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Méditations sur la Parole de Dieu

 

1 Thessaloniciens

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1      Les tribulations et le témoignage — 1 Thessaloniciens 1:6-10 ; 2:17-20 ; 3:11-13 ; 4:13-18 ; 5

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   Les tribulations et le témoignage — 1 Thessaloniciens 1:6-10 ; 2:17-20 ; 3:11-13 ; 4:13-18 ; 5

 

[LC n° 123]

27 septembre 1953

 

Une première remarque que nous pouvons faire (d’ailleurs bien connue), c’est que la venue du Seigneur est présentée (mais non pas sous le même caractère) dans chaque chapitre de cette épître. Cette épître est écrite à des chrétiens jeunes dans la foi. Et nous voyons, dès le début de ce que nous avons lu, que ces jeunes croyants avaient une marche et un témoignage remarquables, comme le disent aussi des versets sur lesquels nous avons passé. Ils étaient devenus des imitateurs de Paul et de ceux qui ont signé la lettre, et ainsi des imitateurs du Seigneur ; car il est difficile d’imiter Paul sans imiter le Seigneur !

Ce qui nous est dit des conditions dans lesquelles ils se trouvaient, c’est qu’ils connaissaient de grandes tribulations et, avec elles, la joie de l’Esprit Saint. Les tribulations sont des circonstances que Dieu permet pour briser les siens. Dieu peut permettre des tribulations pour des inconvertis, et Il les permet. Il permet des difficultés individuelles, ou familiales, ou nationales, ou universelles ; et on peut dire que c’est une forme de discipline par laquelle Dieu cherche à atteindre les âmes. Si les âmes écoutent et reçoivent la leçon que Dieu a eu en vue en leur envoyant une tribulation, celle-ci est profitable ; sinon, elle se traduit par un accroissement de l’endurcissement du coeur. C’est pourquoi Dieu est obligé de frapper à coups redoublés un individu, une nation même — c’est l’histoire fréquente des nations. Car Dieu a une façon d’agir, à l’égard des peuples, comme Il a une façon d’agir à l’égard des individus. Il frappe une nation, soit directement, soit en la châtiant par une autre. Mais ici, c’est des tribulations chrétiennes qu’il s’agit, constituées par des difficultés que Dieu permet, et dans lesquelles la volonté est brisée. Quand un croyant a traversé une tribulation avec Dieu, il a beaucoup moins d’apparence après qu’avant. Mais il est beaucoup plus agréable à Dieu, parce que sa vie intérieure a beaucoup plus de Christ qu’avant. Les tribulations sont une chose nécessaire. Rien n’est plus propre à tuer la vie chrétienne que le bien-être, la quiétude. Et on est frappé de voir avec quelle énergie les chrétiens eux-mêmes recherchent un état de quiétude absolue, d’absence de tout trouble, de tout fait anormal, dans leur vie. On est frappé de voir, chacun pour son compte, que c’est le désir permanent de notre coeur.

Nous sommes bien obligés de reconnaître qu’une des tendances tenaces des chrétiens, c’est d’arriver à un état de tranquillité, d’absence de souci, d’absence d’inquiétude, à une vie tranquille. Sans doute est-il écrit qu’il est bon, devant Dieu, que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute honnêteté et piété (1 Tim. 2:2) ; et nous avons à le demander. Cela est vrai ; mais c’est une tout autre chose que cet effort, qu’on voit souvent parmi les chrétiens, d’arriver à un bien-être tranquille, d’où soient bannis soucis, difficultés, exercices. C’est souvent un état très fâcheux, car un tel état est un piège. Et, à ce sujet, nous avons pu être frappés, les uns et les autres, si nous lisons la Parole de Dieu, d’une parole dite à propos de Sodome. Sodome demeure, en effet, un exemple frappant du mal que peut faire, dans ce monde de péché et ruiné, une tranquillité d’où sont bannis toutes sortes de soucis qui, normalement, sont permis par Dieu pour nous tenir en éveil. Il est dit par le prophète : «Voici le péché de Sodome : orgueil, abondance de pain et insouciant repos» (Éz. 16:49). On ne connaît sans doute pas de vie chrétienne fidèle de laquelle aient été exclus les exercices. Dieu, qui a en main toutes choses, nous atteint dans nos corps, nos esprits, nos circonstances, nos biens, parce que la piété ne se développe pas et n’est pas active, s’il n’y a pas d’exercice intérieur en nous devant Lui.

Nous pouvons rappeler le mot d’un serviteur du Seigneur, délogé maintenant, après une longue vie chrétienne fidèle : «C’est une grande épreuve que de n’en pas avoir». Car la tendance du coeur est toujours de s’installer dans des conditions de repos, de tranquillité, de bien-être, de confort moral, et d’oublier que ce monde est un lieu où on ne peut pas s’asseoir. «Levez-vous et allez-vous en», dit le prophète, «car ce n’est pas ici un lieu de repos» (Mich. 2:10).

Si je cherche un lieu de repos ici-bas, de deux choses l’une ; ou j’entends la voix du Seigneur qui me dit : Lève-toi et va-t’en, pas de repos ici, le péché a tout gâté (on jouit des choses en passant, la figure de ce monde passe ; on use de toutes choses comme n’en usant pas) ; ou alors, comme nous le trouvons dans maints exemples, si on n’a pas l’oreille ouverte pour entendre cette voix, on risque de connaître dans sa vie quelque chose de beaucoup plus pénible que le travail, la peine, la fatigue.

Les exercices spirituels sont une très grande fatigue. Être exercé pour sa propre marche chrétienne et, chacun selon sa mesure, pour la marche des autres, c’est une chose pénible, et qui peut ôter le sommeil. «Il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées» (2 Cor. 11:28), dit l’apôtre Paul. Ce n’est pas le repos ; ce n’est pas le laisser-aller, cela. C’est, en même temps qu’un service, une discipline, par laquelle le Seigneur entretient le fidèle dans cet état de vigilance, duquel nous ne pouvons sortir sans dommage.

Quel monde que ce monde, et quel coeur que le nôtre ! Nous ne pouvons pas nous reposer.

Même dans les relations les meilleures, les plus précieuses, sanctionnées par Dieu, et que Dieu nous donne, même dans les joies de la famille, si nous oublions Dieu, tout se gâte, tout. L’homme ne peut pas se suffire à lui-même. Quand il était innocent, il ne le pouvait pas. Quand il est pécheur, il peut encore bien moins se garder lui-même, même s’il est un chrétien. C’est d’ailleurs une heureuse pensée, très heureuse, que les Thessaloniciens avaient au milieu des tribulations, celle qui fait dire au croyant : J’ai fait hier le chemin de la journée ; que Dieu me donne aujourd’hui de faire le chemin de la journée qui est devant moi. Et, d’une étape à l’autre, il faut toujours recommencer. Le repos n’est pas ici-bas, chers amis. Est-ce que nos coeurs comprennent un peu cela ? C’est une grande leçon, une bienheureuse leçon.

Les tribulations que Dieu permet pour nous, de toutes sortes, nous sont dispensées pour brider notre volonté, pour «sevrer» notre coeur. Le mot se trouve dans l’Écriture : «Mon âme est en moi comme l’enfant sevré» (Ps 131:2). C’est le fidèle qui parle à Dieu, dans ce Psaume. Dieu permet des tribulations. On peut avoir de la peine, du chagrin, des difficultés dans son travail, avoir affaire à des hommes difficiles, ou avoir des exercices de mille autres manières.

Je désirais faire remarquer, en passant, la différence entre les deux sortes de travaux et de peines qu’on peut distinguer. Il y a les travaux, les peines et les souffrances, du vieil homme. Le vieil homme peut travailler, et il travaille pour le mal et pour le néant. Mais ce n’est pas de ces travaux-là que nous trouverons du repos, auprès de Dieu. Les travaux du vieil homme, Dieu ne leur donne pas de repos ; Il les condamne. Mais, quand il est parlé du repos de Dieu dont nous jouirons après la période de tribulations de la vie présente, il s’agit des travaux du nouvel homme. Selon une belle expression employée autrefois, très belle, «quand nous entrerons dans le repos de Dieu, les travaux du nouvel homme cesseront». Les travaux du nouvel homme, ce sont les seuls, moralement et spirituellement parlant, que nous devrions chercher. Lorsque le vieil homme agit et apporte la souffrance et la tribulation, ce n’est pas un travail approuvé de Dieu. Mais lorsque le nouvel homme travaille et qu’il y a — comme nous l’avons lu — exercice, prière («priez sans cesse»), exhortation par la Parole, vigilance, intercession et dévouement pour les saints, recherche de la gloire du Seigneur (ce sont les travaux du nouvel homme), ces travaux-là cesseront. Et alors, mais pas avant, le serviteur et la servante, jeunes ou âgés, poseront leur outil. On posera l’outil ; ce sera fini. Ah, nous soupirons après ce moment, non pas seulement à cause des souffrances que nous valent les perversités de notre coeur — il n’y aura plus de tentations ni de dangers — mais parce que nous entrerons dans le repos de Dieu ! Le nouvel homme entrera dans le repos de Dieu. On n’évangélisera plus ; on ne priera plus ; on ne prêchera plus. On n’aura plus à combattre, à avoir affaire à des adversaires de la vérité, quels qu’ils soient. On posera l’outil de travail, et on entrera dans la joie pure du repos de Dieu. Voilà le désir du coeur du fidèle.

Les tribulations que Dieu permet étaient associées, pour les Thessaloniciens, à la joie de l’Esprit Saint. C’est souvent le cas. On va voir quelqu’un qui est dans l’épreuve et soutenu par Dieu, et on trouve un homme nourri dans son âme et consolé. Par contre, on va voir quelqu’un pour qui tout va bien, et qui s’est endormi dans le bien-être de circonstances faciles, et on trouve quelqu’un de triste, dans la langueur. Il est languissant ; ses affaires vont très bien, mais son âme va très mal.

Dans les tribulations traversées avec Dieu, la puissance de l’Esprit est là, et la joie de l’Esprit Saint. Nous avons, je l’espère, tous fait cette expérience. Ce n’est pas, bien entendu, lorsque nos propres folies nous jettent dans la souffrance et la peine, que nous goûtons la joie de l’Esprit Saint, mais lorsque le Seigneur nous ménage des difficultés, dans le chemin qui est le sien pour nous. Oui, les difficultés que nous pouvons rencontrer de sa part pour tenir notre âme en éveil et nous rejeter sur Lui, sont accompagnées de la joie de l’Esprit Saint. Plusieurs fois, l’apôtre Paul se présente comme un modèle vivant de cela. Quels sont les signes d’un serviteur, nous dit-il dans la deuxième épître aux Corinthiens (chap. 6), d’un apôtre ou d’un serviteur ? Beaucoup de tribulation, de souffrance. Il était en prison ; il avait été dans les profondeurs de la mer ; il était assiégé tous les jours par toutes sortes de soucis pour les saints et l’assemblée. Mais, en même temps, la joie et la puissance dans l’Esprit Saint étaient en lui.

Quand Dieu détruit, d’une façon ou d’une autre, le vieil homme en nous, alors le nouvel homme agit, parle, se manifeste. Et voilà pourquoi Dieu nous dispense, aux uns et aux autres, la tribulation, afin de remplir nos coeurs de joie, dans l’activité du nouvel homme.

Chers amis, que Dieu nous donne d’avoir affaire au Seigneur, et de savoir discerner que le Seigneur nous dispense des tribulations pour briser la volonté propre, qui est, toujours, l’obstacle à la joie de l’âme.

Quand nous ne sommes pas heureux, c’est que notre volonté a fait des siennes. Personne ne l’a peut-être vu. Cela ne se traduit que dans un mouvement du coeur qui  n’a pas encore porté du fruit en acte ; ou cela ne s’est traduit que dans une parole qui a paru insignifiante. Eh bien, nous avons besoin d’être disciplinés, à cet égard.

La vie chrétienne est une vie profonde, simple, heureuse, une vie où tout passe sous l’oeil de Dieu, avec les tribulations et la joie de l’Esprit Saint ! Que le Seigneur nous donne, oh, chers amis, aux uns et aux autres, et nous accorde, alors qu’Il nous dispense des peines et des fatigues de toutes sortes, d’être remplis de cette joie de l’Esprit Saint. L’Esprit Saint remplit le coeur qui est «débarrassé» de la propre volonté.

Tel était le premier état des Thessaloniciens ; et c’étaient de jeunes croyants ! On a quelquefois peur, pour un jeune croyant, qu’il connaisse de trop grandes difficultés. Les jeunes croyants sont entre les mains du Seigneur ; Il les fait passer par où Il veut. Une mère n’empêchera pas son jeune enfant de passer par l’école de Dieu. Une mère ne peut pas faire l’éducation chrétienne de son enfant, dans ce sens-là ; un père et une mère ne le peuvent pas. Celui qui éduque un jeune chrétien, comme un chrétien âgé, c’est le Seigneur. Il nous tient dans sa main, et elle est forte, bien qu’elle soit tendre. «Ta main est forte» (Ps. 89:13).

Si chacun de nous ouvrait son coeur et disait ce par quoi il passe ! Car chacun de nous a quelque chose. Mais, si quelqu’un n’a aucun exercice, il est dans un bien fâcheux état. Il est peut-être endormi. Mais que Dieu nous accorde, chers amis, à nous croyants, ici, de sentir toujours plus que nous sommes des pèlerins, et qu’il faut chaque matin prendre le faix du jour.

Ces jeunes croyants de Thessalonique étaient des modèles ; leur témoignage avait «retenti». Nous, nous avons quelquefois la préoccupation de faire connaître le Témoignage. Mais, s’il y avait aujourd’hui, quelque part, deux ou trois chrétiens chez lesquels, vraiment, on ne verrait vivre, se manifester, être actif, que le nouvel homme, le monde entier saurait bientôt qu’ils sont là. On n’aurait pas besoin de se préoccuper de la propagation et de la diffusion de la vérité chrétienne ; il y aurait là une vérité vivante. Car il y a la vérité dans la prédication de la Parole, et la vérité vivante qui confirme la prédication de la Parole. Où voyait-on la vérité vivante, chez Paul, chez les Thessaloniciens ? C’étaient des modèles. Il y avait un genre de personnes, à Thessalonique (Thessalonique, située en Europe, était, dès le commencement, une conquête du christianisme sur la terre païenne), qui vivaient d’une façon telle, que tout le monde savait qu’il y avait des chrétiens à Thessalonique. Il y avait un retentissement (le mot est très fort) ; tout le monde le savait. Que de fois on a vu quelque chose de cela. Quand un homme est converti, on le voit, on le sait ; c’est un témoignage. Il n’est pas besoin de le publier ; on lit le changement. On le lit dans la façon de vivre ; il y a un rayonnement spirituel. Mais il arrive que, quelques années après, le témoignage n’est plus le même ; le boisseau a été mis sur la lampe. Un boisseau, un écran, est venu et s’est posé sur cette lampe allumée, sur ce coeur qui brûlait du premier amour pour le Seigneur. Un écran est venu, qui a caché la lumière. Un poids est venu peser sur ce coeur. Disons le mot que nous trouvons dans le chapitre premier : il y a une idole.

Eh bien, à Thessalonique, un beau témoignage était rendu. Est-ce que nous avons à coeur que nos affections pour Christ soient fraîches ? Est-ce qu’elles sont aussi fraîches qu’il y a un an ? Nous pouvons nous le demander, devant le Seigneur. Sont-elles aussi fraîches qu’il y a quelques années, ou qu’au moment où tout le monde a su que nous étions convertis ? Est-ce que nos affections sont aussi fraîches ? S’il en est ainsi, il est impossible qu’un coeur gouverné par une puissante affection ne le traduise pas dans les actes ; ce n’est pas possible.

Nous avons à veiller à ce que nos affections pour le Seigneur soient fraîches et fortes. Le chemin est clair, pour quelqu’un qui a le coeur engagé avec le Seigneur. Il sait où il va, comme en plein midi. Mais quelqu’un dont le coeur est rempli d’idoles ne voit plus son chemin. La nuit, ou une demi-obscurité, a envahi le chemin de ce chrétien.

Quand les affections sont très puissantes pour le Seigneur, on voit clair ; il n’y a pas d’hésitation. «Je cours droit au but», dit l’apôtre (Phil. 3:14). Mais, quand les affections sont refroidies, qu’à côté du Seigneur, dans notre coeur, il y a des objets qui sont venus se placer, j’hésite, je ne vois plus clair ; où est mon chemin ? Voilà que le soir est arrivé, et que mon chemin est devenu un sentier où je ne me reconnais plus (c’est souvent l’état d’âme des saints) ; je ne vois plus clair. C’est dans mon coeur que sont les ténèbres. C’est bien important, dans la vie pratique, chers amis. Combien c’est important !

Est-ce que ce soir, en ce moment, avec une joie contenue (joie qui n’a pas besoin d’être forcée), dans son coeur, chacun ici dit : «Oh Seigneur, si tu venais ce soir !» ? Est-ce que c’est la pensée de notre coeur, chers amis ? «Si tu venais ce soir, comme mes voeux seraient accomplis» ! On l’a souvent dit, une grande affection pour le Seigneur s’exprime en peu de paroles. Eh bien, c’est à cet état que le Seigneur veut nous amener, par les tribulations.

Les Thessaloniciens n’avaient pas besoin de rendre témoignage par des paroles ; ils étaient un témoignage vivant. Ils s’étaient «tournés des idoles vers Dieu, pour servir le Dieu vivant et vrai, et pour attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient» (1:9-10). C’est un passage de l’Écriture très souvent cité, parmi nous. Craignons, chers amis, que la citation trop fréquente de passages tels que celui-ci finisse par les rendre, à nos esprits, banals. Nous les citons souvent, soit parmi nous, soit dans les réunions, soit dans nos entretiens. Que le Seigneur nous donne de veiller à ce que ces citations soient faites dans la crainte de sa présence. Sinon, nous tombons exactement sous la déclaration du Seigneur à propos de son peuple, qui faisait ainsi autrefois : «Ce peuple m’honore des lèvres, et leur coeur est fort éloigné de moi» (Matt. 15:8) ; et encore, l’Écriture dit : «Tu es près, dans leur bouche, mais tu es loin de leurs reins» (Jér. 12:2).

Eh bien, ces Thessaloniciens s’étaient tournés des idoles vers Dieu. N’oublions pas que c’étaient des païens. «Tournés», c’est proprement la conversion ; c’est l’acte extérieur de la conversion. Le mot «conversion» n’est pas identique aux mots «nouvelle naissance». La conversion exprime plutôt le changement de direction d’un homme. Il est converti. Il avait devant lui des objets ; il change de direction, il a un autre objet devant lui. Voilà ce qu’exprime la conversion. Mais ce changement extérieur n’est que le résultat d’un travail intérieur dans cet homme ; et ce travail intérieur, c’est la grâce de Dieu qui l’a fait, ayant donné à cet homme un coeur nouveau, une vie nouvelle, une nature nouvelle, qui trouve ses délices en Dieu. Est-ce que tout le monde, ici, a cette nature divine en lui, une nature qui trouve ses délices en Dieu ?

On n’a pas besoin de dire au nouvel homme : N’aime pas le monde. Aucun conseil, aucune exhortation, aucun commandement — pour employer un mot scripturaire du Nouveau Testament — n’est plus superflu que celui-là, pour le nouvel homme.

Quand un chrétien tourne ses pieds vers le monde, quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, les pieds ne précèdent pas le coeur, ils le suivent. Or, ce n’est pas le coeur renouvelé qui est allé dans le monde ; c’est le coeur naturel.

Ils s’étaient tournés des idoles, au sens propre du mot ; c’étaient des païens. Leurs idoles étaient des images de bois, de pierre, de toutes sortes de choses. Aujourd’hui, on en trouve dans les musées. Elles sont mises dans les musées (je ne dis pas d’y aller ; que chacun ait affaire à Dieu pour savoir où il doit aller), des idoles reléguées au rang des choses mortes — et elles le sont. On voit un morceau de bois ou de pierre taillée, ou de métal fondu ; c’est un objet qui a perdu son pouvoir. Dans ce sens-là, c’est devenu une chose morte. Car il a eu un pouvoir extraordinaire, autrefois, ce morceau de bois ! Comme nous le trouvons dans l’Écriture, le peuple a dit : «Je servirai le bois et la pierre»… le peuple de Dieu ! L’idole de bois et de pierre a eu un grand pouvoir autrefois, parce que le diable était là, qui se servait de ces choses pour s’implanter dans le coeur de l’homme. Voilà pourquoi ces morceaux de bois, de pierre ou de fer, avaient du pouvoir. Il y avait là une influence directe de Satan sur l’esprit des hommes. Le christianisme, partout où il a été introduit, a balayé la puissance terrible que le diable avait au moyen de ces choses ; de sorte que, dans le christianisme, la masse des chrétiens purement professants va en souriant visiter les vestiges de ce temps-là. Et on trouve que tous les peuples proprement idolâtres, qui se sont laissés entraîner à adorer le bois et la pierre, étaient des peuples sans intelligence, et bien inférieurs au grand peuple chrétien d’aujourd’hui. Pourtant, celui-ci ne leur est pas supérieur. Il sourit de l’idole de bois ou de l’idole de pierre, et il en a mis d’autres à la place. Quel est le danger d’un morceau d’or ? En soi, rien ; c’est un métal comme un autre. Mais le diable s’en sert pour asservir le coeur d’un homme et le lier à un objet aussi vil que celui-là, qui ne vaut pas mieux, en lui-même, qu’un morceau de bois ou de pierre. Et combien d’autres objets du même genre — plus relevés soi-disant — ne sont pas autre chose que des idoles, dont le diable se sert. Il en est ainsi de la science elle-même, de l’étude de quelque chose que ce soit qui est sous le soleil, qui est dans la création de Dieu. Car tout est à moi, dit Dieu : À moi le ciel, à moi la terre. Toujours, on trouve cela, dans l’Écriture. Et toutes choses sont à nous, dit l’apôtre aux Corinthiens. Mais la chaîne n’a pas de maillons qui manquent : «Toutes choses sont à nous, et nous à Christ, et Christ à Dieu» (1 Cor. 3:23). Nous n’avons rien sans Christ. Voilà ce qui fait que l’ordre est respecté. Nous avons toutes choses en Christ, et nous n’avons rien sans Lui. Si nous avons quelque chose sans Christ, cette chose est une idole.

La folie, la vanité, l’orgueil de la connaissance humaine, quelle qu’elle soit, démontrent que cette connaissance est une idole. Elle n’est pas matérialisée nécessairement par des objets, mais c’est une idole combien plus subtile et plus dangereuse, qui entraîne des millions et des millions d’hommes en enfer. Le diable se sert même de la création de Dieu pour placer cette création entre le coeur de l’homme et Dieu ; de sorte que la création de Dieu cache au coeur de l’homme Celui qui l’a créée. Les choses n’ont pas changé. Elles sont, en apparence seulement, un peu moins élémentaires qu’au temps des idoles de bois et de pierre.

Bénissons notre Dieu, notre Père, tous les jours de notre vie, chers amis, de ce que le chemin où Il nous fait marcher est un chemin très modeste — car le chemin chrétien n’a pas l’éclat de la grandeur humaine, puisqu’elle a été jetée dans la mort, comme nous le trouvons représenté dans le cèdre et l’hysope qui étaient jetés (Lévitique 13 et 14, à propos de la purification du lépreux) dans la mort. Dieu a balayé toutes les prétentions de l’homme, toute la vanité de l’homme, tout ce qui fait que l’homme réalise, dans un grand péché, l’orgueil de la vie. Si Dieu nous fait marcher dans ce chemin où l’homme, à ce point de vue-là, est abattu, bénissons-le que, dans ce chemin même, toute la grandeur de la gloire de Dieu, toute la saveur de la grâce de Dieu, sont la nourriture du nouvel homme, du croyant. Nous n’avons pas d’illusions sur ce monde ; nous n’en n’avons plus. Nous pouvons espérer que ni frère ni soeur n’a des illusions à perdre sur ce monde. Sinon, il a une idole dans son coeur, et cette idole lui cache Christ et la vérité.

Nous n’avons pas d’illusions à nous faire. Ce monde est un monde sans Christ, un monde rempli d’idoles, qui «gît dans le méchant». Et c’est dans le même chapitre où il est dit cela (1 Jean 5), qu’il est dit aussi : «Enfants, gardez-vous des idoles».

Oh, que Dieu nous ouvre les yeux, pour que nous ne soyons pas surpris dans quelque lieu mondain ou dans quelque état d’esprit mondain, quand le Seigneur viendra ! Chers amis, pensons de quelle manière nous blessons les saintes et divines affections du Seigneur pour son Église, et pour chacun de nous, lorsque notre coeur se permet de se livrer à quelque idolâtrie mondaine.

Ils s’étaient tournés des idoles vers Dieu. Oh, chers amis, quel bonheur d’être tourné des idoles vers Dieu, de pouvoir dire : Ce monde est trompeur ! Et que Dieu veuille le dire aux jeunes croyants, à la jeunesse qui grandit, pour qu’elle ne se fourvoie pas. Et qu’il lui soit épargné d’avoir à apprendre, par une expérience amère, humiliante, et en manquant sa vie, ce qu’est en réalité ce monde, et d’être obligé de dire, quand sa vie sera manquée : Ce monde est trompeur ; ce monde m’a menti. Dieu lui dira : Il y a longtemps que je t’avais averti sur ce qu’est ce monde ; tu as cru ton propre coeur plutôt que moi ; ta vie est manquée.

Nous devons avoir — que Dieu nous l’accorde — une immense compassion pour les âmes qui sont dans ce monde, qui n’existe que lorsque notre coeur est plein du Seigneur, et qu’ainsi nous voyons, avec intelligence spirituelle et un vrai amour, le vrai état de malheur dans lequel elles se trouvent. C’est dans la mesure où nous en sommes séparés que nous pouvons nous occuper des hommes qui sont dans le monde.

Jeunes croyants, jeunes gens, jeunes filles, que le Seigneur ouvre vos yeux de très bonne heure. Qu’Il vous garde de vous fourvoyer dans ce monde, de boire à sa coupe empoisonnée, corrompue entièrement. Et qu’Il vous donne, de très bonne heure, de réaliser cette intelligence quant à la vérité qu’un enfant peut avoir, et qu’un savant, un grand de ce monde, n’a pas. Il ne peut pas avoir cela, parce que le monde entier remplit son coeur. Il a vécu toute sa vie pour obtenir telle ou telle situation, telle ou telle position dans ce monde. Comment voulez-vous qu’il ait les yeux ouverts sur cela ?

Chers amis, «tournés des idoles vers Dieu», regardons ce rapprochement et, en même temps, cette opposition : les idoles et Dieu !

Que Dieu nous donne de ne pas faire le trajet inverse, de ne pas retourner de Dieu vers les idoles. Que Dieu nous garde dans une attitude décidée, attitude de personnes qui ont vu que ce monde est un monde idolâtre, qui l’ont senti, qui se sont tournées vers Dieu, la source de toutes les joies. Comme nous le chantons : «la source de nos joies à tout instant du jour». Que cela nous soit donné !

Il est très difficile d’être malheureux, quand le coeur est rempli de Christ ! Qu’il nous soit donné de réaliser ainsi la joie ; elle est notre force. Si notre coeur est rempli du Seigneur, nous ne poserons pas tant de questions ; elles seront résolues d’avance. Quand on a la lumière, qu’on a trouvé le soleil, on ne prend pas la lampe pour le chercher. On sait qu’on est dans la lumière ; et il n’y a pas, pour un tel état d’âme, d’occasion de chute.

Notre coeur est-il heureux ? Y aurait-il quelqu’un dont le coeur est troublé, la conscience chargée ? Que Dieu vous donne alors de ne pas rester dans cet état, qui n’est pas l’état normal du chrétien. Il y a un remède, mais n’attendez pas demain. Demain, nous serons peut-être partis (il y a longtemps que nous le désirons, que nous le Lui demandons) ; mais, ce soir, dites au Seigneur : Il y a quelque chose, je ne sais pas quoi, qui pèse sur moi ; je traîne cela, quelque chose de non réglé. Il faut aller à Lui ce soir, chers amis. Et que le Seigneur nous accorde de ne pas le priver de la joie qu’Il est en droit d’attendre, de posséder nos coeurs.

Nous chantons : «Tu veux tout notre coeur». C’est facile à chanter, mais plus difficile à réaliser. Dieu veuille faire que, non seulement nous le chantions, mais aussi que nous le réalisions. «Tournés des idoles vers Dieu», le Dieu vivant, par opposition aux idoles qui étaient mortes, «le Dieu vivant et vrai» ; tout le reste est mensonge.

«Pour attendre des cieux son Fils, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient». Est-ce que nous attendons Jésus, chers amis ? Est-ce que nous nous contentons d’un cantique chanté à la maison sur la venue du Seigneur, comme pour apaiser une conscience mal à l’aise, au terme d’une journée mal passée ? Il se peut bien que, quelquefois, chanter beaucoup ne soit, ni plus ni moins, qu’un effort pour apaiser la voix d’une conscience mal à l’aise et d’un coeur qui n’est pas content. On a vu cela, très souvent.

Est-ce que nous attendons le Seigneur tous les jours ? L’attendre est lié à la vérité de l’évangile. Cela ne nous empêche pas de vaquer à nos occupations. Au contraire, puisque nous sommes appelés à le servir en l’attendant («Nous attendons des cieux son Fils qui nous délivre de la colère qui vient» — 1 Thess. 1:10).

Nous avons vu au moins deux fois cette expression : «la colère qui vient». On n’en parle pas souvent ; mais elle est là comme une menace. Il y a une colère qui va fondre sur le monde. Mais, avant qu’elle tombe sur lui, le Seigneur nous délivrera en nous prenant à Lui. Le résidu juif de la fin sera délivré sur place ; ce sont ses ennemis qui seront tués. Les chrétiens seront délivrés en étant enlevés de la scène de ce monde.

Que le Seigneur nous accorde de l’aimer, d’avoir notre coeur heureux en Lui, un coeur qui brûle pour Lui, au point qu’une journée, une demi-journée; passée sans sa présence, soit quelque chose d’intolérable. Et que, si nous sommes privés de sa présence, nous n’allions pas chercher une atténuation de nos souffrances dans les mille distractions que le diable nous offre pour nous empêcher de rechercher, de retrouver, le Seigneur.

Y a-t-il quelqu’un ici qui ne soit pas converti, qui ne soit pas né de nouveau ? Y a-t-il quelqu’un qui craigne encore la colère qui vient ? Y a-t-il quelqu’un qui ne se soit pas tourné des idoles vers Dieu ? Que le Seigneur veuille lui parler, et faire en lui ce travail qu’Il a fait en nous, qui sommes à Christ.

Que le Seigneur veuille encourager beaucoup les parents à prier pour leurs enfants. Le salut, la délivrance, sont proches ; le Seigneur va venir. Quel heureux jour, quel heureux moment ! Mais, quand nous y pensons, se présentent à nous les conséquences qui en résulteront pour ceux qui ne seront pas enlevés ; et nous comprenons le troisième chapitre de la deuxième épître de Pierre (verset 9).

Que le Seigneur, chers amis, nous tienne près de Lui et remplisse notre coeur, Lui qui est amour !