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Méditations sur la Parole de Dieu

 

1 Samuel

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1      Éli et ses enfants — 1 Samuel 2:12 ; 3 ; 4

2      La vie de David — 1 Samuel 7:6… ; 2 Samuel 2:2-7, 47-50, 51 ; 3:2-7

3      David et Goliath — 1 Samuel 17

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   Éli et ses enfants — 1 Samuel 2:12 ; 3 ; 4

 

[LC n° 22]

27 avril 1944

 

Les enfants d’Éli, le sacrificateur, comme ceux de Samuel, le prophète, n’ont pas été fidèles. Il ne suffit pas d’être enfants d’Éli ou de Samuel pour être assurés de fidélité, de génération en génération. Il est nécessaire de rappeler que nous avons toujours la guerre avec Amalek. Nous aurons aussi la guerre avec les Philistins, jusqu’à la fin, les Philistins représentant un ennemi qui est dans les limites mêmes du peuple. Nous trouvons aussi, dans ce chapitre, l’arche de l’Éternel. Le temps des juges a passé. Le peuple est entré dans le pays de la promesse, s’est corrompu, est allé après d’autres dieux. Dieu dit, encore aujourd’hui : Il ne faut pas demeurer dans le vague, mais transposer les enseignements d’une manière précise. Vous entrez dans le pays de la promesse. Vous êtes entrés dans le ciel. Les chrétiens sont des hommes assis, ressuscités, dans les lieux célestes en Christ. Mais le combat commence le jour où vous avez posé le pied dans le pays de la promesse. Le peuple a franchi le Jourdain. Il rencontre Jéricho. C’est Dieu qui jette par terre les murs de Jéricho.

La Parole nous enseigne que la position chrétienne est absolument certaine. D’une part, un vrai croyant est quelqu’un qui est ressuscité dans les lieux célestes, assis en Christ devant Dieu, comme Jésus l’est. D’autre part, la Parole nous dit que, tant que nous serons dans ce monde, le croyant doit lutter contre ses ennemis, Satan et ses anges, le monde, la chair. Les dernières étapes sont les plus dures. Le peuple de Dieu est fatigué. Nous sommes plus faibles que nos devanciers, et nous avons les mêmes ennemis. Le diable n’est pas fatigué. Il nous harcèle ; il s’attaque à l’Assemblée universelle locale. Nous serons prosternés, étonnés, émerveillés, quand nous verrons comment le Seigneur a pris soin de cette Assemblée, comment Il aura empêché les écarts, et comment, au moment où tout allait sombrer, le Seigneur, intervenant, a remis son témoignage, les saints, dans son chemin. S’il y a des frères et soeurs exercés à cet égard, ils peuvent considérer la patience, la grâce et la puissance du Seigneur envers son peuple, et de quelle manière le Seigneur aide, redresse, corrige et console les siens.

Après l’entrée dans le pays de la promesse, Josué meurt. Tous les ennemis du peuple ne sont pas anéantis. Les Philistins, Madian, restent. Pas une tribu, peut-être, n’a libéré complètement son territoire. Josué et les Juges disent que ces ennemis étaient laissés pour que les Israélites apprennent ce que c’est que la guerre. Il faut que nous apprenions à combattre. C’est pourquoi le Seigneur permet des exercices, individuels, d’assemblée. Il nous laboure, nous brise, nous jette par terre. Nous crions au Seigneur. Nous n’avons ni solution, ni remède ; alors le Seigneur intervient. Les frères et les soeurs qui ont l’oeil ouvert sur ces choses voient souvent, comme à l’oeil nu, le Seigneur intervenir. Il n’y a rien de si sérieux, ni rien de si beau.

Après la période de Josué, c’est celle des Juges ; c’est le déclin. Avec Josué, le peuple allait à la bataille, et remportait des victoires. Ensuite, c’est différent : un homme se lève, d’autres le suivent ; ensuite une femme, une poignée d’hommes se lève à sa suite. Aujourd’hui, cela se voit encore. Le Seigneur veuille susciter de tels frères et soeurs, pour opérer ces délivrances. Ce sera nécessaire jusqu’à la fin. Il n’y a pas, pour le peuple de Dieu, de périodes de repos, pas de laisser-aller. Nous ne pouvons pas dire : Après cette délivrance, déposons nos armes ; laissons-nous vivre tranquillement ; oublions que nous avons des combats à livrer. Si nous le pensons, nous allons au-devant de la défaite. Il n’y a pas, pour les frères et les soeurs, de repos. Nous avons toujours à combattre.

Lot a été harcelé. Pour son propre compte, Abraham, qui vivait avec Dieu, a eu à combattre. Il part en guerre, mais ce n’est pas pour son propre compte. C’est pour délivrer Lot, pour délivrer son frère enlacé dans le monde. Y a-t-il des frères et soeurs assez libérés d’eux-mêmes pour que, lorsqu’ils se lèvent et prennent une épée, ce soit pour couper les liens de leurs frères ? Sommes-nous si absorbés par nos propres circonstances, assez anéantis par l’ennemi, pour ne pas faire un propre pas nous-mêmes ? Un croyant dans un état heureux, utile, c’est celui qui, libéré pour son propre compte, vigilant pour ne se laisser entraîner par rien ni personne, lorsqu’il voit son frère, prend son courage devant Dieu et va délivrer son frère, à ses risques et périls.

Ce qu’a fait Abraham ne sera pas oublié. Le peuple de Dieu, aujourd’hui, a besoin d’hommes tels qu’Abraham. Quand nous voyons nos frères, considérons-nous s’ils sont libres ou enlacés ? S’ils sont enlacés, leur disons-nous : Mon frère, il faut rompre avec ce que le monde peut avoir versé dans ton coeur ?

La période des Juges est une période de déclin, parce que jamais le peuple entier ne part en guerre, comme dans Josué. Il y a un morcellement de la foi du peuple. Mais la foi individuelle brille d’autant plus. Au temps des Juges, après la délivrance, le peuple retombe dans sa nuit, de plus en plus épaisse. Il n’y avait pas de roi. Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux (Jug. 21:25).

Le livre de Ruth, qui fait suite aux Juges, apporte une consolation. Lorsqu’on pourrait croire que tout est perdu, que le diable a le dessus, que les Cananéens ont le dessus, Dieu nous donne le livre de Ruth, pour dire : J’ai ma pensée ; Je sais ce que Je veux ; J’ai mes conseils, J’y arriverai.

Ruth entre dans la généalogie du Seigneur, mais par la foi. Qu’on ne vienne pas se prévaloir du cas de Ruth, ou d’un autre, pour nous dire que n’importe qui peut entrer dans le peuple de Dieu. Mais ce droit, cet honneur, c’est sa foi qui les lui a donnés.

La fin de l’histoire des Juges est lamentable. L’absence de moralité va de pair avec l’abandon de Dieu, de la Parole du Seigneur. Moralement, il y a chute. Ce que, dans un état prospère, on appelle bien, on l’appelle mal. Ce qui arrêterait une conscience, ferait crier, lorsque l’état du peuple est mauvais, on passe dessus, on ne dit rien.

Beaucoup plus souvent que nous le pensons, le Seigneur nous met à l’épreuve, et met en évidence le niveau spirituel de l’assemblée, afin que nous montrions comment nous réagissons devant tel ou tel fait. Un fait se présente. Si nous avons à coeur la gloire de Dieu, nous dirons : Ce n’est pas devant Dieu ; ce n’est pas selon le Seigneur. Si nous sommes en somnolence, nous dirons : Il faut beaucoup de support ; il faut nous souvenir que nous sommes des pécheurs ; il ne faut pas aller trop loin. Certainement, il nous faut de la grâce. Plus nous vivons près de Dieu, plus nous sentons que nous sommes des objets permanents de la grâce de Dieu. Mais il y a un moment où le Seigneur nous met à l’épreuve, et où il nous faut savoir faire comme les fils de Lévi, lorsque Moïse a dit : «À moi, quiconque est pour l’Éternel» (Ex. 32:26). Ou bien savoir faire comme un autre, Phinées, qui a brandi son épée à un moment solennel, où la corruption risquait d’entrer dans le temple de Dieu. Phinées prend son épée ; la corruption s’arrête immédiatement. Dieu lui fait une promesse, et lui dit que ses générations appartiendront toujours au peuple de Dieu.

Il y a des moments où il faut avoir l’air dur, sévère, parce qu’il s’agit de principes gouvernementaux du peuple de Dieu. Il ne s’agit pas d’un individu, mais de la vie ou de la mort du peuple de Dieu.

Et l’homme de Dieu qui vient parler à Éli met sa vie dans sa main, pour dire : «Ainsi dit l’Éternel». Ce n’est jamais un service agréable. Mais malheur à lui s’il ne donne pas la parole de l’Éternel.

Avons-nous à coeur le vrai bien du peuple de Dieu, le vrai bien de cette assemblée ? Il s’agit toujours de principes, de la vérité ou de l’erreur, qui sont en question, pour le bien ou le malheur du peuple de Dieu.

La moralité a baissé, à la fin des Juges. Ce livre se termine par une histoire affreuse. Nous n’en sommes pas surpris. Le chrétien ne finit pas mieux.

Et, à partir de ce moment-là, un lien est rompu avec le peuple. Dieu ne s’adresse plus à lui directement. Il fait surgir un prophète, puis Il introduit un roc. Le prophète, c’est Samuel, mis à part, dès son enfance, pour le Seigneur. Son histoire est divinement belle, riche d’instruction et, au fond, c’est l’histoire de l’homme de foi, de tout serviteur utile, d’une manière ou de l’autre. Il est affligeant de constater, un peu plus loin, que le peuple lui-même dit à Samuel : «Tes fils ne marchent pas dans tes voies» (1 Sam. 8:5). Samuel dit au peuple : «De qui ai-je pris l’âne, etc.», mais le peuple lui-même est juge : «Tes fils…».

Ces deux exemples nous parlent. Éli, le sacrificateur, peut nous parler de tous, frères, de toutes, soeurs. Nous sommes tous sacrificateurs. Samuel, le prophète, nous parle de la Parole de Dieu, et peut-être aussi de ceux qui la présentent. Que les enfants de ceux qui présentent la Parole de Dieu, de ceux qui sont rois et sacrificateurs, ne pensent pas qu’ils ont une espèce d’immunité. Et l’ennemi cherche toujours à frapper la tête. C’est une chose extrêmement sérieuse.

Le diable remporte une victoire bien plus grande lorsque, au lieu de faire broncher un chrétien qui va dans le monde — là, il n’y a pas de victoire à remporter — il s’attaque à un frère pour le piéger, à un fils de frère, à quelqu’un qui est fils d’Éli ou de Samuel. Quelle victoire, alors ! On en parle. Les anges le savent. Ils en sont les témoins. Tout le monde le sait. Quelle défaite, pour le peuple de Dieu. Y pensons-nous ?

Frères et soeurs, parents d’enfants chrétiens, y pensons-nous ? Pensons-nous que l’état du peuple de Dieu dépend de l’état de tous ses enfants ? Avons-nous cela à coeur ? Voilà la fidélité dans le détail et dans la pratique. Il est très facile d’être fidèle, de venir à toutes les réunions. C’est une chose très facile. Mais être fidèle au Seigneur, avoir la crainte du Seigneur, trembler à sa parole, faire des choses qui nous coûtent, personnellement, beaucoup, qui nous coûtent ce que personne ne peut savoir, par amour pour le Seigneur ? Que trouvons-nous, chez Éli ? Il ne tenait pas ses enfants. C’est effrayant ; c’est terrible.

Voyez l’amour, la grâce, la patience du Seigneur. Dieu a une patience illimitée, est plus patient que Paul, que Moïse — Paul a dépassé Moïse — qu’Élie, qui s’est irrité aussi. Les deux premiers, pour s’être irrités, pour n’avoir pas eu, dans leur coeur, cette patience infinie de Dieu, ont été frappés d’une manière qui nous paraît excessive. Moïse n’est pas entré dans le pays de la promesse. Et pourtant, il a supplié Dieu, qui lui a dit : «Ne me parle plus de cette affaire» (Deut. 3:26) ; comme si Dieu avait le regret d’avoir dû être obligé de fermer l’accès de Canaan à Moïse, un homme qui n’a pas eu son pareil. Cependant, il a manqué de patience. Élie a manqué de patience, et son ministère a pris fin. Dieu est plus patient que tous, mais il y a un moment où sa patience finit, où elle s’arrête.

Il y a peut-être des personnes qui viennent depuis quarante ans dans cette salle, des pécheurs, des inconvertis. Dieu a été patient quarante ans. Il ne le sera peut-être pas un jour de plus. En tout cas, il y a une seconde au-delà de laquelle la patience de Dieu n’ira pas. Cela est vrai pour un inconverti, une nation, le monde chrétien, et aussi, en gouvernement, pour les enfants de Dieu.

Éli est frappé très durement. Il y a une chose remarquable : l’arche est prise, et Éli meurt. Ce n’est pas la mort de ses fils qui a causé la sienne, mais c’est quand il a appris que l’arche de Dieu était prise. Le coeur d’Élie était avec l’arche, qui est Christ. Nous sommes réunis au nom du Seigneur. Le montrons-nous ? Toute notre attitude, notre conversation, nos relations, ici et dehors et dans le monde, sont-elles un témoignage permanent que nous connaissons l’arche et que nous l’entourons ? Si ce n’est pas cela, nous sommes infidèles. Et tout sacrificateur, frères et soeurs, que nous sommes, notre titre ne fait qu’accroître notre responsabilité, et un jugement peut tomber sur nous.

Un homme de Dieu surgit. Personne ne s’y attend. C’est souvent ainsi. En face d’Achab qui dit : «Te voilà, toi qui troubles Israël» (1 Rois 18:17), puis à propos de Samuel, lorsqu’il va pour oindre David, il est dit que tous tremblaient (1 Sam. 16:4 ; 1 Rois 18:10-12). Nous devrions trembler, quand le prophète passe, quand il parle. Dieu ne nous parle pas pour ne rien dire. Il n’oubliera pas ce qu’Il nous a fait dire tant de fois, et Il nous demandera des comptes.

Les faits de l’Ancien Testament sont instructifs, justement parce qu’ils nous donnent, sous une forme simple, mais solennelle, les enseignements les plus variés, les plus riches.

Le mal que faisaient les fils d’Éli est mentionné. Rien n’est inaperçu à Dieu ni au Seigneur.

L’assemblée a à s’occuper de ceux qui sont dedans. On peut sympathiser, aider les autres, mais administrativement, non. Lorsque nous sommes dans l’assemblée, que nous faisons profession d’appartenir au Seigneur, rappelons-nous que le jugement commence par sa propre maison. Dieu ne châtie pas de la même manière les Philistins que ceux qui font partie du peuple.

Pratiquement, lorsqu’un frère, une soeur, témoins de telles choses qui se passent parmi le peuple de Dieu, les supportent, ils se rendent solidaires vis-à-vis du mal commis. Les frères et les soeurs sont ceux entre les mains desquels l’administration est confiée. Si nous ne veillons pas et n’avons pas à coeur le bien de son peuple, sa sainteté, le Seigneur nous demandera des comptes, non seulement à ceux qui s’égarent, mais à ceux qui n’auront pas averti, pas pris soin.

Il y a là, pour nous, une leçon, certainement, si nous avons trop appris, trop vu. Depuis quelques années, pendant toutes ces années de tourmente, le Seigneur nous a parlé de trop de façons pour que nous fermions nos oreilles à son enseignement.

Voici Éli. Il honorait ses fils plus que l’Éternel. Est-ce que nous honorons les frères et les soeurs plus que le Seigneur ? C’est sérieux. Il ne faut pas penser que, parce que nous sommes dans l’assemblée, le Seigneur est moins exigeant ; au contraire. Éli supportait le mal chez ses enfants. Il faisait passer la gloire de l’Éternel après les caprices de ses enfants. C’est la Parole de Dieu qui dit cela : «Tu honores tes fils plus que moi» (2:29). Le Seigneur nous donne un autre verset, dans le Nouveau Testament : «Celui qui aime père ou mère plus que moi, n’est pas digne de moi» (Matt. 10:37). Et que de fois le Seigneur nous met à l’épreuve individuellement, et en assemblée. Vous dites que vous M’aimez ; montrez-le. Voilà deux voies à choisir. Une voie est douloureuse, mais c’est celle où le coeur montre qu’il est lié au coeur du Seigneur. Pensez-vous que les Lévites étaient contents de transpercer leurs propres familles, après le veau d’or ?

Mais c’est la foi qui est au-dessus de tout. Elle va sur le rocher, comme Jonathan. La foi est de Dieu. Elle ne s’embarrasse de rien ni de personne. Qu’importe le monde tout entier, lorsqu’on a Dieu avec soi.

Je désire placer cela sur nos coeurs à tous. Montrons-nous que nous sommes des frères et des soeurs, nous qui nous prévalons du fait que nous sommes séparés des autres chrétiens ? Montrons-nous que nous sommes avec le Seigneur, non pas en faisant étalage de connaissance, de doctrine ? Prouvons que nous aimons le Seigneur mieux que quiconque, non pas en parole, mais en fait, en renonçant. «Tu honores tes fils plus que moi» : cela ne peut pas honorer le Seigneur ; et combien c’est sérieux. Que de choses cela expliquera, un jour. Et puis, nous avons ce verset extraordinaire : «ceux qui m’honorent, je les honorerai ; et ceux qui me méprisent seront en petite estime» (v. 30). Le Seigneur honorera ceux qui l’auront honoré.

On est surpris qu’Il ait mis en réserve un David que, tout à coup, Il a mis en évidence sur la scène. Personne n’avait parlé de lui. Mais David, dans le secret, avait honoré Dieu. À son tour, Dieu l’honore.

On est surpris de voir surgir, parmi le peuple de Dieu, des inconnus, qui n’ont, spirituellement, ni père ni mère. Ce sont ceux-là dont le Seigneur se sert. Il n’y aura pas de surprises, lorsque le Seigneur manifestera les choses. Bien entendu, tout est grâce, de la part de Dieu ; et la fidélité d’un David, et l’honneur qu’on porte au Seigneur, sont un fruit de ce que Dieu opère. Mais il est dit : «Ceux qui m’honorent…». Quelqu’un qui a fait un sacrifice, refusé un avenir…  — c’est arrivé à plus d’un, de tourner le dos à un avenir, à une carrière ; on n’a pas à s’en vanter, Dieu veuille que nous ne le fassions jamais, mais ce sont des choses qui comptent dans la vie, dans la mesure où ces refus, ces preuves de fidélité, sont donnés au Seigneur. C’est dans cette mesure-là que le service, la fidélité, la joie, le bonheur, se trouvent, dans la vie du chrétien. N’en doutons pas.

Celui qui veut tout entraîner avec lui, en disant : J’aurai le Seigneur quand même, ce n’est pas vrai. Il aura toujours le Seigneur, mais d’une autre manière. Un frère mondain n’aura jamais le Seigneur comme le frère spirituel qui vit près du Seigneur. Même si les choses ne se voient pas sur la terre, elles seront manifestées un jour : «Ceux qui m’honorent…».

Combien il faut nous encourager les uns les autres, dans ce sens-là. S’il nous fallait tout abandonner pour le Seigneur, combien, en ce moment-ci, en auraient la force ? S’il nous fallait le faire, Il nous donnerait la force, au moment même. Mais que de progrès à faire, chers amis ! Quand on veut suivre le Seigneur, on s’aperçoit qu’on a des attaches. Si quelqu’un s’est attaché à une table, et qu’il veuille marcher, il se rend compte qu’il est attaché. Il en est de même avec le Seigneur. Si nous voulons marcher, nous sentons que nous avons des attaches, des calculs, par devers nous. Et si nos coeurs étalaient tous les calculs, les intrigues, qu’il y a chez nous, croyants, combien verrait-on de coeurs vraiment libres, affranchis, dont le Seigneur pourrait dire : Voilà quelqu’un qui m’aime ? Alors, nous avons des progrès à faire. Nous le savons, et il faut en faire.

Au moment où le peuple dit en Jérémie, par trois fois : «C’est ici le temple de l’Éternel» (Jér. 7:4), c’est alors qu’il allait être pris, que Jérusalem allait être jetée par terre.

Ne pensons pas qu’il suffit de dire : C’est l’assemblée ; nous sommes l’assemblée, nous faisons partie de l’assemblée. Non, nous serons jetés par terre. Jamais la Parole ne parle ainsi. Et le Seigneur dit : «Si tu ne te repens pas, j’ôterai ta lampe de son lieu» (Apoc. 2:5). Si nous n’avons pas soin de sa gloire, le Seigneur en aura soin.

Les Philistins arrivent ; le peuple est battu. C’est le conseil de Dieu. Le peuple fait appel à son ultime ressource. Nous allons chercher l’arche ; elle a fait reculer les eaux du Jourdain. C’est l’arche du Seigneur de toute la terre. Elle a fait le tour de Jéricho pendant sept jours, et la trompette des sacrificateurs allait devant ; les murs de Jéricho sont tombés sans coup férir. Nous allons faire appel à l’arche. On l’a faite entrer. Le peuple criait ; la terre en tremblait. Mais Dieu restait silencieux. Dieu ne bougeait pas. Ce ne sont pas les cris du peuple qui font bouger Dieu. Il laisse prendre son arche. Quelle leçon ! On a vu que, malgré tous les titres que les saints pouvaient avoir, se réclamant des saints, de l’assemblée, le Seigneur laisserait le monde jeter l’assemblée par terre. Le Seigneur se chargera de revendiquer sa gloire. Les Philistins ont gardé l’arche sept mois. Mais le Seigneur a manifesté sa gloire en jugement, celle que le peuple n’avait pas su revendiquer en fidélité.

Ne disons pas : C’est ici l’assemblée de Dieu, avec un coeur léger et indifférent au mal. Mais montrons que c’est l’assemblée de Dieu, et comment il faut s’y conduire, car elle est la colonne et le soutien de la vérité.

Nous aimons à penser, frères et soeurs, que chacun, ici, a à coeur le bien de l’assemblée, plus que tous ses intérêts personnels. Sinon, le Seigneur dira : «Celui qui aime père ou mère plus que moi n’est pas digne de moi».

 

2   La vie de David — 1 Samuel 7:6… ; 2 Samuel 2:2-7, 47-50, 51 ; 3:2-7

 

[LC n° 23]

16 novembre 1952

 

Je présente seulement quelques remarques en rapport avec la vie de David, avec les enseignements et les encouragements qu’une vie aussi riche en expériences que celle-là peut nous donner. C’est plutôt une invitation pour chacun de nous à lire et à relire ce que ces livres historiques nous apprennent de cet homme de Dieu. Le temps nous manquerait, si nous voulions étudier cette vie de David. Il est évident qu’il nous faudrait considérer d’autres parties de la Parole — c’est un sujet très intéressant, si on a un peu de temps — en particulier les Psaumes, qui ont été donnés par David (inspiré par l’Esprit de Dieu) au fur et à mesure des circonstances diverses qu’il a connues ou, en tous cas, en rapport avec elles. La suscription de plusieurs nous montre à quel moment David, inspiré, a écrit ces Psaumes. Et ce n’est pas le côté le moins profitable de la vie de David que ce que nous révèlent les Psaumes. David avait un coeur de lion, une énergie hors pair. C’était un homme vraiment extraordinaire. Quand Dieu fait un choix, Il sait le faire. Il connaît l’homme ; Il connaît les hommes, l’individu, chaque individu. Autrement dit, Il en connaît la capacité. Sur le terrain spirituel, Dieu connaît la capacité du vase, distincte du don qu’Il a mis dans le vase. D’ailleurs, le don, en général, est en rapport avec la capacité. C’est ce que nous trouvons dans le Nouveau Testament.

Pierre était un homme énergique ! Et ceux que le Seigneur appelle «fils de tonnerre»(cf. Marc 3:17) ! Ce n’est pas pour rien que le Seigneur les appelle «fils de tonnerre». Les disciples surnommés ainsi, le Seigneur les connaissait. Dieu se sert des caractères du vase. Il connaît chacun de très près, et Il prépare chacun pour telle ou telle circonstance. La haute main de Dieu est toujours là. Nous nous perdons souvent dans l’examen des circonstances, des hommes et des choses, alors que, simplement, la haute main de Dieu est là.

Nous en avons ici un exemple. Voilà une triste situation dans l’histoire du peuple, très triste. Il y avait là, à leur tête, Saül, dont l’histoire est non moins intéressante, mais dans un sens inverse de celle de David. Saül nous représente, absolument et de la façon peut-être la plus complète qui soit, la chair placée dans une position privilégiée. Saül, ce n’est que la chair qui a des capacités et des qualités. C’était, comme David, un homme qui n’était pas ordinaire. Mais c’est la chair mise à l’épreuve dans une position très privilégiée. C’était un homme distingué, et il a été roi d’Israël. Et comment finit-il ? Il est balayé par la tempête, et balayé d’une façon violente, après avoir d’abord fléchi sur plusieurs points très graves. À un moment de son histoire, deux de ces points sont rappelés. Premièrement, il n’a pas compté sur Dieu. Il n’a pas su attendre, peut-être un quart d’heure, peut-être quelques minutes. Il s’est impatienté. Samuel lui avait dit, par la parole de Dieu : Tu m’attendras là sept jours, jusqu’à ce que je vienne vers toi. Saül a attendu presque jusqu’à la fin. Mais la chair s’est impatientée. Il a offert le sacrifice, et il a péché. Dieu lui dit, à cause de cela : «Maintenant, ton règne ne subsistera pas». Une autre raison pour laquelle Dieu l’a éliminé comme roi, c’est qu’il n’a pas été fidèle dans la lutte contre Amalek. Il a ménagé l’ennemi numéro un du peuple de Dieu, Agag. Il aurait dû le mettre en pièce ; il ne l’a pas fait. Voilà une deuxième raison.

C’est que, lorsqu’il est question des ennemis du peuple de Dieu, il ne s’agit pas de mettre sa main droite du côté de Dieu et sa main gauche du côté du diable. L’apôtre Paul combat des armes de la main droite et de la main gauche. Le combat qu’il livrait de la main droite était le même que celui qu’il livrait de la main gauche ; c’était le même. Les armes visaient le même ennemi, ce qui n’est pas toujours commode, sans la droiture morale !

Saül a péché encore en ce qu’il a évoqué les esprits. Il s’est servi d’une nécromancienne, d’une femme qui évoquait les esprits, chose abominable ! Il a fait de très graves fautes. Il représente la chair pleine de qualités dans une position privilégiée, dans une position de responsabilité, mais pleine d’avantages. Et son exemple peut s’appliquer à toutes sortes de positions.

On peut l’appliquer, d’une façon générale, soit à la chair chrétienne dans un individu ou dans une position officielle dans la chrétienté, soit à la chrétienté tout entière comme telle, qui a une position privilégiée, position qu’elle a prise — et elle le reconnaît. Elle a une position tout à fait distincte des païens. Eh bien, elle sera balayée, au jour où la tempête de Dieu soufflera sur le monde. Saül l’a été d’une façon violente. Il est mort d’une façon violente, sur les montagnes de Guilboa. Le jugement est arrivé. Saül a été serré de plus en plus près, jusqu’au jour où il a été emporté, et avec lui, Jonathan. Jonathan était pourtant un homme de Dieu, un vrai croyant ; mais il a été emporté. Il était près de Saül — c’était son père ! Jonathan s’était dépouillé pour David — nous le voyons, à la suite de la scène de Goliath — aux pieds de David. Mais il n’a pas tenu jusqu’au bout. Il est l’image de quelqu’un qui a préféré les liens de la chair — et aussi, probablement, les avantages du trône — à la proximité et à la cause de David. Il était pourtant persuadé que Dieu avait réservé à David la royauté. Il est vrai qu’être persuadé d’une chose n’est pas ce qui garde de s’égarer.

Comme on l’a dit, la connaissance, la certitude humaine, ne gardent pas. C’est Dieu qui garde. Que Dieu fasse que les jeunes, en particulier, s’en souviennent ! Ce n’est pas ce qu’ils savent des vérités qui les protège, au contraire ! Et celui qui fait le mal, souvent avec beaucoup de connaissances, est très porté à invoquer le nom de Dieu pour endormir sa conscience ! Quand on pense que c’est parfois au moment même où nous faisons le mal que nous faisons ainsi ! Nous sommes des êtres pervers, chers amis !

«Or, à Celui qui a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions…» (Jude 24) : Dieu seul peut nous garder. Je me rappelle les paroles d’un serviteur du Seigneur qui a bien commencé, bien continué et bien fini, et qui disait, à ses dernières heures : «Je tiens à dire aux jeunes chrétiens : la connaissance ne vous gardera pas ; Dieu seul peut vous garder».

Si la connaissance nous gardait, chers amis, nous serions, pratiquement, beaucoup plus fidèles que nous ne le sommes ! Qu’est-ce que nous avons fait comme infidélités, depuis quelques jours seulement ? Chacun le sait pour lui-même. Et à l’égard de quoi ? La connaissance ! Mais chacun de nous est capable d’écrire un livre entier sur le Seigneur, sur la doctrine, la plus pure doctrine évangélique. Nous sommes tous capables de cela ! Mais ce que le Seigneur veut et nous demande, c’est d’être fidèles dans telle ou telle situation, de veiller. C’est la pureté, la sainteté, la fidélité. C’est autre chose que d’énoncer des vérités. Dieu le sait, et son oeil nous suit. Le reste, c’est — il faut l’appeler par son nom — de l’hypocrisie ou de l’inconscience.

Jonathan est un personnage extrêmement sympathique, spirituellement parlant. Mais quelle leçon que sa fin, chers amis ! Abigaïl brille davantage. Elle présente un état d’âme supérieur. Tout ceci nous parle de l’attachement des chrétiens à Christ, du degré d’attachement. Il y a des degrés, dans l’attachement de ces âmes à David. Ah, c’était sans doute difficile, pour Jonathan, de se détacher peu à peu de ce soleil que représentait Saül, placé par Dieu où il était, pour s’attacher à un David, qui était quoi ? «Une perdrix chassée sur les montagnes» (cf. 1 Samuel 26:20). C’est là une mise à l’épreuve. Que chacun de nous lise et médite ces choses.

La vie de David, en elle-même, est extrêmement riche en enseignements. Son départ nous donne un exemple rare. Le départ de David est très beau. Il y a peu de taches, dans le tableau de la vie de David ; très peu de taches, beaucoup de lumière, peu d’ombres. Mais il y a comme une éclipse, dans sa vie. Le départ est de toute beauté : un jeune homme mis à part par Dieu. Le peuple allait à ses convoitises ! Dieu supporte beaucoup de choses. Mais en même temps, Il avait l’oeil sur quelqu’un qu’Il avait préparé et mis à part. C’était le dernier d’une famille nombreuse, et d’une famille peu en vue. Et, au moment voulu, lorsque la menace apparaît, sous la forme d’un Philistin qui a été l’ennemi permanent du peuple de Dieu, et qui est l’image de l’ennemi situé à l’intérieur des limites du peuple de Dieu, David apparaît.

Saül est pourtant là. Il a sa couronne ; il est pourtant roi ! Mais il a peur. Il eut peur, il eut très peur ; nous le trouvons écrit plusieurs fois. Il eut très peur des archers. Voilà la chair. Elle aime bien avoir un trône. Mais quand l’épreuve arrive, la chair a peur ; elle a très peur des archers. Voilà ce qu’est la chair, exactement, toujours. C’est pourquoi, première leçon, ne comptons pas sur la chair, pas plus sur la nôtre que sur celle d’un autre. Que Dieu nous accorde d’apprendre au moins, de David, cette leçon, qu’il exprime dans tant de Psaumes : «L’Éternel est ma lumière et mon salut, il est mon Dieu, il est mon rocher». Voilà un bon état d’âme : «Il est mon rocher» (voir par exemple Ps. 27:1 ; 42:11 ; 62:2).

David apparaît, un jeune homme. Sa première épreuve publique, c’est Goliath. Je ne parlerai pas de David dans la façon dont il représente le Seigneur (ce n’est pas maintenant ce que j’ai à dire, bien que ce soit un des côtés les plus élevés de cette scène), mais simplement ce que cette scène peut nous dire à nous-mêmes. David est là et s’avance. Le peuple est en désarroi, car Goliath est un homme qui en impose ! On avait été ravi d’avoir un Saül, dont la tête dépassait toutes les autres. On voit cela, chez les frères et chez les soeurs qui peuvent s’appuyer sur tel ou tel, quand la chair a bonne apparence. Mais, quand elle se présente sous la forme d’un ennemi mortel, tout le monde a peur. Saül a peur, tremble.

Par la providence de Dieu — car Dieu a sa providence, Il se sert de tout, conduit tout — David est amené sur le front de bataille. Il ne l’a pas voulu ; il ne l’a pas cherché. C’est la volonté de Dieu. Dieu l’a préparé ; et le voilà juste au moment voulu. Ses proches ne le comprennent pas et l’accusent. Son frère aîné dit : «Oh, je connais l’orgueil qui est dans ton coeur» ! David aurait pu se laisser rebuter, dire : Je m’en vais. Il aurait pu retourner d’où il venait, en pensant : qu’ils se tirent d’affaire avec ce qu’ils ont devant eux ! Non, David va sur le front de bataille, et porte sur la situation un jugement divin. Il n’y a pas d’hésitation, de sa part. Ce n’est pas un jugement humain. Pourquoi ? Comment ? Aurait-on peur de ce Philistin qui est un incirconcis et qui a outragé les troupes rangées du Dieu vivant ? On aurait peur de celui-là ? Voilà la foi. Dieu entre en scène. Le conflit n’est plus entre David et les Philistins, mais entre Dieu et les ennemis de Dieu. Voilà ce que fait la foi, toujours. C’est un jeune homme qui fait cela. Il n’est pas interdit, à un jeune homme, aujourd’hui, d’en faire autant. C’est une question de foi. La foi fait intervenir Dieu. La chair compte ; elle compte ses amis, ses ennemis. La foi ne compte ni les uns, ni les autres. David est tout seul. Il le sent très bien, et aura à le sentir plus profondément : ses frères d’abord, et puis, un peu plus loin, Saül, qui va l’embarrasser. On veut l’aider ; on le gêne. David est tout seul ; voilà la foi. Il nous arrive de dire : Si seulement on pouvait s’appuyer sur ceci, cela, celui-ci, celui-là. Mais il faut la foi. La foi s’appuie sur Dieu.

Il n’est pas interdit, à un jeune chrétien, à une jeune chrétienne, de s’appuyer sur Dieu, de livrer les combats de Dieu et de remporter les victoires de Dieu ! Ce n’est pas interdit ! L’occasion est offerte à chacun. C’est une question de foi. David dit, d’autre part, dans les Psaumes : «Il est à ma droite, je ne serai pas ébranlé» (Ps 16:8). Si nous allions à travers ce monde en ayant Dieu à notre droite, nous n’aurions peur de personne. Rien ne compterait, aucune difficulté. Nous avons le privilège de pouvoir le faire. Qui est-ce qui nous empêche de le faire ? Personne.

David s’avance, et ce moment révèle David à Saül. Saül n’arrive pas à le comprendre. Mais une espérance s’éveille dans son coeur. En voilà un qui a l’air de ne pas parler, de ne pas être comme nous tous, un dont le coeur n’est pas comme les feuilles des arbres agitées par le vent, comme nous le trouvons à propos d’un autre : «et le coeur du roi fut agité comme les arbres de la forêt devant le vent» (cf. És. 7:2).

David répond à Saül : Voilà, j’ai tué le lion, et j’ai tué l’ours ; Dieu m’a délivré de cela, Il me délivrera de ce Philistin. Saül n’a plus rien à dire. Mais il veut l’aider, d’une manière charnelle et humaine, en le revêtant de sa propre armure. David dit non. David est tout à fait seul, et avec des ressources étrangères à tout ce que le peuple de Dieu peut lui présenter. Saül a une armure. C’est un homme avec une épée, une puissance extérieure, un homme officiel, un personnage officiel. Et les personnages officiels, dans ce monde, même chrétiens, ont une puissance extérieure dans leurs mains. Mais la foi n’en a pas. Et David nous montre que la foi compte sur Dieu, et n’a rien d’officiel. Ce qui est officiel, c’est la chair, toujours ! Alors David s’avance tout seul. Il faut que ce soit tout seul. C’est un combat singulier. Il est absolument seul ; on ne pourra pas l’aider. Le moment est arrivé où la rencontre se fait. La lutte va se réaliser ; et David sait, en s’avançant, qu’il ne peut compter sur personne. Tous les appuis sont vains. Et d’ailleurs, tout le monde est en arrière.

Alors nous voyons, chez David, briller la foi, avec la prudence, l’humilité, la modestie. Il dit au Philistin : Aujourd’hui, je donnerai ton cadavre à manger aux oiseaux des cieux et aux bêtes de la terre ! Le Philistin se considère comme insulté parce que David a un bâton au lieu d’avoir une épée. Il insulte David, le méprise. Mais David parle au nom de Dieu, de la part de Dieu, et dit : Aujourd’hui, ton cadavre sera donné en pâture aux bêtes de la terre. C’est ce qui a eu lieu, nous le savons. Voilà le départ de David. Probablement, nous n’avons pas eu le même. Mais Dieu veuille que notre vie soit marquée de faits dans lesquels nous avons vu Dieu avec nous. Sinon, vraiment, est-ce que nous serions de vrais chrétiens ?

Chez tout vrai chrétien, il y a des expériences faites avec Dieu, dans lesquelles il a appris ce que Dieu est pour le croyant, dans lesquelles il a vu les délivrances que Dieu opère pour chacun de nous, à un degré ou à un autre, de quelque façon que ce soit. Mais il n’y a pas de vrais croyants à qui Dieu ne se soit pas fait connaître comme Celui qui a tué le lion et l’ours. Ce n’est pas possible !

Comme on l’a dit bien des fois, la foi vaut ce qu’elle a coûté. David a pu dire qu’il a rencontré le lion et l’ours. Mais Dieu combat en lui, et de même dans sa rencontre avec Goliath.

Nous pouvons bien penser que son coeur d’homme a dû être fortement exercé en allant à un tel combat, surtout en raison des conséquences qu’il comportait. Que Dieu nous accorde à tous, aux jeunes et aux vieux — aux jeunes en particulier — de savoir un peu ce que c’est que d’abattre le lion et l’ours dans le secret. Je dis bien dans le secret. Ce n’est pas une petite chose (Dieu a choisi cela pour nous parler) de rencontrer le lion avec un bâton, ou rien, dans sa main. Ce n’est pas un fait ordinaire. Et Dieu souligne ainsi la difficulté de cette lutte. Que Dieu nous accorde de rencontrer le lion et l’ours, et de les abattre, et cela dans notre vie de tous les jours. Ce sont des exercices secrets, où nul oeil ne nous voit que l’oeil de Dieu, qui sont les plus importants, dans la vie du chrétien. Ce sont, de beaucoup, les plus importants. Les manifestations extérieures n’en sont qu’un effet.

Est-ce que nous cherchons à avoir Dieu avec nous et à remporter les victoires de Dieu contre le mal, contre l’ennemi, dans notre vie quotidienne ? C’est ce qui est, de beaucoup, le plus important.

David a été vainqueur publiquement, parce qu’il avait été vainqueur dans le secret, ce qui est toujours le cas. Et c’est pourquoi, quand nous sommes appelés à quelque service public, eh bien, la première chose à faire, c’est de remporter la victoire dans le secret, sous l’oeil de Dieu ; la victoire contre tout ce qui est ennemi de Dieu, contre tout ce qui est opposé à Dieu, opposé à la vie de Dieu. Et, incontestablement, c’est ce qui est, de beaucoup, le plus difficile.

David a appris à connaître Dieu, non pas d’abord dans la rencontre avec Goliath, mais dans la rencontre avec le lion et l’ours. Et notre vie, notre état chrétien à tous et à chacun, dépend de la façon dont nous remportons ces victoires sous le regard de Dieu, jour après jour. C’est très facile, de paraître un chrétien, mais il faut l’être devant Dieu. C’est la chose la plus difficile : être un chrétien devant Dieu.

Ensuite, nous trouvons que David devient l’objet de la haine de Saül. Ah, une telle chose n’est pas nouvelle, bien loin de là ! Pourquoi Saül hait-il David ? C’est que David marchait avec Dieu, et pas Saül. David, Dieu agissait en lui et par lui. En Saül, c’est la chair qui agissait. Et la chair a toujours de la haine. Pourquoi Caïn tua-t-il son frère ? Parce que les oeuvres de son frère étaient justes, et que les siennes étaient mauvaises. Saül, qui a été délivré par David, est jaloux de la grâce de Dieu dans David, et il le poursuit de sa haine jusqu’à la mort. Pauvre David ! Et il était si jeune, ce pauvre David ! Voilà une nouvelle expérience ! Il a été poursuivi de la haine de Saül. Saül a cherché à le traverser plusieurs fois de sa lance, à le clouer à une paroi. Comment cela se fait-il, chers amis ? Saül, qui avait été oint d’huile comme roi, Saül, que David n’a pas osé toucher ! Une fois, il lui a coupé le bord de son vêtement, et il est écrit cette expression remarquable : son coeur le reprit (1 Sam. 24:6). Il est obligé de juger ce simple acte, d’avoir coupé un morceau du vêtement de Saül. Et pourtant, il avait résisté à l’un de ses proches qui disait : un seul coup de lance et je le transperce ! Voilà un beau caractère, un beau trait de David, qui nous fait penser au Seigneur : il n’a pas l’esprit de vengeance. Pour un geste qui n’avait que l’apparence de la vengeance, son coeur l’a repris. Il dit de Saül que Dieu le fera tomber : «qu’il tombe au jour de la bataille ou quand ses jours s’achèveront, mais ma main ne sera pas sur lui» (cf. 1 Samuel 26:10). Que Dieu nous accorde cet esprit de grâce et de crainte de Dieu. David était comme un lion quand il fallait l’être, et il avait la pensée de Dieu. C’est un des traits qui le distingue : son intelligence des choses de Dieu. Il sait ce qu’il faut faire dans telle ou telle situation.

Le voilà pourchassé comme une perdrix, et sa vie est en jeu nombre de fois. C’est à propos de cela que nous trouvons, dans les Psaumes, beaucoup d’expériences qu’il a faites. Il a à faire à toutes sortes de gens, à des menteurs. Peut-être que, dans toute l’Écriture, on ne trouve pas de paroles plus fortes que celles de David sur les menteurs. Au Psaume 55:21 (il vise l’antichrist, mais c’est à propos de ce qu’il a rencontré), il dit : «Les paroles de sa bouche étaient lisses comme le beurre, mais la guerre était dans son coeur». Ah, chers amis, David n’était pas âgé, quand il a fait ces expériences. Et comme il a fallu que la grâce de Dieu veille sur lui !

David a commencé par des victoires : l’ours, puis le lion, et puis Goliath. Mais on peut se demander si tout ce qui a suivi n’était pas une épreuve bien plus profonde ; d’abord Saül, et puis d’autres personnes et d’autres circonstances !

Nous trouvons les accents de son coeur qui s’expriment, de la part de Dieu, dans les Psaumes, et cela nous fait du bien. Pourquoi avons-nous du plaisir à considérer les Psaumes de David ? C’est parce que nous y trouvons les sentiments d’un homme dont le coeur a été tant de fois brisé, broyé et mis à l’épreuve. C’est le propre de toute l’Écriture, qu’elle donne, en se servant d’autres personnes, une voix à nos sentiments. Elle a fait parler des coeurs, et en les entendant, nous disons : Voilà ma souffrance. Je trouve de la sympathie dans cette voix qui a parlé, il y a peut-être trente siècles ! Dans cette voix qui a parlé il y a trente siècles, je trouve du réconfort et de la sympathie. En voilà un qui a souffert, qui a pleuré, et je trouve dans les paroles que le Seigneur Jésus a mises dans son coeur à ce moment-là un précieux rafraîchissement, un précieux réconfort pour ma propre âme. Voilà l’excellente valeur de l’Écriture.

Que d’épreuves pour David ! Les épreuves vont-elles cesser lorsqu’il arrive au trône ? Non, pas du tout, les épreuves n’ont pas cessé. Et c’est là que nous trouvons, justement, la plus solennelle leçon de toute la vie de David.

David était plus beau, plus fidèle, plus glorieux — nous pouvons le dire — lorsqu’il allait d’une caverne à l’autre, ne sachant pas le matin où il coucherait le soir et s’il serait en vie le soir, poursuivi, non par les Philistins dont il a toujours triomphé, mais par le peuple de Dieu qui mettait sa vie en jeu, que lorsqu’il était sur le trône. La leçon la plus solennelle de l’histoire de David est une leçon que nous pouvons demander à Dieu de graver dans notre coeur à tous. C’est que le chemin du succès dans ce monde — le chemin du succès comme celui de David — n’est pas le chemin du chrétien. Ce n’est pas celui-là.

Que Dieu nous accorde d’être comme le David d’avant le trône, d’avant le règne, d’être contents de poursuivre notre chemin, voyageurs, forains et étrangers, souffrant, portant la croix jour après jour, mais fuyant tout ce qui pourrait ressembler à un succès, à un succès établi. Car le succès, c’est la porte ouverte à ce que nous trouvons de plus triste dans la vie de David. On voit des indices de fléchissement avant qu’il en arrive où il en est arrivé. Ces indices sont clairs, dans certaines choses que la Parole déclare, avec sa précision habituelle. Enfin, on voit David qui, au lieu d’aller prendre la tête de son armée, reste chez lui. C’est Joab qui s’en va. David reste chez lui. Il aurait dû aller coucher sous des tentes, aller partager les douleurs, les dangers, les périls de son armée, être en première ligne, comme son rôle l’y appelait. Il ne l’a pas fait. Et la vigilance, qu’on voit chez lui quand il était un enfant, pour vaincre le lion et l’ours, la dépendance de Dieu, la force de Dieu avec lui en présence de Goliath, sa persévérance, cette dépendance quand il va avec Dieu sur les montagnes, il les perd une fois. Cela a suffi. Il les a perdus une fois.

Mais David était un homme de Dieu, qui craignait Dieu, qui aimait Dieu. Et, même dans ce qui a suivi ce moment de sa vie, nous voyons qu’il a affaire à Dieu d’une façon remarquable, et qu’il trouve Dieu et continue à le trouver pour le reste de ses jours. La foi trouve toujours Dieu. Il n’y a pas de situation où Dieu ne puisse intervenir, où Dieu ne réponde pas à la foi. Et le David restauré est un David qui a appris à se connaître. C’est un David mûri qui parle au chapitre 23 de 2 Samuel où, au lieu de penser à lui, à son trône, à sa propre gloire, il regarde en avant vers un Autre : «Celui qui domine parmi les hommes sera juste» (2 Samuel 23:3). Il parle du Seigneur.

Eh bien, chers amis, que Dieu nous accorde de relire les Psaumes que David a écrits, de nous appuyer sur Dieu — jamais sur la chair — et de veiller sur nous-mêmes, de très près.

David est une des figures les plus belles de l’Ancien Testament. Et même avec l’éclipse qui marque sa vie, il demeure un des exemples les plus beaux d’un homme en qui Dieu a parlé et agit, et dont Dieu s’est servi. Une des choses les plus remarquables, et qui sont propres à nous encourager, c’est ce qu’il exprime, dans les Psaumes : «Il est mon Dieu, mon rocher, mon secours, ma délivrance». C’est une expérience personnelle. Il nous fait penser à Paul, qui parle d’une semblable manière. Mais ce qu’il y a de plus beau dans le David qui finit, c’est qu’on trouve en lui un coeur aussi vivant pour le Seigneur dans ses affections, et plus même, un coeur qui, loin d’avoir été endurci par le monde, le mal ou quoi que ce soit, trouve ses délices en Dieu lui-même.

Qu’il en soit ainsi pour nous tous, chers amis ; et que Dieu nous aide à ne pas chercher d’autre appui que lui-même. Que ce soit difficile et sérieux, il suffit de penser à la valeur d’un homme comme David ! Quant à sa piété, c’était un homme extraordinaire, et il avait une intelligence spirituelle qui nous confond.

Que Dieu nous accorde d’aller tous les jours en nous appuyant sur Lui, ne cherchant rien dans ce monde pour nos aises, mais nous appuyant sur Dieu.

Une fois, on était venu, on avait emporté tout ce qui était à lui. Et, chose plus grave (c’est la fin de 1 Samuel), ceux qui étaient autour de lui voulaient se révolter contre lui, dans la profondeur de leur douleur. On avait emmené leurs biens, leurs femmes, leurs enfants. Les Amalékites avaient emporté tous leurs biens. Il est dit que David — voilà une expérience quant aux épreuves — fut dans une très grande détresse. Immédiatement après, il est dit : «Mais David se fortifia en l’Éternel, son Dieu» (1 Sam. 30:6).

Que ce soit notre heureuse part !

 

3   David et Goliath — 1 Samuel 17

 

[LC n° 24]

9 mars 1947

 

Il se dégage de cette lecture, qui n’est nouvelle pour personne sans doute ici, des enseignements assez divers. Je désirerais faire quelques remarques. Si Dieu nous donne des récits tels que celui-ci, ce n’est pas pour nous habituer à nous complaire à ce qui, actuellement, ne saurait être le chemin du chrétien. Ce qui se passe ici, cet emploi des armes diverses et la façon dont les hommes agissaient entre eux, même en Israël, et vis-à-vis des ennemis, n’est pas du tout la position chrétienne aujourd’hui. Aujourd’hui, le chrétien, il faut bien comprendre cela, n’est pas appelé à se servir de l’épée. Et, s’il a des ennemis, s’il lutte, ce n’est pas «contre le sang et la chair, mais contre les puissances spirituelles dans les lieux célestes». Le chrétien a une épée. Cette épée, c’est la Parole de Dieu, et c’est l’épée du Saint Esprit (Éph. 6). Nous ne saurions donc prendre à la lettre l’instruction qui se dégage de ce récit. La vie de David, le courage physique de David, ne sauraient être imités à la lettre, par le chrétien fidèle, aujourd’hui. Mais c’est de l’attitude de David et de la position du peuple que nous pouvons tirer des instructions, ces choses étant arrivées comme type de ce qui nous concerne.

Il y a un enseignement spirituel, dans la Parole de Dieu, qui est infini. Il n’y a pas une page de la Bible qui ne soit susceptible d’instruire un chrétien. La Bible est un tout ; la Parole de Dieu est un tout. Elle est comme un être vivant, un tout vivant, dont nous ne saurions prétendre sonder les profondeurs. Nous en recevons ce que Dieu nous donne. Mais elle est infinie, comme Dieu lui-même.

Nous sommes ici sur le terrain d’Israël. Et, en Israël, nous avons l’histoire de l’homme, une expérience faite par Dieu. Israël a conquis de haute lutte le pays de Canaan, et il l’a conquis contre les peuples qui étaient là. Il aurait dû garder ces possessions ; d’abord les réaliser entièrement, ce qu’il n’a pas fait, et puis les garder, ce qu’il n’a pas fait non plus. Israël, vainqueur des peuples qui sont là dans le pays de la promesse, est l’image du peuple chrétien, et du chrétien individuellement, qui est vainqueur de Satan et jouit du ciel. La spiritualité consiste à jouir du ciel, et Satan se met en travers tous les jours pour nous empêcher de le faire. Nous savons tous ce que, au long d’une journée Satan met en travers de notre chemin pour nous empêcher de jouir du ciel. Eh bien, c’est une victoire des Philistins sur nous. Toutes les fois que nous reculons, que nous baissons, spirituellement parlant, cela correspond à une avance des Philistins, à un recul d’Israël. Il nous faut prendre les choses ainsi. La prospérité extérieure d’Israël correspond à notre prospérité spirituelle. Ceci nous montre quel est le genre de lutte que nous avons à soutenir.

Nous voyons ici l’histoire du peuple. L’heure n’était pas très brillante. Le peuple avait demandé un roi. Il avait choisi Saül. C’était un homme qui se remarquait bien. Il était plus grand que tout le monde, et on aime beaucoup cela. Dieu dit : Vous voulez Saül ? Nous ferons l’expérience de Saül. Elle n’a pas été très longue. Ils ont voulu un roi quand Dieu était leur roi. Et Dieu leur donne un roi magnifique, qui flattait l’orgueil du peuple. Saül, plus grand que tous, ne manquait pas de qualités extérieures. C’est remarquable. Qu’est-ce qui manquait à Saül ? L’expérience, la mise à l’épreuve, n’a pas été longue, car Dieu la fait toujours.

Adam a été mis à l’épreuve dans l’innocence. Tout le monde est mis à l’épreuve. Saül est mis à l’épreuve. Il était roi, et il a été mis à l’épreuve comme roi. Et nous voyons de combien de manières il a manqué. Il a manqué parce qu’il n’a pas détruit Amalek. Dieu lui dit : Il y a Amalek, un vieil ennemi du peuple ; vous aurez la guerre avec Amalek de génération en génération ; il y a une déclaration de guerre permanente. Saül part en guerre contre Amalek. Tout va bien, en apparence. Mais Dieu lui avait dit : Tu vas passer au fil de l’épée tout ce que tu rencontreras ; et il n’a pas passé au fil de l’épée tout ce qu’il avait rencontré. Arrive Samuel qui avait la Parole de Dieu. Saül dit : «Béni soit l’Éternel, etc.». «Quel est ce bêlement de brebis que j’entends», dit Samuel (1 Sam. 15:14). Samuel savait bien, d’avance, que Saül n’avait pas pris au mot les déclarations de Dieu. Alors, malgré des excuses, Samuel dit : Eh bien, Dieu t’a rejeté comme roi. Le roi d’Amalek, lui, se réjouissait déjà, parce qu’il n’avait rencontré que Saül ; il n’avait eu affaire qu’à un infidèle.

Que de fois cela nous arrive, de faire comme Saül. Seigneur, nous avons fait ce que tu nous as dit ; nous avons accompli ta parole. Mais la Parole vient nous dire : «Qu’est-ce que ce bêlement de brebis ?». Samuel prend son épée, et c’est lui qui est chargé, de la part de Dieu, de détruire le roi d’Amalek.

Que de leçons il y a là, individuellement. Il y a des leçons pour tous les jours, lorsque nous ne suivons pas le Seigneur et que nous ne faisons pas ce qu’il nous dit. Si lui n’a pas le dessus sur nos coeurs, c’est Amalek qui a le dessus.

Il y a une autre épreuve pour Saül. Samuel lui dit : Tu iras à Guilgal ; tu attendras sept jours. Il attend presque sept jours. Il n’en manquait pas beaucoup ; mais il lui a manqué un moment de plus, et c’est le dernier qui est celui qui éprouve la foi. Dans notre vie chrétienne, c’est ainsi. La foi compte sur Dieu jusqu’au bout. La chair imite la confiance en Dieu, mais pas jusqu’au bout. La chair imite la confiance en Dieu jusqu’au bout moins quelques moments. Ceci a suffi à révéler ce que personne n’a vu, sauf Dieu : le véritable état de Saül. On dira : S’il avait attendu quelques moments de plus… C’est précisément pour le dernier moment qu’il fallait la foi.

Vous marchez avec Dieu ? On marche avec Dieu ? La chair marche avec Dieu, mais n’ira jamais si loin que la foi.

Toutes les rencontres de Saül et de Samuel sont étonnantes. Cela parle à la conscience et au coeur. Il ne faut pas, quand nous lisons la Parole de Dieu, lire de l’histoire. L’histoire et la géographie, même relativement à la Parole de Dieu, ne font de bien à personne. Il nous faut lire la Parole spirituellement, en priant et puis en disant ceci : «Mais je suis souvent un Saül, bien souvent».

Samuel a prié toute la nuit, quand Dieu a prononcé ce jugement : «J’ai enlevé Saül, c’est fini». Que de fois, dans l’histoire des hommes, nous voyons que Dieu dit : J’ai pris celui-là ; l’expérience est faite, c’est fini ; son tour est passé. Saül, c’est fini. Il s’accroche à Samuel ; il déchire son vêtement. Il peut prier, supplier ; c’est fini. C’est solennel. Toutes les fois que nous sommes infidèles, nous faisons une perte irréparable. Personne d’entre nous ne peut savoir ce qu’il a perdu, par infidélité. Personne d’entre nous ne peut savoir quelles auraient été ses richesses spirituelles si, dans toutes les circonstances où il a été placé, il avait obéi à Dieu. Nous le saurons un jour. C’est ce qui rend chaque moment de notre vie très important, et même solennel, qu’à chacun d’eux, suivant la façon dont nous agissons, il en résultera des conséquences qui peuvent être entièrement différentes, gain ou perte. Si on ne tient pas à la bénédiction de Dieu, on ne se pose pas tant de questions, mais on dit : Après tout, je vais tâcher de vivre comme je peux ; je suis sauvé, c’est tout ce que je désire. Mais celui qui tient à la bénédiction de Dieu pour le temps présent, qui désire marcher avec Dieu dans le temps présent, celui-là est exercé à chaque moment, et surtout dans les moments importants : Seigneur, donne-moi la foi qui compte sur toi, qui marche avec toi, qui se méfie des sentiments de la chair. Il y a toutes sortes d’influences. Ce n’est pas toujours facile.

Dieu dit : Je l’ai rejeté. Samuel a eu beaucoup de chagrin et a prié toute la nuit.

Dieu avait un homme par devers lui. C’était David, un jeune homme obscur, d’une famille obscure. C’est très souvent ainsi. Nous trouvons cela tout au long de la Parole de Dieu. Tout ce récit est facile à comprendre. Il y a des leçons desquelles nous ne pouvons pas nous détourner, à moins de vouloir être plus sages que Dieu.

Pendant que l’histoire de Saül se déroulait en public et qu’il brillait aux yeux des hommes, dans le secret, dans l’ombre, inconnu de tous, David était à l’école de Dieu. Il faisait ses armes à l’école de Dieu. Et, au jour où le peuple de Dieu est dans la détresse, où tous, du plus grand au plus jeune, tous les vaillants hommes — il ne manquait pas d’hommes vaillants — tous les soldats sont dans le désarroi, au moment où personne ne s’y attend, apparaît sur le champ de bataille l’homme formé dans le secret, dans la présence de Dieu.

C’est de toute beauté pour deux raisons au moins : c’est une façon de faire qui est générale de la part de Dieu ; en outre, cette façon de faire nous parle de celui dont David est la figure, Jésus lui-même.

Alors que l’histoire du monde, et d’Israël en particulier, se déroulait dans ses diverses vicissitudes, et que le monde était sous l’emprise de Satan, mené par Satan ; alors qu’Israël lui-même, qui avait les Saintes Écritures, avait sombré dans l’apostasie, et — on peut le dire — dans l’oubli de Dieu, et qu’on pouvait penser que c’était fini, que les expériences de Dieu étaient finies, que Dieu était battu, puisque même le peuple de Dieu, qui avait les commandements, les prophètes, les appels de Dieu, était tombé et avait trahi ; à ce moment-là, dans un moment très sombre de l’histoire d’Israël, où les âmes fidèles du début de Luc se comptaient presque sur les doigts d’une seule main (quelques portraits d’une beauté exquise tracés par Dieu : Élisabeth, Siméon, Anne, etc.) ; au milieu de ces quelques-uns qui sont là, dans la ruine générale, alors que le pays a été pris par les Romains, nous voyons apparaître, dans l’ombre, l’enfant de la crèche de Bethléhem. Jésus reste trente ans dans l’ombre. Ce n’est qu’à sa trentième année qu’il s’avance en face du Philistin. Il nous faut méditer cela. Il y a d’abord la personne de Christ, et, d’autre part, le principe général des voies de Dieu envers les siens. Que de fois cette question s’est posée, vis-à-vis de Jésus ! Que de fois ils se la sont posée, cette question, tous les pharisiens d’Israël, et tous ceux que rendait perplexes la personne de Christ ! Que de fois ils se la sont posée : «Abner, de qui ce jeune homme est-il fils ?». «Quel est son nom et quel est le nom de son père ?». Il n’avait pas passé, à l’inverse de toutes les façons de faire humaines, par les cours royales humaines. Il n’était pas connu dans les cours royales humaines. Il sortait de l’étable de Bethléhem. Il avait vécu dans l’ombre trente ans, avant de paraître en public pour rencontrer le vrai Goliath face à face.

Quel enseignement ! Je désire placer cette leçon sur le coeur de tous, et des jeunes en particulier, en les suppliant de croire que c’est la façon de faire de Dieu.

Tout le monde est embarrassé. Israël peut se ranger en bataille face à l’ennemi. Mais voilà Goliath qui s’avance, et on ne sait que faire. Tout le monde est perplexe ; l’effroi règne. Mais David paraît, et lui seul est à la hauteur de la situation. Il en est toujours ainsi de la foi. La chair nous met en avant, nous fait avancer, et puis elle ne nous tire pas d’affaire. Mais, avec la foi, on compte sur Dieu, et tout va bien.

Que de fois, même dans les temps de ruine où nous sommes, cela se voit, un homme de Dieu — nous en avons connu… — tout le monde est aux abois : prenons conseil, où est le chemin, faisons appel aux anciens ; il y a des sages, des anciens. L’homme de foi ne fait pas cela. L’homme de foi, tout en tenant compte de tout ce que Dieu peut avoir laissé parmi le peuple de Dieu, va droit au coeur de Dieu. Il a appris à se réfugier auprès de Dieu. Que de fois, chers amis, nous apprenons que nous ne savons pas bien faire cela.

Une épreuve arrive dans l’assemblée, une difficulté, une chose qui ne va pas bien (on l’apprend au long d’une semaine), quelquefois plusieurs choses. Qu’est-ce que nous trouvons ? Quelle expérience humiliante faisons-nous ? C’est que nous ne savons pas immédiatement nous réfugier auprès de Dieu. Nous prenons conseil ; nous parlons ici et nous parlons là, alors que notre première ressource devrait être le Seigneur. Que de fois David dit, dans les Psaumes (il pouvait le dire, il avait fait cette expérience) : Tu es mon fort refuge. Est-ce que nous faisons cela ? Si nous ne faisons pas cela, nous honorons les hommes plus que Dieu, les frères plus que Dieu ; et cela, Dieu ne peut pas le supporter.

Quand une difficulté, un exercice, arrivent, une chose pénible, est-ce qu’immédiatement nous nous tournons du côté du Seigneur ? Si nous le faisions, nous serions toujours tranquilles, ce qui ne veut pas dire que nous ne souffririons pas. C’est ce que le Seigneur a fait en Gethsémané. Une épreuve unique l’attendait. Eh bien, avant de passer par la croix, le Seigneur cherche et trouve la face de son Père. En Gethsémané, il n’a rien reçu de Satan ; il a reçu la coupe de la main de son Père.

Dans toutes les difficultés, individuelles, d’assemblée, je tiens à le dire, ce qui nous manque, c’est de nous jeter dans le coeur de Dieu. Seulement, il faut une absence de volonté propre, pour trouver le coeur de Dieu. Et c’est pourquoi, trois fois, le Seigneur dit, en Gethsémané : «Mon Père, s’il était possible… Toutefois que ce ne soit pas ma volonté qui soit faite, mais la tienne» (Luc 22:42), en soumission parfaite. Toutes les fois que nous réalisons la soumission parfaite, nous trouvons le repos de Dieu, et nous pouvons penser aux choses qui nous exercent, avec Dieu et non pas avec nous-mêmes, ce qui est tout autre chose. Notre volonté n’est plus en jeu, n’est plus en question, et nous avons la paix avec Dieu tout en souffrant. Tout en étant exercés, nous avons la communion avec Dieu.

Il faut désirer que les frères et les soeurs croissent dans cette recherche de la face de Dieu, dans la communion personnelle avec Dieu. On entend dire, plus d’une fois : Il n’y a plus de piété. La Parole de Dieu glisse, elle ne pénètre plus. Il n’y a plus de piété, non pas dans la chrétienté, mais chez les frères. On ne lit plus la Parole de Dieu ; on ne prie plus. On parle des choses de Dieu des lèvres, mais le coeur n’est plus engagé. Ou bien on s’engage avec les choses de Dieu quand elles ne font pas souffrir, quand il n’y a pas de souffrance, pas de renoncement, quand on peut se glorifier ; mais, quand il s’agit de souffrir, c’est autre chose !

Lorsque nous entendons ces choses ou que nous les constatons, en nous ou autour de nous, nous n’avons qu’une ressource : Seigneur, tu ne changes pas. Est-ce que le Seigneur est notre refuge, ou est-ce que nous attendons, pour être heureux et en paix, que nous soyons tous des apôtres comme Paul ? Nous n’aurons jamais la paix, alors. C’est difficile, de se contenter du Seigneur ; c’est bien difficile. C’est difficile de compter sur le Seigneur plutôt que de compter sur tous les frères ; c’est bien difficile. Mais c’est cela, être un homme de Dieu. S’il y avait un homme de Dieu ici, un apôtre, il dirait cela. Sans aucun doute, il nous donnerait cet exemple.

Donc David est seul à être tranquille. Soyons certains que, lorsque nous sommes troublés, c’est que notre volonté n’est pas brisée. Il y a des difficultés ; je suis troublé : ma volonté est en jeu. Si elle n’est pas en jeu, je verrai clair. Je serai exercé, mais pas troublé. Je dirai : Seigneur, c’est ton affaire. Porter la chose avec le Seigneur, c’est là que les frères et les soeurs peuvent être utiles. Il y en a qui le font, et le Seigneur le sait. Espérons qu’il y en a beaucoup.

Les combats, aujourd’hui, ne sont pas publics, glorieux, spectaculaires, comme ceux de David. Ce sont des combats qu’on livre dans sa chambre. Ce sont les combats les plus difficiles. Le Seigneur brise donc ma volonté. Ce n’est pas peu de choses, chers amis, c’est loin d’être peu de choses : «Seigneur, que ta volonté soit faite et non la mienne». Je demande à chacun de nous s’il trouve que c’est une chose facile. Et c’est à Saül que Samuel dit : «Obéir vaut mieux que sacrifice» (1 Sam. 15:22) !

Que de fois les chrétiens partent avec une apparence de dévouement, de consécration, de zèle ! Alors le Seigneur leur dit : Mon ami, tu es en train de faire ta propre volonté ; tu me désobéis en ayant l’air de me servir. Le Seigneur nous le dit. Nos frères ne sont peut-être pas assez fidèles pour nous le dire ; mais le Seigneur nous le dit. Si nous avons des oreilles, nous l’entendons.

Est-ce que nous préférons obéir avant tout ?

J’insiste sur quelques points très simples. D’abord, cette formation cachée de David. Vous trouvez rarement, dans l’Écriture, qu’un homme très fidèle ait eu des descendants très fidèles. Cela se voit, mais il faut que chacun passe à l’école. Dans le monde, les enfants d’un général ne naissent pas généraux. Il faut gagner ses galons, même dans le monde. David a gagné les siens ici. On nous laisserait croire quelquefois qu’il n’en est pas ainsi ; mais c’est ainsi, chers amis.

Et ce cher David, dont l’image garde, malgré tout, une fraîcheur remarquable, malgré ses chutes, a toujours, dans toute sa vie et dans toutes ses défaillances — ce qui est de toute beauté — trouvé son refuge dans le coeur de Dieu. Il a appris cela. Puissions-nous imiter un peu cela.

Voilà donc Goliath, qui est une image de la puissance de l’ennemi ! David s’avance. Il y a un combat singulier. Mais toutes les péripéties, tout ce qui précède le combat, est d’une très grande instruction. Nous voyons le désarroi du peuple, avec tous ses guerriers qui étaient là. Un seul champion suffit à arrêter l’élan des troupes. Pour lutter contre Goliath, il faut une seule puissance, la foi. Contre l’ennemi, nous n’avons qu’une puissance ; c’est la foi. Celui qui s’engage contre l’ennemi sans la foi est comme un soldat qui va avec ses poings nus contre une forteresse.

Faut-il repasser dans notre coeur toutes les défaites qu’une telle attitude a enregistrées, parmi le peuple de Dieu, les défaillances honteuses ?

C’est facile de partir, chers amis. Mais partir avec la foi, c’est difficile. Et, en passant, disons ceci (j’espère ne pas passer moi-même à côté de la leçon) : que personne ne dépasse sa mesure de foi ! Si quelqu’un dépasse sa mesure de foi dans un service, quel qu’il soit, dans l’activité, quelle qu’elle soit, il va devant la chute. Peut-être qu’on le flattera, qu’on le poussera, mais on ne trompe jamais Dieu. On a vu des serviteurs tomber, et de quelle affreuse manière !

Pour s’avancer contre Goliath, il fallait que David ait rencontré le lion et l’ours. Nous l’avons dit, mais est-ce que nous avons un peu combattu le lion et l’ours ? Jeune berger, il était tout seul. Il ne l’avait pas dit. On en avait eu quelque écho : «c’est un homme vaillant» (chap. 16). Mais David avait gardé cela pour lui ; il ne l’avait dit à personne, que nous sachions.

Mais quand Goliath est là, il dit : Dieu m’a débarrassé du lion, de l’ours ; il me débarrassera bien de Goliath. Ce n’est pas une question de limite ; c’est une question de l’excellence de la puissance de Dieu.

J’ai une petite difficulté dans mon chemin. Si je n’y vais pas avec Dieu, elle deviendra une grande difficulté et une occasion de défaite. Il arrive souvent que les chrétiens tombent à propos de rien. Parce que, dans les grandes épreuves, nous disons : Aujourd’hui, je ne peux plus rien ; il faut que Dieu agisse. Mais il faut que Dieu agisse dans les circonstances quotidiennes, sinon nous sommes battus. Qu’est-ce que cela veut dire : nous sommes battus ? C’est toutes les fois que nous faisons notre propre volonté. Il est donc probable que nous enregistrons pas mal de défaites, au long d’un jour. Nous sommes battus quand Satan nous fait faire notre propre volonté.

C’est ce à quoi il s’est acharné à Gethsémané contre le Seigneur. C’est sérieux, la vie chrétienne. Nous en faisons très souvent une parade devant les autres. Nous ressemblons beaucoup à Saül. Et puis, comme Satan sait très bien toute la faiblesse qu’il y a sous une fausse cuirasse, il sait très bien jeter par terre celui qui vit dans cette parade. De sorte que c’est celui qui a le moins d’apparence de force qui est le plus fort.

Celui que Dieu a éprouvé, c’était un jeune homme. Sa jeunesse est soulignée en contraste avec ce guerrier qui avait vu tant de combats. Mais David avait réalisé des combats ayant Dieu tout seul avec lui, avec la force de Dieu.

Combien il faut souhaiter que nous croissions dans cette vie avec Dieu. Quels sont nos combats ? Renoncer à ceci, renoncer à quelque chose. Quand nous regardons dix ans en arrière, est-ce qu’il y a telle ou telle chose dont nous pouvons dire : Le Seigneur m’a donné de renoncer à cela ; j’ai eu le dessus sur l’ennemi sur ce point ; le Seigneur m’a donné la victoire sur ce point ? Enregistrons-nous des victoires, ou vivons-nous dans notre train-train depuis dix ans ? S’il en est ainsi, il y a beaucoup de défaites qui sont passées inaperçues à notre oeil ; nous pouvons en être sûrs.

Quand le Seigneur, qui est le chef de l’armée de l’Éternel, qui voit tout, inspecte son armée — comme l’oeil doit être averti, pour voir l’état de ses troupes — passe en revue ses troupes, que voit-il ? Ah, la vie, ce n’est pas ce qui se voit ! La vie du chrétien, c’est ce qui se passe dans son coeur. Que de fois on l’a dit : C’est ce qu’il pense, ce qu’il aime. Elle n’est pas seulement ce qu’on voit.

Voilà, l’heure du combat approche. Saül, qui n’a pas de sens spirituel, dit à David : Tu ne peux pas aller comme cela ; tu n’as rien. Il lui donne son armure. Voilà ce que les hommes savent, ce que les théologiens de tous bords savent : il faut une bonne armure intellectuelle, théologale. On met cela à David. Il dit : Je n’ai jamais essayé cela ; quand j’ai tué le lion et l’ours, je n’avais pas cela ; je ne peux pas marcher avec cela. Tout ce que les hommes donnent paralysent l’homme de Dieu. Un homme de Dieu va avec Dieu, et ne s’embarrasse de personne. On a Dieu avec soi ; le reste ne compte pas. Tout le reste, ce sont des circonstances. Or, comme il vient d’être dit, les circonstances étant d’un côté et Dieu de l’autre, Dieu l’emporte, pour la foi.

David dit : Goliath a outragé Dieu ! La victoire est gagnée d’avance. Est-ce que nous disons cela ? Je sais que cela ne fait pas toujours plaisir, d’entendre que ce qu’on peut avoir comme talents ou comme avantages ne compte pas, devant Dieu. Nous sommes capables d’avoir une longue liste d’avantages, que peuvent avoir tous les Goliath du monde. Ce n’est pas ainsi qu’on peut avoir des victoires, c’est une erreur que de le prétendre. Les avantages du monde paralysent l’homme de Dieu et le livrent à l’ennemi. Combien c’est profond. Et celui qui veut être sage, qu’il devienne fou afin qu’il devienne sage. Le royaume de Dieu n’est pas en parole, mais en puissance. Que de fois nous avons vu des frères — nous en connaissons — très simples, vivant avec Dieu, remporter des victoires sur des points où nous, nous sommes battus. C’est cela qui est à la gloire de Dieu. Ce ne sont pas la parade extérieure et l’influence extérieure ; ce sont le combat et les succès secrets dans la vie.

David a combattu le lion et l’ours. Alors il dit à Saül : C’est Dieu qui me délivrera. Il en est de même que pour Daniel et Joseph : Dieu était avec eux. Cette expression se trouve fréquemment, à propos de tous ces hommes de foi : l’Éternel était avec lui.

David était très sage. On le craignait parce qu’il était sage. Saül le craignait ; son entourage aussi. On sentait que c’était un homme sage. Il ne fait pas deux pas sans consulter Dieu. On le craignait ; on sentait que Dieu était là.

Trouvons-nous nos délices profondes à jouir de la communion avec Dieu et avec le Seigneur tout au long du jour, et sommes-nous malheureux lorsque nous n’en jouissons pas ? Je prie encore qu’aucun de nous ne s’avance sur le terrain au-devant de l’ennemi au-delà de sa foi. Nous avons des exemples dans la Parole, et nous en avons autour de nous, qui montrent les tristesses qui en résultent.

Le combat a lieu. David s’avance avec sa fronde. Il n’a pas d’épée. Vous connaissez sa fronde. On peut y voir une allusion au Seigneur rencontrant le diable pendant quarante jours. Que chacun fasse l’interprétation, s’il le trouve bon. Mais il est certain que, quand le Seigneur a rencontré l’ennemi, c’était en faiblesse apparente. Le Seigneur n’était revêtu d’aucun des attributs qui font la force, dans le monde, soit au désert pour être tenté — Il est allé à jeun pendant quarante jours, Il n’avait aucune force extérieure — soit sur la croix — Il a été crucifié en infirmité. La force du Seigneur a été son obéissance absolue. C’est toujours la force de la foi. C’est difficile, même parmi nous ! Mais regardons à notre Seigneur. La force du peuple de Dieu, c’est la foi, parce qu’elle introduit Dieu.

C’est une scène de toute beauté. David s’avance, il déploie sa bannière. Goliath a sa bannière. Sur sa bannière : Philistie. Et David dit : Moi aussi, j’ai ma bannière ; je viens à toi au nom de l’Éternel des armées. Qui va l’emporter ? Ce combat singulier nous parle de la rencontre du Seigneur avec Satan. Le Seigneur est venu, pour la gloire de Dieu, rencontrer Satan. David prend sa pierre, sa fronde, petit enfant qui essaie des armes insignifiantes. Il jette le géant par terre et, avec l’épée du géant, il coupe la tête du géant.

Par la mort, Jésus a détruit celui qui avait le pouvoir de la mort, la mort qui était une arme entre les mains de Satan. Le Seigneur s’est servi de la mort pour annuler la puissance de Satan. C’est avec l’épée de Goliath que David a coupé la tête de Goliath.

Le Seigneur a traversé la mort, a annulé sa force. La mort ne pouvait rien en lui ni contre lui. Elle ne pouvait pas le retenir.

Quelle chose belle, magnifique ! Personne ne savait qui était ce David. Et c’est à la fin qu’on s’interroge. «Abner, de qui ce jeune homme est-il fils ? Je ne sais pas. De qui es-tu fils ? Je suis fils de ton serviteur Isaï, le Bethléhémite».

David, plus tard, a eu une éclipse dans sa vie, une sombre éclipse. La partie la plus belle de sa vie, c’est la première, et la fin aussi. Mais dans la première partie, pourquoi est-ce que c’est beau ? Parce qu’on voit un homme qui est chassé par Saül comme une perdrix sur les montagnes, qui se sauve de caverne en caverne et est obligé de compter sur Dieu tous les jours. Voilà la beauté de la vie de David. En face, pendant ce temps, il y avait Saül, qui avait le trône, toutes les attitudes officielles, les places officielles. Il nous faut bien faire attention, à cet égard : Dieu n’est pas avec tout ce qui est officiel. Dieu n’était pas avec Saül. Saül consulte l’Éternel, mais l’Éternel ne répond pas. Tandis que David, qui n’avait rien d’officiel, dit : Apporte-moi l’éphod. Dieu lui répond, et pas seulement une fois !

Il nous faut faire attention, chers amis. Dieu n’est pas avec ce qui est officiel. Ce qui est officiel, c’est la chair qui s’installe dans le royaume de Dieu. De quelle façon ne l’a-t-elle pas fait ? Qu’est-ce qu’on ne voit pas ? Mais, sans aucun doute, la vie chrétienne est un combat de haute lutte, du commencement à la fin. Et pourquoi David est-il tombé ? Il est tombé parce que, quand il s’agissait d’aller à la guerre, à un moment donné, il a envoyé Joab ; il est resté chez lui. Lorsque nous ne nous tenons pas à notre poste, que nous ne sommes pas sur le qui-vive, que nous pensons nous installer dans le royaume de Dieu et y trouver nos aises, et que nous ne sommes pas là à crier au Seigneur jour et nuit, c’est la défaite qui commence. Or David (2 Sam. 11) est resté chez lui et a envoyé Joab, histoire qui ne s’est que trop répétée. Il faut en faire notre compte. Nous avons Dieu avec nous dans nos combats, mais c’est un combat permanent.

Est-ce que nous avons pensé à ce caractère de la vie de David qui, certainement, est ce qu’il y a de plus beau : David, chassé comme une perdrix sur les montagnes, avec une bonne conscience et ayant Dieu avec lui ? Voilà la vie chrétienne. Pendant ce temps, la chrétienté s’installe, depuis deux mille ans. Et, si nous ne faisons pas attention, nous aussi nous pouvons nous installer dans des choses officielles, dans le royaume de Dieu. Officiellement, Saül pouvait interroger Dieu, demander l’éphod, revêtir ainsi les attributs extérieurs de la sacrificature et de la profession. Mais Dieu est sourd aux systèmes officiels.

On a le coeur fendu, déchiré, quand on voit de quelle manière cette pauvre chrétienté a sombré dans les ténèbres, et se réclame de Dieu, qui reste sourd à tout ce qu’elle dit et à tous ses appels. On a le coeur serré, quand on lit ce qui s’écrit, qu’on entend ce qui se dit.

Heureux David, bienheureux David pourchassé ! Que ne l’a-t-il été toute sa vie ! Au moment où, à la fin de sa course, David meurtri regarde ce qu’a été sa vie, il exprime des paroles de toute beauté. Il se détourne de lui-même. Il regarde à Jésus ; il regarde Christ. Tel est notre lot.

Mais je ne saurais trop insister pour qu’il nous soit donné à tous de faire notre compte que notre bonheur est avec Christ, même quand il est rejeté. Il est le vrai David, notre vrai David. Autour de David, il y avait des hommes fidèles, qui le suivaient de caverne en caverne. Est-ce que nous sommes contents de cela ? Mais si nous cherchons à nous installer dans le royaume de Dieu, à y acquérir de l’honneur sans le servir, sans l’exercice de la foi, nous allons au-devant de la chute. Et Dieu fermera ses oreilles à nos appels.

Que le Seigneur nous donne d’avoir beaucoup à faire avec lui, chers amis, chers jeunes gens. S’il y a un demain, Satan vous tentera demain. Que le Seigneur vous donne d’abattre le lion et l’ours, et qu’il vous forme pour le jour où le peuple désemparé aura besoin d’un homme de foi qui apportera la paix, montrera le chemin au peuple de Dieu et dira, de la part du Seigneur : «C’est ici le chemin, marchez-y» (És. 30:21). Il y faut la foi, et la foi seule, et ce n’est pas facile. Mais, si nous ne vivons pas par la foi, dans ce monde, si nous ne vivons pas avec Christ dans ce monde, je me demande avec qui nous vivons et pour qui nous vivons. Que le Seigneur soit avec nous et nous donne de vivre humblement. Qu’il nous garde des ruses de notre coeur, de tout ce qui l’enorgueillit. C’est la raison de la chute de David, certainement. David, quand il a été élevé, a perdu dans la qualité de sa foi. On le sent, en lisant les chapitres qui parlent de son accès au trône.

Notre vie est une vie d’exercices continuels, une vie de lutte, de combat. Et elle sera, à cette condition, une vie de victoires.

Que le Seigneur soit avec nous, du plus jeune au plus âgé.