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Méditations sur la Parole de Dieu

 

Psaumes

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1      La vie avec Dieu — Psaumes 27:4-5

2        L’expérience du désert — Exode 15:21-25 ; Deutéronome 8:2-6 ; Psaumes 30:3, 5-7, 10-12 ; Philippiens 4:12-13 ; 2 Timothée 4:7, 16, 18

3      Épreuves et discipline — Psaumes 42:5-6, 11 ; 62:1-2, 5-7, 10-11 ; Hébreux 12:1, 4-6, 9-17 ; 2 Corinthiens 12:7-10

4      Pauvre en esprit — Psaumes 51:17 ; 139:23-24 ; Ésaïe 66:2 ; Matthieu 5:3

5        L’habitation de Dieu avec les hommes — Psaume 84

6      Désirer ardemment — Jacques 4:2 ; 1 Pierre 2:2-3 ; 1 Corinthiens 12:31, 14:1, 39 ; 1 Timothée 3:1 ; Psaumes 84:2 ; Philippiens 1:23 ; 2 Corinthiens 5:2 ; Luc 22:15

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   La vie avec Dieu — Psaumes 27:4-5

 

[LC n° 27]

Mardi 22 octobre 1957

 

Ces états d’âme sont bien remarquables. Comment réalisons-nous celui du verset 4, et celui du verset 5 ?

Cette âme a été exercée pour voir, en dehors des mauvais jours, ce qui peut la séparer de Dieu, la détourner de cette contemplation de Dieu. Cette âme a recherché Dieu, alors qu’elle aurait pu rechercher mille autres choses. Et Dieu la garde, au mauvais jour. Nous pouvons être séparés de Dieu par des choses qui ne sont pas éprouvantes — nous pouvons le constater tous les jours — et aussi par des épreuves. Les deux choses sont néfastes pour l’âme.

Pour cette âme, Dieu est un Dieu cherché et connu en dehors du jour de la détresse, et un Dieu cherché et connu au jour de la détresse. C’est une connaissance de Dieu expérimentale et individuelle.

Par confrontation avec le verset 20 du Psaume 31, on voit que le mot «loge» particularise le prix de ce que représente d’être mis à couvert dans une loge. Il y a là une protection contre des dangers divers. Le fidèle, dans tous les temps, a dû être mis à l’abri des dangers que la malice des incrédules et des infidèles a mis devant ses pas. Mais c’est une consolation, une protection, de grande valeur, lorsque Dieu se place entre l’âme et les circonstances. «Calomniés, nous supplions», dit Paul (1 Cor. 4:13). En voilà un qui était à couvert dans sa loge !

La valeur des explications de ces versets, c’est leur application précise et pratique de la vie de la foi, dans tous les temps. On est caché dans un endroit, comme si on était tout seul, et comme si on avait Dieu pour soi seul.

Le rocher est une image infiniment plus présentée et plus répandue, dans l’Écriture. Sur le rocher, on est beaucoup plus près de Dieu. Et le terrain y est plus solide.

Il n’y a pas de doctrine, ici, mais ce qui est le but de tout développement doctrinal : amener l’âme en relation immédiate avec Dieu.

Que de fois le mauvais jour nous prend en désarroi ! Il n’y a jamais cela, chez le Seigneur. Chez lui, il n’y avait pas d’intervalle, entre le coup reçu de la part des hommes, et sa réalisation de la présence de Dieu. Tandis que, pour nous, il y a un long intervalle, parfois des semaines.

C’est étonnant de voir, au verset 4, que cette âme ne demande rien de ce qui constitue la plus grande partie de nos requêtes. Nous faisons souvent de Dieu notre serviteur. Et, ce qui est plus effrayant, c’est que nous voudrions en faire le serviteur de nos caprices. Ici, cette âme demande Dieu. On trouve cela chez Abraham, mais pas toujours ; chez Paul, presque toute sa vie ; chez chacun de nous, Dieu le sait.

Si nous réalisions toujours Dieu entre nous et notre détresse, nous n’aurions jamais de détresse ; mais nous souffririons. Jamais le jour de la détresse n’est vu à la légère, dans la Parole. Phil. 4:6-7 correspond au jour mauvais. Et ce qui suit ces versets correspond à la vie ordinaire. Ah, comme nous sommes des théoriciens !

David était très pur de coeur. Il a eu un égarement, dans sa vie. Mais cela a été une chute caractérisée, beaucoup moins grave qu’un état de mondanité ou un état charnel. Et il a eu un état d’âme très bon, avant et après. David n’a pas eu un coeur double. Salomon a eu un coeur multiple. Remarquons que jamais nous ne trouvons qu’un fidèle demande l’épreuve. Nous n’avons pas à la demander. Ce serait de la suffisance. Nous avons à rechercher Dieu, à lui demander : «Délivre-moi du mal». C’est facile, de parler de Dieu. Mais il s’agit ici d’un Dieu qu’on connaît — et cela, c’est une autre affaire — et un Dieu qu’on connaît présentement, et avec qui on ne se contente pas d’avoir vécu, il y a dix ans. C’est autrement difficile que de vivre sur des souvenirs.

Ici, on voit l’âme qui n’est pas préoccupée de l’effet qu’elle aura sur les autres, ou même de son service. C’est le secret pour ensuite accomplir le service que Dieu prépare.

Aucun credo, aucun dogme, aucun ensemble de vérités, jamais, ne donnera cela, savoir Dieu dans une âme. Les difficultés sont trop grandes. Le mauvais jour est trop fort, trop mauvais. Il faut autre chose qu’une vérité ; il faut Dieu. C’est trop éprouvant, de marcher par la foi.

Autre trait qui se dégage : quand on relit la vie de David, on a l’impression que cet homme a été bien seul, seul à son niveau. Abraham était seul. David a bien eu un Jonathan ; mais il l’a abandonné. «Vous me laisserez seul», a dit le Seigneur, «Je ne suis pas seul, car le Père est avec moi» (Jean 16:32).

C’est la seule vie que Dieu reconnaisse. La vie autre que par la foi, Dieu ne la reconnaît pas. Dans la mesure où nous marchons par la foi, notre vie est pleine. Pour tout le reste, notre vie est vide.

 

2   L’expérience du désert — Exode 15:21-25 ; Deutéronome 8:2-6 ; Psaumes 30:3, 5-7, 10-12 ; Philippiens 4:12-13 ; 2 Timothée 4:7, 16, 18

 

[LC n° 4]

31 mai 1970

 

Le désert ne fait pas partie des conseils de Dieu. Les conseils de Dieu sont ses voies pour faire passer nos âmes d’un état de misère à un état de bonheur.

Personne ne pourra arrêter Dieu dans ses conseils. Les conseils de Dieu, ce sont ses voies, par lesquelles il veut faire passer les siens. En général, Dieu a ses voies à l’égard de ceux qui sont à lui. Il a un travail à faire en eux.

Ce cantique place devant nous les ressources du chrétien : «Contre moi dans ce monde…». Quand Dieu a pris à lui une âme, son éducation dure toute la vie. Il veut nous rendre intelligent quant à ses pensées. Dieu nous suit et nous tient. Personne n’échappe à sa main. Un peu plus tôt, un peu plus tard, Dieu fait à notre égard ce qu’il veut faire. Ce travail est double : un travail de dépouillement, et un travail d’enrichissement.

Quand on est un jeune chrétien, on est tout feu, tout flamme. Puis il arrive, très souvent, que le premier amour baisse, que le cœur soit encombré de toutes sortes d’objets. Ce que Dieu veut, ce n’est pas un extérieur de dévouement. Non ; ce qu’il veut, c’est notre cœur. Ce qu’il veut, ce n’est pas notre porte-monnaie, mais notre cœur. S’il a notre cœur, il aura le reste. Lequel d’entre nous ne mérite pas ce reproche : «Tu as abandonné ton premier amour» (Apoc. 2:4) ? Les relations naturelles peuvent aider, et elles peuvent gêner. Avec Dieu, son regard nous suit où que nous soyons. Il fait notre éducation à tous. Est-ce qu’il y a quelqu’un, ici, qui regrette d’avoir passé à cette école ? Est-ce qu’il y a des regrets à y rester ? Souvent pas !

Dans Exode, il y a un chant de cantique. C’est la position de quelqu’un qui est converti. Il est à l’abri de la puissance du Pharaon. Au beau cantique succède une manifestation entièrement contraire. C’est Mara, les eaux amères. Et, au lieu d’un cantique de délivrance, c’est le murmure. Lequel d’entre nous n’a-t-il pas murmuré, dans sa vie ? Et peut-être après avoir passé toute une après-midi à chanter des cantiques !

Mais Dieu n’est jamais dépassé. Il enseigne un bois. Et ce bois, jeté dans cette eau, la rend douce.

Pourquoi murmurons-nous ? Qu’est-ce qui produit cela ? Quelqu’un qui murmure n’est pas heureux. «Priez sans cesse. En toutes choses rendez grâces» (1 Thess. 5:17-18).

Dieu nous serre de très près. Il ne veut pas que ses enfants fassent leurs quatre volontés. Et pourquoi ? Pour notre bonheur, mais aussi pour sa propre gloire.

La bénédiction durable du chrétien contient ce qui brise sa volonté. Voilà le christianisme ! Il n’y en a pas deux. Le christianisme, c’est la manifestation de Christ dans un homme.

Notre volonté nous suit jusqu’au dernier souffle. Un ancien frère disait ce qu’une femme, très célèbre au dix-neuvième siècle, avait déclaré : «Savez-vous ce qui meurt chez nous en dernier lieu ? C’est l’amour-propre » ; et c’est une femme mondaine qui parlait ainsi. Prenons-en pour nous, n’est-ce pas !

Voilà le christianisme. Les apparences, c’est quelque chose que le vent emporte, s’il n’y a que cela.

Moïse prend un bois. Ce qui nous fait murmurer, c’est quelque chose qui contrarie nos plans. À la lumière de Dieu, on se voit, et on se voit soi-même.

Les eaux deviennent douces. Ce bois est la mise à mort de la chair en nous, de notre volonté propre. La valeur de la croix n’est pas seulement pour être sauvés. Mais elle nous libère de nous-même.

On peut dire à une âme : «Du moment que vous croyez, vous êtes sauvée». Elle pourrait répondre : «Oui, mais j’aime les choses que j’aimais avant…». Et pourtant, ce peut être un authentique chrétien.

Le Seigneur n’a laissé aucun de nous ici, chers amis, pour qu’il dirige la barque à son gré. Nous avons en nous ce qui est ennemi de Dieu. La libération est dans la croix. Tout le vernis du monde ne va pas avec la croix. Voilà ce que les gens sérieux n’aiment pas.

Quelqu’un disait : «C’est étonnant, ce qu’une âme peut faire de progrès, lorsqu’elle sort d’une épreuve !». Vous ne pouvez pas avoir le ciel et la terre. Nous bénirons beaucoup plus le Seigneur pour nos épreuves que pour nos joies. Lorsqu’on est jeune, on ne pense pas cela.

On nous a appris, à l’école du dimanche : «On n’est à lui, ni trop tôt, ni trop longtemps». Retenons ces cantiques si simples : «Jésus est le meilleur Maître».

Et puis viennent les expériences. Dieu nous brise : «Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé et humilié» (Ps. 51:17). Retenons cela, chère jeunesse ! Alors, si le Seigneur touche l’emboîture de la hanche, s’il brise le ressort de la volonté propre, c’est une bénédiction.

Psaume 30:5 : «Le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin il y a un chant de joie». Deutéronome 8:16 : «… afin de t’humilier et afin de t’éprouver, pour te faire du bien à la fin». Dieu ne panse pas les plaies à la légère. Quand Dieu apporte la paix, on le sent bien. Les leçons du désert sont irremplaçables.

Le résultat de la course chrétienne est très important. Nous le verrons au tribunal. Nous verrons tout ce que notre chair nous aura fait faire, et nous aura fait perdre comme bénédiction. Tout homme rendra compte devant Dieu. Tout passera devant nous. On n’échappera pas toujours. On ne se cachera pas toujours.

Ce cher apôtre Paul a fait une course dans le désert. Mais ce n’est pas sa qualité d’apôtre qui le soutenait. Il était un chrétien qui avait appris, un chrétien qui apprenait. Il a fallu qu’à la fin de sa course, il fut abandonné. Mais il dit : «Mais le Seigneur s’est tenu près de moi et m’a fortifié» (2 Tim. 4:17).

Comme il aimait Christ de tout son cœur ! «Oui, ma coupe est comble» (Ps. 23:5). Il chantait en prison, dans la honte, et déshonoré devant tout le monde.

  Comme disait un frère : Dans le ciel, il y aura une riche entrée et une chiche entrée ; une riche entrée, pour ceux qui auront vécu pour lui, et une chiche entrée, pour ceux qui auront laissé le Seigneur à la porte.

  Il y aura un moment où tout sera déclaré sous son vrai jour. «Oui, le souverain bien-être, le vrai bonheur ici-bas, c’est d’avoir Jésus pour Maître, de le suivre pas à pas». Voilà le secret du bonheur, pour les petits, pour les isolés, pour ceux qui n’ont pas de secours.

  Nous avons déjà rappelé cette image. C’est comme un enfant, jouant avec ses jouets préférés. Présentez-lui un autre jouet beaucoup plus beau ; il lâchera tout pour le prendre. Que le Seigneur nous donne de trouver tellement notre joie en lui, que nous ne souhaitions rien d’autre, mais que nous fassions envie aux autres. Donnons-nous quelque peu ce spectacle, autour de nous ? C’est cela, le témoignage.

  Le monde promet, et il ne tient pas. Le Seigneur promet, et il tient ce qu’il a promis. Que le Seigneur nous donne son aide, pour bien commencer, pour bien continuer, et pour bien finir ; pour vivre de lui, afin de vivre dans la mesure où il le demande, de vivre de lui.

 

3   Épreuves et discipline — Psaumes 42:5-6, 11 ; 62:1-2, 5-7, 10-11 ; Hébreux 12:1, 4-6, 9-17 ; 2 Corinthiens 12:7-10

 

[LC n° 28]

9 décembre 1956

 

On trouve, dans les Psaumes, plusieurs autres passages où on voit une âme se parler à elle-même. Et il arrive souvent qu’il en est ainsi, lorsqu’une âme souffre, ou lorsqu’elle est dans une grande joie. C’est ce que nous trouvons, par exemple, dans d’autres Psaumes. «Éveille-toi, mon âme» ; «Éveillez-vous, luth et harpe» (Ps. 57:8). Nous avons tous connu, à cet égard, des moments d’une sorte et de l’autre. Il nous est arrivé à tous ainsi d’être seuls, et de sentir que nous étions seuls avec Dieu et devant Dieu, et de nous parler à nous-mêmes. Ce n’est pas une chose que l’Écriture interdise, puisque des exemples nous en sont donnés. Et, en particulier pour les moments pénibles, que de fois il nous est arrivé à tous de parler ainsi, dans une sorte de soliloque réalisé devant Dieu, et de répandre notre âme devant Dieu, nous-mêmes prêtant l’oreille à ce que nos coeurs exprimaient.

Ce sujet des épreuves et de la discipline (les deux ne sont pas nécessairement liés) est un sujet qui est toujours d’actualité. Aucun moment ne se passe sans qu’il y ait, ici ou là, une âme ou deux qui soit, qu’on le sache ou non, dans ces circonstances, où elles sont dans des exercices, des difficultés et des combats, que nous pouvons ignorer. Nous pouvons bien dire cela de notre passage ici-bas, sans qu’il acquière toujours, à tout moment, l’intensité que nous pouvons connaître à certains moments particulièrement, où nous sommes mis à l’épreuve et où, d’une façon ou d’une autre, nous sommes tenus sous la discipline, dans le meilleur sens du mot — car la discipline est loin d’avoir seulement un sens péjoratif.

Les sujets que nous trouvons dans l’Écriture nous instruisent à cet égard. Nous avons, dans l’épître aux Hébreux, un passage qui traite, entre autres, de la discipline que le Seigneur exerce. Et ne pensons pas qu’il exerce cette discipline seulement par moments. Il l’exerce d’une façon continue. La façon dont il l’exerce varie d’un moment à l’autre. Mais il n’y a pas un moment, dans notre vie chrétienne, où le Seigneur nous perde de vue, chacun de nous. Du moment que quelqu’un est au Seigneur, alors commence pour lui, non pas les travaux de la grâce pour l’amener à cette connaissance, mais les travaux de la grâce pour le préparer pour la joie éternelle avec le Seigneur. On a souvent comparé cela avec la pierre, qui est tirée toute brute de la carrière, et qui est soumise à des travaux nombreux, avant qu’elle ait pris la forme définitive de l’intention de celui qui dirige les travaux, que celui qui dirige tout veut lui donner en vue du dessein final. C’est pourquoi chacun, chaque jour, reçoit, en vue de ce dessein final, telle instruction. Il traverse telle circonstance, pour être formé pour le moment et pour le lieu où nous entrerons bientôt, quand le Seigneur nous y appellera.

Nous oublions trop qu’une fois qu’une âme est convertie, c’est quelque chose qui commence. Sans doute, c’est un passé qui finit. Mais nous pouvons dire que c’est une éternité qui commence, une période nouvelle qui commence, et se terminera dans l’éternité. Ce que nous rencontrons chaque jour est ce que Dieu peut, soit permettre, soit préparer (il ne faut pas croire que tout ce qu’il permet, il l’approuve). Mais il peut se servir de tout pour nous, finalement, comme il l’entend. C’est une chose qu’on a de la peine à apprendre, et que nous apprenons lentement, et à la longue, que Dieu a un dessein à l’égard de tout croyant. Il a un but précis à l’égard de chacun de nous. Il s’occupe de chacun. En apparence, il peut le perdre de vue ; en fait, jamais. En apparence, il peut se désintéresser des circonstances. Nous pouvons croire qu’en apparence, une journée qui s’est passée dans ce qu’on pourrait appeler le calme plat, est une journée pendant laquelle Dieu ne s’est pas occupé de nous. Ce n’est pas le cas. Dans cette journée, Dieu s’est occupé de nous, et a pensé à nous en amour et en vérité, même si — comme c’est très souvent le cas — nous l’ignorons.

Dans Hébreux, nous avons d’abord deux choses qui nous sont signalées, deux dangers différents quant à leurs caractères, à leurs causes. Ces deux dangers, à l’égard de la vie chrétienne et de la marche chrétienne, sont l’un, un fardeau, l’autre, un péché. Et, en méditant sur ces deux expressions, nous ne pouvons pas ne pas être frappés sur ce que, dans leur simplicité, elles embrassent comme profondeur d’expérience et de fait : le fardeau, le péché. Un fardeau pour le coeur ; un péché, fardeau pour la conscience : cela résume tout ce que nous pouvons rencontrer, et qui nous empêche de marcher et de vivre en chrétiens, et qui, pour ainsi dire, peut arrêter notre accroissement. Un fardeau, c’est un souci ; c’est l’épreuve ; c’est le chagrin. C’est ce qui oppresse le coeur, et risquerait d’arrêter le développement de la vie de l’âme, la vie spirituelle. Lequel d’entre nous, lorsqu’il a subi un choc, lorsque, dans son sentier, a surgi, tout à coup ou d’une façon plus ou moins prévisible, une circonstance difficile, n’a pas éprouvé que ce fait, ce fait pénible, cette circonstance douloureuse, s’est placé entre son coeur et le Seigneur ? C’est difficile, de trouver quelqu’un dont l’âme n’a pas été atteinte, de cette façon, par une circonstance de ce genre. Je ne dis pas que l’âme n’a pas été atteinte. Au contraire, il serait anormal qu’elle ne le fût pas. Mais il serait sans doute difficile, et probablement ne trouverait-on personne au monde, pas un chrétien, qui ne doive confesser que telle épreuve, dans sa vie, telle circonstance, a rompu le lien qui, pratiquement, unit l’âme du croyant au Seigneur. C’est là le danger de l’épreuve.

Il y en a au moins un (pour que nous ne pensions pas que ces pensées, ces considérations, soient purement théoriques, et qu’elles ne fassent pas partie de la vie chrétienne), et un homme, un vrai homme, qui a réalisé cela. C’est notre Seigneur Jésus Christ. Les épreuves ne lui ont pas manqué. Les coups qu’il a reçus, la Parole nous en donne, nous en décrit, quelques-uns, mais en bien petit nombre, par rapport à tout ce qu’il a rencontré. Jamais, à aucun moment, dans aucun lien, les épreuves qu’il a rencontrées, et que le Père permettait, jamais une seule n’a réussi à le séparer de la communion parfaite avec son Père. Arrêtons-nous, chers amis, sur cela : Jésus qui — nous le lisons, c’est écrit — est un modèle. Seulement, nous disons bien que Jésus est un modèle ; mais, souvent, nous ne désirons pas le suivre. On peut chercher, dans la vie de Jésus ; on ne trouvera jamais qu’un fait, une circonstance, une insulte, un outrage, la trahison de ses amis, l’ingratitude de la foule tout entière, n’a altéré, d’une part, ses relations avec son Père, et d’autre part, la manifestation de cette perfection vis-à-vis des autres.

Voilà le chemin qui nous est tracé, chers amis. Et je parle avant tout, ici, pour le moment, de ce que nous rencontrons, et qui s’appelle épreuve. Nos coeurs sont sensibles à l’épreuve ; et cette sensibilité à l’épreuve est loin de déplaire à Dieu. La dureté dans l’épreuve serait, au contraire, anormale. Les pleurs dans l’épreuve sont tout à fait à leur place. Et, pour nier cela, il faudrait arracher plus d’une page de l’Écriture.

Eh bien, qu’il nous soit donné, chers amis, d’être enseignés, de la part du Seigneur, à savoir monter les degrés — comme disait quelqu’un — de ce chemin qui nous conduit jusqu’au trône de la grâce, pour avoir du secours au moment opportun (Héb. 4:16). Quand l’épreuve nous assaille, elle se place très souvent entre notre coeur et le Seigneur. Et le travail de la grâce, de la foi, c’est de retrouver le Seigneur se plaçant entre notre coeur et l’épreuve. Nous pouvons prier les uns pour les autres, à cet égard.

Un autre qui a suivi de très près son Maître, c’était un homme pécheur. Il s’appellait l’apôtre Paul. C’était très difficile de le priver des consolations que son âme trouvait dans le Seigneur, et dans le Seigneur tout seul.

Nous avons beaucoup d’appuis, beaucoup plus que nous ne le pensons. Et ces appuis sont tout à fait légitimes. Mais ce ne sont pas des appuis, proprement, pour la vie de nos âmes. Il était très difficile de placer, entre le coeur de l’apôtre et Christ, une circonstance, un outrage, une prison. En prison, voilà un homme qui était plus heureux qu’en dehors de la prison. Le Seigneur nous enseigne ce secret-là, dans la vie. Notre vie est faite de menus détails, souvent aussi de circonstances beaucoup plus marquantes. Et, si nous sommes exercés à chercher le Seigneur jour après jour, dans le déroulement des circonstances habituelles, à le chercher et à le trouver, nous saurons mieux le trouver aussi dans les circonstances exceptionnelles.

Que le Seigneur nous y aide, et encourage les jeunes chrétiens à beaucoup se tourner du côté du Seigneur. David a appris cela. Le lion et l’ours ont été, pour lui, une occasion, tout jeune qu’il était, d’avoir Dieu avec lui, pour faire face à un danger. Cela a marqué tout sa vie. La vie de David a été marquée par ces deux faits initiaux, qui étaient un secret pour lui. Et gardons ces secrets ;  ne les divulguons pas. Cultivons avec le Seigneur ces relations soutenues. Et gardons ce qu’il nous dira, et qui ne sera pas toujours — il s’en faut bien — des choses qui pourront plaire à la chair. Heureux celui qui a commencé avec de telles expériences dans la vie chrétienne. Heureux celui qui est exercé pour continuer de cette manière. Heureux celui à qui il est donné de commencer, à quelque moment que ce soit de sa vie chrétienne. Ce n’est jamais trop tard.

Pour parler du Seigneur dans sa vie d’homme de douleur et de communion continue avec le Père, nous ne pouvons pas passer sous silence qu’il y eut, dans sa vie, un moment, et un seul, où cette joie lui a été retirée. Ce moment, c’est celui qu’il a accepté de rencontrer, de traverser, avec la souffrance qui y était comprise. C’étaient les trois heures d’abandon où — nous avons à le rappeler et à le dire fermement, parce que cela n’est pas toujours reçu — il a perdu la joie de la communion avec son Père. Et il fallait qu’il en fut ainsi. Pour lui, c’était l’épreuve absolue, la souffrance absolue. Il ne pouvait pas compter, en entrant dans ces souffrances, sur la moindre consolation. C’est une chose unique.

Pour nous, quelle que soit notre douleur, nous pouvons nous tourner vers Dieu. Même un chrétien qui a manqué, et même gravement manqué, où voulez-vous qu’il se tourne ? Vers qui faut-il qu’il se tourne ? Y aurait-il toutes les portes fermées, si j’ai manqué, il y a une porte qui n’est jamais fermée, pour un chrétien. Jamais la porte qui le conduit à Dieu n’est fermée. Le péché qu’il a commis interrompt la communion avec Dieu. Mais, s’il n’avait pas la ressource de pouvoir s’adresser à Dieu, et s’il n’avait pas, d’après l’Écriture, l’encouragement que, quel que soit son manquement, il peut crier à Dieu, évidemment, il n’aurait qu’une issue, le désespoir. Il n’aurait que cela. Or ce n’est pas le chemin que nous donne l’Écriture. Pour le chrétien, il y a toujours un chemin.

Et nous arrivons ici à cet autre côté dont parle l’épître aux Hébreux : «le péché qui nous enveloppe si aisément».

Quand nous avons manqué, alors le péché paralyse notre course, et un fardeau la paralyse. Une épreuve la paralyse ; mais un péché aussi.

Le fardeau oppresse le coeur. Et chacun de nous sait que la tendance, dans une épreuve, c’est de se nourrir de sa douleur : «Mon âme refuse d’être consolée», dit le psalmiste ailleurs (Ps. 77:2). Nous avons tous passé par là, à vouloir nous nourrir de notre douleur ; alors que nous avons à l’apporter au Seigneur, qui apporte là la douceur de sa présence. L’épreuve reste. Que de choses qui ne peuvent pas être changées ! L’épreuve reste. Les larmes continuent ; mais leur amertume n’est plus la même. Que le Seigneur nous donne d’en faire l’expérience.

Mais alors, pour le péché, il y a une chose qui est plus grave. C’est que le péché est un poids pour la conscience. N’y a-t-il pas d’issue ? Il y a une issue, là aussi ; il y a un chemin. Nous avons d’abord à rejeter le péché, à fuir le péché. Et c’est une instruction que nous trouvons ailleurs. Et c’est une très grande sagesse, que nous avons à retenir jusqu’à la fin de notre carrière. Le grand secret de la sécurité, ce n’est pas de se débattre avec le péché, de se battre avec lui ; c’est de le fuir. La sagesse, c’est de fuir, fuir le péché le plus loin possible, et tout ce qui risque de contaminer notre âme. Que Dieu nous aide en cela.

Mais, quand nous avons manqué — et lequel d’entre nous n’a pas connu cela — si Dieu n’était pas Dieu, évidemment, nous n’aurions pas de ressource. Mais nous en avons une. Et cette ressource, c’est de nous tourner vers Dieu lui-même. Quel que soit le péché que nous avons commis, le premier offensé, c’est Dieu. Celui qui reçoit le plus d’outrage, c’est Dieu. Tout péché est, avant tout, un péché commis contre Dieu. Eh bien, tournons-nous vers Dieu. Un enfant de Dieu est un enfant de Dieu même s’il est désobéissant. Mais il est un enfant de Dieu à l’égard duquel Dieu établit une relation de réserve. Il n’est jamais dit que Dieu cache sa face de ses enfants, dans quelque état qu’ils soient. Il ne la cache jamais. Pour cacher sa face à un chrétien, même en mauvais état, il faudrait que Dieu cache sa face à Christ, ce qui n’est pas possible. Tel que Jésus est devant Dieu, tels sont les siens. Les siens sont aimés comme Jésus est aimé ; parfaits comme Jésus est parfait. Sa justice est leur justice. C’est à retenir ; c’est le fondement de la vérité.

Mais ce qui s’interpose entre notre âme et Dieu, c’est, quand nous avons un manquement, un nuage. Il n’est pas sur la face de Dieu ; il n’est pas sur la face de Christ. Il n’y a pas de voile — pour employer un mot de l’Ancien et du Nouveau Testaments. Nos péchés ne mettent jamais un voile sur la face de Christ. Dire cela n’est pas conforme à l’Écriture. Mais ils mettent un voile sur notre coeur. Ils mettent de la gêne dans nos rapports avec Dieu. Et nous en faisons bien souvent l’expérience. Si nous n’avions pas Dieu pour nous tourner vers lui quand nous avons manqué, nous pourrions dire : C’est le désespoir ; nous n’avons personne. Ce n’est pas mon frère qui peut enlever ce nuage que mon péché a établi sur mon coeur devant Dieu. Ce n’est pas mon frère, ni tous les frères ensemble. Qu’est-ce que j’ai à faire ? J’ai à confesser mon péché (nous le trouvons en toutes lettres ; ce n’est pas le sujet, ici) à Dieu, à me mettre d’accord avec Dieu. Dieu met son doigt sur mon péché. Je reconnais le mal ; je glorifie Dieu en cela. Je mets le péché de mon côté ; je justifie Dieu. Alors je jouis à nouveau de la face de Dieu.

«Rejetant tout péché», cela veut dire, a priori, qu’il y a une sagesse préventive. Il y a ce que la piété, préventivement, accomplit. Et plus un chrétien vit dans la crainte, plus il se défie, moins il sera porté à jouer à ce qui peut nuire à son âme. Il y a une sorte d’instinct spirituel qui se développe, et nous fait sentir que ceci sera mauvais et cela sera bon, et qui nous apprend (comme dit Héb. 5:14) «les sens exercés à discerner le bien et le mal». On ne pose plus la question : «Quel mal y a-t-il à ceci ou à cela ?». Quand on est exercé, la question est la suivante : «Est-ce que ceci réchauffera mon coeur, réchauffera mes affections pour le Seigneur, ou les refroidira ?».

Nous trouvons ensuite la discipline. Mais que personne ne pense que la discipline a un sens péjoratif. Au contraire, la discipline, ce sont les soins de l’amour à l’égard de ceux que Dieu aime. Nous avons beaucoup de choses à apprendre, dans la vie, et beaucoup de choses à désapprendre. Nous avons beaucoup d’illusions à perdre, et d’abord sur nous-mêmes. C’est un signe très fort, de voir ce progrès dans une âme qui, au lieu de nourrir de bonnes pensées à son sujet, ne s’occupe pas de soi. On l’a souvent dit — et, en prenant de l’âge, nous nous rendons compte que ceux qui nous l’ont appris avaient passé par là — de ne pas s’occuper de soi, sauf pour une seule chose, se juger. Mais, quand on s’est jugé, qu’on est au large avec Dieu, ne pas penser à soi, ni en bien, ni en mal, mais s’occuper de Christ et s’occuper des autres, pour leur être utile. Et, si on a à penser à soi, comme disait un serviteur du Seigneur — et retenons ces paroles, qui sont le fruit de longues expériences d’homme sérieux — penser à soi avec un mépris silencieux. Quel heureux état !

Il est encore écrit que «Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles» (1 Pier. 5:5). Personne ne peut savoir si son frère est orgueilleux ou humble. Il peut avoir l’air de ceci ou l’air de cela, et n’être pas ce qu’il paraît. Mais Dieu le sait. Il ne s’y trompe pas ! C’est Dieu qui résiste aux orgueilleux et qui donne la grâce aux humbles. Il n’a besoin de personne, pour qu’on le renseigne sur l’état intérieur d’un coeur  ou d’un autre. Il se charge de le connaître.

Dans 2 Cor. 12, voilà un beau passage. Que de fois il a pu nous consoler, chers amis, et aussi nous instruire. Voilà un très beau passage. C’est du christianisme pratique, cela. Ce qui n’est pas du christianisme pratique, n’est pas du christianisme de Dieu. Dieu ne parle pas pour qu’on ne tienne pas compte de ce qu’il dit.

Au chap. 12 de 2 Cor., voilà l’apôtre Paul qui nous lève le voile, un peu, sur une certaine tranche de sa vie. Et il nous dit qu’il a eu des révélations exceptionnelles. Ce n’était pas un mystique, dans le mauvais sens du mot. C’était un homme de sens très rassis. Il savait ce qu’il faisait, ce qu’il voyait. Et il savait s’occuper des détails matériels, à l’occasion d’un esclave qui avait quitté son maître. Il savait s’occuper de toutes sortes de questions matérielles, le cas échéant. Ce n’était pas un mystique qui se perdait dans les fruits de son imagination. C’était quelqu’un qui était à la fois de sens rassis et hors de sens : «Car si nous sommes hors de nous-mêmes, c’est pour Dieu ; si nous sommes de sens rassis, c’est pour vous » (2 Cor. 5:13).

L’apôtre Paul nous révèle là qu’il avait une épreuve. Il en parle. Cette épreuve, c’était son écharde. C’était une épreuve, une discipline. On ne pouvait pas dire que l’apôtre Paul avait manqué en cela. Non, il n’avait pas manqué. Il n’a pas mauvaise conscience, quand il  parle ainsi. Cette épreuve a été une épreuve préventive. Mais il n’a pas manqué. Voilà un exemple où la discipline n’a pas un sens péjoratif ; elle n’a pas le sens de châtiment. On assimile souvent discipline à châtiment. Ce sont deux choses distinctes.

L’apôtre Paul, donc, avait eu des révélations ; et il était encore dans la chair. Nous sommes dans la chair. Nous pouvons nous enorgueillir d’être des chrétiens, par rapport à ceux qui ne sont pas convertis. Nous pouvons nous enorgueillir d’être des gens sérieux, par rapport à ceux qui ne le sont pas. On peut s’enorgueillir de tout, être fier de sa piété, se nourrir journellement, aujourd’hui, de la piété dont on a fait preuve hier. On n’en finit jamais ; jamais on n’en peut sortir. Il y a un moyen d’en sortir ; mais ce n’est pas un moyen humain. Aucun n’y échappe. On ne peut pas dire : Le plus pieux, le plus sérieux, est à l’abri de ce danger. Il n’y a pas, dans ce monde, de situation humaine à l’abri de cela. De sorte que, si nous pensons à tel de nos frères qui est en danger de s’élever parce qu’il a ceci que je n’ai pas, autre chose que je n’ai pas, je dois veiller sur moi-même à ne pas m’élever en pensant à ce que je pourrais avoir que lui n’a pas. De sorte que je dois d’abord penser à moi-même, à veiller à avoir mon âme en ordre pour moi-même. Voilà le secret du vrai bonheur, du grand bonheur : veiller à avoir une âme heureuse avec le Seigneur.

Alors on peut s’occuper des autres, quand le Seigneur nous donne de le faire ; penser aux autres, prier pour les autres. On a l’oeil beaucoup plus clairvoyant pour discerner une tendance chez d’autres. Et on prie pour eux, le cas échéant ; on peut servir. Mais, si nous ne sommes pas en bon état, nos services porteront à faux ; et nous oublierons qu’il y a la parabole de la paille et de la poutre, qu’il ne faut jamais perdre de vue. Quel bonheur que nous ayons la Parole de Dieu !

Nous avons là un serviteur, un homme sans doute unique, qui vivait bien près du Seigneur. Nous pouvons être certains de cela. Il a reçu des révélations — c’était un apôtre. Il a reçu des choses qui sont données de Dieu directement. Aucun homme, aujourd’hui, ne reçoit des révélations. La Parole de Dieu est complète. On peut recevoir l’intelligence des Écritures ; c’est sûr. Elle varie d’un chrétien à l’autre, suivant sa piété, ses relations avec Dieu. Mais ce ne sont pas de nouvelles révélations, sauf si on entend par là la révélation, à un chrétien ou à plusieurs, de la pensée déjà révélée dans l’Écriture. L’Écriture n’est pas ouverte aux intelligents, approfondie d’une façon égale, parce que Dieu ne peut pas nous parler en faisant abstraction de notre état moral. L’intelligence, le progrès spirituel, sont toujours fonction de notre état moral pratique. Il suffit d’un bon état moral pour avoir cette intelligence spirituelle. Il ne suffit pas de ne pas être mondain. On peut ne pas être mondain, et ne pas être en bon état. Il suffit d’être en bon état intérieur, où on se juge. «Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles». Non seulement on se garde du monde, mais de soi-même.

Nous avons donc bien à faire, chers amis. Nous avons toujours à faire. Mais c’est la grâce de Dieu qui fait cela. Ce ne sont pas les regards de la loi ; ce n’est pas la condamnation de la loi. Et ne pensons pas que la grâce fasse bon marché, et un meilleur marché, de nos manquements ; bien loin de là. Elle touche des points sur lesquels la loi glissera facilement. Mais la grâce s’occupe de nous, nous supporte, nous relève, nous redresse, nous corrige.

Voilà l’apôtre. Il avait ses révélations. Et, pour qu’il ne s’enorgueillisse pas (la chair de Paul n’était pas meilleure que la nôtre), ne puisse pas penser : Il n’y en a pas deux comme toi (en effet, il n’y en avait pas deux), il a reçu une écharde, un ange de Satan pour le souffleter. C’est très sérieux. Il a prié trois fois pour que l’écharde lui soit enlevée. Voilà une triple prière non exaucée, et de la part d’un homme comme Paul !

Alors le Seigneur, qui connaissait bien son serviteur, dit : Non, Paul ; il faut que tu gardes ton écharde. Qu’était-ce ? On a beaucoup pensé — c’est la curiosité qui s’occupe de cela ; rappelons que la curiosité est toujours charnelle. Peut-être était-ce ce qu’on trouve dans les Galates : il avait une infirmité pour parler ; cela l’humiliait publiquement. Une humiliation publique, on n’aime pas cela. Aucun de nous n’aime cela. Avoir une humiliation publique permanente, devant tout le monde, on n’aime pas cela. On aime, au contraire, ce qui nous met en avant, ce qui orne l’homme. Mais le Seigneur, en apparence, a déshonoré son serviteur.

Voilà un homme qui était humilié par ce qu’il portait. Il n’avait point d’apparence extérieure. Mais «ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité». La puissance de Dieu ne va pas avec l’apparence de l’homme ; retenons cela. L’énergie, la force de l’homme, les capacités de l’homme, quand elles sont au service de la volonté de l’homme, Dieu ne peut pas aller avec cela. C’est constant, dans l’Écriture, Ancien et Nouveau Testaments.

Que le Seigneur encourage les chers jeunes frères à chercher leur force auprès du Seigneur. Nous supplions qu’ils le fassent. Que le Seigneur leur donne de le faire, et d’apprendre ainsi (on l’apprend lentement, sauf quelquefois plus rapidement) que le Seigneur ne donne pas son appui à ce qui est de la chair, la volonté de la chair. On n’y croit pas vite. On est très lent, avant de le croire et avant de l’accepter. Et encore, peut-être faut-il, pour l’avoir bien compris, attendre qu’on en ait fini avec la vie dans ce monde. C’est bien possible.

Chers amis, notre bonheur, c’est Dieu lui-même. Et nous jouissons de Dieu dans la mesure où nous ne nourrissons pas ce que lui n’approuve pas, de nos prétentions. Quelqu’un qui est intelligent, quelqu’un qui a toutes sortes de qualités, ses qualités ne sont pas perdues. Mais elles ne doivent pas être au service du ressort moral intérieur, qui est la volonté de l’homme. Il faut que Dieu brise la volonté. Et il se servira de cet homme intelligent s’il le veut.

Quelle erreur, quel égarement, que tout ce qui est fait, enseigné, loin de la présence de Dieu !

Nous avons Dieu avec nous quand nous ne sommes rien. Quand nous étions jeunes — nous nous en souvenons bien, bien que cela commence à être très loin — nous avons toujours été frappés de ce que nos frères d’alors, dont beaucoup étaient très simples, sachant tout juste lire — tous n’étaient pas ainsi ; il y en avait de très capables, même éminents — nous mettaient en garde, et n’ont jamais cessé de nous mettre en garde, contre le danger qu’il y a, à vouloir mettre en avant la capacité de l’homme. On trouve cette tendance chez l’homme le plus insignifiant. Ne pensons pas que ce soit seulement le lot des hommes les plus capables.

L’apôtre dit : «Je prends plaisir dans les infirmités, dans les outrages, dans les nécessités… dans les détresses pour Christ». Qu’est-ce que les infirmités ? L’apôtre se glorifiait dans son écharde. On n’est pas fier d’avoir une écharde. On n’est pas fier d’avoir quelque chose qui humilie. Cela ne chargeait pas sa conscience. Faisons bien attention ; ce n’était pas le poids d’un manquement. C’était un brisement, qui contribuait à briser la volonté de Paul, à briser le vase dans lequel le trésor était contenu. Et l’apôtre Paul qui, avant sa conversion, était un homme auquel il n’aurait pas fait bon de donner une écharde — nous le comprenons bien — et qui ne devait pas supporter facilement un joug, voilà un homme qui peut dire : «Je me réjouis dans mes peines… pour Christ». Une infirmité, c’est tout ce qui brisait sa volonté, tout ce qui contribuait à le rendre capable de jouir davantage de Christ. Alors il dit : Je me réjouis ; car quand je suis faible et brisé, c’est alors que je suis fort, parce que j’ai Dieu avec moi et pour moi. Nous ne l’aurons pas autrement, chers amis, jamais.

Que le Seigneur nous encourage tous. Ceux qui ont bien des années de vie chrétienne ici, nous savons que nous avons besoin de cela. Nous en avons eu besoin dans la semaine qui vient de passer. Nous en avons besoin une heure après l’autre. Nous avons dû nous humilier bien des fois, et chercher le Seigneur dans le secret, et dire : Je n’ai pas su me contenter de toi ; je n’ai pas su être dépendant, être obéissant ; et je n’ai pas su chercher ta volonté à toi seul, et ta gloire à toi seul.

Mais, chers amis, que cela nous encourage. Et veuille le Seigneur produire cela chez les jeunes. Ce n’est pas un chemin pénible, mais un chemin où on est très heureux, quoique brisé. Un chrétien gardé dans ce chemin-là est beaucoup plus heureux. Nous sommes beaucoup plus heureux qu’il y a trente ans, d’un bonheur plus égal, dont on connaît mieux la source, dont on sait beaucoup mieux ce qui la tarit, ce qui vient nous en priver. Et on se défie davantage de soi — jamais assez. Mais on connaît beaucoup mieux Christ et le Père. On sait beaucoup mieux ce qu’on a. On se laisse beaucoup moins prendre par les apparences. La bonne volonté ne paraît pas mauvaise comme la mauvaise volonté. On ne mettrait pas sur le même plan, dans le monde, la bonne et la mauvaise volonté d’un homme. Mais la bonne et la mauvaise volonté d’un chrétien, c’est la même chose qu’une mauvaise volonté, si ce n’est pas la volonté de Christ.

Que le Seigneur nous donne de ne pas nous décourager.

Notre vie tout entière est une épreuve, une discipline, une formation, une éducation. Que le Seigneur veuille encourager en particulier ceux qui passent par l’épreuve. Il y a des épreuves que nous connaissons, parmi nous. Et il y en a d’autres que nous pouvons connaître, que tous ne connaissent pas, et qui sont de grandes épreuves.

N’oublions jamais que le peuple de Dieu est un peuple qui ne fait pas ses quatre volontés, qui n’est pas exempt de toutes les souffrances qui atteignent les hommes. C’est un peuple auquel nous avons besoin de penser, comme le Seigneur, en grâce, en charité, en intercession soutenue. Nous avons besoin de penser les uns aux autres, pour que le Seigneur se tienne près de chacun, dans le coeur de chacun, dans sa vie de tous les jours. Que le Seigneur nous accorde d’accomplir ce service.

 

4   Pauvre en esprit — Psaumes 51:17 ; 139:23-24 ; Ésaïe 66:2 ; Matthieu 5:3

 

[LC n° 29]

13 août 1970

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 75

 

La prière d’un chrétien en mauvais état n’est sûrement pas écoutée. «Qui détourne son oreille pour ne pas écouter la loi, sa prière même est une abomination» (Prov. 28:9). La Parole est grâce, mais aussi vérité absolue. Si nous n’y prenons pas garde, nous risquons de nous engager dans la voie de la profession sans vie. Nous ne tromperons jamais Dieu. Les frères et les soeurs, qui ont affaire au Seigneur pour eux-mêmes d’abord, dans cette sainte crainte de Dieu, rejetteront tout compromis ; ils seront de vrais serviteurs du Seigneur, même s’ils n’ont pas de service public. Tout frère, toute soeur, qui, dans l’assemblée, tend à affaiblir le poids de la Parole de Dieu sur la conscience des saints, fait du mal à toute l’assemblée. L’attitude qui plaît à Dieu est tout le contraire de la prétention et de la vanité à la recherche des avantages naturels ou mondains. En donnant une place au «moi», nous frustrons Dieu, nous tordons l’Écriture, nous voulons ignorer ce qui nous gêne pour ne retenir que ce qui nous convient. Ne cherchons pas ailleurs la cause du déclin et de la ruine ! Les bonnes habitudes ne suffisent pas pour faire un choix à la gloire de Dieu ou accepter un renoncement par fidélité envers lui.

Ceux qui plaisent à Dieu, nous le voyons dans l’Écriture, ce sont les petits, les pauvres, les humbles. Il est rare qu’un homme riche ne soit pas fier de sa fortune. Jésus dit au jeune homme riche : «Va, vends tout ce que tu as et donne aux pauvres,… et viens, suis-moi, ayant chargé la croix» (Marc 10:21). C’est toujours vrai. La vie d’un chrétien sans renoncement n’est pas la vie d’un chrétien fidèle. Il est difficile d’être un pauvre en esprit, que le Seigneur appelle bienheureux, quand on est puissant ici-bas. Ceux qui auront satisfait leurs intérêts terrestres, sous le couvert d’une piété et d’une fidélité apparentes, en étouffant parfois la voix de leur conscience, sauront un jour que c’était l’ennemi qui les entraînait. Christ nous aidera à tout surmonter, dans la mesure où nous lui serons attachés.

Le psalmiste dit : «Sonde-moi, ô Dieu !» (Ps. 139:23). Au lieu de fuir, il recherche la lumière. «Regarde s’il y a en moi quelque voie de chagrin». Une voie de chagrin ne désigne pas les épreuves de la vie, mais toute tendance susceptible d’entraîner le coeur dans des chemins d’égarement. «Conduis-moi dans la voie éternelle». «Quiconque veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix, et me suive» (Marc 8:34).

Le Seigneur suit de son regard les petits, les pauvres, les affligés, ceux qui ont davantage besoin de lui. Mais le coeur de ceux qui cherchent à satisfaire tous leurs besoins s’endurcit inévitablement. Si le Seigneur s’occupe d’eux, c’est pour se faire entendre d’eux. Il permet des épreuves pour briser l’orgueil, l’égoïsme, la volonté propre. «Bienheureux les pauvres en esprit» (Matt. 5:3). Qui sont-ils ? Des gens qui ne sont pas intelligents, peu doués, ou marqués par quelque infirmité mentale ? Non, ce sont des croyants, peut-être de la plus haute valeur humaine, mais que le Seigneur rend petits à leurs propres yeux. Ils ont le sentiment de leur néant, de leur petitesse.

Recherchons le Seigneur et marchons dans l’humilité ! Le seul moyen d’être humble, c’est d’avoir Christ dans son coeur. Demandons-lui qu’il nous accorde ce bonheur, cette joie, cette force, pour toute notre carrière !

 

5   L’habitation de Dieu avec les hommes — Psaume 84

 

[LC n° 30]

10 mai 1960

 

Sans doute est-ce là une portion de la Parole de Dieu qui est souvent lue, souvent méditée, que nous aimons, et qu’il fait toujours bon relire et méditer à nouveau. Car elle contient de l’encouragement pour nous, et aussi l’appréciation de ce que Dieu a donné pour les temps difficiles. Car ce Psaume ne fut pas écrit dans les temps glorieux du règne de Salomon, mais, selon ce que nous pouvons en déduire du Psaume qui suit, par les fils de Coré, cette génération d’hommes d’élite qui portaient sur eux, pour ainsi dire de génération en génération, le sceau divin du jugement dont ils auraient dû tous être atteints jadis. Mais, s’ils étaient encore en vie et existaient, c’était dû, bien entendu, à leur geste de foi, mais aussi à cette grâce qui les a approchés. Ceux-ci aussi, dans ce temps difficile, ont apprécié ce que Dieu a donné dans les temps difficiles. Et il est question de demeures de l’Éternel, des demeures du Très-haut. Il est question de l’habitation de Dieu. Dieu habite — la Parole nous le dit — la lumière inaccessible, que nul oeil ne vit jamais, que nul homme ne verra jamais dans son état de déchéance, d’abaissement (1 Tim. 6:16).

Mais, chers amis, Dieu, invisible pour le pécheur, n’a pas toujours été un Dieu invisible, qui ne s’est pas manifesté à sa créature. Les premières pages des Saintes Écritures nous en parlent, il en fut autrement, autrefois. Dieu visitait sa créature, au début, lorsqu’elle était encore innocente, ce reflet de la bonté de Dieu, comme Dieu l’avait créée. Tout ce que Dieu avait fait portait son sceau, était très bon. Et ainsi, la créature pouvait être visitée par Dieu même. Adam connaissait ce privilège. Hélas, ce bonheur-là, c’est le péché, qui s’est introduit plus tard par sa faute et celle de sa compagne, qui l’interrompit. Et, depuis lors, nul n’a plus jamais pu voir Dieu. Depuis lors, nous sommes des hommes séparés de Dieu. C’est une tout autre séparation, en effet, que celle dont nous nous sommes entretenus dimanche après-midi, séparation devenue nécessaire par l’appel qui nous est adressé par cet évangile glorieux : être séparé du mal ; être séparé pour Dieu, pour être béni par lui, et manifester, par sa grâce, au milieu du mal, le bien que produit en nous le don de la nouvelle vie et la puissance de son Esprit ; afin qu’ainsi, buvant à la véritable source du bonheur ici-bas, nous soyons quelque chose à la louange de sa gloire, déjà ici-bas.

Mais cette séparation initiale fut désastreuse. Et dans ce désastre se trouve l’homme naturel, séparé du Dieu bienheureux.

La loi ne changea, pour ainsi dire, rien à cela. L’homme ne pouvait s’approcher de Dieu, ne pouvait le voir. Même Moïse, qui aurait aimé voir l’Éternel, ne le put : «Tu ne peux pas voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre» (Ex. 33:20).

Et pourtant, chers amis, Dieu voulait avoir ici-bas une demeure. Et la première des demeures, devenue justement nécessaire à cause de la déchéance humaine, nous la connaissons. Ce fut la tente dans le désert. Ce fut le tabernacle dans le désert, cette demeure, merveilleuse, pour celui qui la connaît, dans sa construction, dans ses détails ; qui, dans l’ensemble, nous le savons, représente les gloires de celui qui devait venir d’en haut, Jésus, par lequel seul fut porté le pécheur, son peuple, jusqu’à la venue du temps où les symboles que représentaient les sacrifices, offerts et ordonnés par la loi, par le livre du Lévitique particulièrement, seraient accomplis, afin que Dieu ait sa véritable demeure, celle qu’il voulait avoir, savoir le coeur des hommes rachetés, purifiés par la foi, placés sous le bénéfice du sang de l’Agneau, étant devenus, par le Saint Esprit, individuellement, un temple du Saint Esprit ; dans l’ensemble, l’habitation de Dieu par l’Esprit.

Mais, chers amis, que voyons-nous ? Lorsque déjà les symboles ou les ombres qui devaient annoncer la venue du Juste étaient exécutés, après avoir été érigés, élevés, dressés, dans le désert, les sacrifices offerts selon la prescription, que voyons-nous ? Justement, la gloire de Dieu s’est manifestée. Et les enfants d’Israël qui, depuis l’Egypte, avaient appris à marcher, à suivre Dieu, par la vue plus que par la foi, encore une fois, avaient la preuve de sa présence, tant dans la nuée qui couvrait le tabernacle, qui demeurait et qui était leur arrière-garde, leur avant-garde, que par cette manifestation de sa gloire remplissant le saint lieu.

L’effet produit est remarquable. Le peuple vit la gloire de Dieu, et nous lisons : Il tomba sur sa face ; il adora. Plus tard, le service de la tente ayant duré son temps, les conditions d’Israël ayant changé, et le fils de David, Salomon, ayant bâti une maison à Jérusalem, au lieu indiqué par lui, lorsque la dédicace et les sacrifices réclamés par la sainteté, la justice, de Dieu, furent offerts, encore une fois, le peuple put constater, put voir, que Dieu était au milieu de lui, que Dieu, sa gloire, remplissait le saint parvis, le temple. Le peuple, devant cette présence, devant la manifestation de cette gloire divine, se prosterne, adore Dieu, bénit Dieu (2 Chron. 7:3).

Hélas, chers amis, ces temps-là furent de trop courte durée. On n’apprécia pas ; pas même Salomon, jusqu’à la fin de ses jours, ne sut apprécier ce que, au début de sa carrière, il avait érigé, élevé, à la gloire de Dieu.

Hélas, chers amis, le temple fut détruit, nous le savons, par les armées de Nébucadnetsar, après les temps humiliants de la déchéance du royaume, des dix tribus qui partirent en captivité assyrienne, et ensuite le temps qui suivit (d’un peu plus de cent ans), puis ce fut la captivité babylonienne pour le résidu de Juda et de Benjamin, sous les rois que nous connaissons, Manassé et ainsi de suite. Hélas, là, il n’en restait plus trace.

Un second temple fut érigé. Et c’est probablement dans ce temps-là, lorsqu’il fut érigé, lorsqu’il semblait que déjà la joie d’avoir de nouveau un sanctuaire fléchissait, que l’Esprit de Dieu agit, dans le coeur de ces fidèles hommes de Dieu, ces fils de Coré, pour donner ce témoignage d’appréciation de leur coeur quant à ce qu’ils avaient de nouveau reçu par la grâce de Dieu.

Un faible résidu rentré de la captivité avait construit le temple. Un faible résidu l’avait rejoint plus tard. Sous Néhémie, les murs de la cité furent rebâtis, les portes remises, fermées, et ainsi de suite. Et il fallait toute l’énergie que donne la foi et le Saint Esprit, qui répondait aux besoins du coeur, pour que puisse être manifesté et maintenu, en quelque sorte, un intérêt vivant au milieu du peuple, l’appréciation de ce que Dieu avait, encore une fois, donné.

Hélas, ce temple-là fut, encore une fois, changé. Il prit un autre aspect. Car le temple que nous connaissons du temps du Seigneur Jésus ne fut pas celui-là. C’était le temple hérodien, duquel le Seigneur parle, disant qu’il serait détruit, qu’il n’en resterait pas pierre sur pierre (Matt. 24:2) (chose trop vraie, que l’histoire nous prouve, que les fouilles archéologiques ont mise à jour, sans aucun doute).

Un autre temple devait suivre. Et, dans les conseils de Dieu, nous en avons évoqué les traits, dont ces demeures-là étaient les images. C’était l’image de l’Église. C’est là où Dieu voulait habiter. Il veut avoir une maison, mais non pas faite de mains. Et c’est au début des Actes que les apôtres parlent de la véritable maison. Étienne et Paul répètent plusieurs fois, dans l’évangile adressé aux nations particulièrement, et même à la maison d’Israël : «Dieu habiterait-il réellement dans des temples faits de mains ?» (Act. 7:48 ; 17:24). Étienne cite une parole d’Ésaïe, qui avait déjà dit : «Quelle est la maison que vous me bâtirez, et quel est le lieu de mon repos ? Toutes ces choses, ma main les a faites» (És. 66:1-2) ; et il évoque l’étendue des cieux, la grandeur de la création.

Et maintenant, quelques frères ont réalisé le sens de son habitation. Réfléchissez donc ; il avait quelque chose d’autre en vue. Il voulait habiter à nouveau, mieux que jadis, le coeur de l’homme. C’est ce que Dieu veut ; c’est là qu’il veut habiter. Et c’est là, au début des Actes, après le labourage que nous voyons s’accomplir, dans les voies du Seigneur, envers tous ces disciples qui, plus tard, deviennent les porteurs du message, les apôtres en préparation, c’est après, que le Seigneur remonté dans la gloire, accomplissant la promesse du Père, envoie le Saint Esprit, au jour de la Pentecôte, et fonde réellement cette maison spirituelle, des pierres vivantes qui sont venues à la maîtresse pierre du coin, à la pierre vivante, le temple saint qui croît dans le Seigneur. Et qu’il était beau, au début !

Si, ici, il est question d’appréciation, dans ce premier verset : «Quelles sont aimables, tes demeures, qu’elles ont de la valeur, qu’elles sont belles pour toi, ô Dieu !», chers amis, qu’est-ce donc qui donne du prix au temple nouveau ? C’est Christ. C’est lui seul ; c’est son oeuvre. C’est l’excellence de sa personne, la valeur infinie de son oeuvre immortelle, éternelle, immuable. Et ce sont ses perfections. Ce sont elles qui donnent à l’Église son prix, sa valeur, ses qualités. C’est là, chers amis, que nous en sommes maintenant, dans les temps du début. Non seulement elle était agréable aux yeux de Dieu, Dieu y voyait réellement les gloires de son Fils, mais aussi, la puissance de l’Esprit ornait cette maison, ornait les coeurs qui la composaient. Le grand amour ardent, le grand dévouement que nous voyons aussi, étaient accompagnés d’une grande crainte, à la fois de Dieu, de lui déplaire, et de défiance, en même temps. Et cela ne peut pas être autrement, quant à soi-même. Et on s’appuyait sur celui qui avait tout donné, tout apporté. Et, dépendant ainsi, on regardait à lui. On persévérait aussi bien dans la doctrine des apôtres, dans la communion, dans la fraction du pain, dans les prières. Et c’est ainsi que ce temple croissait miraculeusement, au début de trois mille à cinq mille, et à des milliers plus tard. Il grandissait, non seulement en nombre, mais aussi en vertu.

Chers amis, les temps du début sont passés. Et il y a un parallèle malheureux, dans les voies de Dieu, par rapport au peuple de l’Ancien Testament, avec celui du Nouveau Testament. Et c’est à cela que nous en arrivons maintenant. La beauté du début, c’est le plaisir que pouvait avoir Dieu au début, de ce temple vivant, vivant de Christ, vivant pour Christ ; où le mal, pour ainsi dire, ne pouvait pénétrer ; où le Saint Esprit veillait, où il y avait des serviteurs qui veillaient, des anciens qui veillaient, des diacres qui veillaient, des femmes pieuses craignant Dieu qui veillaient, des frères, les hommes pieux, qui veillaient, priaient. C’était là le temple, au début. Mais, hélas, à peine trente ou quarante ans ont passés ; et qu’entendons-nous, de la bouche du Seigneur, lorsqu’il reprend justement l’église d’Éphèse, dans Apoc. 2 ? Que lui dit-il, après avoir reconnu ce qu’il y a dans l’église d’Éphèse ? Que déplore-t-il, que juge-t-il ? «J’ai contre toi que tu as abandonné ton premier amour» (Apoc. 2:4). Et le premier amour, chers amis, c’était non seulement l’appréciation de ce qu’on était devenu, de ce qu’on avait reçu, mais aussi, en même temps, l’église primitive avait une espérance vivante qu’elle chérissait. Aussi bien les Juifs que les païens s’étaient réellement détournés de quelque sorte d’idolâtrie, du moi, pour la religiosité de ses prétentions, de véritables idoles pour le païen, pour le serviteur, d’une manière vivante, par l’Esprit, pour servir le Dieu vivant et vrai et attendre des cieux son Fils (1 Thess. 1:9-10).

Le premier amour, chers amis, se complèterait toujours, et se complètera toujours, par l’attente du bien-aimé, la relation de l’épouse avec l’époux. Il n’en peut pas être autrement. Et, hélas, c’est là ce que l’Église a fait : elle a perdu de vue son véritable appel. Elle n’a plus apprécié d’être appelée à la gloire de Dieu, à la gloire éternelle. Et, les affections s’étant lassées de ce côté-là, les yeux du coeur se sont dirigés vers la terre, vers les frères, vers l’église ; vers l’église, peut-être. Et, justement, c’était l’état d’Éphèse. Elle était encore dans un certain ordre. Et je voudrais bien que toutes les assemblées du monde entier, qui existent aujourd’hui, soient encore dans l’état moral, spirituel, dans lequel se trouvait, à ce moment-là, malgré la sévère répréhension de l’apôtre, l’église d’Éphèse.

Pourtant le Seigneur la reprend. Il lui manquait ce qui était le plus précieux : «Tu ne désires pas être là où je suis ; tu as abandonné ton premier amour. Dans ton premier amour, tu voulais quitter la terre. Où est ton témoignage pour moi ? Tu souffrais pour moi ; tu continuais à souffrir. Et maintenant, tu te plains dans la souffrance. Tu vis pour toi, tes honneurs, et tu ne veux plus être près de moi».

Faisons attention que le Seigneur ne puisse pas, un seul jour, nous reprendre de ce manque d’affection de retour pour lui et, en même temps, que notre coeur manque de vibrer, à son égard, du désir d’être là où il est.

Hélas, la déchéance s’en est suivie. Et, au lieu d’une Église pure, d’une épouse chaste, comme elle était fiancée au Christ par l’apôtre des nations, chers amis, nous lisons d’autres paroles, prophétie du seul sage, du Seigneur de gloire.

L’apôtre dit que, dans les temps de la fin, les temps fâcheux, les temps dans lesquels nous sommes parvenus, de la grande maison, le chemin est tracé au fidèle, comment il pourra plaire à son Dieu, à son Sauveur.

Les ans avaient passé. Et maintenant, permettez-moi de rappeler quelque chose. La captivité de Babylone était une réalité, pour l’Église. Elle était spirituelle. La captivité de l’Église était devenue une chose, pour ainsi dire, complète. Les autorités du monde déterminaient ce qui devait être enseigné, ce qui devait être cru. Et l’Église, s’étant mise, pour ainsi dire, à l’asservissement humain du pouvoir séculier, n’avait plus du tout le caractère du début, de l’épouse unie au chef glorieux. Et cet état de choses a duré bien longtemps. Il fut secoué bien des fois, au cours de l’histoire de l’Église, jusqu’au siècle dernier. Au début de ce siècle, le réveil est venu et a secoué, pour ainsi dire, les âmes sincères, dans notre pays, dans le vôtre, dans d’autres pays du monde, comme j’en ai connaissance, en même temps aussi, indépendamment de nous-mêmes, dans l’Afrique du Sud, où il y a des âmes qui connaissent la vérité comme nous la connaissons, qui attendent le Seigneur comme nous l’attendons. Elles n’ont pas tout à fait les mêmes vues à tous égards. Mais, dans l’ensemble, pourtant, elles ont été secouées par le souffle puissant du Saint Esprit, comme l’ont été les devanciers auxquels nous devons tant. Et les frères du début, était-ce facile pour eux de se réunir, en Angleterre, en France ? Si vous écoutez ce que vous disent vos ancêtres, si j’écoute ce que me disent les ancêtres de notre pays, les frères du début ont eu à lutter pour cela. Ils ont souffert pour cela. Ils ont souvent été repris par les autorités pour cela.

Je connais une assemblée de notre petit pays où, en ce temps-là, parce qu’il était interdit par la loi de célébrer la sainte cène hors des murs de l’église officielle catholique, malheur à qui s’avisait de le faire en dehors. Et ces chers amis, enseignés par le Saint Esprit à se souvenir du Seigneur Jésus, se réunirent, comme nous avons le bonheur de le faire jusqu’à ce jour. Que leur est-il arrivé, plusieurs fois ? Vers le milieu du culte, les gendarmes, sachant très bien le moment, s’acheminaient vers la fraction du pain, venaient dans le local, y prenaient place. Et, lorsque le moment arrivait où les frères allaient rompre le pain, ils s’avançaient, emportaient le pain et le vin et, menottes aux mains, emmenaient les frères qu’ils jugeaient être responsables, et ne les relâchaient qu’après plusieurs semaines de souffrances et le paiement d’une amende. Ces choses se sont répétées bien des fois.

Une autre question : l’assemblée de cet endroit diminuait-elle pour cela ? Au contraire ; il semblait que, plus on la persécutait, plus on avait le bonheur de souffrir pour la vérité, plus il y avait d’âmes qui s’y attachaient. Elle a grandi. Les temps changèrent. Et, une vingtaine d’années peut-être plus tard, on obtint, de la part des légistes de notre pays, une faveur qui accordait à ce moment-là la liberté de l’exercice du culte.

Mais ce que je viens de dire, c’est l’appréciation de ce que le Seigneur a donné dans des temps difficiles auxquels nous sommes parvenus. Ces chers devanciers ont lutté pour cela. Ils ont trouvé, comme les fils de Coré, que ce que Dieu avait institué avait du prix. Et ils ont lutté, ils ont souffert, pour cela. Et Dieu les en a bénis.

Est-ce maintenant le temps de grandes choses ? Est-ce que réellement il y a eu restauration pleine et entière de l’état du début ? Non pas. C’est un résidu comme celui qui était rentré de la captivité babylonienne, un faible résidu, qui a écouté la parole de Dieu, qui s’y est soumis et a été béni. Et de ce résidu, chers amis, toute âme qui le compose encore, jusqu’à ce jour, a le même privilège que ces devanciers-là.

Et le résidu du Nouveau Testament nous est présenté, à Philadelphie, dans Apoc. 3.

Puissions-nous chercher à manifester les caractères de ce résidu, à aimer le Seigneur, à ne pas le renier. Il faut souffrir pour lui, à l’instar de ceux qui ont été avant nous dans ce chemin-là, garder sa Parole tout entière, et ensuite, aussi, attendre son retour. Les trois choses vont ensemble.

Le Seigneur appelle ainsi Philadelphie à garder ce qu’elle a, afin que nul ne perde sa couronne (Apoc. 3:11). Une couronne, c’est le prix, la récompense, qui sera donné à ceux qui tiennent ferme malgré le courant contraire que nous rencontrons de nos jours (si ce n’est pas une hostilité ouverte, une persécution ouverte, violente, qui se manifeste dans nos pays, elle n’en est pas moins grande aujourd’hui, et dangereuse, avec les erreurs qui pullulent, avec toutes les choses mauvaises qui se présentent autour de nous, avec toutes les voix qui ressemblent à celle du bon Berger. Il faut une oreille attentive pour la discerner). Il faut que le résidu s’approche de lui, connaisse la voix de bon Berger, pour être gardé dans le bon chemin.

Et c’est là quelque chose qui est précieux pour le Seigneur, si nous le faisons réellement pour lui, et pas pour nous. Puissions-nous devenir de ceux qui apprécient ce que Dieu donne.

«Combien sont aimables tes demeures…». Et si, au début, Dieu habitait l’Église, Dieu habite-t-il moins le rassemblement, de nos jours ? Le Seigneur est-il moins présent de nos jours qu’aux jours du début ? Non pas ; il n’a pas changé. Ses promesses sont demeurées et demeurent. Tant que l’Église sera ici-bas, elle peut être assurée de la constance de ses promesses, de la constance de ses soins et de son amour. Et il donnera pour elle tous ce qu’il conviendra de donner. Et il habite là où deux ou trois sont assemblés en son nom.

Vous me direz : Oh, mais ce verset, même les catholiques le citent beaucoup ; et tous les protestants le citent ! C’est vrai ; chacun se prévaudra de ce verset. Et, à toute occasion, on se réclamera de la valeur de ce verset. Mais quel est le vrai sens de ce verset ? Est-ce que le Seigneur veut dire : Là où deux ou trois, à l’occasion, sans se connaître, sans rapports suivis, sans respecter l’ordre que je dépeins dans ma Parole, quand occasionnellement ils se rencontrent, est-ce que je serai là, au milieu d’eux ? Est-ce là ce qu’il dit ? Non pas. Il est le Seigneur dans l’ordre, Dieu de paix, Dieu d’ordre. Il faut que nous connaissions les relations permanentes dans lesquelles nous sommes placés. La base de nos relations, c’est la vie éternelle qui nous est donnée. Et nous sommes ainsi dans une relation permanente avec lui. Ensuite, nous sommes appelés à la communion avec lui, sur la base des enseignements donnés par sa Parole. Nous sommes appelés à la communion avec les frères, encore une fois, selon la Parole écrite. Et être rassemblés au nom du Seigneur Jésus à Paris, c’est savoir que le Saint Esprit nous a réunis en un, nous attachant à Christ qui est là chef de l’Église, comme nous sommes un faisceau de vivants. Et, comme un faisceau, nous faisons partie, où que nous soyons, de ce rassemblement. Mais nous en donnons réellement l’expression vivante, nous le réalisons, lorsque nous l’attendons. Alors nous manifestons que nous sommes un avec Christ, et que nous sommes son assemblée, lorsque nous respectons ses droits.

C’est quelque chose de ce que signifie être rassemblés au nom du Seigneur Jésus, du Seigneur, respectant les droits de sa seigneurie. Cela devrait être précieux à nos yeux, précieux à nos coeurs. Comme les fils de Coré, nous devons aimer cela, aimer être aimés par le Seigneur que nous servons, non pas, en aucune manière, comme le sont les hommes, les grands de ce monde. Il est un Seigneur d’amour ; et c’est une réunion d’amour. Et c’est l’amour qu’il versa dans nos coeurs qui fait appel à notre affection de soumission, pour qu’en retour, en amour, nous aimions sa volonté pour la faire.

 

6   Désirer ardemment — Jacques 4:2 ; 1 Pierre 2:2-3 ; 1 Corinthiens 12:31, 14:1, 39 ; 1 Timothée 3:1 ; Psaumes 84:2 ; Philippiens 1:23 ; 2 Corinthiens 5:2 ; Luc 22:15

 

[LC n° 147]

5 août 1962

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 286

 

«Vous convoitez, et vous n’avez pas ; vous tuez et vous avez d’ardents désirs, et vous ne pouvez obtenir» (Jacq. 4:2). Les désirs de nos coeurs naturels sont ceux de la vieille nature que nous avons tant de peine à considérer comme morte, du vieil homme qui a été crucifié avec Christ. Cette vieille nature est la source de toutes les guerres, entre des frères, dans une famille, au sein d’une assemblée. Elle nous conduit, dans l’exercice même de la prière, à demander mal, non pas pour le développement de notre vie spirituelle, mais pour satisfaire les désirs du coeur naturel. Ainsi, des bénédictions spirituelles nous échappent, parce que notre nouvelle nature n’est pas en activité : «Vous n’avez pas, parce que vous ne demandez pas» (4:2). La vieille nature a d’ardents désirs, posséder des biens matériels ou jouir d’une certaine autorité, par exemple. Ces désirs ne devraient pas exister chez le croyant ; ce sont ceux de la chair. Que Dieu nous en garde et que nous sachions leur imposer silence.

«Désirez ardemment, comme des enfants nouveau-nés, le pur lait intellectuel» (1 Pierre 2:2). Rejetant les produits de la vieille nature, qui sont un obstacle au développement spirituel, nous pourrons croître et prospérer spirituellement. Le pur lait intellectuel est, dans ce passage, la nourriture qui convient à tous les stades du développement du croyant ; en revanche, en 1 Cor. 3:1-2 et en Héb. 5:12-14, il est la nourriture des petits enfants en contraste avec la nourriture solide, avec la viande, qui convient à des croyants déjà avancés dans la vie chrétienne. Le pur lait intellectuel que nous sommes exhortés à désirer ardemment, c’est la Parole qui nous présente Christ, nourriture excellente sans laquelle il n’y a pas de développement spirituel possible. Cette nourriture doit rester pure, non frelatée, non mélangée avec les pensées naturelles de l’homme. Le ministère doit dispenser cette nourriture qui vient de Dieu, qui est le travail de l’Esprit de Dieu, qui est en accord avec la Parole de Dieu. Est-ce que notre coeur brûle du désir de s’emparer de cette nourriture ? Ou bien se nourrit-il de lectures sans utilité pour la vie spirituelle ? Plus un croyant vit près du Seigneur, plus il sera nourri de la nourriture excellente dont il a besoin.

«Si toutefois vous avez goûté que le Seigneur est bon» (1 Pierre 2:3). Voilà pourquoi nous avons si peu cet ardent désir. Nous savons si peu apprécier la fidèle bonté du Seigneur dans toutes les étapes du chemin, dans les jours de joie comme dans les jours de peine. Formant une maison spirituelle, une sainte sacrificature (1 Pierre 2:5), nous pouvons alors nous approcher de Christ comme d’une pierre vivante pour offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par lui. Nous serons des adorateurs dans la mesure où nous avons désiré ardemment le pur lait intellectuel. Si nous n’avons pas été chaque jour aux pieds du Seigneur, nous viendrons devant lui avec des corbeilles vides le dimanche. Toutes les réunions d’assemblée ont un caractère collectif ; c’est donc l’assemblée toute entière qui adore.

«Désirez avec ardeur les dons de grâce plus grands» (1 Cor. 12:31). «Désirez avec ardeur les dons spirituels, mais surtout de prophétiser» (1 Cor. 14:1). «Désirez avec ardeur de prophétiser» (1 Cor. 14:39). Les instruments que Dieu emploie sont précieux à leur place, mais le secret de la bénédiction dans une assemblée, c’est l’exercice profond de tous les frères, de toutes les soeurs, pour la prospérité spirituelle de l’assemblée, et non pas l’exercice même des dons, si éminents soient-ils. Prophétiser, c’est mettre les âmes en rapport avec Dieu, par la Parole, au moment du besoin. Quelquefois, cinq paroles peuvent suffire pour faire du bien à tous. Désirons-nous ce don avec ardeur, ou manifestons-nous une paresse coupable en laissant la charge aux autres ? Le manque d’un exercice secret avec le Seigneur est la cause de beaucoup de faiblesse. La vie individuelle d’abord, ensuite seulement il peut y avoir accroissement dans l’assemblée.

«Si quelqu’un aspire à la surveillance, il désire une oeuvre bonne» (1 Tim. 3:1). Voilà un désir qui devrait être dans le coeur de quelques frères dans l’assemblée, par amour pour les saints et pour l’assemblée, pour servir les saints et l’assemblée. La charge de l’ancien se rapproche de beaucoup du ministère pastoral, mais le surveillant connaît les circonstances et les besoins personnels, il connaît les brebis du troupeau. Il discerne aussi ce qui peut nuire au bon ordre : il pressent le danger ; il doit avertir, retenir. Mais il lui faut des qualités morales, une autorité morale. Que de maux dont on aurait pu être préservé s’il y avait eu, en temps opportun, l’intervention d’un ancien !

«Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel» (Ps. 84:2). Une âme, en route pour la maison, en savoure déjà les félicités. Le pèlerin fait l’expérience de celui qui pouvait dire : «Le fils de l’homme n’a pas où reposer sa tête» (Matt. 8:20). Cette âme n’a qu’un but en traversant la terre : «Tes autels». Cette âme ne s’attache à rien d’autre ici-bas qu’à la personne dont la Sulamithe pouvait dire : «Toute sa personne est désirable» (Cant. 5:16).

«Ayant le désir de déloger et d’être avec Christ» (Phil. 1:23) ; c’est le désir de l’apôtre Paul. Pourtant, il était prêt à rester, à lutter encore, si cela était avantageux pour les Philippiens. Mais son désir ardent était d’être avec Christ.

«Désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel» (2 Cor. 5:2). Dans le corps, qui est souvent une entrave au développement spirituel, nous gémissons, étant chargés. Ce corps n’est pas à la mesure de la vie divine qui est en lui. Bientôt, nous allons prendre possession de la «maison qui n’est pas faite de main, éternelle, dans les cieux» (2 Cor. 5:1).

«J’ai fort désiré de manger cette pâque avec vous» (Luc 22:15). Devant le désir si fortement exprimé par le Seigneur, pouvons-nous dire : «le désir de notre âme est après ton nom et après ton souvenir» (És. 26:8) ?

Que Dieu produise lui-même en nous ces saints désirs pour la paix de nos âmes, pour notre enrichissement spirituel, pour une vie individuelle plus nourrie de Christ, plus vraie, et aussi pour la prospérité de l’assemblée !