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Méditations sur la Parole de Dieu

 

1 Timothée

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1      Coeur pur et bonne conscience — Réunion d’étude sur 1 Timothée 1:5-15

2      Désirer ardemment — Jacques 4:2 ; 1 Pierre 2:2-3 ; 1 Corinthiens 12:31, 14:1, 39 ; 1 Timothée 3:1 ; Psaumes 84:2 ; Philippiens 1:23 ; 2 Corinthiens 5:2 ; Luc 22:15

3      Méditation sur l’Assemblée — Actes 2:42 ; 9:31 ; Éphésiens 4:8, 11-16 ; 1 Timothée 3:1-15

4      Marcher selon la vérité — Éphésiens 4:20-32 ; 5:1-23, 25, 33 ; 6:1-9  ; 1 Timothée 3:1-15

5      L’Église du Seigneur — Éphésiens 1:20-23 ; 3:4-6, 8-10 ; 2:22 ; 4:1-3 ; 5:29-30, 32 ; 1 Timothée 3:14-15

6      Christ, le fondement et le centre — Matthieu 16:13-27 ; 18:17-20 ; Actes 2:42-47 ; 4:32-37 ; 9:31 ; 1 Timothée 3:14-15

7      Les directions de la Parole divine — 1 Timothée 3:14-15 ; 6:3-6 ; 2 Timothée 2:15, 19-21 ; 3:1-5, 14 ; 4:3-4, 6-8

8        L’assemblée et la vérité divine — 1 Timothée 3:14-16 ; 2 Timothée 2:1-2, 14-16, 19, 21-26 ; 3:1-2, 16-17 ; 4:2-5, 18

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   Coeur pur et bonne conscience — Réunion d’étude sur 1 Timothée 1:5-15

 

[LC n° 124]

29 décembre 1968

 

L’enseignement doctrinal s’accompagne nécessairement d’un bon état moral : un coeur pur et une bonne conscience. Un coeur pur, c’est un coeur qui n’a que Dieu pour objet. Le coeur purifié est lavé d’une chute, mais le coeur pur a ses affections fixées sur Christ ; c’est un état.

«Une bonne conscience» (voir 1 Cor. 4:4 et 2 Cor. 1:12), c’est le fait de veiller à ce qu’on est, plus encore qu’à ce qu’on fait. Il est beaucoup plus difficile d’être fidèle que d’agir fidèlement ; c’est une vérité essentielle. Les serviteurs fidèles ont toujours fait cela ; ceux qui sont fidèles aujourd’hui le font encore.

Si ce n’est pas la lumière de Dieu qui remplit le coeur, au fond, on n’aime pas. L’amour pour Dieu et pour les siens découle de l’amour de Dieu. L’amour procède d’une bonne conscience, d’un coeur pur, d’une foi sincère. Sinon, le ministère n’est plus selon Dieu. La langue se meut par une autre énergie que la lumière, la vérité et l’amour. L’expression de la charité, en face d’un écart, n’est pas l’amour, mais de l’égoïsme déguisé. Si, dans une assemblée, le fidèle prend son parti des écarts qui s’y manifestent, il en devient solidaire.

Une grande cause de l’affaiblissement de la spiritualité est de faire beaucoup de choses sans Dieu. «Voulant être docteurs», c’est l’expression d’une volonté et d’un orgueil personnels. Dans cet état, on s’imagine facilement que Dieu agit, et c’est le contraire. Il y a de vains babils, de beaux discours, beaucoup d’activité, d’apparence de charité ; et celui qui parle s’égare lui-même, et peut en entraîner d’autres. La volonté d’un frère n’existe pas, devant Dieu ; il n’y a que l’obéissance à la volonté de Dieu. C’est un exercice de toute la vie ; c’est la dépendance. Nous sommes en danger d’imiter ceux qui remplacent la foi et l’obéissance par les bonnes oeuvres de la chair. C’est l’abandon du vrai christianisme. La fidélité de Paul l’a amené à être contre les frères pour lesquels il dépensait sa vie. L’important est de rechercher la communion avec Dieu, et de ne pas se compromettre avec de tels gens.

Quelqu’un a dit que la loi est remontée au trône de la grâce, honorée par le sacrifice de Christ. La loi est toujours vraie, mais nous ne sommes pas sous son régime. En fait, un chrétien peut très bien la réaliser. Honorons la loi à sa place. Dieu ne l’a pas retirée ; il ne s’est pas trompé, en la donnant.

Nous devons toujours veiller à la réalité du sérieux moral et du sentiment de la perfidie de la chair, afin que nous ayons horreur de nous-mêmes. Satan n’a jamais de prise sur le nouvel homme, tandis qu’il en a toujours sur la chair, la meilleure ou la pire. La présence de l’Esprit et du nouvel homme ne change pas la chair, même après une vie avec le Seigneur.

J. N. Darby a écrit : «Faites votre service, parlez peu, passez !», en sorte que le serviteur ne serve pas d’écran entre les âmes et Dieu. Des frères de cette trempe n’ont jamais recommandé à qui que ce soit d’envoyer des jeunes prêcher et parler des choses saintes, sans que leur coeur y soit engagé. C’est les mettre en danger grave. Si tel est le cas, n’en parlons pas constamment, mais marquons, par notre attitude, par nos silences, que nous n’approuvons pas cela. Et si le Seigneur, lassé de nos infidélités, ne se manifeste plus, ce sera un châtiment. Si des frères veulent imiter la chrétienté, qu’ils y aillent ! Au siècle dernier, le Seigneur a suscité un témoignage qui lui rappelle ce qu’aurait dû être sa chère Église. Il n’y a rien de plus cher à son coeur, rien. Il aime tous les chrétiens isolément ; mais pour lui, rien n’égale sa relation avec l’Église.

Il y a une relation directe entre doctrine et état moral (1 Tim. 1:10). En 1 Cor. 15:33, par exemple, au milieu du plus grand plaidoyer de la doctrine de la résurrection figure cette exhortation morale : «Ne soyez pas séduits : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes moeurs».

L’indifférence est une trahison. Le Seigneur n’aime pas les doubles positions. Nous avons à faire face sur tous les fronts. Nous ne devons pas seulement appeler mal ce que le monde appelle mal : ivrognerie, mauvaises moeurs… Le chrétien va beaucoup plus loin ; il juge toute manifestation de la chair. Dans l’assemblée, tout est spirituel, excluant tous les éléments du monde, argent, culture ou avantages humains. Nos conducteurs ont commencé par abandonner tous leurs privilèges, pour ne faire de mal ni à eux-mêmes, ni aux assemblées. «Cessez de mal faire, apprenez à bien faire» (És. 1:16). Si nous introduisons des éléments mondains dans l’assemblée, nous faisons du tort à tout le monde : au Seigneur, à nous-mêmes, aux frères. Que vient-on faire, dans l’assemblée ? Chercher le Seigneur. Si des éléments mondains sont actifs, le Seigneur ne se révèle pas comme si tout est en ordre ; il est frustré, et nous aussi. Rien, aucune activité, ne remplace la simple obéissance. Que notre désir soit de garder ce que Dieu nous a donné.

Le Dieu bienheureux possède seul en lui-même le bonheur. L’évangile de la grâce, c’est son caractère. L’évangile de la gloire du Dieu bienheureux nous transporte au ciel. Moralement, c’est vrai déjà maintenant ; nous pouvons jouir de la gloire de Dieu. Une parole d’homme ou une parole d’ange ne pourrait pas nous dire : «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur» (2 Cor. 3:18).

Les frères devraient être prêts à garder la vérité jusqu’à la mort. L’Assemblée est la colonne et le soutien de la vérité, une assemblée d’hommes, et non pas d’anges. Mais c’est Christ qu’il faut au chrétien, parce que Satan est trop fort pour lui. Mais, avec Christ, il peut traverser tous les déserts. On abuse facilement de la grâce, là où il faudrait la vérité. Paul a le vrai sentiment de la grâce. Après avoir fait beaucoup mieux que d’autres chrétiens, au lieu de penser à lui, il pense à Dieu. Imitons Paul. Il était impossible de le rendre malheureux : en prison, il chantait des cantiques ; livré à la mort, il s’en réjouissait. Il était une peste, pour le monde (Act. 24:5). Il ne recherchait pas les honneurs. Nous n’avons pas le droit de les rechercher ; c’est une malhonnêteté morale vis-à-vis de Christ.

 

2   Désirer ardemment — Jacques 4:2 ; 1 Pierre 2:2-3 ; 1 Corinthiens 12:31, 14:1, 39 ; 1 Timothée 3:1 ; Psaumes 84:2 ; Philippiens 1:23 ; 2 Corinthiens 5:2 ; Luc 22:15

 

[LC n° 147]

5 août 1962

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 286

 

«Vous convoitez, et vous n’avez pas ; vous tuez et vous avez d’ardents désirs, et vous ne pouvez obtenir» (Jacq. 4:2). Les désirs de nos coeurs naturels sont ceux de la vieille nature que nous avons tant de peine à considérer comme morte, du vieil homme qui a été crucifié avec Christ. Cette vieille nature est la source de toutes les guerres, entre des frères, dans une famille, au sein d’une assemblée. Elle nous conduit, dans l’exercice même de la prière, à demander mal, non pas pour le développement de notre vie spirituelle, mais pour satisfaire les désirs du coeur naturel. Ainsi, des bénédictions spirituelles nous échappent, parce que notre nouvelle nature n’est pas en activité : «Vous n’avez pas, parce que vous ne demandez pas» (4:2). La vieille nature a d’ardents désirs, posséder des biens matériels ou jouir d’une certaine autorité, par exemple. Ces désirs ne devraient pas exister chez le croyant ; ce sont ceux de la chair. Que Dieu nous en garde et que nous sachions leur imposer silence.

«Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel» (1 Pierre 2:2). Rejetant les produits de la vieille nature, qui sont un obstacle au développement spirituel, nous pourrons croître et prospérer spirituellement. Le pur lait intellectuel est, dans ce passage, la nourriture qui convient à tous les stades du développement du croyant ; en revanche, en 1 Cor. 3:1-2 et en Héb. 5:12-14, il est la nourriture des petits enfants en contraste avec la nourriture solide, avec la viande, qui convient à des croyants déjà avancés dans la vie chrétienne. Le pur lait intellectuel que nous sommes exhortés à désirer ardemment, c’est la Parole qui nous présente Christ, nourriture excellente sans laquelle il n’y a pas de développement spirituel possible. Cette nourriture doit rester pure, non frelatée, non mélangée avec les pensées naturelles de l’homme. Le ministère doit dispenser cette nourriture qui vient de Dieu, qui est le travail de l’Esprit de Dieu, qui est en accord avec la Parole de Dieu. Est-ce que notre coeur brûle du désir de s’emparer de cette nourriture ? Ou bien se nourrit-il de lectures sans utilité pour la vie spirituelle ? Plus un croyant vit près du Seigneur, plus il sera nourri de la nourriture excellente dont il a besoin.

«Si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon» (1 Pierre 2:3). Voilà pourquoi nous avons si peu cet ardent désir. Nous savons si peu apprécier la fidèle bonté du Seigneur dans toutes les étapes du chemin, dans les jours de joie comme dans les jours de peine. Formant une maison spirituelle, une sainte sacrificature (1 Pierre 2:5), nous pouvons alors nous approcher de Christ comme d’une pierre vivante pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par lui. Nous serons des adorateurs dans la mesure où nous avons désiré ardemment le pur lait intellectuel. Si nous n’avons pas été chaque jour aux pieds du Seigneur, nous viendrons devant lui avec des corbeilles vides le dimanche. Toutes les réunions d’assemblée ont un caractère collectif ; c’est donc l’assemblée toute entière qui adore.

«Désirez avec ardeur les dons de grâce plus grands» (1 Cor. 12:31). «Désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout de prophétiser» (1 Cor. 14:1). «Désirez avec ardeur de prophétiser» (1 Cor. 14:39). Les instruments que Dieu emploie sont précieux à leur place, mais le secret de la bénédiction dans une assemblée, c’est l’exercice profond de tous les frères, de toutes les soeurs, pour la prospérité spirituelle de l’assemblée, et non pas l’exercice même des dons, si éminents soient-ils. Prophétiser, c’est mettre les âmes en rapport avec Dieu, par la Parole, au moment du besoin. Quelquefois, cinq paroles peuvent suffire pour faire du bien à tous. Désirons-nous ce don avec ardeur, ou manifestons-nous une paresse coupable en laissant la charge aux autres ? Le manque d’un exercice secret avec le Seigneur est la cause de beaucoup de faiblesse. La vie individuelle d’abord, ensuite seulement il peut y avoir accroissement dans l’assemblée.

«Si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une oeuvre bonne» (1 Tim. 3:1). Voilà un désir qui devrait être dans le coeur de quelques frères dans l’assemblée, par amour pour les saints et pour l’assemblée, pour servir les saints et l’assemblée. La charge de l’ancien se rapproche de beaucoup du ministère pastoral, mais le surveillant connaît les circonstances et les besoins personnels, il connaît les brebis du troupeau. Il discerne aussi ce qui peut nuire au bon ordre : il pressent le danger ; il doit avertir, retenir. Mais il lui faut des qualités morales, une autorité morale. Que de maux dont on aurait pu être préservé s’il y avait eu, en temps opportun, l’intervention d’un ancien !

«Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel» (Ps. 84:2). Une âme, en route pour la maison, en savoure déjà les félicités. Le pèlerin fait l’expérience de celui qui pouvait dire : «Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête» (Matt. 8:20). Cette âme n’a qu’un but en traversant la terre : «Tes autels». Cette âme ne s’attache à rien d’autre ici-bas qu’à la personne dont la Sulamithe pouvait dire : «Toute sa personne est désirable» (Cant. 5:16).

«Ayant le désir de déloger et d’être avec Christ» (Phil. 1:23) ; c’est le désir de l’apôtre Paul. Pourtant, il était prêt à rester, à lutter encore, si cela était avantageux pour les Philippiens. Mais son désir ardent était d’être avec Christ.

«Désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel» (2 Cor. 5:2). Dans le corps, qui est souvent une entrave au développement spirituel, nous gémissons, étant chargés. Ce corps n’est pas à la mesure de la vie divine qui est en lui. Bientôt, nous allons prendre possession de la «maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux» (2 Cor. 5:1).

«J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous» (Luc 22:15). Devant le désir si fortement exprimé par le Seigneur, pouvons-nous dire : «le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir» (És. 26:8) ?

Que Dieu produise lui-même en nous ces saints désirs pour la paix de nos âmes, pour notre enrichissement spirituel, pour une vie individuelle plus nourrie de Christ, plus vraie, et aussi pour la prospérité de l’assemblée !

 

3   Méditation sur l’Assemblée — Actes 2:42 ; 9:31 ; Éphésiens 4:8, 11-16 ; 1 Timothée 3:1-15

 

[LC n° 72]

16 août 1964

 

La période de l’Assemblée est une parenthèse dans le temps. Cette parenthèse s’ouvre à la Pentecôte et se termine à la venue du Seigneur pour enlever les saints. Il n’y a pas eu, et il n’y aura plus, de période comme celle-là.

En tout temps, la foi a été nécessaire. On n’a pas de rapport avec Dieu sans la foi, la foi vraie. Mais ce qui distingue cette période, c’est que toutes les bénédictions de ceux qui, vitalement, en font partie, sont célestes. La source de toutes les bénédictions chrétiennes est céleste. Vous ne trouvez nulle part que le Seigneur ait ouvert une autre source que celle-là. Cela tient au fait que l’Église est le complément du corps de Christ, l’Église formée de tous les vrais croyants, scellés du Saint Esprit (on n’est pas un vrai chrétien, sans cela). Tous les vrais croyants de cette période-là sont des membres du corps de Christ. Cela n’était pas vrai d’Adam, ni de David, ni de Jean le Baptiseur. Ce n’était pas vrai des Juifs, pas davantage des fidèles du millenium. C’est une période extrêmement distincte. C’est ce conseil que Dieu avait avant le temps, et c’est ce qu’il a révélé en dernier lieu.

Jésus est la tête du corps ; l’Église est le corps : «l’assemblée, qui est son corps, la plénitude de Celui qui remplit tout en tous» (Éph. 1:23) (le mot plénitude veut dire : complément). La tête et le corps ne font qu’un seul. C’est l’homme complet formé par Christ et son Église (Adam et Ève n’en étaient qu’une image). Tous les vrais chrétiens, vivifiés et scellés, font partie de cette Église. Les hommes religieux s’occupent beaucoup de l’Église. Ils cherchent toujours la vérité ; et pourquoi la cherchent-ils ? Parce qu’ils ne l’ont pas. Un chrétien ne cherche pas l’Église ; il la connaît, il sait où elle est, ce qu’elle est. Il ne passe pas sa vie à se tourmenter sur des questions jamais réglées. Cela peut arriver pendant un temps ; mais normalement, le chrétien doit trouver la réponse, de la part de Dieu, aux questions qui se posent dans son âme.

Quelle tristesse de voir tout ce qui se passe, de nos jours, dans cette chrétienté ! Voilà de quoi mener deuil, de quoi pleurer, à cause du lamentable état extérieur de l’Église. Mais encore bien plus, quand nous voyons ce qui se passait au commencement, dans le livre des Actes, nous constatons que nous sommes bien loin de ce moment-là. Nous devons toujours, devant le Seigneur, nous reporter à cette époque, et dire : «Seigneur, voilà la distance entre cet état brillant et sans tache, et le nôtre».

Voilà comment les frères peuvent servir le Seigneur, et peuvent servir tous les chrétiens du monde, dans tous les systèmes. Ce n’est pas en accablant ceux-ci et en condamnant ceux-ci, ni en s’estimant supérieurs à eux, mais en menant deuil, parce qu’on éprouve mieux que d’autres quelle est la profondeur de la chute. C’est dans ce sens-là que les frères sont sérieux. Un frère, dans la mesure où il est conscient de sa position, est grave, et les soeurs aussi, évidemment. Le Seigneur souffre de cela. Mais Il ne raccommode pas ce que l’homme a gâché. Retenez bien cela, jeunes chrétiens, et les autres aussi. N’allons pas nous mettre en avant d’une façon prétentieuse, pour dire : Voilà des chrétiens qui vont mettre un peu d’ordre dans les choses. Non, pas du tout ; le Seigneur ne raccommode pas cela. Le témoignage de Philadelphie, du siècle dernier, n’a pas été une reprise identique à celle du début des Actes. Mais il lui a particulièrement ressemblé. Sans aucun doute, plusieurs éléments étaient absolument à la hauteur de ceux-là. Pour eux-mêmes, n’en doutons pas, ils l’ont réalisé. Mais l’ensemble n’en était pas là. Nos conducteurs ont eu à soutenir bien des controverses vis-à-vis des adversaires. Le bien réveille l’ennemi. Il ne peut pas supporter qu’il y ait du bien ; il veut le détruire.

Nos devanciers ont dit ceci, qui exprime aussi leur humilité : «Ce qui manque, c’est la puissance, les miracles, le pouvoir de désigner des anciens, le pouvoir de livrer à Satan, le cas échéant». Les ornements de l’Église ont disparu. Aujourd’hui, nous savons que bien des milieux chrétiens, même dits évangéliques, se livrent à des efforts pour reproduire une imitation des Actes. Attention ! Qui dirigeait les serviteurs du Seigneur, à ce moment-là ? Le Saint Esprit. Et un grand trait qui prouve la présence en action du Saint Esprit, un grand trait utile de nos jours, c’est l’ordre moral. Le Saint Esprit ne produit jamais de désordre. Quand Dieu travaille, par son Esprit, dans les siens, Il produit l’ordre : l’ordre dans les esprits, l’ordre dans les coeurs, l’ordre dans la vie, l’ordre dans des corps de chrétiens. Il est un Dieu d’ordre.

Je ne veux pas dire que ce qui a été manifesté au siècle dernier n’a pas donné autant de satisfaction au Seigneur qu’au début des Actes ; mais le Seigneur ne rétablit pas ce que l’homme a gâté.

Chers frères et soeurs, nous voilà, de nos jours, dans la faiblesse, bien plus qu’il y a trente ans. Il y avait une grande puissance morale, une grande puissance spirituelle, en action par la Parole sur les âmes ; mais la puissance extérieure devant les hommes, non ! Dieu a retiré ce qui, en soi-même, était un honneur pour l’Église. Il a retiré l’ornement, parce que l’Église l’a offensé par toute sa mondanité. Les vérités chrétiennes, chers amis, sont saintes, droites. Un de ces conducteurs disait : «Dans le chemin de Dieu, il n’y a pas moyen de se fourvoyer». Nous ne demandons pas assez à Dieu ce qu’il veut ; mais quelquefois aussi, nous demandons avec l’arrière-pensée de ne pas nous y conformer. Croyez-vous que Dieu va donner sa pensée à celui dont Il sait très bien qu’il sera retors ? Cela explique le piétinement de beaucoup de chrétiens, parce que la vérité de Dieu engage. Elle doit engager. Elle est absolue.

«Les assemblées étaient en paix, marchant dans la crainte du Seigneur, croissant par la consolation du Saint Esprit». La crainte du Seigneur dans notre vie, ce n’est pas la frayeur. Nous avons facilement le Seigneur à la bouche ; c’est un mot de notre vocabulaire des frères. Faisons attention ! Ne profanons pas les choses saintes qui sont nôtres, mais qui le sont dans la mesure où c’est l’âme renouvelée, animée par le Saint Esprit, qui s’en empare ! Le même corps peut être au service de la volonté propre, et au service du Saint Esprit. Voilà la condition où nous nous trouvons. Le même mot, je peux le dire simplement avec mon esprit, et je peux le dire avec le Saint Esprit. C’est la nuit et le jour. Que le Seigneur nous accorde d’être de plus en plus dépendants pour parler de Lui, dépendants du Seigneur et du Saint Esprit ! C’est une grande cause de faiblesse dans notre vie individuelle.

Notre responsabilité est dans cette sphère-là, à l’écart de tant d’autres ; et nous devons savoir pourquoi. Si nous ne le savons pas, il faut revenir en arrière. Nous sommes mal partis. Que le Seigneur nous accorde à chacun, dans notre vie privée, de marcher avec Lui, là où Il est le seul témoin de notre cheminement de tous les jours. Le plus grand de tous les exploits, c’est un homme qui marche avec le Seigneur aujourd’hui, puis demain, et jusqu’à la fin, toute sa vie. Il n’y a rien de supérieur à cela. On n’a pas besoin d’être un apôtre, pour cela. Ce qui est au-dessus de tous les dons et de tous les services, c’est la vie chrétienne de l’individu. Des personnes auront manqué leur vie à cause de leur service. Voilà un miracle : un homme qui marche avec le Seigneur, dans sa crainte. Si vous en connaissez un, vous avez avantage à le fréquenter. Car celui-là ne parlera pas à tort et à travers des choses de Dieu ; il n’en parlera pas en temps et hors de temps. Cela suppose de la dépendance. N’est-ce pas, frères et soeurs, que nous avons besoin de revoir cela ? Un tel chrétien sera heureux et recherchera l’ombre avec le Seigneur. Si le Seigneur le fait rester dans l’ombre, il sera heureux ainsi. Si le Seigneur le fait avancer pour le service, il sera heureux de servir, avec Lui, devant Lui.

Voilà la vie du chrétien. Est-ce pénible ? C’est le bonheur parfait ici-bas. Que le Seigneur nous apprenne à savoir nous taire, et à savoir parler ! Les personnes qui ont la crainte du Seigneur sont généralement lentes à parler. La crainte du Seigneur est un élément à présenter même devant un inconverti. Cela peut le garder de beaucoup de choses.

Il nous reste le Seigneur. Ces serviteurs très utiles, hommes ou femmes, ont été utiles, parce qu’ils savaient se contenter du Seigneur. Quand ils parlaient de Lui, ils parlaient de quelqu’un de connu. «De l’abondance du coeur la bouche parle» (Matt. 12:34). Quand nous parlons du Seigneur, est-ce que cela traduit vraiment ce qu’Il est pour notre coeur ?

Nous pouvons trouver cet état d’âme chez des personnes éprouvées, chez des malades, chez des personnes que la vie n’a pas gâtées, et qui ont eu besoin du Seigneur plus que d’autres.

Que le Seigneur accorde à chacun de nous d’apprendre à Le connaître comme Quelqu’un de vivant ! C’est offert à tout le monde.

Le Seigneur rassemble les siens. Un rassemblement est un troupeau. Mais un troupeau n’est que l’expression du troupeau tout entier. Ce serait impossible que tous les vrais croyants du monde entier soient ensemble. Du temps des apôtres, il y avait certainement beaucoup d’assemblées, comme aujourd’hui. Le Seigneur a pensé à tout cela, en nous parlant des rassemblements locaux : l’assemblée qui est à Corinthe, l’assemblée qui est à Éphèse. Les assemblées locales représentent l’ensemble de l’Assemblée. Quelle est l’importance d’une assemblée locale ? Quelle est sa raison d’être ? Une assemblée locale est réunie au nom de Christ. Le Seigneur n’est pas Seigneur de l’Assemblée, mais Seigneur dans l’Assemblée. Il est Seigneur des individus. Il nourrit et chérit son Assemblée. Il en prend soin. Il prend soin des membres de son corps en se servant de croyants qui servent les autres. Dans ces croyants qui servent, nous avons deux classes : les dons et les charges. Les dons sont des dons de l’Esprit, donnés par le Seigneur aussi. Ils sont vus comme distribués par l’Esprit (1 Cor. 12), donnés par le Seigneur (Éph. 4). Nous les trouvons encore en Romains 12 et 1 Pierre 4.

Il y a des dons fondamentaux (Éph. 4). Il nous donne les dons nécessaires pour la formation du corps de Christ, jusqu’à la fin. Ce sont des dons qui vont jusqu’à la fin : apôtres, pasteurs et docteurs, prophètes, évangélistes. L’évangéliste travaille pour que les âmes entrent et, une fois entrées dans le corps, le Seigneur en prend soin. Il s’occupe d’elles. Il ne s’arrête pas à la conversion. Il veut sanctifier son Église. Il veut attacher les siens à Lui-même. Il veut les occuper des choses qui ne se voient pas. Il veut leur communiquer la paix et la joie qui sont les siennes, et qui sont la part des siens. Il veut les faire vivre de Lui-même.

Les docteurs enseignent, développent l’Écriture. Si on ne développe pas l’Écriture, on s’en tiendra bientôt au simple salut de l’âme. C’est de toute importance qu’il y ait des docteurs. Il serait très désirable que des jeunes frères soient, de la part du Seigneur, engagés dans cet exercice. Pour cela, il faut qu’ils aient affaire au Seigneur. Ils ne doivent pas se laisser pousser ; ils doivent avoir affaire directement avec le Seigneur, pour le moment et la manière.

Les pasteurs s’occupent des âmes, de tout ce qui peut arriver à une âme, chez un chrétien. Un chrétien peut verser vers le monde ; il peut être emporté par sa volonté propre… Les pasteurs doivent soigner les âmes malades.

Le prophète présente la Parole de Dieu d’une façon telle qu’elle s’implante dans la conscience, sans que personne n’ait rien su. Le chrétien dit : «Dieu a parlé» ; et il peut être arrêté sur une mauvaise voie, être saisi par la crainte du Seigneur.

Mais ce sont des dons fondamentaux et, en un sens, ce qui est représenté en Éphésiens 4 par les jointures du fournissement. Un don est un don de l’Église toute entière. Un don est donné par le Seigneur à son Assemblée. Par conséquent, si quelqu’un est vraiment un pasteur qualifié, il peut soigner les âmes où que ce soit.

Le docteur découpe l’Écriture dans les grandes parties, comme les vérités de détail, où qu’il soit. Il ne faudrait pas croire que les services, dans l’Assemblée de Dieu, se réduisent à l’activité des apôtres, des prophètes, des pasteurs et docteurs, des évangélistes. Il ne faut pas oublier que, dans une Assemblée, tous les croyants, tous les frères, toutes les soeurs, sont des membres du corps. Il n’y a pas que des dons fondamentaux ; il y a des dons de toute sorte. La définition la plus complète, la plus vraie, du mot «don», est celle-ci : un don, c’est l’action du Saint Esprit dans un membre du corps. Voilà la définition la plus complète ; de sorte que ce serait une profonde erreur de restreindre les actions du Saint Esprit aux frères qui, de toute évidence, possèdent un des dons fondamentaux dont je viens de parler. Ce serait faire du rassemblement quelque chose de bien pauvre, tandis que le Saint Esprit peut agir en chacun. Et c’est sur ce point que je désire attirer l’attention des frères, et ensuite des soeurs.

Les soeurs, dans l’Assemblée, n’ont rien à dire. L’ordre du Seigneur est formel. Que nos théologiens s’emploient à tordre l’Écriture, c’est leur affaire. Nous le savons fort bien. La Parole est formelle. Quand on est simple et droit, la Parole est simple et droite et absolue, et on y trouve son bonheur. Cela ne veut pas dire que les soeurs sont des membres morts, et cela ne veut pas dire qu’elles ne peuvent pas être très supérieures, avoir beaucoup de discernement spirituel, avoir une vie chrétienne fervente, beaucoup de communion avec le Seigneur. Nous en avons eu, et nous en avons encore sûrement. Que les soeurs ne pensent pas qu’elles n’ont qu’à venir s’asseoir et suivre d’une manière passive, comme si elles étaient en dehors de l’action du Saint Esprit. Elles sont responsables, et le Seigneur leur demandera compte des raisons pour lesquelles une Assemblée, à laquelle elles se sont rattachées peut-être pendant un demi-siècle, a connu telle ou telle misère. Une soeur est responsable comme un frère. Le seul fait de ne pas se sentir coupable de fautes extérieures ne la disculpe aucunement, si elle est restée indifférente, inerte et passive, sans avoir commis aucune faute en apparence, soit de comportement, soit de langage. Elle n’atteint pas à ce que le Seigneur attend d’elle. Que peut faire une soeur ? Beaucoup prier. Les soeurs ont souvent une tâche très lourde. Les frères ont aussi la leur. Il leur faut beaucoup prier en travaillant, prier sans cesse, prier beaucoup. Que manque-t-il alors ? L’engagement du coeur pour les intérêts du Seigneur. Une soeur peut avoir un don de discernement ; pourquoi pas ? Un don ; pourquoi pas ? À la rigueur même, un don pastoral donné à une soeur ; pourquoi pas ? Que font donc toutes les soeurs ? Que voyons-nous, dans l’Écriture ? Nous voyons des soeurs très honorées, et bien plus honorées que des frères. Peut-être que les soeurs ont à être exercées sur ce point. Elles peuvent être utiles d’un très grand nombre de manières, et avoir un rôle opposé également de beaucoup de manières. Les soeurs sont responsables, comme les frères. Elles peuvent être des aides ou des entraves, comme les frères. Est-ce que chaque soeur prie pour chaque réunion, avant la réunion ? Plusieurs fois ? Les frères, bien sûr, doivent prier, mais les soeurs aussi. Est-ce qu’elles prient pour les choses dont elles savent très bien qu’elles devraient être autrement ? Est-ce qu’elles prient pour les besoins, les lacunes de l’Assemblée, quelles qu’elles soient ? Depuis quand trouvons-nous, dans l’Écriture, que c’est la part de trois ou quatre frères de porter toutes les charges et, le cas échéant, de régir à eux seuls toute une assemblée ?

Les soeurs sont, plus d’une fois, plus spirituelles que les frères ; et elles doivent répondre à ce que le Seigneur leur a donné. Elles doivent le faire d’une autre manière, sur un autre terrain (en dehors de tout exercice d’autorité devant les frères), mais elles ne sont pas du tout autorisées à être paresseuses. La paresse, dans la vie chrétienne, c’est l’indifférence. C’est le plus mauvais de tous les états ; c’est l’état laodicéen.

On a connu des soeurs dont le Seigneur s’est servi ; parfois une soeur toute seule a été l’instrument par lequel une assemblée a persévéré à travers de très nombreuses difficultés et a été sauvée. Peut-être que les soeurs oublient qu’elles ont à lire l’Écriture et les écrits que nous possédons. Une soeur a la vie divine, et toute vie a des besoins. Une soeur qui ne se nourrit pas, que voulez-vous qu’elle fasse ? Et la prière ? Personne n’échappe aux exhortations que le Seigneur donne.

Dieu veuille susciter des dons dans l’Assemblée, de nos jours ! Mais chaque frère est un membre du corps et peut être animé par le Saint –Esprit, et peut accomplir ainsi, par le Saint Esprit, au moment voulu, ce que le Seigneur veut donner aux siens. On entend dire souvent : «Je ne suis pas doué». En êtes-vous sûr ? Le Saint Esprit agissant dans un frère, voici un don, un don qui peut être très utile. Prononcer cinq paroles pour l’édification des saints ; tout frère peut être appelé à cela, et ne doit pas laisser reposer toutes les charges sur un ou deux. Annoncer un cantique, c’est très sérieux, mais c’est offert à chacun. Qu’il y ait un exercice indispensable, cela va de soi, et les frères qui ont le plus d’expérience sur ce point savent très bien qu’ils doivent être exercés pour une prière, une lecture, un cantique. Cela ne se fait pas sans exercice. Mais si nous sommes exercés dans notre vie quotidienne à dépendre du Seigneur et du Saint Esprit, nous le serons aussi dans l’Assemblée.

Que le Seigneur nous encourage, dans nos assemblées respectives ! Les dons fondamentaux sont d’une incalculable valeur pour présenter les grandes vérités, comme les vérités de détail, et empêcher que le troupeau ne s’égare et ne soit emporté par les fantaisies de l’un ou de l’autre, quelquefois par l’erreur, quelquefois par l’hérésie. Les grands dons de pasteurs ou docteurs manquent beaucoup, dans le Témoignage. C’est un besoin présenté devant les jeunes frères. Que le Seigneur veuille les engager sans bruit. Cela demande du temps, et cela demande du travail. Cela demande aussi un engagement du coeur, avec le Seigneur ; et c’est même un secret. Que les frères, dans les assemblées, n’oublient pas que le Saint Esprit habite en chacun d’eux, qu’il peut se servir, et que normalement il doit se servir, de l’un ou de l’autre, sans qu’on le sache à l’avance. Si un frère, fort de cette liberté, l’employait mal, cela n’irait pas. Mais cela ne veut pas dire que cette liberté n’existe pas. C’est une caractéristique de la période actuelle. Le Seigneur est monté au ciel, mais Il a donné des dons aux hommes, et chacun peut le servir.

Nous ne devons pas oublier la dépendance. Et, d’un autre côté, nous ne devons pas laisser croire que les dons sont donnés à deux ou trois frères, et que les autres n’en ont pas. C’est une erreur. À nous de considérer ce qui nous empêche, d’un côté ou de l’autre. Prenons les choses très au sérieux. Nous devrions être exercés pour un cantique, au culte, une prière, mais avoir la liberté. Au préalable, chez nous, dans le secret, il nous faut être exercés, vivre avec le Seigneur ; et alors nous saurons, au moment voulu, ce qu’il faut faire. Dans les Actes, les dons agissaient avec une grande puissance ; mais à Philadelphie, il est dit : «Tu as peu de force» (Apoc. 3:8). Les frères, comme les soeurs, doivent prier beaucoup, avant les réunions. La vie de l’Assemblée dépend de chacun des frères et soeurs qui en font partie.

Il n’est jamais parlé, dans l’Écriture, de membres d’une assemblée. On est membre de l’Assemblée universelle, mais pas membre d’une assemblée locale. On se rattache à une assemblée locale. Un chrétien est membre du corps de Christ, formé par tous les croyants du monde. Ces vérités sont de toute importance pour la vie des rassemblements. Nous n’avons pas de chef ; nous ne devons pas en avoir. Le frère le plus spirituel, le plus dévoué, reste jusqu’à la fin le serviteur de tous les autres, et jamais leur maître. D’autre part, il ne faudrait pas penser que quelques frères ont à se dépenser ainsi, jusqu’à la mort, et les autres se laisser aller paresseusement et sans exercice ; car alors, cela est très grave. Alors ne disons pas que nous aimons le Seigneur. Fermons la bouche quand nous chantons des cantiques, car alors nous disons des mensonges. Que le Seigneur nous réveille ! Ce n’est pas un réveil qui attirerait l’attention du pays ; c’est un réveil intérieur, dans notre conscience, dans notre coeur. Et, si ce réveil est produit, des actes suivront nécessairement, sans même que nous nous en préoccupions. Un chrétien qui a affaire au Seigneur, va avec le Seigneur ; et le reste ne pèse pas lourd, comme préoccupation dans son coeur.

Il n’y a pas de traditions dans la vie chrétienne, pas d’habitudes. La vie chrétienne est une vie active, continue. La vie divine n’est jamais faite d’habitudes, jamais. Voyez un homme actif dans la vie ; ce qui le caractérise justement, c’est que sa vie n’est pas faite d’habitudes, mais elle est spontanée ; et il fait face continuellement à des situations auxquelles il ne s’attendait pas. Dans la vie divine, c’est la même chose. Si notre vie est faite d’habitudes, nous sombrons dans le sommeil ; et quelqu’un qui dort est semblable à un mort. Nous avons besoin de nous réveiller, et que nos affections, notre conscience, soient réveillées.

Prions pour que les réunions soient bonnes. Les réunions «bonnes» ne sont pas celles où nous ne recevons que des encouragements, mais quelque vérité qui nous attaque comme une flèche, sans que nous ayons à le dire à personne. Le Seigneur défriche, et puis Il sème. Il ne défriche pas autrement qu’avec un soc et une charrue. Notre coeur devient très vite comme un terrain sur lequel le monde entier passe, et il est dur comme ce terrain-là. Alors le Seigneur prend la charrue : quelquefois des épreuves individuelles, et aussi des épreuves collectives. Il permet des situations qui sont très angoissantes, parce qu’Il veut nous faire voir que nous avons remplacé la dépendance, la confiance, la ferveur d’esprit, par une sorte de vie mécanique et automatique.

Nous répétons nos chants dimanche après dimanche, semaine après semaine, et nous ne sommes pas exercés pour que le Seigneur, au milieu du désert, nous donne cette eau vive. Dans le désert, c’est du sable partout, et du sable brûlant. Mais le Seigneur peut faire jaillir cette eau vive dans l’assemblée la plus dénuée en apparence. Ce qui est le plus important, c’est la présence du Seigneur réalisée. Il vaudrait mieux ne rien dire, que de troubler cette réalisation.

Tant qu’une assemblée est reconnue par le Seigneur, et tant qu’elle n’est pas mise de côté, le Seigneur est là. Mais de quelle manière le réalisons-nous ? On le réalise de façon très variable. Cela ne devrait pas être. Nous avons tant de beaux cantiques, qui ont été donnés par des chrétiens vivants, comme celui-ci : «Ta présence est le bien suprême». C’est profondément vrai dans l’Assemblée, cela ! Mais parfois, si le Seigneur nous arrêtait, Il nous dirait : «Mais vous ne le réalisez pas» ! Que le Seigneur nous donne de prendre cela très au sérieux !

Prenons notre part de charges, d’exercices, chers frères. Que chaque frère, chez lui, prie beaucoup pour l’Assemblée. Qu’il recherche le Seigneur. Si on veut faire ses affaires et toutes ses affaires, et seulement cela, alors il faut tout abandonner. Alors il vaut mieux sombrer dans la chrétienté. Mais un frère qui fait ainsi a abandonné la partie.

Nous pouvons retrouver beaucoup des joies qui étaient au commencement. Ne prenons pas trop vite notre parti du fait que la faiblesse condamne à l’isolement. Ce serait manquer de foi, souvent. Que le Seigneur nous donne d’avoir cela à coeur. Dans nos familles, prions beaucoup pour chaque réunion.

Si le Seigneur appelle un frère à parler dans l’Assemblée, même s’il parle un mauvais français, cela vaut beaucoup mieux qu’un discours. Ne croyons pas, parce que le niveau général d’instruction s’élève, que nous soyons mieux à même d’entrer dans le service pour le Seigneur. Donnez-nous un homme, une femme, rempli de l’Esprit ; nous verrons le travail de Dieu se faire. L’action du Saint Esprit, chers amis… il ne s’agit pas de mysticisme. C’est justement le Saint Esprit qui nous en garde. Que chaque assemblée locale soit très exercée. Il y a des assemblées très petites en apparence, mais le Seigneur suffit à tout.

Il y a aussi des charges de toute importance. Une charge est locale. Surveillant, ancien, évêque, c’est la même chose. Il n’y a pas de qualification officielle ; mais demandons au Seigneur qu’il donne à des frères plus ou moins âgés (pas nécessairement très âgés) cette qualification morale qui fait qu’ils pourront être utiles dans l’Assemblée. L’ancien est pour l’ordre extérieur. Il veille sur le comportement, l’attitude. Autrefois, un frère n’aurait pas hésité (ou attendu) des mois pour prendre contact en privé, si quelque chose n’allait pas. Il ne s’agit pas de brutaliser quelqu’un en public. Quelqu’un disait : «L’Assemblée n’est pas le seul lieu au monde où la chair puisse faire ce qu’elle veut». Ce serait épouvantable. N’importe quel corps humain a une discipline. Les chrétiens ont la chair en eux, comme les incrédules. Cette chair a besoin d’être surveillée. Si le chrétien n’est pas assez fidèle pour demander au Seigneur de la surveiller, les frères peuvent venir au secours du défaillant. C’est très important, cela. Même le désordre dans les réunions, les anciens ont à veiller à cela.

Un frère peut très bien enseigner sans être docteur, faire une visite à une âme sans être un pasteur. Un frère qui prophétise donne cinq paroles par l’Esprit. Il a donné une prophétie, c’est-à-dire ce qui était propre à l’édification, à l’instruction, à l’instant voulu. En cela, il est un prophète. «Ne méprisez pas les prophéties» (1 Thess. 5:20) ; c’est la même chose.

Il serait très désirable qu’il y ait des réunions d’études dans chaque assemblée locale, études suivies sur les différents sujets scripturaires ; sinon, la vie de l’assemblée s’en ressent. Là où cela n’a pas lieu, certainement, c’est une lacune. Mais si cela a lieu, priez beaucoup pour cela. On n’invente pas la vérité ; on la reçoit par l’exercice de la foi, et aussi l’étude, avec le secours de l’Esprit et dans la prière. Il faut s’y consacrer.

Nous avons vu qu’il y a deux dangers pour l’ancien : qu’il soit nouvellement converti, qu’il n’ait pas un bon témoignage. Nouvellement converti, il risque de tomber dans la faute du diable ; c’est l’orgueil. Un jeune chrétien qui aspire à la surveillance risquerait d’être emporté par le péché qui a emporté le diable (le diable n’est pas tombé par une tentation extérieure, comme l’homme, mais par une tentation intérieure). Le piège du diable, c’est un piège que le diable tendrait à un jeune converti, s’il n’avait pas un bon témoignage de ceux du dehors.

Les femmes peuvent être servantes, servantes de l’Assemblée. Elles peuvent s’occuper de soins de diverses manières, se consacrer au service des saints. C’est très précieux, cela !

Les charges sont locales. Un ancien au Brus n’est pas ancien à Saint-Agrève. Les problèmes locaux sont à résoudre localement ; bien que souvent, on a à prendre contact avec des assemblées plus éloignées.

La vie collective des saints est encore plus difficile que la vie individuelle. Elle en résulte. Que le Seigneur nous accorde de ne pas nous écarter du chemin tracé. On est heureux là.

Nous avons à être gardés aussi de toute prétention vis-à-vis des chrétiens, quels qu’ils soient. Un frère conscient de ce que le Seigneur lui a donné, s’il oublie qu’il y a des chrétiens un peu partout, risque de recevoir le châtiment du Seigneur, ou sa place ne serait pas dans le témoignage. Avoir devant soi tous les saints, aimer tous les saints, tout en étant tenu aux réserves nécessaires suivant le cas, voilà le chemin.

Connaissant la vérité de l’Église, et que le témoignage des derniers jours doit être l’expression de ce que l’Église aurait du être en tout temps, colonne et soutien de la vérité, si des frères enseignés dans la vérité relative à l’Église piétinaient les frontières, ils auraient affaire au Seigneur, pour avoir méprisé des privilèges qui ont plus de valeur que l’or le plus pur.

Nous ne serons jamais assez reconnaissants pour les lumières que le Seigneur nous a données, le chemin dans lequel Il nous a engagés. Nous n’avons pas eu à essayer plusieurs chemins ; nous avons à reconnaître qu’il est véritablement le bon. C’est en cela que nous ne suivrons pas les hommes, bien qu’ils puissent nous aider.

Chaque frère doit suivre le Seigneur comme s’il était tout seul à le faire.

 

 

4   Marcher selon la vérité — Éphésiens 4:20-32 ; 5:1-23, 25, 33 ; 6:1-9  ; 1 Timothée 3:1-15

 

[LC n° 109]

12 décembre 1948

 

Cette lecture est très facile. Elle ne présente guère de points susceptibles d’arrêter, et nous la présentons devant chacun de nous pour qu’il la repasse dans son coeur. Il est remarquable que ce soit dans l’épître aux Éphésiens que nous trouvions les instructions que nous avons lues, et qu’elles fassent suite au déploiement des plus hautes vérités chrétiennes. C’est que le Seigneur ne perd jamais l’équilibre. Nous, nous le perdons facilement : tantôt nous risquons de réduire les enseignements chrétiens à un ensemble de préceptes détachés de la source qui les produit ; tantôt nous risquons de nous complaire à jongler avec les plus hautes vérités chrétiennes, en oubliant qu’une vérité a de la valeur dans la mesure où on y marche. Que nous ayons toujours à être sur nos gardes sur ce point, chacun le sent bien ! C’est l’un des faits frappants de cette épître aux Éphésiens, que, bien qu’elle fasse monter le chrétien au ciel, elle lui montre comment il faut bien marcher sur la terre, comment on fait un pas après un autre. Et il n’y a guère de contraste plus saisissant que celui que nous trouvons au chapitre 5, entre le verset 2 et le verset 3.

Aux versets 1 et 2, il est dit : «Soyez imitateurs de Dieu», et au verset 3, le Saint Esprit parle des péchés les plus graves.

D’autre part, il ne nous faut pas perdre de vue que le déclin, la fin du christianisme, sa corruption, son abandon final, est marqué, justement dans les Écritures, par le fait qu’on a conservé l’accord, pour ainsi dire, des vérités, et qu’on a abandonné la puissance que donne la vérité saisie dans le coeur. On a la forme de la piété, mais on en a renié la puissance. On sait beaucoup de choses, et on sait peut-être enseigner beaucoup de choses. Mais il n’est pas dit que le christianisme mourra faute de docteurs, pas du tout. Il mourra plutôt faute de martyrs.

Dans 2 Timothée, où il est parlé de cette fin du christianisme, il n’est pas dit qu’à la fin, il n’y aura pas de docteurs, mais bien «des docteurs selon leurs propres convoitises» (4:3). Et quelqu’un qui ne parlera pas selon la convoitise des chrétiens, on lui dira, comme aux prophètes d’autrefois, comme à Amos : «va-t’en» ; nous ne pouvons pas supporter tes paroles. C’est d’ailleurs un fait de tous les temps. Dans toutes les époques, quand on a été fatigué d’entendre ce que Dieu disait, qu’est-ce qu’on a fait ? On a tourné le dos à Dieu, on n’a pas tourné sa face vers Lui : «vous m’avez tourné le dos…» (Jér. 2:27). Et, quand on a pu, on a mis à mort le juste. C’est Jacques qui le dit : «Vous avez mis à mort le juste : il ne vous résiste pas» (5:6). D’abord Christ, mais partout, dans toutes les situations où il y a eu un juste, un homme de Dieu pour dire : Voilà ce que Dieu dit, pense, et que la chose n’était pas agréable aux auditeurs, on a fait son possible pour se débarrasser de ce juste.

Chers amis, nous faisons tous cette expérience, que toutes les fois que la Parole s’avance et que nous sentons qu’elle se présente avec son autorité et qu’elle nous gêne, nous avons tous envie de dire au Seigneur : «une autre fois» ; tu me parleras de cela une autre fois ; aujourd’hui, je n’ai pas le temps. C’est bien gênant… C’est l’esprit de la fin.

«Ils s’amasseront…» ; ils foisonneront, les docteurs ! Est-ce que, aujourd’hui, cela se situe dans le futur ? Certainement pas. Ils se sont amassés des docteurs selon leur propre convoitise, parce qu’ils ne pouvaient pas supporter la vérité. Il est bien probable, d’ailleurs, que si quelqu’un prêchait, dans les milieux soi-disant orthodoxes, Jean 3:16 : «Dieu a tant aimé le monde…», cela suffirait pour qu’il se fasse lapider. Dans nombre de milieux dits chrétiens, aujourd’hui, sans parler de la doctrine relative au témoignage et à la marche chrétienne, simplement prêcher le salut par le sang de Christ et dire à un homme : Vous ne croyez pas au sang de Jésus, vous êtes perdu, vous ne serez pas sauvé, eh bien, nous sommes dans des temps où dire cela, affirmer cette vérité de Dieu dans ces milieux, suffit à se faire rejeter.

Peut-être que certains d’entre nous, ici, en ont fait l’expérience (si certains ne l’ont pas faite, ils peuvent toujours la faire). Beaucoup d’entre nous, moralement, l’ont faite. Et peut-être que, parmi nous, lorsqu’on prêche la vérité un peu serrée de près, soit quant au salut, soit quant à la personne de Christ, soit quant aux vérités que la Parole révèle, peut-être que cela n’est pas reçu comme il faudrait ; Dieu le sait !

Je désire insister sur ceci, que la fin du christianisme est marquée, non pas par un manque de propagation de vérités et une pénurie de docteurs, pas du tout, mais par le fait qu’on ne veut pas écouter, qu’on se choisit ses docteurs, et qu’on ne veut plus écouter ce que Dieu dit. Est-ce nouveau ? Pas du tout, c’est le caractère de tous les déclins. Mais c’est plus frappant quand il s’agit du christianisme.

Comme nous l’avons dit plusieurs fois ici, et d’autres ailleurs — et c’est un sentiment qu’on a partout — nous risquons aujourd’hui de nous contenter de déclarer des vérités et de ne rien en faire, ou plutôt, de les renier, dans la pratique. Souvenons-nous que c’est une marque de la fin du témoignage. Qu’il nous soit donné, nous l’avons dit, de savoir peu, mais de vivre ce que nous savons. L’un des caractères de ce déclin, de cette perte de force dans la vie d’un homme, d’un chrétien, d’un témoignage, d’un corps de chrétiens, c’est l’abandon de l’autorité morale que donne précisément une marche pratique. C’est l’abandon de ce qui est moral, et un abandon couvert par la déclaration et la propagation de ce qui est en apparence spirituel.

Ainsi, si l’Esprit de Dieu nous promène dans les hauteurs divines de l’épître aux Éphésiens, dans la même épître, il est dit : «marchez soigneusement».

Dans ce que nous avons lu, il est parlé d’abord du nouvel homme et du vieil homme : avoir dépouillé le vieil homme, et revêtu le nouvel homme. C’est la position chrétienne. Le vieil homme, c’est l’homme naturel, qui aime le monde. On ne peut pas faire grief à quelqu’un qui n’est pas converti d’aimer le monde ; il faut bien qu’il aime quelque chose. Comme c’est un inconverti, il ne peut pas aimer Dieu ; il faut qu’il aime les plaisirs, l’argent, ce qui flatte et nourrit l’orgueil. Il faudrait dire à un homme de ne plus vivre, pour qu’il n’aime rien, dans ce monde.

Mais pour un chrétien, c’est une anomalie, une énormité, lorsqu’il nourrit dans son coeur des affections pour les choses qui sont l’aliment du vieil homme. Nous devons vivre comme ayant dépouillé le vieil homme et ayant revêtu le nouvel homme.

«La vérité est en Jésus, c’est-à-dire, en ce qui concerne votre première manière de vivre, d’avoir etc.» (4:21-22). Vous voyez quelqu’un qui vit dans le monde (un chrétien, peut-être un vrai chrétien, qui nourrit le vieil homme au lieu de nourrir le nouvel homme) ; la corruption, chez lui, va croissant. Il est de plus en plus mondain. Il a commencé avec des concessions de détail et, s’il nourrit le vieil homme (toujours avec le monde), il ira de plus en plus loin. Il n’a pas le droit de dire : Je m’arrêterai en temps utile. C’est l’ennemi qui lui fait dire cela. Il n’aura pas le pouvoir de s’arrêter en temps utile. Vous nourrissez le vieil homme ? Vous en porterez les conséquences. Le vieil homme se corrompt. Dans le monde, vous voyez un homme qui est pris par une passion comme la boisson. Il abandonne cette passion, il en cultive une autre, peut-être l’avarice ou la gloire. Aux yeux de Dieu, il est tout autant dans les mains de Satan qu’auparavant. Aux yeux des hommes, c’est moins répréhensible ; mais il est esclave de Satan, il n’a fait que changer son chemin. Le vieil homme se corrompt. Il faut faire notre compte de cela.

On disait une fois à un chrétien qui s’était laissé aller à une chose grave : On va vous emmener en prison. Il dit : C’est le vieil homme qui a fait cela. Eh bien, on va emmener votre vieil homme en prison.

Ce que je fais, c’est moi qui en suis responsable. J’en porte les conséquences, moi, tel que je suis, aux yeux des hommes et aux yeux de Dieu. Il ne s’agit pas d’user de ruse. Ce mot se trouve dans la Parole, chers amis, et c’est un des premiers mots de l’Écriture. Le serpent était le plus rusé de tous les animaux. La ruse, ce n’est pas l’intelligence ; c’est une intelligence mêlée de manque de droiture. C’est une puissance qui arrive à ses fins en tordant la vérité par un mensonge. C’est une chose laide, dans une vie chrétienne, que la ruse, que de manquer de droiture devant Dieu et devant les hommes. Et que d’hommes, lorsqu’ils ne peuvent pas arriver à leurs fins en toute lumière, se servent de la ruse pour y arriver par des voies de ténèbres — peut-être des chrétiens !

Nous avons à être renouvelés dans l’esprit de notre entendement, c’est-à-dire à croître. Un chrétien qui fait des progrès a besoin de Christ, de plus en plus.

«En justice et sainteté de la vérité» : la justice, la sainteté, la vérité, sont toujours liées à la présence de Dieu. Et, pour le cas où ces déclarations nous paraîtraient un peu difficiles à appliquer dans la vie pratique, le Saint Esprit entre dans les détails. Ce n’est pas dans cette épître que les détails les plus frappants sont donnés, quant à la vie chrétienne. Le tableau de la vie chrétienne — et pratique — le plus complet se trouve en Colossiens 3. Mais nous en avons ici quelques éléments, et nous trouvons : «Avoir dépouillé le vieil homme». Qu’est-ce que cela veut dire ? Eh bien, voici ce que cela veut dire, verset 25 : «ayant dépouillé le mensonge…». Voilà un cas, une application de ce dépouillement : «dépouillé le mensonge». Nous avons à veiller à cela ; et comment ? En parlant la vérité chacun à son prochain.

Quand je ne dis pas la vérité à mon frère, quand je dis un mensonge, je fais tort à Dieu et à mon frère. C’est sérieux, un mensonge ; et une demi-vérité, c’est un mensonge.

Sapphira, à qui on demandait : «Avez-vous vendu le champ pour tant ?» (Act. 5:8), dit oui. Ananias ne s’était pas engagé d’avance à donner tout le champ ; il avait vu Barnabas qui avait vendu son champ et qui apportait son argent aux pieds des apôtres, et il avait dit : C’est bien ; nous allons faire comme lui. Seulement, il n’avait pas la même foi. Ils vendent bien ce qu’ils ont ; ils n’en donnent qu’une partie, ils gardent l’autre. Ils voulaient leur bien, et ils voulaient le prestige que donne le dévouement pour le Seigneur. Que de chrétiens en sont là ! On veut honorer le Seigneur, être compté parmi le peuple de Dieu comme quelqu’un de dévoué, mais on veut rester à soi-même. Voilà un mensonge ; et il n’en avait pas l’apparence.

Parler la vérité l’un à l’autre ; savoir nous taire, savoir parler : le bon ou le mauvais usage de la langue, dans les rapports entre chrétiens, est d’une importance infiniment plus grande que nous ne le pensons !

Voilà un chrétien qui, si on évoquait devant lui la seule pensée de tuer son prochain, en serait effrayé. Or on peut tuer quelqu’un par un mensonge. Un chrétien qui, pour rien au monde, ne prendrait quoi que ce soit, un fétu, à son frère, devrait avoir la même crainte, lorsqu’il s’agit de lui faire du tort par quelque parole qui n’est pas selon la vérité. Et on fait parfois beaucoup plus de tort de cette manière qu’en prenant un fétu à son frère, ou même toute sa fortune !

Voilà ce que c’est que dépouiller le vieil homme ! Voilà le christianisme pratique. Flatter son frère, c’est du mensonge. Dieu ne flatte pas. Élihu dit : «Je ne sais pas flatter ; celui qui m’a fait m’emporterait bientôt» (Job 32:22). Pour avoir les faveurs de quelqu’un, on le flatte. Que de fois on flatte, pour gagner quelqu’un à soi ! Un des caractères de notre temps, c’est qu’on flatte. Les divers partis, qui se partagent les influences, flattent tant qu’ils peuvent les hommes, pour les ranger sous leur pouvoir. C’est à qui flattera le plus, pour frapper ensuite ceux sur qui on aura mis la main.

J’insiste sur l’emploi de la langue et l’usage de la vérité : parler la vérité chacun à son prochain. Que de maux parmi nous, que de maux graves, que de misères d’ordre spirituel, que de choses qui se passent parmi le peuple de Dieu et qui attristent le Saint Esprit, et qui n’ont pas d’autres raisons que l’usage non selon Dieu de notre langue. Il nous faut rappeler les passages qui parlent de la langue (Jacques).

Faut-il ne rien dire ? «Parlez la vérité chacun à son prochain» (Éph. 4:25). Et que de fois les frères ont dû s’ouvrir entre eux, sur telle ou telle chose, mais avec la crainte profonde de dépasser la limite que Dieu leur assigne, et avec le désir de ne savoir de tel ou tel fait qu’exactement ce qu’ils doivent savoir pour avoir la pensée de Dieu, et l’avoir exactement, sur l’affaire.

Que Dieu nous garde ! N’allons pas croire que nous prospérerons spirituellement parce que nous dirons des choses très élevées. Si nous marchons solidement, dans le sentier simple de la vérité et de la crainte de Dieu, alors seulement nous prospérerons.

Absalom nous donne l’exemple de quelqu’un qui ne marchait pas dans la vérité vis-à-vis de David. Il dérobait les coeurs par beaucoup de manifestations d’intérêt pour les autres : «Viens, je m’occuperai de ton affaire ; le roi n’a pas le temps». Il détournait les coeurs de David et montait la conspiration contre David. Et aujourd’hui, que de fois on détourne les coeurs du vrai David, qui est le Seigneur ! Toutes les fois que nous voulons mettre la main sur le coeur de quelqu’un, nous détournons les coeurs du vrai David. Est-ce que nous n’avons pas quelque chose à voir, tous ? Lorsqu’un frère a rendu service à un frère, il ne s’est pas acquis de droits sur ce frère ; il doit rester son serviteur, après comme avant. Sans cela, nous détournons les affections sur nous au lieu de les fixer sur Christ. Un serviteur qui se sert lui-même ne sert pas Christ ; ce n’est pas un serviteur de Christ ! Un service doit rendre le Seigneur précieux au coeur ; il doit présenter Jésus d’une infinité de manières. Mais ceux qui en sont les objets doivent être attirés à Jésus.

Chers amis, je crois que nous avons à prendre garde, dans la pratique, à ce que nous disons et à ce que nous faisons, et à bien laisser le Seigneur sonder notre coeur, pour déceler les motifs qui gouvernent toute notre activité.

Que le Seigneur nous soit précieux, notre Seigneur et notre maître, celui à qui nous appartenons pour toujours !

Je sais un exemple où le courage d’un chrétien, qui a parlé la vérité et qui a rapporté dans la lumière telle parole qui avait été dite dans les ténèbres, a rendu un immense service. Il a accompli son devoir vis-à-vis du Seigneur et vis-à-vis des siens.

Nous devons demander au Seigneur qu’Il nous donne une grande sagesse pour savoir écouter, pour savoir nous taire, pour savoir parler, pour savoir, à l’occasion, dire ce que nous pouvons savoir. Mais il faut se tenir devant Dieu ! Le secret, en tout cela, c’est d’être dans la présence de Dieu. Parlons la vérité l’un à l’autre, car nous sommes membres les uns des autres. Nous avons encore cet enseignement : «Que le soleil ne se couche pas sur votre irritation». On peut être en colère, car il peut y avoir une sainte colère. Il est dit du Seigneur : «les regardant à l’entour avec colère» (Marc 3:5). Seulement, chez Lui, il n’y avait pas le danger qu’il y a chez nous, celui que la colère prenne racine dans notre coeur et devienne une source corrompue de mal et de mauvaises pensées. C’est pourquoi le chrétien peut avoir éprouvé parfois une vraie, une sainte, une juste irritation, mais il doit veiller, en se souvenant que son coeur est une source de mal : «que le soleil ne se couche pas sur votre irritation».

Qu’il nous soit donné de prier beaucoup les uns pour les autres. Et, si nous avons un sujet de plainte contre un autre, commençons par prier pour lui.

Si nous ne jouissons pas davantage du Seigneur — Dieu le sait — en voilà peut-être les raisons. Qui dira l’importance de ces faits, qui ont l’air d’être des faits de détail, et qui sont les menus faits de la vie ? C’est pourquoi «marchez soigneusement». «Ne pas dérober», cela paraît élémentaire ; c’est écrit dans l’épître aux Éphésiens ! Une parole déshonnête ? Non, au contraire, une parole de grâce. Cela ne veut pas dire qu’il faille toujours parler des choses de Dieu. Si je n’en jouis pas, et si je ne suis pas appelé à en parler, il vaut mieux me taire, et ne pas affecter un état que je ne possède pas. De sorte que l’abondance des paroles dans les choses de Dieu est loin d’être un critère de piété et de vie de communion avec Dieu ! On a connu des personnes très abondantes en paroles, et même par écrit, et qui étaient loin de réaliser une vie avec Dieu correspondant à ces témoignages !

«L’amertume, le courroux, la colère, la crierie, l’injure, la malice… Soyez bons les uns envers les autres… Pardonnez». Ce n’est pas toujours facile, de pardonner. Le premier mouvement du coeur, quand quelqu’un vous a fait du tort et du mal, c’est : Je ne veux pas pardonner. Il faut crier à Dieu, trouver la voix de Dieu ; et Dieu permet de surmonter le mal par le bien, dans mon coeur.

Je pense bien que nous sentons tous que ce sont les combats les plus terribles, les plus difficiles, les victoires les plus difficiles à remporter : garder un coeur avec d’heureuses dispositions envers tous les saints, disposé à parler la vérité, même si on n’approuve pas quelqu’un… Ne pas garder, à son égard — même si quelqu’un nous a fait du tort — des sentiments qu’on n’ose pas avoir devant Dieu : «Imitateurs de Dieu».

Encore un mot sur ce que nous avons lu ensuite : la lumière, l’amour. Nous devons aimer comme Dieu aime. Souvent, nous n’aimons pas, ou nous aimons parce qu’on nous aime ou qu’on pourra nous aimer, ou pour qu’on nous rende la pareille. Dieu n’a pas aimé ainsi.

Après l’amour, la lumière. Enfants de lumière, marchons dans la lumière. Et «le fruit de la lumière consiste en toute bonté, justice et vérité, éprouvant ce qui est agréable au Seigneur».

«N’ayez rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres…». Commun est à la base du mot communion ; nous ne devons rien avoir de commun avec les ténèbres. Et qu’est-ce que les ténèbres ? C’est le monde. «N’ayez rien de commun…» ; avec quel monde ? Le monde où on s’amuse ? Oui. Le monde religieux ? Oui, parfaitement. Mais j’ai beaucoup de raisons pour aller dans tel ou tel monde religieux ! Si c’est un monde qui est dans la lumière de Dieu, ce doit être le monde où vous êtes, si vous êtes dans la lumière de Dieu. Le Seigneur peut nous appeler tous à choisir entre lui et beaucoup de choses, ou beaucoup de personnes, que nous aimons.

«N’ayez rien de commun avec les oeuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt reprenez-les» (5:11). Quand je vais voir quelqu’un dans le monde, je suis lié par le fait que j’accepte d’y aller. Lot était lié à Sodome ; et voilà Lot qui va faire la morale aux gens de Sodome ! Ils lui disent : Qu’est-ce que tu viens faire ; puisque tu es avec nous, c’est que tu es comme nous ; si tu n’es pas comme nous, va-t’en !

Nous n’avons pas à aller porter la vérité de Dieu dans les milieux mondains, mais à reprendre, lorsque le monde vient sur notre chemin ou veut se trouver au milieu de nous, les oeuvres des ténèbres, et à ne pas laisser ces oeuvres s’établir dans notre coeur ni au milieu de nous.

Je ne sais pas quelles sont les relations que nous avons, mais les relations mondaines ont tué toutes les vies chrétiennes que nous avons connues et qui entretenaient de telles relations ; toutes, sans exception. Un peu de mondanité au commencement, et on finit par toute la mondanité.

Et voici encore un domaine où Dieu intervient pour que l’ordre soit établi, c’est le domaine de la famille. Il y a des frères plus qualifiés que moi sur ce point, qui ont plus d’autorité de par leurs propres circonstances — le Seigneur leur donnera de dire ce qu’ils peuvent avoir à dire. On ne saurait trop s’arrêter sur la valeur de ces enseignements, dans une période où, comme nous l’avons dit une fois ici, la cellule familiale, dans le monde, se désagrège (elle est désagrégée) : enseignements qui sont donnés aux femmes, aux maris. Sont-ils superflus ? Regardons les faits !

Et des enseignements qui sont donnés aux enfants, qui sont donnés aux parents à l’égard des enfants. Sur ce dernier point, je désire laisser sur le coeur des saints au moins ceci, sans aller plus loin (et c’est une vérité indiscutable, pourtant battue en brèche un peu partout, aujourd’hui), que la responsabilité à l’égard des enfants est considérée, dans les Écritures, comme étant possédée par les parents, exclusivement. Dans ce domaine, responsabilité et autorité vont ensemble. Rien ne remplacera l’exercice de l’autorité scripturaire des parents envers les enfants ; aucune institution au monde ne remplacera cela. Elle pourra chercher à pallier des maux contre lesquels le monde ne peut rien aujourd’hui ; mais elle n’est pas d’institution divine. L’institution divine, c’est que les parents ont à s’occuper de leurs enfants. Que voit-on aujourd’hui, dans un monde chez lequel ce caractère d’apostasie se trouve, comme tant d’autres ? On confie les enfants à d’autres que les parents. On voit cela : la société se charge des enfants. C’est un défi à Dieu, une offense à Dieu, un oubli de ce que Dieu a dit. C’est analogue à ce qu’a dit Lémec dans la Genèse : il a pris deux femmes, il a outragé Dieu en cela ; et il l’a outragé une seconde fois par la parole qu’il a dite, la mettant en parallèle avec celle de Dieu à l’égard de Caïn.

Si nous voulons la bénédiction, l’approbation de Dieu, écoutons ce qu’il dit. Nous avons la Parole entre les mains ; c’est pour nous soumettre à ses enseignements. Aucun domaine ne lui échappe, et le domaine familial pas plus qu’un autre.

Les conséquences du fait que, dans la société actuelle, on a renié l’institution divine, sont incalculables. Personne ne peut les calculer. Et, certainement, cet état de choses ne fait que contribuer à l’accélération de la préparation de ce temps dont il est parlé, l’apostasie, qui doit venir une fois que les saints seront enlevés. Dieu est un Dieu d’ordre, et Il sait ce qu’Il a établi.

Qu’on n’invoque aucun prétexte pour dire que les choses ont changé ! La pensée de Dieu n’a pas changé. Que nous soyons faibles pour la suivre, c’est certain. Mais si nous voulons la bénédiction de Dieu, cherchons sa voix, sa pensée, son chemin.

Il nous reste, dans les temps de la fin où nous sommes, des instructions de Dieu. Nous en avons vu se rapportant aux anciens, aux évêques et aux serviteurs. Les surveillants, ce sont les évêques ou les anciens (c’est synonyme). Ils ont avant tout un caractère moral. Les serviteurs, ce sont ceux qui servent dans l’assemblée ; et les serviteurs doivent remplir des conditions qui sont indiquées, pour que le caractère du service soit approuvé de Dieu et approuvé des siens. Et c’est là que nous trouvons les caractères de sérieux, de gravité, de crainte de Dieu, même chez les femmes. C’est ce que nous trouvons, dans la Parole. Si la Parole n’a plus d’autorité sur nous, nous ne pouvons pas donner cher d’un christianisme où la Parole n’a plus d’autorité ! Dieu n’en donne pas cher !

Que le Seigneur nous donne de vivre près de son coeur, de suivre de très près ses exhortations, qui sont très simples. Nous en avons dit quelque chose aujourd’hui, des choses que les enfants peuvent comprendre. Un enfant sait ce que c’est qu’un mensonge. Un enfant ment très tôt ; on n’a pas besoin de lui apprendre à mentir, car la source est dans son coeur !

Que Dieu veuille, si quelqu’un ici n’était pas converti, lui donner la vie de son propre Fils et, à nous tous qui possédons cette vie, qu’Il nous accorde de la montrer.

 

5   L’Église du Seigneur — Éphésiens 1:20-23 ; 3:4-6, 8-10 ; 2:22 ; 4:1-3 ; 5:29-30, 32 ; 1 Timothée 3:14-15

 

[LC n° 103]

2 février 1969

 

Nous avons toujours besoin de revenir aux Écritures. Et cela est d’autant plus nécessaire qu’à mesure que les années passent, en général, les manifestations, parmi les croyants, de l’expression de la pensée de Dieu, cette expression, s’atténue.

Si nous nous en tenions à ce qui s’est manifesté dans le monde chrétien, nous ne nous y retrouverions pas. Il y a trop de différences entre les manifestations extérieures et ce qui est enseigné dans la Parole de Dieu. Mais la pensée de Dieu ne change pas. Et nous n’avons aucune excuse pour nous en écarter.

Dieu a eu son peuple, le peuple juif, qui a rejeté son Messie. Mais Dieu a recueilli son Messie dans la gloire. Il est devenu la tête de ce corps mystique. Il y a, dans ce qui est l’Église, corps de Christ, ce qui est le plus élevé et le plus glorieux, Christ, tête de l’Église, corps mystique. C’est le mystère caché dès les siècles en Dieu. L’Église sera unie un jour dans la gloire, dans sa position. L’Église, quant à sa présence sur la terre, a bientôt deux mille ans. Son histoire n’est pas belle. Comme l’a dit quelqu’un, c’est la plus triste histoire qui eut existé. Ce sont les annales de l’enfer. Ce qui s’est passé, Dieu le sait.

Nous pouvons être reconnaissants envers Dieu, d’avoir bien voulu amener à l’existence un groupe de chrétiens, l’amener à retrouver la position de l’Église, et à vivre en se tenant sur le terrain de l’Écriture. Il faut à tout prix, chacun pour son compte, être profondément convaincu de ce pour quoi nous sommes réunis. Ceci parle de séparation. Voilà une notion qui ne plait pas toujours à la chair, à l’homme, et peut-être pas non plus aux frères. Avez-vous pensé à la carrière d’Hénoc ? Trois cents ans de brillant témoignage ! Il marche avec Dieu. Ce qui est de Dieu est appelé à se séparer. C’est même une sorte d’instinct spirituel. Ce n’est pas étrange, d’être appelé à se séparer. Il y a un «dedans» et un «dehors». Les frères n’ont pas inventé ces mots-là. Dans le sens général du mot, le «dedans» est tous les croyants, et ceux du «dehors» sont ceux qui ne le sont pas. Bien tôt, des chrétiens fidèles, formés à cette fidélité, ont été menés à se séparer du monde tout court, du monde chrétien ; mais, plus encore — et c’est là que plusieurs frères achoppent — d’être amené à se séparer d’authentiques chrétiens. Pour pouvoir le faire, il faut la Parole. «Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur».

Les frères n’ont jamais dit qu’ils étaient l’Église. Si des frères prétendent être l’Église, ils sont coupables. Si nous ne sommes pas conduits à nous tenir séparés, comme l’Église aurait dû le faire, nous n’avons plus de raison d’être. Nous sommes une secte de plus. Il y a des chrétiens, et même des frères, qui ne pensent qu’à l’évangélisation. C’est une erreur ! L’Église n’évangélise pas ; l’Assemblée n’évangélise pas. On ne trouve pas cela, dans l’Écriture.

Si nous aimons le Seigneur, nous aimerons ce que le Seigneur aime. C’est le lien le plus cher, le plus merveilleux. Ne penser qu’à l’évangélisation n’est pas la pensée de Dieu. Or, quand on aime quelqu’un, on cherche à connaître ses pensées, pour se conformer à ses pensées. Tout le reste, ce ne sont que des paroles. Notre amour pour le Seigneur prime toujours.

Il y a un «dedans» et un «dehors». Quelqu’un qui est en communion est «dedans». Ces deux situations ne sont pas identiques. Quant à ce qui regarde l’Église, deux croyants, l’un en communion, l’autre pas, sont sur le même plan, c’est-à-dire «dedans». Mais, quant au témoignage de la fin, il y a un «dedans» et un «dehors». Ce n’est pas la même chose. La situation n’est pas du tout la même. Ne le croyons pas.

Les milieux larges, au fond, reculent devant la simple discipline du Seigneur. On laisse de la liberté à la chair.

Les frères sont responsables d’être attentifs à la direction du Saint Esprit dans l’assemblée. Jamais nous ne serons trop attentifs à cela. Bien des difficultés disparaîtraient, alors. On dira : Oui, mais vous aussi, vous pouvez devenir hiérarchique. Oui, mon cher ; mais, étant sur un terrain scripturaire, on supplie le Seigneur ; et le Seigneur répond. Et n’est-ce pas, chers amis, si nous ne nous tenons pas près du Seigneur, nous aurons tendance à faire fléchir la volonté du Seigneur devant nos tendances naturelles. Alors que, si nous sommes fidèles, nous dirons au Seigneur : Ta volonté à tout prix ; ta volonté d’abord. Non pas le dire seulement, mais le faire.

Si ce n’est pas le Saint Esprit qui dirige, c’est la chair. Jamais nous ne serons trop attentifs à cela ! Si la présence du Seigneur était visible au milieu de nous, bien des décisions que nous prenons ne seraient pas prises ; bien des difficultés ne verraient pas le jour. Mais nous ne pourrons jamais dire : «Seigneur, tu n’étais pas là ; tu ne nous conduis pas».

Il y a quelques temps, nous avons été amenés à parler ensemble de ces croyants de l’Est, ayant à subir de pénibles persécutions ; et nous avons été amenés à prier pour eux. C’est très bien. Mais quand nous pensons à notre vie chrétienne, que de compromis avec ce monde, avec nos intérêts ! Si ces croyants avaient fait un compromis avec ce monde — et cela leur aurait été facile — ils auraient pu éviter bien des souffrances. Mais ils ne l’ont pas fait. Et on veut faire passer nos intérêts avec les intérêts du Seigneur ! La Parole ne supporte pas d’être discutée. Quand on fait des compromis, faisant fléchir pour un moment nos intérêts les plus chers, il y a de quoi déchirer nos vêtements.

 Le Seigneur met tout à l’épreuve, même la foi véritable d’un Abraham, qui lève le couteau sur son fils. Eh bien oui ! Nous nous croyons de bons chrétiens. Pierre dit : «Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort» (Luc 22:33). Eh bien, on va voir !

Nos bénédictions ne sont pas terrestres, mais entièrement célestes. Vous n’avez jamais vu un chrétien, dont tout va bien ici-bas, faire des progrès spirituels.

Les jeunes disent : «Seigneur, je te suivrai où que tu ailles» (Matt. 8:19). Et, à la première circonstance marquante, on fait passer nos intérêts en premier. Quand nous nous connaissons un peu, nous disons : «Seigneur, aide-moi». Une jeunesse trop facile est en général une mauvaise jeunesse. Ne poussez pas les jeunes au service. C’est le Seigneur qui les enverra. Laissez-lui le soin de le faire. Une jeunesse éprouvante n’est pas une mauvaise école.

Aucun frère n’a le droit de s’interposer entre un croyant et Dieu. Paul était serviteur jusqu’à la fin.

Quand le Saint Esprit est là, on n’a pas besoin d’organisation.

Nous ne devons attacher personne à nous-mêmes, et ne nous lier à personne. Quand on est dans cet esprit, on n’a pas envie d’organiser. Il n’y a pas une réunion qui ne peut être faite sans la dépendance du Saint Esprit. Et si non, le Seigneur ne se manifestera pas à nous. C’est pourquoi la grande affaire, c’est l’état intérieur ; c’est avoir Christ dans son coeur. L’Assemblée lui est très chère. C’est pourquoi il désire que nos coeurs soient dans un état tel qu’il puisse se manifester à nos âmes. Vous n’avez pas l’humilité que, dans la présence de Dieu, il n’y a que la présence de Dieu qui peut nous procurer l’humilité. Vous avez des personnes qui, par nature, sont plus humbles que d’autres. Mais atteignez un point sensible : elle se révoltera comme une autre. Voilà l’importance d’une réunion solennelle et heureuse. Quand la chair agit, elle rompt l’unité de l’Esprit. Ananias et Saphira, voilà deux menteurs. Ils ont trichés. Cela n’a l’air de rien. Mais, dans la présence de Dieu, la moindre apparence du mal est en abomination devant lui. Voilà pourquoi la fraude est quelque chose de très grave. Le mensonge est quelque chose de très grave.

On pourrait dire que le péché d’Acan n’est pas grand chose, après tout (oui, une infraction à l’autorité de Dieu, une faute cachée). Qu’est-ce qui distingue un croyant fidèle ? C’est la crainte. On ne se préoccupe pas de ce que les frères diront, de ce que les soeurs diront, mais de ce que le Seigneur dira.

Que le Seigneur nous soit en aide. Qu’il nous donne d’être remplis de sa pensée à l’égard de son Église. Qu’il veuille bien mettre, dans sa grâce, de l’ordre dans les familles, dans les coeurs, dans les assemblées. Sa présence est le secret du bonheur.

Qu’il veuille nous garder d’être emportés par les appâts du monde. Si la coupe de notre coeur est pleine, Satan n’y pourra rien mettre. Si Christ est dans votre coeur, vous avez le secret de la victoire, et Satan ne pourra rien y mettre.

«Je vous ai écrit, jeunes gens, parce que vous êtes forts, et que la parole de Dieu demeure en vous, et que vous avez vaincu le méchant» (1 Jean 2:14).

Les «jeunes gens» ont appris la victoire, alors que les «pères» sont plus égaux. Ils ont appris à se connaître. Que le Seigneur nous soit en aide. Qu’il nous accorde de lui laisser, dans nos coeurs, dans nos familles, dans l’assemblée, la place qui est la sienne, c’est-à-dire la place suprême.

 

6   Christ, le fondement et le centre — Matthieu 16:13-27 ; 18:17-20 ; Actes 2:42-47 ; 4:32-37 ; 9:31 ; 1 Timothée 3:14-15

 

[LC n° 42]

Dimanche après-midi 14 janvier 1951

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 297

 

Le Seigneur n’a pas, à l’égard du pécheur, un conseil limité seulement au salut individuel, cette «vie éternelle que Dieu, qui ne peut mentir, a promise avant les temps des siècles» (Tite 1:2). La vie éternelle est en Christ, elle a été apportée par Christ, mais elle était promise avant que l’homme fût créé et que sa responsabilité fût mise à l’épreuve. Dieu a un autre conseil : l’Assemblée, l’Église. Dieu pense à nous, certes, mais Dieu pense aussi à Christ et à sa propre gloire. C’est dans une conversation entre le Seigneur Jésus et Pierre que cette vérité apparaît. Le Seigneur pose la question à Pierre : «Qui disent les hommes que je suis ?». Pierre énonce les opinions des hommes : «Les uns disent : Jean le baptiseur ; les autres : Élie ; et d’autres : Jérémie ou l’un des prophètes». Ce sont des opinions… Un chrétien n’a pas d’opinion, sauf s’il est en mauvais état. Une opinion est une pensée produite par l’esprit de l’homme. Dans les choses de Dieu, il y a la pensée de Dieu, saisie par la foi à des degrés divers, mais toujours l’expression de la vérité de Dieu ; c’est une certitude qu’aucun homme ne peut ôter, parce qu’elle est fondée sur le témoignage du Saint Esprit et de la Parole. Pierre dit ensuite : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant». Il a reçu cette révélation de Dieu lui-même. «Tu es bienheureux, Simon Barjonas, car la chair et le sang ne t’ont pas révélé cela, mais mon Père qui est dans les cieux». Le Christ, c’est l’Oint ; c’est un titre, qui est devenu son nom. Mais son nom propre, c’est Jésus.

Le Seigneur dit : Si mon Père t’a révélé cela, «moi aussi, je te dis que tu es Pierre» ; et il ajoute cette phrase connue, et tellement déformée : «Et sur ce roc je bâtirai mon assemblée». Le mot «pierre» et le mot «roc» ne sont pas les mêmes. Pierre, c’est une pierre, et le roc, c’est Christ. C’est sur le Christ, le Fils du Dieu vivant, dont Pierre, instruit par le Père, vient de faire la confession, c’est «sur ce roc que je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle». Hadès correspond au shéol de l’Ancien Testament, mot très vague désignant le lieu où les âmes allaient après la mort. Dans l’Ancien Testament, même pour des croyants, l’au-delà était ténébreux ; c’est pourquoi Paul dit à Timothée que Jésus «a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile» (2 Tim. 1:10) ; il a éclairé l’au-delà de la mort. Maintenant il y a un homme ressuscité et glorifié à la droite de Dieu ; la mort est vaincue. «Je tiens les clés de la mort et du hadès» (Apoc. 1:18) ; un chrétien qui s’en va sait où il va. Passer par la mort, l’apôtre le dit, ce n’est pas la mort, c’est déloger et être avec Christ (Phil. 1:23), ce qui est de beaucoup meilleur que de rester dans le corps.

Dieu ne peut pas bâtir l’Assemblée du Seigneur sur un homme, même si on a voulu dire que Pierre était le roc. Toute la doctrine de l’Écriture renverse l’explication de ce verset qui attribue à un homme ce qui n’appartient qu’à Dieu. Pierre lui-même écrit dans son épître que nous, lui et nous, sommes les pierres vivantes et que Jésus est la maîtresse pierre du coin. Les portes du hadès — la puissance du hadès — ne prévaudront pas contre l’Assemblée. Le Seigneur ayant vaincu la mort, l’Assemblée est édifiée sur le terrain de la résurrection, au-delà de la mort. Ce n’est qu’après la mort de Christ que l’histoire de l’Assemblée commence. Rien ne peut empêcher la réalisation du conseil de Dieu.

C’est la première fois que l’Assemblée est nommée dans le Nouveau Testament. Christ la bâtit ; il la bâtit depuis vingt siècles, et, dans cet édifice, il n’y a pas une pierre morte ; ce sont des pierres vivantes, selon l’expression de Pierre. On se demande parfois pourquoi le Seigneur ne vient pas chercher les siens ; aujourd’hui encore, il ajoute une pierre, il appelle une âme à croire en lui. En croyant, cette âme devient une pierre vivante et prend place dans l’édifice que Jésus construit. Il ajoute tous les jours à l’Assemblée ceux qui doivent être sauvés (Actes 2:47). Si nous sommes paresseux, Dieu travaille ; il ne perd pas son temps. Dès que l’édifice sera complet, l’Assemblée n’aura plus rien à faire sur la terre : elle partira. Mais, pendant ce temps, le diable continue aussi son travail. Il fait de grands travaux dans la chrétienté et de grands progrès dans les milieux qui se réclament de Dieu.

Le Seigneur a donné les clefs du royaume des cieux à Pierre, non pas celles de l’Assemblée. Pierre n’a pas parlé de l’Assemblée ; ce sujet est traité exclusivement par Paul. Mais le Seigneur a confié à Pierre le pouvoir de lier et de délier ; il exercera son pouvoir en faveur de Corneille en Actes 10, en ouvrant aux Gentils l’entrée du royaume des cieux. D’autre part, il lie le péché de Simon le magicien : c’est un acte administratif pour le royaume des cieux, et non pour l’Assemblée.

En Matthieu 18, nous avons autre chose. Après vingt siècles de christianisme, l’Église est en ruine ; tous les croyants en sont responsables. La corruption de l’Église est aussi grande que celle du monde païen, et la pensée de Dieu est abandonnée partout ; que faire ? Cette question s’est posée au cours des siècles, elle se pose encore aujourd’hui. Il faut savoir pourquoi nous sommes là et pas avec tous les chrétiens, réunis ensemble. Pourquoi certains chrétiens sont-ils séparés ? Si la séparation n’est pas justifiée par l’Écriture, elle est une désobéissance et un péché.

À tout prix, en tout temps, en tous lieux, le croyant doit se séparer du mal. C’est une règle universelle. Le principe et la puissance de la séparation du mal pour le rassemblement sont indiqués, entre autres passages, en Matt. 18:20 et 2 Timothée 2:19-22. Tout est en déroute dans la chrétienté ; l’Église est devenue une grande maison où, au lieu de se séparer du mal, on couvre le mal. Le chrétien a un refuge : «Là où deux ou trois sont assemblés en mon nom, je suis là au milieu d’eux». Depuis un siècle et demi, ce verset a pris une importance extraordinaire ; il a été une lumière et un moyen de bénédiction pour beaucoup de fidèles ; il est valable en tous temps, même dans les temps de ruine. En Matthieu 16, Jésus dit que les portes du hadès ne prévaudront pas contre l’Assemblée ; on s’attend à un édifice de grande apparence aux yeux des hommes. Mais, en Matthieu 18, on trouve : «Là où deux ou trois sont assemblés…», une réalité dans les jours les plus sombres de la ruine. Le privilège de ces deux ou trois ne dépend que de la fidélité de Christ. Et c’est à cette réunion de deux ou trois au nom de Christ qu’est confié le pouvoir de lier et de délier pour l’Assemblée tout entière. Et quelle est la valeur de ce rassemblement de chrétiens ? Est-ce son nombre ? En aucune manière : deux ou trois ; est-ce la valeur de ses éléments ? Aucunement. La valeur de ce rassemblement, c’est la présence de Christ.

Cherchons à réaliser la présence du Seigneur, et le Seigneur se chargera de sa gloire parmi les siens ! Jugeons ce qui est incompatible avec la présence du Seigneur, et nous jouirons de la bénédiction de sa présence. En considérant la chrétienté, on pourrait dire souvent, comme Marie de Magdala : «On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais où on l’a mis» (Jean 20:13). Au lieu de respecter et de suivre la Parole de Dieu, on en rejette une partie ; et rejeter une partie de la Parole de Dieu, c’est rejeter Christ. Il nous faut Christ tout entier, il nous faut le Christ de Dieu (Luc 9:20). Si nous écoutons la Parole de Dieu et le Saint Esprit, nous faisons appel à la promesse du Seigneur et nous nous groupons ainsi sans prétention autour de lui.

L’Église a été fondée à la Pentecôte, lorsque le Saint Esprit est venu sur la terre. Elle est une habitation de Dieu par l’Esprit, et c’est le Saint Esprit qui unit tous les membres en un seul corps. Au commencement, tous les chrétiens étaient en un même lieu, un seul coeur, une seule âme, tous les chrétiens étaient ensemble ; c’était la réalisation de la pensée du Seigneur. On veut imiter cela aujourd’hui ; c’est oublier le grave péché qu’a constitué, aux yeux de Dieu, l’infidélité de l’Église. Nous sommes invités à réaliser sans prétention l’unité de l’Esprit par le lien de la paix. Nous ne pouvons pas prétendre à mettre nos biens en commun, si le Saint Esprit ne nous y pousse pas. En Actes 5, nous voyons un premier essai de corruption, à propos même de ces questions matérielles : le mensonge d’Ananias et Sapphira. Très tôt l’Ennemi a été à l’affût pour jeter par terre cet édifice qui commençait.

Un autre caractère de l’Assemblée : «La colonne et le soutien de la vérité». Un petit rassemblement de deux ou trois fidèles réunis au nom de Christ est l’expression locale de l’Assemblée de Dieu dans cet endroit ; ils ne sont pas l’Assemblée, mais ils jouissent des privilèges liés à la présence du Seigneur, comme si toute l’Église était réunie là. Mais il y a des responsabilités : porter le caractère d’une assemblée de Dieu, c’est être la colonne et le soutien de la vérité, premièrement de la vérité morale — on doit y voir les caractères de Dieu — ensuite de la vérité doctrinale. Si une erreur est tolérée, sans être reprise, l’assemblée perd le caractère de l’Assemblée de Dieu. Elle n’est plus colonne et soutien de la vérité.

  Dieu est fidèle. Qu’il nous accorde de glorifier son Fils et de l’honorer lui-même dans le rassemblement de deux ou trois enfants de Dieu, pieux, sérieux, séparés du monde !

 

7   Les directions de la Parole divine — 1 Timothée 3:14-15 ; 6:3-6 ; 2 Timothée 2:15, 19-21 ; 3:1-5, 14 ; 4:3-4, 6-8

 

[LC n° 125]

7 mai 1972

 

Nous pouvons présenter quelques remarques, qui pourront être complétées par d’autres. D’abord ceci, c’est qu’il est indispensable que chacun, chaque croyant, se nourrisse de la Parole de Dieu. C’est une pensée devant laquelle chacun peut s’arrêter. Si la Parole de Dieu n’est pas l’objet, dans une bonne mesure, la source, de notre vie intérieure, il est bien à craindre que notre état intérieur s’affaiblisse. Que ce soit plus difficile de nos jours qu’auparavant, c’est sûr ! Mais nous avons tous à veiller et à prier, les uns pour les autres, afin que notre être intérieur soit nourri et fortifié. C’est de toute importance. Un homme qui va son chemin sans nourriture, ses forces baisseront. Et, un beau jour, il tombera. De la même manière, la nourriture divine est indispensable. Un frère qui ne serait pas trop encombré dans les affaires de la vie, c’est de toute importance. C’est le secret pratique de tout. Cet encombrement est une cause de notre fléchissement spirituel, allant même jusqu’au scandale. La cause de nos défaillances se trouve dans la négligence de la lecture de la Parole. Les exhortations sont là, afin que nous ne soyons pas privés de la source de notre force. Un chrétien ne peut pas vivre, sans la Parole de Dieu. Il ne peut pas tenir. Le climat est trop insalubre. On ne peut pas vivre sans cela. Ceci est bien pour les jeunes. On ne peut pas être un maître avant d’être un élève.

Si la Parole de Dieu n’habite pas en nous, si elle est refoulée par nos soucis, nos préoccupations (car on peut être engagé dans notre travail sans y avoir son coeur), que le Seigneur nous garde chacun ! Nous n’avons pas à nous juger les uns les autres, mais à veiller pour nous-mêmes. Disons-nous bien que le climat est plus insalubre qu’il y a un siècle ou un demi-siècle.

Les vérités sont simples et fondamentales. Elles ont toujours pour effet de nous amener dans la présence du Seigneur. L’Assemblée est colonne et soutien de la vérité. On ne se conduit pas là comme on veut. On n’est pas chez soi ; on est chez le Seigneur. Une maison a un maître. Et c’est le maître qui doit donner le ton à sa maison. On apprend cela par l’Écriture. Une assemblée locale a pour mission de représenter l’Assemblée toute entière. Il y a un seul chef ; et c’est le Seigneur qui est le chef. La grande affaire, c’est de connaître la volonté du chef, la connaître pour la faire. Mais pour la connaître, nous la connaissons dans la mesure où nous restons près du Seigneur. Le Seigneur révèle sa pensée à celui qui l’aime ; non pas en apparence, mais dans son coeur et ses pensées.

Une poignée de chrétiens a pour mission d’être colonne et soutien de la vérité. Une assemblée locale n’est pas une chose qui s’est formée à la suite de convention humaine. Ce serait prendre le pas sur la volonté du Seigneur, ou ne pas tenir compte de cette pensée, que chaque frère et chaque soeur n’est absolument rien. Il est évident que nous pourrions nous illusionner. Et l’avis des frères et soeurs, nous devons en tenir compte avec la plus grande attention. Un débutant n’a pas la compétence d’un ancien. Il l’aura plus tard, s’il se tient près du Seigneur. Ceci est de toute importance.

Une assemblée en bon état s’exprime dans la dépendance, pour connaître la volonté du Seigneur. C’est pourquoi, dans une assemblée, nous devons nous consulter, consulter le Seigneur, pour faire sa volonté. D’organisation ? Point ; en aucune manière ! C’est cela que nous avons à manifester. Les initiatives ne se trouvent jamais dans l’Écriture. Chacun doit avoir le désir de suivre le Seigneur, de s’encourager à rechercher ensemble la volonté du Maître. Quand il y a des problèmes, des difficultés, des exercices, la grande affaire, c’est de s’attendre à la volonté du Seigneur. Faisons très attention. Un frère ou une soeur peut avoir eu une vie très excellente, et ne pas s’y tenir. La grande affaire, c’est d’être attachés à ce que le Seigneur veut faire, à ce qu’il veut qu’il fasse.

Si un jeune frère, une jeune soeur, méprisait les écrits de nos anciens, ce serait un mépris de la pensée du Seigneur. Nous savons bien qu’il y a des frères qui n’aiment pas entendre dire cela.

Il y avait des éléments qui s’étaient écartés du chemin de la crainte de Dieu et de la vérité. v. 15 : «Étudie-toi à te présenter approuvé à Dieu, ouvrier qui n’a pas à avoir honte, exposant justement la parole de la vérité». C’est important, la vérité. Nous devons avoir les reins ceints de la vérité. Ce doit être la ceinture de nos reins. C’est-à-dire que la vérité doit habiter dans l’être intérieur, dans le coeur et la conscience. «N’aimez pas le monde, ni les choses qui sont dans le monde» (1 Jean 2:15). «Le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5:19). Si nos reins étaient ceints de la vérité, nos contacts avec le monde seraient moins grands. Elle gouvernerait notre être intérieur, notre coeur et notre conscience. Quand nos coeurs sont gouvernés par la vérité de Dieu, ils ne sont pas attachés aux objets du monde. Quand la vérité ceint les reins du chrétien, il n’est pas attiré par l’amour de l’argent. Cela ne pèse pas plus qu’une pierre. Ce chrétien n’apprécie pas plus un frère riche qu’un frère pauvre. Il ne l’estime pas pour les richesses du monde. Que Dieu nous en garde !

Nous connaissons Dieu par nos besoins. L’homme est élevé jusqu’à Dieu par ses besoins. C’est vrai pour un chrétien. Il progresse dans la mesure où il a besoin de lui. Cela le lie à Dieu, dans le chemin de la dépendance. «Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée» (Luc 10:42).

Marthe, c’est : «Moi, je veux faire». Marie, c’est : «Parle, Seigneur ; je t’écoute».

C’est toujours le secret de la vie chrétienne. Cet homme-là est toujours aux pieds de son Maître. Que le Seigneur garde les jeunes ! Si même ils ont le désir de plaire au Seigneur, cela ne suffit pas. C’est l’appel du Seigneur qui tranche ; ce n’est pas l’activité qui tranche. Nous savons aussi que le Seigneur, ici-bas, était obéissant. Mais nous n’en tenons pas bien compte.

Nous sommes aux derniers jours. Et nous avons ici le portrait des jours d’aujourd’hui, v. 5 : «Ayant la forme de la piété, mais en ayant renié la puissance». Cela est applicable pour les frères comme dans un système. À comparer avec d’autres milieux, la tenue générale des assemblées pourrait faire penser être meilleure qu’ailleurs. Mais attention ! Car la forme de la piété se manifeste.

La piété se manifeste par la puissance du Saint Esprit agissant dans le nouvel homme. Cette puissance nous permet de faire notre chemin sans être surmontés par les circonstances, par les tentations, par l’esprit du présent siècle, dans ses manifestations ou ses retenues. Le croyant pieux est exercé, et ne cèdera pas. Il aura la force de ne pas céder à quelque chose qui est agréable et qui est avantageux. Le Saint Esprit lui en donnera la puissance. Puis il y a les tentations placées sur notre chemin. Lors d’une conversion, cela se voit ; quelque chose s’est produit dans cette âme. Le Saint Esprit lui fera accepter un renoncement qui lui coûte. La puissance se montre dans ce qui nous pousse et qui est dans notre coeur, dans les motifs qui nous gouvernent. Car Dieu regarde aux motifs. Dieu ne regarde pas à l’apparence. Il regarde aux motifs qui produisent l’acte. Même Samuel, qui n’était pas le premier venu, eut à l’apprendre (1 Sam. 16:7) : «Car l’Éternel ne regarde pas ce à quoi l’homme regarde, car l’homme regarde à l’apparence extérieure, et l’Éternel regarde au coeur». La vraie puissance est là.

Nous pensons que nous sommes plus instruits que nos devanciers. Eh bien, s’ils étaient là, ils nous diraient : «Voilà le chemin !». Et nous, nous hésitons. Et, dans tel ou tel cas, ils montreraient le chemin dans lequel il faut aller, coûte que coûte. Jamais la Parole ne parle de compromis.

v. 14 : «Mais toi, demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu». Si nous avons été pleinement convaincus, nous n’avons pas à douter, comme si nous cherchions encore. Sinon, nous ne sommes pas à même d’expliquer le pourquoi de notre séparation devant des personnes parfois plus sérieuses que nous. Personne ne devrait ignorer cette question du pourquoi de notre séparation : «Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur» ; «Le Seigneur connaît ceux qui sont siens» (2 Tim. 2:19).

Quelqu’un qui a appris quelles sont les relations de l’Église avec le Fils dans la gloire, doit se retirer du mal. Quelqu’un qui dirait que «chacun peut prendre la cène comme il veut», ceux qui soutiendraient cela, n’ont pas les reins ceints de la vérité. Des frères s’écartent. Au fond, c’est parce qu’ils n’étaient pas au clair quant aux vérités, et n’avaient pas les reins ceints de la vérité. Aucun d’entre nous ne doit suivre un frère. Chacun de nous devrait suivre le Seigneur, pour faire sa volonté. Pour l’apôtre Paul, sa part était dure. Il a même souffert de la part de ses frères.

Quand nous achèverons notre carrière — et nous avons vu des fins de carrières — il arrive qu’à la fin de celle-ci, dans les derniers moments de la vie du croyant ici-bas, on s’aperçoit que le jugement des choses s’éclaire. Celui qui va quitter la scène de ce monde, lui dont la vie avait été pleine de dépendance et d’obéissance, a dû reconnaître qu’il avait fait l’inverse. C’est très bien, de faire l’intéressant devant les autres. Alors que si c’est le Seigneur qui nous gouverne, les conséquences seraient toutes autres. Comme un ancien frère disait : «Ne vous détournez pas de Christ pour des oeuvres !». Le service ne passe pas avant le Maître. D’ailleurs, c’est le déclin inévitable, quand nous ne nous tenons pas près du Seigneur.

En 2 Tim. 4:7, nous lisons : «J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi». Pour Paul, ce n’est pas une vie manquée qu’il a vécue. Une vie manquée, c’est une vie où on a vécu pour le monde, tout en montrant une fidélité apparente. Une vie manquée peut être une vie où on a servi le Seigneur et soi-même en même temps.

«J’ai achevé la course». Paul ne s’est pas arrêté à mi-course. Il a été jusqu’au bout. Il arrive que des frères abandonnent en chemin. Ils ne disent rien ; mais, au fond, ils ont abandonné, à un certain moment de leur vie, cette vigueur spirituelle. C’est un arrêt dans la course, s’il n’est pas complet, parfois momentané.

«J’ai gardé la foi», c’est-à-dire l’ensemble de toutes les vérités, gardées dans son coeur et dans sa vie, de telle manière qu’elles ont produit des fruits dans sa vie. On a vu des fins de carrières qui n’étaient pas des triomphes. À cette heure de vérité, qui est plutôt un jugement vrai sur les choses, on constate que beaucoup de temps a été perdu. Un ancien frère disait : «Ne laissez pas la communion s’interrompre !» ; et encore : «Si j’avais une seconde vie à vivre, je voudrais le vivre pour mon Seigneur !». C’était un homme de Dieu, un prophète, qui disait cela. Faisons notre chemin, étant soutenus par le Seigneur !

La grande affaire, c’est de ne pas arrêter sa carrière et, après avoir vécu par l’Esprit, de ne pas continuer par la chair, comme le monde.

Que la vérité ne perde pas sa force dans nos coeurs et nos consciences !

 

8   L’assemblée et la vérité divine — 1 Timothée 3:14-16 ; 2 Timothée 2:1-2, 14-16, 19, 21-26 ; 3:1-2, 16-17 ; 4:2-5, 18

 

[LC n° 126]

Le Chambon — jeudi 19 août 1965

 

L’Assemblée est la colonne et le soutien de la vérité. Qu’est-ce que la vérité ? De quelle vérité s’agit-il ? On n’est sûrement pas colonne et soutien d’une vérité scientifique. Dieu a autre chose à faire qu’à nous occuper de ces considérations, relativement à un monde qu’il va détruire par le feu.

L’Assemblée est la colonne et le soutien d’une vérité éternelle, d’une vérité morale : la révélation de la pensée de Dieu quant à lui-même et quant à l’homme pécheur, quant au bien et quant au mal. Toutes les Écritures traitent du bien et du mal, à partir du chapitre qui proclame que Dieu est le Créateur. Il a aussi ce droit. Pesons bien cela. Tout le travail de Dieu, toute l’activité de Dieu, depuis la chute de l’homme, est relative au bien et au mal, avec le triomphe final du bien, par la grâce, dans des âmes ; puis, pour les autres, le règlement de leur condition par le jugement éternel.

C’est autrement important que d’étudier l’atome ou les astres. Satan trompe les hommes avec ces choses-là. En Ézéchiel, les sacrificateurs tournaient le dos au sanctuaire, et se prosternaient devant le soleil. C’était une idolâtrie directe. Aujourd’hui, c’est une idolâtrie indirecte ; la science, en nombre de cas.

L’Assemblée est colonne et soutien de la vérité en ce point-là, que ce qui est essentiel à l’homme, c’est de connaître Dieu. L’Assemblée de Dieu, la compétence de ceux qui la composent, est donnée par Dieu. Ils sont des croyants, des enfants de Dieu. Ils connaissent Dieu. Il leur a révélé sa pensée. Les Écritures sont là. Et le fondement de toute connaissance, ce sont les Écritures. Dieu nous dit qu’elles ne sont sondables que par le Saint Esprit. Il n’a pas donné cela à un savant ou à un incrédule. Il ne faut pas nous attendre à trouver la lumière là. Celui qui ne connaît pas Dieu est un homme qui est dans les ténèbres.

La vérité de Dieu est claire et droite. Le chemin du chrétien est simple. Ce sont nos motifs qui le compliquent, le fait que notre oeil n’est pas simple. Un oeil qui n’est pas simple, c’est un oeil méchant. Il a d’autres motifs que Dieu.

«Colonne et soutien de la vérité» : une poignée de chrétiens, même ne sachant pas lire (mais avec quelqu’un pour lire les Écritures, afin qu’ils puissent s’occuper des choses de Dieu), consacrés à Dieu, représenterait cela, étant réunie sur le terrain de l’Écriture.

S’ils ont des talents humains, ces talents n’ont rien à faire, à moins que Dieu les emploie. Si c’est l’homme qui les emploie, ce n’est jamais une bonne chose ; bien au contraire. Le Saint Esprit emploie les vases. Un individu ne le peut jamais.

Nous devons découvrir cela, dans l’assemblée, et le réaliser, même imparfaitement, là où Dieu a conservé cela. Mais il ne faut pas croire que cela se réalise automatiquement. Nous ne sommes pas ici-bas comme nous serons dans la maison du Père, ayant encore autour de nous le monde et Satan, et nos coeurs naturels. Mais la réalisation de ce que nous avons, indiscutablement, dit ici, exige des exercices.

Au début, dans le livre des Actes, on pouvait dire : «Voilà l’Assemblée de Dieu». C’était manifeste, comme le soleil à son midi. Ils étaient un coeur et une âme, remplis de l’Esprit. Pas un seul élément humain n’était là. Le sentiment le plus difficile à éliminer, c’est l’égoïsme. Il n’y en avait pas. Ils étaient un coeur et une âme. Ceux qui veulent faire l’unité de l’Église, qu’ils nous montrent cela : un coeur et une âme, l’oubli total de soi. On ne leur avait pas établi des règles. Cependant, sans s’être consultés, ils étaient un coeur et une âme. Le Saint Esprit pourrait-il faire cela aujourd’hui ? Bien sûr ! Dans le monde entier ? Évidemment. S’il ne le fait pas, qui le fera ? Personne.

Il faut rester le front dans la poussière, en confessant la misère à laquelle nous avons tous participé. En 2 Timothée, nous voyons l’Assemblée dans un état de ruine. Un chemin nous est tracé. Pour Dieu, il n’y a jamais de situation sans issue. Il a tracé un chemin. Et, du temps de l’apôtre déjà, il y avait un état tel, que le Saint Esprit nous donne des instructions pour les derniers jours. Dieu n’est jamais embarrassé. Nous n’avons pas besoin de consignes, quand bien même tous ceux qui en ont seraient des chrétiens. On n’a pas besoin de consignes. On a besoin de Dieu et du Saint Esprit. Tous les frères du monde ensemble ne peuvent pas changer une situation. Ils peuvent seulement demander à Dieu de le faire. Il faut toujours laisser Dieu à sa place.

L’Assemblée dans les derniers jours, c’est notre cas. On se rend compte qu’on connaît moins bien ces vérités qu’on ne croit les connaître. Ce sont des vérités vivantes, gravées dans le coeur et la conscience.

Les chrétiens, même d’une seule localité, ne se connaissent pas tous. Il serait difficile de mettre un signe sur tous les croyants. Le diable peut même employer de vrais chrétiens pour faire un travail qui n’est pas à la gloire du Seigneur. Mais le Seigneur nous dit : «Ne vous mettez pas en souci. Je connais ceux qui sont miens». Par ailleurs, un vrai chrétien sait qu’il appartient au Seigneur. «L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu» (Rom. 8:16). Chaque croyant sait qu’il a la vie. C’est une certitude intérieure, divine, qui ne vient pas des parents ni des amis.

Comment puis-je faire, puisque le Seigneur seul connaît ceux qui sont siens ?

Première règle : Le Seigneur connaît ceux qui sont siens.

Deuxième règle, impérative : «Qu’il se retire…». Cela est laissé au degré de délicatesse de conscience de chacun.

Le Seigneur nous donne un chemin clair comme le jour. Se retirer du mal, c’est une règle négative, une règle d’or, dans les temps de ruine.

Dans les Actes, cela n’était pas nécessaire (c’était tout à fait hors de propos). Comme la Parole de Dieu est diverse et complète !

Si nous n’avions que 2 Timothée 2, nous serions particulièrement embarrassés. Nous avons un chemin. Il n’y en a pas deux. Tout homme qui invoque le nom du Seigneur, c’est pour lui.

«Se retirer de l’iniquité» : qu’est-ce que l’iniquité ? Se retirer du péché moral. Dans tant de milieux chrétiens, on dit : «Si quelqu’un qui prend la cène marche mal, c’est à sa propre responsabilité». Je dois me retirer de quelqu’un qui apporte du mal dans l’assemblée. «Ôtez le méchant du milieu de vous» (1 Cor. 5:13). Même en dehors du rassemblement, il faut se retirer du mal. Voilà pourquoi un chrétien ne peut aller avec le monde. Ou alors, il n’a pas de lumière.

Si un chrétien désire suivre le Seigneur, son chemin sera clair. Il se sépare. Nous devons nous retirer de l’iniquité et, en tout premier lieu, la juger en nous.

Dans un corps de chrétiens, il y a des chefs, des hiérarchies. C’est une invention des hommes. On connaît beaucoup de chrétiens très sympathiques ; mais on ne peut pas aller avec eux. C’est impossible.

On pourrait dire : «Ce pauvre chrétien va être seul, dans sa vie». «Si donc quelqu’un se purifie de ceux-ci, il sera un vase à honneur… utile au Maître». On ne peut pas être un vase utile au Maître sans la purification. Voilà pourquoi tant de ministères authentiques, dans la chrétienté, ne peuvent pas répondre à ce que le Seigneur leur a demandé. Il faut nous séparer aussi du mal doctrinal. Un vase est l’image de quelque chose que Dieu remplit, qu’il remplit d’un don, et à qui il confie un service «utile au Maître».

C’est une règle d’or aussi pour le chrétien, pour qu’il soit un vase sanctifié. Ce n’est pas fait une fois pour toutes. C’est une sanctification progressive. Il y a une sanctification de départ : la mise à part pour Dieu d’un homme. Sanctifier veut dire mettre à part. Sans cette sanctification initiale, nul ne verra le salut de Dieu. Des milliers de personnes cherchent à se sanctifier, par des activités religieuses. Nul n’est sanctifié que par une mise à part, par l’Esprit de Dieu, qui arrache un homme au monde et le met à part pour Dieu. Mais ensuite, il y a une sanctification progressive, qui consiste à faire des progrès dans la connaissance de Dieu. Et ainsi, la marche chrétienne devient plus simple, plus pure. Les motifs sont davantage selon le Seigneur. Il y a moins du «moi», moins du monde. «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3:18). Voilà la sanctification progressive.

Nous trouvons encore cette exhortation : «Fuis les convoitises de la jeunesse». Tout le monde doit les fuir. Nous devons veiller à cela de très près. Notre coeur est quelqu’un en qui il ne faut pas se confier. «Je ne me suis jamais confié en mon coeur sans que j’aie eu à m’en repentir ; mais je ne me suis jamais repenti de m’être confié dans le Seigneur».

Nous fuyons ce qui nous poursuit, et nous poursuivons ce qui nous fuit facilement. «Poursuivez la justice pratique».

La foi, ici, c’est l’état d’âme qui saisit ce que Dieu a donné pour nourrir le croyant, la doctrine entière. Le mot «foi» désigne en même temps le don par lequel nous connaissons Dieu, et tout ce que Dieu a donné à un croyant pour que sa foi se nourrisse. La foi se nourrit de ce que Dieu a donné pour la foi : Christ, la Parole. L’apôtre pouvait dire : «J’ai gardé la foi» (4:7), c’est-à-dire : «J’ai gardé la doctrine de la foi».

«Poursuis la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur». Il est donc supposé qu’il y en a d’autres. Un coeur pur, c’est un coeur qui a Dieu pour objet. Alors nous pourrons invoquer le Seigneur ensemble, d’un coeur pur.

Que le Seigneur soit la source et l’objet de notre service, dans le détail. C’est très important. C’est très simple. Et c’est là qu’on est vraiment heureux. Les soeurs peuvent faire des visites — et Dieu veuille qu’elles en fassent — d’un coeur pur, et prier beaucoup.

L’Esprit étant heureux, on évite les questions folles et insensées. Aujourd’hui, l’univers tout entier retentit de tout ce qui se proclame. La puissance des moyens ne fait que rendre plus grande la conséquence des effets. Nous devons éviter tout cela. Se retirer de l’iniquité, c’est une règle importante, une règle d’or, divine.

Supposons que nous n’ayons pas cela. Nous dirions : Il faut que je fasse, dans ce monde, la séparation du bien et du mal ; plonger dans le mal pour y apporter du bien. On peut ainsi sombrer dans le mal. Il faut être «simples quant au mal, sages quant au bien» (Rom. 16:19). Il faut en savoir le moins possible sur le mal moral et doctrinal. On n’a pas besoin d’en savoir le plus possible, sur les hérésies ; c’est du temps perdu. On n’a pas besoin de savoir toutes les toiles d’araignées que filent les hommes. On n’en sortirait jamais. Se retirer de l’iniquité, voilà la règle d’or. Et on peut s’occuper du bien.

Nous devons ne pas laisser entrer, dans l’assemblée, ces mélanges ; ne pas ouvrir la porte à ces tentatives. La séparation, même de l’apparence, le plus rapidement, c’est le mieux. Une herbe s’arrache facilement ; mais, si elle est devenue un arbre, c’est une autre affaire ! Que de choses !

L’apôtre dit ensuite que toute Écriture est utile. Elle suffit. On peut bien se demander, pour certains, dans quelle mesure ils la lisent. «Toute Écriture est utile pour enseigner, pour convaincre». L’apôtre peut dire à Timothée : «Tu as été pleinement convaincu». C’est la Parole, par l’Esprit, qui nous convainc. Ce n’est pas même un frère. Nous avons besoin d’être corrigés. Mais il y a des personnes qui ne veulent pas l’être. Elles s’obstinent dans un état, une position, une attitude. Et il se peut que, lorsque Dieu a parlé une fois, deux fois, trois fois, ou plus, il cesse. Si on s’est endormi quand il parlait, et si on continue, l’endurcissement peut venir, d’ailleurs. Dieu lui-même peut endurcir leur coeur. Cela a été vrai pour le Pharaon. Cela peut être vrai pour un incrédule, mais aussi pour un chrétien, qui ne veut pas recevoir l’enseignement, qui vient le contrecarrer dans ses pensées intérieures les plus cachées, cachées de tous, sauf de Dieu, auquel il aura à répondre.

L’apôtre encourage Timothée, qui n’est pas un vieillard. On dit quelquefois qu’il ne faut pas présenter le christianisme trop jeune. Toute la vérité est bonne. Nous ne la saisirons jamais entièrement ; mais nous avons à progresser dans sa réception.

«Insistons en temps et hors de temps» (2 Tim. 4:2). Il y a encore une porte ouverte pour que le serviteur insiste. Au v. 3, cette porte est fermée : «Car il y aura un temps où ils ne supporteront pas le sain enseignement… Ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises». Voilà la racine.

Au verset 2, il y avait encore l’occasion de présenter, et l’occasion de recevoir. Au verset 3, les choses ont empiré. C’est le temps où ils ne supportent plus.

Chers frères et soeurs, n’est-il pas vrai que, dans bien des milieux de la chrétienté, on ne supporterait pas la vérité de base, ou on ne supporterait même pas que soit déclaré, comme cela doit 1’être, qu’un homme n’est sauvé que par la foi au sang de Jésus, que la mort de Jésus est une mort expiatoire ? Jésus est un modèle pour les croyants, mais pas pour les pécheurs. Là où, autrefois, on aurait pu présenter cette vérité fondamentale, que Jésus est le seul chemin, des masses de docteurs racontent des choses épouvantables. Aujourd’hui, la porte est fermée. C’est un gouvernement.

Et lorsque, même dans les assemblées, on voit, par moment, percer certaines résistances à la présentation de la vérité, prenons garde qu’un même dénouement ne vienne terminer une pareille audace vis-à-vis de la Parole de Dieu, et, par conséquent, vis-à-vis du Seigneur et vis-à-vis de Dieu notre Père.

Un élément fondamental, de nos jours et de tout temps, un élément à entretenir, c’est la crainte de Dieu.