n’a pas encore quitté la terre. Mais la chrétienté, qui aurait dû être le vase de la puissance du Saint Esprit au milieu du monde, est devenue aujourd’hui le vase d’une puissance adverse. Au lieu d’agir avec des démonstrations de puissance, en particulier par les dons miraculeux qui existaient au commencement, le Saint Esprit agit de façon limitée ; mais quand il travaille, il est aussi efficace qu’autrefois. Nous devrions tous demander que son travail dans les âmes pour leur révéler Christ soit aussi lisible et évident qu’avant, même s’il n’est pas accompagné de signes semblables de puissance. Le Saint Esprit restera jusqu’à l’instant précis où le dernier élu sera sauvé. Son travail terminé, il s’en ira, et la parenthèse de la grâce sera fermée, le temps où la grâce illimitée et souveraine de Dieu est manifestée dans le monde.

Non seulement Dieu produit le salut individuel du pécheur, mais il produit en même temps la formation du corps de Christ, de l’Assemblée. Quand un enfant est converti, notre joie est double : une âme est passée de la mort à la vie, et une pierre vivante a été ajoutée à la maison de Dieu, un membre au corps de Christ. Souvent, nous pensons simplement au bonheur d’une âme et nous oublions que, suivant un dessein divin d’avant les temps des siècles, cet enfant converti est ajouté à l’Assemblée, à la gloire de Christ ; par l’Esprit, un témoin de la puissance de Christ et de l’accomplissement du dessein de Dieu s’ajoute à d’autres.

En Éphésiens 1 et 5 et en 1 Corinthiens 12, l’Assemblée de Dieu est présentée comme le corps mystique de Christ ; c’est une réalité insondable, que nous ne pouvons pas analyser, que nous recevons par la foi. Ce corps est formé par le Seigneur ; «nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Cor. 12:13). L’unité du corps ne provient pas de l’unité de vie ; nous ne sommes pas baptisés en un seul corps simplement parce que nous avons la vie divine. Abraham, par exemple, a eu la vie, il sera dans la gloire, mais il ne fait pas partie de l’Assemblée des élus qui sont baptisés par l’Esprit pour être un seul corps, il ne fait pas partie du corps de Christ. On pourrait se dire : oh, ces pensées sont peut-être bonnes pour les frères anciens qui ont du temps pour les examiner de près ; elles ne sont pas bonnes pour les jeunes ! Où trouvons-nous que l’épître aux Éphésiens soit réservée aux personnes âgées ? Comment pourrons-nous honorer le Seigneur, et l’aimer comme il nous aime, si nous ignorons ses desseins à notre égard ? Si le Saint Esprit ne nous donne pas le sentiment de l’union du corps avec la tête et de l’épouse avec l’époux, comment y aurait-il dans l’assemblée des affections pour lui ? Il y a des affections individuelles, chaque racheté peut dire : Jésus est mon Sauveur, le «Fils de Dieu… m’a aimé et… s’est livré lui-même pour moi» (Gal. 2:20), mais quand nous rompons le pain, le Seigneur attend davantage ; il attend l’expression des sentiments de l’épouse pour l’époux ; et lorsque l’Assemblée se lie au monde, elle ne se rend pas seulement coupable du péché d’un individu infidèle au Seigneur, mais de l’infidélité de l’épouse vis-à-vis de l’époux. La chrétienté professante est jugée de la façon la plus grave parce qu’elle s’est liée au monde ; elle a été infidèle tout en professant être l’épouse de Christ.

Nous avons besoin de revenir à ces vérités. À une assemblée locale, l’apôtre dit : «Vous êtes le corps de Christ» (1 Cor. 12:27) ; l’assemblée de Corinthe était, à Corinthe, l’expression du corps de Christ ; tous les membres du corps de Christ n’étaient pas à Corinthe, il n’était pas possible qu’ils soient tous en un même lieu. Le rassemblement en un des enfants de Dieu dispersés, pour lequel Christ est mort, ne peut matériellement pas se réaliser en un seul et même endroit. Mais partout où une assemblée de Dieu porte ce nom selon la Parole, elle est l’expression du corps de Christ tout entier à cet endroit. Ceci donne une extrême importance à la réalisation d’une assemblée locale selon le coeur du Seigneur ; il n’y a rien que le Seigneur aime autant et que le diable déteste autant. Le diable ne s’attaquera pas tellement à un grand corps de chrétiens plus ou moins mondains, qui associent leurs pensées à celles de la Parole ; mais toutes les fois que le peuple de Dieu se place sur le terrain de Dieu, l’Ennemi s’acharne contre lui. Rien n’est glorieux dans ce monde comme une assemblée de Dieu, formée peut-être même seulement de trois fidèles ; ils gênent l’Ennemi plus que le monde chrétien entier, qui compte pourtant de nombreux vrais chrétiens, mais qui sont emportés dans le courant de ce monde.

Dans une assemblée locale, il y a un sentiment collectif et une pensée collective. On peut être infidèle au Seigneur en donnant la main au mal, en l’approuvant, en le tolérant ou, premier signe du déclin, en abandonnant le premier amour : «J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour… J’ôterai ta lampe de son lieu» (Apoc. 2:4, 5). Cette menace a été exécutée ; les affections n’étaient plus les mêmes, non pas celles des individus, mais celles de l’Église, comme cela arrive aussi dans la vie d’un chrétien, quand, au bout d’un certain temps, mille choses se sont placées entre Christ et son coeur. Quand une assemblée commence, souvent le départ est beau ; mais il faudra, une fois ou l’autre, qu’elle passe par l’épreuve et que le criblage se fasse. Après tout ce que Jésus a fait pour nous, pensons à tout ce que nous pouvons faire contre lui. Il pourrait nous dire à tout moment, à une assemblée comme à chacun de nous : voilà ce qui n’est pas par moi, ni de moi, ni pour moi. Qu’est-ce qui répond à l’amour ? — l’amour. Qu’est-ce qui satisfait le coeur de Christ ? — l’amour de l’Église. Nous pourrions donner notre vie pour être brûlés ; si ce n’est pas pour Christ, cela ne sert à rien. Les chrétiens les plus fidèles sont ceux dont le coeur n’est pas double, ceux dont le coeur ne vagabonde pas tout en se réclamant du Seigneur.

«Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle» (Éph. 5:25). Il la sanctifie en lui parlant ; il ne parle pas qu’aux individus, il parle à l’Église. Seule la vérité sanctifie l’Église. Le mensonge souille, la vérité sanctifie. «Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité» (Jean 17:17). La sanctification a un double caractère ; il y a une sanctification initiale et définitive, qui sauve et qui met à part pour Dieu ; et il y a une sanctification pratique et progressive par la vérité, qui est Christ, la Parole, le Saint Esprit. Un chrétien peut dire au Seigneur (et c’est mieux de ne le dire qu’au Seigneur) : il y a cinq ans, ou dix ans, je tolérais cela dans ma vie, et je m’en humilie devant toi. Voilà le progrès : on a l’oeil ouvert sur les dangers sur lesquels on avait autrefois l’oeil fermé. Mais même les progrès dans la sanctification, il faut les oublier ; on ne se nourrit pas de ses progrès et, quand on se nourrit de Christ, on voit qu’il en reste beaucoup à faire avant d’être connu pour porter la croix de Christ comme notre bannière. Nous avons encore beaucoup de choses à lâcher ; que Dieu nous y aide ! Ne soyons pas mondains ! Un chrétien est comme un arbre : il se nourrit par une infinité de petits filaments, non par son tronc, ni par ses grosses racines. Le monde entre chez un chrétien par d’innombrables petits fils qui lui apportent une mauvaise nourriture. Comment s’opère la sanctification ? Le Seigneur coupe un fil, puis un autre, les relations avec le monde sont peu à peu coupées ; les détails sont aussi importants dans la vie d’un chrétien que dans la vie d’une assemblée.

L’Assemblée est présentée aussi comme une maison (Éph. 2:19-22), une habitation : Dieu habite par son Esprit dans l’Assemblée, qui est formée de pierres vivantes. Il avait un temple autrefois, mais Dieu a ordonné qu’on le jette par terre. Dans ce temple, il y avait trois parties : le parvis, le lieu saint, le lieu très saint ; le voile était le symbole d’un accès impossible, le signe de l’interdiction absolue d’entrer dans la présence de Dieu. Le souverain sacrificateur, une fois l’an et avec d’infinies précautions, passait à travers le voile et entrait dans le lieu très saint. Dieu avait dit : j’habiterai dans l’obscurité profonde (1 Rois 8:12). On n’entrait pas auprès de Dieu ; on n’a pu y entrer que quand Dieu en est sorti. Maintenant le voile a été déchiré depuis le haut jusqu’en bas. Jésus est mort sur la croix, il a fait propitiation ; dès lors, Dieu est favorable à l’homme, ayant été satisfait par le sacrifice de Christ, qui a démontré qu’il est juste et saint et amour. L’entrée dans sa présence est libre pour tout pécheur qui vient à lui par Jésus. Dieu habite dans l’Assemblée. Elle est une habitation de Dieu par l’Esprit.

Dieu habite dans une assemblée locale, expression de l’Assemblée universelle. Cette vérité n’est pas une doctrine toute théorique ; notre façon d’être dans l’assemblée n’est pas liée à nos rapports les uns avec les autres, mais découle directement de la présence de Dieu. Beaucoup de nos douleurs viennent, au fond, du fait que nous avons oublié cette habitation de Dieu par l’Esprit dans l’Assemblée. Nous nous sommes vus les uns et les autres, nous n’avons vu que les hommes, nous n’avons vu que les frères. Dieu habite dans cet édifice et le vrai croyant fait partie de l’Assemblée qui est de Dieu, qui est mise à part pour Dieu et pour Christ ; et Dieu habite dans une assemblée locale. La Parole nous enseigne «comment il faut se conduire dans la maison de Dieu, qui est l’assemblée du Dieu vivant» (1 Tim. 3:15) : nous sommes chez le Seigneur, nous sommes devant Dieu. Si nos coeurs à tous n’oubliaient pas de telles réalités, que de questions ne seraient même pas soulevées et seraient facilement réglées ! Que Dieu nous donne d’avoir à coeur sa gloire ! Il sera contre nous, s’il le faut, pour la gloire de son saint Fils et pour notre bien.

La maison est devenue une grande maison ; la chrétienté est devenue une très grande maison. Mais Dieu, dans sa miséricorde, a placé dans sa Parole deux ou trois versets qui, s’il n’y étaient pas, nous laisseraient désemparés ; il y a Matthieu 18:20 et 2 Timothée 2:19-21, qui nous laissent les directives de Dieu pour les temps de ruine ; ils sont une lumière dans notre sentier et une joie pour notre coeur. Que son nom soit béni et glorifié dans l’Assemblée !

 

10                  Communion et séparation — 2 Timothée 2:19-24

 

[LC n° 132]

13 décembre 1970

 

Depuis la chute, la séparation pour Dieu est un fait fondamental, dans tous les temps. L’Église est en ruine. 2 Tim. 2:19-24 nous indique le chemin de la fidélité, dans l’humilité. Le v. 19 pose deux principes fondamentaux. Tout d’abord, quels que soient le désordre et la déroute de ce qui porte le nom de maison de Dieu, «le Seigneur connaît ceux qui sont siens» ; cela donne un profond sentiment de paix. Ensuite, «qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur». On ne peut avoir des rapports de communion normaux avec n’importe qui. Ce passage de Timothée a donné aux frères la liberté de se retirer d’autres chrétiens. Et, si l’iniquité est connue dans son sein, l’assemblée a le devoir de l’ôter. «Ôtez le méchant du milieu de vous-mêmes» (1 Cor. 5:13). La liste des cas d’exclusion de 1 Cor. 5:11 n’est pas limitative ; le criminel n’y figure pas. L’assemblée a le devoir de se séparer du mal. Elle doit le faire avec larmes, en confessant le mal comme étant le sien. Les frères et soeurs s’identifient avec le mal ; ce ne sont pas des juges.

Le degré de communion varie entre les frères. On peut avoir plus de communion avec l’un qu’avec l’autre. Nous ne devons pas rester indifférents à une situation anormale de l’assemblée. Nous avons le devoir de faire comprendre notre sentiment, peut-être simplement par une attitude. Si je saute au cou d’un frère que je sais en mauvais état, je lui fais beaucoup de tort. Un frère qui est mondain, on doit l’aider à en prendre conscience, par l’enseignement dans l’assemblée, par des soins pastoraux, en l’avertissant, en priant avec lui ou pour lui, peut-être en se tenant à distance de lui, sans cesser de se préoccuper de lui. Un frère est tenu d’agir et de marcher selon la lumière qu’il a reçue. Les jeunes frères, il est vrai, sont moins bien placés, pour un tel service.

La vérité nous sépare des chrétiens d’autres milieux ; ce n’est pas nous qui nous séparons. Si nous manifestons une distance, ne montrons jamais un sentiment de supériorité. Faire sentir une distance isole ; il faut en prendre son parti. On peut penser : On sera bientôt tout seul. Ce n’est pas là notre affaire ; celle-ci est d’invoquer le nom du Seigneur avec ceux qui l’invoquent d’un coeur pur (2 Tim. 2:22), c’est-à-dire avec ceux qui n’ont que Christ comme objet. Si un chrétien aime le Seigneur, mais veut faire une oeuvre à lui, il n’a pas un coeur pur. Il effectue une oeuvre indépendante. Il n’y a qu’une seule manière d’accomplir fidèlement son service. Jér. 15:19 a une valeur historique, en rapport avec le témoignage du siècle dernier ; il a joué une très grande place, dans l’orientation de la vie de J. N. Darby. Le fait de ne pas jouir d’une liberté normale avec tous les chrétiens engendre de la souffrance ; on est volontiers taxé de sectaire. Avec le Seigneur, on ne l’est pas. Les fidèles qui suivent les injonctions de 2 Tim. 2 sont les seuls à n’être pas sectaires. Les autres croyants sont toujours dirigés par un ou plusieurs principes humains. Le mot secte, il est vrai, évoque la pensée d’un petit nombre ; mais l’esprit sectaire peut se manifester partout.

Nous rompons pourtant le pain en pensant à tous les chrétiens. Nous n’avons rien à établir par nous-mêmes. Nous ne suivons qu’un seul chef, le Seigneur. Si un chrétien demande à prendre la cène, la question de ses relations doit être posée. La table du Seigneur ne peut être mise en relation avec le mal.

L’épreuve a montré que les principes du rassemblement que nous suivons étaient de l’or fin. La naissance du témoignage, au siècle dernier, fut un moment unique, dans l’histoire de l’Église, plus important encore que celui de la Réformation. Le travail a été complet. Étudions ce que nos devanciers ont laissé. On n’entre pas dans ces notions profondes sans s’y consacrer ; et nous n’y entrons pas, avec certains. Il y a des frères auxquels on ne peut donner la main d’association. On ne peut pas forcer les autres à avoir la même attitude que nous ; mais nous n’avons pas à nous aligner sur l’attitude des autres. Ne manquons pas l’occasion de dire pourquoi !

 

11                  L’expérience du désert — Exode 15:21-25 ; Deutéronome 8:2-6 ; Psaumes 30:3, 5-7, 10-12 ; Philippiens 4:12-13 ; 2 Timothée 4:7, 16, 18

 

[LC n° 4]

31 mai 1970

 

Le désert ne fait pas partie des conseils de Dieu. Les conseils de Dieu sont ses voies pour faire passer nos âmes d’un état de misère à un état de bonheur.

Personne ne pourra arrêter Dieu dans ses conseils. Les conseils de Dieu, ce sont ses voies, par lesquelles il veut faire passer les siens. En général, Dieu a ses voies à l’égard de ceux qui sont à lui. Il a un travail à faire en eux.

Ce cantique place devant nous les ressources du chrétien : «Contre moi dans ce monde…». Quand Dieu a pris à lui une âme, son éducation dure toute la vie. Il veut nous rendre intelligent quant à ses pensées. Dieu nous suit et nous tient. Personne n’échappe à sa main. Un peu plus tôt, un peu plus tard, Dieu fait à notre égard ce qu’il veut faire. Ce travail est double : un travail de dépouillement, et un travail d’enrichissement.

Quand on est un jeune chrétien, on est tout feu, tout flamme. Puis il arrive, très souvent, que le premier amour baisse, que le cœur soit encombré de toutes sortes d’objets. Ce que Dieu veut, ce n’est pas un extérieur de dévouement. Non ; ce qu’il veut, c’est notre cœur. Ce qu’il veut, ce n’est pas notre porte-monnaie, mais notre cœur. S’il a notre cœur, il aura le reste. Lequel d’entre nous ne mérite pas ce reproche : «Tu as abandonné ton premier amour» (Apoc. 2:4) ? Les relations naturelles peuvent aider, et elles peuvent gêner. Avec Dieu, son regard nous suit où que nous soyons. Il fait notre éducation à tous. Est-ce qu’il y a quelqu’un, ici, qui regrette d’avoir passé à cette école ? Est-ce qu’il y a des regrets à y rester ? Souvent pas !

Dans Exode, il y a un chant de cantique. C’est la position de quelqu’un qui est converti. Il est à l’abri de la puissance du Pharaon. Au beau cantique succède une manifestation entièrement contraire. C’est Mara, les eaux amères. Et, au lieu d’un cantique de délivrance, c’est le murmure. Lequel d’entre nous n’a-t-il pas murmuré, dans sa vie ? Et peut-être après avoir passé toute une après-midi à chanter des cantiques !

Mais Dieu n’est jamais dépassé. Il enseigne un bois. Et ce bois, jeté dans cette eau, la rend douce.

Pourquoi murmurons-nous ? Qu’est-ce qui produit cela ? Quelqu’un qui murmure n’est pas heureux. «Priez sans cesse. En toutes choses rendez grâces» (1 Thess. 5:17-18).

Dieu nous serre de très près. Il ne veut pas que ses enfants fassent leurs quatre volontés. Et pourquoi ? Pour notre bonheur, mais aussi pour sa propre gloire.

La bénédiction durable du chrétien contient ce qui brise sa volonté. Voilà le christianisme ! Il n’y en a pas deux. Le christianisme, c’est la manifestation de Christ dans un homme.

Notre volonté nous suit jusqu’au dernier souffle. Un ancien frère disait ce qu’une femme, très célèbre au dix-neuvième siècle, avait déclaré : «Savez-vous ce qui meurt chez nous en dernier lieu ? C’est l’amour-propre » ; et c’est une femme mondaine qui parlait ainsi. Prenons-en pour nous, n’est-ce pas !

Voilà le christianisme. Les apparences, c’est quelque chose que le vent emporte, s’il n’y a que cela.

Moïse prend un bois. Ce qui nous fait murmurer, c’est quelque chose qui contrarie nos plans. À la lumière de Dieu, on se voit, et on se voit soi-même.

Les eaux deviennent douces. Ce bois est la mise à mort de la chair en nous, de notre volonté propre. La valeur de la croix n’est pas seulement pour être sauvés. Mais elle nous libère de nous-même.

On peut dire à une âme : «Du moment que vous croyez, vous êtes sauvée». Elle pourrait répondre : «Oui, mais j’aime les choses que j’aimais avant…». Et pourtant, ce peut être un authentique chrétien.

Le Seigneur n’a laissé aucun de nous ici, chers amis, pour qu’il dirige la barque à son gré. Nous avons en nous ce qui est ennemi de Dieu. La libération est dans la croix. Tout le vernis du monde ne va pas avec la croix. Voilà ce que les gens sérieux n’aiment pas.

Quelqu’un disait : «C’est étonnant, ce qu’une âme peut faire de progrès, lorsqu’elle sort d’une épreuve !». Vous ne pouvez pas avoir le ciel et la terre. Nous bénirons beaucoup plus le Seigneur pour nos épreuves que pour nos joies. Lorsqu’on est jeune, on ne pense pas cela.

On nous a appris, à l’école du dimanche : «On n’est à lui, ni trop tôt, ni trop longtemps». Retenons ces cantiques si simples : «Jésus est le meilleur Maître».

Et puis viennent les expériences. Dieu nous brise : «Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé et humilié» (Ps. 51:17). Retenons cela, chère jeunesse ! Alors, si le Seigneur touche l’emboîture de la hanche, s’il brise le ressort de la volonté propre, c’est une bénédiction.

Psaume 30:5 : «Le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie». Deutéronome 8:16 : «… afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin». Dieu ne panse pas les plaies à la légère. Quand Dieu apporte la paix, on le sent bien. Les leçons du désert sont irremplaçables.

Le résultat de la course chrétienne est très important. Nous le verrons au tribunal. Nous verrons tout ce que notre chair nous aura fait faire, et nous aura fait perdre comme bénédiction. Tout homme rendra compte devant Dieu. Tout passera devant nous. On n’échappera pas toujours. On ne se cachera pas toujours.

Ce cher apôtre Paul a fait une course dans le désert. Mais ce n’est pas sa qualité d’apôtre qui le soutenait. Il était un chrétien qui avait appris, un chrétien qui apprenait. Il a fallu qu’à la fin de sa course, il fut abandonné. Mais il dit : «Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié» (2 Tim. 4:17).

Comme il aimait Christ de tout son cœur ! «Oui, ma coupe est comble» (Ps. 23:5). Il chantait en prison, dans la honte, et déshonoré devant tout le monde.

  Comme disait un frère : Dans le ciel, il y aura une riche entrée et une chiche entrée ; une riche entrée, pour ceux qui auront vécu pour lui, et une chiche entrée, pour ceux qui auront laissé le Seigneur à la porte.

  Il y aura un moment où tout sera déclaré sous son vrai jour. «Oui, le souverain bien-être, le vrai bonheur ici-bas, c’est d’avoir Jésus pour Maître, de le suivre pas à pas». Voilà le secret du bonheur, pour les petits, pour les isolés, pour ceux qui n’ont pas de secours.

  Nous avons déjà rappelé cette image. C’est comme un enfant, jouant avec ses jouets préférés. Présentez-lui un autre jouet beaucoup plus beau ; il lâchera tout pour le prendre. Que le Seigneur nous donne de trouver tellement notre joie en lui, que nous ne souhaitions rien d’autre, mais que nous fassions envie aux autres. Donnons-nous quelque peu ce spectacle, autour de nous ? C’est cela, le témoignage.

  Le monde promet, et il ne tient pas. Le Seigneur promet, et il tient ce qu’il a promis. Que le Seigneur nous donne son aide, pour bien commencer, pour bien continuer, et pour bien finir ; pour vivre de lui, afin de vivre dans la mesure où il le demande, de vivre de lui.