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Méditations sur la Parole de Dieu
Jean
Louis Chaudier
Table des matières :
1 Connaître Christ — Jean 1 et 2
3 Affranchissement — Jean 2:19 ; Romains 6:4
4 Face à face avec Jésus — À propos de Jean 3 ; 4 ; 11 ; Luc 10:38-42
5 Manifestations du Saint Esprit dans l’âme — Jean 3
6 Un sens à la vie — Jean 4:1-34
8 Gloire des hommes et gloire de Dieu — Jean 5:44
9 Mort pour le monde et vivant pour Dieu — Jean 6 ; 7:34-37
10 Salut et communion — Jean 6
11 La guérison de l’aveugle-né — Jean 9
12 Marthe et Marie — Luc 10:38-42 ; Jean 11:1-2, 17, 20-26, 28-29, 32-35, 39-44 ; 12:1-3, 7-8
14 Le lavage des pieds — Jean 13:1-30
17 Deux paradis — Genèse 3:22-24 ; 4:8-22 ; Apocalypse 22:14-15 ; Jean 14:6 ; Matthieu 7:13-14
18 Je m’en vais au Père — Jean 14:16 ; 16:7, 28
19 L’envoi du Saint Esprit — Jean 16
20 La présence du Saint Esprit dans le croyant — 1 Corinthiens 6:19-20 ; 2:10-16 ; Jean 16:13-15
21 Le chrétien et le monde — Jean 17:14 ; 1 Jean 2:15
23 Ce qui vient de Dieu — Jean 20:11-16
24 Défaillances — Luc 22:31-34, 54-62 ; Jean 21:15-19 ; Galates 2:6-14 ; 2 Pierre 1:13-14
Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.
Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.
[LC n° 53]
Dimanche après-midi 5 juin 1948
Cet évangile nous reporte tout de suite à l’existence éternelle de Christ comme Fils auprès du Père. Le Seigneur Jésus est présenté, dans la Parole, comme Fils sous plusieurs titres : 1° le Fils du Père, qui nous parle de sa relation éternelle avec le Père ; 2° le Fils de Dieu, ce qui correspond à sa nature (et il est aussi Fils de Dieu en tant qu’homme né dans ce monde) ; 3° le Fils de l’homme, titre correspondant à un autre caractère de Christ, et qui lui est donné pour remplacer celui de Messie. Le fils de l’homme est un titre que Christ a reçu pour avoir souffert et abandonné ses droits, et même sa vie. Il a reçu ce titre de Fils de l’homme, qui équivaut à une suprématie universelle (Ps. 8). Le Seigneur Jésus rassemble, dans sa personne, toutes les gloires que Dieu voulait lui donner. Elles sont acquises et, pour ainsi dire, regagnées, avec un supplément d’éclat, dans la personne du second homme, le dernier Adam, qui seul glorifie Dieu.
L’histoire de la terre est, au fond, l’histoire de la responsabilité de l’homme, de l’expérience que Dieu a faite de l’homme, de chacun de nous. Cette expérience se solde par un échec total. Et ensuite, Dieu présente ce qui est selon son conseil. Nous trouvons ici le conseil éternel de Dieu.
Si nous voulons avoir l’intelligence de l’Écriture, il nous faut ne jamais perdre de vue cette vérité (c’est une de ces vérités maîtresses, centrales, essentielles, à l’aide desquelles toute la pensée de Dieu dans la Parole est éclairée), à savoir que l’histoire du premier homme est l’histoire de la responsabilité de l’homme, et que le conseil divin relatif à l’homme s’accomplit en Christ. Nous ne serons jamais assez persuadés, individuellement et tous ensemble, que Dieu, à la croix, a mis fin à l’expérience qu’il a faite de l’homme. C’est une conviction que nous pouvons désirer, pour chacun, extrêmement profonde et puissante, cette conviction que Dieu en a fini avec chacun de nous, que Dieu n’a rien trouvé de bon en nous, mais que, l’expérience étant finie, Dieu présente son conseil, c’est-à-dire l’homme Christ Jésus.
Cette personne du Fils de Dieu est présentée dans Jean. Et immédiatement, nous voyons sa gloire qui nous est dévoilée, déployée, au commencement de cet évangile : «Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu» (1:1). C’est de toute éternité que la Parole existait ; et, puisque, un peu plus bas, nous lisons : «la Parole devint chair… et nous vîmes sa gloire» (1:14), nous avons le droit de dire que la Parole, c’est Christ, c’est le Fils éternel du Père. Il est aussi écrit que, dès le commencement, la Parole était auprès de Dieu, et qu’elle était Dieu. En très peu de mots, les caractères et la nature du Fils de Dieu nous sont donnés, en quelques phrases très courtes, très fortes. Pour qu’on ne pense pas que la Parole était un dieu inférieur, un dieu dépendant, il est écrit avec soin : «La Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu».
«Elle était au commencement auprès de Dieu» (1:2). Cette phrase réfute tant d’erreurs présentées à l’égard de la personne du Fils. Quant à sa nature, il est Dieu, «la Parole était Dieu». Et quant à son origine, l’ancienneté de son origine, «il était au commencement auprès de Dieu». Voilà en deux versets la présentation de la personne du Fils. Qu’on ne dise pas que Jésus n’est Dieu que depuis qu’il a accompli l’oeuvre de la rédemption, comme certains ont voulu le dire, qu’il n’est pas Dieu de toute éternité. Nous voyons ici, positivement, qu’il est au commencement, de toute éternité. Il y a là, pour arrêter la folle curiosité de l’homme, comme la lame de l’épée, la lame du chérubin qui tournoyait çà et là pour interdire l’accès du jardin d’Éden, une fois que l’homme en a été chassé, la lame de l’épée de la Parole de Dieu qui, d’avance, empêche la pensée de l’homme, l’effort de la pensée de l’homme, l’intelligence de l’homme pécheur, d’accéder à la compréhension et à l’intelligence de ce qu’est la personne du Fils.
Le commencement de cet évangile est d’une beauté, d’une sobriété, d’une grandeur incomparables. Le Saint-Esprit, pour ainsi dire, manie la Parole de Dieu, la présente, pour réfuter d’avance — et Dieu savait pourquoi il fallait le faire — toutes les affirmations hardies de l’homme pécheur, qui n’a pas manqué de s’attaquer à la personne du Fils de Dieu. Parce qu’il est venu comme un homme humble et qu’il a revêtu notre infirmité, l’homme en a profité pour l’injurier, l’abaisser au niveau de l’homme. Le Saint-Esprit fait tournoyer l’épée de la Parole de Dieu, et dit : «Au commencement était la Parole, elle était au commencement auprès de Dieu». Le Fils en qui nous avons cru, Jésus en qui nous avons cru, lui qui est notre vie, ne le laissons pas dépouiller par les hommes de sa gloire éternelle. C’est ce que la Parole de Dieu nous donne, et nous nous abritons derrière les déclarations de la Parole. Le croyant simple, profond, s’abrite derrière ces versets. Il n’a pas besoin de philosopher sur ce qu’est Jésus, d’écouter ce que l’esprit de l’homme, cherchant à sonder le mystère de la personne de Christ, peut lui dire. Nous n’avons pas besoin de lire les livres des incrédules, qui cherchent à percer la pensée de Dieu ; au contraire, fuyons-les. C’est un mystère qui est au-dessus de la portée de l’homme, comme les cieux sont au-dessus de sa main.
«Au commencement était la Parole», Jésus que j’aime, qui est mon Sauveur, ma gloire, qui a été foulé aux pieds, à la face de qui on a craché, dont le sang a coulé sur la croix, que Dieu a frappé.
En deux versets, en quelques phrases, le Saint Esprit nous donne des déclarations sur le Seigneur Jésus, qui non seulement réfutent les mensonges qui devaient venir, mais nous présentent la grandeur du Fils de Dieu. Quelle beauté ! Nous sommes amenés dans l’éternité passée, au moment où il n’y avait pas de temps, et nous sommes élevés jusqu’à Dieu lui-même, lorsque le Fils était auprès du Père, avant que le monde fût. Telle est la personne que le simple croyant connaît. L’intelligent n’y comprend rien. Il y a peut-être aussi, parmi nous, des intelligents, qui cherchent à sonder ce qu’est le Fils de Dieu. Le croyant reçoit les déclarations de l’Esprit.
Qu’il nous soit donné de rester dans la simplicité quant au Christ. «Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père» (Matt. 11:27). Le mystère de la personne du Fils, le Père seul le connaît. Déjà, dans un homme, l’union de l’âme et du corps est un mystère inscrutable, impénétrable ; il échappe à toute analyse, à toute recherche. À combien plus forte raison lorsqu’il s’agit de la présence dans ce monde de Dieu, le Fils, Jésus qui est Dieu manifesté en chair. Nul ne connaît le Fils si ce n’est le Père ; et il n’est plus rien dit. Il est dit : «Nul ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler» ; mais la personne du Fils, sa connaissance, est réservée au Père seul.
Les premiers versets disent ce qu’est le Seigneur ; les versets suivants, ce qu’il est devenu : «et la Parole devint chair». Les apôtres, Jean et les autres, ont vu la gloire du Fils, la gloire de Christ, «comme d’un Fils unique de la part du Père, pleine de grâce et de vérité» (1:14). Nous n’avons pas vu Jésus ; mais il est écrit que, «quoique nous ne l’ayons pas vu, nous l’aimons» (1 Pier. 1:8). J’aime à penser que tout le monde, ici, aime Jésus ; non pas des lèvres, car on connaît Jésus par le coeur, par les affections et par la conscience. «Nous vîmes sa gloire… pleine de grâce et de vérité».
Aux versets 29 et suivants, l’oeuvre de Christ nous est présentée avec deux caractères. Le premier : «Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde» ; et le second : «celui qui baptise de l’Esprit Saint» (vers. 33). Voilà deux aspects de l’oeuvre de Christ.
«Voilà l’Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde» ; c’est ainsi que Jean le Baptiseur a salué le Seigneur Jésus. Jean le Baptiseur, le Seigneur dit de lui que de tout homme né de femme, il n’y en a pas un de plus grand que lui ; et Jean dit qu’il n’est pas digne de délier la courroie de la sandale du Seigneur Jésus. «Voilà l’Agneau de Dieu» : le Seigneur Jésus a fait l’oeuvre par laquelle le péché sera ôté du monde. Nous ne voyons pas que ce fait soit réalisé. Il y a encore beaucoup de péchés, dans le monde. Nous ne voyons pas qu’effectivement, tout le péché soit ôté du monde ; mais le Seigneur Jésus a accompli l’oeuvre par laquelle le péché sera effectivement ôté. La première conséquence de cette oeuvre est réalisée dans l’âme du croyant : quiconque croit, ses péchés sont ôtés en vertu du sang de Christ. «Sans effusion de sang il n’y a pas de rémission de péché» (Héb. 9:22). Quelqu’un qui ne croit pas au Seigneur, ses péchés restent. De tous les péchés qu’il a accumulés, tous les jours de sa vie, aucun n’est ôté ; tous sont présents devant Dieu. Quelqu’un qui croit est au bénéfice de l’oeuvre de Christ ; le sang de Jésus Christ le lave de tous ses péchés. Pourquoi le sang ? Parce que le sang, c’est la vie. Et il représente l’offrande parfaite de la vie parfaite et sainte de Christ.
Je désire insister sur ceci, que tant qu’une âme n’a pas cru fermement dans son coeur, qu’elle n’a pas reçu Jésus dans son coeur par la foi, que par le Saint Esprit elle ne peut pas dire que Jésus est son Sauveur, ne peut pas crier «Abba, Père», ses péchés restent sur elle ; et les conséquences, nous n’avons pas besoin de les souligner.
Je désire insister sur ceci, que nous avons tous à être, chacun pour son compte, au clair devant Dieu. Est-ce que mes péchés sont sur moi, ou est-ce qu’ils sont ôtés ? Est-ce que le sang de Jésus a ôté mes péchés ? Et le seul moyen pour cela, c’est d’avoir foi en la personne et l’oeuvre du Seigneur.
On peut savoir ces choses, et n’avoir pas la vie. On peut savoir beaucoup de choses sur ce que Jésus a fait, sa personne et son oeuvre, et avoir son péché lié sur soi. Au contraire, on peut savoir très peu de choses sur la personne et l’oeuvre de Christ, mais être lavé de ses péchés. Quelqu’un qui aime Jésus peut avoir peu de connaissance ; mais celui qui aime Jésus est pardonné. La rencontre de Jésus avec la femme pécheresse de Luc 7:37 nous montre que ce qui compte, c’est l’amour pour Christ. «Cette femme a beaucoup aimé, il lui sera beaucoup pardonné». Cette femme, qui ne savait rien sur Christ, Dieu travaillant en elle lui a donné d’aimer le Seigneur. Elle a senti que Dieu était là ; elle a été attachée au Seigneur ; et, croyant en Christ, trouvant Dieu en Christ, elle a trouvé le salut.
Nous l’avons souvent dit : Nous n’avons pas à chercher ce qu’un homme dit, mais la façon dont il aime Christ. Quand on voit une âme qui aime le monde, on peut se demander si elle aime Christ : «nul ne peut servir deux maîtres» (Matt. 6:24).
Il y aura une deuxième réalisation de l’oeuvre de l’Agneau de Dieu : ôter le péché du monde, lorsque la justice régnera, pendant le millenium, au lieu du péché, comme maintenant. Maintenant, les hommes font ce qu’ils veulent, même les chrétiens, ceux qui s’appellent chrétiens, et quelquefois les vrais. Dans le millenium, il y aura un gouvernement et un jugement positif du péché. Il y aura un monde de justice, un monde de paix, la réalisation du fait que Jésus a ôté le péché du monde.
Mais la vraie portée de l’expression, la portée totale, éternelle, est en ceci (elle rejoint l’expression d’Hébreux (9:26) : «il a aboli le péché par son propre sacrifice»), que c’est sur l’oeuvre de la croix que sont fondés les nouveaux cieux et la nouvelle terre, dans lesquels la justice habite. J’espère que tout le monde ici brûle du désir d’être entré dans ces nouveaux cieux et cette nouvelle terre, où la justice habite.
Vous voyez beaucoup de gens qui s’élèvent contre l’injustice ; mais ils ne disent rien contre la suprême injustice, qui a consisté à rejeter le Fils de Dieu quant il est venu. Des gens s’insurgeront contre les voleurs, les criminels ; et ils ne se préoccuperont jamais de l’injustice qu’on a faite en rejetant Jésus. Mais Dieu y pense. Toutes les fois que nous donnons la main à quelqu’un du monde, nous donnons la main à quelqu’un qui est peut-être très sensible aux injustices qu’on lui fait, mais insensible aux injustices qu’on fait à Dieu et à Christ.
Je laisse ceci sur le coeur de chacun. Si quelqu’un peut dire : Je connais celui qui a ôté mon péché, m’a lavé de mon péché, m’a arraché au bourbier de ce monde, au bourbier moral, eh bien, comment le qualifier, s’il vit dans le monde, s’il se plaît avec le monde ? Je dis à un tel chrétien que c’est associer la nature de Dieu avec le péché.
Le deuxième titre de son oeuvre : il baptise de l’Esprit Saint. C’est ce que le Seigneur a fait, en contraste avec le baptême de Jean, qui était un baptême d’eau. Le Seigneur Jésus a baptisé du Saint Esprit. Ayant été exalté à la droite de Dieu comme homme, il a été oint une seconde fois du Saint Esprit. Il a été oint en gloire, comme il a été oint dans son humiliation sur la terre ; et il a envoyé le Saint Esprit. Tous les croyants sont baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps.
La position chrétienne, c’est celle de l’âme scellée du Saint Esprit, qui a reçu le Saint Esprit. Nous sommes baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps. L’unité des vrais croyants qui sont ici ne repose pas sur une affinité de sentiments, une affinité de pensées d’ordre humain ; cette unité est exclusivement constituée par la présence du Saint Esprit, sujet que je présente à la méditation des croyants. Si l’unité ne reposait que sur nos affinités naturelles — déjà, même avec le Saint Esprit, nous avons de la peine à la montrer — que serait-ce ? Ce qu’il y a eu de beau, au commencement, d’incomparablement beau pour le peuple de Dieu, c’est que la puissance du Saint Esprit était telle, qu’elle annulait tout ce qui était de l’homme. Il devrait en être ainsi aujourd’hui. Pauvres, riches, savants, ignorants, toutes différences humaines étaient effacées. Mais cela ne peut être réalisé que par la puissance de l’Esprit ; sinon, nous ne faisons qu’une copie de cette réalisation. Et une copie faite par la chair est, ou de l’inconscience, ou de l’hypocrisie. J’espère que chacun a fait l’expérience qu’il est souvent très heureux avec quelqu’un de très différent de lui. Lorsque le Saint Esprit agit avec puissance, le bonheur de la communion est là. Est-ce cela que nous recherchons, en réalité ? Ou bien ne recherchons-nous que ceux qui sont au-dessus de nous, que ce qui est au-dessus de nous selon l’homme ? Ce n’est pas l’Esprit qui fait faire cela, et méprise ceux qui sont en-dessous de nous. Toutes les fois que le Saint Esprit n’agit pas en nous, nous faisons cette chose-là. Mais quand l’Esprit agit en nous, nous ne nous connaissons pas les uns les autres selon la chair. Que le Seigneur nous donne de réaliser les effets de ce baptême du Saint Esprit, qui est un des résultats de l’oeuvre de Christ.
Quand nous voyons un chrétien qui cherche les choses qui lui plaisent selon la chair, nous pouvons être sûrs qu’il n’est pas conduit pas l’Esprit. Et nous pouvons nous demander ce qu’il en est de nous, tous les jours de la semaine, de notre vie : J’ai poursuivi tout cela ; mais, certainement ce n’est pas le Saint Esprit qui m’a conduit à cela. Je ne parle pas du mal positif, mais de la chair non jugée, dans ses meilleures qualités. Il y a un dépouillement à faire avec le Seigneur. Heureux sommes-nous si nous n’attendons pas d’être au tribunal de Christ pour nous appliquer à nous dépouiller un peu. Il faut espérer que nous faisons l’expérience que l’homme, quel qu’il soit, pauvre ou riche, instruit ou ignorant, on ne peut pas faire fond sur lui : tout homme est menteur (Ps. 116:11) ; «il n’y a pas de juste, non pas même un seul» (Rom. 3:10).
Ah, l’histoire du peuple de Dieu, chers amis, l’histoire des croyants, notre histoire, nous la connaissons un peu ; elle n’est pas belle ! Il n’y a de beau, dans le peuple de Dieu, que ce que Dieu y a produit.
Quelques mots sur les trois jours que nous trouvons dans ces chapitres. La première journée, le rassemblement, le service de Jean ; la seconde journée, le Seigneur ; et puis, en troisième lieu, le millenium. Et c’est de ce chap. 2 que je voudrais dire quelques mots, justement en signalant encore le vers. 40 du chap. 1 : «Seigneur, où demeures-tu ? Venez et voyez». Il y a des personnes, on se demande si elles ont jamais posé cette question au Seigneur : «Où demeures-tu», ou si elles ont jamais écouté la réponse : «Viens et vois».
Il ne suffit pas de poser la question ; mais il faut la poser avec le désir de se soumettre à la réponse. Et ceci, c’est notre histoire, toutes les fois que nous demandons au Seigneur de nous faire avancer, de nous faire croître, et que nous ne faisons pas ce que le Seigneur nous donne comme conseils, comme instructions.
Nous dirons : Où demeures-tu ? Voilà où je demeure. Quel est ton chemin ? Voilà mon chemin. Il faut renoncer à trop de choses ; je ne peux pas le suivre. Il ne fallait pas poser la question ; vous êtes plus responsables après l’avoir posée qu’avant.
Si nous demandons au Seigneur de faire des progrès, écoutons ce qu’il nous dit, et faisons ce qu’il nous dit de faire. Lorsqu’un homme fait des progrès, certainement il est obéissant.
À propos des noces de Cana et des scènes qui suivent, j’aurais quelque chose à dire. Les noces de Cana nous parlent du commencement du millenium, du commencement de ce temps où la terre et les hommes connaîtront la joie de Dieu. Nous désirons ce moment-là. Nous aurons notre part céleste de joie. Les croyants brilleront comme le soleil, dans le royaume de leur Père ; et il y aura ceux qui brilleront dans le royaume du Fils de l’homme. Il y aura les deux royaumes, autrement dit, la partie céleste du royaume et la partie terrestre. La partie terrestre sera loin de manquer de grandeur et de beauté. Il est extrêmement instructif de lire les passages qui nous en parlent. Un roi régnera en justice ; la terre entière connaîtra la paix ; l’enfant étendra sa main sur l’antre de la vipère ; le lion mangera de l’herbe comme le boeuf. Toute la nature célébrera Dieu ; c’est présenté, dans les Psaumes et ailleurs, d’une façon imagée, très belle. Toute la création célébrera son créateur dans la personne du Messie, Messie et Fils de l’homme. Seigneur, quand sera-ce ?
Mais auparavant, des destructions terribles de vies d’hommes auront lieu, des destructions inouïes. Nous ne nous représentons pas ce que les jugements produiront, comme destructions, dans l’humanité. La vie d’un homme sera plus précieuse que l’or fin. Il y aura tribulation pour le peuple juif incrédule, et il y aura tribulation pour toutes les nations. C’est à cette dernière tribulation qu’il est fait allusion, en Apoc. 3:10, à propos de Philadelphie : «Je te garderai de l’heure de l’épreuve». Eh bien, au commencement du règne, nous voyons les six vaisseaux de pierre où il n’y avait pas d’eau. Les vaisseaux étaient pour la purification, et il n’y avait pas d’eau pour la purification ; on n’était pas disposé à se purifier. Cela arrive souvent, qu’il faut que le Seigneur nous dise de mettre de l’eau dans les vaisseaux. Pour connaître la joie (le vin qui vient après), il faut l’eau de la purification. C’est lui qui change cette eau en joie céleste. Ce sera vrai au commencement du règne millénaire ; nous trouvons cela dans les prophètes : «ils se lamenteront, chaque famille à part» (Zach. 12:12). Chacun pleurera à part, dans l’humiliation individuelle, lorsqu’ils verront et comprendront ce qu’ils ont fait au Messie en le crucifiant, lorsque les hommes comprendront ce qu’ils ont fait en rejetant Dieu. Il y aura une lamentation, chacun à part ; et c’est alors qu’on dira : «certainement, lui, a porté nos douleurs» (És. 53:4). C’est avant tout pour le peuple terrestre, bien que les croyants d’aujourd’hui puissent le réaliser, moralement et spirituellement. Le Seigneur produira, par son Esprit, une profonde contrition dans son peuple et chez les hommes. Il y aura deux travaux différents de l’Esprit, et d’abord chez les Juifs, responsables d’avoir crucifié le Messie et d’avoir rejeté la loi (les dix tribus ne sont pas responsables directement de la crucifixion du Messie, mais d’être retournées au paganisme et d’avoir abandonné la loi). Il y aura la tribulation juive, qui n’est pas celle des dix tribus, et celle des dix tribus, quand elles seront en chemin vers le pays, tandis que la tribulation juive sera dans le pays même. Quoi qu’il en soit, au commencement du règne, il y aura une profonde contrition. Mais je ne veux pas parler seulement des Juifs plus tard et de la terre à venir, mais d’un enseignement qui est pour nous, une règle absolue de Dieu. Si nous voulons jouir de la joie de Dieu, elle est inséparable de la confession des péchés et de la séparation pratique du mal. Qu’il y ait de l’eau dans les vaisseaux, et Dieu alors change l’eau en vin ! Que nous sachions appliquer la Parole de Dieu à notre coeur !
J’ai aimé le monde, peut-être dans un détail. Je me suis associé au monde dans un détail. Le Seigneur m’a fait sentir que j’étais infidèle ; personne ne s’en est rendu compte, le Seigneur me l’a dit. Il faut que je juge cela. Aimer le monde en disant qu’on aime Christ, c’est, en détail, de l’apostasie. Les relations avec le monde ont besoin d’être rompues ; et il faut que la Parole nous purifie de tout cela. Et alors, il change l’eau en vin ; c’est la façon de faire de Dieu. Il change l’eau de la confession, de la contrition, en vin. C’est ce qu’il fera, au commencement du millenium. Je désire laisser cet enseignement pratique sur le coeur de chacun de nous. Nous n’aurons pas la joie de Dieu, sans cela.
Je termine en disant un mot sur cette scène du temple. Le Seigneur était débonnaire, mais il prend un fouet de cordes. Qu’est-ce qu’il voit ? On vendait des boeufs, des colombes, pour les sacrifices. Il fallait des animaux, pour offrir les sacrifices ; on en avait fait un commerce, et la maison de Dieu était devenue une caverne de voleurs. Le Seigneur prend un fouet de cordes, alors qu’il est débonnaire et humble de coeur.
Oui, le Seigneur était bon et plein d’amour, quand il a pris le fouet de cordes. C’était en amour pour les siens et pour tout le monde, qu’il a pris le fouet. Chers amis, nous voulons souvent dégager la vérité comme elle nous plaît ; mais que de fois il nous arrive de ne pas vouloir la dégager dans sa totalité. Quand le Seigneur nous dit : Il faut te dépouiller de ceci ou de cela ; nous disons : Non, Seigneur, non ; et on va son propre chemin.
Que le Seigneur, chers amis, nous donne de ne jamais mettre de côté une seule des paroles qu’il nous adresse. Ainsi, la parole qu’il adresse aujourd’hui à un inconverti présent ici, et par laquelle il dit : «Celui qui croit à la vie éternelle ; celui qui ne croit pas, la colère de Dieu demeure sur lui», ne lui sera peut-être plus jamais adressée. Il faut que cette âme se dise : C’est peut-être la dernière fois ; c’est à prendre ou à laisser ; si je la laisse, c’est peut-être fini.
Pour nous, croyants, le Seigneur fait appel à notre coeur, nous dit : Suis-moi ; voici où je demeure ; tu veux m’être fidèle, dépouille-toi de ces choses que tu aimes ; je te ferai voir que la compensation que tu auras est mille fois supérieure. Seigneur, je ne peux pas !
Peut-être le Seigneur ne nous donnera plus jamais cette exhortation. Nous n’écoutons pas aujourd’hui ; c’est peut-être fini, et nous manquons notre vie. Mais il faudra rencontrer le Seigneur. Le Seigneur choisira son moment.
Je désire laisser cela sur nos coeurs, chers amis. Ne jouons pas avec les privilèges qui sont les nôtres, de contempler à face découverte la grandeur de la personne de Christ. Contemplons en déchaussant nos pieds.
L’Agneau de Dieu ôte le péché du monde, et Il baptise du Saint-Esprit. Et puis, en même temps, il veut nous donner la vie. Mais il nous donne la joie dans la pureté et la sainteté, jamais autrement. Et il agit en gouvernement envers les siens.
Que le Seigneur nous donne de retenir ces choses. Il y a peut-être des âmes qui entendent ces choses et suivent les chrétiens depuis vingt, trente, cinquante ans, et en sont au même point. Votre coeur est froid comme de la glace, quand il s’agit de Christ ? Qu’est-ce que vous aimez donc ? Dites-le au Seigneur Jésus.
[LC n° 54]
Marseille — 1 janvier 1966
La création au sein de laquelle nous nous mouvons, de laquelle nous faisons partie, exprime quelque chose de ce qu’est Dieu. Elle-même le déclare. Même pour celui qui se dit athée, cette création contient un témoignage suffisant pour rendre responsable celui qui se prétend athée. Mais cette création, telle qu’elle est, pose d’innombrables questions ; et l’incrédule a beau jeu d’embarrasser même quelquefois le croyant.
L’une de ces questions, redoutable, solennelle, nous pouvons dire terrible, est la présence, au sein de cette création, d’un élément dont beaucoup hésitent, malgré tout, à en attribuer l’existence au Créateur, bien que plusieurs incrédules ou philosophes n’aient pas reculé devant une telle affirmation. Ce fait, cet élément d’une importance majeure, c’est la présence du mal, et ses effets. On ne peut pas nier que, lorsque l’homme a commis une faute et que cette faute est connue, il a honte. La honte est un fait universel. Comment expliquer la souffrance morale que tout le monde connaît, et la souffrance physique ? Beaucoup se détournent du spectacle de cette misère, en se distrayant, en s’occupant de diverses manières. C’est l’histoire de tous ceux qui ne cherchent pas Dieu, ou qui Le cherchent mal. Et on peut manquer sa vie toute entière, dans la recherche mal conduite de la vérité, en se tenant dans un chemin qui n’a pas d’issue. Et tous les chemins sont sans issue, sauf un seul.
Le livre que nous avons entre les mains, et que Dieu a appris à la plupart d’entre nous à vénérer et à aimer, ce livre répand la lumière sur ce monde rempli de mystères. Il nous donne une réponse décisive à nos questions. C’est ce que nous avons trouvé quand nous avons reçu la foi, nous qui étions comme les autres. Même si notre éducation a été fortement marquée par les enseignements chrétiens, tant que nous n’avons pas eu la foi, nous étions comme les pires incrédules, dans la nuit. Que ceci soit bien retenu.
La Parole de Dieu se présente comme la seule source de lumière. Le chrétien la reconnaît comme telle. Et, s’il lui a été donné, avant ou après la connaissance qu’il a faite lui-même de cette lumière-là, de chercher, de considérer les sources qui prétendent être des lumières, il est toujours de plus en plus convaincu que seule la Parole de Dieu donne la lumière, que seule elle apporte à l’âme la vérité. Et quel est le besoin suprême d’un homme ? C’est bien vite dit, et cela se résume en très peu de mots, le besoin de quelque créature humaine que ce soit : c’est la vraie connaissance de Dieu. Toutes les activités divines dont la Parole nous fait le récit, quelles qu’elles soient, n’ont pas d’autre objet que de permettre à Dieu de Se révéler, et de Se révéler, non pas à un Adam marchant dans l’innocence, dans un Éden conservé dans sa condition première (cet état est perdu à jamais), mais de Se révéler au pécheur.
La Parole de Dieu nous présente essentiellement, d’un bout à l’autre, comment Dieu a agi pour rendre possible la révélation de son Être inconnaissable, insondable, son Être infini. Ce qu’Il fait pour se manifester demeure entièrement hors de la perception de qui que ce soit. Dieu a agi, et c’est ce que nous présente l’Écriture. Celui qui connaît Dieu véritablement a tout. Sa connaissance sur des quantités de points de détails peut être plus ou moins grande ; mais il n’y a pas de bénédiction supérieure à celle de la connaissance de Dieu. Quand je connais Dieu, j’ai beaucoup de choses à apprendre sur Lui, sur ce qu’Il a fait ; mais, pour le temps et l’éternité, il n’y a rien, pour une créature humaine, de supérieur à la connaissance de Dieu.
Je le connaîtrai en gloire, dans l’éternité. Je le connaîtrai dans des conditions différentes d’aujourd’hui. Mais c’est le même Dieu, dont la nature s’exprime par deux mots : Il est amour ; Il est lumière. En dehors de Dieu, il n’y a pas d’amour ; en dehors de Dieu, il n’y a pas de vraie lumière.
L’amour d’une mère, l’amour de deux conjoints, ces formes d’amour n’ont rien à voir avec la relation de l’âme avec Dieu. Dieu est amour. L’amour chrétien, c’est l’amour qui est de Dieu ; et l’amour chrétien n’a rien à voir avec l’amour des relations naturelles. Il est différent ; il est supérieur ; il est éternel ; tandis que les relations naturelles, terrestres, cessent, quand le lien se rompt ; et toutes auront cessé, dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre.
Nous sommes placés dans une situation de fait : la ruine de l’homme ; et c’est à propos de cette situation que Dieu a agi.
Au jardin d’Éden, Adam et Ève étaient parfaitement heureux, et ont connu la bonté de Dieu. Mais il n’y a pas trace d’une rédemption. Pour qu’il y ait rédemption, il fallait qu’il y ait eût chute. Et c’est la rédemption qui a introduit des éléments entièrement nouveaux, et d’une importance infiniment supérieure, dans les relations de l’âme avec Dieu. De sorte que Dieu a gouverné les choses. La sagesse de Dieu avait conçu, avait préparé et, au temps convenable, Il a racheté. La chute d’Adam et d’Ève qui, en apparence et au premier abord, a apporté une ruine paraissant définitive, et un état de choses qui semblait désespéré, Dieu en a fait le moyen de préparer un état de choses infiniment supérieur.
Nous louons le Dieu Créateur, et nous sommes ceux qui peuvent le faire le mieux. Qui, nous ? Les croyants. Mais ce même Dieu, nous Le louons d’une autre manière, et nous Lui attribuons un autre titre, dont l’expression n’aurait jamais pu sortir des lèvres d’Adam et d’Ève, et ne serait jamais monté à leur coeur : c’est le Dieu Sauveur.
Nous nous occupons essentiellement de la rédemption. Voilà pourquoi les chrétiens, et les frères en particulier, s’occupent si peu de la création. Ils savent qu’elle appartient à Dieu. Ils savent qu’un jour, tout sera en ordre, pour une période brève par rapport à l’éternité. Ils savent qu’il y aura un ordre établi à la gloire de Dieu, et qu’après tant de désordres, la voix entière de la création célébrera le Dieu Créateur. Mais, même alors, elle le célébrera comme un Dieu Sauveur. Mais cet état sera provisoire. La création sera détruite par Dieu Lui-même.
Ce qui s’est passé sur cette terre a une importance éternelle. On peut dire que cette terre n’est qu’un grain de poussière dans l’infini ; mais ne confondons pas les dimensions du théâtre avec l’importance du drame qui s’y joue, drame dans lequel est en question la gloire de Dieu à propos de l’homme, et de l’homme déchu.
Ces pensées-là, nous ne les avons pas inventées, et nous ne les aurions jamais eues. Nous les trouvons dans l’Écriture. Tout ce dont nous avons besoin est révélé. Tout vient d’en haut. La vérité chrétienne est un objet de révélation. Nous sommes ceux qui reçoivent, et Dieu est Celui qui révèle, par son Esprit. Que nous étudiions l’Écriture avec le Seigneur ! Si nous ne le faisons pas avec Lui, nous perdons notre temps. Ne pensons pas que nous pouvons entrer dans la connaissance de ses gloires et de sa grâce, sans son secours, sans l’action de son Esprit en nous.
Nous entrons, par le christianisme, dans le domaine des choses faites par Dieu, dans le domaine de la rédemption.
Nous sommes misérables, parce que nous sommes des pécheurs. Voilà le grand point.
Et tout ce que Dieu fait, depuis la chute, sans arrêt, est relatif à la présence du bien et du mal dans l’homme.
L’homme s’amuse, et le diable l’amuse, l’occupe du soleil, des astres. Il l’occupe de l’infiniment grand et de l’infiniment petit. C’est d’autant plus saisissant, que Satan se sert des choses que Dieu a faites, pour en faire un écran entre l’homme et Dieu. C’est extraordinaire. C’est le comble de la victoire de Satan. Voilà pourquoi, quand un chrétien connaît Dieu et a été amené à la lumière, il peut s’intéresser à ces questions-là. Mais il veille à ne pas s’y engager, parce qu’il sait que tout cela n’est pas l’essentiel.
Tout cela n’apporte rien de définitif, et rien de valable pour l’âme. Dieu travailla à propos du péché, du bien et du mal, qui est dans ce monde. Il s’est révélé ; Il s’est fait connaître. Mais cette révélation de Dieu est dans sa nature, et non pas dans sa puissance créatrice. Les chrétiens professants sont le plus grand nombre. Ils parlent du Dieu Tout-puissant, et ils considèrent volontiers que Dieu doit être satisfait de l’hommage qu’ils Lui rendent, en Lui disant : Dieu Tout-puissant !
Dieu veut que nous ayons affaire à Lui d’une autre manière. Il est le Dieu saint, et nous sommes des pécheurs. Et le christianisme règle ce problème. Dieu s’est fait connaître ainsi. Le christianisme développe la manière dont Dieu s’est fait connaître aux pauvres pécheurs ; et c’est la rédemption.
«Au commencement était la Parole ; et la Parole était auprès de Dieu ; et la Parole était Dieu» (Jean 1:1). Voilà des phrases qu’on ne trouve jamais, dans quelque religion que ce soit. Personne ne peut inventer des phrases pareilles ; il en est de même des évangiles. On a pu dire que, pour inventer les évangiles, il faudrait être comme Jésus. Impossible à une imagination d’homme, même des grands écrivains, des poètes, d’inventer une vie comme celle-là. Pour écrire la vie de Jésus, il faut être cette vie-là ; il faut être cet Être ainsi présenté.
Au commencement, la Parole était Dieu le Fils. Elle était auprès de Dieu, et elle était Dieu. Il n’y a pas plus de temps pour elle que pour Dieu. De toute éternité, le Fils, la Parole, Celui qui devait venir, Dieu le Fils, était auprès de Dieu.
Il est dit plus bas : «La Parole devint chair» (v. 14). C’est l’incarnation.
Là, c’est son existence éternelle. La déité est formée des trois personnes : le Père, le Fils, et le Saint Esprit. Le Père et le Fils sont objets ; le Saint Esprit est agent. C’est Lui qui agit dans l’homme, et Il révèle à l’homme ce qui est relatif au Père et au Fils.
D’une manière particulière, dans le Fils, il y avait la vie qui devait être communiquée aux hommes. La vie était la lumière, pour les hommes. Il est venu ; les ténèbres ne l’ont pas reçu.
Les hommes s’imaginent (et peut-être aussi les chrétiens) qu’ils vont pouvoir établir une relation avec Dieu sur le plan naturel, par des oeuvres, par des religions ; mais c’est impossible. Le paradis est un paradis perdu ; Dieu ne le rétablit pas. Pour que Dieu rétablisse des relations entre Lui et l’homme, il a fallu premièrement l’incarnation, c’est-à-dire la venue de Dieu sous forme d’homme.
Ce n’était pas vrai en Éden. Dieu se promenait dans le jardin et, quand la chute s’est produite, Adam se cache. Nos vêtements proclament eux-mêmes, tous les jours, ce fait solennel.
Ce sont des questions qui, pour un chrétien, conservent un intérêt permanent, parce que la gloire de Dieu et le bonheur de l’homme sont en question.
Il y a une philosophie divine, et le chrétien y trouve une profonde joie ; c’est la philosophie de la sagesse divine. Parmi les hommes, chacun a sa philosophie, et cherche à expliquer, à sa manière, le mystère du monde. La philosophie divine est une source de délices illimités, pour le chrétien, parce qu’elle est la vérité.
Jamais Dieu, dans le jardin d’Éden, n’aurait fait comme Il a fait, en venant au milieu des hommes, après la chute. L’incarnation n’aurait pas eu sa place. Dieu a été manifesté en chair ; c’est l’incarnation. Alors, on pourrait croire que tout va s’arranger, maintenant, si Dieu vient habiter au milieu des hommes. On pourrait croire que cette faillite, cette banqueroute du jardin d’Éden, que tout ce désordre, va être arrangé. Non ; et l’effet premier de cette venue de Jésus ici-bas a été de montrer que la faillite était bien plus grave qu’on ne l’aurait pensé ; elle était désespérée. «Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu» (1:11). La lumière est venue, et les hommes ont mieux aimé les ténèbres.
Lequel d’entre nous ici, chers frères, oserait dire que ce n’est pas vrai pour lui, et que, peut-être plus d’une fois par jour, il ne préfère pas, sur tel ou tel point, les ténèbres à la lumière ? Toutes les fois que nous faisons notre volonté propre, nous préférons les ténèbres à la lumière.
Quand nous sommes avec Dieu, nous n’avons pas peur. Si nous sommes en mauvais état, nous avons peur, car notre conscience n’est pas à l’aise. Si nous marchons avec le Seigneur, notre conscience est à l’aise et, étant d’accord avec Dieu, nous sommes assurés de sa bénédiction. Quand nous sommes rebelles, soyons assurés que Dieu ne nous bénira pas. On n’a pas de souci à se faire ; Dieu réglera, en son temps, à sa manière, toutes les situations. Heureux celui qui, en s’adressant à Lui, demande qu’elles soient réglées ; car Dieu aura toujours le dernier mot, même lorsque nous sommes en désaccord avec Lui. On ne gagne pas, à lutter avec Dieu. C’est une défaite sans grandeur qui attend celui qui ose le faire, qu’il s’agisse d’un inconverti ou d’un chrétien.
Voilà donc l’incarnation, ce fait extraordinaire, la venue de Dieu manifesté en chair. On ne pourra pas dire qu’on n’a pas vu Dieu manifesté. Et «les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises». Les hommes préfèrent les ténèbres. C’est la vérité ; le chrétien le sait.
Comme la vie chrétienne est simple ! Comme elle est claire ! Le chemin du chrétien est droit comme un I, et clair comme la lumière du jour. C’est nous qui compliquons la vie chrétienne. Pourquoi ? Parce que nos oeuvres sont mauvaises, parce que nos convoitises sont là, et que nous ne les réprimons pas. La question n’est pas leur présence ; la question est celle de leur action. C’est là que nous manquons. Dieu ne fait pas de reproches parce que nous avons la chair, mais parce que nous la laissons agir.
Le Seigneur est donc venu. N’allons pas jeter la pierre aux Juifs, qui l’ont rejeté ; parce que, nous tous, nous avons tous fait comme eux. Notre coeur naturel est exactement le même. Si la crucifixion s’était produite hier, vendredi, notre coeur se serait montré aussi mauvais. Est-ce que chacun de nous en est convaincu, devant Dieu ?
Cela nous rend humbles, et c’est ce que Dieu veut. C’est une grande qualité, pour un chrétien, d’être humble. C’est ce que Dieu aime.
L’incarnation n’a pas suffi. C’est pourquoi nous trouvons, plus loin : «Voilà l’Agneau de Dieu» (1:29). C’est plus que l’incarnation. C’est un pas plus en avant, dans le déroulement des révélations de Dieu. Jamais, en Éden, on n’aurait parlé d’un agneau ; ce n’était pas nécessaire. Mais maintenant, Jésus est venu. Le Seigneur est montré ici comme rejeté, dès le début. Jean nous le dit tout de suite, et les évangiles nous montrent son rejet.
Voilà une idée toute nouvelle, un fait d’une immense importance. Il n’a pas fallu seulement la venue de Dieu en chair, d’un Dieu qui a parlé, qui est allé au milieu des hommes, qui ne s’est pas tenu à distance des hommes, en leur parlant de loin, mais au milieu de tout le monde. Il faisait ce qu’Il avait à faire. Il disait ce qu’Il avait à dire. Et Il a répandu partout la grâce, la vérité, la lumière.
Vous cherchez un modèle, après cela, parmi les hommes ? Ils pullulent, ceux qui cherchent des modèles ; et, plus encore, il y en a qui osent se présenter comme modèles. Le chrétien est effrayé et attristé, en voyant cela. Ne nous laissons pas éblouir par toutes les prétentions des hommes. Ayons horreur de tout ce qui obscurcit le discernement spirituel. Le discernement spirituel est toujours en rapport avec la gloire du Seigneur. Quand on voit cette chrétienté, qui foule aux pieds la vérité éternelle écrite dans ce livre, on se souvient que, derrière la scène, il y a le personnage directeur, qui mène tout dans ce monde. Et ce personnage, c’est Satan ; et il est dans les lieux célestes.
Voilà donc l’Agneau de Dieu, qui ôte le péché du monde. Voilà donc que Dieu est obligé de pousser plus loin son intervention, et est arrivé au point suprême de cette intervention. C’est l’expiation : «Voilà l’Agneau de Dieu».
Dieu a voulu montrer ce qu’est la puissance de l’amour, et cela, dans la rédemption. Mais il a fallu l’Agneau, qui évoque toujours l’idée d’une victime expiatoire. Cela nous est familier quant au mot ; que cela ne nous soit pas familier quant à la profondeur qui y est renfermée !
À cause de la rédemption, Dieu a pu donner à des pécheurs le droit d’être appelés enfants de Dieu. S’il n’y avait pas eu d’expiation, Dieu ne pouvait donner à personne le droit d’être appelé enfant de Dieu. Pourquoi Dieu n’aurait-Il pas pu nous accorder cette grâce ? Parce qu’un péché, un mensonge, une vanité quelconque, une idole, qui peut être «un rien», manifesté ou enseveli dans le coeur de l’homme, sans que personne ne le sache, cela ne peut pas subsister, devant Dieu. Il faut qu’Il enlève de sa vue l’être qui porte en lui ce qui n’est pas selon sa gloire.
Dieu donc, étant offensé par le péché, ne pouvait pas supporter cela. Et Il devait être glorifié à l’égard des péchés. Voilà pourquoi Jésus est mort ; ou bien, nous devions tous être condamnés. Et ce sera le lot éternel de ceux qui auront rejeté la vérité : l’incarnation, la mort expiatoire de Jésus, la prédication de la grâce qui continue depuis vingt siècles. On en parle, on l’annonce ; et l’Écriture est là pour diffuser, dans le monde entier, ces vérités de Dieu. Alors, pour ceux qui auront rejeté tout ce que Dieu a donné, depuis si longtemps, Dieu emploiera le dernier moyen, qui est celui qu’Il a toujours à portée de sa main, le jugement éternel.
Mais si Dieu avait agi en jugement à l’égard de tous les hommes, Il n’eût jamais été connu dans ce qu’Il est. Il a voulu communiquer à des hommes le bonheur infini, éternel, pur, de la connaissance de Lui-même. Il n’est pas de bonheur qui soit comparable à celui-là.
Nous avons l’Agneau de Dieu, qui a glorifié Dieu à l’égard du mal. Jésus s’est placé devant Dieu comme coupable pour tous les croyants, comme si c’était Lui qui avait commis les péchés de tous les croyants, les nôtres. Il s’est placé sous le jugement de Dieu, de sorte que, maintenant, Dieu peut nous recevoir, sans qu’Il soit déshonoré. Au contraire, Il a été glorifié.
Pour compenser l’outrage, il faut à Dieu l’offrande très sainte du Juste, qui revendique sa gloire et qui met en évidence tous ses droits.
Dieu a gagné, par la rédemption, plus qu’Il n’avait perdu par le péché. Il y a eu un gain en gloire, pour Dieu, par l’oeuvre de la rédemption ; de sorte que, maintenant, Dieu peut ouvrir son coeur. Dieu peut Se faire connaître. Dieu peut appeler aujourd’hui un homme pécheur, inconverti, un très grand pécheur peut-être ; Il peut appeler n’importe qui. Le brigand, sur la croix, sera dans le ciel, alors que tant d’honnêtes gens seront en enfer. Ils se seront cru plus sages que Dieu, et ils auront cru que Dieu se trompait, quand Il disait que tout le monde était pécheur. Ce brigand sera dans le ciel, à la gloire de Dieu et à la gloire de Christ.
Le chrétien connaît Dieu. Il a Dieu dans son coeur, Dieu manifesté en Christ. Pourquoi est-ce que nous tenons tant à Jésus ? Pourquoi toujours Jésus ? Et même, pourquoi Jésus, d’une manière distincte de Dieu ? Parce que Jésus est Dieu manifesté en chair.
«En Lui habite toute la plénitude de la déité corporellement» (Col. 2:9), et «en Lui, toute la plénitude s’est plu à habiter» (Col. 1:19).
Avoir Dieu, connaître Dieu, c’est la source d’un bonheur infini. Futur ? Non, déjà présent. Pour traverser ce monde, avec tout ce qu’il contient, il faut autre chose que des versets qu’on a dans sa mémoire. Il faut autre chose que des conseils que nous nous donnons les uns aux autres. Il faut Dieu dans notre coeur. Si nous l’avions d’une manière permanente, toutes les exhortations seraient inutiles. Celui qui réaliserait cela continuellement n’aurait pas besoin d’être exhorté, au sujet de l’orgueil, de la vanité, du monde. Mais, en fait, les exhortations et la vigilance sont toujours nécessaires.
Ne faisons pas du christianisme un simple énoncé de vérités, toutes parfaites à leur place. Elles sont utiles à rappeler. Ainsi, «n’aimez pas le monde» (1 Jean 2:15). Pourquoi est-ce nécessaire ? Parce que Dieu sait très bien que notre coeur naturel l’aime.
La joie de la communion du saint avec le Père et le Fils est telle, que les peines passent à l’arrière-plan. Quand le chrétien n’a pas cette joie, il n’a rien. Il est dans une fausse position. Il n’a pas le monde et, pratiquement, il n’a pas Dieu. Quand ils sont sortis du chemin de la foi, les chrétiens vont quelquefois plus loin, dans le mal, que les inconvertis.
Quel bonheur de connaître Dieu, de connaître Christ ! Il n’y a rien de plus grand, de plus précieux.
Dieu a voulu nous donner le ciel, déjà, durant notre pèlerinage. Souvent, nous Lui disons : le ciel ? Plus tard. Mais Dieu sait que, si nous choisissons la terre, nous choisissons la misère. Étant données nos tendances naturelles, nous avons besoin du Seigneur, pour être fidèles et heureux ici-bas.
Que personne ne dise que c’est regarder trop haut. C’est Satan qui suggère cela. Il faut regarder tout à fait en haut, pour bien marcher en bas. N’allons pas dire que ce soit quelque chose d’impossible, bien que nous ayons tous des progrès à faire.
Il est bien sûr que vous auriez eu beaucoup de peine à rendre l’apôtre Paul malheureux. Des gens comme cela sont une peste, pour le monde. Leur présence le condamne toujours.
Voilà ce fidèle qui s’appelle Paul. Tout ce qu’il dit est opposé au monde. Il présente la vérité de Dieu ; elle condamne le monde. On le met en prison ; il est aussi heureux en prison que dehors. On le menace de mort ; il n’en est troublé en aucune manière. Devant un roi, lié dans les chaînes, il peut lui dire : «Plût à Dieu que tu fusses comme moi, hormis ces liens» (Act. 26:29). Que chacun de nous réfléchisse à cela, devant le Seigneur.
Si nous réalisions un tel bonheur caché, dont les gens du monde sentent qu’ils ne l’ont pas, croyez-vous que Celui qui est mort sur la croix pour nous ne serait pas mieux honoré, que toute sa vérité ne serait pas mieux mise en valeur ? Croyez-vous que nous ne rendrions pas le Seigneur beaucoup plus heureux, dans les siens ? Sûrement ; et, pour nous-mêmes, nous aurions tout à gagner.
Ce n’est pas la loi. La loi a sa place ailleurs. La chrétien est avec Dieu. Qu’Il nous accorde la grâce de rechercher ces choses. Il ne peut pas ne pas les donner, à la foi qui les Lui demandent.
[LC n° 55]
13 juin 1971
«Vivifié par l’Esprit» (1 Pierre 3:18). Les trois personnes de la Trinité sont à l’oeuvre pour la résurrection du Seigneur, qui s’est offert lui-même à Dieu par l’Esprit éternel (Héb. 9:14). Le Saint Esprit fait briller la perfection de Jésus acceptant de mourir pour les autres. C’est la mort du Saint et du Juste, aussi saint dans sa mort que dans sa vie ; alors que, pour nous, «les gages du péché, c’est la mort» (Rom. 6:23). Le Seigneur n’a pas été revêtu de nos péchés comme d’un manteau, mais a été traité comme le péché, lui qui était sans péché (2 Cor. 5:21). Il était notre substitut sous le jugement de Dieu.
Tout au long de notre vie, nous découvrons des aspects de l’opération du Saint Esprit en nous. «L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l’Esprit Saint» (Rom. 5:5). C’est Dieu qui le donne ; pour nous, pas d’efforts à faire. C’est une action continue de l’Esprit. Il n’y a rien de plus précieux et de plus élevé, et c’est une source de consolation et de puissance pour les pèlerins que nous sommes. Il n’est pas d’autres sources de puissance contre le mal.
Le sujet de Romains 8 est l’affranchissement. C’est un mot caractéristique du langage des frères. Le chrétien est en butte à deux puissances : la puissance du péché, et la puissance de l’Esprit de vie. On ne devient pas chrétien sans l’opération de l’Esprit de Dieu ; mais l’Esprit est aussi une puissance d’affranchissement. La puissance n’est pas dans la nouvelle nature, mais dans l’Esprit. Tout n’est pas changé, à la conversion. Le vieil homme reste un ennemi implacable. Le péché et la mort sont deux puissances contre lesquelles, seul, je ne puis rien. Dieu a pardonné les péchés Il s’est occupé des fruits, mais aussi de l’arbre qui les a produits. Dieu a condamné le péché dans la chair à la croix ; il a crucifié le vieil homme (Rom. 6:6). Il s’est occupé, et de l’arbre, et de ses fruits, du vieil homme et des actes mauvais qu’il a pu faire. Le moi a été condamné ; et son existence est une anomalie essentielle ; il ne devrait pas exister. L’Écriture nous donne la lumière sur ce point. Un chrétien peut être troublé par une faute, jusqu’à douter même de son salut. Il ne reste qu’une solution : «Par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps» (Rom. 8:13). Cela devrait produire une vie sans péché, car le péché est une anomalie, chez le chrétien. Satan s’emploie à ce qu’un péché en entraîne un second. Il faut être sérieux, pour progresser dans la réalisation de l’affranchissement. Le remède préventif au péché, c’est la vie de communion avec Christ. Si quelqu’un est en communion avec Dieu, Satan ne le touche pas ; le vieil homme n’existe plus, pratiquement. Si j’ai péché, je le confesse. Si j’ai péché contre un homme, je dois le reconnaître devant lui. Dieu peut alors ôter ce péché de ma vie, parce que le Seigneur est mort pour cela. Il n’est pas question ici du châtiment gouvernemental, mais de la disposition intérieure du chrétien. Il y a progrès dans l’affranchissement dès que, se connaissant soi-même, on fuit les occasions pour la chair de se manifester. Un chrétien pieux fuit le mal. Il est plus facile d’arracher une herbe qu’une herbe devenue arbre. «Morts au péché… afin que… nous aussi nous marchions en nouveauté de vie» (Rom. 6:2,4) ; nous avons à le réaliser pratiquement. L’homme du monde a Dieu contre lui ; il est malheureux. Ne lui emboîtons pas le pas !
[LC n° 56]
12 août 1962
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 123
Si nous ne faisons pas la connaissance de Jésus dans ce monde-ci, nous ne la ferons pas dans l’autre monde. L’occasion ne nous est offerte que dans celui-ci. Nous pourrions nous considérer comme désavantagés par rapport à ceux qui ont connu Jésus vivant dans ce monde. Nous ne sommes pourtant nullement frustrés ; nous sommes même beaucoup mieux placés qu’eux pour le connaître, parce que nous avons la Parole de Dieu tout entière et le Saint Esprit pour nous éclairer ; eux n’avaient ni l’un ni l’autre. La dispensation est différente.
Ne soyons pas soucieux avant toute chose du sort de ceux qui sont dans le paganisme ! Pensons premièrement à notre état personnel ; ensuite, Dieu pourra nous donner de penser aux autres. Chacun doit avoir affaire à Dieu comme s’il était le seul sur la terre. Dieu ne nous a pas chargés de gouverner le monde, ni de le sauver. Il peut employer des évangélistes, il en emploie, mais il peut s’en passer. Le travail du bon serviteur consiste à mettre les âmes en contact avec Dieu. Mais le serviteur n’est rien, rien du tout.
Le Seigneur apprend à Nicodème cette vérité de base que «si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu» (Jean 3:3). Il faut dire cela dans les assemblées, aujourd’hui. Nul ne peut se prévaloir de son ascendance pour posséder le salut, même si cinq ou six générations l’ont précédé dans l’assemblée. Ne nous amusons jamais avec la vérité de Dieu ; n’en faisons pas un jouet pour nos esprits ! Ne cherchons pas à l’adapter à l’erreur par un calcul humain ! La nouvelle naissance, c’est une vie nouvelle. La conversion n’est pas l’amélioration du vieil homme, c’est le don d’une nature nouvelle, divine. Nous devenons participants de la nature divine (2 Pierre 1:4). «L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu» (Rom. 8:16). Les frères, qui m’ont enseigné autrefois, m’ont montré le chemin, mais ils ne m’ont pas donné la vie. C’est l’Esprit qui rend témoignage avec notre esprit.
Nicodème vient de nuit à Jésus. Quand une âme est travaillée par le Seigneur, elle sent inconsciemment qu’elle va s’attirer l’inimitié du monde ; un instinct spirituel le fait sentir. La piété aussi sent que, dans ce monde, elle n’est pas chez elle. Elle est dans le domaine de l’ennemi. Le chrétien mondain ne s’en rend plus compte ; il a piétiné les frontières. Mais un chrétien fidèle sait qu’il doit vaincre ou mourir : la lutte avec le monde et avec son prince n’est pas toujours violente, mais permanente et sans merci. Il ne faut pas non plus décourager une âme troublée, une conscience labourée ; aidons-la, mais ne la flattons pas ! Suivons l’exemple du Seigneur ! Voyant Nicodème, n’importe qui se serait dit : «Voilà un personnage considérable ; il faut l’enrôler dans notre groupe !». Tous ceux qui cherchent à faire des recrues pensent à eux, à leur clan. Nicodème, «docteur d’Israël», veut traiter le Seigneur comme son égal, bien que frappé quand même par ses paroles. Ne nous laissons pas non plus troubler par la fanfaronnade de gens plus instruits que nous ! Avec la Parole de Dieu, nous avons la lumière, la vérité, nous avons Dieu lui-même.
Les rencontres avec Jésus sont souvent solitaires, toujours personnelles ; même au milieu de la foule, Jésus remarque une femme qui le touche ; elle a la foi. Un homme est souvent tiré de la foule pour venir à Jésus. Nous ne trouvons pas les mouvements de masse au début de l’Église, sauf en Actes 2:41 : «En ce jour-là furent ajoutées environ trois mille âmes». On reçoit la Parole chacun pour soi. «Afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle» (Jean 3:16), une autre vie, une autre nature.
À une autre occasion, le Seigneur rencontre une femme. Nicodème faisait partie de l’élite sociale, mais pas cette femme. Le Seigneur la prend au milieu de ses occupations. Il ne va pas lui donner des enseignements. Elle est malheureuse, parce qu’elle vit un problème moral. Jésus lui dit : «Je vais te donner de l’eau vive. Si je te donne de cette eau, tu n’auras plus soif à jamais». La soif est l’expression d’un état d’insatisfaction créé par la chute. L’homme n’est jamais content. Lorsqu’il a obtenu un objet désiré, aussitôt il en veut un autre, et il n’étanche pas sa soif. Nous connaissons des joies familiales, sociales, mais elles ne conduisent jamais à un état définitif. Et, par dessus tout, plane l’épouvantable ombre de la mort. Comment peut-on être tranquille avec une telle menace ? Jésus nous offre l’eau vive, celle qu’il fait jaillir dans l’âme du croyant : il n’a plus soif à jamais. La femme lui dit : «Donne-moi cette eau, afin que je n’aie pas soif» (Jean 4:15), comme nous demandons d’avoir le contentement de l’âme dans le désert de ce monde où tout est opposé à la foi. Un frère disait : «C’est le désert partout, mais j’ai une source chez moi». Avec une source, on peut traverser le désert ; mais avec une outre, comme Agar, on ne va pas loin.
Au fond, tout le monde voudrait bien aller au ciel, mais il y a des problèmes à régler. Le Seigneur ne peut pas ouvrir la porte du bonheur à cette femme sans lui avoir dit, en grâce, la vérité. Elle venait au puits en cachette, quand personne n’y était. Mais, après que Jésus lui eût parlé, elle laisse sa cruche et va trouver les gens : «J’ai trouvé un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait». Le chemin du bonheur passe par la conscience. Tout le monde a des problèmes de conscience à régler. Personne n’aimerait que toute sa vie soit produite en public. Pour que Dieu nous bénisse, il faut qu’il voie tout, entre partout, déploie tous les replis de notre vie. Des fautes pèsent parfois lourdement sur la conscience et sont un obstacle pour la réception de la foi. Il faut venir à Jésus et tout lui dire ; il peut tout entendre, même les choses les plus épouvantables. Il les connaît, mais il faut que nous nous mettions d’accord avec lui pour les condamner. Vous n’apprenez rien à Dieu en confessant vos fautes, mais la valeur de la confession, c’est la confirmation de votre accord avec lui quand il vous condamne. La fraude a disparu du coeur. Toute la vie chrétienne se joue au-dedans de l’âme ; l’extérieur, les faits eux-mêmes, ce que vous paraissez, ne comptent pas.
Qu’est-ce que votre vie ? Quelle en est la signification ? Quel est votre passé, votre présent, votre avenir, votre raison d’être ? À quel espoir vous accrochez-vous ? Il n’y a pas d’explications à la vie humaine en dehors de Christ. Christ est la clé de l’énigme de ce monde. En dehors de lui, en dehors de la Parole, la vie n’a pas de signification. Tout est provisoire ; Dieu seul nous donne ce qui est définitif, inaltérable, absolu. Il nous place devant les problèmes éternels, et lui seul en donne la solution dans l’Écriture.
En Luc 10, nous voyons Jésus dans une scène familiale, dans la maison de Béthanie, la seule où il était à l’aise. Un des trois personnages sort de sa place : Marthe fait un reproche au Seigneur, comme s’il ne savait pas ce qu’il avait à faire. «Marthe était distraite par beaucoup de service» (v. 40). Le service ne doit pas passer, dans notre coeur, avant le Maître. «Marie a choisi la bonne part qui ne lui sera pas ôtée» (v. 42). Pour bien servir, il faut bien écouter. Un bon serviteur vit près de Jésus, et il sait ce qu’il doit faire. Pour servir, il faut cultiver la communion avec le Seigneur tous les jours avec un grand soin. Rester tranquille avant d’agir, pour agir en obéissant. Le Seigneur en donne l’exemple en Jean 11. On le harcèle : «Seigneur, Lazare est malade», et il ne bouge pas. Il reste dans la dépendance de son Père, même si tout le monde est contre lui. Il attend, et Lazare meurt. En apparence, il avait eu tort d’attendre. Et quand le moment est venu, il se lève, il part, et, au lieu de guérir un malade, il ressuscite un mort, chose plus extraordinaire encore à la gloire de Dieu.
Il faut suivre le Seigneur, et non pas le précéder. Marie a appris cela aux pieds de Jésus :
— aux pieds de Jésus, pour apprendre de lui ;
— aux pieds de Jésus, pour pleurer dans l’épreuve ;
— aux pieds de Jésus, plus tard, pour répandre le parfum et adorer.
Nous sommes souvent paresseux, égoïstes, enfoncés dans nos propres pensées; c’est vrai : nous manquons de dévouement, mais nous manquons aussi de dépendance. La préoccupation de soi-même, et même la préoccupation du service, peuvent éloigner du Seigneur ; voilà la subtilité de l’ennemi. Aller avec le Seigneur, mais le faire passer, lui, le premier. Quand nous devons rester tranquilles, restons tranquilles ; quand nous servons, servons avec lui ! «Pour moi, vivre c’est Christ», disait l’apôtre Paul. Ce n’est pas prêcher, cela, et il a pourtant prêché toute sa vie. Ceci peut expliquer beaucoup la faiblesse actuelle des frères ; ils manquent de dépendance et de communion avec le Seigneur. Ceux qui entreprennent trouvent les autres paresseux ; mais l’excès des uns ne corrige pas l’excès des autres. L’équilibre, c’est à la fois la dépendance dans le secret, la ferveur dans son coeur et, comme fruit, le dévouement à l’extérieur. Quand nous avons été paresseux onze mois de l’année, ces onze mois sont perdus ; quand nous avons été actifs sans le Seigneur, la perte est la même. Paul, avant sa conversion, dépensait de l’énergie jusqu’à mettre à mort les membres de Christ. Il pouvait dire : «Quant à la justice qui est par la loi, étant sans reproche» (Phil. 3:6). Une fois sa volonté brisée, il a dit : «Que dois-je faire, Seigneur ?» (Actes 22:10) ; il n’avait pas perdu son énergie, mais il la mettait au service de son Maître. Si nous n’apprenons pas avec le Seigneur, il peut permettre qu’on apprenne par le mal ce qu’il y a dans notre coeur : c’est l’école de Satan. Apprenons plutôt avec Dieu !
Que Dieu grave sa Parole dans nos âmes à tous ! Que le débordement d’activité inouï de nos jours ne détourne pas notre attention de l’essentiel ! Le monde est un grand fleuve qui va se jeter dans le cours de l’éternité.
[LC n° 57]
28 février 1971
Considérons les effets et les manifestations de l’Esprit dans l’âme. Le Seigneur est né de l’Esprit. Un chrétien reçoit le Saint Esprit comme personne divine. Le baptême du Saint Esprit concerne les croyants du Nouveau Testament. Dans l’Ancien Testament, le Saint Esprit manifestait sa puissance, au point même de faire parler une ânesse, mais il n’est pas venu demeurer dans les croyants. Il n’est descendu sur la terre comme personne divine qu’après la glorification de Christ.
«Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit» (Jean 3:5) : l’Esprit vivifie, l’eau purifie. Aucune éducation religieuse ne peut donner la vie ; la nouvelle naissance est l’opération divine dans l’âme (Jean 3:3). «À cause du support des péchés précédents» (Rom. 3:25), parce que Dieu avait en vue la croix, les croyants de l’Ancien Testament ont été vivifiés. «Il en sortit du sang et de l’eau» (Jean 19:34) : la vie est dans le sang ; le sang, c’est l’expiation qui a été faite à la croix. Celui qui reçoit la vie divine, c’est un être nouveau qui prend naissance ; il est purifié, et c’est le Saint Esprit qui produit cela. Les saints du millenium seront vivifiés, mais ils ne seront pas scellés ; c’est pourquoi l’expression de Jean 3:8 est un peu vague : «Le vent souffle où il veut, et tu en entends le son ; mais tu ne sais pas d’où il vient, ni où il va». Il n’est pas question de l’Église ici. La nouvelle naissance et le sceau du Saint Esprit peuvent être distincts ou simultanés. On n’est pas membre du corps de Christ sans être scellé, parce que c’est le Saint Esprit qui forme le corps. «Baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Cor. 12:13) : c’est une vérité fondamentale pour l’Église.
«Dieu ne donne pas l’Esprit par mesure» (Jean 3:34) : il ne s’agit pas de l’action de l’Esprit, mais de sa personne. Rien, sur la terre, n’est plus cher au Seigneur que son épouse ; rien n’est plus cher au Seigneur qu’une assemblée locale, expression de l’Église tout entière. Et toute l’activité de l’Esprit est de nous présenter les trésors de l’époux, comme Éliézer présentait les trésors d’Isaac à Rebecca. Les affections des saints doivent être orientées dans le sens même des affections de Christ : donner au Seigneur la joie que donne l’épouse à l’époux. Rien n’est plus cher pour Christ que l’affection de l’épouse, et celle-ci a mille manières de la lui montrer, et surtout dans les détails. Que l’évangélisation ne détourne pas les saints de cela !
[LC n° 58]
15 juin 1947
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 130
Tous les jours, nous faisons l’expérience qu’il n’y a rien dans le monde qui puisse nous satisfaire. Le bonheur doit être retrouvé tous les jours ; nous avons à revenir tous les jours au bonheur que le Seigneur Jésus nous a fait connaître, revenir à lui et à sa Parole.
Une âme qui ne connaît pas Dieu peut connaître beaucoup de choses, elle a peut-être cherché de bien des manières à donner un sens à sa vie, mais elle n’a pas rencontré Dieu. Elle a poursuivi un objet, l’a laissé pour en prendre un autre, pour l’abandonner à son tour et s’attacher à un troisième : une idole en a remplacé une autre, plusieurs même parfois ont cohabité dans le coeur. C’est l’état de l’homme dans ce monde, c’est notre propre histoire. Celui qui est pauvre trouve, dans le cadre où il vit, des objets qui satisfont son coeur pendant un temps : une passion, puis une autre ; il rompt des chaînes pour se laisser lier par d’autres. L’homme cultivé, lui, poursuit la culture, le savoir, ce qui n’est, au fond, qu’un désir d’assouvir la faim et la soif de son âme par une passion, plus noble peut-être, pour parler à la manière des hommes. Le coeur est un temple dans lequel une idole, vile ou moins vile, demeure. Les êtres humains, à tous les degrés de leurs activités, ne vivent pas pour faire telle ou telle chose, mais vivent de telle ou telle chose, qui est au fond leur raison de vivre. Le coeur d’un homme est un désert brûlant, dont rien n’éteint les exigences. Les hommes ne sont pas maîtres d’eux-mêmes ; ils sont les jouets de leurs propres convoitises et de leurs passions. Pour voir le monde ainsi, il faut la lumière de la Parole de Dieu. Ce ne sont pas les penseurs qui nous éclairent, bien qu’il leur arrive d’éclairer le jeu des pensées et des sentiments humains.
Un homme sans Dieu est très difficile à ébranler, parce que ses idoles sont sa vie. Dire à un inconverti de ne pas aimer les plaisirs ! Autant lui dire : «Tuez-vous», parce que la terre seule occupe ses pensées. Les idoles, ce peut être aussi les richesses — «elles se font des ailes, et, comme l’aigle, s’envolent vers les cieux» (Prov. 23:5) — ce peut être la gloire, l’ambition : tout cela, c’est du mensonge. On est content d’être éclairé par la Parole pour ne pas se tromper de chemin et devoir dire un jour : «Je me suis trompé toute ma vie, j’ai vécu, travaillé, bâti dans le faux. Ce que j’ai pensé était faux ; ce que j’ai fait était faux ; tout est à recommencer, mais l’occasion ne m’en est plus offerte. Je vais au ciel, mais j’ai manqué ma vie». Celui qui est chrétien de nom seulement se dira : «J’ai perdu le ciel». Le monde se nourrit de mensonges ; les livres en sont remplis, non pas toujours dans l’exposé des faits, mais dans l’orientation qu’ils donnent au coeur et à l’esprit. Mais Dieu nous donne un lieu qui s’appelle le rassemblement des saints autour de Christ et de sa Parole, où des voix couvrent les mensonges qui font le tour de la terre aujourd’hui. Si un rassemblement porte le caractère d’Assemblée de Dieu, il est «la colonne et le soutien de la vérité» (1 Tim. 3:15).
Dieu peut répondre à tous nos besoins : il n’y a personne à qui Dieu ne puisse répondre pour bénir ; aucun besoin ne le prend au dépourvu. Vous êtes acculés par votre misère et vos péchés, tant mieux ; l’indifférence est l’état le plus terrible de l’homme, de l’âme qui pèche et qui «s’essuie la bouche, et dit : Je n’ai point commis d’iniquité» (Prov. 30:20). Mais nous sommes devant Dieu, dont la gloire suprême est de dire : voilà ton péché, nous allons le regarder de près, et je ferai passer l’iniquité de ton péché. Quand tu ne pourras plus retenir l’aveu de ce que tu es et de ce que tu as fait, je me charge de couvrir ton propre péché. Voilà notre Dieu Sauveur ! C’est l’histoire du salut, c’est l’histoire de toutes les restaurations. Un chrétien ne peut aller très loin sans Dieu, dans le chemin du salut, mais il peut aller très loin dans le mal.
Quand Jésus a passé sur la terre, il n’a pas rencontré des justes, mais des pécheurs : une pauvre Samaritaine, des pharisiens prétentieux, un Nicodème bien intentionné. Les gens, dans ce monde, recherchent les relations les plus hautes et tâchent de les conserver au prix de toutes les concessions possibles, même les plus dégradantes. Jésus est venu dans une crèche, il était charpentier, fils de charpentier. Tout le monde n’est pas charpentier, mais tout le monde peut avoir l’esprit d’un charpentier. Nous magnifions volontiers la providence de Dieu quand elle nous élève et, quand elle nous abaisse, nous lui tournons le dos. Le Seigneur Jésus, «sur toutes choses Dieu béni éternellement» (Rom. 9:5), rencontre une pauvre femme, à laquelle nous n’aurions peut-être même pas voulu adresser la parole. Se pencher, regarder ses plaies, voir leur laideur, avons-nous peur de cela ? C’est une épreuve pour la foi, il faut le faire avec Christ pour le faire comme il faut.
«Il fallait qu’il traversât la Samarie». Jésus arrive à Sichar à midi, en plein jour ; il y avait une femme toute seule : Jésus seul avec une âme qui ne voulait rencontrer personne. Le Seigneur lui parle : «Donne-moi à boire». Il s’adapte à l’état de cette âme, comme nous devrions toujours le faire. Puis, peu à peu, il l’amène là où il veut l’amener : «Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive» (Jean 4:10), celle qui apaise, qui désaltère, qui jaillit du coeur de Dieu par le Saint Esprit. Si nous parlions de l’amour de Christ dans la plénitude d’un coeur satisfait, les hommes diraient : voilà quelqu’un qui a quelque chose que je n’ai pas. Mais si notre coeur n’est pas rempli de Christ, il est plein des choses de ce monde ; nous parlons des affaires du monde, et les gens disent : voilà un homme exactement comme nous, et il se dit chrétien ! Un homme n’est pas ce qu’il dit, mais ce qu’il aime. On s’agite beaucoup, comme les faux prophètes du temps d’Élie : ils étaient des centaines, se faisaient des incisions, invoquaient leurs dieux, offraient l’holocauste, mais le feu n’est pas descendu sur l’autel. Des chrétiens qui ont eu des idoles dans le coeur crient à Dieu, et Dieu ne répond pas. Il faut que notre coeur soit rempli de la jouissance de Christ. On n’arrose pas avec un arrosoir vide.
Le Seigneur met le doigt sur un besoin profond que cette femme connaît très bien : elle a bu à cette fontaine bien souvent et elle a toujours soif. C’est l’histoire de toutes les existences. «La femme donc laissa sa cruche» (Jean 4:28). La cruche, c’est le métier, les occupations, les soucis. Mais quelque chose passe avant : trouver Christ. Le travail après, Dieu d’abord ! Le Seigneur dit : «Les soucis de ce siècle et la tromperie des richesses étouffent la parole» (Matt. 13:22). Que répondre à Dieu quand il nous dira : Tu as perdu ta journée ? Ah, mais j’avais mon travail ! Il nous arrive même de perdre une journée en ayant l’air de la dépenser pour Christ.
Le Seigneur parle d’abord à la conscience : «Va, appelle ton mari, et viens ici». Le Seigneur sonde les coeurs et les reins. Tout ce que la Samaritaine a fait, dit, pensé, est comme un livre ouvert devant Christ. Mais elle ne le comprend pas tout de suite : «Je n’ai pas de mari». Ce n’est pas vrai. Le tranchant de l’épée a touché le point sensible. «Tu as bien dit». Un demi-mensonge plus une demi-vérité ne font pas une vérité. Alors le Seigneur lui dit : c’est vrai ; mais «tu as eu cinq maris, et celui que tu as maintenant n’est pas ton mari». On sent la plénitude de la déité en Jésus. Dieu est amour ; la femme ne part pas ; Dieu est lumière : il ne lui cache rien. La femme ne voyait pas cela ; mais nous, maintenant, nous nous rassasions des beautés de Christ, de la perfection de Christ, de Dieu en Christ dans cette scène. Seul l’amour de Dieu peut nous donner la force de nous tenir devant lui quand il découvre ce que nous sommes. Dans le monde, lorsqu’un homme révèle à un autre ce qu’il a fait, il préfère disparaître ; la femme reste là. Jésus ne cache rien, mais il parle avec tendresse, sans flatterie non plus. Jouir de Dieu, oui, boire de l’eau vive, oui, mais seulement quand l’état moral sera réglé. Ne fuyons pas cette vérité ! Pourquoi tant de faiblesse dans nos vies personnelles ? Parce que nous reculons devant notre propre examen de conscience devant Dieu. Nous n’avouons qu’à moitié, nous dissimulons l’entière vérité. L’homme s’est modernisé dans ses façons de circuler et de se vêtir, mais, moralement, il est toujours le même.
La Samaritaine cherche alors une échappatoire ; elle invoque une religion pour dire qu’elle n’est pas tout à fait mauvaise : je ne suis pas une païenne parce que j’habite à Samarie ; moi aussi j’ai ma religion ; moi aussi je me réclame de Moïse ; et ce puits-là a été creusé par notre père Jacob. On entend souvent cela : toutes les religions dérivées du christianisme se valent. «Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité». Il s’agit de connaître Dieu, ses droits et sa nature. À cause de son infidélité, l’homme tend à renfermer Dieu dans le cadre de l’homme. Mais nous avons affaire à Dieu selon les droits éternels de sa nature et de sa gloire ; nos privilèges ne les atténuent pas. Dieu n’abaisse jamais le niveau de ses exigences. Est digne de la gloire de Dieu celui qui est recouvert de Christ. Sans la communion avec Dieu — et nous ne pouvons pas avoir communion avec Dieu sur un faux terrain — nous disons : j’adore à Jérusalem, ici et là. Mais Dieu est toujours ce qu’il est, et un homme, où qu’il soit, a toujours affaire à celui dont la nature est immuable éternellement. Il ne faut pas dire : approchez-vous, Dieu s’arrangera bien avec vous ; non, mais : vous êtes un pécheur, voilà votre plaie ; il faut la regarder avec Dieu, et non pas la cacher d’un voile fragile que Dieu déchirera d’un geste. On craignait beaucoup les prophètes de l’Ancien Testament ; quand un prophète arrivait dans un village, on tremblait : «Ta venue est-elle la paix ?» (1 Sam. 16:4). Il avait souvent des choses redoutables à annoncer de la part de Dieu. Enfants de chrétiens, descendants d’une nombreuse lignée de chrétiens, Dieu, aujourd’hui, veut s’occuper de vous selon sa propre nature, comme si vous étiez la seule âme au monde. Il a maintenu toute sa gloire à la croix de notre Seigneur Jésus Christ. Jésus est mort pour dire : Dieu est saint. Jésus est mort pour montrer que Dieu est amour et lumière.
Une révolution est opérée chez cette femme ; elle est allée au puits avec sa cruche, elle s’en va en oubliant sa cruche. Dieu a brisé une chaîne ; cette femme a changé. Et personne ne pose de question à Jésus parce qu’il a parlé à cette femme : quel rayonnement moral, quelle autorité morale ! Plus il s’abaisse, plus la grandeur de sa personne rayonne, alors que les hommes ont besoin de tant de précautions pour maintenir leur réputation. C’est le souci de la plupart des hommes, et plus ils s’élèvent, plus ils s’efforcent de préserver leur réputation.
Quel exemple ! «Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son oeuvre». Le Seigneur était toujours là où Dieu voulait qu’il soit, il disait toujours ce que Dieu voulait qu’il dise ; il avait l’approbation de Dieu en tout temps et en tout lieu. L’obéissance, c’est pratiquement la perfection ; mais l’obéissance dans la dépendance est difficile. Que le Seigneur nous donne de nous y appliquer !
[LC n° 59]
Rocheville — 31 décembre 1965
Il y a, dans les écrits de l’apôtre Jean, une source d’instruction, de bénédiction, d’un caractère particulier.
L’évangile de Matthieu nous présente le Messie. C’est pourquoi il y a tant de citations pour démontrer que cet enfant et cet homme, sous un aspect tout à fait inattendu et pas du tout attrayant, était le Messie.
L’évangile de Marc nous présente le parfait Serviteur, un homme qui a toujours travaillé. Il n’a pas pris de repos. Mais le travail du Seigneur n’était pas un travail comme on le voit souvent. C’était un travail parfait. Nous sommes souvent, ou paresseux, ou agités. Ni l’un ni l’autre de ces deux états n’est le bon.
Le Seigneur a eu une vie telle, que cet évangile de Jean nous déclare, à la fin, que le monde entier ne pourrait pas contenir ce qui serait écrit pour dire ce que Jésus a fait. C’est difficile à concevoir, mais c’est écrit. On dirait quelquefois que le Saint Esprit se plaît, se complaît, à affirmer des choses, comme pour jeter un défi à l’incrédulité, comme pour dire à l’orgueil qui est dans le coeur de l’homme : «Ah, vous prétendez pouvoir tout expliquer ? Expliquez un peu ce que je dis ici». Dieu se moque des moqueurs ; et il donne la grâce aux débonnaires, aux humbles.
Dans l’évangile de Marc, c’est donc le Serviteur. Nous le voyons toujours au travail. Et dans l’évangile de Luc, c’est l’Homme, un homme au milieu des hommes, semblable à eux à part le péché.
Dans l’évangile de Jean, c’est le Fils de Dieu, ou Dieu le Fils. Il n’y a pas de naissance à indiquer, pour celui qui est le Fils de Dieu. C’est sa nature éternelle qui est présentée d’emblée, et son rejet.
Étudier les évangiles, ce n’est pas les lire d’une manière hâtive. Les évangiles sont, évidemment, le coeur de la vérité. Et, en particulier dans les écrits de Jean, nous trouvons une beauté, un charme moral et spirituel, qu’on ne trouve pas ailleurs. Une majesté, une grandeur, une gloire, un rayonnement divin, dans un homme, font l’attrait des écrits de Jean, et provoquent l’irritation et l’opposition des incrédules. Pour les hommes, aucun évangile n’est facile à expliquer ; mais l’évangile de Jean moins que tous les autres.
Les écrits de Jean nous présentent les natures, la nature, du Seigneur. Il est Dieu. Les épîtres nous présentent la nature qui est dans le chrétien. Tandis que l’apôtre Paul présente le chrétien dans sa position : un homme justifié, accepté, glorifié, l’apôtre Jean, non. Il présente le chrétien comme un enfant de Dieu, participant de la nature divine, dont Jésus est la vie, et dont la mission, ici-bas, est de manifester ce que Jésus a manifesté, de marcher comme lui a marché.
Soyons attentifs à l’Écriture. Et n’allons pas dire «vivre comme il a vécu», car ce n’est pas vrai.
L’étude de l’Écriture, pour qu’elle soit profitable, doit être faite avec sérieux et persévérance. Une première lecture nous permet de découvrir des vérités, une seconde d’en découvrir de plus cachées, et ainsi de suite ; mais, bien entendu, avec le secours de l’Esprit.
Nous voyons Dieu dans un homme. C’est la déité manifestée ici-bas. Cet évangile donne le récit de plusieurs rencontres individuelles, qui ont chacune une signification propre et profonde.
Ici, le Seigneur se trouve en présence d’une femme bien malheureuse, à laquelle il va parler de l’eau de la vie. C’est toujours l’évangile. Mais, dans l’évangile, il n’y a pas que la justification. L’homme n’est pas seulement coupable ; il n’est pas seulement souillé ; il est aussi misérable. Même celui qui réussit très bien dans ses projets n’est pas heureux. L’homme est un être très malheureux. Il se jette à corps perdu à la poursuite des choses du monde, pour essayer d’oublier sa misère. Quand on parle du bonheur, on en parle comme ne sachant pas ce que c’est ; bien qu’il y ait des joies légitimes, mais toujours mélangées de toutes sortes de choses, et toujours, aussi, placées sous le signe d’une précarité propre à maintenir toujours dans l’effroi.
Rien n’est sûr ; et l’homme n’est pas heureux. Il est comme un être désemparé, errant. Il est comme un banni. Si l’homme était heureux et dans son état normal, il n’aurait pas besoin de travailler. Adam et Ève n’auraient jamais travaillé, jamais fait d’études, jamais cherché à atteindre un but quelconque. Quelle était la place d’Adam et Ève ? Jouir de ce que Dieu leur avait donné. Ce sera le privilège des élus, des croyants, des chrétiens, dans la maison du Père. On n’entreprendra rien, dans le ciel. En Dieu, il y aura le repos dans une activité parfaite. Jouir de Dieu, cela suffira.
La curiosité (nous sommes tous très curieux) est aussi l’expression de cet état morbide d’un homme. Adam et Ève ne se seraient pas demandés comment Dieu avait fait le monde. Ils n’auraient pas étudié les mystères de la création. Que les jeunes le retiennent bien. C’est aussi cela qui prouve la chute ! Tous ces déploiements extérieurs d’activité, et tous les exploits du génie de l’homme, sont une démonstration éclatante que l’homme est un être tombé. Il est bon que les chrétiens pensent à cela. Dans cette mesure même, les choses de ce monde, non seulement n’éblouissent pas le chrétien, mais le chrétien en perçoit la vraie valeur.
La vérité n’est pas quelque chose de vague, dont l’Assemblée est colonne et soutien. L’état normal des saints est de chercher à connaître davantage la pensée de Dieu sur toutes choses.
Le Saint Esprit ne nous est pas donné pour que nous marchions comme si nous ne l’avions pas. Le Seigneur nous demandera compte de la manière dont nous avons mis à profit ce don merveilleux. Nous n’avons pas à passer notre vie à convaincre les incrédules que nous avons la vie éternelle. Nous avons à leur montrer ce qu’est un homme qui a le Saint Esprit, et leur montrer aussi que cet homme ne se laisse pas tromper par le monde et par Satan.
Tous les moralistes échouent ; tous les philosophes échouent. Beaucoup se passent de Dieu. Le chrétien a la vérité divine.
Pensez à cela pour vos enfants, pour ne pas aider à Satan à les séduire. L’enjeu est important. Un frère disait : Il y a une philosophie divine ; elle est toujours de mon goût. Nous avons à être en garde contre la philosophie des hommes, parce que cette philosophie n’est pas la sagesse, quoiqu’on en dise. La philosophie divine est la sagesse. Elle nous instruit sur tout ce que nous devons savoir, pour le temps et pour l’éternité. Ce sont des choses qui sont instructives au plus haut degré, bienséantes, édifiantes, qui forment l’âme et qui la fortifient.
Il n’y a pas deux vérités. Il n’y en a qu’une : «Je suis le chemin, et la vérité, et la vie». C’est Jésus qui est la vérité. Il n’est pas dit que Dieu soit la vérité. Dieu est vrai, et Jésus est la vérité ; parce que la vérité a quelque chose de relatif. Elle dit ce qui est dans les rapports entre les choses, entre les êtres.
L’homme est un être misérable. La meilleure démonstration qu’il n’est pas heureux, c’est qu’il court toujours après le bonheur. Le chrétien l’a obtenu. On n’oserait pas dire que le chrétien est toujours heureux, mais il pourrait l’être.
À cette femme, le Seigneur lui dit : «Je te donnerai de l’eau». Au ch. 6, il dit : «Celui qui mangera de ce pain vivra éternellement». Qu’est-ce que cela veut dire ? Comment voulez-vous qu’un incrédule comprenne cela ? Le chrétien dit : «Je connais la source. Je la connais parfaitement bien. J’en use mal, mais je la connais. Cette eau m’a donné ce que personne ne m’a jamais donné, et que personne ne pouvait me donner».
Voilà la rencontre d’une âme avec Dieu. Il ne s’agit pas seulement de raconter de belles histoires, ni des vérités doctrinales, là. Cette connaissance de Dieu doit s’approfondir. Il ne serait pas mauvais que des âmes jeunes soient troublées par l’état des choses, dans ce monde, et par cette absence, partout, chez tous les hommes, dans toutes les couches sociales, toutes les sphères de l’activité humaine, d’une certitude. C’est une douloureuse, mais profitable, méditation ; une assurance quant au vrai bonheur, un bonheur qui soit définitif ; une assurance quant à la connaissance d’une vérité qui n’est pas ébranlée par ce qui se dit ni ce qui se fait.
Quand l’âme n’en peut plus, qu’elle voit que tout est vanité et poursuite du vent, elle peut être portée à crier à Dieu. Quand Dieu répond, la lumière se fait. Nous connaissons celui qui a le pouvoir de donner l’apaisement et la satisfaction, à une âme, pour l’éternité. Quand personne ne peut donner de réponse, Dieu permet qu’il en soit ainsi, pour qu’on soit bien obligé de se tourner de son côté. Quand l’âme en est là, elle s’attache à Dieu comme elle s’attache à nul autre. Elle a trouvé Dieu. C’est un fait inouï, sans précédent. Cela marque une vie pour l’éternité.
C’est le fait capital de la vie d’un homme. Avez-vous pensé cela pour vos enfants ? Avez-vous pensé que c’était le fait capital pour eux, et qu’auprès de cela, tout le reste est de peu du poids ?
Cette femme n’avait pas trouvé beaucoup de bonheur, dans ce monde. Le Seigneur la prend juste au point où elle en est. Nous devons toujours faire ainsi : nous adresser aux âmes au point où elles en sont. Il ne s’agit pas de présenter une grande vérité à un homme dont la conscience est endurcie. Il faut donner quelque chose qui atteigne sa conscience. Le Saint Esprit seul peut nous conduire à le faire.
Il n’y a pas d’uniformité, dans les activités des croyants. Une âme aura besoin d’être consolée ; une autre aura besoin d’être avertie. Elles pourront ainsi être bénies, l’une et l’autre.
Jésus parle à cette femme et lui dit : «Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, moi, n’aura plus soif à jamais». Le Seigneur va l’atteindre. Cette âme était plutôt désemparée de rencontrer quelqu’un (elle est sortie à une heure où elle était seule, car elle avait honte). Et voilà quelqu’un qui lui adresse la parole. N’importe lequel d’entre nous, qui a une marche convenable, se serait sans doute détourné. Mais le Seigneur s’occupe de cette âme, et lui parle de l’eau qui désaltère. Elle avait une soif inextinguible. La misère était sa portion, ici-bas. Mais le Seigneur ne va pas la bénir simplement pour la soulager de sa misère. Il ne lui a pas donné de l’argent pour que, de pauvre, elle ait une certaine aisance. Il ne transforme pas sa vie extérieure, comme on cherche souvent à réduire les effets du christianisme. Le Seigneur ne fait jamais cela. Il dit : «Attention au feu inextinguible !». Qu’est-ce que la pauvreté, en comparaison du feu inextinguible ?
Satan remporte une victoire, quand il transforme le christianisme en une entreprise de charité. C’est un triomphe de Satan, sous la bannière du christianisme.
N’est-il pas frappant que le Seigneur ait laissé, à la fin de sa carrière, autant de pauvres qu’il en avait trouvé ? Le christianisme n’est pas fait pour enrichir le monde. Avec le confort, les gens oublient davantage le christianisme, et ils perdent leur âme. «Que profitera-t-il à un homme… et qu’il fasse la perte de son âme ?» (Matt. 16:26).
Avez-vous vu les choses ainsi ? C’est la vérité permanente, éternelle. Jésus parle à cette femme. Il a quelque chose à atteindre dans son âme. «Va, appelle ton mari, et viens ici». C’est admirable, et combien solennel. Le Seigneur donne là des vérités fondamentales, que n’importe qui peut comprendre. «Va, appelle ton mari». «Je n’ai pas de mari» : première flèche. Voilà comment nous avons affaire aux âmes. Il ne s’agit pas de leur dire : «Tout ira bien». Il ne s’agit pas de faire, sans réflexion, l’aimable avec les âmes. Jamais vous ne trouvez cela, chez le Seigneur.
Il ne faut pas faire comme si Dieu se mettait à genoux pour supplier les âmes. L’apôtre supplie : «Nous supplions pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu» (2 Cor. 5:20). Mais Dieu garde sa majesté, toujours. Nous avons à la proclamer. Il y a une dignité dans tous les services chrétiens.
Cette femme était une Samaritaine. Elle avait sa religion. Il y a tant de gens qui ont une religion chrétienne, et qui sont dehors, autant que les païens. Cette femme dit : «Ne serais-tu pas un prophète ?». Toutes les fois que le Seigneur parle à une âme, pour s’en occuper, l’âme est amenée à sentir que Dieu sait, que Dieu connaît, que Dieu sonde les coeurs. Le Seigneur honorait cette femme de sa présence. Mais il ne pouvait pas la bénir autrement qu’en la sondant. C’est une très grande leçon.
Le Seigneur parle à cette femme, d’abord d’une manière qui attire son coeur. Elle avait une très mauvaise position. Elle avait honte, n’est-ce pas ? Nous savons bien, dans ce pauvre monde, que, quand un homme est en bas, tout le monde le piétine un peu plus, d’une manière ou d’une autre.
Le Seigneur commence à parler à cette femme, de manière à lui donner un encouragement intérieur. Mais il ne peut pas manquer de vérité à son égard. Alors, après, il s’occupe de sa conscience. Le coeur, la conscience : retenons bien cela. Les deux doivent être touchés, dans une âme, pour la conversion ou pour la restauration. Beaucoup ne parlent que du coeur. On fait pleurer les gens ; on pleure avec eux ! Laissez cette âme au Seigneur. Et, si le Seigneur vous emploie, demandez-lui qu’il fasse son travail, et qu’il vous enseigne ce que vous devez dire ou devez faire.
Voilà donc cette femme. Si le Seigneur avait commencé par lui dire : «Je connais ta situation», elle serait partie tout de suite. Mais elle est attirée par les paroles de grâce du Seigneur, en voyant quelqu’un qui sait exactement ce qu’il en est d’elle. Et elle ne s’en va pas. C’est toujours ce qui se passe, quand Dieu s’occupe d’une âme, pour la restauration ou pour la conversion. L’âme est à la fois attirée et tenue dans la crainte.
Les deux choses sont vraies. Mais que Dieu nous enseigne à ne pas penser que nous pouvons faire un travail, à moins que nous dépendions du Seigneur. Qu’il nous enseigne à lui demander que lui-même conduise ceux dont il se sert, à faire ce qui doit être fait.
Un changement considérable s’est produit, chez cette femme. Elle laisse sa cruche ; elle s’en va. Que va-t-elle leur dire ? Cet homme m’a dit tout ce que j’ai fait. Vous le savez bien ; il me l’a dit. Où trouvez-vous ailleurs des scènes comme celles-là ? C’est le doigt de Dieu. C’est admirable. Nous tous, chrétiens, nous avons bien des enseignements à tirer de cela.
Avec Dieu, l’essentiel, c’est la vérité ; et puis l’humilité, la confession de ce qu’on est, de ce qu’on a fait ; l’aveu de cette misère, que cette misère soit morale (c’est le point le plus solennel), ou qu’elle soit dans nos circonstances. Dieu ne peut pas faire autrement qu’avoir en vue, toujours, sa gloire. Nous, nous n’avons pas toujours sa gloire en vue. Mais alors, c’est Satan qui nous mène, ou nous sommes conduits par nos convoitises ; mais ce n’est jamais Dieu qui nous conduit.
Que le Seigneur nous accorde de ne pas faire de la Parole de Dieu un ensemble de vérités générales et vagues. La Parole de Dieu, c’est Christ. Et Christ est une personne, un être, qui est à la fois Dieu et homme. Il est homme, pour être pour nous, et il est Dieu. En lui, la plénitude de la déité habite (Col. 2:9). C’est inexprimable.
Dans le chapitre 6, nous avons vu aussi que le Seigneur dit : «Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; et celui qui croit en moi n’aura jamais soif». Un chrétien est un homme qui a éprouvé que cette eau apaise la soif, mais véritablement. Cette eau que Jésus donne fait taire la soif. Rien, dans ce monde, ne l’étanche. Nous, nous sommes des créatures dépendantes. Et le propre d’une créature, c’est de dépendre de son Créateur. L’eau que nous buvons est une eau qu’Adam, innocent, n’aurait jamais bue. Il n’avait pas cette source-là. C’est pourquoi il y a gain, par la chute. C’est un gain pour Dieu, et c’est un gain pour les élus. Les élus boiront à jamais une eau qu’Adam n’eût jamais connue.
L’innocence avait ses joies, mais d’un ordre inférieur.
Quand nous avons ainsi le Seigneur, nous ne sommes pas portés à parler tant, mais à vivre. Un homme qui a Christ dans son coeur vit. Cette vie se manifeste au milieu des peines de la terre, au milieu des difficultés. Mais le chrétien a un secret. Si votre voisin, qui n’est pas converti, vous comprend, dans votre vie, c’est que vous êtes infidèle. Un chrétien fidèle est une énigme, pour ses voisins. Personne ne peut comprendre un chrétien. Il a des sources, des ressources ; il a tout un monde à lui et pour lui. Alors ne soyons pas étonnés, si notre christianisme nous conduit à paraître étrange aux yeux des autres ; non par des excentricités, ou par des choses qui frappent les autres ! Il est assez puissant par lui-même sans avoir besoin de ces choses. Montrons la vie de Jésus dans notre chair mortelle. Montrons aux hommes que nous avons un bonheur dont ils ne connaissent pas la plus petite partie, en ne nous jetant pas à corps perdu dans ce dans quoi ils se jettent.
L’apôtre Paul n’avait guère de ces citernes du monde auxquelles il portait ses lèvres. Il pouvait dire : «Je suis content où je me trouve, toujours content». N’allez pas dire que c’était quand même agréable, pour lui, d’être en prison, dans les chaînes, fouetté, dépouillé de ses vêtements, rejeté par tout le monde. Pour être heureux dans toutes les circonstances, il faut qu’il y ait un secret à un tel bonheur. Pourquoi est-il si rarement connu, dans nos vies chrétiennes ? Qu’est devenu notre christianisme ? Un ensemble d’habitudes convenables ! Où trouvez-vous cela, dans l’Écriture ? Le christianisme est une vie, et une vie n’est jamais une habitude. C’est la vie divine dans un homme. Voilà ce qu’est le christianisme.
Le pain, c’est la manne au désert. Ce pain que mange un chrétien, c’est Christ comme homme ici-bas. C’est-à-dire qu’un chrétien considère Jésus, dans les évangiles et dans la Parole de Dieu. Il le considère dans son humanité sans tache. Il le considère par l’Esprit. Voilà un homme qui est humble ; jamais une trace d’orgueil en lui.
On offre à la jeunesse, dans tous les pays du monde, des modèles, pour orienter sa vie, pour la soutenir. On cherche de grands hommes. Le chrétien va chercher plus haut. Il va chercher Dieu manifesté en Christ. Dieu en Christ est le modèle des chrétiens, un homme en qui habite la plénitude de la déité corporellement (Col. 2:9). C’est introuvable ailleurs ! Le chrétien se nourrit de cela. Cela l’encourage, et lui donne des leçons. Un serviteur du Seigneur, qui a passé sa vie à son service, disait : «La chose qui m’a le plus frappé, dans la vie de Jésus, c’est qu’en lui, j’ai trouvé un homme qui n’a rien fait pour lui-même». Voilà le pain de la foi.
Nous nous croyons des gens très bien parce que, en général, nous n’allons pas en prison. Mais il ne faut pas nous comparer aux malfaiteurs ; il faut nous comparer à Christ qui est le modèle. «…nous laissant un modèle, afin que nous suivions ses traces» (1 Pierre 2:21).
Quand nous regardons les choses ainsi, nous sommes portés à jeter notre front dans la poussière. C’est Christ qui est notre modèle. Quelle place tient l’égoïsme, dans notre vie chrétienne ? C’est la recherche de tout ce qui peut nous épargner et nous maintenir nos petits bonheurs personnels. Oh, chers amis, quand on voit la lumière de la vie de Jésus, on se dit : « Qu’est-ce que le tribunal de Christ va manifester de notre vie ? Elle sera éclairée d’un tout autre jour».
Cela doit nous exercer sérieusement.
«Manger sa chair, boire son sang» : comment voulez-vous qu’un inconverti comprenne cela ? Et c’est écrit pour l’éternité. C’est pourquoi les rationalistes se sont acharnés contre ce livre, et continuent. C’est dans ce chapitre qu’il est dit : «Cette parole est dure ; qui peut l’ouïr ?».
«Manger sa chair, boire son sang», cela est dit deux fois.
v. 54 : «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle» ;
v. 56 : «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui».
Je ne peux avoir la vie éternelle qu’en mangeant sa chair (v. 54). Ce n’est pas le pain de vie, cela !
v. 54 : «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle». Celui qui ne le fait pas ne l’a pas. Ceci montre qu’il est impossible qu’un descendant d’Adam, donc un pécheur, ait des relations vivantes avec Dieu, autrement qu’en s’identifiant avec la mort de Christ. Je mange un Christ mort, c’est-à-dire que je reçois, dans mon coeur, par la foi, la sentence de mort que Christ a éprouvée pour moi. Je suis amené, par la foi, à un Christ mort pour moi. Voilà ce qu’est manger sa chair et boire son sang. Le chemin du pécheur jusqu’à Dieu passe par la croix, où l’expiation a été faite. Mais ce n’est pas un fait extérieur. Je le mange ; je le reçois, par la foi. C’est un état intérieur. Quelqu’un qui a mangé la chair et bu le sang de Christ a la vie éternelle, c’est-à-dire qu’il a cru pour lui-même, pas pour son voisin, pas pour son fils, pas pour son père. Il a reçu, par la foi, que Jésus est mort pour lui, et a fait l’expiation, et qu’il est identifié avec Christ dans sa mort. On n’est pas chrétien sans la réception, par la foi, dans l’âme, de cette immense vérité.
v. 56 : «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui». Voilà une autre conséquence. Ici, c’est pour que le croyant, qui a déjà la vie éternelle, jouisse de la communion avec le Seigneur. Cette communion se développe dans la vie d’un chrétien, quand ce chrétien se nourrit d’un Christ mort, et qu’il réalise sa mort avec lui. Dans cette identification avec Christ, il y a là, pour le chrétien, la source de la vie chrétienne pratique, et la communion avec le Père et avec le Fils.
Lisons l’Écriture. Sondons les Écritures ! «Ce sont elles qui rendent témoignage de moi» (Jean 5:39). Plus on entre dans la vérité de sa mort avec Christ, plus la communion avec lui devient profonde, et, par suite, puissante en effets, dans notre vie et notre témoignage.
Manger sa chair, boire son sang, ou manger le pain de vie, ce n’est pas l’apanage de quelques frères seulement. Les soeurs ont aussi des besoins. La femme et l’homme sont égaux, dans leur misère, dans leurs besoins. Mais ils sont aussi identiques, à l’égard du remède et des privilèges que le Seigneur a donnés pour les uns et pour les autres.
Que le Seigneur nous donne de lire, d’étudier, de méditer, toute l’Écriture, ce qu’il a dit et ce qu’il a fait. Que cette Parole habite en nous richement. Si elle n’habite pas en nous richement, autre chose y habitera : les tristes paroles venant des hommes, les sentiments venant de nos coeurs.
Que la gloire, l’amour, la reconnaissance, soient rendus à jamais à celui qui est venu ici-bas pour nous amener, avec lui-même, jusqu’à Dieu, son Père, notre Dieu et notre Père.
[LC n° 60]
10 novembre 1963
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 137
Les pharisiens se glorifiaient de leur propre gloire. Il y a des pharisiens dans chaque religion, même parmi les chrétiens. Satisfaits de nous-mêmes, nous nous décernons facilement en secret des brevets de fidélité. Un chrétien fidèle demande à Dieu de le garder de lui-même. Paul dit qu’il n’est rien, qu’il est le premier des pécheurs (1 Tim. 1:15). Ne pensons à nous-mêmes que pour discerner en nous ce qui doit être confessé. Nous apprenons cela dans la solitude avec Dieu.
«Comment pouvez-vous croire, vous qui recevez de la gloire l’un de l’autre et qui ne cherchez pas la gloire qui vient de Dieu seul ?». Vous recevez d’un côté ce que vous ne devez pas recevoir et, de l’autre, vous ne cherchez pas ce qu’il vous faut. Il y a beaucoup d’hommes qui n’arriveront pas à la foi pour la seule raison qu’ils n’auront pas pu se passer de la gloire des autres. Des frères et des soeurs, vivant pour Dieu, ont préféré perdre leurs frères plutôt que de perdre la gloire de Dieu. Paul ne désirait pas être frustré de cette gloire que Dieu seul peut donner, mais cette gloire est toujours associée à la mort appliquée à nos vies. La gloire des hommes est un mensonge qui, par la flatterie, fait plus de ravage que bien des mots. Jésus a cherché la gloire qui vient de Dieu seul, et il a souffert. Notre chemin est un chemin d’humilité et de petitesse, mais de bénédiction. Le chrétien n’envie pas le monde, car il a conscience de ses richesses en Christ. Le Pharaon et Jacob sont en présence, et Jacob bénit le Pharaon ; le plus humble bénit le plus grand. Soyons humbles devant les hommes, respectant toutes les valeurs, rendant l’honneur à chacun, et soyons conscients des richesses que le Seigneur nous a données. «N’élevez pas en haut votre corne» (Ps. 75:5), car «quiconque s’élève, sera abaissé» (Luc 18:14).
[LC n° 61]
18 janvier 1948
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 144
Nous avons quelque chose à apprendre tous les jours ; si nous n’avons rien appris un jour, nous avons perdu notre temps. Souvent nous veillons moins à la qualité de la nourriture que nous donnons à nos âmes qu’à celle que nous donnons à nos corps. Nous y veillons insuffisamment pour nous-mêmes, mais aussi à l’égard des saints. Une seule chose répond aux besoins de l’âme : la communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ ; la nourriture qui rassasie, c’est Christ. Les vérités les plus précieuses, détachées de la personne vivante de Christ, ne rassasient pas notre âme ; au moment de l’épreuve ou de la tentation, elles ne préservent pas de la chute. Le seul état normal du croyant, c’est la marche avec Dieu et la jouissance de la pleine clarté de sa face.
La Pâque est appelée, par dérision, fête des Juifs (Jean 6:4), et non plus fête à l’Éternel. Dieu avait dit : «Vos assemblées, mon âme les hait» (És. 1:14), parce qu’on y venait sans la crainte de Dieu. Dieu ne nous enseigne pas des théories, mais des vérités vivantes, et il nous demandera compte de tout ce qu’il nous aura révélé.
«Moi, je suis le pain descendu du ciel» (Jean 6:41). Est-ce que nous mangeons Christ tous les jours ? De quoi nourrissons-nous nos âmes ? Quelle que soit la réponse, Dieu la connaît. Qu’avons-nous fait du pain descendu du ciel ? Ceux qui avaient mangé la manne étaient morts ; celui qui mange Christ a la vie éternelle et sera ressuscité au dernier jour. «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang a la vie éternelle» (Jean 6:54). La manne, le pain descendu du ciel, était une nourriture pour le peuple. Mais pour que les croyants puissent se nourrir de Christ, il fallait qu’il meure. Avant de manger Christ comme homme, il faut manger sa chair et boire son sang. Il n’y a pas de relations possibles entre Dieu et un homme, entre Dieu et son peuple, sans la mort de Christ. Le chrétien s’identifie, par la foi, à Christ dans sa mort et bénéficie des résultats de sa mort ; il passe de la mort à la vie éternelle. Le chrétien se nourrit d’un Christ mort et il entretient la vie qu’il a reçue en croyant. Il est dans ce monde comme Jésus : un homme mort, crucifié. Désirons-nous être comme Christ pour le monde, et le monde peut-il nous considérer comme des morts pour lui ? Dieu n’a jamais dit que nous devions attendre d’être dans le tombeau pour mourir. Nous devons réaliser la mort à tout ce qui est dans ce monde et y vivre comme Christ a vécu ; «Il vit à Dieu» (Rom. 6:10). Un christianisme qui nous laisse vivre dans le jeu de nos caprices nous laisse reposer sur notre lie (Soph. 1:12) ; il n’est pas la vérité de Dieu. La vérité de Dieu nous arrache toujours à nous-mêmes et au monde. Hélas, la puissance du christianisme a été remplacée par des vérités, mais ces vérités n’ont de valeur que si elles nous nourrissent d’un Christ mort et ressuscité. Ils sont coupables, ceux qui se contentent d’un christianisme en théorie.
Nous en Christ et Christ en nous, c’est la communion avec Christ. Nous portons le deuil de notre Sauveur ; nous ne pouvons pas nous plaire dans ce monde qui a tué notre Sauveur. Christ seul est indispensable à notre âme, il est notre nourriture, et nous nous glorifions en la croix de notre Seigneur Jésus Christ. Que le Seigneur nous garde dans notre vie privée, dans ce que nous sommes véritablement. Encourageons-nous à manger la chair du Fils de l’homme et à boire son sang, au lieu de flatter l’orgueil du vieil homme !
Lorsque Dieu est le seul objet du coeur, quel bonheur ! Tout le reste devient des ordures. Le chrétien qui ne jouit pas de Christ a besoin d’un objet. «Mais il n’y a pas de mal à cela !», dites-vous. Pas de mal en ce qui chasse Christ de votre coeur ? Bien sûr, il n’y a pas de mal pour le monde ; il y a longtemps qu’il a chassé Christ. Nous avons pleuré plus d’une fois, parce que nous n’avons pas su nous défendre du contact de telle ou telle chose qui nous a fait perdre la communion avec le Seigneur. Notre communion n’est pas avec le monde, ni avec la chair, ni avec ce qui peut la flatter ; elle est avec notre Seigneur Jésus Christ mort sur la croix ; il a écrit le mot «mort» sur le monde, et même sur le chrétien. Notre communion est avec un Christ glorieux à la droite de Dieu. Tout ce qui nous attache à un monde vivant nous empêche de jouir d’un Christ mort.
Jamais la Parole ne nous dit que nous devons mourir à la nature ; nous sommes morts au péché, nous devons mortifier nos membres, nos affections, notre volonté. Nous avons à réaliser le christianisme par la vie de Christ en nous.
Que le Seigneur nous accorde la grâce de nous nourrir de lui, et de réaliser la puissance de sa mort et la puissance de sa résurrection ! Christ n’est pas mort seulement pour nous ouvrir le ciel, mais pour que, dès maintenant, nous vivions à sa suite comme des morts pour le monde et des vivants pour Dieu dans la puissance de l’Esprit !
[LC n° 62]
Dimanche après-midi 12 novembre 1950
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 139
Avec cinq pains, le Seigneur avait rassasié une grande foule ; saisissant cette occasion, il lui parle du pain descendu du ciel. Le vrai pain descendu du ciel n’est pas la manne que le peuple d’Israël avait reçue miraculeusement autrefois dans le désert ; c’est Jésus. Le pain est une nourriture nécessaire au corps de l’homme ; de même, le pain spirituel est nécessaire à son âme. L’âme ne peut pas vivre sans le pain de Dieu : «L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu» (Matt. 4:4). Si nous négligeons la lecture de la Parole, nous sommes faibles. Nous avons besoin d’elle autant que de l’air que nous respirons ou de la nourriture que nous mangeons.
La foule était stupide, comme nous le sommes souvent, inintelligente, fermée aux pensées de Dieu. Elle était contente que le Seigneur lui donne à manger, comme aujourd’hui elle serait contente que Dieu lui donne la santé ou la fortune ; tout le monde — et même les chrétiens — serait content et dirait : cela nous suffit, nous n’avons plus besoin de toi, pourvu que tu nous bénisses dans nos affaires et que tout aille bien pour nous. Mais le Seigneur ne s’arrête pas là ; ce n’est pas la bénédiction matérielle qu’il a en vue pour les chrétiens.
Jésus dit : «Travaillez, non point pour la viande qui périt, mais pour la viande qui demeure jusque dans la vie éternelle» (Jean 6:27) : il s’agit de travailler pour la vie éternelle, et pas seulement pour la vie présente. Puis il dit : «Moi, je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; et celui qui croit en moi n’aura jamais soif» (v. 35). Jésus seul peut répondre aux profonds besoins de l’âme, à la faim et à la soif. Jésus seul les apaise. Le pain, la manne, sont des images de Jésus dans sa vie, un homme au milieu des hommes, qui a participé au sang et à la chair (Héb. 2:14), comme nous l’aurions rencontré si nous avions vécu en son temps. Il a été le pain descendu du ciel, qui donne la vie au monde, et non plus une bénédiction limitée au peuple d’Israël, même si peu de personnes l’ont reçu, dans le monde entier.
Mais Jésus nous invite aussi à manger sa chair et à boire son sang : «Si vous ne mangez la chair du fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous-mêmes» (Jean 6:53), vous êtes morts pour Dieu, vous n’avez pas la vie éternelle. Quelle est donc la portée de cette parole, qualifiée de dure (v. 60) ? Cette affirmation s’adresse aux inconvertis. La chrétienté fait régner cette erreur qu’il suffit d’avoir un Christ vivant pour être sauvé, un modèle qu’il faut suivre. On reconnaît que son amour est allé jusqu’à la mort, mais on exclut l’expiation. Et ce Jésus est celui qu’on prêche de plus en plus dans la chrétienté. Ce n’est pas là le Christ de Dieu (Luc 9:20). L’évangile de Dieu est essentiellement le fait que Jésus est mort sur la croix, non pas parce qu’il voulait montrer l’extrême limite de l’abnégation et de l’amour pour les autres, mais pour accomplir l’expiation. Sous la colère de Dieu, il «a porté nos péchés en son corps sur le bois» (1 Pierre 2:24). On n’a pas la vie éternelle sans le sang de Christ. Un homme qui ne mange pas la chair de Christ et ne boit pas son sang n’a pas la vie éternelle, bien qu’il puisse chercher à imiter Jésus, et le mettre au-dessus de tous les hommes. Manger la chair de Christ, boire son sang, c’est être mis au bénéfice, non pas de la vie, mais de la mort expiatoire de Jésus. Voilà ce qu’il faut prêcher : vous n’entrerez pas dans la présence de Dieu sans que vos péchés soient ôtés par le sacrifice de Christ. Vous pouvez être un très brave homme, extérieurement irréprochable, et être abominable aux yeux de Dieu.
Puis Jésus s’adresse au croyant : «Celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi et moi en lui» (Jean 6:56) ; c’est l’image de la communion. Notre communion est avec un Christ qui a été mort ; nous sommes identifiés avec un Christ mort. Boire le sang, c’est boire la mort. Tout ce qui est vivant dans ce monde n’est pas pour nous ; nous sommes dans ce monde comme Christ est pour le monde : il est mort. Ce monde est le sépulcre vide de Christ. Nous devrions être morts pour le monde ; c’est l’état pratique de «celui qui mange sa chair et qui boit son sang» : il demeure en Jésus et Jésus en lui. Voilà le secret pour jouir du Seigneur !
La cène et Jean 6 se rapportent tous deux à la mort de Christ, mais ils ne sont pas identiques ; d’innombrables hommes auront pris la sainte cène, sous les deux espèces ou sous une seule espèce, sans avoir la vie éternelle pour autant. Prendre la sainte cène ne donne pas la vie éternelle. Le Seigneur nous dit : «Vous vous mettrez à dire : Nous avons mangé et bu en ta présence… Et il dira : Je vous dis, je ne vous connais pas» (Luc 13:26-27). Il faut croire en un Christ mort et être lié à lui par la foi, pour avoir la vie éternelle. C’est l’Ennemi qui a attribué à la cène une vertu que le Seigneur ne lui a jamais donnée. La cène, pas plus que le baptême, tous deux symboles de la mort, ne confèrent en eux-mêmes quelque grâce que ce soit. Celui qui, moralement, a droit à la cène — «droit» n’apparaît qu’une seule fois dans l’Écriture en rapport avec la grâce de Dieu, en Jean 1:12 — c’est celui qui est par la foi au bénéfice de l’oeuvre de Christ.
Au cours des siècles, on a dénaturé la valeur de la cène. On a invité les croyants à ne communier que sous une espèce. Or, le Seigneur dit au sujet du vin : «Buvez-en tous» (Matt. 26:27). Le Seigneur ne parle pas, dans cette expression, de la condition nécessaire pour y avoir part, mais du privilège qui est offert à chacun. On a prétendu que le pain et le vin sont contenus ensemble dans une seule espèce, comme la chair contient nécessairement le sang. Cette prétendue vérité a cours aujourd’hui encore dans la chrétienté. La valeur du symbole est alors perdue. Le pain et le vin séparés l’un de l’autre parlent de la mort de Christ. Si on les réunit, l’image de la mort disparaît, ce n’est plus le mémorial de la mort de Christ. Christ ne vit plus dans le monde ; il est mort pour le monde et nous rappelons sa mort : le pain seul, et le vin seul ; le sang a quitté le corps, le sang a coulé.
Que notre coeur soit attaché au Seigneur et que nous rappelions sa mort avec sérieux et avec des coeurs engagés pour lui, sans réserve !
[LC n° 63]
Dans cet évangile, nous trouvons plusieurs rencontres d’individus avec le Seigneur.
C’est d’abord la rencontre avec Nicodème (chap. 3). Jésus lui dit : Tu veux me parler ? Moi, je vais te parler de quelque chose de nouveau. Et il lui parle de la croix. Le docteur de la loi ne s’attendait pas à cela. C’est un enseignement bon pour chacun de nous, et pour tous. Jésus dit encore à tout le monde : Vous voulez avoir affaire à moi ? Voilà ma croix ; c’est le chemin que je trace. Vous voulez me connaître ? Voilà le chemin où vous avez à marcher.
Il n’y a pas un chrétien, ici, qui n’ait à apprendre quelque chose, dans ce chemin de la croix de Jésus. Si quelqu’un ne s’y est pas engagé, il peut avoir envie de discuter, mais il ne connaît rien comme il faut connaître.
La portée de ce chapitre 3 se dégage de ces mots : «Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle» (v. 16).
Le Seigneur dit : La loi n’est pas accomplie, mais j’apporte autre chose ; je n’apporte pas une loi pour des docteurs, mais le salut pour tous les hommes dans la croix, la croix moyen de salut et aussi puissance pour la vie chrétienne ! Près de la croix, beaucoup de questions ne se posent plus. Un homme loin de la croix a envie de parler en tête à tête avec Dieu, avec les serviteurs de Dieu. La croix lui ferme la bouche, et c’est une bonne chose ; mais elle lui ouvre le coeur, et c’est une chose meilleure encore.
Chapitre 4, le Seigneur va en Galilée, et traverse la Samarie pour rencontrer une pauvre femme et lui délivrer le message de la grâce. Au chap. 5, c’est un homme paralytique qu’il rencontre. Il y a un reste de bénédiction, en Israël, un réservoir où il fallait se plonger quand l’ange avait agité l’eau. Mais, quand il y avait plusieurs malades, c’était le premier qui se jetait dans l’eau qui était guéri, image de la bénédiction selon la loi : pour être béni, il faut avoir de la force. Or l’homme n’en a pas. Il est donc maudit par la loi, et reste maudit par elle.
C’est pourquoi, au chapitre 6, il est affirmé qu’il n’y a pas, pour l’homme, de relation possible avec Dieu sans la mort de Christ. Tous les moralistes, les faux chrétiens, les théologiens, qui veulent trouver un chemin pour aller à Dieu sans la croix, font fausse route. Ils s’en apercevront, trop tard pour beaucoup d’entre eux.
Chapitre 9, nous trouvons encore une rencontre du Seigneur avec un homme. C’est un aveugle, image de ce que sont tous les hommes. Un enfant de chrétiens est aveugle en naissant, spirituellement, moralement. Pourquoi ? Parce qu’il ne voit pas le monde comme il est ; il ne voit rien, en réalité. Tout est faux, dans ce monde. Cet enfant voit que le monde lui sourit, et il ne voit pas ce qu’il y a derrière le sourire du monde. Il voit la façade, et non ce qui se cache derrière cette façade.
Nous sommes morts dans nos fautes et dans nos péchés. L’homme naturel est un mort, pour Dieu : pas une pensée, pas un mouvement pour Dieu. On ne pense pas à Dieu quand tout va bien, qu’il fait le temps qu’on aime, qu’on est satisfait dans ses besoins, pour lui dire merci. Quand tout ne va pas comme on voudrait, on maudit Dieu en face ; le blasphème monte du coeur aux lèvres des hommes. Voilà l’état de ce pauvre monde.
L’homme est un aveugle, un sourd, un paralytique ; voilà ce qu’il est, pour Dieu. C’est ce que nous trouvons dans l’épître aux Éphésiens, où la puissance de Dieu, qui a donné la vie à ces morts, est mise en évidence. Dans d’autres épîtres, l’homme est montré vivant dans le péché ; c’est un autre aspect de la question. L’homme est mort quant à la vie de Dieu. Il n’a pas un atome de vie divine. D’autre part, dans sa nature, il vit et il pèche ; il est très actif, dans le péché. Les deux caractères de l’homme sont ainsi présentés dans le Nouveau Testament : mort pour Dieu, mais vivant et actif dans le péché. Nous en savons tous quelque chose. La croix, l’oeuvre de Christ, rappelle ces deux aspects de l’état de l’homme devant Dieu.
Ici, nous trouvons un aveugle. Une question est posée au Seigneur : Qui a péché, cet enfant ou ses parents ? C’était une allusion à l’état de choses juif, une application de ce qu’on trouve dans Ézéchiel, un proverbe qui avait cours parmi Israël : «Les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils en ont été agacées» (Éz. 18:2), c’est-à-dire que les pères péchaient, et les enfants supportaient les péchés des parents. Il y avait de cela, en Israël. À qui la faute ? Enfant ou parents ? Est-ce que les parents ont péché ? L’enfant est né aveugle. Le Seigneur élargit la question par sa réponse. Il dit : Vous avez ici autre chose que le gouvernement d’Israël ; ce que vous avez, c’est Dieu en dehors de toute dispensation. Ce fait, l’acte de Jésus le renforce, parce qu’il l’accomplit en un jour de sabbat, mettant ainsi de côté le gouvernement temporel de Dieu au milieu d’Israël. C’était la visitation du peuple par Dieu, en grâce.
«Ni celui-ci n’a péché, ni ses parents ; mais c’est afin que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui» (v. 3), afin qu’on voie, en présence d’un mal pareil, un enfant né aveugle, que Dieu peut se tirer d’affaire.
Le Seigneur a rencontré des situations difficiles. Il est venu pour cela, et on l’a mis à l’épreuve : maladie, puissance démoniaque, et puis la haine, toujours la haine, la ruse, la méchanceté qu’il trouvait à chaque pas. Lui qui avait le coeur toujours ouvert, sans détours, sans calculs, le coeur divinement et infiniment sensible, il allait au milieu de tout ce mal, reflétant la grâce et la vérité de Dieu.
Cet aveugle est là. Que va faire le Seigneur ? Il dit : «Il me faut faire les oeuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour» (v. 4). Le Seigneur est venu pour cela. On a souvent posé la question : Pourquoi le Seigneur n’est-il pas resté sur la terre pour guérir tout le monde, toutes les maladies, panser toutes les plaies ? Le Seigneur le pouvait-il ? Incontestablement. Il pouvait guérir toutes les maladies. Et disons, en passant, qu’il n’y a pas une maladie, morale ou physique, qui ne soit la conséquence du péché. S’il n’y avait pas de péché, il n’y aurait pas de malades. Je ne veux pas dire que quelqu’un soit malade parce qu’il a péché, mais que l’origine de tous nos maux, c’est le péché entré dans le monde par la chute d’Adam. La maladie nous parle du péché ; tout nous parle du péché : nos vêtements, nos habitations, tout l’état du monde. Les hommes n’ont pas d’yeux pour voir, d’oreilles pour entendre. Mais tous, à chaque minute, nous sommes des pécheurs ; nous sommes dans un état de péché.
Pourquoi le Seigneur n’est-il pas resté pour guérir tout le monde ? L’expérience était faite ! L’homme aurait dit : Guéris-moi et laisse-moi tranquille. On le voit couramment. Des gens, dont la vie est en danger, crient : Mon Dieu, guéris-moi ! Et puis : Laisse-moi tranquille ; je n’ai plus besoin de toi. C’est l’histoire quotidienne. On veut bien Dieu pour nous débarrasser de nos besoins, ou plutôt pour les satisfaire, satisfaire notre volonté terrible, nos caprices, nos passions ; et puis, quand on a ce qu’il faut, on dit : Je n’ai plus besoin de Dieu. L’homme serait content que Dieu arrange la terre telle qu’elle est, supprime la souffrance, donne une longue vie, et que Dieu ne l’ennuie pas.
Dans la vie de ce monde, il y a une brèche, une ombre terrible, qui gêne le monde ! Le monde serait tout à fait à son aise s’il n’y avait pas, dans son horizon, cette ombre. Et quelle est-elle ? La croix de Jésus. Il n’y a rien qui gêne le monde comme la croix de Jésus ; toujours cette croix. Oh, qu’elle gêne le monde, la croix de Jésus ! Est-ce qu’elle vous gêne, chers amis, la croix de Jésus ? Si elle vous gêne, c’est qu’il y a quelque chose à l’égard de laquelle vous n’avez pas réalisé la puissance de la croix.
Alors, comme elle est gênante, qu’est-ce que le diable a trouvé ? Il a changé la croix en un objet aimable. On porte la croix sur soi, comme un fétiche. Il cherche à ôter le scandale de la croix, la force permanente de la croix. On ne l’a pas enlevée ; on a changé son sens. On en fait une amulette, un objet d’idolâtrie.
Lorsqu’un chrétien parle de la croix, il gêne le monde. C’est que la croix ne laisse rien. Toutes nos vanités, tous nos ornements, la croix condamne tout cela. Notre volonté, la croix la condamne ; tout ce qui nourrit la chair, la vanité, le moi, la croix dit : Dieu condamne cela. L’homme peut ne pas le savoir, mais il le sent.
Il y a donc, dans la vie du monde, cette lacune : la croix. Elle rend témoignage contre le monde. Le Saint Esprit rend témoignage avec les chrétiens. Il dit : Qu’avez-vous fait du Fils de Dieu ? Qu’est-ce que c’est que cette croix ? Qu’est-ce qu’elle veut dire ?
Est-ce que tout le monde est à l’aise, devant la croix ? Est-ce que nous nous appliquons à réaliser sa vertu dans notre âme, dans notre coeur ? Ou bien nous appliquons-nous à nourrir ce que la croix tue, c’est à dire notre vanité, notre orgueil, nos folies ?
Le Seigneur pourrait guérir tout le monde ; très bien ! Il est bon et puissant. Mais il y a les droits, la justice, de Dieu. Tout le monde est pécheur. Alors il faudrait que tout le monde meure, et que tout le monde soit perdu. On pourrait avoir été guéri ; mais il reste la mort et la seconde mort, l’étang de feu. C’est le jugement, car Dieu a ses droits.
L’évangile de Dieu est essentiellement constitué par des faits : je suis pécheur, je crois, je suis sauvé. Jésus est mort sur la croix, il a porté mes péchés en son corps sur le bois. Si on n’est pas passé par là, on n’a rien, dans les choses de Dieu.
Voilà pourquoi le Seigneur dit : «À moins que le grain de blé, tombant en terre, ne meure, il demeure seul» (Jean 12:24). Il fallait que Jésus meure, pour porter beaucoup de fruits.
Nous voyons comment Jésus traite cet aveugle-né. Il y a beaucoup d’aveugles, aujourd’hui, qui croient voir, et ne voient pas, des personnes qui croient avoir beaucoup d’intelligence, de discernement. Jésus crache dans la terre, fait de la boue, met cette boue sur les yeux de cet aveugle. Cela parle de l’humanité de Christ. Jésus était réellement un homme en toutes choses, comme nous, à part le péché. Mais quand on ne voit qu’avec des yeux d’homme l’humanité de Jésus, on voit encore moins qu’avant. Jusque-là, l’aveugle était plus aveugle encore qu’avant d’avoir la boue sur les yeux. Lorsque l’esprit de l’homme naturel examine, avec ses propres moyens, sa propre intelligence, ce qu’est Jésus, il est plus aveugle après qu’avant.
Christ présenté à l’homme naturel ne fait que l’aveugler davantage. Comment, ce Jésus de la crèche de Bethléhem, ce Jésus pauvre qui s’est laissé clouer sur la croix, sans puissance, sans force, c’est Dieu ! Voilà une chose que beaucoup ne veulent pas accepter, parce que cela ne flatte pas leur orgueil, d’avoir affaire à un méprisé, à un délaissé des hommes. Si c’était un grand roi qui avait siégé à Jérusalem, vous verriez les rois de la terre aller lécher la poussière de ses pieds. Mais c’est le méprisé et le délaissé des hommes, «une racine sortant d’une terre aride». Voilà la mise à l’épreuve !
Qu’est-ce qui va produire le miracle ? Comme toujours, la foi. Cet homme n’avait pas vu Jésus. Que savait-il de Jésus ? Jésus lui dit : Va, et lave-toi au réservoir de Siloé (envoyé). Voilà un homme qui n’a pas vu Jésus, qui entend Jésus, le prend au mot. Il va au réservoir, se lave, et il revient voyant. Voilà la foi.
Le mot «envoyé» relie la présentation de la personne de Christ dans son humanité au fait — que la foi saisit — que Christ est l’envoyé de Dieu. La foi dit : Cet homme est celui qui est envoyé de Dieu.
Le Seigneur dit encore à quelques-uns : «Va, lave-toi, et reviens voyant» ; autrement dit, «si tu crois dans ton coeur… tu seras sauvé» (Rom. 10:9) ! C’est la foi !
Nous ne voyons pas que ses parents aient été en aide à cet homme. Les parents n’avaient pas la foi de leur enfant. Il faut prier pour que la foi soit donnée à tous les enfants de chrétiens, cette foi qui saisit les dons de Dieu. La foi saisit ce que Dieu donne ; ce n’est pas la mémoire, ni l’esprit de l’homme. Nous insistons là-dessus. Tous les jours, nous voyons la différence entre ces deux points de vue totalement différents : savoir beaucoup de choses, et avoir cru.
Nous avons vu, il n’y a pas bien longtemps, dans Hébreux 4:2 : «la parole qu’ils entendirent ne leur servit de rien, n’étant pas mêlée avec de la foi». Ce n’est pas ce que nous avons entendu, c’est ce que nous avons cru, qui compte. Chacun serait capable d’écrire quelque chose sur le Seigneur, sans que pour cela il ait la vie de Dieu !
La porte par laquelle, souvent, le Seigneur entre dans l’âme, c’est la conscience. C’est pourquoi il nous faut présenter des faits, quand nous présentons l’évangile, et pas seulement l’amour de Dieu. Car il y a autre chose ; il y a la croix de Christ, les péchés, les pécheurs. Tant que vous parlerez de l’amour de Dieu, d’une manière qui a l’air de dire : «Entrez, et on s’arrangera toujours», vous aurez des sympathies. Mais il ne s’agit pas de sympathie, avec Dieu, mais de croire ou de ne pas croire. Et si vous trouvez des âmes sympathiques vis-à-vis de Dieu, il faut bien voir si elles se sont vues devant Dieu telles qu’elle sont ; parce que, tant que la grâce n’a pas opéré, vous ne trouverez jamais quelqu’un qui supportera de se voir devant Dieu tel qu’il est. Si vous cachez, si vous voilez cela, il faut que vous ayez des oreilles pour vous entendre. Mais le serviteur de Dieu doit dire : Voilà ce que Dieu dit ; tu es un pécheur. Il faut que ce point sensible, cette plaie vive, soient reconnus devant Dieu. Il ne s’agit pas de se tenir loin du médecin ; il faut se laisser examiner par le médecin.
Il nous faut vivre dans la lumière de Dieu, non pas dans une moitié d’évangile, dans une pénombre !
Peut-être que les oreilles des gens qui ont vécu dans les atmosphères chrétiennes se sont habituées au son de l’évangile. Toutefois, il n’y a personne qui soit insensible à la révélation de ce qu’il a pensé, dit ou fait. Il pourra être insensible au nom de Christ, aux vérités les plus belles. Mais personne ne restera insensible, si Dieu lui dit : Voilà ce que tu as fait.
Si vous prêchez le ciel, dans la rue, tout le monde écoutera ; mais si vous annoncez la croix, on vous fera comme à Étienne, et on vous lapidera. Rien n’est changé. La vérité ne plaît jamais. Quel bonheur de pouvoir dire : J’étais aveugle, et je vois. C’est un fait. La vie de cet homme est marquée par un fait. C’est un événement unique, dans la vie de cet homme.
Voyez : tout le monde est troublé, tous ces pharisiens qui sont là ! Il y avait un événement qui les dépassait. Ils étaient alertés, outragés, tous ces pharisiens qui détenaient la loi et tout ce qui est officiel ! Voilà quelqu’un qui vient d’accomplir, au milieu du peuple, ce que personne n’a jamais fait. Ils ont fait tout leur possible pour dénigrer le Seigneur. «Dis-nous, c’est un pécheur ; il guérit un jour de sabbat ; ce n’est pas un bon Juif qui peut faire cela». Mais l’homme guéri a beaucoup plus de discernement que tous les autres.
Voilà un homme qui a trouvé Dieu. Il ne s’occupe de personne. Il dit : Je ne sais pas grand chose ; mais il y a une chose que je sais, que personne ne pourra ravir à mon âme : «J’étais aveugle, et maintenant je vois» (v. 25). C’est un fait. Aujourd’hui, nous finissons par laisser croire qu’il n’y a plus de chrétiens, que devenir chrétien, c’est avoir pleuré une fois dans sa vie, avoir été ému et dit : Je crois. Un chrétien dit : J’étais aveugle, et maintenant je vois. Un fait a marqué ma vie ; j’ai rencontré Dieu. C’est un fait ; je ne peux pas l’expliquer, mais vous ne m’enlèverez jamais cela. Je sais ce que c’est que d’avoir été aveugle et de voir.
On trouve peu, maintenant, ce passage marqué des ténèbres à la lumière. Et on laisse croire qu’il suffit d’une certaine onction extérieure, pour devenir chrétien. Que Dieu nous garde de cela ; c’est faux. J’insiste sur cela, la différence entre la croyance et la foi. La croyance est une adhésion de l’esprit. Jésus est-il Fils de Dieu ? Bien sûr. Jésus est-il mort sur la croix ? Bien sûr. Mais, dans la voix de cet homme guéri, il y a un son rendu qui ne trompe pas : J’étais aveugle, et je vois. On le chasse dehors. Il est tout seul ; personne ne le défend. Le Seigneur n’est pas là. Quand un homme a trouvé Dieu, il n’a besoin de personne pour pouvoir confesser sa foi : J’ai trouvé Dieu ; je sais qui est Christ ; j’ai vu Jésus.
On voudrait, aujourd’hui, nous faire croire que, pour être chrétien, un homme doit être patronné par une douzaine de chrétiens authentiques !
Lorsque Dieu remplit un coeur et que le Seigneur se révèle à un coeur, il se charge bien d’ouvrir sa bouche pour rendre gloire à Dieu.
Cet homme ne sait rien. Ce n’est pas une somme de connaissances qui fait un chrétien. On s’arrête, parfois, à la somme des connaissances acquises. Mais tout cela, c’est de la surface.
Votre coeur connaît-il Jésus ? Avez-vous trouvé Jésus ? Certains le trouvent étant accablés par le poids de leur péché ; d’autres, par le sentiment que, dans le monde, rien ne les satisfait ; pour d’autres, après avoir vécu dans le doute à tout sujet — et, s’il y a quelqu’un ici qui soit dans ce cas, on peut lui dire qu’il n’est pas le premier. L’Écriture est-elle la Parole de Dieu ? Christ est-il le Fils de Dieu ? Voilà des questions, si quelqu’un se les pose, dont il peut se dire qu’il n’est pas le premier à se les poser. C’est un aveugle, mais il n’est pas le premier à l’être. Christ ouvre les yeux des aveugles.
Si votre foi repose sur les déclarations des docteurs, des frères, ce n’est pas la foi. La foi fait dire : J’ai trouvé Dieu ; je l’ai trouvé tout seul ; je n’ai besoin de personne. Cette rencontre avec Dieu, je l’ai eue avec Dieu, tout seul. Voilà la foi.
Il n’y a rien, dans la vie d’un homme, dans le temps présent et dans l’éternité, qui se compare à cela. C’est un fait à maintenir dans son intégrité et sa grandeur.
Il ne faut pas profaner la conversion, mais lui conserver son caractère solennel. C’est un travail de Dieu dans une âme, un miracle accompli par Dieu dans une âme. Un homme est converti. Qu’il lui arrive ce qu’il voudra, qu’il devienne pauvre, malade, malgré toutes les épreuves possibles, il est à Dieu, à Christ ; tout est fini. Tant qu’il n’est pas converti, cet homme n’a rien ; il est pauvre et misérable.
Qu’il nous soit donné de souligner la gravité, la valeur de ces faits. C’est un fait que la conversion d’un homme ! Vous dites que vous êtes chrétien ; êtes-vous converti ? Savez-vous ce que c’est que d’être passé des ténèbres à la lumière ? Il y a vingt ans que je vais à la réunion. Savez-vous ce que c’est que d’être passé des ténèbres à la lumière ?
«Je sais une chose, c’est que j’étais aveugle, et que maintenant je vois» (v. 25), que Jésus est ma vie. Il nous faut dépouiller les vérités divines de tout ce dont nous les encombrons si facilement.
Au début, apôtres et disciples prêchaient un évangile infiniment plus simple et plus objectif qu’aujourd’hui. Jésus, le voilà, il est mort sur la croix ; si vous croyez, vous êtes sauvé.
Voilà cet homme aux prises avec les pharisiens ; mais il est bien tranquille. Il a cette tranquillité, cette solidité d’âme, de quelqu’un qui a trouvé Dieu. Vous pouvez dire ce que vous voudrez, l’univers tout entier viendrait me dire que je ne vois pas, je dirais : «J’étais aveugle, et maintenant je vois».
Il faut prier pour que, dans les maisons des saints, ce miracle s’accomplisse. Jésus passe encore ; un crachat mis sur les yeux existe encore. C’est la présentation de Christ dans son humanité. Mais vous savez, aujourd’hui et toujours, les hommes plus ou moins mondains, et à tous les âges, aimeront mieux qu’on leur parle de quelque grand homme dans ce monde. Pourquoi ? Parce que cela fait écho à leur sentiment et à leurs passions profondes. Un homme aime à ce qu’on lui parle de ce que son coeur aime.
Voilà un miracle ; il y en a d’autres. Peut-être tout le monde pourrait dire ici : J’étais aveugle, et maintenant je vois. Cet homme a trouvé Jésus, et Jésus se révèle à lui ; quelle rencontre !
Pouvons-nous dire que nous avons vu Jésus, que nous trouvons nos délices dans la compagnie de Jésus, dans la présence de Jésus ? On aime peut-être bien se trouver avec des chrétiens. En un sens, ce sont des gens que Dieu retient un peu plus que la masse des gens de ce pauvre monde. Mais supposez que tous les chrétiens disparaissent à nos yeux de cette salle, et que Jésus y vienne ; est-ce que chacun de nous ferait comme cet aveugle : «Seigneur, je te rends hommage», et dirait : Voilà l’objet de mon coeur ?
Il se peut, toutefois, qu’un chrétien authentique ne puisse pas le dire, s’il est en mauvais état, s’il est allé boire à beaucoup de citernes. Car alors, le coeur n’est plus sensible à la saveur des choses de Dieu. Des chrétiens ont même dit : Je ne suis pas sauvé. Il ne faut pas jouer avec le fait que, si on est sauvé, on l’est pour toujours. La Parole ne joue jamais avec le mal, dans la marche et la vie du chrétien.
Que le Seigneur nous soit précieux ! Et, au lieu peut-être de perdre notre temps à chercher à nous remplir l’esprit de beaucoup de vérités, que notre coeur soit plein de Christ, et que nous priions beaucoup les uns pour les autres, et pour que le Seigneur ouvre les yeux des aveugles.
Cet homme a vécu longtemps, avant d’avoir les yeux ouverts. Un jour, il a eu les yeux ouverts. Si quelqu’un a eu les yeux ouverts, qu’il lui soit donné de voir Jésus et de le suivre.
À la fin du chapitre, les pharisiens disent : «Sommes-nous aussi aveugles ?» (v. 40). Le Seigneur a l’air de se contredire. Non, mais le Seigneur souligne la responsabilité des pharisiens : Vous, vous savez bien qui je suis ; mais vous ne voulez pas le reconnaître ; vous sentez que la puissance qui est au milieu de vous est de la part de Dieu, et vous la rejetez ; c’est pourquoi votre péché demeure.
Le Seigneur fasse qu’il n’y ait ici aucun pharisien auquel il pourrait appliquer ce dernier verset.
Vous voyez, vous savez, vous êtes persuadés. On peut être persuadé, sur le plan intellectuel, et, au fond, rejeter le Seigneur.
Nous marchons par la foi, non par la vue. C’est par la foi que nous pouvons dire : «J’étais aveugle, et maintenant je vois». Le Saint Esprit que le chrétien a reçu crie en lui : Abba Père. Le Saint Esprit rend témoignage avec notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Que ce privilège soit celui de chacun de nous ! Et s’il y avait quelqu’un ici, s’il y a des parents ou des amis, exercés pour tel ou tel — nous pensons d’abord au sort spirituel de chacun de ceux que nous aimons — prions, restons à genoux sans relâche, sans cesse. Et que la grâce nous soit faite de voir ceux que nous aimons arriver à la connaissance de Christ et pouvoir dire, comme cet homme : «J’étais aveugle, et maintenant je vois».
[LC n° 49]
10 février 1957
Il y a toujours, pour nous, une très grande instruction à considérer comment le Seigneur, lorsqu’il est avec les foules ou dans une maison, parle, agit, ou garde le silence, à s’arrêter sur la façon dont le Fils de Dieu, l’homme parfait, s’est comporté en toutes circonstances, à l’égard du pauvre, à l’égard du pharisien superbe, peu disposé à recevoir de lui quoi que ce soit ; en présence de toutes les douleurs, aussi. Les passages que nous avons lus nous décrivent précisément l’attitude du Seigneur, dans des circonstances elles-mêmes bien instructives.
Nous avons tout d’abord deux états d’âme, représentés par deux soeurs de la même famille, Marthe et Marie, les sentiments de chacune étant manifestés par la présence du Seigneur. Car ce que nous sommes, notre état spirituel ou moral, se révèle en présence de Jésus. L’attitude de chacune de ces deux personnes est dépeinte en des traits d’une très grande simplicité, des traits qui peuvent définir nos attitudes de tous les jours, celles qui remplissent notre vie quotidienne. Les passages lus décrivent d’ailleurs des actes et des attitudes très simples. Les grands sentiments sont toujours simples, et se traduisent toujours par des actes simples, mais qui parlent.
Marthe représente un état que nous connaissons tous beaucoup trop. Le Seigneur reprend Marthe. On peut penser qu’elle a forcé le Seigneur à la reprendre, parce qu’elle a trop parlé. Si elle n’avait fait que trop agir, sans parler, le Seigneur ne l’aurait peut-être pas reprise. Mais elle parle ; et, si on ose dire, elle fait un reproche indirect au Seigneur : «Dis-lui donc qu’elle m’aide» (Luc 10:40). Chers amis, c’est tellement bien notre portrait !
Marthe était remplie de qualités. Elle était certainement supérieure à beaucoup. Mais la voilà qui, remplie de zèle, va jusqu’à inviter le Seigneur à parler de telle et telle manière à sa soeur ; comme s’il existait, au monde, dans quelque situation que ce soit, un chrétien à même de dire au Seigneur, notre Maître, notre Sauveur, celui qui sonde les reins et les coeurs, ce qu’il doit dire à quelqu’un : «Dis-lui donc qu’elle m’aide».
Le Seigneur met le doigt, d’une façon douce et avec une précision divine, sur ce qui devait être repris. Comme c’est clair, comme c’est simple ; comme c’est bien ce que nous avons à entendre tous les jours : «Marthe, Marthe, tu es en souci et tu te tourmentes de beaucoup de choses, il n’est besoin que d’une seule» (10:41-42) ! Que de fois, chers amis, dans notre service — car ici il s’agit du service accompli proprement pour le Seigneur ; et il fallait bien que le Seigneur fût ce qu’il est, pour reprendre ainsi Marthe, qui se dépensait pour lui — nous nous dépensons pour le Seigneur d’une façon telle que nous encourons son reproche. Et il est trop fidèle, et il nous aime trop, pour ne pas nous le faire entendre. Marthe voyait son service et, par cela même, perdait de vue son Maître. Elle avait oublié que la source de l’énergie et de la grâce, pour un service quelconque, n’est pas en soi, mais n’est qu’en Christ. Et c’est pourquoi le Seigneur lui dit : «Mais Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée» (10:42). Cette bonne part, nous ne la saisissons jamais trop. Marie était assise aux pieds de Jésus, écoutant sa Parole. Elle avait compris ce qui, a priori, parait bien simple (mais qu’est-ce que la logique, lorsqu’il s’agit de nos égarements, de nos pensées et de nos sentiments ?). Marie avait compris qu’elle avait besoin du Seigneur plus que le Seigneur n’avait besoin d’elle ; tandis que Marthe croyait que le Seigneur avait plus besoin d’elle qu’elle n’avait besoin du Seigneur. La différence est fondamentale, foncière. Puissions-nous méditer cela, qui explique le caractère et la nature du service et de la vie entière des serviteurs et des témoins du Seigneur.
Marie est la figure de l’heureux état qui plaît au Seigneur, parce que son attitude confesse et proclame que le Seigneur lui est nécessaire par-dessus tout. Le Seigneur n’a besoin de personne. S’il nous accorde de le servir, c’est une grâce ; mais il ne peut recevoir le service que si celui-ci est produit par lui-même dans le coeur des siens. Il n’a besoin de personne.
«Marie était assise aux pieds de Jésus, écoutant sa parole». C’est un verset qui nous a été, pour ainsi dire, légué par tous ceux qui nous ont enseignés et qui se sont arrêtés, profondément et sérieusement, sur la scène qu’il présente, parce qu’ils ont éprouvé — et nous l’éprouvons après eux — le danger très grand de remplacer la dépendance par l’activité, de remplacer le sentiment de la nécessité absolue d’avoir le Seigneur dans son coeur par du travail pour le Seigneur. Le travail accompli de cette manière ne pèse pas lourd, dans la balance de Dieu. Et il nous prive de notre seule source de joie et de force, qui est l’approbation du Seigneur.
Qu’il soit donné aux jeunes chrétiens, frères et soeurs, qui ont à coeur de servir le Seigneur, de s’arrêter devant cette scène, et de méditer la Parole sortie, à cette occasion, de la bouche de celui qui est leur Maître comme il est le nôtre, et comme il était celui de Marthe et de Marie.
Dans la vie ordinaire, nous pouvons avoir, avec le Seigneur, l’attitude de Marthe ou celle de Marie. Mais ce qui l’honore vraiment, c’est l’attitude qui consiste à rester aux pieds du Seigneur et à écouter sa Parole, c’est-à-dire, aujourd’hui, qui consiste à lire et à méditer l’Écriture. Il nous est impossible d’avoir l’intelligence du service et la grâce nécessaire pour le faire, ni le zèle et l’énergie selon Dieu, si nous ne sommes pas dans cette attitude, aux pieds du Seigneur. Que de fois chacun de nous n’a-t-il pas fait l’expérience, qu’après avoir oublié cette parole du Seigneur à Marie, il a fallu que, dans le secret avec lui, il s’humilie pour lui déclarer, lui dire, que sa Parole ne pouvait mentir, et que, pour avoir oublié que la bonne part, c’est de rester assis aux pieds du Seigneur, en voulant le servir autrement, il l’avait desservi.
Qu’il nous soit donné de peser cela. Ce n’est pas un encouragement à la paresse, mais un encouragement positif à l’activité dans l’obéissance, qu’il est si difficile d’apprendre ; ce qui explique pourquoi, dans le cours du temps, et en particulier dans la chrétienté, les deux attitudes de Marthe et de Marie se sont, l’une comme l’autre, retrouvées. Des milieux chrétiens ont concrétisé dans leur activité et leur caractère le portrait moral que Marthe offre ; tandis que d’autres ont reproduit, d’une façon vivante, le portrait moral de Marie. Qu’il nous soit donné, chers amis, de peser cela, afin que nous ne manquions pas notre service.
Il fut pénible, pour Marthe, de recevoir le reproche du Seigneur. Supposons que ce soit notre nom qui soit écrit à la place du sien. Le nom de Marthe est inscrit là, et l’univers connaît cette scène ; les anges la connaissent. Supposons que ce reproche nous soit donné publiquement, avec notre nom inséré dans l’Écriture, qui ne peut être anéantie : nous recevrions la leçon d’une manière bien plus sensible. Qu’il nous soit donné de la recevoir comme si c’était notre nom qui était écrit là (c’est toujours ainsi qu’il nous faut recevoir l’Écriture). Dieu fasse qu’en avançant dans la vie chrétienne, nous nous rendions compte d’une façon croissante que ce dont nous avons besoin, pour le service en particulier, c’est d’avoir le coeur rempli de Christ lui-même, de ses paroles. On n’est pas à même de recevoir les paroles de Jésus, si on est affairé, fût-ce au sujet du service, ou si on ne pense qu’à prêcher ou à s’occuper des autres. Au contraire, on risque d’être dans un état d’âme personnel mauvais et qui est, en outre, très dangereux. C’est aux pieds du Seigneur qu’on est heureux, qu’on est fort aussi, parce qu’on a une force qu’on reçoit à tout moment, et on est en sécurité.
Notre activité ordinaire et quotidienne offre le même danger que le service proprement dit. Si nous sommes très affairés par nos occupations, nous ne saurons évidemment rien de ce que c’est que d’être aux pieds de Jésus pour écouter la Parole. La Parole glissera sur nos coeurs.
Voulons-nous avoir une vie bien remplie, ayant le moins de vide possible ? Le secret d’une telle vie, c’est d’avoir l’âme remplie de ce que Jésus nous apporte. Jésus n’a besoin de personne, pas plus pour évangéliser que pour édifier. Personne n’a jamais, au monde, converti un pécheur ; cela n’existe pas. Personne ne pourra se lever dans le ciel et dire : Voilà celui que moi j’ai converti — je ne dis pas sauvé (bien sûr), mais converti. Et, même quant à l’édification ou à la consolation que nous pouvons apporter à un chrétien, personne ne peut accomplir lui-même cette merveille (car c’en est une), d’apporter à un chrétien la paix, la consolation, l’encouragement, quand il est tout à fait abattu.
Souvent, le Seigneur se sert de tel ou tel comme d’un canal pour communiquer une bonne parole. Mais c’est le Seigneur qui le fait ; l’instrument n’est rien qu’un instrument.
Dans l’état d’esprit de Marthe, l’instrument est quelque chose. Dans celui de Marie, prête à servir (et elle a servi, et tout à fait selon la pensée et la gloire de Dieu), l’instrument n’est rien. Heureux état d’âme, merveilleux état d’âme ! Le secret d’un vrai service, c’est de ne voir que Christ. Quel heureux état que celui de Marie !
Je pense, à ce sujet, aux disciples et à Paul. Deux disciples, à un moment donné, disent au Seigneur : Seigneur, donne-nous d’être l’un à ta droite et l’un à ta gauche, quand tu viendras dans ta gloire (Marc 10:37). Ils demandent la première place, ces disciples qui ont un nom justement honoré ! Ils s’appellent Jacques et Jean. Pourtant, Jacques est mort pour son Maître, et Jean, certainement, a terminé sa carrière d’une façon très brillante, selon Dieu. Finir brillamment sa vie, qu’est-ce que cela veut dire, dans le royaume de Dieu ? C’est, par exemple, finir comme Jean le Baptiseur, qui a eu la tête tranchée et emportée sur un plat. Oui, il a fini brillamment, celui dont le Seigneur, son Maître et le nôtre, disait : «il était la lampe ardente et brillante, et vous vous êtes réjouis pour un temps à sa lumière» (Jean 5:35). Désirons-nous une fin semblable, dans notre coeur ? Désirons-nous un tel honneur ? Ou bien un honneur d’une qualité et d’une nature opposées ?
Lorsqu’ils disent : l’un à ta droite, l’autre à ta gauche, Jacques et Jean ressemblaient plutôt à Marthe qu’à Marie. Paul n’a pas parlé ainsi. Il ressemble beaucoup plus à Marie qu’à Marthe. Dans un passage bien connu de l’Écriture, il ne dit pas : Seigneur, j’ai fait la perte de toutes les choses en ce monde (et il avait beaucoup de choses à perdre, lui qui avait toutes sortes de qualités exceptionnelles, intellectuelles et morales) pour que, Seigneur, tu me donnes la première place à ta droite ou à ta gauche ; mais il dit : «j’ai fait la perte de toutes choses pour le connaître lui, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances» (Phil. 3:8-10). L’objet qui était dans son coeur et dans son âme, c’était Jésus lui-même. Est-ce cet objet-là qui nous gouverne, chers amis ? Est-ce que c’est Jésus lui-même qui est le désir, la faim et la soif, de notre coeur ?
Après cette scène, au cours de laquelle Jésus, entrant dans la maison, révèle, et pour toujours, l’état dans lequel Marie et Marthe étaient à ce moment-là, nous trouvons une autre scène de la vie de Marthe et de Marie, dans un jour qu’on pourrait dire extraordinaire. Mais on hésite à le dire, parce que ce n’est pas chose exceptionnelle que la mort. Elle entre dans une maison ; elle entre dans toutes les maisons. Elle ne demande la permission à personne. Elle se promène dans le monde ; elle peut entrer partout. Donc, ce n’est pas un fait exceptionnel. Tous les hommes, à l’oeil de Dieu, portent le signe de la mort, qui a été marqué par le doigt de Dieu, pour ainsi dire, sur les premiers de tous, sur Adam et sur Ève. Ils ont pu croire que Dieu avait oublié la sentence, quand ils ont vu qu’ils arrivaient à des âges très avancés. Mais le temps est arrivé où ils sont morts. Et toute leur descendance porte le signe de la mort. L’enfant qui naît, plein de promesses, porte ce signe de la mort. D’ailleurs, plus d’une fois, cet enfant n’aura pas une longue course, et la mort le retirera bientôt de la terre. Disons, en passant, que lorsqu’il en est ainsi pour les enfants, ceux-ci n’ont rien perdu, parce que tous les enfants qui meurent sont au bénéfice de l’oeuvre de Christ : «Jésus est venu sauver ce qui était perdu» (Matt. 18:11). Le Seigneur a dit cette parole à propos des enfants. Pour les adultes, il a dit : «le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu» (Luc 19:10). Un adulte incrédule est égaré ; c’est pourquoi il doit être cherché. Un enfant est pécheur, mais il n’est pas égaré, car il n’a rien fait avec responsabilité.
La mort a régné dans ce monde, mais son règne est fini. Celui qui avait le pouvoir de la mort, c’était le diable. Dieu le lui avait donné, en gouvernement à l’égard de l’homme, à cause de l’offense de la chute. Mais Christ a vaincu la mort : «il a annulé la mort et a fait luire la vie et l’incorruptibilité par l’évangile» (2 Tim. 1:10).
Dans la scène de Jean 11, c’est la même maison qu’en Luc 10. Mais un voile de deuil est étendu sur elle, et sur Marthe et Marie : leur frère est mort. Cette scène est courante, universelle, mais elle ne peut être banale. La mort n’est jamais une chose banale, jamais ; elle garde toujours ce caractère d’être la reine des terreurs. Que Dieu nous garde de jouer avec ce mot : «la mort». Que Dieu nous garde de toute légèreté en présence de la mort ; ce serait se moquer de Dieu. Mais, d’autre part, que Dieu nous garde, nous croyants, d’être découragés par la mort même, puisque la mort a été vaincue. Pour le croyant, la mort n’a rien d’une condamnation. Elle est, pour le chrétien, une messagère qui lui ouvre la porte des félicités ineffables. Elle est une servante au service du chrétien : «Toutes choses sont à vous… soit vie, soit mort» (1 Cor. 3:21-22). Elle garde son caractère de solennité, d’autant plus que la souffrance y est généralement liée. Mais la mort a perdu son aiguillon. L’aiguillon de la mort, c’est le péché ; et pour le chrétien, la question du péché est réglée. Ses péchés sont ôtés par le sang de Christ.
Dans cette scène de Jean 11, nous trouvons encore que Marthe est pressée de parler et d’agir, tandis que Marie, qui reste tranquille jusqu’à ce qu’on l’appelle, a le calme, l’assurance et l’intelligence que la foi manifeste toujours. Tandis que, lorsque la chair et la foi sont mélangées, chez un chrétien, celui-ci pense à faire plutôt qu’à écouter et à apprendre. La chair n’agit pas autrement. Marie est tranquille. On l’appelle ; elle pleure, se jette aux pieds de Jésus, et lui exprime sa souffrance. Elle est toujours aux pieds de Jésus. Puissions-nous, chers amis, faire des progrès dans la réalisation de cette attitude : aux pieds de Jésus. Quand nos affaires vont bien, comme dans la scène de Luc 10, est-ce que nous restons aux pieds du Seigneur, nous attachant à la lecture de la Parole ? Ou bien sommes-nous occupés du service, sans cultiver avec beaucoup de soin la communion avec le Seigneur ?
Que le Seigneur nous garde de cela, chers amis, de sorte que nous sachions, lorsque la douleur et la peine nous rendent visite, nous réfugier aux pieds du Seigneur. Que ce ne soit pas un chemin peu connu que celui qui nous conduit à cette attitude ! Que ce soit plutôt notre chemin, j’allais dire, «habituel» ; mais je le dis, non pas dans le sens d’une habitude prise, mais celui d’un besoin quotidien de notre coeur.
Dans la troisième scène, celle du commencement de Jean 12, nous trouvons Marie à sa place, toujours la même, aux pieds du Seigneur. Et là, elle accomplit un service d’un prix immense pour le Seigneur. Si elle ne l’avait pas fait en cette occasion-là, elle n’aurait jamais plus pu le faire. Elle a compris que le Seigneur allait mourir. Aucun disciple ne l’a instruite. Aucun disciple n’était à sa hauteur, personne. Au contraire, les disciples sont contre elle, quand elle répand aux pieds de Jésus le parfum de nard pur de grand prix qu’elle avait préparé ; mais elle ne s’en préoccupe pas. Elle a appris, aux pieds de Jésus, à connaître Jésus. Son coeur est rempli de Jésus et, au moment où Jésus va mourir, elle répand le nard pur sur ses pieds. «Et la maison fut remplie de l’odeur du parfum» (v. 3).
Le Seigneur a été tellement sensible à cet acte, qui est peut-être la seule expression de sympathie qu’il ait trouvée à ce moment-là, qu’il dit ailleurs : «en vérité, en vérité, je vous dis qu’en tout lieu où cet évangile sera prêché, on parlera aussi de ce que cette femme a fait en mémoire d’elle» (Marc 14:9).
L’occasion nous est aussi donnée, chers amis, non pas seulement de faire l’expérience que le Seigneur est avec nous dans nos difficultés, dans nos douleurs, dans nos deuils, mais aussi de lui rendre hommage pendant que nous sommes encore dans ce monde, en répandant notre coeur devant lui qui est mort sur la croix pour nous arracher au péché, à la mort, et nous amener dans la présence de Dieu pour l’éternité.
Quelqu’un ici n’aurait-il pas encore une telle part ? C’est aujourd’hui le jour du salut. Demain, où serons-nous, les uns et les autres ? Si ce n’est demain, d’ici peu de temps, où serons-nous ? Le Seigneur peut venir aujourd’hui chercher tous ceux qui sont à lui ; et ceux-là seuls entreraient avec lui dans le repos, le bonheur, les félicités de la maison du Père.
[LC n° 34]
Dimanche après-midi 22 octobre 1950
Dans ce que nous avons lu dans Jérémie, nous avons des déclarations relatives à la confiance en Dieu. C’est difficile de se confier en Dieu, très difficile. Lorsque Dieu, qui est fidèle, nous place dans des situations par lesquelles Il nous force à nous confier en Lui, nous sommes étonnés de voir combien la confiance en Dieu est un état, pratiquement, étranger à notre âme. C’est très humiliant.
La Parole renferme d’innombrables passages sur la confiance en Dieu. Ce sont des points de la Parole de Dieu essentiels pour la vie de l’âme. Ce ne sont pas des points doctrinaux. La doctrine peut aider quelqu’un à connaître Dieu et à se confier en Lui. Elle le fait, comme toute vérité. Toute la vérité est bonne, la vérité de Dieu — c’est la seule. La vérité vient de Dieu et lie à Dieu. Mais une vérité, pratiquement, n’a de valeur que si elle porte le coeur qui la saisit à s’appuyer sur Dieu un peu mieux après l’avoir reçue qu’avant. C’est très difficile, de se confier en Dieu.
Nous pourrions rappeler beaucoup de passages, et notamment ce verset, que nous connaissons bien, du Ps. 16:1 : «Garde-moi, ô Dieu! car je me confie en toi». Nous, souvent, nous disons : Garde-moi, ô Dieu — et nous pouvons bien faire cette prière. Mais si nous ajoutions : «car je me confie en toi», souvent, nous serions obligés de dire que nous sommes des menteurs. Nous sommes très désireux que Dieu nous garde, mais il faut pouvoir dire tout le verset, qui s’applique, d’une manière absolue, à Christ, comme tout ce Ps. 16. On n’invente pas cette application ; elle est faite dans le Nouveau Testament.
Alors, quand nous disons à Dieu : «Garde-moi, ô Dieu», est-ce que nous pouvons achever le verset ? Cela rejoint la pensée de l’épître de Jacques, qui dit : «Qu’il demande avec foi, ne doutant nullement» (1:6). Quelqu’un qui ne demande pas avec foi, qu’est-ce que cela prouve ? Que son coeur a sa confiance ailleurs qu’en Dieu.
Une conséquence de la chute a été de jeter dans le coeur de l’homme — dans notre coeur à nous, et non pas seulement celui des païens et des mondains — la méfiance vis-à-vis de Dieu. On se méfie de Dieu. On se confiera dans sa fortune, son intelligence, sa sagesse, sa piété, son dévouement, ses amis, dans un homme, mais pas en Dieu. Il faut reconnaître devant Dieu que, tout de même, ce n’est pas tout à fait en ordre. Si les choses étaient en ordre, on devrait s’appuyer d’abord sur Dieu pour tout, pour toutes choses, pour gagner sa vie, pour la santé, etc. Nous savons tous bien ce que nous faisons et, avec cela, nous nous croyons de très braves chrétiens, des chrétiens modèles. Et nous pensons qu’il n’y a pas mieux que nous, qu’il n’y a jamais eu mieux que nous !
«Garde-moi, ô Dieu, car je me confie en toi» : si nous ne pouvons pas dire la fin du verset, l’âme n’est pas droite. Cela arrive souvent.
Voilà pourquoi aussi Dieu ne répond pas toujours. Si notre confiance était en Dieu, et en Dieu seul, quelle que soit notre détresse, Il répondrait.
Le christianisme pratique est une chose éprouvante. Et le christianisme qui n’est pas pratique ne vaut rien du tout, aux yeux de Dieu. Au contraire, c’est un péché. Dieu veut du vrai, dans notre vie. C’est pourquoi il nous fait passer par le feu. Quand il voit que ce qui n’est pas vrai envahit et gâte tout, il nous fait passer par le feu. Il brûle tout ce qui nous embarrasse.
Il y a encore bien d’autres passages, innombrables, qui nous parlent de la confiance. Ce n’est pas un sujet d’étude que la confiance, mais c’est un sujet qui doit nous occuper toute la vie, un sujet qui doit remplir l’âme. La Parole nous donne, à ce sujet, beaucoup d’exhortations et d’exemples, et celui de Christ en tout premier lieu. Voilà le seul homme qui se soit confié en Dieu. Ce qui rend d’ailleurs la scène de la croix si extraordinaire, c’est que le seul homme qui se soit confié en Dieu, celui précisément dont la confiance était totale, a dû être abandonné de Dieu. Et l’abandon a dû être total, parce qu’il prenait la cause de l’homme pervers, de l’homme méfiant vis-à-vis de Dieu.
Nous trouvons que «ceux qui se confient en l’Éternel sont comme la montagne de Sion, qui ne chancelle pas, qui demeure à toujours» (cf. Psaume 125:1). Une montagne ne s’ébranle pas. Si nous nous confiions en Dieu sans cesse, si notre âme était dans cet état de confiance en Dieu seul, rien ne nous ébranlerait.
Que Dieu nous donne de faire de grands progrès. Il vaut bien mieux quelqu’un qui ne sait rien quant à la doctrine chrétienne, mais qui connaît Dieu, qui peut dire : Je connais Dieu ; j’ai passé là, Dieu m’a aidé ; je sais ce que c’est que s’appuyer sur Dieu ; dans telle circonstance, Dieu m’a suffi.
Est-ce que nous avons des circonstances de ce genre, dans notre vie ? Si nous n’en avons point, qu’est-ce que nous avons fait ? Qu’est-ce que nous avons donc fait de Dieu, de ce Dieu qui nous a amenés à sa connaissance ? Quelle place lui avons-nous donc donnée, dans notre coeur ? Nous disons que nous aimons Dieu, et nous nous méfions de lui !
Une chose extraordinaire, remarquable, c’est que la confiance en Dieu brille justement quand c’est difficile.
Le Seigneur, comme homme, aurait pu se servir de sa puissance divine pour s’abriter. Jamais ! Il s’est appuyé sur Dieu, a tout enduré comme homme et, comme homme, a eu une confiance parfaite en Dieu.
Dans le livre de Jérémie, qui est un livre extrêmement beau, on voit, dans le chap. 17 entre autres, les sentiments d’un homme croyant qui aime Dieu et les fidèles. Il dit : «Maudit l’homme qui se confie en l’homme» et, plus loin, «béni l’homme de qui l’Éternel est la confiance». Voilà une malédiction et voilà une bénédiction. S’il y a un pauvre pécheur qui ne soit pas converti et qui se confie en l’homme, en ce que l’homme enseigne, dans les moyens de salut que les hommes ont inventés, eux qui disent aux pauvres pécheurs : Confiez-vous dans vos bonnes oeuvres, confiez-vous en vous-mêmes ; Dieu lui dit : «Maudit l’homme qui se confie en l’homme». C’est une confiance mal placée que la confiance en soi pour faire son propre salut.
Mais «béni l’homme qui se confie en l’Éternel». Le croyant se confie en Dieu pour le salut de son âme. Il a saisi le moyen que Dieu offre : «Qui croit au Fils a la vie éternelle» ; «le sang de Jésus Christ nous purifie de tout péché» (cf. Jean 3:36 et 1 Jean 1:7). Pour un pécheur qui croit cela, la foi qu’il a équivaut à la déclaration : Je ne me confie pas en moi ni dans mes bonnes oeuvres ; mais je me confie en Dieu, dans le sang de Christ. Et c’est la confiance de base de la vie chrétienne. Sans cela, il n’y a pas de christianisme.
Ainsi, ces versets s’appliquent très bien au salut de l’âme. Mais ils vont beaucoup plus loin, et sont très importants pour la vie chrétienne pratique. C’est sur ce point que je désirais dire quelques mots.
Chers amis chrétiens, frères, soeurs, rappelons-nous ce que Dieu dit : «maudit l’homme qui se confie en l’homme, et qui fait de la chair son bras». La chair, c’est l’homme. Dieu nous dit lui-même qu’Il ne se confie pas dans l’homme : «Il ne se complaît pas aux jambes de l’homme» (Ps 147:10). Il n’a pas besoin de son intelligence, de son zèle. Dieu n’a besoin de personne. Tout le monde a besoin de Lui, tandis qu’on voudrait nous faire croire le contraire. On voit des hommes qui s’efforcent de vivre sans Dieu et de se passer de Dieu, alors que personne ne peut se passer de Lui, et que Dieu pourrait se passer de tout le monde.
«Maudit l’homme qui se confie en l’homme», cela va très loin. Est-ce que, dans notre vie, nous nous appuyons sur l’homme, ou sur Dieu, dans nos circonstances ?
«Béni l’homme qui se confie en l’Éternel». Il vous arrive une circonstance difficile. Vous pouvez appeler tous les voisins, tous vos amis, tout le monde ; ils ne pourront rien faire pour changer votre circonstance, pour changer votre douleur en joie, votre chagrin en allégresse. Personne au monde, et même tous les chrétiens du monde eux-mêmes, ne peuvent rien à vos circonstances. Il ne peuvent pas, par eux-mêmes, changer la volonté propre d’un homme en obéissance à Dieu, sa haine contre Dieu en amour pour Christ. Personne ne peut faire cela au monde. Si vous appelez des chrétiens, ils peuvent prier pour vous, pour que Dieu fasse ce travail dans votre âme, le seul qui compte. Mais que de fois on s’appuie sur toutes sortes d’appuis, et on jette Dieu de côté. Dieu est-Il insensible à cet outrage ? Il sent tous les outrages. C’est un outrage à Dieu que de se confier en l’homme. Et je dis cela en sentant, pour moi-même, combien c’est difficile de se confier en Dieu.
Qu’une difficulté nous arrive, notre premier mouvement est-il de dire : Seigneur, voilà tout ce qu’il y a, exactement tout ? C’est à toi que je pense ; je t’apporte cela. C’est là une preuve pratique de la confiance en Dieu. Tandis que si vous allez chercher d’autres appuis, vous mettez le Seigneur de côté, et votre confiance n’est pas en Lui. Et si vous faites appel à des frères ou à des soeurs, que ce soit pour qu’ils prient afin que Dieu vous donne cette confiance qui fait qu’il n’y a rien entre Dieu et l’âme. Ah, si nous comptions sur Dieu en toutes choses ! Il faut compter sur Dieu quand c’est difficile. D’ailleurs, c’est toujours difficile de compter sur Dieu. Nous trouvons : «Confiez-vous dans l’Éternel en tout temps», (Psaume 62:8), quand le ciel est serein comme quand l’orage gronde. Lorsque l’épreuve survient, la détresse, ah, on pense à Dieu ! Mais il y a tellement d’intermédiaires qu’on a laissé se glisser entre le coeur et Dieu, que la confiance en Dieu est, en somme, très lointaine, et qu’il faut la faire remonter à la surface du coeur, au prix de beaucoup d’exercices.
C’est difficile, chers amis, de se confier en Dieu. Mais Dieu le sait. Dieu tient compte de la confiance des siens, et il n’y a que cela qui lui plaise.
Dieu nous parle, chers amis, aux uns et aux autres. Et il arrive qu’Il nous envoie une circonstance difficile, parce que nous sommes tombés dans un état de torpeur où Dieu n’a aucune place dans notre âme. Il nous envoie une épreuve pour nous réveiller, pour nous faire dire : Où est-ce que j’avais mis Dieu ? Et j’osais dire que je me confiais en Lui !
Quand on se confie en Dieu, on ne s’agite pas. C’est sérieux, de s’appuyer sur Dieu. C’est solennel, de chercher à donner à Dieu la première place. Je ne dis pas que nous le réalisions. Que Dieu nous fasse faire des progrès dans cet état-là. Mais s’appuyer sur Dieu, ne pas s’appuyer sur des appuis que nous aimons tous, c’est toujours éprouvant.
Dans Jérémie, nous avons deux exemples qui m’ont souvent réconforté, chers amis.
Le premier est celui d’Ébed-Mélec, l’Éthiopien. Un Éthiopien ! Dieu choisit cet homme, qui n’était pas favorisé en Israël, et le désigne ainsi pour montrer que cet homme, qui, a priori, n’avait pas été enseigné comme les Israélites, brille par sa confiance en Dieu. On voit Ébed-Mélec agir ; et, après, Dieu dit : «parce que tu as eu confiance en moi». (chap. 39:18) Qu’avait-il fait ? Il a mis sa vie dans sa main. Il aurait pu dire de Jérémie : Ce n’est qu’un prophète ! Il a vu Jérémie qu’on mettait dans la fosse (car on mettait les prophètes dans la fosse, dans ce temps-là… et on en a mis pas mal depuis) parce qu’il annonçait la parole de l’Éternel : Jérusalem sera prise ; livrez-vous aux Chaldéens. En effet, Dieu avait décidé de balayer son peuple de sa terre, tellement il avait péché.
Jérémie a parlé pendant peut-être plus de quarante ans ; quarante ans à souffrir ! Il tient bon et dit ce que Dieu lui fait dire, toujours. De guerre lasse, on s’empare de lui, on le fait mettre dans la fosse. Ce qui rend la situation solennelle, c’est qu’on condamne Dieu, en condamnant Jérémie.
Ébed-Mélec prend intérêt à Jérémie. Et, au prix de sa vie, cet Éthiopien, homme sans influence, va au-devant du roi et dit : C’est mal, de faire mourir Jérémie. Il s’emploie à faire remonter Jérémie hors de la fosse.
Si les princes, qui avaient jeté Jérémie dans la fosse, avaient vu cela, Ébed-Mélec risquait sa vie. Mais quand Jérusalem a été prise — car elle l’a été — Dieu n’a rien oublié. C’est pourquoi nous trouvons ce que nous avons lu. Dieu fait porter son message à Ébed-Mélec par Jérémie. Ce sont des paroles de toute beauté. Dieu ne perd rien, enregistre tout, se souvient de tout, de tout ce que Lui a produit dans les siens. Ce sont des paroles extrêmement belles : «ainsi dit l’Éternel des armées…» (chap. 39:16).
Ébed-Mélec n’était pas un héros. Dieu dit lui-même qu’il avait peur. Il n’avait pas une énergie naturelle telle qu’il ne sentait rien. Et Dieu lui dit : «Je te délivrerai en ce jour-là… je te sauverai… et tu auras ta vie pour butin ; car tu as eu confiance en moi, dit l’Éternel» (chap. 39:17-18).
Chers amis, il est beau de voir que Dieu attribue aux siens ce qu’il leur fait faire. Les fruits de la grâce qui agit en eux, il les leur attribue comme une bénédiction. Dieu sait en quoi nous nous confions. Bien des serviteurs de Dieu, qui ont annoncé que ce monde est un monde condamné, perdu, et la chrétienté elle-même, ont eu, pour cela, à endurer la mort ! Mais un jour viendra où la récompense de cette fidélité leur sera donnée, non pas sur la terre, comme ici en Israël, mais en vie et en gloire éternelles. Dieu tient bien ses comptes. Il sait ceux qui se confient en Lui : «Les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre pour voir ceux qui sont d’un coeur parfait envers lui» (cf. 2 Chron. 16:9). Et les yeux de l’Éternel sont cette parfaite connaissance que Dieu a de tout ce qui se passe dans les coeurs de tous les hommes, à chaque instant : «les yeux de l’Éternel parcourent toute la terre».
Qu’il nous soit donné de nous confier en Dieu pour tout. Nous avons une épreuve ? Qu’il nous soit donné de penser à Dieu, de crier à Dieu. Est-ce une épreuve pour laquelle nous n’osons même pas faire appel peut-être à nos frères, à nos soeurs ? Crions à Dieu ; prions Dieu ; demandons à Dieu qu’Il nous donne de compter sur Lui. «Rien n’est impossible à celui qui croit» (cf. Marc 9:23) ; rien, absolument rien.
Vous avez des situations, des circonstances inextricables ? Personne n’y peut rien ? Vous ne savez pas comment vous en sortir ? Priez Dieu. Seulement, il faut la foi. Notre foi est en question.
Voilà pourquoi nous pouvons prier tous les jours, pour que Dieu nous donne de la foi, dans le déroulement de notre vie quotidienne, dans l’accomplissement de notre humble tâche quotidienne. Il ne faut pas la faire sans Dieu, mais compter sur Dieu. Et, dans les circonstances plus remarquables, nous aurons Dieu avec nous.
Ensuite, nous avons l’exemple de Baruc. Il a beaucoup souffert, parce qu’il n’était pas à la hauteur. Mais il avait à coeur le bien du peuple. Jérémie a beaucoup souffert parce que son coeur était avec le peuple. Et Dieu lui disait : Je le consumerai ; son histoire est finie. C’était terrible, pour un homme de Dieu comme Jérémie, d’être obligé de dire lui-même, de la part de Dieu, au peuple qu’il aimait de tout son coeur : C’est fini ; le jugement est là.
Tout le livre de Jérémie, et plus encore les Lamentations, expriment quelque chose de cette douleur profonde de Jérémie.
À Baruc, Dieu dit aussi : «Tu auras ta vie pour butin» (Jérémie 45:5). Baruc a été avec Jérémie ; il a eu sa vie pour butin.
Que Dieu nous donne d’imiter la confiance de notre Seigneur Jésus Christ.
C’est quelque chose de profond que la confiance en Dieu, que se confier en Dieu tous les jours. Sinon, on se confie en soi. Que de fois nous nous confions en nous ! Je vais faire ceci, établir mon plan, voir, réfléchir. Je fais appel à ma sagesse, à ma connaissance, peut-être à ma piété. On peut se confier en tout ce qui est de soi, et pas en Dieu.
Une deuxième vertu chrétienne, dont je désirais dire un mot pour la proposer comme sujet de méditation, est mise en évidence dans Jean 11 ; c’est la dépendance. Le Seigneur montre une dépendance absolue. La dépendance, c’est chercher la volonté de Dieu avant de faire quoi que ce soit.
Que de fois nous faisons l’inverse ! Nous prenons une décision dans notre coeur ; elle est transformée en acte dans notre vie ; et puis nous disons : Seigneur, bénis-moi. C’est-à-dire, bénis ce que j’ai fait ; c’est-à-dire, au fond, bénis ma propre volonté. Voilà comment nous comprenons les choses ! C’est l’inverse de la dépendance ; c’est donc l’indépendance ; tandis que la dépendance reste bien illustrée par l’attitude du Seigneur à la mort de Lazare. Lazare était malade. Le Seigneur le savait ; mais Il reste là où il était, trois jours, sans se déplacer. Tout le monde, les Juifs, les disciples, et Marthe, même Marie, agit comme pour faire sortir le Seigneur de cette dépendance absolue qui était la sienne.
Le Seigneur n’avait pas de commandement de la part de son Père. Aussi Il ne fait pas un pas. Il savait que Lazare était malade, mais il ne fait pas un pas. On lui a fait des reproches : Seigneur, voilà, il est mort ; si tu étais venu, il ne serait pas mort. La dépendance recevra toujours des reproches de l’indépendance. Ces pauvres disciples étaient bien charnels, comme nous le sommes. Ils ont fait souffrir le Seigneur. Pourtant, dans sa grâce, Il leur dit : Vous avez persévéré avec moi dans mes tentations (Luc 22:28).
Voilà la dépendance : le Seigneur ne fait pas un pas. C’est difficile, chers amis, quand on sait qu’on pourrait faire quelque chose, de ne pas le faire ; c’est très difficile.
Qu’est-il résulté de cette dépendance absolue du Seigneur ? Eh bien, tout le monde savait qu’il guérissait les malades. Et on a vu, du fait de sa dépendance, qu’Il pouvait ressusciter un mort. Ressusciter un mort, c’est autre chose que de guérir un malade. C’est autre chose, à la gloire de Dieu ! C’est pourquoi le Seigneur dit : «Cette maladie n’est pas à la mort, mais pour la gloire de Dieu» (Jean 11:4). Si nous dépendons du Seigneur, dans les petites et dans les grandes choses, nous glorifierons Dieu. Mais souvent, nous nous agitons, lorsque quelque chose nous arrive, au lieu de nous arrêter à ce que le Seigneur veut. Il est vrai que nous avons peut-être tellement peu l’habitude de consulter le Seigneur, que nous n’entendons pas sa voix quand Il parle, sauf quand Il nous parle très fortement, quand Il nous oblige à nous arrêter. Si nous avions l’habitude d’entendre la voix du Seigneur, nous dirions : Là, le Seigneur m’arrête ; je le sens, je sens qu’Il veut que j’attende ; je ne fais pas un pas, je reste tranquille ; et puis, Il m’ouvre la porte, et je vais en avant. Le Seigneur dit à Philadelphie : «Je tiens devant toi une porte ouverte que personne ne peut fermer» (cf. Apocalypse 3:8).
Nous n’aurions qu’à dépendre du Seigneur ! Hélas, il nous suffit de voir ce que nous faisons pour constater combien nous sommes loin de ce que le Seigneur attend de nous, dans notre vie de tous les jours et, à combien plus forte raison, dans les circonstances graves. Nous regardons dix ans en arrière, et nous disons : Si j’étais resté tranquille, Seigneur, je me serais épargné telle agitation, telle souffrance qui, non seulement ont été vaines, mais ont été une désobéissance.
Voilà la dépendance : attendre que le Seigneur nous dise d’agir. Il ne dit rien, alors ne rien faire. C’est ce que le Seigneur faisait, absolument, parfaitement. Tandis que nous, nous faisons bien souvent l’inverse, et en invoquant le nom du Seigneur. Et puis nous disons : Seigneur, bénis-nous, alors que nous devrions dire : Seigneur, nous avons désobéi ; nous ne nous sommes pas attendus à toi. Cela va bien loin. Mais si nous sommes chrétiens pour le ciel seulement, ce n’est pas la peine de parler de christianisme pratique. Si nous ne sommes chrétiens que pour le ciel, si nous sommes contents de connaître Jésus simplement pour le ciel, faisons nos quatre volontés ouvertement, et ne nous réclamons pas du nom de Celui qui est mort, non seulement pour nous sauver, mais aussi pour que nous vivions pour lui !
Un troisième point, c’est l’obéissance. L’examen de ces trois vertus chrétiennes n’est pas le fait du docteur chrétien, c’est le fait de la piété et de la foi. Et on trouvera, sans aucun doute, devant le tribunal de Christ, que tel frère inconnu ou telle vieille soeur inconnue, ou qu’un chrétien vivant n’importe où, aura vécu ces trois vertus chrétiennes beaucoup plus que nous, qui savons beaucoup de choses et ne les vivons pas.
La confiance en Dieu, la dépendance de Dieu, l’obéissance au Seigneur dans les détails, dans notre vie pratique, quand nous sommes devant les hommes, quand nous sommes devant les frères, dans les réunions, dépendre du Seigneur et du Saint Esprit dans les petites choses… Si nous le réalisions, nous remplirions le coeur de Christ de joie ; et, pour nous, ce serait le ciel sur la terre.
Que le Seigneur nous exerce, les uns et les autres, à secouer ces mensonges que constituent les apparences dont nous nous contentons, la plupart du temps, et à apprendre, dans la communion avec notre Sauveur bien-aimé, le trésor de notre coeur, notre vie pour l’éternité, ce que c’est que de Le suivre dans ce pauvre monde. Peut-être que, demain, nous n’aurons plus le privilège de pouvoir le faire.
[LC n° 64]
Dimanche après-midi 3 avril 1949
Nous avons lu bien des fois ce passage de Jean 13. Et nous avons remarqué que ces chapitres 13, 14, 15, 16, et même 17, constituent une partie de cet évangile tout à fait distincte, dans laquelle, jusqu’au chapitre 16 inclus, le Seigneur s’adresse à ses disciples. Il allait les quitter et, comme quelqu’un qui fait ses adieux à ceux qu’il aime, il leur adresse ses recommandations. Il les instruit pour le temps où, dans un sens, ils auraient à continuer tout seuls dans ce monde. Au chapitre 17, Jésus parle au Père, mais il parle de ses disciples. Les disciples du Seigneur sont donc toujours sur son coeur. Le Seigneur pense toujours à ses disciples. Il n’y a pas un instant où le Seigneur ne pense pas à tous les siens, à chacun de nous ici. Il n’y a pas un instant où l’un quelconque des siens échappe à son regard vigilant ni aux soins de son coeur. C’est une heureuse pensée, et c’est une sérieuse pensée.
On comprend que les disciples avaient le coeur brisé, en pensant que Jésus allait les laisser… Il ne leur cache rien des difficultés qui les attendaient ; il leur dit : «Vous aurez de la tribulation dans le monde». Le Seigneur le savait, et nous le savons aussi, maintenant. Mais il ajoute, pour les consoler : «Ayez bon courage, moi, j’ai vaincu le monde» (16:33).
Il est tout à fait remarquable que la première chose par laquelle s’ouvrent ces instructions du Seigneur, soit une pensée relative à la sainteté. Le Seigneur a souci qu’il n’y ait pas de souillure dans le coeur de ses biens aimés. Il a beaucoup plus le souci de notre sainteté que nous ne l’avons nous-mêmes. Le souci de la sainteté des siens ne le quitte jamais.
Le plus grand obstacle à la bénédiction de chacun de nous, qui que nous soyons, vieux chrétien ou tout jeune croyant, et, au fond, le seul obstacle à la bénédiction, c’est la souillure. Ne jouons pas sur les mots ; la souillure, c’est le mal.
Si un chrétien ne marche pas bien, ne prospère pas spirituellement, soyons bien sûrs que, dans quelque coin de son coeur, il y a du mal. Il y a un coin de son coeur resté dans le noir, resté dans l’ombre, un coin de son coeur qu’il cache à Dieu, à Christ. Son coeur n’est pas entièrement ouvert. Ce chrétien ne peut pas prospérer ; il ne prospérera pas. Dieu est vrai. Si tous les hommes sont menteurs (Ps. 116:11), et si les chrétiens le sont plus d’une fois, Dieu reste vrai, toujours vrai.
C’est pourquoi, chers amis, l’essentiel, le premier et le constant souci de notre coeur, doit être : est-ce que mon coeur est ouvert devant Dieu ? Mon coeur est-il à nu devant Dieu ? Est-ce que je suis pressé de dire, par le Saint Esprit : «Sonde-moi, ô Dieu ! et connais mon coeur ;… et regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin, et conduis-moi dans la voie éternelle» (Ps. 139:23-24) ?
Toutes les dissertations, tous les discours, toutes les intrigues, n’y changeront rien. Tous les mensonges et toutes les hypocrisies ne changeront rien à ceci, que nous avons la force de Dieu et la bénédiction de Dieu dans la mesure où nous marchons dans la lumière de Dieu, dans la mesure où notre coeur, comme dit le Seigneur, «est tout plein de lumière, comme quand la lampe l’éclaire de son éclat» (Luc 11:36). Il n’y a pas d’état supérieur à celui-là. Voilà ce qui importe, un état moral selon Dieu.
Le plus grand péché de la chrétienté professante, c’est qu’elle se soit servie des vérités spirituelles pour couvrir un état moral fâcheux. C’est une victoire majeure de Satan dans la chrétienté. C’est pourquoi, chers amis, la lutte quotidienne est avant tout et, au fond, exclusivement, de vivre dans la séparation du mal, et de maintenir le contact vivant de notre âme avec Dieu. Un contact vivant : Dieu me parle ; je parle à Dieu ; Dieu est avec moi ; je marche avec Dieu. Voilà la vie chrétienne. Il n’y a rien de supérieur. C’est d’ailleurs pourquoi, par exemple, il est dit que «les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes» (1 Cor. 14:32). L’état moral est le point suprême.
La cause de nos défaillances et de la pauvreté de notre vie chrétienne réside là. Nous manquons d’exigence et de vigilance à l’égard de notre état moral devant Dieu. Nous faisons bon marché des exigences de Dieu, en disant que Dieu est avec nous et que nous sommes avec Dieu, quand ce n’est pas vrai ; tandis que, si nous étions exigeants comme l’est Dieu, qui ne peut supporter aucune souillure, nous aurions Dieu avec nous. Il serait notre haute retraite, notre refuge, notre lieu très-saint, et la force de Dieu serait toujours avec nous ; la force, non pas pour accomplir des exploits, mais pour nous tenir à l’écart du mal, jouir de Dieu, servir Dieu, l’honorer. «La crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal» (Prov. 8:13).
La mesure de sainteté que Dieu veut voir en nous, c’est la sienne même. La sainteté, c’est le caractère d’une nature qui se sépare du mal. La justice, c’est le jugement du mal (soit en appréciation morale, soit en acte judiciaire). La sainteté, c’est s’en séparer rigoureusement.
Il faut très peu de choses pour nous souiller ; une mauvaise parole dite ou entendue dans nos contacts quotidiens, une lecture, suffisent à souiller notre coeur. Tout ce qui nous rend Dieu moins précieux, tout ce qui éloigne Dieu de notre âme, tout ce qui obscurcit la clarté de Dieu dans notre âme, tout cela est mal. Quel mal y a-t-il en ceci ou cela ? Il y a du mal parce que je ne vais pas là, ou que je ne fais pas cela, avec Dieu. Le Seigneur Jésus a su ce que c’était que de supporter le poids de la colère de Dieu contre le péché. Nous parlons facilement du péché et de la colère de Dieu contre le péché. Nous parlons facilement du péché et de la colère de Dieu ; ce sont des mots que nous prononçons quelquefois à la légère. Et il se peut aussi que nous annoncions la mort du Seigneur à la légère. Nous oublions qu’annoncer la mort du Seigneur, c’est dire que ce monde a mis à mort Jésus, que ce monde est un monde où il n’y a que des péchés aux yeux de Dieu ; et nous devrions en garder tous les jours la pensée.
Eh bien, nous avons un secours pour nous aider à réaliser cette sainteté «sans laquelle nul ne verra le Seigneur» (Héb. 12:14) ; c’est celui de Jésus lui-même. Avant de quitter les siens, il accomplit symboliquement un service, pour leur faire comprendre ce qu’il ferait après son départ : il lave les pieds de ses disciples. Les pieds nous parlent de la marche, dans un monde où tout est souillure. Eh bien, le Seigneur s’occupe de nous. Il lave nos pieds, c’est-à-dire qu’il enlève avec un grand soin, avec un soin continuel, la souillure qui s’attache à nos pieds, afin que notre communion avec lui ne soit pas interrompue. Et comment fait-il ? Il peut le faire directement. Il peut nous parler par sa Parole, par son Esprit, par une épreuve aussi ; c’est un moyen qui est dans sa main. Il peut nous parler par un frère, par une soeur. Il peut laver nos pieds en se servant de quelqu’un.
Il ne veut pas nous laisser avec une souillure dans notre coeur, même un mensonge. Le Seigneur ne veut pas qu’un mensonge reste dans notre coeur ; c’est une souillure. Le premier péché qui est entré dans l’Église, c’était un mensonge, un demi-mensonge. Ananias et Sapphira n’avaient rien volé ; le champ était à eux ; ils pouvaient garder tout leur argent. Ils ont dit un demi-mensonge. Ils ont voulu avoir le prestige de la piété, et garder la moitié de leurs possessions. Ils ont menti à l’Esprit Saint. Ils ont menti à Dieu. Un mensonge est d’abord contre Dieu. Eh bien, le Seigneur ne veut pas que nous soyons des menteurs ; il ne veut pas que nous aimions le monde et que nous disions : «Seigneur nous t’aimons», alors que notre coeur brûle pour le monde. Le Seigneur nous aime trop pour tolérer cela.
Chers amis, que le Seigneur nous donne de ne jamais nous contenter d’une attitude extérieure, mais de jouir de sa communion.
La ruine vient par les concessions quotidiennes, multipliées, répétées, accrues, vis-à-vis des valeurs morales, devant Dieu. Le fléchissement du peuple de Dieu vient de là, vient par là. Ce qu’autrefois, à la lumière de la Parole de Dieu, on appelait mal, on en dit maintenant : C’est indifférent ; c’est neutre ; ce n’est ni bien, ni mal. Et demain, on dira : c’est bien.
Ne jouons pas avec le mal. Ayons en horreur le mal ; ayons en extrême horreur le danger de perdre le sentiment du bien et du mal. Ce sentiment du bien et du mal est en rapport avec l’état d’homme fait (Héb. 5:14), c’est-à-dire de quelqu’un qui est conscient de sa position en Christ dans le ciel ; on connaît le bien et le mal dans la mesure où on jouit d’un Christ glorifié. Un jeune chrétien ne débute pas par la réalisation de sa vie en Christ dans la gloire. Il est sauvé ; ses péchés sont ôtés ; sa joie le remplit ; mais il a beaucoup de choses à apprendre. Normalement, dans dix ans ou davantage, ce qu’il pouvait tolérer jusque-là, il ne le tolérera plus. S’il fait des progrès, il ne tolérera plus la dixième année ce qu’il tolérait la première. Ses sens spirituels se seront développés, pour discerner le bien et le mal.
On ne tient jamais assez compte de l’état du coeur et de la conscience. Et alors, à l’abri des déclarations scripturaires, on néglige la vie morale, et on oublie que, si nous avons les vérités sans Dieu, les vérités nous couvrent pour faire le mal, au lieu de nous aider à faire le bien.
Un deuxième enseignement est celui-ci, que non seulement Jésus dit : «Voilà ce que je fais ; je me mets à vos pieds ; je vous lave les pieds», mais il ajoute : «faites-vous de même les uns aux autres». «Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites». Nous laver les pieds les uns aux autres ! Laver les pieds de mon frère et que mon frère me lave les pieds, c’est un service de la plus haute valeur, de la plus haute importance. Non pas «laver la tête de son frère», comme on l’a souvent dit. Mais que de fois, parce qu’on dit que le danger est là, de laver la tête de quelqu’un, qu’est-ce qu’on fait ? Eh bien, on dit : «Que mon frère fasse ce qu’il veut ; qu’il pèche, s’il veut pécher ; qu’il reste dans le mensonge, s’il veut y rester ; qu’il ait une marche plus ou moins ténébreuse, s’il lui plaît ; c’est son affaire». Voilà ce que nous disons. Alors que, déjà, l’Ancien Testament nous dit : «Tu ne manqueras pas à reprendre ton prochain, et tu ne porteras pas de péché à cause de lui», autrement dit : «Lorsque tu sais que ton frère a péché, tu deviens coupable si tu t’en désintéresse» (Lév. 19:17).
Il arrive souvent que c’est au nom de l’amour qu’on ne s’occupe pas de son frère ! Si une mère dont l’enfant est malade ne s’occupe pas de son enfant, personne au monde ne dira : Voilà une mère qui aime son enfant ! Si mon frère est dans un état de péché, ou dans un état dangereux, et que je le sache sans m’en soucier, je ne pourrai jamais lever ma face devant Dieu et dire que j’aime mon frère. On entend dire : Je ne veux pas lui faire de la peine ; je l’aime tellement ; il a tellement de qualités ! Eh bien, la Parole de Dieu est plus sage que nous, et elle nous enseigne à nous occuper de notre frère, à nous mettre aux pieds de notre frère, à ne pas tolérer de souillure chez notre frère. Il est de toute importance de le réaliser. Il ne s’agit ni d’ajouter à son accablement, ni de faire comme si mon frère n’avait rien. Dans les deux cas, je serais infidèle. Je ne parle pas du cas où on encouragerait quelqu’un à faire le mal, à désobéir à Dieu ; ce serait une faute positive très grave.
L’attitude de Jésus était toujours parfaitement, exactement, adaptée à celui à qui il avait affaire. Que ce soit difficile pour nous, qu’il y faille du tact (et non pas le tact humain), c’est sûr. Mais si nous en manquons, demandons au Seigneur qui donne à tous libéralement. Si nous avons affaire au Seigneur, nous saurons dans chaque cas adapter notre attitude à l’état moral de notre frère. Que celui qui remplit ce service se mette aux pieds de son frère, mais qu’il ne recule pas. Il pourra subir des refus. Celui qui ne veut que des flatteries et des louanges ne peut faire que le service du diable. Mais, dans le service du Seigneur, il faut l’amour qui surmonte tout.
Il ne faut pas nous attendre à ce que celui dont nous voulons nous occuper comprenne au premier abord ce que nous voulons. Que de fois le Seigneur s’occupe de nous alors que nous ne le comprenons pas !
Ce n’est pas le malade qui sait comment il doit être soigné. Il résiste souvent même aux soins. C’est le médecin qui soigne le malade. Une médecine un peu amère, parfois très amère, peut être celle qui guérit le mourant. Seul le Seigneur peut dire aux siens ce qu’il faut employer, et à quel moment l’employer.
Lorsque, par peur de perdre leur amitié, nous négligeons les soins envers un frère ou une soeur en mauvais état, nous n’aimons pas notre frère pour le Seigneur, mais nous l’aimons pour nous-mêmes.
Dans l’assemblée, les plus responsables de l’état moral, ce ne sont pas les jeunes gens, les jeunes filles, qui viennent d’être convertis ; ce sont les frères et soeurs âgés. S’ils contribuent, d’une façon ou d’une autre, à affaiblir le poids de la Parole et à endurcir les consciences, leur responsabilité est grande.
Le service dont nous parlons est difficile ; il demande beaucoup de patience et de vie avec Dieu. Mais quel est le service où il n’est point besoin de vivre avec Dieu ?
Chers amis, nous ne lisons pas assez la Parole. Au lieu d’avoir soif de la pensée de Dieu, nous avons dans notre coeur une multitude de pensées à nous, et nos expériences ! Dieu est plus sage qu’une expérience de cinquante ans de vie chrétienne ; et c’est Dieu que nous devons suivre.
Pour terminer, je voudrais dire ceci : Il est précieux de pouvoir trouver un frère ou une soeur qui soient sûrs, à qui on puisse s’ouvrir, et dont on saura «qu’ils mangeront le péché dans le lieu saint», et qui sauront faire autre chose que de se distraire avec la défaillance d’un autre et la colporter.
Dans l’Ancien Testament, nous trouvons que le sacrificateur mangeait le sacrifice pour le péché dans le lieu saint. Il s’identifiait avec le péché de son frère.
N’est-ce pas à notre honte que quelqu’un dans la détresse cherche en vain un frère qui pourra lui laver les pieds, et accomplir ainsi ce que Jésus a dit ? Il n’y a pas de plus grande détresse que celle de la conscience. Un chrétien qui a une épreuve, un chagrin, et qui a Dieu pour lui, traversera cette épreuve avec Dieu. Mais quelqu’un qui a péché et qui a la conscience bourrelée, qui l’aidera dans cet état le plus douloureux de tous ? Il n’y a donc personne pour avoir le courage de se mettre aux pieds de celui-là et de porter cette défaillance, en n’en parlant qu’à Dieu, tant qu’il n’est pas nécessaire de s’en occuper autrement ?
Que le Seigneur nous aide, les uns et les autres, et qu’Il fasse :
1° que si quelqu’un a péché, il ne se cache pas à Dieu ; qu’il ne se séduise pas lui-même, ni ses frères ;
2° que ceux-ci sachent laver les pieds de leur frère en faute, en ne couvrant pas une plaie non guérie, et en s’attendant au Seigneur pour savoir employer comme il convient l’amour et la vérité.
D’ailleurs, le Seigneur et l’intéressé ne sont pas seuls en question, mais aussi l’Assemblée elle-même.
Que le Seigneur, qui prie sans cesse, qui est fidèle dans son service, nous accorde d’être fidèles dans le nôtre.
[LC n° 65]
8 juin 1969
Judas n’était pas net. Il sera comme un sarment qui brûlera. Ce nom n’est pas écrit dans un livre. Dans certaines églises, il y a un registre, avec des noms d’inscrits dessus. Le Seigneur les remaniera ; et il en enlèvera plusieurs.
Le Seigneur, avant de quitter ses disciples, qui lui sont très chers, et qui l’ont bien fait souffrir, ne les regarde pas de haut. Quand un homme s’élève, il oublie ses amis de condition d’abaissement. C’est très courant. C’étaient de pauvres gens, les disciples, peut-être les plus pauvres du peuple. Nous, nous recherchons des titres ; eux, ils n’avaient pas de titres. Le Seigneur ne les oublie pas. Vous ne me verrez plus, mais je ne vais pas vous oublier. Le Seigneur ne les oublie pas.
Parfois, il y en a, même parmi nous, qui disent : «Je n’ai personne !». Mais nous ne sommes jamais seuls. «Vous avez un ami qui ne vous oublie pas, et c’est un ami qui peut tout».
Ses soins à notre égard ont pour objet de maintenir la communion, la joie, en lui. «Je vais vous quitter, mais je vais m’occuper de vous, pour que vous jouissiez de moi».
Un mot suffit à souiller un croyant. Il ne suffit pas d’avoir pour cela fait de mauvaises lectures, mais une parole. Et combien en avons-nous eu, au cours d’une semaine ! Nous avons besoin d’avoir les pieds lavés, afin que notre communion avec le Père soit entretenue. Le Seigneur s’emploie, chaque jour, à nous laver les pieds.
Rien ne passe, avec le Seigneur. Les détails comptent ; une parole, même une parole ! La vie est faite de détails.
Nous n’avons pas fait quelques heures, et nous nous rendons tout à coup compte que nous avons perdu le Seigneur. Nous n’avons plus de force. Et puis, on s’habitue à ce relâchement. Et on nous dit : «Oh, il ne faut pas être trop étroit !». Non, non ! Mais il est incontestable que ce qui est incompatible avec le ciel, est incompatible avec notre vie de croyant. «Ne laissez pas la communion s’interrompre», disait un de nos devanciers. Si nous confessons nos péchés, nous retrouvons la joie et la clarté de sa face.
Eh bien, levons les yeux. Combien de croyants, dans le monde, savent que le Seigneur s’occupe d’eux à chaque instant ? C’est une vérité qui sanctifie et qui aide.
Il n’y a pas une seule plaie qu’il ne puisse guérir, pas un fardeau qu’il ne puisse soulager. Mais il faut qu’il soit là, lui. Il faut qu’il soit là lui-même.
La préparation de la place est le fait que Jésus lui-même est là, et que nous y serons aussi, peut-être aujourd’hui. Eh bien, voilà notre encouragement. Les encouragements du monde ne vont pas bien loin.
Jean 14:6 : «Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi». C’est simple, mais c’est complet. S’il parle de chemin, c’est donc qu’il y a des chemins qu’il ne faut pas suivre. «Je suis le chemin, et la vérité, et la vie». Les esprits supérieurs des hommes supérieurs cherchent partout, et pendant toute leur vie, un chemin. Le monde est sans chemin. C’est un chaos inextricable. On est seulement frappé que tant d’hommes arrivent à s’adapter. Mais il y en a bien qui vont au désespoir.
«Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie». On dit parfois que les frères s’occupent du mal. Mais le mal est toujours là. On a beau couvrir cela de beaux dehors, les misères sont là.
Je lisais, il y a quelques temps, qu’un homme disait à un de ses amis : «Mon cher ami, je dois vous dire que depuis mon enfance, j’ai beaucoup ricané de la religion chrétienne ; et je reconnais maintenant que vous aviez raison. Si c’était à refaire, je ferais comme vous ; je ne craindrai ni l’opprobre, ni le mépris. Je reconnais que j’ai eu tort».
Celui qui a des talents naturels, et qui ensuite est jeté dans une fosse, comme tout le monde : voilà la vérité qui fait réfléchir tout le monde.
Le sang versé de Christ met au jour la grandeur du mal aux yeux de Dieu, et apaise la colère de Dieu.
«Je suis le chemin, et la vérité, et la vie». Personne ne peut conduire l’humanité à 1’apaisement de tous les maux. Christ seul apporte aux hommes la connaissance, l’apaisement des besoins de l’esprit.
La perfection, pour une créature, c’est de jouir de son Créateur. Et c’est notre vrai bonheur. Nous n’avons pas à faire d’efforts mentaux, pour comprendre les choses de Dieu. 1 Cor. 2 est décisif, sur ce point. Qu’un chrétien n’eût pas à renoncer à ses facultés, c’est clair. Mais c’est le Saint Esprit qui s’en sert. C’est très grave, d’oublier la prééminence de Dieu, dans ces choses.
Un croyant disait : «Christ est la clé de l’énigme de ce monde». Si la vie familiale était le but de la vie, pourquoi la mort vient-elle tout trancher ? Il faut la vie, la vie divine. Et le chrétien l’a.
Pour les saints, le Saint Esprit est leur consolation. Il agit en nous. Il opère dans la créature. Christ nous donne sa paix, cette paix qui surpasse toute intelligence, la paix du coeur, la paix de Dieu. C’est inexprimable !
La présence du Saint Esprit est un fait terrible, pour la chrétienté. C’est un terrain de justice, parce que Dieu a été juste en acceptant Christ. La justice de Dieu a été de recevoir Jésus à sa droite.
Les choses invisibles sont bien plus importantes que les choses visibles, quoi qu’on en dise. L’unité est par l’Esprit.
Que le Seigneur bénisse la jeunesse ! Qu’il la garde du monde, qui est menteur. Il promet, et ne donne rien.
La curiosité n’est jamais un bon signe. La curiosité est toujours charnelle. C’est, au fond, la chair. Dans le ciel, il n’y aura pas de curiosité. Le chrétien ne cherche plus ; il a trouvé. On n’a pas besoin de le convaincre de la valeur de ce qu’il a. Il peut éventuellement dire : Moi, j’ai trouvé Dieu. Évidemment, il n’y a rien au-dessus de Dieu.
[LC n° 66]
1 février 1948
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 150
Le Seigneur était sur le point de quitter ses disciples ; il savait que leur chagrin serait grand et il leur annonce d’avance les consolations qui seraient leur part. Quand le Seigneur était avec ses disciples dans le monde, il était leur consolation et leur force. En face d’un incrédule ou d’un ennemi, c’est le Seigneur qui, le premier, rencontrait l’hostilité ; embarrassés, les disciples se tournaient vers le Seigneur. Quand ils étaient dans la souffrance ou les difficultés, le Seigneur était le tout premier à la brèche. C’est pourquoi, quand il en envoie quelques-uns, il leur dit : vous n’avez pas besoin de prendre une épée ; mais, au moment de partir, il leur dit symboliquement : «Que celui qui n’a pas d’épée vende son vêtement et achète une épée» (Luc 22:36). Le Seigneur allait disparaître de leur vue, ses disciples ne le verraient plus. Il leur dit alors : «Que votre coeur ne soit pas troublé ; vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi» (Jean 14:1), c’est-à-dire, Dieu est pour vous désormais un objet de foi et je deviens, moi aussi, pour vous, un objet de foi. Le Seigneur nous fait faire aussi l’expérience de cette consolation ; il est pour nous aussi un objet de foi ; il apprécie par-dessus tout qu’on compte sur lui et qu’on l’aime.
Ce n’est pas facile de marcher par la foi. Dans la détresse, on préfère s’appuyer sur un frère, un père, une mère, que se tourner vers le sanctuaire de Dieu. Mais que faire si le Seigneur m’enlève cet appui pourtant légitime ? Ou si je suis dans une situation où je n’ai personne pour m’aider, devant un devoir à accomplir, est-ce que je me tourne d’abord vers celui qui est à la droite de Dieu, auquel anges, principautés, autorités sont soumis ? Telle est la foi. La force du chrétien est dans sa communion avec Christ à la droite de Dieu.
Il nous faut souvent toute une vie pour apprendre ce qu’est le monde ; c’est peut-être le dernier regard que le chrétien jette sur le monde qui est le plus clairvoyant. Mais c’est avant la fin de notre course que le Seigneur nous révèle le vrai caractère du monde ; il nous dit : appuyez-vous sur moi, comptez sur moi ! «Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi». Durant la semaine écoulée, est-ce que votre coeur s’est appuyé sur Christ ? Si nous étions très pieux, nous accomplirions même notre travail avec le Seigneur. Quand Jésus était charpentier, il était aussi près de Dieu que dans le plein exercice de son service ; Paul aussi quand il faisait des tentes. J’ai un deuil, une épreuve amère, une difficulté : Seigneur, je me tourne de ton côté ; je ne comprends pas pourquoi cette circonstance m’arrive, mais à toi j’élève mon âme. «Je t’aimerai, ô Éternel, ma force !… mon rocher, et mon lieu fort» (Ps. 18:1-2). C’est quand on est sur une mer orageuse qu’on apprécie la puissance de Celui qui peut la calmer d’un mot. Nous souhaiterions souvent un chemin facile jusqu’au bout, sans difficultés, sans orages. Ce ne serait pas le chemin de la foi.
La mort même ne peut pas nous séparer de Jésus ; elle nous introduit auprès de Jésus ; elle est la servante du Seigneur, il tient les clés de la mort et du hadès.
Il nous arrive de dire : ah, mon chemin est fermé, je suis devant un mur ; j’ai une montagne sur mon chemin ! Eh bien, Seigneur, je me tourne de ton côté. Rien n’honore le Seigneur comme cela. Il est précieux, mais très éprouvant, de ne pouvoir s’appuyer sur personne, mais c’est la vie de la foi. Sur qui le Seigneur a-t-il pu compter dans son service ? «J’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne,… et des consolateurs, mais je n’en ai pas trouvé» (Ps. 69:20).
Le Seigneur est fidèle ; il nous dit : tu as marché par la vue jusqu’ici en croyant marcher par la foi, maintenant on va voir comment tu marcheras par la foi. Et il nous enlève notre appui ; c’est peut-être notre savoir, nos connaissances ou notre fortune : tout est enlevé. C’est l’épreuve totale. «Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi» ; croyons en celui qui n’a été arrêté par rien, ni la mort, ni la contradiction des pécheurs ! Le Seigneur n’a pas fait un pas sans rencontrer une opposition ; quelle somme de souffrances ! Il ne disait rien, il ne faisait rien qui ne suscitât la contradiction des pécheurs contre lui-même.
«Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi». Si nous marchons par la foi, notre coeur brûle à cette seule pensée. Peut-être de petites choses entre notre coeur et Christ nous empêchent de dire : «Viens, Seigneur Jésus, tu es ma vie, je t’attends». Mais est-ce que ce monde ne nous fatigue pas ?
Il est bon de connaître et de faire connaître aux saints les vérités chrétiennes, mais il ne faut pas oublier l’essentiel, la source et le centre, qui est Christ. On peut connaître beaucoup de vérités et n’être pas converti, ou aimer tant de choses avant Christ. «Je suis depuis si longtemps avec vous et tu ne m’as pas connu ?» (Jean 14:9) ; toi, tu ne m’as pas connu ! Est-ce que, par quelques expériences nouvelles, nous avons accru nos richesses ces derniers jours ? Pouvons-nous dire : Seigneur, j’ai appris d’une manière nouvelle ce que tu es pour mon âme ?
«Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie» (Jean 14:6). Certains peuvent se souvenir du temps où ils cherchaient ce chemin dans le labyrinthe des pensées des hommes, au milieu de la masse confuse des erreurs des hommes. Ils se souviennent de cette parole : «Moi, je suis le chemin». On n’a pas besoin de connaître les erreurs, il suffit de connaître la vérité. La vérité est la lumière qui dissipe les ténèbres dans l’âme. Il faut un chemin pour sortir du monde et aller vers Dieu. Ce chemin, c’est Christ. La vérité, vous l’avez dans la Parole de Dieu et en Christ. Jésus dit tout : il dit ce qu’est Dieu, il dit ce qu’est l’homme. Il donne la raison de ces faits étranges : le péché, la souffrance, la mort, ces réalités terribles qui enlaidissent les choses les plus belles qui seront bientôt la proie de la mort. Quelqu’un trouverait-il sa nourriture dans ce monde ?
C’est l’Esprit de vérité qui prend de ce qui est à Christ et nous le révèle. Nous ne connaissons rien sans le Saint Esprit. Une personne qui n’est pas scellée du Saint Esprit peut avoir la vie, mais elle n’est pas dans la position chrétienne. Il y a une différence entre la réception de la vie et la réception de l’Esprit. Une âme qui n’est pas scellée du Saint Esprit n’a pas sa place à la table du Seigneur, qui est le témoignage à l’unité du corps. Le Saint Esprit produit nécessairement par la Parole de Dieu des pensées et des sentiments conformes à ceux de Dieu : c’est l’état chrétien, la position chrétienne.
L’Esprit de vérité est aussi le Consolateur. Lorsqu’une difficulté se présente dans notre chemin, il faut se tourner vers Dieu immédiatement ; c’est ce que Jésus faisait toujours. Il n’y avait pas de délai entre l’instant où il rencontrait une épreuve et l’instant où il la rejetait sur son Père. Chez nous, il y a souvent un délai parce que notre volonté propre agit et que nos péchés ont fait séparation entre Dieu et nous (És. 59:2). Il faudra passer peut-être plusieurs nuits à genoux avant de trouver la face de notre Dieu ; ne nous contentons pas alors d’une seule nuit ! On ne s’arrête pas à mi-chemin quand il s’agit de retrouver Dieu. La vie chrétienne est tout entière dans ces exercices intérieurs, et le témoignage n’est que la manifestation de la présence intérieure de Dieu. Nous croyons souvent le contraire, que les faits extérieurs donnent la puissance intérieure, jamais. Le Consolateur, s’il n’est pas contristé, nous dit : ayez bon courage, le chemin se termine dans le repos ! Le combat d’Israël n’a pas commencé en Égypte, mais après la traversée de la mer Rouge et même, à proprement parler, après la traversée du Jourdain. En Égypte, Israël courbait le dos ; c’est tout ce qu’il pouvait faire. Après le Jourdain, les combats sont arrivés : tous les ennemis étaient là. Du moment que nous avons reçu le Saint Esprit, c’est le repos d’un côté et le combat de l’autre. C’est pourquoi la vie chrétienne est une vie d’épreuves. Même le chrétien, qui n’a pas d’épreuves dans ses circonstances personnelles, souffre parce que le Saint Esprit lui fait sentir ce qui, en lui et dans le peuple de Dieu, entrave son action. Plus le chrétien est spirituel, plus il souffre de cela. Si nous ne marchons pas par l’Esprit, nous vivons par la chair.
Le Consolateur… Ah, les consolations de Dieu ! Avons-nous fait l’expérience de ces détresses où on est tout seul ? On ne peut rien dire à personne, partout des difficultés ; difficultés ici, incompréhensions là. On s’attend à Dieu et la délivrance vient d’en haut, la lumière éclaire mon chemin ; je n’ai qu’à obéir. Dans le chemin de l’obéissance, les consolations d’en haut sont données ; le Saint Esprit, qui est dans le chrétien, est la source de tout, de la connaissance, de la consolation, de la force. C’est pourquoi le chrétien n’est pas compris du monde. Personne n’a été isolé comme Christ ; il était seul, absolument seul, et personne n’a été heureux comme lui ; et il nous parle de la joie accomplie. Seulement c’est éprouvant, et, souvent, après avoir marché un jour par la foi, fatigué, on va chercher un peu de consolation humaine : c’est une infidélité au Seigneur, une perte pour l’âme.
«Je vous laisse la paix». Il nous l’a laissée, il est notre paix. Dans ce monde, «il n’y a pas de paix, dit mon Dieu, pour les méchants» (És. 57:21), ni pour un coeur infidèle. Tous les inconvertis ne meurent pas dans le trouble ; leur coeur est souvent endurci, insensible à tout. Les gens du monde ne sont pas toujours malheureux, ils vivent souvent dans les délices du péché et leur coeur s’endurcit. Les chrétiens, eux, comme dit Paul, gémissent dans la tente, étant chargés (2 Cor. 5:4). Ils ne sont pas chez eux dans ce monde ; ils sont étrangers. Un chrétien qui trouve sa joie dans ce monde est un triste chrétien. On se plaint partout aujourd’hui qu’il n’y a plus que la forme de la piété : on recule devant l’aveu de ce qu’on est ; on n’a plus le sentiment aigu et profond du péché. L’homme, moi, je suis foncièrement pécheur, méchant. Tout ce qu’un homme inconverti peut faire avec la meilleure volonté du monde n’est que péché. C’est une conviction qu’il faut avoir individuellement : je sais qu’en moi il n’habite aucun bien. Une vue collective de cette vérité n’entraîne pas l’exercice de la foi ; elle n’a aucune valeur, ni pour la conversion, ni pour la restauration de l’âme. C’est moi seul qui suis en cause.
«Je vous donne ma paix», celle qui était dans le coeur de Jésus quand il pleurait, quand il répondait en grâce aux pharisiens et à tous ses ennemis, quand il apportait le témoignage de sa bonté à un lépreux ou à une pauvre femme. S’il rencontre un besoin aujourd’hui, il peut y répondre comme autrefois.
Les difficultés les plus visibles ne sont pas les plus éprouvantes, mais bien plutôt les combats que nous livrons contre les principautés et autorités dans les lieux célestes. L’ennemi ne veut pas que nous jouissions de Christ, mais Dieu le veut. Que la grâce de Dieu, dans cette lutte, nous donne de remporter la victoire et que Christ soit notre gain dans la vie et dans la mort !
[LC n° 1]
26 avril 1964
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 9
Les premiers chapitres de la Genèse sont d’un extrême intérêt. Les hommes sont bien embarrassés avec des passages comme ceux-là. Il n’y a pas eu de témoin. Il y en a eu pour ce qui concerne la vie de Jésus, par exemple, quoique, en dehors d’une explication et d’une compréhension spirituelles des choses, il ne faille pas nous attendre à un témoignage profitable. Mais pour la création, il n’y a pas de témoin parce qu’il ne pouvait pas y en avoir. Le seul témoin est Celui qui parle. Il laisse tomber ses paroles comme des oracles avec une simplicité qui ne fait que confirmer leur autorité absolue. Il connaît tout à fond parce qu’il a lui-même tout créé. L’Écriture donne au chrétien des réponses sûres aux besoins de son esprit, de son coeur et de sa conscience ; seul il connaît l’explication véritable de cette énigme que constitue le monde dans son état actuel.
L’homme est un être étrange : il a des besoins très élevés, il connaît le bien et le mal et il ne peut pas éliminer de son esprit cette connaissance mystérieuse. C’est sa caractéristique essentielle, bien plus noble que son aptitude à penser ; en cela, il ressemble à Dieu. Il connaît le bien et le mal d’une façon intrinsèque, sans qu’une loi lui impose la distinction entre ce qui est bien et ce qui est mal, même si parfois sa conscience est oblitérée. Il est impossible à l’homme de chasser de son esprit la voix de sa conscience. Cette faculté témoigne qu’il est différent d’une bête. Un enfant très jeune a déjà des réactions qui trahissent l’activité de sa conscience. La lumière entre dans l’homme par la conscience, non par la pensée ou par un effort mental : c’est l’erreur des rationalistes, qui tous aboutissent à une impasse. On ne découvre pas Dieu par la pensée, mais par la conscience. Dieu nous parle d’une façon suffisante, mais très sommaire, des profonds secrets de sa création. En revanche, la Bible toute entière abonde et surabonde en considérations et instructions relatives au bien et au mal. La Parole de Dieu, c’est cela ; c’est ce qui la distingue de tous les livres humains, c’est ce qui la dresse contre tous les livres humains. Si vous parlez à des gens instruits de telle question relative à la création, leurs oreilles s’ouvrent ; ils sont flattés de se considérer comme des dieux capables d’expliquer certains phénomènes de la sphère dans laquelle ils se meuvent et qu’ils estiment être leur propriété. Mais dès que vous touchez la question du péché, vous ne trouvez plus d’oreille pour vous écouter. Or l’Écriture ne parle, au fond, que de cela. On n’aurait pas besoin de la grâce s’il n’y avait pas de péché. La grâce entre en scène parce que le péché l’a précédée. Dieu est trop bon pour nous amuser avec des questions secondaires, comme la création d’un monde qu’il détruira un jour, ou la création de l’homme qu’il détruira aussi dans sa forme actuelle.
La Parole de Dieu est entièrement consacrée aux activités divines à l’égard de la misère qui a fondu sur l’humanité, un des tout premiers jours de la création, en raison d’un péché jugé aujourd’hui dérisoire. Ce n’est pas par convention que les frères le disent, probablement plus et mieux que la plupart des vrais chrétiens d’ailleurs ; s’ils sont vrais devant Dieu, ils le disent par une profonde conviction intérieure : l’homme est un être perdu, et Dieu nous a raconté l’histoire tragique de cette chute. Les moralistes sentent bien qu’il faut regarder cette misère en face, le mensonge, la souffrance, la maladie, la mort. Toutes les couches sociales sont touchées, de l’homme le plus frustre à l’homme le plus raffiné. L’Écriture est claire, il n’y a pas de différence. Le reste est un vernis dont on revêt un matériau perdu. Les frères et les soeurs âgés ont pu l’apprendre en apprenant à se connaître eux-mêmes ; mais je dis cela aux jeunes pour que le monde ne les détourne pas ; ils ont à portée de mains le seul foyer de lumière qui existe dans ce monde couvert de ténèbres.
L’homme est tombé ; Ève a désobéi, Adam l’a suivie. C’est la fin de l’accès à ce paradis d’innocence. Même un enfant n’est pas innocent, dans le sens essentiel du mot ; un enfant ou un homme est innocent à l’égard d’un acte auquel il n’a pas participé. Mais devant Dieu il n’y a pas d’innocence, c’est fini depuis longtemps. Notre conscience nous fait honte du mal que nous ne pouvons pas ne pas faire, même si les hommes se jettent dans les plaisirs ou dans les affaires pour se fuir eux-mêmes.
Le premier couple est chassé hors du paradis. Ce qui est arrivé après cette aube tragique n’est pas moins solennel ; un frère tue son frère. Et pourquoi donc ? «Parce que ses oeuvres étaient mauvaises et que celles de son frère étaient justes» (1 Jean 3:12). Le premier crime a été commis par haine religieuse. Nous sommes descendants d’Adam et Ève ; nous sommes dans le même état moral que Caïn qui a rougi ses mains du sang de son frère. Après la première faute, une seconde : la violence ! Toutes les vagues du mal qui ont suivi celle-là en portent l’image. La jeunesse chrétienne doit veiller à éviter tout contact avec le mal, bien qu’il soit plus difficilement évitable aujourd’hui qu’autrefois.
Caïn est ainsi emporté dans le chemin de la malédiction ; c’est l’histoire du monde. Qu’est-ce que cela peut nous faire qu’il y ait eu, dans l’Égypte ancienne, telle ou telle dynastie, même si certains sont obligés de s’instruire pour faire face à leurs charges professionnelles ? Mais que nos premiers parents soient responsables du meurtre commis par un de leurs enfants, c’est une leçon morale de la plus haute valeur, permanente, universelle et définitive pour l’humanité. Si nous maintenons ce fait biblique que l’humanité ne peut pas être améliorée, ne nous attendons pas à pouvoir partager cette conviction avec tout le monde, même pas avec les personnes convenables et de qualité, même pas avec toutes les personnes véritablement chrétiennes. Certaines d’entre elles n’ont pas abandonné l’espoir d’effacer les traces des crimes de l’homme écrites sur le frontispice de l’humanité par le doigt de Dieu. Le chrétien apprend, dans l’expérience de sa vie, l’exactitude de l’affirmation de Paul, homme de haute valeur morale avant sa conversion et croyant d’élite après sa conversion : «Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien» (Rom. 7:18). Il n’est pas nécessaire de marcher sur les traces de Caïn pour arriver à cette conviction. Nous pouvons apprendre cette leçon avec Dieu, et la leçon est encore plus profonde ; nous n’avons pas besoin de l’apprendre avec Satan. À l’école de Dieu, nous apprenons à nous mettre d’accord avec lui. Les frères, avec toute la lumière qu’ils ont reçue sur ces sujets fondamentaux, devraient être les plus humbles de tous les hommes et glorifier Dieu plus que tous les hommes, étant d’accord avec Dieu contre eux-mêmes. Toute prétention est une offense à Dieu parce qu’elle dément les déclarations divines, comme si l’homme avait le droit de lever la tête après tout ce qu’il a fait.
L’origine de la création intéresse les savants ; laissons-leur cela, il faut bien qu’ils fassent quelque chose. Il faut bien qu’un homme ait un objet ; pour l’un, les affaires ; pour l’autre, les arts ; pour l’autre encore, les sciences, ou la philosophie. Le travail en soi est une chose excellente et la paresse est condamnable. Mais la soif inextinguible de l’homme est la démonstration publique et permanente qu’il a perdu Dieu. S’il avait Dieu, il serait tranquille. Au jardin d’Éden, il n’y a pas eu de savants, ni d’artistes, ni de philosophes. Un frère disait : «La perfection pour une créature, c’est de jouir de son Créateur». Au ciel, nous ne ferons pas autre chose, nous n’aurons pas d’autres désirs. Nous serons plongés dans l’amour de Dieu comme dans un océan sans fond ni rivage. Un vase, même fêlé, plongé dans l’océan, reste toujours plein.
L’histoire morale de l’homme, avec toutes ses misères et ses aspirations, avec ses besoins et ses capacités, nous montre qu’il a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu. Si nous frappons un homme, nous commettons un crime de lèse-déité. Après le déluge, le gouvernement de la terre est donné à Noé : le sang de l’homme doit être vengé ; une bête qui avait tué un homme devait être mise à mort. Nous n’avons pas à abaisser l’homme ni à l’élever.
L’homme a, pour ainsi dire, été chassé deux fois : Adam et Ève du jardin d’Éden d’abord, puis Caïn devenu vagabond loin de la présence de Dieu. Nous voyons, dans la descendance de Caïn, la naissance de diverses activités de notre monde. Apparaissent ceux qui habitent sous des tentes, les nomades qui gardent leur bétail ; ceux qui manient la harpe et la flûte, qui s’expriment par les arts ; ceux qui forgent l’airain et le fer, adonnés à la science et à la technique. Ces activités, qui se sont développées au cours des siècles d’une façon si remarquable, prouvent que l’homme, ayant perdu Dieu deux fois, s’est dépensé fébrilement à satisfaire ses aspirations sans Dieu. Ces activités, auxquelles d’ailleurs nous participons nécessairement à notre époque où l’homme fait tant de prouesses, qui ne dépassent pourtant guère celles de cette époque primitive où il y avait si peu de ressources, démontrent les aptitudes intellectuelles de cette créature qui a perdu Dieu et qui, d’une génération à l’autre, erre à droite et à gauche sans trouver un lieu de repos. Des hommes très brillants auront peiné toute leur vie en laissant espérer l’aurore d’un jour meilleur. Or tout cela est condamné : nous ne pouvons pas faire Dieu menteur. Toute page de l’Écriture est signée de Celui qui ne peut mentir ou se démentir, l’alpha et l’oméga, qui était avant quoi que ce soit fût et qui sera quand tout aura disparu sous sa forme actuelle. Que Dieu nous élève à ses propres hauteurs !
Un paradis s’est fermé à jamais, celui des deux arbres. Un autre paradis s’est ouvert, celui d’un seul arbre. «Bienheureux ceux qui lavent leurs robes, afin qu’ils aient droit à l’arbre de vie» (Apoc. 22:14), qui est dans le paradis de Dieu. La fin de l’Écriture fait contraste avec le commencement. Le désastre du commencement fait place à la grâce souveraine et victorieuse. Il n’y a plus l’arbre de la connaissance du bien et du mal, celui de l’homme responsable. Adam, mis à l’épreuve, est tombé, et le chemin de l’arbre de vie est devenu inaccessible. Alors Dieu est intervenu en grâce souveraine, sans nous demander notre avis. Il y a désormais deux domaines, celui de la gloire de Dieu, de la bénédiction absolue dans la présence de Dieu, et celui des ténèbres du dehors. L’oeuvre de Christ ouvre un autre monde défini par le paradis de Dieu où il n’y a plus que l’arbre de vie, et l’arbre de vie, c’est Christ. La question de la responsabilité de l’homme a été résolue par Christ à la croix. Dieu, ayant été glorifié par le sacrifice de Christ, peut, en justice et en grâce, ouvrir toutes grandes les portes d’un monde nouveau ; quiconque peut y entrer en lavant sa robe. Chacun est individuellement responsable devant Dieu : ajouter foi à ce que Dieu lui offre, ou demeurer sous sa propre responsabilité. Il y a la porte étroite et la porte large. Peu nombreux sont ceux qui suivent le chemin resserré, nombreux sont ceux qui suivent le chemin spacieux. Mépriser la grâce, c’est outrager Dieu. «Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie ; nul ne vient au Père que par moi» (Jean 14:6), dit Jésus. Ce n’est pas en pensant qu’on trouve Dieu, ni en faisant de bonnes oeuvres, ni en étant un honnête homme. Le seul chemin pour accéder à la connaissance de Dieu, c’est celui de la foi en Christ qui est le chemin du paradis de Dieu, et ce chemin passe par la croix.
[LC n° 67]
12 août 1971
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 148
Le Seigneur dit à ses disciples : «Je m’en vais au Père. Il vous est avantageux que moi je m’en aille ; car je vous enverrai le Consolateur pour être avec vous éternellement». C’était un déchirement pour les disciples de le voir partir. Ils avaient quitté leur famille pour le suivre, ils avaient tout quitté, et le Seigneur s’en va. Il leur dit : «Il vous est avantageux que je m’en aille ; je vais m’occuper de vous pour que vous restiez en communion avec moi. Je vais au ciel ; ce n’est pas le moment que je vous y emmène, mais je vais m’occuper de vous». Et leur relation avec lui fut plus étroite que lorsqu’il était avec eux. Les disciples reçurent le Saint Esprit, qui leur ouvrit les Écritures.
Le Seigneur s’occupe de nous encore aujourd’hui ; c’est nécessaire. Que de fois causons-nous du déplaisir au Seigneur, dans nos vies individuelles et dans la vie des assemblées ! Des frères refusent de faire certaines choses, mais, sous la pression des autres, ils cèdent. Ce n’est un bien pour personne. C’est frustrer le Seigneur, les fidèles, l’assemblée. Que les frères ne passent pas avant Christ, sous aucun prétexte ! Dieu aura toujours le dernier mot ; qu’il ait aussi le premier mot dans nos coeurs, toujours ! Qu’au lieu de sauver les apparences, ce qui ne fait qu’aggraver la situation, le chrétien règle ce qui doit être réglé avec le Seigneur et, si nécessaire, devant les hommes. C’est le chemin de la bénédiction.
Le Seigneur est parti. Il nous laisse la paix, celle qui était dans son coeur. Il peut consoler les inconsolables, parce que Lui n’a pas été consolé.
[LC n° 68]
21 mars 1971
«Des fleuves d’eau vive couleront de son ventre» (Jean 7:38) ; c’est autre chose que la réception de la vie. Le Saint Esprit est une source de bénédiction pour d’autres, comme, par exemple, le Seigneur s’est servi de Paul pour répandre la bénédiction autour de lui, pour communiquer la grâce à d’autres. L’homme n’est qu’un vase ; il n’est rien. Le Saint Esprit est la seule puissance pour le dépouiller de son égoïsme.
Jésus promet aux disciples de leur envoyer un consolateur (ou un «avocat», c’est le même mot en grec), pour être avec eux. Il est envoyé par le Père et par le Seigneur, et il vient lui-même. Cette venue du Saint Esprit, après le départ du Seigneur, est le fait caractéristique de l’Église. Nos corps sont le temple du Saint Esprit ; et nous ne pouvons pas réaliser la présence de Christ en nous autrement que par l’Esprit. Nos relations avec les personnes divines sont l’effet du Saint Esprit en nous. Mais l’Esprit rend aussi témoignage de Christ dans le monde, auquel Dieu pose cette question : qu’est-ce que tu as fait de mon Fils ? Il convainc «le monde de péché, et de justice, et de jugement» (Jean 16:8). Dieu le fait par ses saints, mais il peut le faire par n’importe quel autre moyen. Le Saint Esprit est invisible ; le monde n’en voit que les effets. L’Esprit fait parler des évangélistes pour dire au monde qu’il est jugé. Le chef de ce monde, Satan, est déjà jugé (Jean 16:11). Le monde entier est mauvais ; c’est le Saint Esprit qui nous en donne la conviction. Le monde gît dans l’erreur ; l’homme est ruiné. Ce sont de grandes leçons que nous apprend la vie chrétienne, et c’est le Saint Esprit qui nous en convainc. Le monde religieux même est condamné, car il n’y a que deux états devant Dieu : ce qui est de Dieu, et ce qui ne l’est pas. Celui qui n’a pas l’Esprit ne peut comprendre ces faits. Que le Seigneur nous donne cette lumière intérieure qui peut nous garder de bien des déboires. Le monde est très tentant, mais il est jugé ; et le chef de ce monde est jugé. Ne nous laissons pas égarer par l’étalage que le monde fait de ses splendeurs ; elles sont une abomination, aux yeux de Dieu.
Le Saint Esprit ne partira de la terre que quand l’Église elle-même s’en ira. Alors s’accomplira 2 Thess. 2:3-12, l’apparition de l’homme de péché. Aujourd’hui, il y a des sources de résistance à ce débordement du mal : «ce qui retient» et «celui qui retient». «Ce qui retient» (2 Thess. 2:6), ce sont les voies providentielles de Dieu, les moyens humains, les autorités établies par Dieu, qui arrêtent le mal, et que nous avons à honorer et à respecter. Il n’y a pas une autorité qui ne soit de Dieu sinon, Dieu ne serait pas le maître suprême. Nous n’avons pas à participer à leur établissement, mais à les reconnaître. «Celui qui retient» (2 Thess. 2:7), c’est le Saint Esprit, et aussi l’Église qui en est l’habitation (1 Cor. 3:16). Quand il aura disparu de la terre, ce sera un débordement du mal tel que le monde n’aura jamais connu de jours aussi mauvais.
Nos rapports avec le monde ne sont pas faciles. On comprend, après notre conversion, que le chrétien et le monde sont deux univers différents. Nous ne changerons pas le monde ; il est destiné au jugement. La première création va être détruite ; son existence est temporaire. Mais les effets de ce qui s’y est accompli sont éternels, en bonheur ou en malheur. Le Saint Esprit convainc le monde de péché. Un jour, le monde sera bien convaincu qu’il a rejeté Christ. Les hommes seront jugés, chacun selon les fautes qu’il aura commises. Les secrets des coeurs seront manifestés, les actes et leurs motifs (Luc 8:17). N’attendons pas une amélioration du monde actuel. De tout temps, des chrétiens se sont employés à préparer le règne de Dieu. L’oecuménisme se nourrit encore de telles pensées ; c’est en contradiction avec l’écriture. La terre ne sera bénie qu’après de terribles jugements. Ce n’est pas le christianisme qui établira la paix sur la terre ; le Saint Esprit n’est pas sur la terre pour cela. Il ne reviendra établir la paix qu’après l’exécution des jugements. L’oecuménisme fait Dieu menteur, car le monde est jugé ; «le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5:19). Espérer produire du bien dans le monde avec certaines semailles, c’est se moquer de Dieu. Christ seul est la clé de l’énigme de ce monde. Le Saint Esprit agit. Son action est perçue par la foi, non par la vue (2 Cor. 5:7). Tout est spirituel, dans le christianisme. Le Saint Esprit nous conduit et nous fait entrer dans la pensée et la communion du Seigneur. «Il vous est avantageux que moi je m’en aille» (Jean 16:7) ; nous sommes plus proches des pensées du Seigneur que ne l’étaient les disciples.
[LC n° 83]
Paris — dimanche 23 novembre 1975
Réunion pour les jeunes gens
1 Cor. 6:19-20 : «Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, et que vous avez de Dieu ? Et vous n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps».
Le Saint Esprit n’est pas un privilège seulement pour les apôtres ou pour les dons, mais pour tous les croyants. Le Saint Esprit est une des trois personnes de la Trinité. Chacune de ces personnes divines : le Père, le Fils et le Saint Esprit, a sa mission. Le Fils est mort sur la croix. Nous nous prosternons en adorant en face de Dieu, Dieu en trois personnes. Quel mystère ! Adorer, c’est tout ce que nous pouvons faire, en voyant, dans l’Écriture, ce qui se rattache à cela : Dieu en trois personnes. Mais chacun a une place à lui. Nous touchons là à ce mystère insondable de la Déité. Dieu n’a été connu que par ce qu’il a fait.
En Act. 5:3-4, nous voyons que le Saint Esprit est Dieu.
En Jean 16:7, le Saint Esprit remplace le Seigneur sur la terre. «Si je m’en vais, je vous enverrai le Consolateur».
Le Saint Esprit vient dans un croyant, et il habite en lui pour toujours. Le Saint Esprit est l’agent. C’est lui qui est actif, pour accomplir les conseils divins. Le Père et le Fils sont objets. C’est le Saint Esprit qui nous met en relation avec le Père et avec le Fils.
La communion, c’est un état d’âme. Ce n’est pas intellectuel. C’est par l’Esprit que cet état d’âme est produit et qu’il est conservé, dans la mesure où il n’est pas contristé.
Dieu en trois personnes, quelle merveille ! Ce ne sont pas les frères qui ont imaginé cela. Ils ont tiré ces conclusions. Ils ont compris ces vérités merveilleuses de l’Écriture sainte, comprise par le Saint Esprit.
La présence du Saint Esprit dans le croyant est un point capital à rappeler, de nos jours.
En Jean 16:13-15, nous avons : «L’Esprit de vérité vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses qui vont arriver. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. Tout ce qu’a le Père est à moi ; c’est pourquoi j’ai dit qu’il prend du mien, et qu’il vous 1’annoncera».
Le mot «enfant» indique une relation. La relation de Père à enfant est caractéristique du christianisme. Cette relation n’existait pas, pour les saints de l’Ancien Testament. Une date marque l’univers tout entier : la venue de Christ, et la descente du Saint Esprit à la Pentecôte.
Il y avait un conseil divin, un conseil d’ancienneté. Dieu voulait une épouse pour son Fils. Le mariage en est une image bien faible, sans doute, à côté de l’union de Christ et de l’Épouse.
Nous n’avons que l’Écriture pour nous guider. Notre imagination et notre intellectualisme n’ont rien à faire là. Les qualités intellectuelles de l’homme n’ont rien à voir avec ses qualités spirituelles.
Nous avons à apprendre que nos relations avec Dieu sont maintenues par une puissance toute divine. Le chrétien a une partie divine (la nouvelle nature), qui reçoit les choses qui viennent de Dieu.
1 Cor. 2:10-16 : «L’Esprit sonde toutes choses, même les choses profondes de Dieu… Ainsi personne ne connaît les choses de Dieu non plus, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Mais nous, nous avons reçu, non l’esprit du monde, mais l’Esprit qui est de Dieu, afin que nous connaissions les choses qui nous ont été librement données par Dieu ; desquelles aussi nous parlons, non point en paroles enseignées de sagesse humaine, mais en paroles enseignées de l’Esprit, communiquant des choses spirituelles par des moyens spirituels. Or l’homme animal ne reçoit pas les choses qui sont de l’Esprit de Dieu, car elles lui sont folie… celui qui est spirituel discerne toutes choses ; mais lui n’est discerné par personne ; car qui a connu la pensée du Seigneur pour qu’il l’instruise. Mais nous, nous avons la pensée de Christ».
Le nouvel homme ne trouve aucun plaisir dans les choses humaines et du monde ; le vieil homme, toujours.
Que la capacité du vase puisse être employée par Dieu, cela est vrai. Le Saint Esprit emploie des vases différents, mais remplis de lui.
Nous ne voyons pas le Saint Esprit. Il s’occupe de nous, de notre état moral. Adam et Ève n’avaient pas de problèmes, avant la chute. Depuis, le monde en a, de toutes parts.
La venue du Saint Esprit est une démonstration permanente que Christ a été rejeté du monde. Le Consolateur est sur la terre depuis la Pentecôte. Il travaille. Les conseils de Dieu s’accomplissent peu à peu. La formation de l’Église s’accomplit depuis la Pentecôte. C’est le grand dessein de Dieu.
L’histoire du monde est admirable, solennelle. C’est un mystère, la présence de l’homme sur la terre. Quand le Saint Esprit partira de la terre avec l’Église, ce seront les jugements de Dieu qui s’abattront sur la terre.
Le seul moyen d’entrer dans les choses divines, c’est la Parole de Dieu lue par l’Esprit, et la prière faite par l’Esprit.
Nous avons à nous rappeler que nous avons en nous un hôte de la plus haute dignité. Et nous avons à rechercher la sainteté intérieure. Tout ce qui est bon aux yeux de Dieu rejette tout ce qui est mauvais. Un homme du monde ne peut pas juger des choses et des actes comme un homme pieux. Il jugera à la manière de l’homme. Mais l’Esprit juge tout parfaitement.
Dans le ciel, il n’y aura même pas une mauvaise pensée. Tout sera parfait. La chair ne sera plus là. Il n’y aura pas trace de mal, même légère.
D’ailleurs, aucune trace de mal ne se trouve dans l’Esprit et dans le nouvel homme, qui est une nouvelle création, qui est céleste.
Pour voir les choses comme Dieu les voit, il nous faut la Parole de Dieu et le Saint Esprit. Le Saint Esprit est contristé quand nous marchons mal, par le péché. Nous avons à veiller comment nous traitons cet hôte divin. Le Saint Esprit ne supporte pas l’orgueil. Il fait valoir les droits de Dieu. Nous sommes suivis par Dieu de beaucoup plus près que nous ne le pensons. Le Saint Esprit est aussi un Esprit d’amour. Il ne perd pas de vue le croyant. Il habite en lui pour toujours.
On ne peut pas ne pas être heureux, quand les rapports avec Dieu sont bons. Ce qui rend heureux les croyants, ce ne sont pas les circonstances, mais Dieu dans le coeur. Le nouvel homme ne pèche jamais. Il ne le peut pas. Ces deux natures, nous les voyons dans l’épître aux Romains.
Pour qu’une réunion soit heureuse, il faut que le Saint Esprit ne soit pas contristé. Si cela était réalisé, une joie sainte, grave, incomparable, serait notre partage.
Il faut être vrai avec Dieu. Il voit tout ; il sonde tout. Demandons-lui simplement de nous aider. Il ne peut pas ne pas le faire. Ne laissons pas s’accumuler en nous des interdits. Cela a été la ruine de beaucoup de carrières chrétiennes.
La Parole de Dieu est complète. Nous n’avons rien à y ajouter, rien à y retrancher.
Même quand nous ne savons pas demander comme il convient, l’Esprit intercède et agit (Rom. 8:26). Nous ne prions pas l’Esprit, mais nous prions par l’Esprit.
Une des marques de la vraie piété, c’est que le croyant a à coeur de ne pas contrister le Saint Esprit. C’est cela, le vrai bonheur ! Nous ne sommes pas heureux comme nous le devrions. Nous avons à montrer que nous avons trouvé, que nous ne cherchons plus, que nous connaissons, le bonheur, que nous connaissons Dieu. Nous n’avons plus à chercher autre chose.
Le but de notre vie, c’est Christ. Tout ce qui nous sépare de lui n’est pas bon.
Un chrétien ne ressemble à aucun autre homme. Il a quelque chose, intérieurement, qui le rend différent des autres. Il possède le Saint Esprit. Il possède Christ. Il vit dans un autre monde ; et ce monde, c’est le ciel.
Le Saint Esprit nous rend malheureux, quand nous avons manqué ; heureusement. Il purifie la conscience, et nous conduit à rejeter ce qui nous a donné mauvaise conscience, pour retrouver la liberté et la relation heureuse avec Dieu.
Le grand problème, c’est celui du bien et du mal. Par la conscience, nous connaissons le bien et le mal. À la chute, l’homme, par la conscience, a appris à discerner entre le bien et le mal. Mais la conscience est souvent endurcie, aveuglée. Elle doit être renouvelée, éclairée, par le Saint Esprit.
Nous connaissons le bien et le mal par la Parole et par l’Esprit agissant sur nos consciences.
L’entrée du mal dans le monde est le fait de Satan.
La conscience est la faculté supérieure de l’homme, supérieure à tous les autres talents humains.
Le Saint Esprit nous fait avoir horreur du mal. Mais aussi, il nous donne de la puissance, la force de nous arracher au mal, et d’être des vainqueurs.
Gal. 5:22 : «Le fruit de l’Esprit est l’amour, la joie, la paix (résultats relativement à Dieu), la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur (vis-à-vis des hommes), la tempérance (vis-à-vis de nous-mêmes)».
Gal. 5:25 : «Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit».
2 Tim. 1:7 : «Dieu ne nous a pas donné un Esprit de crainte, mais de puissance, et d’amour, et de conseil».
[LC n° 69]
22 novembre 1970
«Ils ne sont pas du monde» (Jean 17:14). «N’aimez pas le monde» (1 Jean 2:15). Le chrétien n’est pas du monde. Les contacts sont inévitables et comportent des dangers. La position sociale d’un homme ne révèle pas nécessairement sa valeur morale. Une situation élevée peut correspondre à une grande médiocrité morale. La raison de vivre des hommes, c’est le monde. Pour la plupart, c’est l’accession à la gloire. Notre coeur est lié à un autre monde. Nous avons d’autres besoins et d’autres ressources. Le jeune chrétien a tout ce qu’il faut pour être gardé du monde. Un chrétien manque sérieusement, s’il oriente sa vie comme les inconvertis, même les meilleurs. Ils ne peuvent être des modèles aux croyants ; cela jetterait le christianisme par terre. Le monde est coupable ; il a rejeté Christ. La mise à l’épreuve du monde a été faite ; elle n’est plus à faire.
Le chrétien a une double nature : l’une aime ce qui est de Dieu, l’autre ce qui est du monde. Le nouvel homme ne peut pas aimer le monde. La séparation commence par soi-même. «Daniel arrêta dans son coeur…» (Dan. 1:8). Toute la vie, le nouvel homme doit contrôler le vieil homme. Si un homme du monde comprend vos motifs, vous êtes mondains. Nous devons nous occuper des choses de Dieu, lire la Parole, prier, confesser nos manquements, pour être séparés du monde, et nous séparer du mal qui est en nous. Pour réaliser cela, des chrétiens se sont cloîtrés ; mais cela ne résout pas du tout le problème. Le Seigneur est resté en contact avec les foules ; nous aussi, nous avons des contacts humains, qui ne sont pas religieux, sans pour autant abandonner notre caractère de chrétien. Que le Seigneur nous aide, en particulier dans nos rapports professionnels. Si nous sommes simples, sans ambition, si nous réalisons cette parole : «Que chacun demeure auprès de Dieu dans l’état dans lequel il a été appelé» (1 Cor. 7:24), nous serons gardés de devenir mondains.
Nous avons à saisir l’occasion. Seul le Seigneur peut pousser quelqu’un dans le service. Un jeune chrétien se connaît mal ; il est vulnérable aux attaques de l’ennemi. N’allons jamais au-delà de notre foi du moment, du degré d’engagement de notre âme avec le Seigneur. La puissance pratique de Christ dans l’âme varie aussi d’un chrétien à l’autre. «Tout ce qui n’est pas sur le principe de la foi est péché» (Rom. 14:23).
Appliquons-nous d’abord à montrer notre foi par notre comportement. Le témoignage le plus puissant est le comportement personnel. Dans nos relations professionnelles, Dieu bénira un bon témoignage sans parole. Si on fait un tort, il faut le reconnaître. La Parole ne relève aucune faute, dans la vie de Joseph ; pourtant, il fut accusé injustement, alors qu’il s’acquittait de sa tâche avec toute bonne conscience. Ne partageons pas les motifs de notre foi avec des moqueurs ou des blasphémateurs ; nous pourrions augmenter leur péché. Ne jetons pas nos perles devant les pourceaux (Matt. 7:6). Ne pensons pas qu’il faille déployer son drapeau d’une façon inconsidérée. La foi reste un secret : «Gardant la foi et une bonne conscience» (1 Tim. 1:19). Soyons sérieux, sans affectation, prêts à céder, évitant la contestation. Un chrétien ne peut pas être gouverné par les motifs du monde ; cela laisserait supposer que Dieu les approuve. Notre souci, c’est l’état des âmes. Notre mission ne peut être remplie par personne d’autre.
On cherche à pousser les chrétiens à la philanthropie ; c’est une erreur. La Parole dit : «Il n’y a point de juste, non pas même un seul…il n’y en a aucun qui exerce la bonté» (Rom. 3:10, 12). Le Seigneur peut pousser un frère à exercer la charité ; mais ce n’est pas toujours la bonne occasion pour présenter l’évangile, et nous n’avons pas besoin de nous engager dans une organisation humaine pour cela. Nous avons à répondre, peut-être, à des besoins personnels, mais sans entretenir une oeuvre dont nous sommes par ailleurs séparés. On ne peut pas encourager d’un côté, et nous séparer de l’autre. Faisons la charité pour la gloire de Dieu, et pas pour la nôtre. Le Seigneur s’est servi de chrétiens fidèles, pour annoncer l’évangile. On leur jetait des pierres ; devenus une organisation philanthropique, ils sont portés au pinacle. Cela a jeté une ombre sur l’essentiel, le salut des âmes. Alors, nous dira-t-on : Pourquoi ne partez-vous pas évangéliser ? Il faut dépendre du Seigneur, pour cela ; «Paul,…apôtre appelé» (Rom. 1:1) ; «j’ai été établi prédicateur et apôtre» (1 Tim. 2:7). S’engager dans l’oeuvre est une chose ; s’y tenir, une autre. Notre vision des choses selon l’Écriture est moins claire, aujourd’hui, parce que l’Église est en désordre. La fidélité du chrétien, dictée par la crainte de Dieu, a plus d’une fois provoqué la haine. «Malheur à vous quand tous les hommes diront du bien de vous» (Luc 6:26). Si je travaille au service du Seigneur pour ma propre gloire, il vaut mieux que je m’abstienne. Paul était un esclave, non pas un organisateur ; c’est la plus heureuse des conditions. Nous devons reconnaître l’autorité du Seigneur. L’abandon de ce respect est un signe de l’apostasie.
La vie chrétienne est individuelle. Celle du mari n’est pas celle de sa compagne ; chacun a sa vie propre et son degré de foi. Converti, un jeune homme a un secret avec le Seigneur. Ayons la vérité dans l’homme intérieur, le souci de la vérité morale, sans fraude aucune.
[LC n° 51]
21 décembre 1952
Les évangiles se terminent d’une manière en rapport avec le caractère propre de chacun d’eux. Je n’ai pas la pensée d’entrer dans le détail d’une comparaison, mais de placer devant notre coeur à tous cette simple pensée, que le Seigneur n’a pas quitté la terre sans se faire connaître des Siens, sans parler aux Siens.
Il a quitté la terre d’une façon inconnue du monde. Une fois que les hommes ont cloué le Seigneur sur la croix et Lui ont percé le côté, à partir de ce moment-là, ils n’ont plus mis la main sur Lui. Nous savons comment le Seigneur a été descendu de la croix ; c’est Joseph d’Arimathée qui paraît. Dieu a préparé des serviteurs. Joseph d’Arimathée était un homme riche. Dieu, quand Il a besoin d’un homme riche, l’emploie, à sa place, comme Il emploie un pauvre quand Il en a besoin aussi. Il fait surgir Joseph d’Arimathée, qui va demander le corps de Jésus.
On prend le corps de Jésus ; et nous sommes invités, par la Parole même, à nous en tenir au langage de l’Écriture, et à ne pas entrer dans les détails que la Parole ne nous donne pas, soit pour la crucifixion, soit pour l’ensevelissement du Seigneur. Il ne nous appartient pas de donner des précisions sur ce que Dieu enveloppe Lui-même, revêt Lui-même, d’une décence, d’une convenance appropriées à la grandeur de Celui qui avait consenti à s’abaisser. Si le Seigneur s’est abaissé, c’est parce qu’Il était grand ; et si le Seigneur s’est anéanti, c’est parce qu’Il était Dieu.
Une créature qui sort de sa place, serait-ce même pour s’abaisser, pèche. La perfection pratique d’une créature consiste à rester où elle est, où Dieu l’a mise. Tandis qu’étant Dieu, il appartenait au Seigneur, selon que Philippiens 2 nous le dit (passage que nous connaissons très bien), qui est Dieu et homme, qui était Dieu, de s’anéantir ; c’est une prérogative divine. Et si on demandait des preuves de la déité du Seigneur, il ne faudrait pas oublier celle-là : le fait que le Seigneur a pu s’anéantir. La gloire du Seigneur brille en tout, quand Il s’élève, quand Il s’abaisse.
Donc, les actes qui ont marqué l’ensevelissement du Seigneur, du seul Juste, sont des actes très sobrement dépeints, dans l’Écriture. Il nous convient, là comme ailleurs, de nous en tenir strictement à cette sobriété, dictée par le Saint-Esprit. D’ailleurs, cette sobriété elle-même revêt les choses d’une grandeur qui convient à la personne du Seigneur.
L’humanité du Seigneur était absolument réelle. Elle est inexplicable, inscrutable : «Nul ne connaît le Fils, si ce n’est le Père» (Matt. 11:27). On ne peut pas séparer en Lui les deux natures ; c’est impossible. Le vouloir, c’est déjà pécher ; l’essayer, c’est pécher. Sans compter que c’est — comme l’expérience l’a montré — s’engager sur un chemin si glissant que, sans doute, personne qui ait essayé d’y entrer n’en est sorti indemne et ne s’est pas rendu coupable de quelque blasphème à l’égard de la personne du Seigneur.
Il est Dieu ; Il est homme. Mais il n’appartient pas à l’oeil humain de séparer les deux natures en Lui. C’est le Seigneur, Dieu manifesté en chair.
D’ailleurs, les deux caractères, humain et divin, brillent dans tout ce que les évangiles nous en disent. On nous a rappelé, il n’y a pas bien longtemps — au culte, je crois — la description du voile du temple, dont nous avons le droit de dire qu’il représente Christ dans son humanité, puisque la Parole le dit. Eh bien, nous voyons que ce voile était tissé d’éléments divers, chacun parlant — à nous certainement beaucoup plus qu’aux Juifs — de quelque trait glorieux, soit humain, soit divin, du Seigneur.
Je fais, remarquer en passant, à cet égard, que dans le voile, il n’y avait pas d’or. C’est davantage le Seigneur sur la terre, davantage son humanité, que dans le vêtement sacerdotal, qui est constitué des mêmes éléments que le voile, mais avec, en plus, l’or, parce que le Seigneur est sacrificateur dans la gloire, dans la présence de Dieu.
Voilà donc l’ensevelissement d’un homme, bien-aimé Fils de Dieu, qui vient de passer par ce moment inexprimable des trois heures de la croix. Dans ces trois heures, où l’homme disparaît, tout ce qu’est Dieu, toute la nature de Dieu, tous les droits de Dieu, toute la gloire de Dieu, tout cela a eu son déploiement, dans son action, et son action judiciaire : Dieu sorti de son lieu et frayant un chemin à sa colère, comme il est écrit, donnant libre cours à sa colère, et seulement à cela. Dieu n’avait pour cela qu’un objet devant Lui, un point sur lequel s’est concentrée l’activité de sa colère. Pendant ces trois heures sombres de la croix, il n’y a eu aucune atténuation à sa colère. L’objet de son délice parfait était devenu l’objet de sa colère totale. Et si le Seigneur a accepté de prendre en main le salut du pécheur et de prendre sur Lui les péchés du pécheur, de la créature, des hommes pécheurs (bien entendu, de ceux qui ont cru), il fallait qu’Il fût traité sans aucune miséricorde. C’est là le mystère de l’offrande du Seigneur Jésus, insondable mystère devant lequel nous ne nous arrêterons jamais avec assez de révérence, insondable mystère de cette rencontre où Dieu le Fils, le Seigneur Jésus, s’est placé là, pendant les trois heures, pour supporter, pour épuiser, une fois pour toutes, tout le déploiement de la colère de Dieu, et accomplir une chose qui ne devait pas se renouveler, mais ne pouvait pas être arrêtée. C’est pourquoi l’Écriture dit : «une fois», «une fois».
Ce que cette scène de la croix évoque en nous, croyants, par l’Écriture, comme pensée et source de méditation, c’est infini. Nous sentons là qu’il s’agit de la gloire même de Dieu, de ce qu’est Dieu, et de ce qu’est Dieu en face du mal. Il s’agissait que Dieu rencontre le mal, une fois pour toutes. Et cette rencontre a eu lieu sur la croix. Nous pensons au Seigneur ; nous le voyons, par la foi, et que ce soit avec révérence, sans sortir des limites que l’Écriture nous donne et des termes qu’elle emploie, et hors desquels nous glissons sur le terrain humain, soit de l’irrévérence, soit du rationalisme. Nous pensons à ce que l’Écriture nous dit. Nous voyons, par la foi, par l’Esprit, par la Parole, son corps sanglant, le corps sanglant de Jésus, son corps percé ; le sang de Jésus, ce sang qui crie et qui parle, car il fait les deux, le sang sorti de son corps, un corps semblable au nôtre. L’oeuvre que Jésus a accomplie, Il l’a accomplie au regard des hommes, au regard des êtres moraux aussi, des anges ; Il l’a accomplie dans la honte. Nul d’entre nous ne voudrait être offert en spectacle de cette façon-là. Je ne parle pas de l’expiation, mais simplement du spectacle humain selon lequel le Seigneur a été offert dans des conditions pareilles, devant les regards de tous les hommes, et devant le diable et ses anges, dans la honte. Aucun opprobre ne Lui a été épargné, aucun. Dieu le permettait ; Dieu gardait le silence, pour ainsi dire. «C’est ici votre heure», est-il écrit, «et le pouvoir des ténèbres» (Luc 22:53), a dit le Seigneur. C’était l’heure : «Je suis venu pour cette heure». «Père, si tu voulais me délivrer de cette heure, mais c’est pour cela que je suis venu à cette heure» (Jean 12:27).
Chers amis, que nos coeurs s’arrêtent, nos coeurs remplis de folie, nos coeurs qui pensent bien plus volontiers et qui s’arrêtent bien plus volontiers — ils ne font pas qu’y penser — à la moindre bagatelle, plutôt que de s’arrêter devant le spectacle du Fils de Dieu, du saint Fils de Dieu, du Juste. C’est son titre ; c’est le titre que Dieu lui donne. Et c’est le titre que Dieu a fait proclamer même par un homme du dehors : «En vérité, cet homme était juste» (Luc 23:47) C’est son titre : Jésus Christ, le Juste ; «vous avez mis à mort le Juste : il ne vous résiste pas» (Jacq. 5:6). Nous n’avons pas l’idée, chers amis, de ce qu’est le Seigneur, de ce qu’est le Juste, parce que nous sommes tissés d’injustices. Le péché ne pèse pas lourd, à notre conscience ! Une mauvaise pensée, nous avons vite fait de l’oublier, en passant à une autre, chers amis ! Mais tout cela a pesé sur le coeur du Seigneur ; et tout cela a pesé sur le Seigneur dans son âme, lorsque, pour tout cela, et pour la moindre pensée légère qui a jamais traversé l’esprit, le coeur, d’un croyant, le Seigneur a dû répondre devant la majesté de Dieu déployée. Il a dû répondre pour la moindre de ces pensées légères, si on peut qualifier quelque chose de moindre, dans ce qui est péché.
Ah, chers amis, notre mesure des choses divines est très basse. Un des succès de l’ennemi, c’est de l’abaisser toujours plus. Mais Dieu n’en change pas pour autant. Eh bien, nous avons devant nous cette scène de notre Seigneur Jésus Christ pendant les trois heures des ténèbres ; et, après les trois heures, le corps sanglant du Seigneur. Il remet son esprit : «Père, entre tes mains, je remets mon esprit» (Luc 23:46).
Et puis, Dieu a dirigé les uns et les autres, Joseph d’Arimathée et d’autres, pour s’occuper du corps de son Fils bien-aimé. Quelle scène, chers amis ! Qu’est-ce qu’il y avait, dans le coeur du Père, quand son Fils était frappé par les coups de Dieu ? Qu’est-ce qu’il y avait, dans le coeur du Père, de la troisième à la sixième heure, lorsque le coeur de l’homme s’est ouvert, sans honte, sans retenue ? «L’inique ne connaît pas la honte» (Soph. 3:5), dit le prophète. Le coeur de l’homme s’est ouvert et a déversé tout son fiel à l’égard du Fils de Dieu. Qu’est-ce qu’il y avait, dans le coeur du Père, dans le coeur du Fils, chers amis ? Il est bon de refaire ce chemin, de s’y arrêter, car nous prenons là la mesure divine du bien et du mal ; et c’est une chose excellente pour nos consciences et pour nos coeurs.
Eh bien, quand la scène est passée, Jésus, d’une forte voix, remet son esprit. Il avait le pouvoir de laisser sa vie. Il la laisse ; on ne la Lui a pas ôtée. Pas plus que le Seigneur ne pouvait mourir de maladie, ce n’était pas possible, de la même façon, il avait le pouvoir de laisser sa vie. L’oeuvre d’expiation était faite. Pourquoi a-t-Il laissé sa vie ? Parce qu’Il avait entrepris notre salut, et que nous sommes des êtres qui meurent. Nous mourons ; nous sommes voués à la mort. Eh bien, Il a passé partout où nous étions, pour nous délivrer de tout ce à quoi nous étions assujettis. Il n’a rien laissé. Il n’y a plus rien à revoir ; c’est un travail très bien fait, parfaitement achevé.
Mes péchés, nos péchés à nous, croyants, Il les a portés pendant les trois heures. Mais ne soyons pas remplis d’une allégresse légère, en pensant que le Seigneur a porté nos péchés, pour ensuite faire nos quatre volontés, comme si nous ne savions pas que nous sommes lavés de nos péchés dans le sang de Jésus ! Que Dieu nous en garde ! D’ailleurs, nous aurons à en répondre. Et la scène, à ce moment-là, même si elle n’est pas une scène de jugement, n’en sera pas moins solennelle pour autant. Mais, à la fin des trois heures, la mort n’était pas encore vaincue. Le diable avait le pouvoir de la mort ; il avait reçu ce pouvoir de Dieu même. C’est un droit que le diable a. L’homme s’est livré, pieds et poings liés, au diable. Les hommes se moquent ; ils prennent le nom du diable dans leur bouche tant de fois par jour ! Il faut espérer que personne, ici, ne le fait, en tout cas pas de cette façon-là. Les hommes sont esclaves et ne s’en rendent pas compte. Ils sont esclaves du diable, et ils se disent très libres. On parle de liberté, d’affranchissement, de supériorité, de progrès du vingtième siècle. L’homme se croit très en avance, et l’homme n’a jamais été si esclave. Jamais l’homme n’a eu autant de jouets mis par le diable entre ses mains. Aujourd’hui, avec un jouet, il mène une âme en enfer. Il multiplie les jouets ; beaucoup de ces jouets sont des jouets criminels, qui font mourir beaucoup de monde. Voilà tout ce monde qui va en enfer. Voilà le progrès vu du côté de la Parole de Dieu. C’est un très grand progrès du diable. Il n’a pas fini ; il ira encore plus loin ; l’Écriture nous l’apprend ! Est-ce que quelqu’un serait emporté par ce tourbillon-là ? D’abord dans ses pensées, dans ses illusions et peut-être dans ses voies, peut-être dans son coeur ! C’est très sérieux, très solennel !
Eh bien, le Seigneur est entré dans la mort. Il est mort ; Il a laissé sa vie ; Il a traversé le tombeau. C’est une chose maintenant traversée. Il est sorti du tombeau ; nous le voyons, c’est notre lecture. Le tombeau est une chose connue ; la mort a été visitée. L’Ancien Testament nous donne des figures ; le Nouveau Testament nous donne des choses réelles. L’Ancien Testament nous dit : Regardez au fond du Jourdain. Qu’est-ce qu’on y voit, et qu’est-ce qu’on voit de l’autre côté du Jourdain ? Il y a douze pierres au fond du Jourdain. C’est un fleuve unique au monde, unique. L’eau a recouvert les pierres ; elles y sont, dit l’Écriture, jusqu’à ce jour. Que sont-elles devenues ? Dieu le sait. Peu importe. N’allons pas nous égarer, comme le font tant de personnes — et c’est une victoire de l’ennemi sur les esprits des chrétiens, souvent, de les égarer dans des considérations historiques et géographiques. Ce n’est pas pour cela que Dieu nous parle. S’il a traité en à peine plus d’un chapitre la création, ce n’est pas pour nous inviter à aller nous perdre dans ces choses-là. S’il avait voulu nous en dire plus, Il l’aurait fait, et nous en savons assez. Et la plupart du temps, nous en savons beaucoup plus que beaucoup de gens qui croient en savoir beaucoup. Qu’est-ce qu’il y a, au fond du Jourdain ? Douze pierres. Que signifient-elles ? À un moment donné, le Jourdain a été à sec. Quelqu’un a passé ce fleuve. Il regorgeait par dessus tous ses bords. Une puissance est intervenue ; le fleuve s’est arrêté, et le peuple a passé. Pendant ce temps se tenait au fond du Jourdain l’arche de Dieu Lui-même, puissance vivante, vivifiante, puissance suprême de Dieu Lui-même. Son peuple a passé parce que son Dieu était là, et que la mort a été visitée. Le pouvoir de la mort a été ôté des mains de celui qui tenait ce pouvoir, et à qui aucun homme ne pouvait le ravir. Et le Seigneur est sorti de l’autre côté du Jourdain. Il y a aussi des pierres tirées du fond du Jourdain, et qui sont les témoins que quelqu’un a été au fond du Jourdain et en est sorti ; c’est la résurrection.
Quand nous lisons ces passages (il faut les lire avec prière et crainte, et y trouver la pensée de Dieu), nous éprouvons que ce sont des choses très belles, et non pas seulement pour étonner les gens ou susciter la révolte de tous les incrédules de tous les temps, de tous les rationalistes (qui veulent nous faire croire que Dieu n’était pas là quand Dieu était là, et qui nous feraient croire de la même façon que la mort n’a pas été vaincue quand elle a été vaincue, que l’expiation n’est pas faite quand elle est faite, et que Dieu n’ouvre pas ses bras à quiconque vient à Lui par Jésus, et qu’il y a d’autres chemins que celui-ci). Tous les rationalistes de cette espèce sont des gens du diable.
Nous savons ce que c’est que d’être incrédules. Nous ne sommes pas nés chrétiens. Nous savons tous ce que c’est que de discuter, de rejeter, d’expliquer, de détruire, dans l’Écriture, les passages les plus beaux et les plus forts, de chercher à détruire ce qui est de Dieu, pour ramener toutes choses au niveau de l’homme. Cette page est tournée, pour le croyant, Dieu soit béni ! Est-elle tournée pour tout le monde, ici ?
La mort est vaincue, et le Seigneur a les clés de la mort et du hadès ; personne d’autre ne les a, personne.
Quand on nous raconte qu’on fait revenir les esprits des morts, nous ne trouvons pas cela, dans l’Écriture. Dieu a pu le permettre, certaines fois, comme dans le cas de Samuel. À ce moment-là, la mort n’était pas encore vaincue, mais peu importe, Dieu est souverain. Mais les esprits des morts sont dans la main du Seigneur ; Il tient les clés de la mort et du hadès. Ne confondons pas les ruses du diable avec son pouvoir, qui lui a été maintenant ôté. Qu’il y ait une réalité, oui, mais dans l’activité de la séduction du diable ; et que de mal a-t-elle fait ! C’est pourquoi nous avons à nous garder de tout ce qui, de près ou de loin, ressemble à cela. Et peut-être faut-il le dire aux chrétiens aujourd’hui.
Le Seigneur est ressuscité. C’est un jour illuminé. Un soleil s’est levé, quand le Seigneur est ressuscité, jour semblable à nul autre.
Le Seigneur est resté quarante jours avec les Siens, après être ressuscité. Il y a deux faits qui marquent la vie du Seigneur après sa mort : sa résurrection, le troisième jour, et ensuite son ascension. Non seulement le Seigneur est ressuscité, mais Il a été élevé au ciel. Il est à la droite de Dieu.
«Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ?» (Luc 24:5). Il est monté au ciel en bénissant. Ce geste est valable pour nous. Il pouvait bénir ; rien ne L’empêchait de bénir. Pourquoi ? Parce qu’Il avait accompli son oeuvre, au sujet de laquelle il disait : «J’ai à être baptisé d’un baptême ; et combien suis-je à l’étroit jusqu’à ce qu’il soit accompli» (Luc 12:50).
Avant la mort du Seigneur, Dieu a béni autrefois un Abel, un Abraham, et beaucoup d’autres. Mais Il avait devant Lui la croix, comme nous l’apprend l’épître aux Romains, lorsqu’elle parle «du support des péchés précédents» (3:25). Sans la croix, Il ne pouvait pas nous bénir.
On a présenté, dans nos temps dits modernes — mais qui sont d’une très ancienne incrédulité — un évangile qui prétend que Dieu pouvait bénir l’homme tel qu’il est, sans qu’intervienne la mort de Christ, et en ne présentant le Seigneur que comme modèle ! Si quelqu’un enseigne une chose pareille, qu’il soit anathème. «Quand un ange venu du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu’il soit anathème» (Gal. 1:8). En effet, c’est couper la vérité de Dieu dans sa racine. Il n’y a pas de réconciliation possible de Dieu avec l’homme sans la mort de Jésus, sans que la mort passe, sans le sang versé. Jésus n’est pas un modèle, pour un pécheur. S’il y a ici un pauvre pécheur, qui n’est pas converti et qui s’applique à imiter le Seigneur, nous lui disons qu’il fait entièrement fausse route. Le Seigneur n’est pas un modèle pour le pauvre pécheur ; cela n’existe pas, dans l’Écriture. Nous trouvons : «Il est un modèle afin que nous suivions ses traces» (1 Pier. 2:21) ; qui, nous ? Les croyants. Dieu serait cruel de dire à un pauvre pécheur inconverti : Imitez mon Fils bien-aimé. Nous avons déjà de la peine, nous, vrais croyants, qui avons la nature divine, à imiter le Seigneur. Un pauvre pécheur, Dieu ne le tient pas dans une erreur pareille. Dieu lui dit : Croyez que le Seigneur est le Sauveur. S’il y a ici quelqu’un qui n’est pas converti, nous lui prêchons Jésus comme Sauveur. Mais pour nous tous, croyants, Il est aussi notre modèle. Pourquoi ? Parce qu’Il est notre vie, la vie de chaque croyant. Ce qui a été lu en lui doit se lire en nous. C’est beaucoup dire, mais c’est Dieu qui le dit.
Le Seigneur est resté quarante jours avec les disciples ; puis Il a été élevé au ciel, bénissant les Siens. Cette phase de la vie du Seigneur, de son existence éternelle, cette phase qui a commencé à la crèche et fini au tombeau, est passée. Elle est finie ; mais le Seigneur est homme pour toujours.
Eh bien, quel enseignement nous donnent les scènes du tombeau ! En Matthieu, quel enseignement nous donne l’attitude de Marie de Magdala et de l’autre Marie ! Nous, quand nous venons à la réunion, il suffit bien souvent, hélas, de peu de choses pour nous distraire ; on regarde ceci, cela, et même, on est distrait quelquefois sans rien regarder. Mais Marie de Magdala, au tombeau, dans Jean 20 et ailleurs, voilà une femme qui va au tombeau, et elle ne cherchait que le Seigneur ! Là où le Seigneur n’était pas, son coeur était vide. Elle savait ce qu’elle devait au Seigneur. Elle avait eu sept démons ; nous n’en avons pas eu autant, mais nous sommes autant redevables au Seigneur. Lequel d’entre nous oserait donner la liste de ce qu’il a fait, liste sur laquelle le sang de Jésus a passé ? Est-ce que nous y pensons un peu ? Alors chacun de nous peut dire : Mon Seigneur, mon Sauveur, a effacé cela ; son sang a effacé cela ; il y a longtemps que cela a été fait ; Il m’a aimé au point d’effacer cela, cette tache ! Il y en a Un qui m’a aimé et qui a blanchi cette page de ma vie. Est-ce que je n’ai pas à l’aimer ?
Marie de Magdala ne disait pas qu’elle aimait le Seigneur ; elle le montrait. On ne pouvait pas l’arracher à son Sauveur. Elle va au sépulcre ; il est vide. Voilà cette pauvre femme qui ne sait plus où aller. La terre sans Jésus, c’est un sépulcre vide. Est-ce ainsi, pour nous ? Sommes-nous malheureux, si nous n’avons pas Jésus dans notre coeur ? Avons-nous envie d’aller de droite, de gauche, peut-être de faire de grands et beaux voyages pour nous distraire ? Cela ne remplira pas notre coeur. Et puis, deux anges apparaissent, deux anges brillants. Si deux anges apparaissaient ici, devant nous tous, nous ne verrions qu’eux, nous n’aurions de regards que pour eux, d’oreilles que pour ce qu’ils disent, de regards que pour ce qu’ils sont. Cette femme, non, pas du tout. Elle n’est pas arrachée à ses affections. Cette âme-là n’est pas distraite de ses affections, pas le moins du monde. C’est de toute beauté, cela ! Il y en a une qui la dépasse, mais probablement pas deux. C’en est une qui, elle-même, n’est pas là, au tombeau, qui ne venait pas chercher parmi les morts celui qui est vivant. C’était celle qui, au moment voulu, quand l’instant a passé, quand l’occasion d’un instant s’est offerte, avait un vase pour oindre le Seigneur, et l’a fait.
Marie de Magdala dit aux anges : «Je cherche mon Seigneur et je ne sais où on L’a mis». Est-ce que notre coeur en est là ? Dites-moi ce que vous voulez, présentez-moi ce que vous voulez, mon coeur ne peut être satisfait que par Celui qui m’a aimé. Ce ne sont pas des paroles, car Marie parle peu, ici ; elle agit. Les discours, ce sont choses faciles ; mais notre coeur, où est-il ? Est-il pour ce monde, notre coeur ? Voilà, chers amis, ce que ces femmes nous disent.
Pierre, c’était un apôtre, le premier des douze, incontestablement — même aux yeux des douze. Où est-ce qu’il va ? Chez lui. Cela nous arrive souvent, d’aller chez nous. Il avait un chez lui ; Marie de Magdala n’en avait pas, quand elle ne savait pas où était son Seigneur.
Chers amis, que de choses passent avant le Seigneur. Et Il nous met à l’épreuve tous les jours. Tous les jours, Il nous dit : Tu préfères cela à moi-même ; nous le savons bien. Il nous met à l’épreuve tous les jours, et tous les jours nous sommes, ou comme Marie de Magdala dont le coeur est fixe, ou comme ceux dont le coeur est distrait.
C’est écrit pour l’éternité. Pendant l’éternité, on saura que Marie de Magdala était là et que, sans être distraite par les deux anges, c’est son Sauveur qu’elle voulait. Pendant l’éternité, on saura que Pierre, qui aurait dû être le premier dans cette scène, ainsi que Jean qui, pourtant, est appelé le disciple que Jésus aimait, n’étaient pas là.
Qu’est-ce qui passe avant Jésus dans notre coeur, chers amis ? Si nous ne veillons pas, beaucoup de choses. Mais si nous veillons, nous disons : Seigneur, aide-moi à ce que tu aies véritablement, jour après jour, la première place.
Dans Matthieu, le Seigneur ressuscité se présente en Galilée. La Galilée, c’était la partie pauvre du pays. La partie religieuse, le foyer religieux, et aussi le foyer de l’inimitié, c’était Jérusalem. Tous ces scribes, tous ces anciens, tous ces «officiels», leur siège était Jérusalem. C’étaient les grands ennemis du Seigneur. Ils étaient là, concentrés dans cette ville. La plus grande partie de son ministère se passe en Galilée ; et, à la fin (Il y est venu d’autres fois), Il s’approche de Jérusalem, et se heurte à tout ce qui est établi, qui se prévalait des déclarations anciennes. Et quelle rencontre que celle du Seigneur avec tous ces pharisiens et ces scribes, tous ces anciens qui sont là et qui sont, au premier chef, les coupables de la mort du Seigneur !
Le Seigneur annonce qu’Il verra les apôtres en Galilée. Il s’est présenté en Galilée, et plus tard Il s’y présentera aussi. Mais en attendant, Il nous apprend ici : «toute autorité m’a été donnée» (Matt. 28:18). Il a toute autorité ; et c’est pourquoi Il envoie baptiser pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est la formule du baptême chrétien, puisque la trinité s’est révélée dans le christianisme. Les Juifs, responsables de maintenir le témoignage à un seul Dieu en présence des multitudes d’idoles, s’élèvent contre le Seigneur. Ils se sont révoltés contre Lui. On a souvent remarqué qu’une vérité divine nouvelle met à l’épreuve ceux qui possèdent une vérité ancienne. C’est le don, par Dieu, d’une vérité nouvelle, qui met la foi à l’épreuve. On l’a vu au siècle dernier.
Dans l’évangile de Jean, l’envoi que le Seigneur fait de ses disciples est en rapport avec sa personne : Je vous envoie. Ici, c’est plutôt en rapport avec le lieu, la Galilée. Ils partent de là, et sont envoyés évangéliser les nations, chose qui a été faite. Beaucoup de nations ont été baptisées pour le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui, il y a beaucoup de chrétiens. Sur eux a été invoqué le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, ce qui est la définition du chrétien, ce qui établit la frontière entre le christianisme et les paganismes divers. Les Mahométans, par exemple, même s’ils connaissent une partie de l’Ancien Testament, n’invoquent pas le nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est propre au christianisme professant. Si les vrais croyants seulement étaient baptisés, il n’y aurait pas de profession chrétienne, embrassant également des âmes qui n’ont pas la vie. Or il y a une telle profession chrétienne.
Dans Luc, nous voyons que les disciples devaient attendre d’être revêtus de puissance d’en-haut, et que le Seigneur leur ouvre l’intelligence pour entendre les Écritures. Par cette intelligence, ils ont appliqué l’Écriture pour le choix du successeur de Judas. Mais la puissance qu’ils devaient recevoir avant de quitter Jérusalem, c’est le Saint Esprit venu à la Pentecôte.
Dans Jean 20, nous trouvons quelque chose de semblable. Il souffla en eux et leur dit : «Recevez l’Esprit Saint». Mais ce n’est pas la personne du Saint Esprit, qui ne devait venir qu’à la Pentecôte.
Heureux sommes-nous d’être en rapport avec quelqu’un qui peut nous bénir, nous ouvrir son coeur et ses mains qui ont été percées, quelqu’un qui a été mort, mais qui est ressuscité et assis au-dessus de tous les cieux, toute autorité Lui ayant été donnée. Cette autorité — nous sommes heureux de le savoir — nous la partagerons, dans une mesure, avec Lui.
Combien nous sommes heureux de savoir qu’Il est puissant, plein de grâce pour nous aimer tels que nous sommes, et puissant aussi pour opérer en nous tels que nous sommes.
[LC n° 70]
20 décembre 1970
Quand nous serons avec le Seigneur, nous contemplerons toutes les conséquences des fruits de l’activité divine. Toute vie chrétienne est liée à des activités, à des faits divins. Tout est de Dieu. Et Dieu ne reconnaît que ce qui est de lui. Tout le reste, il le rejette, même ce que nous appellerions de bonnes choses. Dans sa présence, il n’y a pas de pénombre. Si nous nous complaisons dans cette pénombre, nous avons tort.
Si Christ avait été crucifié ces tout derniers jours, quel serait notre comportement ?
Marie de Magdala dépasse, dans son affection pour le Seigneur, toutes les autres femmes. C’était des femmes très simples, très modestes. Car ce à quoi le Seigneur regarde, c’est au coeur. Marie de Magdala a dépassé toutes les autres par son amour pour Christ. Marie de Béthanie l’a dépassée en intelligence spirituelle. L’âme la plus avancée, c’est l’âme la plus attachée à Christ. Si nous n’avons pas goûté quelque chose du ciel à la réunion, nous avons perdu notre temps.
Ne prenons pas à la légère les bénédictions que le Seigneur nous a données. À chacune d’entre elle se lie une responsabilité, de notre part. Le monde a rejeté Jésus. Toutes les fois que nous donnons la main au monde, nous donnons la main à une main rougie par le sang de Christ. C’est bien cela ! Le Saint Esprit nous rendra toujours graves et sérieux, en pensant aux souffrances de Christ.
Le Seigneur est fidèle. Et, même dans une assemblée en ruine, s’il y a des éléments pieux et craignant Dieu, qui s’attendent à lui, au milieu d’elle, toutes les fois que nous nous attendons à lui, il répondra. Et qu’est-ce qu’une assemblée bénie ? C’est une assemblée au sein de laquelle le Seigneur se manifeste. S’il n’y a pas cela, il n’y a rien.
[LC n° 50]
Dimanche après-midi 11 janvier 1948
Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 115
«Finissez-en avec l’homme, dont le souffle est dans ses narines, car quel cas doit-on faire de lui ?» (És. 2:22). Si cette pensée habite notre coeur, quelle délivrance ! Nos conducteurs sont souvent revenus avec insistance sur cette déclaration fondamentale qu’il n’y a rien de bon dans un homme, rien ; et ils disaient cela sans nuances, mettant sur le même pied les actions d’éclat des hommes et les crimes des plus grands pécheurs. Avaient-ils raison ? Parfaitement ; devant Dieu, parfaitement. Il faut dire et redire cela aujourd’hui ; c’est une vérité qui n’est pas à corriger ; elle devrait marquer de son empreinte l’éducation donnée aux enfants des chrétiens. La mesure suivant laquelle cette vérité est saisie par l’âme marque toute la vie du chrétien. Il vaut mieux partir lentement dans la vie chrétienne, mais partir avec cette connaissance-là de l’homme. On peut être en contact avec les choses de Dieu sans être en contact avec Dieu ; notre propre histoire quotidienne le prouve.
Le Seigneur a arrêté Pierre au milieu de son travail. La présence de Dieu a produit dans cet homme le sentiment de son péché : «Seigneur, retire-toi de moi, car je suis un homme pécheur» (Luc 5:8). C’est ce que Dieu fait qui compte, et il veut nous amener dans sa présence. Prêcher l’évangile, ce n’est pas parler de ses propres sentiments, c’est proclamer que Christ est mort parce que tout le monde est pécheur, que la croix a une vertu intrinsèque — elle montre que tout homme est pécheur — que Dieu a tué l’homme, que la croix est la fin de l’homme et, en même temps, le commencement de l’homme nouveau dans le Christ Jésus. Pour Dieu, il y a deux hommes : le premier Adam et le dernier ; on est rattaché à l’un ou à l’autre.
Après la rencontre initiale avec Dieu, le pécheur, placé devant Dieu, doit y rester. Pierre a appris à connaître le Seigneur ; il doit encore apprendre à se connaître lui-même. Simon aimait son Maître, mais il y avait beaucoup de sentiments naturels en lui et un zèle selon la chair. Lorsque le Seigneur parle de la croix : «Seigneur, Dieu t’en préserve !» (Matt. 16:22), dit-il. Simon, fils de Jonas, était comme nous, il voulait bien tous les avantages de la foi, mais pas les inconvénients ; régner, oui, tout le monde veut bien régner. Mais si Jésus lui montre qu’il sera livré aux principaux sacrificateurs et qu’il sera mis à mort : «Dieu t’en préserve, cela ne t’arrivera point !… Va arrière de moi, Satan» (Matt. 16:22-23). Le Seigneur nous le dit toutes les fois que nous lui disons : «Te suivre, mais pas à ce point-là».
La croix s’approche ; le Seigneur dit à Pierre : «Simon, voici, Satan a demandé à vous avoir pour vous cribler comme le blé ; mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas» (Luc 22:31-32). Il avertit Simon : Satan a demandé et Dieu permet. Dieu se sert souvent de Satan pour exercer la discipline, sous quelque forme que ce soit. Il ne faut jamais prendre une discipline à la légère, mais discerner l’intention de Dieu. Il veut dépouiller une âme pour l’enrichir : «Ne méprise pas la discipline !» (Héb. 12:5) : rien dans la vie du chrétien n’est à négliger. Dieu est un Dieu très proche de nous.
«Cribler comme le blé» : ce sont d’abord les pleurs, puis une poignée de bon froment pour le grenier de Dieu. Quand un homme est passé par une discipline, il n’est pas le même après, s’il l’a traversée avec Dieu ; sinon, elle est à recommencer sous une forme ou une autre. Nous sommes en danger de mépriser la valeur de la vie chrétienne. Dieu n’a pas condamné le péché dans la chair pour ressusciter la chair dans les siens, même si nous le souhaiterions souvent. Christ est mort et nous, nous sommes morts ; la foi réalise cela, et elle a la pensée de Dieu. À la croix, Dieu a fait passer la mort sur toute l’humanité, et la foi devance le moment où cette mort sera réalité. Dieu ne cherche plus rien de bon dans l’homme, l’homme est tué : c’est le point de départ de la vie nouvelle du chrétien.
Quel est le but de la discipline ? Dieu veut peu, mais il veut du vrai. Il veut voir son Fils dans les siens, peu d’activité peut-être, peu de signes extérieurs sans doute, mais Christ. Marcher avec le Seigneur, marcher comme lui, est-ce que c’est notre souci chaque jour, même si nous ne le réalisons pas toujours ? Ou bien les soucis de ce siècle, l’amour des choses du monde, ou même l’activité dans les choses de Dieu, nous font-ils perdre de vue l’état de notre âme ? Jamais Dieu ne nous dit de chercher une bonne chose dans un mauvais chemin.
Le Seigneur a prié pour Pierre ; c’est une anticipation du service sacerdotal du Seigneur. Il prie continuellement pour les siens dans la présence de Dieu ; il y a un homme à la droite de Dieu, dans la gloire, qui prie continuellement pour chaque chrétien, afin qu’il ait «du secours au moment opportun» (Héb. 4:16), c’est-à-dire pour qu’il ne pèche pas. C’est un service préventif. Jésus connaît chacun des siens ; il les porte, devant la gloire de Dieu, sur son coeur et sur ses épaules, sans cesse. En même temps, il s’occupe des siens sur la terre pour qu’ils aient communion avec le Père et avec lui dans la gloire. Et il prie avant que Pierre ne le sache, et avant qu’il ne tombe. Pierre a fait comme nous souvent : «Avec toi, je suis prêt à aller en prison et à la mort» (Luc 22:33). Que de fois nous chantons ce cantique : «Seigneur, toi qui pour nous t’offris en sacrifice…» ! Et nous affirmons : «Pour moi, vivre c’est Christ» (Phil. 1:21). Le Seigneur dit : «Ah ! Vous chantez ce cantique ; eh bien, on va voir !». Il permet alors une circonstance qui manifeste l’état réel du coeur.
Le Seigneur a été tenté, et nous sommes tous tentés. Mais les tentations auxquelles a été soumises le Seigneur ont montré son inattaquable perfection ; l’Ennemi n’avait rien en lui, «ayant accompli toute tentation» (Luc 4:13). Nous, nous disons : «Seigneur, avec toi, je suis prêt à aller et en prison et à la mort» (Luc 22:33) ; et l’expérience de Pierre montre si les paroles sont en accord avec l’intérieur du coeur. C’est la vie intérieure qui importe. En voyant les gens passer dans la rue, on en mettrait beaucoup au ciel, mais Dieu ne fait pas comme cela ; il ira plutôt chercher quelqu’un en prison, quelqu’un qui aura dit : «Voilà ce que j’ai fait, j’ai péché, je suis coupable».
Nous connaissons bien ce qui est arrivé à Pierre, et Pierre, c’est nous. Il s’avance plus loin que les autres dans son zèle charnel, et un tel zèle prépare une chute, toujours ; c’est pourquoi il ne faut jamais pousser personne à un service ; nous ne savons pas quelle est la mesure de sa foi, et nous pouvons l’entraîner dans une chute. Il faut prier pour que sa foi augmente ; il faut aller du dedans au dehors. Pierre renie son maître par trois fois. Dans la vie chrétienne, il ne faut pas montrer extérieurement une mesure de foi supérieure à celle qu’on a.
Au moment de la chute, le Seigneur regarde Pierre ; son coeur est fondu, il pleure. Si le Seigneur n’avait pas prié pour lui, c’était le désespoir, comme pour Judas. Nous jouons facilement avec les choses saintes, Dieu ne joue jamais. Mais il n’y a pas de situation sans issue pour le chrétien ; Dieu a les moyens de tirer quelqu’un d’une situation de chute, souvent par la souffrance ; «il ne retire pas ses yeux de dessus le juste» (Job 36:7).
Le Seigneur rencontre Pierre une nouvelle fois, en tête-à-tête, et son coeur retrouve la paix. Trois fois, il le sonde : «Simon, fils de Jonas, m’aimes-tu ?», «m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ?». Pierre ne dit plus : «Je te suivrai en prison et à la mort», mais : «Seigneur, tu connais toutes choses, tu sais que je t’aime» (Jean 21:17). Le Seigneur relève son serviteur et lui confie un service ; mais, avant de bénir Pierre comme il ne l’a jamais été, le Seigneur touche le fond de son coeur. Il veut la vérité, il veut une confession totale. Pierre n’a rien de plus à cacher : peu de paroles, mais tout est réglé.
Plus tard, sous l’influence des Juifs, Pierre a été tenté de ne pas marcher droit. Un homme fidèle, l’apôtre Paul, se lève et dit : «Non, Pierre, ce n’est pas ainsi qu’on marche devant Dieu». Paul aurait pu reculer devant Pierre, qui avait vu le Seigneur, qui était l’un des douze, le plus éminent peut-être. Mais il s’agissait du bien du peuple de Dieu. Quand il vit qu’il ne marchait pas droit, il le reprit devant tous (Gal. 2:14).
Il n’y a pas de situation individuelle ou collective que Dieu ne connaisse par le menu détail ; un fait qui n’est pas jugé, qui remonte même à dix ans, est toujours présent. Nous voulons la bénédiction de Dieu ? Laissons la Parole sonder notre âme jusqu’au fond ! «Tu veux la vérité dans l’homme intérieur» (Ps. 51:6). Dieu ne panse pas une plaie à la hâte, ni à demi. Aujourd’hui, non seulement on craint de laisser la Parole de Dieu sonder son âme par l’Esprit, mais on n’en sent même plus la nécessité : c’est un des signes les plus sûrs du déclin. Nous pouvons tromper nos frères, nous pouvons arriver à nos fins à force de patience et d’habileté, mais tôt ou tard il y aura un règlement sous le gouvernement de Dieu.
Que le Seigneur nous accorde à tous de marcher dans la lumière de sa présence !