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Méditations sur la Parole de Dieu

 

Josué

 

 

Louis Chaudier

 

 

Table des matières :

1      Combats et lieux célestes — Josué 1:1-8 ; 4:19 ; 5:9-15 ; Juges 1:27-35 ; 2:1-5 ; Éphésiens 6:10-18

2      Pâque, mer Rouge, Jourdain, Guigal — Josué 1:1-9 ; 4 ; 5:9-15

3      La conquête du pays de la promesse — Josué 1:1-9 ; 5:2, 9-15 ; 7:1, 5-13, 25-26 ; 8:1, 9-10 ; 9:3-6, 14-16 ; 10:7-8, 11-15, 24-26, 28-43 ; 11:18-19 ; Juges 1:34-36 ; 2:16

4      La Pâque, mer Rouge, Jourdain, Guigal, Bokim — Exode 12:7, 12, 13 ; 14:21-25, 27-29 ; Josué 4:15-19 ; 5:4-7, 9, 13-15 ; 10:15 ; Juges 2:1-5

5      Guilgal, Bokim — Josué 5 ; Juges 2:1-5

5.1    Guilgal

5.2    Bokim

6      Le peuple dans le pays promis — Josué 5:1, 2, 9-15 ; 6:1-3, 6-27

7      Le péché qui entraine la défaite — Josué 7

8      Joies dans le désert — Nombres 11:4-6, 30-31, 33-34 ; 13:24-34 ; 14:1-25, 32-38 ; 21:3-9, 16-18 ; Josué 14:6-15

9      L’école de Dieu — Nombres 13:18 à la fin ; 14 ; Josué 14:6-15

 

 

 

Le texte de ces méditations a été révisé par Bibliquest dans sa forme, par rapport à diverses éditions papiers précédentes. Les révisions ont été limitées à ce qui était nécessaire à une expression et une compréhension correctes. Le texte reste marqué par son caractère oral, non révisé par l’auteur. Dans certains cas d’expressions au sens discutable, l’imperfection de celles-ci a été laissée de peur d’en perdre une certaine vigueur.

Certains textes ont été repris de l’ouvrage «Méditations sur la vie chrétienne» édité en 1995 par F.R., et sont notés comme tels. Ces textes ont fait l’objet (par F.R.) d’une révision un peu plus poussée.

 

 

1   Combats et lieux célestes — Josué 1:1-8 ; 4:19 ; 5:9-15 ; Juges 1:27-35 ; 2:1-5 ; Éphésiens 6:10-18

 

[LC n° 15]

 

Josué, après avoir pris la succession de Moïse, à qui Dieu a, on peut dire, interdit d’entrer dans le pays qu’il a salué de loin, a été appelé par Dieu à remplacer Moïse. Et ce qui caractérise le service de Josué, c’est qu’il a fait entrer le peuple dans le pays de la promesse. Il est en cela un type du Seigneur qui a fait entrer son peuple dans le ciel. Les saints, les croyants, les chrétiens, sont déjà dans le ciel. La plupart ne connaissent pas cette vérité. Ils peuvent jouir des conséquences de cette vérité sans la connaître. Le Saint Esprit peut leur faire goûter les choses du ciel ; mais toutefois, il est bien préférable que les chrétiens connaissent leur vraie position présente devant Dieu. La Parole ne nous a pas été donnée pour rien. Il y a, dans tous les passages de l’Écriture, des instructions qui sont utiles à des degrés divers, et il n’y a pas de passages inutiles, pas un verset inutile. Josué a donc fait entrer le peuple dans le pays. Le Jourdain a été traversé. Trois faits ont marqué le peuple d’Israël, ce peuple qui reste un peuple merveilleux dès ce temps et au-delà, un peuple qui n’a pas eu son pareil sur la terre, qui a été honoré par Dieu comme nul autre ne l’a été. Et il le savait bien ; c’est ce qui l’a rendu tellement hostile au Messie, qui s’est présenté sous une forme qu’il n’attendait pas. Et cette hostilité demeure et demeurera, en tout cas pour le grand nombre.

Josué a donc traversé le Jourdain. À la Pâque, le jugement de Dieu, dans son caractère absolu quant à ses droits, a été mis en évidence. Le peuple a été racheté, car le sang de la victime avait coulé. Et, s’il n’y avait pas eu cela, Dieu, sortant pour juger les Égyptiens, aurait dû juger en même temps son peuple, car il ne valait pas mieux. À la mer Rouge, c’est la destruction de la puissance de la mort vis-à-vis du peuple de Dieu. Le Seigneur a vaincu la mort. Il a ôté à Satan la puissance que celui-ci détenait. Cela paraît étrange, et on comprend que de jeunes chrétiens aient de la peine, quelquefois, à comprendre de telles paroles. Mais, par la suite, Satan s’est acquis sur l’homme des droits, et des droits que Dieu Lui-même ne peut pas discuter. Jusque-là, les hommes se livraient à Satan. Eh bien, Dieu reconnaît à Satan ce droit-là, dans la mesure où il le contrôlera par la suite. Mais le jugement de Dieu sur l’homme est tombé. Il comprend plusieurs parties, en particulier le fait qu’il était sous le pouvoir de Satan, puisqu’il avait choisi de se mettre là. C’est pourquoi aussi, quand le Seigneur est venu, homme fidèle, entreprenant de reprendre entre ses mains la cause de l’homme tombé, il ne pouvait pas ne pas se placer sous toutes les conséquences résultant de la désobéissance du premier Adam. Et il commence par être, au désert, en face de Satan, devant qui Adam et Ève s’étaient trouvés. Le Seigneur devait refaire cette histoire de l’homme, Lui, le dernier Adam, le second homme. Et il a été mis à l’épreuve, au désert. Il a triomphé par l’obéissance, de sorte qu’il a remporté une première victoire sur Satan, qui ne pouvait plus rien sur lui. À cet égard, Dieu ne pouvait rien permettre à Satan à l’égard de cet homme qui venait, dans l’obéissance, de sortir vainqueur de l’épreuve. C’est pourquoi, à partir de ce moment-là, le Seigneur ayant lié l’homme fort, a pillé ses biens. Il aurait pu, à ce moment, si on avait voulu le recevoir, établir la paix sur la terre. Nous savons ce qui est arrivé. Mais pour entreprendre le salut de l’homme, le Seigneur devait défaire Satan, qui détenait le pouvoir de la mort de la part de Dieu, qui lui avait donné cette autorité pour effrayer l’homme. Et la mort était ainsi, non seulement un jugement de la part de Dieu, mais une manifestation de la puissance que Satan s’était acquise sur l’homme en le portant à la désobéissance.

Le Seigneur Jésus, avant son oeuvre de la croix, a d’abord, à Gethsémané, rencontré Satan. Et nous trouvons là une leçon pour nous tous. Satan met à l’épreuve les saints, dans l’ensemble, de deux manières : d’une part, en les tentant par les choses agréables, comme il a fait pour le Seigneur en lui offrant les gloires du monde ; et, d’autre part, en les effrayant, comme il l’a fait au jardin de Gethsémané en faisant peser sur l’âme de Christ les terreurs qui l’attendaient, lorsqu’il s’agissait d’être abandonné de Dieu. Il a fait tout son effort pour que le Seigneur ne s’avance pas devant ce qui était l’épreuve décisive, aussi bien pour Satan que pour la gloire de Dieu. Et c’est pourquoi le Seigneur a connu là une épreuve et une douleur incomparables. Il en est sorti triomphant par la soumission. Il a dit : Père, puisque vraiment c’est ta sainte volonté que je prenne la coupe et que je la boive, que ta volonté soit faite. Mais trois fois, pour ainsi dire, le Seigneur, dans l’effroi de son âme, par avance, a sondé cela jusqu’au fond, pour être bien sûr que c’était la volonté du Père, qu’il prit la coupe pour la vider sur la croix. Ce fut un moment d’une insondable profondeur. Satan n’avait plus rien en Lui, désormais. Le Seigneur s’est avancé à la croix et là, il n’avait plus à faire avec Satan à cet égard, sauf que Satan a ligué les hommes contre lui. Mais le Seigneur s’est offert sur la croix dans l’obéissance, et, pendant les trois heures, il a connu, à l’écart de tous les regards, la rencontre avec Dieu, cette rencontre qui ne pouvait pas se répéter. Pendant ces trois heures éternelles, il a éprouvé ce que c’était que de subir le jugement de Dieu à l’égard du péché.

Il entre dans la mort volontairement. Satan n’avait rien en Lui. Dieu ne pouvait pas permettre que Satan exerçât à son égard quelque pouvoir que ce fût, comme il peut permettre que Satan trouble des âmes, voire des chrétiens, au moment de la mort. C’est un pouvoir que Satan s’est acquis, et Dieu ne peut pas le discuter. C’est un fait extrêmement solennel que cette chute d’Adam et Ève, sous le regard de Dieu. Le jugement est terrible, et Dieu Lui-même ne pouvait pas revenir sur sa parole qu’il avait dite à Adam et Ève : «Tu mourras certainement» (Gen. 2:17) !

Le peuple a donc connu la Pâque, la traversée de la mer Rouge où le pouvoir de Satan a été détruit, et le Jourdain, où c’est le peuple qui a passé au fond des eaux du fleuve. Les eaux sont arrêtées et, l’arche étant là, le peuple est identifié, pour ainsi dire, avec l’arche qui se tenait au fond des eaux de la mort Et cela, c’est l’image du fait que les chrétiens sont morts en Christ. La mort de Christ est la leur, elle est à eux : «Toutes choses sont à vous… soit vie, soit mort» (1 Cor. 3:21-22). La mort de Christ appartient au chrétien. C’est-à-dire que le chrétien peut être troublé, s’il marche mal ; mais autrement, le chrétien, en pensant à la mort, ne la considère pas comme un jugement de Dieu. Il n’y a plus du tout cela ; c’est une chose passée. Il est mort dans la mort de Christ, ressuscité avec Christ et en Christ. Les deux expressions sont dans le Nouveau Testament. C’est très important à retenir, cela, pour le christianisme pratique, pour les conséquences dans le christianisme pratique. Nous savons très bien que, même parmi nous, il y a des évangélistes, peut-être, qui s’en tiennent à la croix et s’arrêtent, et laissent le pécheur, quand il a cru, à la croix. Dieu ne laisse aucun croyant à la croix. Il l’emmène au-delà de la croix, jusqu’au ciel ; pas quand le croyant ira au ciel, mais dès maintenant. Et c’est la pensée essentielle dont je désirais dire quelque chose ce soir : le fait que nous sommes déjà du ciel, dans le ciel. Le peuple, une fois arrivé de l’autre côté du Jourdain, est dans le pays de la promesse. Là, la circoncision est opérée ; et, en réalité, des chrétiens peuvent réaliser cette circoncision, c’est-à-dire la mise de côté du vieil homme, justement parce qu’ils sont dans le ciel en Christ. C’est dans la mesure où nous réalisons notre position en Christ, que nous avons la force pour mettre en pratique cette circoncision, c’est-à-dire mettre de côté le moi, la volonté. Ils n’ont pas fait cela dans le désert. La carrière du chrétien est double, à cet égard : nous sommes à la fois dans le désert et dans les lieux célestes. Le désert, c’est un sujet plus ordinaire, plus courant, et que nous comprenons facilement. Mais la partie céleste de la vie chrétienne est un sujet plus difficile à saisir, et non moins important.

Voilà donc le peuple qui est dans le pays de la promesse, et nous voyons que sa nourriture change. Il n’a plus la manne. La manne, c’est pour le désert. Nous l’avons encore, la manne ; c’est Christ dans sa vie. Un chrétien se nourrit des perfections de Christ homme, et, en s’occupant de Christ parfait, comme on le trouve dans les évangiles, le chrétien est modelé à l’image de son Maître. Car la vie de Christ homme est le modèle de la vie des saints. Il nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces (1 Pier. 2:21). Le chrétien seul peut marcher sur de telles traces et, en particulier, le chrétien dans la mesure où il connaît les ressources célestes de la vie du croyant. Nous voyons un autre fait, c’est le vieux blé du pays. C’est la nourriture céleste du pays dans lequel ils sont entrés. Le vieux blé du pays représente Christ ressuscité. Et le chrétien, dans sa vie de tous les jours, peut jouir de Christ, en communion avec Lui dans le ciel – donc Christ ressuscité. Ne cherchons pas Christ à Jérusalem. Nous comprenons que même des frères puissent aller y trouver des émotions plus fortes et légitimes pour prendre connaissance des lieux où se déroula la vie de notre cher Sauveur, mais il n’est pas du tout nécessaire de nous livrer à cela. Nous savons que notre Seigneur est dans le ciel, et nous pouvons avoir avec Lui des rapports beaucoup plus réels et beaucoup plus efficaces, que d’aller chercher le souvenir de son passage dans les lieux mêmes où il a marché et souffert. D’ailleurs, soit dit en passant, dans ce lieu-là, où le sang de Christ a été versé, ce n’est pas, pour l’essentiel, le sang qui parle mieux qu’Abel, comme dit l’épître aux Hébreux (10 :24), mais c’est un sang qui crie (Gen. 4:10 ; Nombres 35:31-34). Il n’a pas encore eu de satisfaction. Il n’y a pas eu d’apaisement, quant à la voix de ce sang qui crie, pour le peuple Juif (pas pour les dix tribus : elles n’étaient pas là, il n’y avait que les deux tribus de Juda et Benjamin). Le peuple Juif, et puis le pouvoir civil, le pouvoir Romain en particulier, l’empire romain — on peut dire l’ensemble du monde — étaient représentés à la croix. Mais particulièrement les Juifs et l’empire Romain sont là sous le coup de la culpabilité de ce crime accompli. Ce n’est pas une voix, un sang qui parle mieux qu’Abel, qu’on trouvera là-bas. Ce n’est pas le chemin qu’il faut prendre pour trouver cette voix qui parle mieux qu’Abel, la voix qui est là, prête d’ailleurs à se faire entendre et à manifester ses effets par des circonstances dont ce peuple ne se doute pas. Cette voix, c’est encore celle qui crie : vengeance ! Le Seigneur n’a pas encore eu de satisfaction, à cet égard, et Dieu non plus.

Le peuple est donc là dans le pays de la promesse. Et nous voyons apparaître un personnage un peu mystérieux, qui est le chef de l’armée de l’Éternel. C’est donc un combat. C’est une chose qui mérite notre attention que, dès le début du livre, Dieu dit à Josué : «Tout lieu que foulera la plante de votre pied, je vous l’ai donné» (Jos. 1:3). Cela, c’est aussi pour nous, chers frères et soeurs : tout lieu que notre pied foulera dans les lieux célestes sera à nous. Et il faut conquérir ce que Dieu donne, le pays que Dieu donne. Et nous avons, au cours de notre carrière ici-bas, à conquérir, pour ainsi dire, le ciel que Dieu nous a ouvert. Nous y entrons pour rendre culte. C’est là que nous rendons culte, en vérité. Mais nous y entrons aussi pour autre chose. La vie d’un chrétien a ses sources, en réalité, dans les lieux célestes. Et quand nous jouissons fortement de la communion avec le Seigneur, nous comprenons ce que cela veut dire. Nous savons très bien que le ciel remplit notre coeur, ce ciel que nous ne nous représentons pas effectivement. Mais nous comprenons qu’il soit dit : «Fixant les yeux sur les choses qui ne se voient pas» (2 Cor. 4:18), ou encore : «Contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Cor. 3:18). Comment ces passages étranges se réalisent-ils ? Par le Saint Esprit, prenant nos coeurs et les tenant en communion avec le Seigneur que nous n’avons jamais vu. Nous ne l’avons jamais vu et nous ne le verrons jamais. Notre carrière sera achevée, d’une manière ou d’une autre, quand nous le verrons. Le Saint Esprit nous lie donc à Celui que nous n’avons pas vu, et en qui nous nous glorifions. Et nos affections sont dans le ciel. Un chrétien céleste, son coeur est au ciel, parce que son trésor est là. Au fond, c’est vrai pour tout chrétien. Seulement, nos coeurs, pratiquement, se promènent aussi bien facilement sur la terre, et cela est justement un fait qui cause beaucoup de dommages à la vie des chrétiens, et aussi à la vie de l’Église.

Nous voyons le chef de l’armée de l’Éternel : «Es-tu pour nous, ou pour nos ennemis ? Et il dit : Non, car c’est comme chef de l’armée de l’Éternel que je suis venu» (Jos. 5:13-14). Lorsqu’il s’agit du christianisme ordinaire, du christianisme réalisé par les chrétiens vus comme pèlerins ici-bas, il y a des éléments qui interviennent (les relations humaines, les valeurs humaines) et qui ont leur place. Mais lorsqu’il s’agit des relations purement spirituelles, des joies proprement spirituelles, les valeurs humaines, même légitimes, disparaissent Et c’est tellement vrai, que nous trouvons dans le Nouveau Testament, dans l’épître aux Galates en particulier, qu’il n’y a ni homme, ni femme. Il n’y a pas de différence de personne. Quand la communion est dans l’assemblée, quand la communion des saints est puissante par le Saint Esprit, nous nous oublions mutuellement, et nous sommes perdus ensemble, les uns et les autres, dans cette communion avec le Seigneur. Il y a là un caractère, dans notre vie chrétienne, qui est tout à fait particulier, et qui devrait la marquer plus fréquemment. Des qualités, qui peuvent être très utiles dans la vie chrétienne ordinaire, dans la vie du pèlerin dans le désert, n’ont plus de place lorsqu’il s’agit des choses d’ailleurs, lorsqu’on parle d’un christianisme céleste. Combien nous avons à reconnaître que nous reculons souvent, et que nous ne savons pas abandonner telle ou telle chose à quoi nous tenons, et qui nous empêche d’avoir une joie plus grande en Christ et dans les choses qui ne se voient pas. Ce n’est pas nécessairement une idole, mais cela peut être les affaires de la vie. Des chrétiens — nous pouvons dire, sans nul doute, Paul et d’autres aussi — ont réalisé, d’une façon intense, cette vie céleste. Paul pouvait dire : «Nous ne connaissons personne selon la chair» (2 Cor. 5:16). Pourtant, dans la pratique, il s’occupait de ses frères et de ses soeurs. Mais son coeur restait lié à Christ dans la gloire et trouvait sa force et sa joie dans cette communion avec Lui, qui lui permettait de surmonter tous les déboires — et il n’en a pas manqué.

Ce qui est arrivé, c’est que le peuple a remporté des victoires, nous le savons. Le livre de Josué est, au fond, dans l’ensemble, un livre qui nous parle de victoires. Je n’entre pas dans les détails des fautes qu’il y a eu, et même des fautes graves, qui auraient pu mettre en danger la vie du peuple. Quand nous passons au livre des Juges, nous trouvons un accent différent. En général, dans le livre de Josué, ce sont ces victoires, et le ton est beau. Mais, dans les Juges, nous trouvons un accent différent, et il est bon que nous méditions cela. Le peuple n’a pas su conquérir ce qui lui avait été assigné, de même que nous, nous sommes bien loin d’être entrés dans la connaissance des choses que nous avons en Christ dans le ciel : la communion avec Lui, la dépendance de Lui, l’amour qu’il donne, le secret de la communion avec Lui, le fait que notre vie est toute céleste (notre vie chrétienne spirituelle est entièrement céleste). Il n’y a rien, sur la terre, qui soit pour notre vie spirituelle, même les liens familiaux les plus chers, quoiqu’indirectement, ils puissent nous aider. Mais, en eux-mêmes, ils n’entrent pas dans notre vie céleste, pas du tout. Et d’ailleurs, on peut le voir fréquemment, dans les familles ; c’est bien vrai. Il y a un élément de la famille qui est nettement plus spirituel que d’autres de la même famille vivant ensemble. Cette nuance peut se trouver dans le lien le plus étroit, qui est celui de mari et femme. On voit fréquemment la mari plus spirituel que sa femme, ou une femme plus spirituelle que son mari ; et cela tient, tout simplement, non pas à la différence du degré de connaissance, mais au fait que le coeur de l’un est beaucoup plus avec Christ dans le ciel. Et cela, quand cela existe et où que cela se réalise, ne peut pas ne pas se manifester. C’est ce qui fait qu’un chrétien le plus ordinaire (pas nécessairement un apôtre ; le christianisme n’est pas que pour les apôtres, et le Seigneur n’est pas monté dans le ciel que pour les apôtres), mais un chrétien qui a ses sources célestes, cela se saura, inévitablement. Son jugement spirituel est bien meilleur, et il a du discernement. Et, en même temps, il a un secret, pour réaliser une vie chrétienne et faire face aux difficultés, inimitable, qu’on ne peut pas copier. C’est un caractère qui est propre à l’individu, dans la mesure où, justement, il est céleste. Et, s’il est spirituel, on le reconnaît bien ; on peut être sûr que ses rapports avec Christ dans le ciel sont entretenus. Que le Seigneur nous donne de penser à cela. Le contraire d’un chrétien spirituel, cela peut être un chrétien charnel, c’est-à-dire que la chair prend une place marquée, évidente ; non pas quant aux choses grossières, mais la chair intervient dans le domaine où elle n’a aucun droit d’entrer. Dans les problèmes de la vie d’un chrétien, dans les problèmes d’un rassemblement, la chair n’a rien à faire. La nature elle-même n’a rien à dire, n’a rien à voir. La nature, ce n’est pas la chair. Si nous étions plus près du Seigneur, c’est-à-dire ayant des rapports plus vrais et soutenus avec le Seigneur dans sa gloire, eh bien, beaucoup de questions difficiles qui surgissent dans les assemblées ne verraient même pas le jour. C’est donc d’une grande importance. Au contraire, si nous sommes simplement des chrétiens terrestres, sans être proprement engagés dans le monde, mais nous contentant d’un christianisme convenable sans qu’il se nourrisse aux sources, eh bien, nous aurons des ennuis, parce que la force spirituelle ne sera plus la même pour réfréner la chair, la volonté, quand elles se manifesteront. Nous pouvons bien nous dire que, si une assemblée avait existé, étant formée d’éléments de la trempe de l’apôtre Paul, frères et soeurs, ils n’auraient pas souvent eu de problèmes, et que la joie céleste des saints, la puissance de l’Esprit dans les saints, aurait rappelé ce qui s’est passé au début lors de la Pentecôte, où, nous le voyons bien, la nature elle-même était éliminée (au début, à la Pentecôte, l’égoïsme avait disparu), et où la manifestation la plus brillante et la plus puissante était justement de cet ordre-là, que l’égoïsme avait entièrement disparu, que le moi était effacé. Pourquoi ? Parce que le Saint Esprit remplissait tous les coeurs et les occupait de Christ. À ce moment–là, ils ne le voyaient plus. Il était monté au ciel. Qu’il nous soit donné de méditer, de reprendre ces textes, de les étudier et d’en tirer profit.

Le son, dans le livre des Juges, a changé. L’infidélité, Dieu ne peut pas fermer les yeux sur cela. Et alors, il dit : Je vous avais promis le pays ; je vous y ai tous fait entrer, tout le peuple ; mais vous n’avez pas écouté ma voix, et vous n’êtes pas restés séparés des peuples ; vous deviez les abattre. Ils devaient entrer et tuer détruire tous les peuples, entièrement. Ils ne l’ont pas fait. La conséquence, c’est que Dieu les laisse aux effets de leur incrédulité, de leur infidélité. Et quand Dieu parle ainsi, alors nous voyons ce fameux verset qui parle de Bokim. L’ange de l’Éternel n’est plus à Guilgal, et il monte à Bokim. Guilgal, c’était là que Dieu manifestait sa présence, parce que Guilgal était le lieu où le peuple, quand il était en bon état, revenait après les victoires remportées. Ils revenaient se retremper à Guilgal, pour retrouver là la puissance que Dieu donne lorsqu’on vient devant Lui pour confesser ce en quoi on a manqué. Guilgal, c’est la circoncision, en pratique l’application de la mort aux manifestations de la chair. Quand le peuple revenait à Guilgal et repartait de Guilgal, il y avait de la force. Et maintenant, c’est terminé. Cette phase dans l’histoire du peuple d’Israël a pris fin. Plus de Guilgal, et c’est Bokim qui prend la place. C’est le lieu des pleurs, où, tout de même, le peuple adore. Quand a commencé «Bokim», pour l’Église ? Qui peut le dire ? Mais peut-être que nous pourrions faire des réflexions utiles en nous demandant si, plus d’une fois, nous n’avons pas, par notre comportement, entraîné, dans une mesure, le changement de Guilgal à Bokim, dans nos vies personnelles, et même dans la vie des rassemblements. Nous pouvons nous le demander, cela.

Et qu’est-ce qui se passe ensuite ? Nous le savons. C’est la période des réveils, comme il s’en est produit dans l’Église. Le peuple crie. C’est son peuple ; Dieu entend, il envoie un sauveur. Le peuple retombe, et ainsi de suite, jusqu’à la fin de cette période. Qu’il nous soit donné de retenir les instructions à l’égard de cela. Dans chaque assemblée locale, revenons à Guilgal, au jugement de la chair, du moi qui se manifeste de tant de manières, chacun de nous étant exercé dans sa propre vie. Et il ne s’agit pas seulement des actes extérieurs, il s’agit d’abord des pensées, des sentiments intérieurs. La pureté, la sainteté, commencent par le dedans ; et si le dedans est en bon état, la marche pratique s’en suivra.

Qu’il nous soit donné d’être exercés pour que les réunions, étant l’objet de prières de la part de chacun, nous permettent de goûter ensemble nos joies célestes. Que nous soyons toujours exercés pour que la chair ne se mêle pas à l’activité de l’Esprit. C’est un exercice permanent, pour tout service. Nous avons, si j’ose dire ainsi, à repartir de zéro chaque fois. Parce que nous avons été encouragés hier ou avant-hier, cela n’est pas une raison pour partir aujourd’hui d’une manière négligente. Il faut toujours revenir à la dépendance et à l’obéissance, qui sont les caractéristiques de la vie chrétienne.

Et alors, je termine en disant un mot sur ce passage d’Éphésiens. On lit fréquemment le passage d’Éphésiens 2 au culte ; c’est une excellente chose. Le culte se rend dans les lieux célestes. Nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ ; c’est une position. On demanderait à bien des chrétiens dans la chrétienté ce que cela veut dire, beaucoup d’entre eux diraient : Nous ne pouvons pas comprendre cela, nous ne comprenons pas ce langage ; je sais que je vais au ciel, j’irai au ciel quand je mourrai, quand le Seigneur viendra. Mais qu’est-ce qu’un chrétien dans les lieux célestes, beaucoup ne sauraient pas expliquer ce que cela veut dire. C’est difficile à expliquer à quelqu’un. Ces choses, en général, se comprennent quand on y est. Vous ne pourrez jamais faire comprendre à quelqu’un ce qu’est que d’être né de nouveau ; c’est impossible ! Ce sont des expressions sur lesquelles achoppent les théologiens les plus attentifs. Ils n’arrivent pas à comprendre ; alors ils donnent souvent des explications fantaisistes, pour dire le moins. Quand quelqu’un est né de nouveau, fût-il un enfant de dix ans, il ne peut pas expliquer ce que c’est, mais il sait qu’il l’est. Il a l’assurance divine qu’il appartient à Dieu, même un enfant. De même, être dans les lieux célestes, nous ne pouvons l’expliquer à personne, mais nous pouvons le réaliser, et goûter ce qui correspond à cela. Il s’agit de la réalisation pratique. Évidemment, l’exercice de chacun joue, mais la position est acquise. Nous sommes pour toujours assis dans les lieux célestes en Christ. Que nous ne tirions pas toutes les conséquences de cette position-là, hélas, c’est autre chose ! Comme de beaucoup de choses, nous ne tirons pas toutes les conséquences du fait que nous avons la vie divine en nous. On devrait voir produits d’autres caractères, dans notre comportement, si nous tirions toutes les conséquences des vérités que nous savons. Que Dieu nous donne de faire des progrès, en tout cas. Alors, dans les lieux célestes où nous sommes entrés, où, par le Saint Esprit, nous entrons, il y a là ce fait qui parait évidemment étrange : Satan est là. Satan et ses anges sont là, de même que les Philistins étaient là, dans le pays de la promesse où le peuple avait déjà posé son pied. Il s’agissait pour le peuple de déloger les Philistins. Pour nous, que s’agit-il de faire ? Chasser Satan ? Non, pas du tout ! Mais nous avons là un genre de combat qui est unique dans l’Écriture. C’est un combat contre Satan et ses anges dans les lieux célestes. En quoi consiste ce combat ? En quoi consiste la défaite ? En quoi consiste la victoire ? Dieu permet que Satan soit dans les lieux célestes. Il n’approche pas de la lumière inaccessible, mais il a accès jusqu’au trône des jugements, et il est un accusateur. Cette expression–là, nous la trouvons en Apocalypse 12 : «l’accusateur des frères». Il est notre accusateur, et Dieu le permet. C’est très solennel. Nous glissons sur beaucoup de vérités, qui pourtant sont liées à des faits réels. Dieu permet cela, et emploie Satan. Il l’emploie à l’égard même des saints. Et par exemple, Dieu peut permettre en rapport avec un frère qui s’endurcit dans une voie, Il peut permettre d’abord que Satan se fasse devant Dieu l’accusateur de ce frère. Pourquoi pas ? C’est un pouvoir que Satan exerce tant qu’il ne sera pas chassé du ciel, d’une part, et lié pendant mille ans, d’autre part, et enfin jeté dans l’étang de feu et de soufre qui est préparé pour lui. Satan joue encore un rôle, et Dieu l’emploie. Quelqu’un écrivait à l’égard de Job : «Voyant l’état de Job, Dieu a envoyé Satan labourer ce coeur en friche». C’est solennel, et nous savons ce que Satan a fait, Dieu le permettant et gardant la haute main, la haute direction. Mais, tant que le travail n’était pas fait dans le coeur de Job, Dieu a laissé l’ennemi agir. De même, nous trouvons Satan employé dans les épîtres. L’apôtre menaçait de livrer quelqu’un à Satan afin qu’il apprenne à ne pas blasphémer. Et, quant à quelqu’un de Corinthe, à l’égard duquel se manifestait une lenteur extraordinaire et insolite quant à la mesure disciplinaire à prendre, l’apôtre dit : «S’il faut, je livrerai cet homme à Satan». Il était le seul à avoir, de la part de Dieu, ce pouvoir. Mais Satan est là, et cet homme aurait été livré au pouvoir de Satan, pour que cet homme, dont Dieu a renforcé l’endurcissement, connût des tourments d’âme et tout autant que de corps. Car Satan a un pouvoir étrange, dans la création même. Nous voyons qu’il a déchaîné un peuple contre Job (1:15, 17). Dieu lui en avait donné la liberté. Cela est à considérer. C’est un sujet très solennel, dont les âmes même de beaucoup de chrétiens n’ont pas idée. On a dit que Satan avait un pouvoir sur la création de loin supérieur à celui des hommes. Et on a, pour faire comprendre la chose, donné cet exemple suivant : avec un verre ordinaire qu’on place en face des rayons du soleil, aucun effet n’est produit au-delà du verre ; mais si on prend un verre grossissant, avec le même soleil, dans les mêmes conditions, on peut enflammer un objet. Et c’est à cela qu’on a comparé le pouvoir exceptionnel de Satan dans les éléments de la création, et Dieu se servant de tout cela.

Satan est dans les lieux célestes, et Dieu s’en sert. Il a accès jusqu’au trône du jugement. C’est très solennel, et bon à savoir. Lorsque le chrétien s’endurcit, Dieu peut se servir de Satan pour l’arracher à cet endurcissement. N’oublions pas cela, chers amis… Ce ne sont pas du tout les possessions démoniaques, qui peuvent avoir lieu surtout dans les pays païens. Il ne s’agit pas de cela ; il s’agit ici d’un ennemi auquel les chrétiens ont à faire dans les lieux célestes. Et qu’est ce que Satan cherche à faire à l’égard des chrétiens, des frères, des soeurs ? Il voudrait à tout prix les empêcher d’être célestes. Car il sait très bien que le jour où nos relations avec un Christ céleste seront coupées, nous deviendrons inévitablement des chrétiens mondains, des chrétiens terrestres, dont l’horizon sera borné aux choses de la terre. Et alors, Satan aura remporté une immense victoire. Ceux qui suivraient cette génération-là, manifesteraient probablement, à moins que Dieu n’intervienne, l’incrédulité et l’apostasie, dans laquelle, d’ailleurs, on s’achemine à grands pas.

Eh bien, n’oublions pas que nous combattons dans les lieux célestes. Satan vient parfois nous empêcher de jouir des choses du ciel. Que le Seigneur nous donne d’avoir à faire à Lui, et que nous lui demandions qu’Il nous garde. Rappelons-nous que Satan a toujours de la prise sur la terre, mais qu’il n’en a jamais sur le nouvel homme. Il a de la prise sur le vieil homme ; et voilà pourquoi, pour être à l’abri de ses attaques, nous avons une armure qui est décrite. Et cette armure revient, dans l’ensemble, à ce que notre état moral soit bon, un état moral droit, un bon état. Car, encore une fois, dans les choses chrétiennes, ce qui est d’ordre moral est supérieur, parce que cela se rattache à la nature de Dieu, et non pas à son gouvernement. Dieu est amour ; Dieu est lumière. Toutes les vérités morales se rattachent à cette nature, qui est l’essence même de Dieu.

Que le Seigneur nous donne de lire ces passages. Il faut lire toute la Bible, en particulier les passages qui sont propres à nous édifier, à nous encourager, à nous relever, à nous instruire, à nous faire prendre connaissance des ressources que nous avons pour tous les combats, contre la chair, contre le monde, et aussi contre Satan et ses anges qui sont dans les lieux célestes. Que le Seigneur nous garde, nous instruise dans les assemblées. Nos frères prédécesseurs ont enseigné cela ; ils ont écrit sur cela. Donnons-nous la peine de lire, et même si cela nous parait difficile. Nous faisons, pour entrer dans la connaissance des sciences de l’homme, les efforts nécessaires. Nous savons consacrer des heures et des années à l’étude de ce dont nous pourrons avoir besoin. Pouvons-nous dire cela de l’étude des choses qui nous sont utiles pour le présent, et qui nous permettront d’être plus heureux sur la terre, parce que, sur la terre comme au ciel, on n’est vraiment heureux que quand on a Christ dans son coeur ?

 

2   Pâque, mer Rouge, Jourdain, Guigal — Josué 1:1-9 ; 4 ; 5:9-15

 

[LC n° 16]

Rocheville — 28 décembre 1965

 

Dieu ne nous amuse jamais. Il nous instruit toujours d’une façon morale. Depuis que le péché est entré dans le monde, continuellement le travail de Dieu se fait, à l’égard du mal. Retenez cela, jeunes gens : le travail de Dieu est exclusivement en rapport avec le mal et le bien. L’Écriture nous montre la manière dont le bien a triomphé du mal. Dieu prend l’homme tel qu’il est, et le bénit malgré lui.

Ce qui a de l’intérêt, pour Dieu et pour la foi, ce ne sont pas les découvertes des hommes. Il y a des progrès dans un domaine, et du recul dans beaucoup. Ce que Dieu note, c’est ce qui se passe dans les coeurs des hommes, ce qu’ils disent, ce qu’ils sont. La grande affaire, c’est ce que l’homme fait, quant au bien et quant au mal. Tout le reste disparaîtra. Quand la scène où s’est jouée la question du bien et du mal disparaîtra, les acteurs, eux, ne disparaîtront jamais. Chacun aura sa destinée. Voilà le drame de l’histoire du monde.

Chers frères et soeurs, voyons un peu les choses ainsi. Et, au lieu de nous laisser emporter par l’erreur universelle, que Dieu nous donne d’avoir le regard ouvert sur ce qui est véritablement l’histoire du monde. Nous savons bien que tous les chrétiens du monde ne peuvent pas convertir un homme. Mais ils peuvent prier pour cela, et peuvent être exercés pour que leur façon d’être rappelle à celui-ci que la grande question, c’est celle des rapports de l’homme avec Dieu.

Si un homme finit comme le brigand sur la croix, c’est lui qui est le riche, et tous les autres, couronnés de succès et enivrés par les flatteries de ceux qui les poussent à ce succès, iront dans les ténèbres éternelles. Ce sont les vrais pauvres.

Nous ne sommes pas placés dans le Témoignage pour ne pas être exercés à chercher la vérité. Les chrétiens devraient être, dans ce monde, les témoins que le chrétien est plus fort que Satan.

«Ô Timothée, saisis ce qui est vraiment la vie» (1 Tim. 6:19-20). Il n’y a pas deux choses qui soient vraiment la vie. Il n’y a qu’un chemin qui soit vrai : le chemin de la foi ; non seulement de la foi qui sauve, mais de la foi qui marche, qui triomphe, qui aide les autres. C’est la vraie vie, au lieu que le chrétien soit comme un esclave lié de pesantes chaînes, au point qu’on ne le distingue pas d’un inconverti.

Ici, le peuple d’Israël vient de passer le Jourdain. C’est le troisième fait d’une importance majeure qui caractérise l’histoire du peuple, qui n’est semblable à aucune autre.

Trois grands faits extérieurs ont marqué l’histoire d’Israël.

1°. La Pâque. Le peuple de Dieu ne pouvait pas sortir d’Égypte sans que Dieu règle son propre compte. Il a eu besoin de l’agneau pascal, pour ne pas être frappé. C’est un peuple sur lequel le jugement a passé, étant subi par un autre. Cela est assez familier, mais ne doit pas devenir banal. Il n’y a pas d’accoutumance, dans les choses de Dieu. Il ne doit pas y en avoir.

2°. La traversée de la mer Rouge. C’est aussi la mort. C’est un peuple à l’égard duquel la puissance de Satan est détruite. Cela ne veut pas dire que Satan le laissera tranquille et ne lui fera pas de mal. Mais Satan ne peut effrayer les chrétiens, avec la mort, comme il effraye les inconvertis (Héb. 2:14). Le chrétien sait que la puissance que Satan détient est une puissance, pour lui, détruite.

3°. Le passage du Jourdain. C’est une chose encore presque plus admirable, car nous voyons, dans le récit, que l’arche est là. Elle se tient dans le Jourdain. Les sacrificateurs y entrent. Les eaux du Jourdain reculent. Les sacrificateurs se tiennent là, avec l’arche et, pendant ce temps, le peuple passe. C’est l’image d’une vérité autre que celle de la mer Rouge, une vérité qui risque de devenir un peu désuète parmi nous, un peu oubliée (je ne parle pas du peuple chrétien professant, qui s’attribue les privilèges et les promesses comme s’il en avait le droit).

Ce peuple est un peuple en règle avec Dieu quant au jugement. La puissance de Satan, quant à la mort, ne l’effraie pas. Mais cette vérité dont nous parle le passage du Jourdain a été oubliée, dans la chrétienté, et elle risque d’être oubliée parmi nous. La possession de ce fait est peut-être le point le plus important, quant à la puissance de la vie chrétienne.

Que signifie le fait que les sacrificateurs soient là, pendant que le peuple passe ? C’est que le peuple de Dieu est un peuple mort. C’est une vérité d’une importance incalculable. Le fait que l’arche est restée là, au fond du Jourdain, marque l’identification du croyant avec un Christ mort, puis avec un Christ ressuscité, de l’autre côté de la mort. Combien pensent à cette vérité que lui, le chrétien, est mort ? Dieu ne lui demande pas son avis ; Dieu le voit ainsi. C’est une vérité très pratique, car il est alors de l’autre côté de la mort. Il est mort, mais il est aussi ressuscité.

C’est un des traits caractéristiques du Témoignage des frères. Et les frères ne peuvent en être les continuateurs intelligents et fidèles que dans la mesure où ils sont exercés sur ce point. Tous les vrais chrétiens disent : Jésus est mort pour moi. Mais combien disent : Je suis mort et ressuscité avec Christ ? Quand je dis : Jésus est mort pour moi, je ne vois là que des privilèges. Je suis assuré d’aller au ciel. Mon salut est certain (le salut, c’est tout ce que Dieu fait pour un homme, du moment où Il le prend dans son état de péché jusqu’au moment où Il l’amène dans la gloire). Toutes les vérités ont des conséquences pratiques : Christ est mort ; je suis mort avec Lui. Ce n’est pas toujours agréable, mais Dieu présente cela comme une très bonne nouvelle.

On veut bien prendre ce qui est agréable à la chair, et rejeter ce qui lui déplaît. Tandis que si je reçois cette vérité que je suis mort avec Christ, je n’ai plus le droit d’avoir une volonté propre. Le premier Adam a été condamné à mort, et n’a plus le droit de se montrer. Comment se montre-t-il ? Par l’amour du monde, la volonté propre, des paroles légères, de mauvaises pensées. Vous n’allez pas dire que c’est le nouvel homme qui est la source de cela ?

Le nouvel homme n’a pas besoin d’être exhorté. Mais c’est moi, dans ma condition complexe, qui ai besoin de l’être. J’ai deux natures, mais je suis un seul être. Si le vieil homme se montre, je suis coupable. Cette vérité est sévère, mais puissante. Voilà un chrétien qui a une tendance particulière ; c’est la vieille nature qui est en lui qui le pousse dans ce sens. L’un aimera les richesses, l’autre les honneurs, l’autre les plaisirs, et ce, tout en étant chrétien ! Dieu donne des ressources pour résoudre les problèmes qui, sans Lui, ne pourraient l’être, quant au nouvel homme qui n’aime que Dieu.

Tout le secret de la vie chrétienne est là. Quelquefois, de jeunes chrétiens (vraiment convertis, et qui ont le Saint Esprit) sont torturés, parce qu’ils s’aperçoivent qu’ils ont les mêmes tendances qu’avant. Dieu nous apprend que nous avons besoin d’autre chose que d’être assurés quant au jugement de Dieu. Nous avons besoin d’être délivrés de cette puissance que nous avons tous en nous, qui s’appelle le vieil homme, cette source d’énergie propre que nous avons indépendamment de Dieu. Que l’homme veuille quelque chose, c’est une monstruosité, pour Dieu. C’est une abomination, même s’il prétend vouloir bien faire. Il n’en a pas le droit. La perfection d’un chrétien, c’est de ne rien vouloir, pas même faire le bien, par lui-même. Celui qui entraîne les autres à l’appeler bienfaiteur frustre Dieu, qui est seul digne d’être appelé ainsi.

Il faut condamner l’homme sans la moindre hésitation. Non seulement le chrétien est à l’abri du jugement, mais l’homme en Adam est condamné par Dieu. La racine, le tronc, les branches, les feuilles, les fruits, tout cela a été entièrement condamné à mort. Les frères qui nous ont enseigné ont tiré ces vérités de l’Écriture, au prix d’un labeur considérable. Il n’y a pas de témoignage vrai, dans ce monde, sans cette vérité-là.

Si les chrétiens n’ont pas ces vérités vivantes dans leur âme, l’un ira à droite, vers le monde, celui où on s’amuse, l’autre vers celui où on réussit. Satan a toutes sortes d’appâts qu’il offre à ce vieil homme, et il les offre aux chrétiens, pour en faire des chrétiens vaincus.

La force pratique des chrétiens découle de ces vérités, et elle leur donne de vivre à la gloire du Seigneur. Quelle supériorité serait celle d’un chrétien fidèle, même s’il était, extérieurement, le dernier des hommes ! Le chrétien a un secret. L’incrédule ne peut pas comprendre sa vie. Voyez l’apôtre Paul : on le mettait en prison ; il y était heureux. Impossible de rendre malheureux un chrétien fidèle.

Nos convoitises, tout ce qui nourrit le moi, tout cela est contraire au témoignage du Seigneur. Le peuple de Dieu est un peuple enseveli dans la mort. Nous devrions être exercés à ne présenter devant les hommes que le visage qui manifeste le second homme venu du ciel. Qu’est-ce qui caractérise les traits moraux d’un tel homme ? C’est l’obéissance, la dépendance, la confiance en Dieu, le souci constant de ne rien faire que ce que Dieu veut. Au tombeau de Lazare, Jésus était là. Mais quant on dit à Jésus : «Lazare est mort», Jésus n’a rien fait. Ce n’était pas le moment. Il attend un ordre de son Père. Et alors, le Seigneur, dans cette perfection d’obéissance et de dépendance, a l’occasion d’avoir la gloire, non pas de guérir un malade, mais de ressusciter un mort. Toutes les fois que nous avons à coeur la volonté de Dieu et faisons passer la nôtre derrière, soyons bien assurés que nous recevrons la bénédiction et l’honneur qui viennent de Dieu. Il y a une gloire qui vient de Dieu.

Il ne faut pas croire que nous serons tous identiques, au ciel. Dans la mesure où nous nous serons servis et honorés nous-mêmes ici-bas, dans cette même mesure, nous serons abaissés, à ce moment-là. Celui qui aura cru gagner sa vie la perdra. Il s’agit de la carrière chrétienne. Dans cette carrière, les choses que nous avons cru être un gain, si elles n’ont pas été faites pour le Seigneur, seront une perte. C’était la grande différence entre les chrétiens qui ont eu à coeur le Témoignage et d’autres.

Pour la foi, qui est le Maître, le Chef ? Un, et un seul. Tous les autres sont heureux de n’être que ses esclaves. Retenons cela, que Jésus n’est pas mort seulement pour nous justifier et pour nous laver, mais pour faire de nous un peuple au service de Dieu, un peuple libéré de ses chaînes.

Chers jeunes amis chrétiens, prenez la Parole de Dieu, prenez les écrits des frères qui ont fait leurs preuves, dans des conditions qui n’étaient pas plus faciles qu’aujourd’hui.

«Souvenez-vous de vos conducteurs… et, considérant l’issue de leur conduite, imitez leur foi» (Héb. 13:7).

La chrétienté du jour cherche une issue pour sortir d’un marasme qui s’accroît d’une semaine à l’autre. Mais elle cherche mal, parce qu’elle ne veut pas l’Écriture seule. Car l’Écriture condamne tout ce qui n’est pas de Dieu.

Ici, dans notre chapitre, voilà le peuple qui a traversé le Jourdain. Ce peuple a été mort, et il passe de l’autre côté de la mort. Il est ressuscité. Nous voilà à Guilgal. Nous sommes dans le pays de la promesse. Nous sommes dans les lieux célestes. Quand on entre dans les lieux célestes, on jouit des choses qui y sont. La manne cesse. Pour nous, c’est un peu différent, parce que nous sommes à la fois dans les lieux célestes et dans le désert. Le croyant a la manne, qui est Christ homme, pour le désert, et, en même temps, il a le vieux blé du pays. Il se nourrit d’un Christ glorifié.

On dit que le Seigneur a été présenté, dans son oeuvre, dans trois positions différentes. La Réformation a rappelé la première de ces trois : la croix, le sang qui lave, la justification par la foi. Mais elle n’est guère allée au-delà. Ce n’est qu’une partie du christianisme.

Deux autres vérités ont été remises au jour au siècle dernier : Christ dans la gloire et le chrétien ayant affaire à Lui dans les lieux saints, et Christ revenant chercher l’Église. Ces vérités ont fait le tour du monde. Le Saint Esprit a employé des serviteurs pour remettre ces vérités en évidence. Vous pouvez toujours lire l’Écriture. Si le Saint Esprit ne vous aide pas à le faire, elle est pour vous un livre fermé. Quand Dieu met en évidence la folie de son peuple qui s’est écarté de Lui, il arrive un moment où Il dit : «Engraisse le coeur de ce peuple» (És. 6:10). Cela peut arriver à un chrétien. Dieu peut lui retirer l’intelligence. On ne se moque pas de Dieu.

Soyons sérieux. Cela ne veut pas dire «tristes», car le chrétien est heureux ! L’homme n’est pas heureux, dans ce monde, où tout bonheur est menacé. Tandis qu’un chrétien n’est pas insouciant, mais exercé. Du Seigneur, il n’est jamais dit qu’on l’ait vu rire. Pourtant, Il pouvait dire : «Afin que ma joie soit accomplie en vous» (Jean 15:11). Il nous laisse sa joie, comme sa paix. Prenons le plus possible de la vérité divine ; nous ne le regretterons jamais. Alors, tant d’idoles que nous avons devant nous et dans notre coeur tomberont, l’une après l’autre, sans que nous nous en rendions compte. C’est une question de foi pratique.

Le peuple est donc là, dans le pays de la promesse. À Guilgal s’accomplit la circoncision. Du moment où un homme est un chrétien, il a passé la Pâque, la mer Rouge, le Jourdain. Mais il peut ne pas en avoir conscience, et ne pas en réaliser la puissance. Si l’Église n’était pas en ruine, tous les chrétiens sauraient cela.

Les pierres, à Guilgal, rappellent que la mort a été vaincue. C’est le mémorial de Christ (je ne dis pas que c’est la Cène, bien que cela s’y rattache). Le peuple devait réaliser la circoncision, c’est-à-dire qu’il avait à réaliser, en lui-même et pour lui-même, qu’il avait été enseveli dans la mort de Christ. Cela, c’est la vie chrétienne, que nous pouvons appliquer tous les jours. Nous avons à appliquer la mort de Christ aux tendances de notre volonté propre. Nous avons le privilège de pouvoir le faire. L’arbre entier a été mis à mort, et l’Esprit de Dieu nous demande de faire mourir les actions de la chair. Dieu s’est chargé de mettre la chair à mort, et nous avons à la tenir comme telle. Si nous avons en nous de l’orgueil, par exemple, nous avons à mettre à mort le bourgeon qui est en train de se manifester. Tandis qu’un inconverti peut toujours essayer de le faire ; il ne le peut pas.

On confesse au Seigneur qu’on a une tendance, une mauvaise pensée. On reconnaît que c’est une chose très mauvaise, et Dieu nous rétablit dans sa communion. La mort a donc passé sur nous. Voilà le christianisme pratique. Il repose sur une activité de la foi pour entrer dans la pensée de Dieu, pour faire mourir les tendances par la confession de nos manquements. Et d’abord, nous trouvons un Avocat auprès du Père (1 Jean 2:1).

Mais il y a encore mieux. Nous pouvons demander à Dieu qu’Il nous aide préventivement. Voyons la prière d’Héb. 4:16 : «Approchons-nous… du trône de la grâce, afin que… nous trouvions… du secours au moment opportun». Cette ressource est préventive : demander à Dieu de nous prévenir contre nous-mêmes. Puis, quand nous avons manqué, l’autre ressource est la confession. C’est toute la merveille de l’oeuvre de Dieu envers ses enfants.

Nos pauvres moralistes sont dans l’erreur. Comme il vaut la peine d’être engagés dans ce chemin royal de la vérité divine, tracé par le Seigneur, au milieu d’un monde mauvais ! Avec le Seigneur, un Sauveur mort mais ressuscité, nous avons des rapports vivants, vrais, réels. Nous ne L’avons jamais vu, mais Il est Celui que nous aimons le plus au monde. Ce sont des choses profondes, les seules choses vitales. Nous devons cela à la mort de Christ, à sa résurrection, à sa glorification. Et Il désire que les siens vivent dans les lieux célestes et qu’ils jouissent des choses qui ne se voient pas (et pas seulement au culte, bien que le culte soit l’expression la plus haute de l’adoration).

Est-ce que notre christianisme est un peu orienté de ce côté-là ? Veuille le Seigneur faire qu’il en soit ainsi. Que nous ne disions pas, à la fin de notre carrière : J’ai perdu mon temps. Ce serait triste de dire : Jésus est le meilleur Maître, sans l’avoir réalisé. C’est pourquoi ne forçons personne à exprimer ce qu’il ne réalise pas, bien que chanter un cantique puisse être un moyen d’édification.

Le peuple revenait à Guilgal après une victoire. Une fois, ils ne l’ont pas fait ; ils ont été battus (c’est l’exemple d’Aï — Jos. 7). Dans nos combats spirituels, nous avons à nous souvenir d’appliquer la mort à nos tendances, à notre moi, si nous ne voulons pas que l’ennemi soit plus fort que nous.

Les chutes ne se produisent pas en un jour. Elles sont le fruit d’endurcissements progressifs et, un jour, le chrétien est emporté. Mais il y a parfois un état de sommeil. Nous sommes heureux d’aller au ciel. Nous avons raison. Mais Dieu nous offre le ciel aujourd’hui, dans notre vie, dans ce monde. Et c’est ainsi que nous pouvons L’honorer et montrer que nous L’aimons, en ayant faim et soif des choses du ciel, au lieu d’avoir un tel appétit pour les misérables choses de la terre. Que de fois nous avons chanté : «Ta présence est le bien suprême», sans le réaliser. Quelle grâce de savoir qu’il y a au moins Quelqu’un qui soit toujours vrai et toujours fidèle !

Que la grâce et la paix soient toujours avec nous, pour toute notre carrière chrétienne !

Dieu attache une très grande importance à la carrière d’un chrétien. Qu’il nous accorde d’en faire autant !

 

3   La conquête du pays de la promesse — Josué 1:1-9 ; 5:2, 9-15 ; 7:1, 5-13, 25-26 ; 8:1, 9-10 ; 9:3-6, 14-16 ; 10:7-8, 11-15, 24-26, 28-43 ; 11:18-19 ; Juges 1:34-36 ; 2:16

 

[LC n° 17]

29 novembre 1953

 

Nous savons tous — nous l’avons souvent entendu — que le livre de Josué nous présente ce qui correspond, dans le Nouveau Testament, à l’épître aux Éphésiens, le Jourdain nous représentant la frontière qui sépare le pays de la promesse de ce qui n’est pas le pays de la promesse ; géographiquement, qui sépare le désert du pays de la promesse. Moralement, pour nous aussi, le Jourdain, c’est le fleuve de la mort, que le peuple a traversé pendant que l’arche se tenait au fond du fleuve. L’arche était là, et dresse les eaux du Jourdain. C’est ce que nous avons dans ce livre. Et, pendant que l’arche est là, que les sacrificateurs sont là, leurs pieds sur le fond du Jourdain, le peuple passe. Et, de l’autre côté, c’est le pays de la promesse.

Ceci est une figure de l’entrée dans le pays de la promesse qui, pour les chrétiens, n’est rien moins que le ciel. Par la foi, nous entrons dans le ciel, et nous entrons dans les lieux célestes, par la mort. Nous trouvons cela exactement, dans l’épître aux Éphésiens : «Nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés» (2:1). Alors nous voyons que Dieu nous a fait asseoir dans les lieux célestes dans le Christ Jésus (Éph. 2:6). C’est le livre de Josué. Et le livre de Josué, comme toute l’Écriture, a été écrit comme type des choses qui nous concernent, afin que nous recevions, par ces choses historiques, instruction pour nous-mêmes (1 Cor. 10:11). Ce livre de Josué nous montre un peuple qui est entré dans la mort, et qui est sorti de la mort.

Redisons-le donc, encore une fois, comme il est toujours nécessaire d’y revenir. L’histoire morale de chacun de nous — histoire quotidienne — montre qu’il est indispensable que nous revenions aux grandes lignes de la vérité, et que nous y revenions dans la réalisation des détails de la vie de tous les jours. C’est ce qui fait que la vie chrétienne est à la fois élémentaire, simple, et très grande ; élémentaire et simple, parce qu’elle se relie, dans le cadre dans lequel nous nous trouvons, avec tous les hommes ; très haute et élevée, parce que les motifs, les éléments, qui la nourrissent et la gouvernent, sont d’ordre divin.

Un chrétien, en apparence, extérieurement, pour un oeil humain, ne diffère pas beaucoup d’un autre homme ; sauf que l’oeil humain peut être frappé d’un cachet — et il devrait l’être pour nous tous — moral, formé de bien des caractères plus ou moins fondus, qui doivent distinguer même un chrétien d’un autre homme. Mais la vie ordinaire d’un chrétien est remplie des vicissitudes qui constituent la vie d’un homme, dans ce monde. Quelle est sa grandeur ? Est-ce que la grandeur de notre vie chrétienne réside dans les exploits que nous sommes appelés à accomplir ? Aucunement ; ou, en tout cas, pas des exploits visibles. On peut même dire que le Seigneur a fait des miracles. Alors là, il y avait une manifestation spéciale de puissance. C’était le déploiement de puissance dans un homme, le plus humble des hommes, le plus effacé des hommes, le plus fidèle, dans tout ce qu’il avait à faire. Les disciples aussi ont fait des miracles. Et il y avait un déploiement de puissance divine dans des hommes qui étaient simples : l’un était autrefois un pêcheur ; un autre, un savant appelé apôtre, et, de temps en temps, il faisait des tentes. Il n’y a rien, dans ce qui gouverne un chrétien — et de tout pays qu’il soit — qui lui fasse méconnaître la réalité de la vie courante, les devoirs de la vie courante. Seulement, la grandeur de la vie chrétienne, l’incomparable grandeur, la grandeur qui ne peut pas ne pas se manifester là où il y de la piété, n’est pas dans l’éclat des gestes faits, des actes accomplis, dans le spectacle qu’ils peuvent offrir aux yeux des hommes. Mais elle est dans la profondeur, la pureté et la puissance, des motifs qui les font accomplir.

On a pu même dire — et combien c’est vrai — que le Seigneur, sur la croix, dans sa mort, dans l’accomplissement de sa mort, a offert, dans cet acte suprême, le plus glorieux, le plus merveilleux, et alors le plus efficace, de ce qui a jamais pu être accompli. On a pu dire que, dans l’accomplissement de cette mort volontairement acceptée, dans ce que le Seigneur a fait, il n’y avait pas de trace d’héroïsme. Il n’y a pas trace d’héroïsme, dans la vie chrétienne. Ce n’est pas un élément qui constitue la vie chrétienne. C’est-à-dire que l’héroïsme, c’est l’effort que fait un homme (comme l’enseignent les sages de tous les temps ; ils enseignent les hommes à sortir d’eux-mêmes, par une sorte de sursaut d’énergie, et à se montrer supérieur à ce que l’homme est, et à sortir du niveau médiocre, du niveau humiliant, de l’humanité). Il n’y a pas d’héroïsme, dans la vie chrétienne, aucunement. Il n’y a pas tellement trace de cela. Si nous cherchons cela, c’est la chair qui le cherche.

Qu’est-ce que nous trouvons donc, dans la réalisation de cette vie divine ? Comme nous l’enseigne le Nouveau Testament, et en figure ce que nous avons lu, qu’est-ce qui fait qu’elle est grande, tout en étant simple, élevée, profonde, tout en étant vécue dans le cadre de ce que nous faisons tous les jours, les uns et les autres, pour gagner notre vie ? Qu’est-ce qui fait que la vie chrétienne est une très grande chose, qu’un chrétien, s’il est fidèle, ne peut pas ne pas être revêtu de grandeur ? Ce n’est pas parce qu’il sort de lui-même et que, par un effort exceptionnel et remarquable, il cherche à sortir de lui-même. Mais c’est tout l’inverse. C’est parce que Dieu est en lui. Voilà le secret de toute notre vie chrétienne à tous, nous qui sommes chrétiens. Dieu était en Christ : «Celui qui m’a vu, a vu le Père» (Jean 14:9). Dieu était en Christ. Dieu doit se voir en chaque chrétien. Si Dieu ne se voit pas, aucun effort, aucune éducation chrétienne, aucune influence quelle qu’elle soit, aucun effort pour sortir de soi, ne réussira, pour un chrétien, à faire qu’il manifestera ce que Dieu seul peut manifester en lui. Un chrétien, c’est quelqu’un en qui Dieu est et doit se manifester. Y a-t-il rien de grand comme cela ? C’est incomparable, inimitable. Nous le chantons : «Modèle inimitable…». Mais la vie qui était en Jésus, c’est la nôtre. Et alors, chers amis, quelques mots sur ce que nous avons lu, qui nous donne quelques-unes des conditions pour que ce soit réalisé. Nous le sentons tous — nous le redisons souvent ici. Mais il faut penser que chacun de nous le sente beaucoup plus qu’on ne le lit, parce que c’est la vie de tous les moments. Est-ce que j’ai Dieu avec moi ? Est-ce que je jouis de Dieu avec moi ? Est-ce que Dieu se manifeste en moi ? Je n’ai pas besoin de me sonder, pour cela. Mais voilà la vie chrétienne : Dieu dans un homme.

Et c’est ce que nous avons lu, au moment où le peuple entre dans le pays de la promesse, en traversant le Jourdain, de même que nous sommes entrés dans le Jourdain en traversant la mort. Le passage du Jourdain, c’est le croyant mort avec Jésus. La Pâque, c’est Jésus qui est mort pour le croyant. Au Jourdain, c’est le croyant qui est mort avec Jésus. Et il passe de l’autre côté du Jourdain, image de la résurrection, et même, on peut dire, de l’ascension.

Dieu dit à Josué : Voilà le pays. Il donne les frontières jusqu’à l’Euphrate, jusqu’à l’Égypte. Jamais le peuple n’a eu tout cela. Il n’a pas eu la force de le faire. Voilà ton pays ; voilà les frontières. C’est le premier point. Cela aura lieu plus tard. Mais, deuxième point : Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous. Voilà les frontières de votre pays. Mais votre pays, pratiquement, ce pays, n’est à vous que dans la mesure où vous mettez le pied sur lui. Le point que votre pied atteint, c’est le territoire qui est à vous. Celui qui est au-delà de l’endroit où votre pied s’est posé n’est pas à vous. Pratiquement, les choses de Dieu ne sont à nous que lorsque nos coeurs les ont saisies. Et alors, nous trouvons là la différence entre avoir une connaissance extérieure des frontières, et avoir fait la conquête. Il y a une grande différence. On dirait à n’importe lequel d’entre nous, même jeune chrétien : Quels sont les éléments du christianisme et de la doctrine chrétienne ? Il répondra généralement d’une façon très juste. Mais on nous demanderait ensuite : Qu’est-ce que vous en réalisez, de cela ? On demande à quelqu’un : Vous êtes sauvé ? Oui. Vous irez au ciel ? Oui. Et dans quelle mesure réalisez-vous le ciel maintenant ? Voilà l’autre côté, l’autre face. Or, c’est ce côté-là qui intéresse Dieu, le Seigneur, et qui, pratiquement, nous intéresse, parce que c’est cela, pour nous, être chrétien. C’est triste, si nous disons : Je serai chrétien au ciel. Il n’y aura plus de chrétiens, au ciel, dans le sens où nous le sommes sur la terre. Il n’y aura plus de témoins, au ciel. C’est sur la terre qu’il y a des chrétiens témoins, des chrétiens combattants, des chrétiens soldats de Jésus Christ. Dans le ciel, ce sera fini, heureusement. Il n’y aura plus de combats, plus d’adversaires, plus de corruption, plus de ce mensonge qui a ravagé ce pauvre peuple. Au ciel, on est chez soi. Et si on n’est pas chez soi, alors là, nous sommes repris, certainement tous, quand la Parole nous dit : Comment sommes-nous chrétiens pratiquement ? Où est le point que notre pied a atteint ? Sur quel point s’est-il posé ? Peut-être la plupart d’entre nous sommes restés au bord. Le Jourdain est franchi. Et encore, il y en a peut-être beaucoup qui n’ont pas franchi le Jourdain ; qui sait ? Ou bien la Pâque a passé sur eux. Ils le savent, et ils sont dans le désert à la Pâque. Ils ont franchi la mer Rouge, et sont dans le désert.

Le christianisme, c’est quoi ? Du désert, rien que du désert. C’est triste, si on n’a que le désert ; c’est très triste. Voilà pourquoi les gens du monde nous disent : Vous êtes plus malheureux que tous les hommes. L’Égypte est plus heureuse que les gens qui habitent dans le désert, mais moins que ceux qui sont dans Canaan, qui vivent dans un pays ruisselant de lait et de miel. L’Égypte peut faire envie à quelqu’un qui n’est pas sorti du désert, qui n’a rien que le sable. Il y avait les poireaux, les concombres. Mais il y avait le Pharaon. On l’oublie (il y avait le diable ; on l’oublie). Mais si on jouit du pays ruisselant de lait et de miel, si on compte sur lui, l’Égypte ne fait pas envie.

Nous l’avons déjà dit, nous sommes à la fois dans le désert et dans le pays de Canaan ; le désert, parce que tout le monde y connaît les expériences et a à apprendre les leçons du désert ; mais notre coeur peut entrer au ciel. C’est ce que nous sommes invités à faire. Est-ce que nous sommes diligents pour réaliser notre prise de possession du ciel ? Lisons l’épître aux Éphésiens. Est-ce que nous sommes diligents ? Il faut peu de choses, pour que le ciel n’intéresse pas, très peu de choses ; un petit détail, et le ciel est fermé ; un manque de vigilance, et le ciel perd sa saveur. Si on trouve une apparente verdure, dans ce monde, on s’y arrête ; et on s’aperçoit ensuite que c’est le sable. Et les chrétiens sont mécontents. Ils se plaignent de Dieu, de tout le monde, des autres. Dieu dit à Josué : Tout lieu que foulera la plante de ton pied est à toi. Il est probable que nous avons encore des conquêtes à faire. Il y a peut-être des chrétiens qui font de grandes conquêtes, dans ce monde. Et, quand ils entreront là-haut, ils n’auront rien. Tandis que, si un chrétien est exercé par la prière, par la Parole, à vivre avec le Seigneur, il comprend le ciel beaucoup mieux. Des chrétiens disent : Je ne comprends pas bien l’Écriture. On la lit une fois par semaine ! Prenons le moindre livre technique, n’importe lequel, pour exercer n’importe quelle profession. Prenez votre ouvrage, le livre nécessaire pour exercer votre profession. Lisez-le une fois par semaine. Vous verrez comment vous réussirez, dans votre travail ! Contentez-vous de le lire une fois par semaine et à la hâte, et dites : Maintenant, je passe à autre chose.

Le coeur s’engage, les affections s’engagent, dans la mesure toujours croissante où on s’occupe des choses de Dieu. Un livre s’ouvre ; c’est une merveille, les passages dans lesquels on ne trouvait rien. Dieu révèle une profondeur de pensée, une source de bénédiction, de rafraîchissement, de force. On trouve Dieu là où on ne trouvait que des versets, des expressions. On trouve Dieu. On a Dieu, de l’instruction, de la force, de la répréhension.

Chers amis, eh bien, voilà comment il faut prendre possession du pays. Et puis, ce qu’il y a de très intéressant, c’est que tout le monde peut en faire la conquête toute entière. Il n’y a pas de conflit de prise de possession. Tout le monde peut la faire. Est-ce que nous faisons des progrès, dans la connaissance de ce pays d’en-haut ? Est-ce qu’il remplit notre coeur ? Est-ce qu’il nous remplit de joie ? Chers amis, oh, il ne s’agit pas d’une joie dite, de parler de joie ! Il faut l’avoir dans son coeur, dans sa vie, tous les jours, la joie que Dieu donne. Alors on peut faire son travail. Mais on le fait en passant. On travaille ailleurs ; on va ailleurs ; on acquiert ailleurs.

Voilà Josué. C’était pénible pour tous, la mort de Moïse ; un homme comme il n’y en a pas un autre, très doux, plus doux que n’importe lequel de ceux qui étaient sur la surface de la terre (Nomb. 12:3). Il avait appris la douceur, la patience. Il n’en avait pas, au commencement, quand il a tué (Ex. 2:12). Pour partir, il a tué un homme. Moïse est parti. Et alors, Dieu dit : Moïse n’est plus. Et Josué aurait pu être découragé : Qu’est-ce qui va arriver ? Dieu reste. Josué avait été préparé. Les hommes passent ; Dieu reste. Même les serviteurs de Dieu passent ; Dieu reste. Un serviteur disparu, en voilà un autre qui était tout prêt. Dieu n’avait rien dit, pour Josué. On le voyait poindre depuis longtemps. Dieu vient encourager Josué, et vient lui dire : Ne crains pas ; ne crains pas. Est-ce que Dieu vient nous dire : Ne crains pas ? Entendons-nous ? Notre coeur a-t-il une oreille pour entendre ces paroles de Dieu : Ne crains pas ? Qui doit-on craindre ? Dieu. Ne crains pas, dit Dieu. Il y a à craindre vis-à-vis de notre propre coeur, qui nous mène par où nous disons que nous ne voulons pas aller. Mais où nos pieds vont, notre coeur est allé d’abord. Il y a à craindre le diable, qui aura fait du mal, qui fait du mal au peuple chrétien, aujourd’hui ; quel mal !

Mais Dieu dit : Ne crains pas ; j’ai été avec Moïse, je serai avec toi. Attention, la confiance d’un homme de Dieu n’est pas passive, mais active. Et Dieu dit : Ne crains pas ; mais que ce livre de la loi ne s’éloigne pas de ta bouche, et médite-le jour et nuit ; ne t’en écarte ni à droite ni à gauche.

«Médite-le jour et nuit» : nous méditons la Parole de Dieu, chers amis, un peu tous les jours. Nous lisons la Parole de Dieu. Voilà ce que ce passage nous dit : «Médite-la jour et nuit… ne t’en écarte ni à droite ni à gauche… fortifie-toi et sois très-ferme… sois ferme». Comment peut-on être très-ferme, pour un chrétien ? Est-ce un homme qui est ferme, qui est violent, qui affirme avec violence sa volonté ? C’est un pécheur qui fait cela. Quand est-ce qu’on peut être très-ferme, selon Dieu ? Quand on est avec Dieu. Et quand est-ce qu’on est avec Dieu ? Quand on prie, qu’on lit la Parole, qu’on réalise la communion avec Dieu. On est tranquille ; on est très ferme ; on voit clair. Quelqu’un qui n’est pas ferme, d’abord, il peut hésiter. Il peut vaciller, parce qu’il est soumis à toutes sortes de choses. Et il ne voit pas son chemin. Pourquoi ? Parce qu’il y a trois ou quatre voix qui lui parlent en même temps. Alors on n’entend pas. On ne sait pas ce qu’il faut faire. On est tiraillé par trois ou quatre influences. On ne peut être ferme.

Être ferme, c’est entendre la voix de Dieu, écouter sa voix, entendre et écouter ce qu’il dit. «Parce qu’il est à ma droite je ne serai pas ébranlé» (Ps. 16:8). Il faut être ferme avec Dieu de la même façon. J’entends une voix ; je n’entends pas la voix d’un étranger ; j’entends la voix du bon Berger. On n’est pas faible ; on n’hésite pas. Et, d’autre part, on n’a pas peur.

Un chrétien qui n’est pas avec Dieu a peur. Il a peur des autres, des conséquences, de déplaire au monde, de déplaire à tel ou tel. Quand nous marchons avec Dieu, on n’a pas peur. Nous n’hésitons pas ; nous n’avons pas peur.

Je me rappelle un serviteur de Dieu qui savait ce que parler voulait dire, lorsqu’il s’agissait d’être fidèle au Seigneur. Et il savait ce que cela coûtait. Il répondait une fois à quelqu’un : Mais si vous faites ceci, les conséquences, l’avenir ! Il y a un avenir, pour le chrétien : la gloire de Dieu. Une seule chose compte, la gloire de Dieu, dans ce qu’on fait au moment même, et pour toutes les conséquences, l’avenir ; la gloire de Dieu.

Est-ce que nous nous appliquons, chers amis, à nous fortifier, à être fermes, et à être très fermes ? Nous le savons, il faut être énergiques, non pas d’une énergie naturelle. Cette énergie, il faut que Dieu la brise, une fois ou l’autre. Il ne se sert pas de l’intelligence de l’homme. Le cheval n’est pas utile à Dieu (c’est une image) ; les jambes de l’homme non plus. Dieu se sert d’un homme brisé. Oh, qu’il nous tienne brisés ! Dieu ouvre son chemin ; très bien. Il le ferme ; très bien. Un homme ferme est tranquille. Voilà l’homme énergique. L’exemple, le type, du chrétien énergique, c’est Paul. Un homme énergique, ferme, c’est un homme qui a un seul but : suivre Dieu dans ses voies. Si nous voulons plaire à beaucoup d’hommes avant de plaire au Seigneur, nous serons inconstants dans toutes nos voies (Jac. 1:8). Il est ajouté «comme l’eau de la mer». Paul, on pouvait l’avoir connu trente ans avant, et le retrouver après : on trouvait le même homme, mûri davantage. Il aurait eu davantage de marques sur lui, sur ses mains, sur son dos. On m’a outragé beaucoup depuis que je ne l’avais pas vu ; que d’outrages ne m’a-t-on faits ? C’était le même chemin, le même service, le même but devant lui. Que Dieu nous accorde que la fin de notre vie soit le terme d’une marche orientée dans le même but. Que Dieu nous accorde cette grâce et cette gloire pour lui.

Ensuite, ah, chers amis, ce sont de petites choses qui font la vie divine, la vie d’un homme ! Ce sont les petites influences, l’absence de l’influence divine vécue, réalisée, et de la fermeté qu’elle donne, qui font qu’un homme chrétien est soumis à de fortes influences, qui l’emportent.

N’allons pas dire qu’un chrétien mondain est plus heureux qu’un chrétien qui se promène en long et en large dans le pays de la promesse. Ce n’est pas vrai. Il nous arrive d’aller nous promener un peu partout, par le coeur et par la pensée. Qu’est-ce qu’il faut ? Que nous revenions. J’ai perdu du temps, et j’ai été bien malheureux.

La coupe de la joie que Dieu donne est pleine ; elle déborde.

Voilà, ce que Dieu dit à Josué, c’est qu’il y a un gros travail à faire, et immédiatement. Il y a plus qu’un travail ; il y a la guerre. Nous trouvons ensuite que, Dieu ayant parlé à Josué, Josué parle au peuple. Nous savons d’abord qu’avant d’avoir rien fait, il leur parle. Mais, le Jourdain franchi, avant de livrer aucune bataille, avant qu’aucun acte extérieur soit accompli, Dieu fait un travail intérieur. Dieu travaille en nous avant de travailler par nous. Dieu travaille toujours en nous.

Voilà par où commence la guerre. Et qu’est-ce que Dieu fait en nous ? Quel est le travail que Dieu fait en nous, pour que la guerre puisse être entreprise, vis-à-vis de ce qui est les Amoréens, etc. ? Qu’est-ce que Dieu fait ? Quel est le travail ? Qu’est-ce qu’il applique ? La mise de côté de tout ce que le peuple était par nature ; la mise de côté des sentiments, la mort, Guilgal. Rappelons-le, la mort. La mort en soi n’est pas la puissance. On l’a dit ; c’est tout à fait juste. En soi, la mort n’est pas une puissance. Mais elle est la condition pour que la puissance de Dieu soit là. Et où un homme vit avec sa volonté, son énergie naturelle, il n’a pas toujours Dieu pour lui, mais Dieu contre lui. Voilà pourquoi Guilgal. Nous avons vu la circoncision, la mort. Guilgal veut dire roulement : J’ai roulé de dessus toi l’opprobre de l’Égypte. Voilà un peuple qui avait le caractère de l’Égypte. À partir de ce moment-là, c’est un peuple sur lequel la mort a passé. C’est une figure. Nous sommes morts avec Jésus, et pratiquement, pour avoir la puissance de Dieu avec nous, dans notre vie. Un frère, une soeur, un père de famille, dans sa vie de tous les jours (qui n’est pas facile, très éprouvante, pleine de charges, de soucis, d’exercices de conscience et de coeur), a besoin de quoi, pour être chrétien ? Là comme ailleurs, quel est le secret de la force, pour jouir de Dieu, dans l’accomplissement de ce qui est tout à fait ordinaire, et dans lequel Dieu nous laisse ? Premièrement, de la mise de côté de nous-mêmes, de la mort. Guilgal est toujours là. C’est la mise à mort de ce qu’est l’homme naturel dans sa volonté et ses convoitises.

Voilà un guerrier de Dieu. C’est donc un homme qui est d’abord bien mort. Dieu, au lieu de nourrir l’énergie naturelle de l’homme, des chrétiens, la nôtre, commence par la détruire, et nous donne une autre énergie, qui est l’énergie spirituelle du Saint Esprit en nous. Oh, combien c’est vrai, chers amis, et profond ! Nous faisons tous l’expérience que, quand nous voulons même aider Dieu, Dieu est obligé de nous dire : Tu pèches ; tu désobéis. Et plus nous sommes heureux et plus nous sommes forts, plus Dieu nous brise. Et sa puissance s’accomplit ainsi dans notre faiblesse réalisée, et la puissance de Dieu remplit le vase que Dieu a commencé par vider. Cette expression, nous l’avons entendue depuis longtemps par nos devanciers et frères anciens que nous avons connus : vidé de soi-même, vidé de tout, vidé ! On comprend cela, en prenant de l’âge. Et quelle profondeur de vérité morale se trouve dans ce simple mot qui, d’ailleurs, se rattache à la vraie doctrine chrétienne : être vidé de soi. Oh, chers amis, c’est la perfection, la perfection pratique ! Le moi du chrétien, ce moi que Dieu reconnaît, c’est Christ. Le nouveau moi du chrétien, c’est Jésus : «Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi» (Gal. 2:20). Le chrétien a changé de moi. Non seulement il a la vérité éternelle, pour ainsi dire. Mais il y a ensuite la réalisation quotidienne. Voilà l’application de la mort, Guilgal. Nous l’avons vu ; nous l’avons signalé ; chacun le sait. Et Josué retourna dans le camp à Guilgal. Pour quoi faire ? Pour reprendre contact avec cet état moral de choses où l’homme est mis de côté, et où Dieu se met au service des siens. Quel bonheur ! Que Dieu nous accorde cela !

Ensuite, nous trouvons à Guilgal qu’un homme se présente avec une épée nue dans sa main. Ce n’est pas une épée dans son fourreau, mais nue dans sa main. Une épée nue dans la main d’un homme de guerre, cela ne veut pas dire qu’on va se promener. Cela signifie que des choses sanglantes vont se produire, des combats sanglants vont se livrer, une lutte à mort. C’est vaincre ou mourir, comme on dirait parmi les hommes. On est vainqueur ou on est mort. Évidemment, il n’y a pas de moyen terme. On ne peut pas traiter avec les ennemis qu’on va rencontrer. Il n’y a pas d’alliance possible. On est contre eux jusqu’à la mort. Ou on sera avec eux, mais contre Dieu, jusqu’à la mort. Pas d’alliance possible : c’est ce que le peuple de Dieu a oublié. La fausse charité, qui épargne la chair pour ne pas épargner Dieu, conduit le peuple aux défaites et aux humiliations les plus sanglantes. Qu’est-ce que cela veut dire ? Avec qui ne pouvons-nous pas traiter ? Avec qui est-il impossible que le chrétien traite ? Avec les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes (Éph. 6:12). Notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre le diable ; et c’est ainsi. Voilà la lutte. On ne traite pas. Et le diable se sert de toutes sortes de choses. Nous n’entendons pas le diable parler. Nous ne voyons pas de démons, comme autrefois on le trouvait. Mais il emploie les mêmes moyens. Alors là, il n’y a pas d’alliance, aucune. Le Seigneur nous conduit à un combat sans merci. Celui qui n’est pas vainqueur est éliminé ; et nous savons ce que cela veut dire. Nous ne traitons pas. Voilà pourquoi nous trouvons ensuite une trahison. Il y a deux trahisons, dans ce que nous trouvons là, ou plutôt une.

La trahison d’Acan est une véritable trahison : l’entrée d’un interdit parmi le peuple de Dieu. Celui qui en est coupable est un traître. Voilà un peuple anathème. Et voilà un peuple qui a le Jourdain derrière lui, et les Cananéens devant lui. Il faut qu’il y ait Dieu à tout prix avec lui, ou c’est un peuple perdu — et de la façon la plus sanglante qui soit. De même avec nous : si nous n’avons pas Dieu avec nous dans la position chrétienne, le témoignage chrétien, nous sommes battus complètement. Nous ne pouvons pas être des chrétiens pour Dieu sans Dieu. Et Dieu est avec nous si Guilgal est réalisé, la mise de côté de nous-mêmes, et s’il n’y a pas d’interdit, comme nous le trouvons pour Acan. Qu’a pris Acan ? Pas grand chose. Il a désobéi à Dieu. Il a pris un manteau, un peu d’or. Il a caché tout cela. Personne ne l’a vu, ni Josué, ni personne. Il a dû le faire avec les siens : ils sont tous lapidés. Ils ont dû faire cela de connivence entre eux. Ils ont été très habiles. Mais un homme les a vus, un. Et Josué apprend cela. Comment ? Dieu le lui dit-il ? Non. Comment l’apprennent-ils ? Par les faits eux-mêmes, par une défaite à une petite ville, Aï, rien du tout ! Et ils sont battus, alors que Jéricho est tombée. Alors Josué, qui était un homme de Dieu et comprenait toutes choses, sait ce que cela voulait dire. Instantanément, il a le sentiment du drame, et que vraiment cette situation est terrible, qu’il y a un fait grave, de première gravité, qui s’est passé dans le camp. Alors nous voyons ceci : Dieu n’est pas avec eux. Il dit, avec raison : Pourquoi nous as-tu fait monter là, si tu ne nous conduis pas ? Pourquoi sommes-nous en défaite ? Oh, qu’ils aillent dans le monde, ceux qui veulent le monde et qui l’aiment ! Qu’ils y restent ! Ils ne peuvent pas avoir le monde avec eux, parmi le peuple de Dieu. On ne peut pas ; on apporte de l’interdit. Pour être le peuple de Dieu, livrer les combats de Dieu, faire face à la puissance du diable, qui veut à tout prix barrer, au peuple de Dieu, la route des joies célestes, il ne faut pas les éléments mondains qui restent là. Il y a ainsi des possibilités chrétiennes, aujourd’hui, à la fin de l’Église chrétienne. Mais, pour le témoignage du Seigneur, il faut des coeurs décidés, fermes, remplis de Jésus, qui cherchent leur joie auprès de Jésus, et des coeurs exercés. Que Dieu nous accorde cela, chers amis.

Acan était un traître. Acan, pour un peu d’or, pour un manteau, n’a pas reculé devant le fait de risquer toute la vie du peuple, puisque Dieu dit : Il y a de l’interdit ; je suis contre vous. Il est davantage contre son peuple, quand il y a de l’interdit, qu’il ne l’est contre le monde. Il se serait mis contre son peuple en laissant les Égyptiens bien tranquilles. Quelle leçon ! Que Dieu nous accorde de ne jamais oublier que le premier des caractères, le plus essentiel des caractères, du peuple de Dieu, c’est la sainteté. C’est le premier, le plus constant, le plus invariable, ce à l’égard de quoi Dieu est le plus exigeant. Il ne change pas. Et quelqu’un qui favorise ce manque de sainteté, de séparation, de jugement et de purification, du peuple, est un traître.

Acan et tous les siens y ont passé.

Nous trouvons ensuite Gabaon, et une autre faute. Mais là, Josué a manqué, comme peut-être aussi il avait manqué pour Aï. Car, en lisant beaucoup l’Écriture, et de près, on y découvre beaucoup de choses. Pour Aï, on voit qu’après l’échec sanglant, Josué inspecte le peuple. Il n’avait pas dû le faire avant. Et il aurait dû le faire de bon matin.

La négligence suit souvent un succès comme celui de Jéricho. C’est la porte ouverte aux défaillances.

Pour les Gabaonites, ils n’ont pas consulté la bouche de l’Éternel. Les Gabaonites viennent, racontent une histoire. On en a tant raconté, depuis, des histoires. Mais, au lieu de consulter l’Éternel, on essaie, pour la paix, sans doute. Voilà, on traite avec eux ; et on donne un serment de paix. Immédiatement, on découvre la supercherie. Et cette faute de Gabaon fut plus grave que celle d’Aï. On a manqué de consulter Dieu. On a traité alliance avec des éléments qui n’étaient pas avec le peuple de Dieu. Celui qui n’est pas avec moi est contre vous. Ceci ne veut pas dire que nous devons souhaiter du mal à qui que ce soit ; absolument pas. Nous souhaitons le bien du pauvre pécheur, du plus grand ennemi du peuple de Dieu. Nous souhaitons son bien. Le Seigneur dit : «Priez pour ceux qui vous persécutent» (Matt. 5:44). Lorsqu’il s’agit du témoignage du Seigneur, de la vérité divine, nous n’avons pas de pacte à signer. Ce n’est pas possible. L’homme, quel qu’il soit, s’il n’est pas pour Dieu, est contre Dieu.

Ce n’est pas la peine de le proclamer, comme nous le disons si souvent au culte, et de faire l’inverse. Un homme, quel qu’il soit, s’il n’a pas la vie de Dieu, est un ennemi de Dieu et des enfants de Dieu. C’est une question, non pas de caractère, mais c’est une question de nature. «Par ceci sont rendus manifestes les enfants de Dieu et les enfants du diable» (1 Jean 3:10). Ce n’est pas nous qui disons cela. Voilà un langage clair.

Et alors, pour le peuple de Dieu, témoignage du Seigneur, pour les combats de Dieu, nous ne pouvons avoir Dieu avec nous que lorsque ce qui est de Dieu est avec nous, et que nous veillons à la mise de côté de soi-même, chacun pour soi. Ceci est vrai pour tous les frères et soeurs.

Dieu encourage encore Josué, plus loin. Voilà des rois : Mettez les pieds sur les cous de ces rois. C’est le peuple qui a Dieu avec lui. Ces rois étaient terribles, pour la chair. Ils avaient peur, ces Israélites, devant toutes ces villes murées jusqu’au ciel. Dieu les réconforte. «Celui qui est avec nous est plus grand». Le diable, les gens du monde, emploient des armes que nous ne pouvons pas employer. Pour nous, la grande arme de l’arsenal que nous avons, c’est la mort. Si nous nous mettons de côté nous-mêmes et réalisons cela, nous sommes heureux, et nous avons Dieu avec nous. Il nous dit : Mettez vos pieds sur le cou de ces rois. «Nous sommes plus que vainqueurs…» (Rom. 8:37-39).

Celui qui est ainsi est plus que vainqueur en celui qui nous a aimés.

Que Dieu nous donne d’être plus que vainqueur à la gloire de celui qui est le grand vainqueur de la mort, et dont le peuple qui suit est un peuple qui devrait chanter, et non pleurer ; chanter la gloire, au lieu d’être un peuple mondain ; avoir des chants dans le désert et dans le pays. La première des choses, chanter à la gloire de Dieu qui a brisé nos chaînes, qui a fait des chrétiens un peuple qui soit libre au monde. La seule liberté qui soit pour l’éternité, c’est la liberté que Dieu donne par l’oeuvre de Jésus, qui non seulement est mort pour nous sur la croix, mais pour nous délivrer de la puissance de la chair, de la puissance du diable. Voilà la vraie liberté que Dieu reconnaît. Qu’il nous donne d’en jouir profondément. Et, qu’étant libres, nos coeurs soient des vases remplis de reconnaissance. Qu’ils fassent retentir le désert de chants à la gloire de Dieu et de celui qui a fait l’oeuvre par laquelle Dieu est glorifié.

Y aurait-il quelqu’un qui gémirait sous quelque esclavage ? Qu’il s’adresse à Dieu, demande à Dieu de le délivrer, de le remplir de joie, de force. Y aurait-il quelqu’un qui ne serait pas converti ? Qu’il s’adresse à Dieu. Dieu donne aussi le salut, encore aujourd’hui.

 

4   La Pâque, mer Rouge, Jourdain, Guigal, Bokim — Exode 12:7, 12, 13 ; 14:21-25, 27-29 ; Josué 4:15-19 ; 5:4-7, 9, 13-15 ; 10:15 ; Juges 2:1-5

 

[LC n° 2]

8 février 1948

 

Le premier passage que nous avons lu concerne la nuit de la pâque : c’est la première rencontre avec Dieu du peuple qui est encore en Égypte ; c’est le premier contact, pour ainsi dire, avec Dieu.

Si Dieu doit arracher son peuple à l’Égypte, c’est-à-dire au monde, et si Dieu doit juger le monde, il ne peut pas ignorer le péché de son propre peuple. Les Israélites qui étaient en Égypte n’étaient pas en meilleur état que les Égyptiens. Si Dieu sortait de sa demeure pour rencontrer le péché, il le voyait tout d’abord dans son propre peuple. Dieu ne peut pas attirer à lui un peuple couvert de péchés. Et c’est pourquoi, avant de le libérer, avant de l’arracher au monde, il règle le sort de ce peuple devant lui ; et, avant d’intervenir pour faire sortir son peuple, il règle la question plus importante des rapports du peuple avec lui, question plus importante que la délivrance vis-à-vis du monde, qui n’est pas la première chose. La première chose, c’est de régler ses rapports avec Dieu. Il est très fréquent qu’on voie l’ordre des choses renversé, même dans l’enseignement, et souvent, on oublie que le premier de nos devoirs, c’est celui qui consiste à avoir affaire à Dieu. C’est avec Dieu que notre situation doit être, avant tout et en tout premier lieu, réglée.

Un homme du monde se soucie peu de Dieu ; un chrétien mondain, pas beaucoup. Plus un chrétien craint Dieu, plus il fait intervenir Dieu en tout premier lieu, les frères après ; le monde après.

Puisque Dieu doit prendre le peuple à lui, il faut qu’il abrite son peuple. Si Dieu est un juge, il commence par l’être pour son propre peuple, si le peuple n’est pas couvert ; c’est pourquoi Dieu lui-même donne l’abri à son peuple en instituant la Pâque.

Il a fallu beaucoup de foi, pour faire la Pâque : Hébreux 11 souligne la foi de Moïse. Comment le sang d’un agneau égorgé, le sang placé sur les poteaux et le linteau de la porte, peut-il arrêter le jugement de Dieu ? «Par la foi, il a fait la pâque» (v. 28).

Est-ce que tout le monde ici est à l’abri du sang de Christ ? Le sang de Christ n’est pas une religion. Le sang de Christ représente le sacrifice expiatoire de Christ, le fait que Christ a porté nos péchés en son corps sur le bois — les péchés de ceux qui croient. La Pâque nous présente donc le fait que Dieu sort de sa demeure pour juger, et il frappe le monde en frappant les premiers-nés du pays d’Égypte. C’est pourquoi le premier-né des fils d’Israël appartenait à Dieu, et les lévites ont remplacé les premiers-nés d’Israël.

La seconde scène qui nous parle de la croix de Christ, c’est celle où nous voyons que la puissance du Pharaon est brisée. Le chef de ce monde poursuit le peuple de Dieu avec toute sa force ; et c’est la traversée de la mer Rouge qui, d’un côté, est la délivrance à travers la mer pour le peuple de Dieu et, de l’autre, est la condamnation pour le monde et pour son chef.

À la croix de Jésus, la puissance du monde et du chef de ce monde a été brisée. Le monde, le chef de ce monde, qui est Satan, ne peuvent plus rien contre le peuple de Dieu. Quelqu’un qui a cru, quelqu’un qui est à Christ, le monde ne peut pas lui ôter ce que Dieu lui a donné. Dieu compte cet homme parmi son peuple. Il y aurait évidemment beaucoup de choses à dire sur toutes ces vérités.

Les eaux ont été un mur à leur droite et à leur gauche, image de la mort qui condamne et qui engloutit sans rémission ce qui est dans le monde. Le monde et les choses qui y sont, les sages, les philosophes, les moralistes, les hommes religieux, tous ceux-là avec leurs chars et leurs cavaliers, sont engloutis par la mer. Il n’y a pas un philosophe, pas un de ceux qui se prétendent immortels, qui ne soit comme ces chars, ces cavaliers de l’armée du Pharaon : mis à l’épreuve par la mort dans la mer, ils sont engloutis, et rien ne reste d’eux.

J’espère qu’il n’y a pas un chrétien ici qui se laisse éblouir par la gloire que le monde rejette sur ses grands hommes. Ce n’est pas si sûr ! Eh bien, les grands hommes de l’Égypte, avec leurs chars et leurs cavaliers, où faut-il les voir ? «Étends ta main», dit l’Éternel à Moïse ; et il a étendu sa main, et les eaux sont repassées ; elles ont englouti l’armée du Pharaon.

Y a-t-il ici un chrétien, chers amis, donc quelqu’un qui a traversé la mer Rouge à sec, avec les eaux de la mer à sa droite et à sa gauche comme un mur, assez infidèle à celui qui l’a délivré de la mort pour se prosterner devant les chars et les cavaliers du Pharaon ?

Le peuple de Dieu est composé, très souvent, par des gens qui n’ont pas beaucoup d’éclat quant aux choses de ce monde. Tant mieux ; et, même s’ils ont de l’éclat quant aux choses de ce monde, Dieu leur apprend à se dépouiller de cet éclat et à se souvenir que la gloire qu’il répand sur eux, c’est la gloire de Dieu lui-même, du Dieu rédempteur, du Dieu plus puissant que la mort. Un chrétien, quel qu’il soit, même un petit enfant converti, c’est quelqu’un qui peut dire : j’ai traversé à sec les eaux de la mer Rouge ; je ne peux pas l’expliquer ; je ne suis pas un savant, je ne suis pas un philosophe, je ne suis pas un moraliste, mon nom ne sera pas sous les coupoles où on honore les grands hommes de ce monde, mais mon nom est écrit dans le livre de vie. Est-ce que cette gloire nous suffit, chers amis, ou non ? Elle suffit à Dieu. Dieu n’en a pas d’autres à nous donner, et cette gloire efface toute autre gloire. Ah, le peuple de Dieu a besoin, chers amis, de revenir, de se remettre en contact avec les vérités de Dieu et la mort, la croix de notre Seigneur Jésus Christ.

Nous voyons là les deux choses en contraste. Le peuple fourmille de femmes, d’enfants, et compte six cent mille hommes de pied. Des petits, il y en avait ; ceux qui avaient été épargnés la nuit de la Pâque, ils étaient là ! Ce n’était pas une armée, c’était un troupeau, le troupeau du berger d’Israël. Ils n’avaient aucune puissance. Ils avaient les Égyptiens derrière, le Pharaon avec toute sa force, et la mer Rouge, devant eux : «Étends ta main».

Chers amis, on sent le besoin de revenir à ce que Dieu nous a donné. Le christianisme, aujourd’hui, de plus en plus, même parmi nous, tend à obscurcir les gloires dont Dieu a couvert son peuple par de fausses gloires de ce monde. Nous trouvons cela partout ; c’est de l’apostasie. Quel est notre titre de gloire ? Nous nous glorifions «dans la croix de notre seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde» (Gal. 6:14). Voilà ce que dit Paul, et puissions-nous le dire en vérité avec lui.

«Un peuple merveilleux…» (Ésaïe 18:2). Pourquoi ? Était-il plus sympathique qu’un autre ? Les chrétiens authentiques ne sont pas plus sympathiques que d’autres. Qu’est-ce qui fait leur grandeur ? Ce que Dieu leur a donné, et non pas ce qu’ils avaient. «Étends ta main» : quelle parole !

Tous ces petits enfants et ces femmes, tous ces êtres faibles, ont pu voir ce que Dieu a fait. Il a enlevé les roues des chars, et toute l’armée du Pharaon a été engloutie ; c’est fini.

Moralement, c’est ce fait même, la croix de Jésus, qui nous sépare du monde, de l’Égypte. Est-ce que nous sommes contents de cela ? Ou bien est-ce que, dans notre coeur, nous disons : Ah, en Égypte, il y avait des oignons, des concombres, on était mieux que dans le désert ? Le peuple le dira, plus tard. Quand nous sommes mécontents, c’est de Dieu que nous sommes mécontents.

Et puis il y a un troisième fait qui marque l’histoire, le chemin de ce peuple. Après le désert, le peuple n’a pas été fidèle, nous le savons. Et alors, Dieu lui a dit : Tu vas rester quarante ans dans le désert, jusqu’à ce que tous les vaillants hommes, tous ceux qui disent : «Nous allons tous mourir, jamais nous ne pourrons entrer dans le pays ; il y a des géants, dans ce pays ; jamais nous ne pourrons entrer…», tous ceux qui ont eu peur ainsi, tombent ; et vos petits enfants, eux, entreront dans le pays. Josué et Caleb, qui ont eu la foi, ont été tenus de suivre les pérégrinations du peuple infidèle.

Et il en est ainsi aujourd’hui. L’Église a murmuré, comme Israël l’a fait, et tous ceux qui ont de la foi et de la piété sont obligés de suivre le détour très long que Dieu fait prendre à son peuple pour qu’il apprenne à se juger au long du désert.

Au terme du désert, nous voyons le Jourdain ; et, dans le Jourdain, nous voyons le peuple racheté qui entre, cette fois, à la suite de l’arche, l’arche portée par les sacrificateurs. Ils mettent le pied dans le Jourdain, les eaux reculent.

Le Jourdain sépare le désert du pays de la promesse. Le Jourdain, c’est la mort. Immédiatement après le Jourdain, c’est Canaan. Pour nous, il n’y a pas d’intervalle entre la mer Rouge et le Jourdain ; nous sommes à la fois dans le désert et dans le pays de la promesse. Voilà la différence entre Israël et nous. Nous connaissons les difficultés et les peines du désert pour la foi, et, en même temps, nous sommes appelés à vivre dans le pays de la promesse, à nous nourrir d’un Christ céleste. Notre place est en Canaan ; notre pays, c’est le ciel ; notre nourriture, c’est Christ. Et pourquoi nous faut-il rester dans le désert ? Pour que nous apprenions à Le connaître et à nous connaître. Si un chrétien a vécu cinquante ans sur la terre et qu’il n’a rien appris, chers amis, il a perdu cinquante ans. Est-ce que cela arrive ? Dieu le sait, mais c’est triste, parce que c’est une occasion unique. C’est triste, si un chrétien a fourni cinquante ans de traversée dans le désert sans rien apprendre.

Mais c’est surtout la fin que je voudrais marquer. Dans le Jourdain, tout le peuple passe à la suite de l’arche, pendant que l’arche se tient là. C’est-à-dire que, pour le chrétien, non seulement Christ est mort pour lui (la Pâque), non seulement la puissance de Satan contre lui est détruite (la mer Rouge), mais le chrétien est mort avec Christ (le Jourdain). Il faut le reconnaître, c’est le point sur lequel nous nous arrêtons le moins volontiers. C’est un fait comme les deux autres : le chrétien est mort avec Christ. Dieu a tué l’homme à la croix ; il a tué le vieil homme du chrétien à la croix. Lorsque nous nous vantons — et cela nous arrive — lorsque le vieil homme se vante (ce n’est jamais le nouvel homme qui se vante), nous faisons parler un homme que Dieu a tué, nous ressuscitons un homme que Dieu a tué à la croix.

Le Jourdain, c’est le fait que le peuple de Dieu, les chrétiens, sont morts avec Christ et ressuscités avec lui. Ils passent de l’autre côté, en Canaan, image des lieux célestes. Ceci a son parallèle dans toute l’épître aux Éphésiens, et le chapitre 6 en particulier.

À un inconverti, il faut parler de la Pâque ; on ne lui parle pas du Jourdain. Il faut lui dire : Vous avez des comptes à rendre à Dieu, et des comptes terribles ; tout ce que vous avez fait, tout ce que vous avez dit et pensé, est en permanence devant Dieu.

— Oh, je suis quelqu’un de très bien ; je suis très bien élevé, je me conduis très bien.

— Quand vous vous verrez devant Dieu, vous verrez si vous penserez ainsi !

C’est à un chrétien qu’on parle du Jourdain ; c’est aux frères, c’est aux soeurs Il faut leur dire : Vous êtes morts avec Christ. C’est ce que nous trouvons dans le Nouveau Testament : nous sommes morts avec Christ.

Les chrétiens, pour le monde, sont des morts ; est-ce qu’on le voit ? Est-ce qu’on voit que nous sommes des morts pour le monde, ou est-ce que nous sommes bien vivants, pour le monde ?

Alors, voilà le peuple qui passe, qui traverse le Jourdain ; et sort un peuple ressuscité, un peuple qui vit dans le pays de la promesse, qui mangera les fruits du pays, mais qui, d’abord, a à vaincre les ennemis qui s’y trouvent. Comme nous le disons souvent (et il faut le redire ; on dit quelquefois que nous le disons trop, mais il suffit de voir les défaites que nous enregistrons pour réaliser que nous ne le disons pas assez), un chrétien qui lutte, ce n’est pas celui qui reste en Égypte. Celui qui reste en Égypte ne lutte pas. On voit des chrétiens, leur vie s’écoule sans lutte… ; mais un chrétien qui veut jouir de Christ dans la gloire se rend compte que l’ennemi, par tous les moyens, se met en travers tous les jours, pour le solliciter et l’arracher aux choses célestes. C’est l’expérience chrétienne de tous les temps.

De l’autre côté du Jourdain — c’est ce qui m’a frappé souvent, que Dieu ne se contente jamais d’un développement théorique des vérités, jamais — à Guilgal, il y a là une marque, une application pratique de ce que Dieu a enseigné précédemment, à savoir une marque de la mort. Guilgal est le lieu dans lequel le signe de la mort a été marqué sur le peuple. Souvenons-nous toute notre vie que Guilgal veut dire roulement. Dieu a roulé de dessus le peuple l’opprobre de l’Égypte. Quand nous redevenons mondain, nous ramenons sur nous et sur le peuple de Dieu l’opprobre de l’Égypte ; nous effaçons ce que Guilgal a établi.

Quand nous lisons Josué, nous voyons plusieurs fois cette phrase : «et tout le peuple retourna avec Josué à Guilgal» (10:15, 43). Nous avons remporté des victoires, accompli un service, passé une bonne journée, dans la communion avec le Seigneur. Eh bien, si nous ne revenons pas à Guilgal, nous en serons fiers, nous nous en vanterons à nous-mêmes.

Comme disait un serviteur de Dieu qui avait fait une heureuse visite, et à qui on dit : «Oh, quelle bonne visite vous avez faite»: Satan me l’a déjà dit à l’oreille.

Il nous faut revenir à Guilgal, tous les jours ; et c’est ce que j’avais essentiellement à coeur de rappeler. La force du peuple de Dieu, c’est le maintien de la puissance de la mort sur lui. Il est certain que l’application de la mort ne peut se faire que dans la puissance de la vie — nous sommes bien d’accord — dans la puissance du Saint Esprit — le Nouveau Testament nous l’apprend. Mais on ne saurait trop attirer l’attention des saints aujourd’hui sur le fait que l’absence de puissance parmi le peuple de Dieu vient du fait qu’on ne revient pas à Guilgal. Nous en faisons l’expérience ; chacun de nous en fait l’expérience. Si nous nous laissons griser par quelque chose, même un succès, même un succès spirituel, nous apprenons que Dieu se retire de nous ; c’est immanquable. Il faut revenir à Guilgal. Les fils d’Israël ont abattu Jéricho; ils ont toute une peine à avoir Aï. Pourquoi ? C’était une ville de rien ! À la suite de Jéricho, ils avaient oublié de se juger, et le mal était là. C’est ce que je désirais laisser devant nous.

Je le sens — j’espère continuellement — pour mon compte, que la puissance de Dieu est arrêtée dès que nous ne revenons pas à Guilgal, dès que nous tolérons la chair, quelle qu’elle soit, quelque soit son caractère. Dès que nous nous nourrissons de nous-mêmes, dès que nous oublions d’appliquer la mort de Christ, la puissance de Dieu se retire d’avec nous. Quand on voit, chers amis, la puissance que le monde a sur les chrétiens, des chrétiens qui ont vingt, trente, quarante ans de vie chrétienne, on comprend quelle puissance il faut pour tirer une âme du monde, qui n’a que le monde, qui n’aime que le monde.

Vous ne pouvez pas dire à un inconverti d’aimer autre chose que le monde. Vous n’aimez peut-être pas les choses grossières ; mais un ruban suffit à conduire une âme en enfer !

Israël revient à Guilgal. Et nous ?

Eh bien (nous le sentons parce que, dans la pratique et de bien des manières, de beaucoup de manières, nous avons fait la même expérience), nous allons en face de Aï comme en face de Jéricho, et nous sommes battus. L’ennemi a de la puissance. Au lieu de faire la volonté de Dieu, nous faisons la nôtre ; au lieu de nous séparer du monde, nous succombons à ses tentations. Personne ne le sait, que Dieu et nous. Mais toutes les défaites ne sont pas spectaculaires et visibles ; elles sont dans notre coeur, dans notre esprit, avant d’être montrées en fruit dans notre vie, chers amis. Et jamais une déchéance publique n’a commencé d’un seul coup.

Le livre de Josué est marqué par des victoires, parce que le peuple revient à Guilgal. Voulons-nous avoir de la joie parmi nous, chers amis, dans nos réunions, au culte ? Jugeons-nous de très près, les frères et les soeurs ! Que chacun se juge de très près, se dépouille de ce dont il doit se dépouiller.

Nous ne forçons pas Dieu à être parmi nous ; nous ne le forcerons jamais. Israël a eu beau faire devant Aï comme il faisait d’habitude — et Josué était là, c’était quelqu’un, ce n’était pas le premier venu — c’est la défaite. Josué déchire ses vêtements.

Notre position est telle que, si Dieu n’est pas avec nous, nous sommes les plus misérables de tous les hommes. Si Dieu n’est pas avec nous, c’est le monde qui nous attend ; c’est la ruine totale qui nous attend. Il faut nous juger de très près, dans toutes nos voies. C’est ce qui fait que la vie chrétienne est une peine continuelle.

Alors, dans Josué, ce sont des victoires. Mais ils n’ont pas remporté toutes les victoires ; ils n’ont pas chassé les ennemis partout et, dans les Juges, nous en voyons les résultats. Les Juges, c’est un livre où, au lieu de chanter les cris de victoires, on entend plutôt des complaintes. C’est vrai d’une vie chrétienne ; cela arrive d’une vie chrétienne où on a manqué de vigilance. Les beaux chants du commencement font place à des lamentations, à des complaintes. C’est vrai du peuple de Dieu, d’une assemblée locale, du peuple de Dieu dans son ensemble. Et qu’est-ce que nous trouvons dans les Juges, au moins deux fois ? Chacun faisait ce qui était bon à ses yeux (17:6 ; 21:25) : moi, je pense ainsi ; moi, je pense autrement.

Le gouvernement de Dieu était là qui laissait les choses ainsi ; car il faut compter avec le gouvernement de Dieu : «engraisse le coeur de ce peuple» (És. 6:10) !

Que trouvons-nous, dans Juges 2 ? L’ange de l’Éternel qui monte de Guilgal à Bokim. Le peuple sent qu’il y a une perte irréparable. Il sent qu’il déchoit ; il sent qu’il descend. L’ange monte de Guilgal à Bokim. On n’a pas voulu de la mort ; on n’a pas voulu porter la mort de Jésus. Eh bien, Dieu se retire. «Je me suis retiré d’eux» ; c’est une expression qu’on trouve deux ou trois fois, dans l’Ancien Testament. C’est terrible, quand Dieu se retire de quelqu’un. Cela arrive chez un individu, et aussi dans un corps de chrétiens : «je me suis retiré d’eux…» Vous ne voulez pas Guilgal, pour connaître la puissance liée à la réalisation de la mort de votre volonté propre ? Eh bien, vous aurez Bokim ; vous pleurerez parce que Dieu ne sera pas là. Et il rappelle les raisons pour lesquelles il s’en va : «Vous avez fait alliance avec les dieux». Moi, j’avais fait alliance avec vous ; vous avez fait alliance avec les dieux. Ces deux alliances ne peuvent pas subsister ensemble. Vous avez voulu faire alliance avec les dieux ; au lieu de rejeter tout cela, vous m’avez rejeté en acceptant les dieux étrangers. Est-ce une histoire théorique ? Pas du tout, c’est l’histoire de tous les chrétiens ; c’est notre histoire !

Que le Seigneur nous donne de prendre garde, dans notre vie chrétienne, au moindre détail, à tout ce qui nous sépare pratiquement de Christ. Quand on nous dit quelque chose qui nous exalte : Oh, comme il réussit bien, quel succès, comme il a des qualités, comme il réussit brillamment ! Est-ce que cela nous rapproche de Christ, chers amis ? Eh bien, il faudra, une fois ou l’autre, juger cela. Vous n’emporterez pas cela comme une richesse pour Christ. Cela va très loin, je le sais. Mais nous jouons une partie, le peuple de Dieu joue une partie, qui est une partie à mort. Celui avec lequel nous jouons cette partie ne nous épargnera jamais ; il ne laissera passer aucune occasion, on le voit bien. C’est pourquoi la vigilance continuelle est, pratiquement, indispensable. Et tout ce qui, au milieu de nous et dans notre vie chrétienne, contribue à affaiblir la conscience des droits de Dieu, est une infidélité, non seulement vis-à-vis de Dieu, mais vis-à-vis des hommes.

Que le Seigneur nous donne de ne pas savoir ce que c’est que le christianisme sans le vivre. Que le Seigneur nous donne de ne pas savoir ce que c’est que la croix de notre Seigneur Jésus Christ sans pouvoir dire : ta croix, Jésus, est ma gloire, elle est ma mort et ma vie. Que le Seigneur nous donne de le réaliser.

 

5   Guilgal, Bokim — Josué 5 ; Juges 2:1-5

 

[LC n° 18]

24 février 1946

 

Le peuple d’Israël avait fait la Pâque (je passerai par dessus). Il s’était mis à l’abri du sang de l’agneau pascal.

Le croyant a su que «la colère était révélée du ciel», comme il est écrit en Romains 1:18 — l’épître qui présente l’évangile. Et il s’est mis à l’abri du sang de Christ. Il n’y a pas d’autre abri.

Le peuple est arrivé à la mer Rouge, qui a été la destruction de ses ennemis. Christ n’est pas seulement mort pour nous sauver, mais aussi pour nous délivrer de la puissance de l’ennemi.

Ensuite, c’est le désert, où le peuple apprend à se connaître. Les hommes de guerre sortis d’Égypte, les courageux d’alors, tous ceux qui ont pu avoir confiance en la chair, sont tombés dans le désert. Mais Dieu se glorifie en ceux qui étaient faibles, en ces petits enfants, pour lesquels craignaient les fils d’Israël. Ceux-là seuls passent le Jourdain, pour entrer au pays de la promesse.

La mer Rouge, c’est la mort de Christ pour nous. Le Jourdain, c’est la mort avec Christ. Après le Jourdain, c’est le pays de la promesse, c’est-à-dire, pour le croyant, les lieux célestes, défendus par les puissances spirituelles de méchanceté (elles sont dans les lieux célestes — Éph. 6:12). Mais il faut, pour y remporter des victoires, passer par Guilgal.

 

5.1                  Guilgal

 

Dieu ne peut pas monter avec un peuple qui porte la livrée de l’Égypte. Il faut la circoncision — le signe de la mort. C’est la mort appliquée pratiquement à ce que nous sommes dans la chair. Alors Dieu peut dire : «J’ai roulé de dessus toi l’opprobre de l’Égypte».

La croix de Christ met fin à la chair. Un homme est converti : il est du ciel et pour le ciel. «Si quelqu’un veut venir après moi, qu’il se renonce soi-même, et qu’il prenne sa croix chaque jour, et me suive» (Luc 9:23). Il faut que la croix, que la mort, ait passé sur nous, pratiquement. C’est là la saine doctrine. «J’ai roulé de dessus toi l’opprobre de l’Égypte». Dieu nous enlève ainsi le caractère mondain que, hélas, Paul a dû flétrir chez des Philippiens : «Leur dieu était leur ventre», leur volonté propre ; leurs pensées étaient aux choses terrestres ; ils faisaient pleurer l’apôtre (Phil. 3:18-19). Et nous-mêmes ? Si l’apôtre venait au milieu de nous, ne pleurerait-il pas ?

Guilgal, c’est la mort. Les frères n’auraient-ils plus ce caractère ? celui de la mort qui a passé sur eux ? Il faut appliquer la mort et y revenir. Un croyant qui nourrit son ambition n’est pas passé, ou revenu, à Guilgal.

Si on y passe, c’est pour engager une lutte sans miséricorde avec le chef de ce monde. Voilà la vérité ! Frères, il nous faut vivre dans le vrai. Le vrai, c’est Dieu ; c’est Christ, Christ dans les siens. Il faut aller avec Dieu, et se contenter d’avoir Dieu tout seul ; ne pas avoir besoin des frères autour de soi. Au reste, il faudra bien Dieu tout seul, pour mourir.

Il s’agit bien d’une lutte sans merci. Jusqu’au bout, Paul a combattu. Près de déposer ses armes , c’est-à-dire d’être recueilli vers Dieu, il dit : «J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi» (2 Tim. 4:7). Celui qui ne combat pas a cédé. Il a traité. Il a tendu la main à l’adversaire de notre Seigneur Jésus Christ. Un chrétien qui se nourrit de la politique du monde a traité avec l’ennemi. «Adultères», dit Jacques, «l’amitié du monde est inimitié contre Dieu» (Jac. 4:4).

Ne pas livrer bataille, c’est s’être arrangé avec l’ennemi. Et cela est vrai du croyant en particulier, et aussi de l’assemblée.

Dieu est tout-puissant. Mais sa toute-puissance n’est pas pour nous, s’il n’y a pas, entre lui et nous, le lien de la foi. Ne l’oublions pas : si la foi n’est pas en exercice, la toute-puissance de Dieu n’est pas pour nous.

La mort appliquée à nous-mêmes, et qui nous rend propres pour le combat, n’est pas une chose agréable pour la chair. Elle nous fait peur. Pourtant, c’est le secret de notre joie et de notre force. Nous voulons être heureux dans le Seigneur et jouir beaucoup de lui ? Le secret, c’est d’appliquer la mort à ses désirs, à ses caprices.

 

5.2                  Bokim

 

Si on ne veut pas appliquer la croix, on récolte les conséquences de l’activité de la chair. On a traité alliance avec les habitants du pays. On est puni par là-même :  «leurs dieux vous seront en piège». C’est Bokim.

L’Église aussi a traité alliance avec le monde. Et, à la fin, celle qui prétend être l’épouse de Christ reçoit un nom terrible.

Les frères ont retrouvé Guilgal. Ne sont-ils pas, depuis, descendus à Bokim ?

Si nous ne voulons pas résister, si nous tolérons en nous quelque chose du monde, nous pouvons, en gouvernement, souffrir d’une épine à nos côtés, jusqu’à la fin de notre vie.

Et que les frères ne l’oublient pas : ayant réalisé Guilgal, et combattant les combats de la foi contre les puissances spirituelles, ils sont, je l’ai souvent pensé, comme des sentinelles avancées sur la ligne de feu. Là, c’est l’orage. L’ennemi et ses autorités sont en jeu. La masse des chrétiens est en arrière, de vrais chrétiens ne luttant pas. En général, on ne lutte plus, dans la chrétienté.

Si des frères ou soeurs ne luttent pas, pourquoi sont-ils séparés des catholiques ou des protestants ? Pourquoi portent-ils le nom de frère ou celui de soeur ? N’ont-ils pas fait deux parts, dans leur vie ? Dans l’une, ils disent : «Seigneur, tu es mort pour nous, et nous te donnons gloire» ; et, dans l’autre, ils disent : «Nous sommes sauvés ; maintenant, nous pouvons faire à peu près ce que nous voulons». Pour les péchés grossiers, on est d’accord — faire à peu près ce qu’on veut, sauf de donner des scandales. Mais la volonté propre est un mal aussi affreux que le mal grossier.

Et combien ces combats sont importants ! C’est par eux que nous prenons possession du pays céleste. Posséder le pays, c’est croître en piété. L’ennemi sait bien que le croyant entrera en possession de l’héritage. Mais il ne veut pas qu’il l’ait avant sa mort. Et il s’oppose à lui. Cela rejoint les quelques pensées dont nous avons été occupés avec Éph. 5. On rencontre l’adversaire en séduction, et il y a le combat. On ne s’arrête pas à ces combats. Ils ne sont pas spectaculaires. Mais, dans la scène morale des choses, ils sont extrêmement importants. À la croix, ce qui s’est vu n’a pas été le plus important ; au contraire. C’est ce que l’homme a fait qui a pu se voir. Ce qui ne se voyait pas, c’est la victoire remportée sur le péché et sur l’adversaire, ce qui s’est passé entre Dieu et Christ.

Si on ne va pas à Guilgal, on trouve Bokim. De Guilgal, on part pour vaincre. À Bokim, on pleure. L’Ange de l’Éternel est bien descendu à Bokim — le Seigneur n’abandonne pas les siens — mais on pleure.

Et qui sont ceux qui attendent le Seigneur ? Seulement les bons soldats de Jésus Christ. Car veiller, combattre et servir, c’est une seule et même chose.

 

6   Le peuple dans le pays promis — Josué 5:1, 2, 9-15 ; 6:1-3, 6-27

 

[LC n° 19]

19 mars 1950

 

Une ou deux remarques sur le caractère remarquable de la position du peuple ici, position qui correspond à la nôtre aujourd’hui. Le peuple venait de franchir le Jourdain. Il avait donc cette barrière derrière lui. Elle s’était ouverte d’une façon merveilleuse, l’arche du Seigneur de toute la terre s’étant tenue là, au fond du Jourdain, pendant que tout le peuple passait. Le peuple, maintenant, est dans le pays de la promesse. Mais il n’y a rien du tout. Il ne possède encore rien. Il s’agit de remporter la victoire sur tous les ennemis qui sont dans le pays. Il s’agit de les chasser, et de les chasser de haute lutte. Si nous suivons l’histoire d’Israël, nous voyons qu’il n’y est jamais arrivé. Cette position du peuple d’Israël correspond à la nôtre aujourd’hui. Si nous avons franchi le Jourdain, c’est-à-dire la mort, les vrais croyants ont franchi le fleuve de la mort. Et ils ont devant eux le ciel. Ils sont dans le ciel. Quelqu’un qui est converti est quelqu’un qui est entré au ciel, moralement. Et c’est très souvent à cela que s’arrête la connaissance de l’Évangile. D’ailleurs, au cours des siècles aussi, la connaissance de l’Évangile s’est volontiers arrêtée à ce point, que quelqu’un qui est converti est au ciel ; il peut mourir. L’Évangile que Dieu nous présente va plus loin, et nous montre qu’un chrétien est quelqu’un qui doit conquérir le ciel de haute lutte, qui doit apprendre à connaître ce qu’est le ciel, comme nous le trouvons au début de ce livre : «Tout lieu que foulera la plante de votre pied sera à vous» (1:3). Dieu ne considère pas qu’un chrétien, quelqu’un qui vient d’être converti, a fini. Mais il considère que ce quelqu’un commence, et doit apprendre à être chrétien comme Dieu désire qu’il soit. Et ce livre de Josué correspond à l’épître aux Éphésiens, au chapitre 6 en particulier, où nous trouvons que les chrétiens — non pas les inconvertis — luttent contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes (6:12). Le combat proprement chrétien, c’est un combat qui est contre les puissances spirituelles de méchanceté dans les lieux célestes. Tous les autres combats ne sont pas des combats proprement chrétiens. Il y a des combats qu’on livre dans le désert. Israël a livré des combats, dans le désert. Il a abattu ces ennemis. Mais il n’avait pas un pouce de terrain de plus. Ce n’est pas un combat pour une possession.

Le diable veut que nous soyons des chrétiens mondains. Il fait tous ses efforts pour que, s’il ne peut pas nous ôter la vie, il nous ôte la spiritualité, le dévouement pour Christ. Il s’emploie, du moment qu’un homme est converti, pour que cet homme ne devienne pas un chrétien spirituel, reste un chrétien mondain, charnel, et qu’au lieu d’avancer dans le pays de la promesse, il soit comme quelqu’un qui n’est pas chrétien. Il ne peut enlever la vie à un chrétien. Il le sait très bien. Mais il peut enlever tout le discernement spirituel, le dévouement pour Christ, l’attachement pour Christ. Et il fait que les chrétiens, au lieu d’être comme des chrétiens qui ont abattu Jéricho, qui sont entrés dans le pays de la promesse, qui s’y promènent en long et en large, sont fiers de ce qui se passent dans le monde, et ont la bouche fermée sur ce qui se passe dans le ciel.

Dans ce cas, la victoire n’est pas du côté du peuple de Dieu, mais de Satan sur les chrétiens. Ces considérations sont d’une importance capitale — non pas pour le salut d’un homme ; s’il est converti aujourd’hui, il l’est toujours. Cet homme pourra être trouvé dans une condition infâme. Si Dieu a mis dans son âme la vie de Christ, il l’a pour toujours. Mais c’est un témoin, dans le monde, que le diable a été plus fort que la vie de Christ en lui, que le diable a été plus fort que lui. Ce n’est pas un témoin pour Christ, mais de l’ennemi contre le Seigneur. Hélas ! Nous le sommes tous, à des degrés divers.

Alors, l’Évangile de Dieu, de notre Seigneur Jésus Christ, ne s’arrête jamais à la possession de la vie éternelle. Le monde, l’ennemi, a son armée. Il a ses soldats ; Dieu a les siens. Le monde, l’ennemi, a ses serviteurs. Ce sont des anges, quelquefois. Ce sont aussi, souvent, des hommes. Eh bien, Dieu aussi a les siens. Dieu a ses serviteurs, qui sont des anges, mais aussi ses serviteurs. Tous les chrétiens devraient être des témoins et des serviteurs de celui qui a remporté, sur la croix, la victoire sur l’ennemi.

Je désirerais dire un mot, justement, sur ce côté de la vie chrétienne, que nous sommes toujours, chaque jour, en danger, puisque nous préférons une vie chrétienne facile à une vie chrétienne exercée. Nous la préférons tous.

Eh bien, nous trouvons justement, ici, le peuple qui met le pied, pour la première fois, dans le pays de la promesse. Un chrétien qui s’en tient là, c’est une position impossible. Il serait comme le peuple qui serait resté au bord du Jourdain, tout à fait au bord, ou dans le désert. Ce n’est pas une position normale, que le peuple soit resté toujours dans le désert. Dieu ne le lui avait pas dit. Il nous fait entrer dans le ciel. Dieu désire que nous connaissions le ciel, que notre coeur soit au ciel, jouisse de la communion avec le Seigneur qui est dans le ciel. «Là où est votre trésor, là sera aussi votre coeur» (Luc 12:34). Il n’est pas dit : «devra être votre coeur», parce que la chose est immanquable. Si votre trésor est votre porte-monnaie, votre coeur est dans votre porte-monnaie. Ce n’est pas un ordre qui est dit : Là où est votre trésor devra être votre coeur. Là où est votre trésor, là où il est, et ce qu’il est, votre coeur y est.

Le Seigneur désire que votre coeur soit avec lui, qui est à la droite de Dieu. Tout le problème de notre vie chrétienne est celui-là, qu’on le veuille ou non. Il s’agit de savoir, devant Dieu, devant l’ennemi, devant les anges de Dieu, devant les serviteurs de l’ennemi, si le peuple de Dieu sera un peuple pour Dieu, ou pour l’ennemi.

Nous trouvons, dans ce livre de Josué (qui est un très beau livre, parce que c’est un livre de victoires, en général, de triomphe ; c’est un livre où la force de Dieu se montre plus forte que la force de l’ennemi), si on veut, que c’est l’image de l’Église à ses débuts. L’Église, à ses débuts, était supérieure à tout. Il suffit de lire le livre des Actes : elle était supérieure à tout.

Nous trouvons donc ici cette entrée du peuple dans le pays de la promesse. Et, au chapitre 5, nous trouvons — ce qui est très remarquable — qu’avant d’engager tout combat, avant de croiser le fer avec l’ennemi, Dieu s’occupe de l’état moral de son peuple. Dieu n’envoie pas l’ennemi à un peuple qui serait dans un état tel, que Dieu serait le premier à se mettre contre lui. Dieu commence par préparer le peuple, et à le mettre dans un état moral, tel que Dieu puisse être avec lui. Il en est de même pour nous tous. Lorsque nous ne sommes pas dans un état tel que Seigneur puisse être avec nous, il se mettra contre nous dans ce qu’il ne peut pas approuver en nous. Nous le trouvons fréquemment : Je mettrai ma face contre vous. Je vous tournerai le dos, et non la face (Jér. 18:17) ; à tout son peuple.

Le premier point, ce qui est le plus important, ce dont tout dérive par la suite, c’est l’état moral du peuple. Cet état, nous le trouvons au chapitre 5. Avant d’opérer la mort parmi les ennemis du peuple de Dieu, il faut porter la mort dans le peuple de Dieu. C’est ce que nous trouvons dans ce chapitre 5. Il faut porter la mort dans ce qui doit être tué dans le peuple de Dieu. Alors nous voyons que Josué retourna à Guilgal. Chacun de nous pourra compter combien de fois nous trouvons : «Et Josué retourna avec le peuple à Guilgal» ; toujours revenir à Guilgal. Il fallait revenir à Guilgal pour prendre contact avec la mort. Qu’est-ce que c’est que Guilgal ? C’est la mort appliquée au peuple de Dieu. Nous avons été circoncis d’une circoncision par le baptême du Christ (Col. 2:11). Nous sommes morts avec Christ ; nous sommes morts en Christ. L’énergie du peuple de Dieu n’est pas une énergie naturelle. Dieu a tué cette énergie naturelle. Toutes les capacités naturelles du peuple de Dieu, Dieu les met de côté. Guilgal, c’est la mort, l’image de la mort. Nous avons été crucifiés avec Jésus (Rom. 6:6). Un chrétien, c’est quelqu’un qui a été crucifié avec Jésus. Un soldat de Jésus Christ est soldat dans la mesure où il réalise qu’il a été crucifié avec Christ, qu’il est mort avec Christ. Un bon soldat de Jésus Christ, c’est quelqu’un qui réalise qu’il est mort avec Christ. Mort à quoi ? Au monde, à la chair, à sa propre volonté. Parce que Dieu ne donnera pas sa force à la volonté de l’homme. Il ne l’a jamais fait. Il mettra sa force contre la volonté de l’homme. Voilà pourquoi le premier point est l’état moral du peuple. C’est vrai de chacun de nous. Nous voulons servir le Seigneur. Pourquoi notre service se solde-t-il, hélas, par des échecs, des défaites ? Parce que nous n’avons pas passé à Guilgal ; parce que nous sommes partis avec notre énergie naturelle, nos qualités naturelles ; et nous tombons. Guilgal signifie roulement : J’ai roulé de dessus vous l’opprobre de l’Égypte, c’est-à-dire l’opprobre du monde. Toute trace du monde sur le peuple de Dieu fait que Dieu, au lieu d’aider son peuple, le frappe. Dieu ne peut pas voir une trace de l’Égypte sur son peuple. Il se met contre son peuple, lorsqu’il voit une trace de l’Égypte. Cela va loin ; mais c’est ainsi. Nous voulons Dieu avec nous ? Laissons la mort de Christ ôter de dessus nous ce qui est appelé l’opprobre de l’Égypte. Nous n’appelons pas tout ce qui vient de l’Égypte opprobre. Nous l’appelons peut-être un grand honneur. Nous ne pouvons pas porter d’une main la croix de Christ, et de l’autre ce qui est du monde.

Voilà le premier point que je désirais souligner, sur ce chapitre, Guilgal. C’est vrai pour chacun de nous. Si nous avons l’intention, individuellement, et une très bonne intention, d’être des témoins du Seigneur dans ce monde, et devant l’ennemi, si nous avons l’intention d’être des témoins du Seigneur, une bonne intention ne suffit pas, ne suffit jamais. Et même de la bonne volonté, même la sincérité, ne suffisent pas du tout. Ce qu’il faut, c’est être dans un état moral tel, que Dieu puisse être avec nous ; parce que Dieu n’est jamais avec la chair, jamais. Nous en faisons bien l’expérience. Il nous faut revenir à Guilgal. Il nous faut appliquer, comme on l’a dit dans la prière, porter sur nous, la mort de Jésus, le mourir de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre chair mortelle (2 Cor. 4:11). Chacun de nous fait l’expérience qu’il réalise la présence de Dieu avec lui et pour lui, dans la mesure où il réalise Guilgal.

Ensuite, un second point que nous trouvons ici, c’est que nous voyons que le peuple qui avait mangé la manne, mange maintenant du blé du pays. Et ceci est en rapport avec la nourriture spirituelle des chrétiens. On nous l’a souvent dit ici — et ce n’est jamais trop — et on nous dit souvent, qu’il faut que nous ayons nos âmes en relation avec un Christ qui est à la droite de Dieu. C’est ce qui est représenté par le vieux blé du pays. La manne a cessé. Et la manne, comme nous le trouvons dans l’Ancien et le Nouveau Testaments, est l’image de Christ dans son humanité, dans sa vie dans ce monde. La différence avec le peuple ici et nous-mêmes, c’est que nous nous nourrissons à la fois de la manne et du vieux blé du pays. Un chrétien spirituel se nourrit de Christ dans sa vie. Il se nourrit de Christ dans sa mort, et se nourrit de Christ dans sa gloire. Et c’est ce dernier trait qui est plutôt en rapport avec le vieux blé du pays.

On a souvent constaté que des âmes s’arrêtent à la croix, au pied de la croix, agenouillées au pied de la croix. Voyez le Sauveur sur la croix ; trouvez la paix au pied de la croix. Mais ce n’est pas ce que nous trouvons à Guilgal. Nous trouvons, à Guilgal, ce que le Seigneur nous dit : Ne vous arrêtez pas à la croix ; allez jusqu’au ciel. Le Seigneur n’est plus sur la croix. Il est à la droite de Dieu, dans la gloire de Dieu. Il va revenir de la gloire de Dieu. Nous l’attendons du ciel. Voilà où les affections doivent être formées. Et, au point de vue des conséquences pratiques, c’est incalculable. Parce que, si des chrétiens ont leur coeur avec Christ à la droite de Dieu, ils réalisent beaucoup mieux que ce qu’ils traversent, c’est le désert. Tandis que, si on s’arrête à la croix, le ciel est loin, le désert est près. Et c’est la chair qui l’emporte.

On voit toujours qu’un manque de plénitude dans l’enseignement, qui laisse les âmes au pied de la croix, peut finir par produire un état d’âme terrestre. Les âmes ne voient que l’évangile sur la terre, tandis que le chrétien a son Sauveur dans le ciel, ses affections dans le ciel, son trésor dans le ciel. Voilà le vieux blé du pays.

Enfin, nous trouvons, dans ce chapitre, une troisième chose, le chef de l’armée de l’Eternel avec son épée nue dans sa main. Une épée, elle n’est pas dans un fourreau. Elle est toute prête à être employée. C’est le chef de l’armée de l’Eternel. Qu’est-ce que cela nous dit ? C’est un des points que je voulais signaler. C’est que la lutte qui est engagée, par la position même du peuple de Dieu, qui est là avec Jéricho devant lui, le Jourdain derrière lui, c’est une position absolument intenable. Il faut vaincre, ou on est perdu. Eh bien, c’est la position chrétienne. Il faut aller de l’avant, ou on est perdu. La position chrétienne, qu’on le veuille ou non, celui qui ne veut pas de cette position est déjà battu, par le fait qu’il y renonce. La position chrétienne est une position qui est nécessairement une position de combat. C’est sa définition même. Le Jourdain derrière, le chrétien a franchi la mort. Il est au-delà de la mort. Et il est en lutte avec les principautés spirituelles qui sont dans les lieux célestes (Éph. 6:12). Cette guerre sans merci qui a commencé, sans miséricorde, c’est une épée nue. Le peuple chrétien n’a pas entrepris une promenade, dans ce monde. C’est un combat de haute lutte. C’est un combat sans miséricorde aucune. Et c’est le Seigneur lui-même qui conduit cette lutte. Alors, de deux choses l’une : nous sommes vainqueurs, lorsque nous avançons dans le pays de la promesse ; nous faisons un pas. Lorsque le Seigneur nous devient un peu plus précieux, c’est que nous avons agrandi notre territoire spirituel. Mais lorsque, au contraire, le Seigneur nous devient moins précieux, c’est une défaite. Nous avons subi une défaite. Et tout ce qui, dans ce monde, contribue à nous rendre Christ moins précieux, est pour nous une défaite. C’est à chacun de nous de voir ce qui l’entraîne dans cet état-là.

Je désire dire que la vie chrétienne est une chose extrêmement solennelle. Il suffit de voir ce qui arrive parmi le peuple de Dieu. L’ennemi ne nous ménagera pas, si nous le ménageons. Nous voyons qu’à Jéricho, on n’a pas même laissé vivre les animaux. Tout a été passé au fil de l’épée. Quand nous ménageons l’ennemi, il se retourne contre nous. Dans les livres qui suivent, nous voyons ce qui arrive, lorsqu’on a ménagé les ennemis par charité. Saül était un brave homme ; il n’aimait pas verser le sang. Dieu  se met contre lui.

Ici, le peuple est en bon état. Il n’y a aucune question, pas de question. Il marche comme un seul homme, fait ce que Dieu lui dit de faire. Tout, dans Jéricho, est détruit. Voilà un bon état. Il n’y a pas de tendance pour signer un pacte avec le diable, avec l’ennemi. Et c’est la ruse de l’ennemi, de chercher à nous induire en erreur, pour que nous traitions la paix avec lui. Il n’y a pas de paix. Nous avons la guerre avec Amalek de génération en génération (Ex. 17:16). Il n’y a point de paix. Il n’y a point de repos, dans ce monde, point de paix. Chaque jour que nous passons est un jour de combat avec l’ennemi. Et nous avons tout ce qu’il faut pour que ce jour que nous passons soit un jour que nous passons dans le ciel, en communion avec Dieu, avec le Seigneur, avec les croyants, au lieu de le passer loin du ciel.

Je désirais souligner la solennité de la position chrétienne et du combat chrétien. L’oubli de ce sérieux du combat chrétien conduit à tout ce qui marque, hélas, l’histoire du peuple de Dieu.

Nous trouvons alors cette prise de Jéricho. Tout le monde sent très bien que la situation est terrible. Dans Jéricho, personne ne dit rien. Les gens ont peur, sont dans leur forteresse. Le peuple est là, avec le Jourdain derrière. Il n’y a pas de force apparente. Il y a bien quelques guerriers. Tout de monde sent très bien que l’un des deux adversaires doit anéantir l’autre. Tout le monde le sent. On le sent, dans l’atmosphère de ce chapitre.

Qu’est-ce que le peuple de Dieu a à faire ? Ecouter ce que Dieu dit, et le suivre à la lettre. C’est l’arche qui fait le tour de la ville. C’est Dieu, qui est au milieu de son peuple, qui est en question. Et, de même aujourd’hui, c’est la gloire de Dieu au milieu de son peuple qui est en question. L’arche fait le tour six jours durant. Il y avait l’arche ; devant elle, les sacrificateurs ; et devant, les soldats ; derrière, l’arrière-garde. Et, sans mot dire, ils accomplissent ce service une fois, deux fois, six fois ; une fois par jour. Et le septième, aux instructions de Dieu, sept tours, sept fois. Ils accomplissent ce service, qui était ridicule, aux yeux des hommes. Et la muraille tombe d’elle-même devant eux. Ils se lancent dans la ville, et la ville est abattue.

Je désirais simplement faire ces quelques remarques, laissant la place à d’autres, pour que nous n’oubliions pas, dans tous les exercices que nous connaissons, toutes les larmes que nous versons, que le seul moyen d’en sortir, le seul moyen de tenir, c’est d’aller de l’avant avec le Seigneur ; de nous souvenir que nous avons à lutter contre un ennemi tous les jours ; que la force de Dieu sera avec nous dans la mesure où nous revenons tous les jours à Guilgal ; et que Dieu ne demande qu’à nous offrir la possession du pays de la promesse, c’est-à-dire des lieux célestes.

Jéricho a été maudite. La malédiction a été appelée sur celui qui relèverait cette ville de Jéricho, symbole de la puissance de Canaan, du monde. Cette ville a été rebâtie. Elle a été rebâtie par Israël. Elle n’a pas été rebâtie par les peuples étrangers, mais en Israël, du temps d’un roi d’Israël.

Que de puissances de l’ennemi ont été rebâties, au sein de la chrétienté ! Que de Jéricho ont été rebâties, au sein de la chrétienté, depuis le temps où l’Église triomphante, au début, et sans force apparente, était plus forte que le monde ! Depuis ce temps-là, que de Jéricho ont été bâties, au sein même de la chrétienté !

Que le Seigneur nous donne de penser à ces choses, et d’être avec lui, en nous souvenant qu’il est pour les siens, et ne demande qu’à ce que les siens soient heureux avec lui, et vainqueurs par lui.

 

7   Le péché qui entraine la défaite — Josué 7

 

[LC n° 20]

9 février 1947

 

Nous avons souvent dit ici que ce livre de Josué fait le pendant à l’épître aux Éphésiens. Et puisque, incontestablement, l’épître aux Éphésiens est un livre dans lequel les frères puisent beaucoup, on ne saurait trop leur recommander, ainsi qu’aux soeurs, de puiser largement dans le livre de Josué. Ce livre nous fournit, en effet, sous une forme facile à saisir, de riches enseignements spirituels, car la position dans laquelle s’est trouvé le peuple d’Israël est précisément la position définie dans l’épître aux Éphésiens. Il est certainement à craindre que, lorsque nous avons dit que nous sommes assis dans les lieux célestes en Christ, nous pensions que nous avons tout dit, et qu’il nous suffit dès lors de nous reposer paresseusement sur ces déclarations, qui sont vraies, et qui sont pour nous. Mais elles ne sont pas tout ; il y a les combats.

Le livre de Josué nous présente la position du peuple de Dieu dont nous parle l’épître aux Éphésiens, en particulier le chapitre 6. Dans ce livre de Josué, le peuple franchit le Jourdain, c’est-à-dire la mort, et il le franchit après l’arche, qui est Christ. Nous voyons le peuple entrer dans le pays de la promesse, prendre possession de Canaan. Et c’est l’enseignement de l’épître aux Éphésiens, où nous sommes invités à prendre possession du ciel, c’est-à-dire à jouir de notre position en Christ, à être des chrétiens spirituels, des chrétiens célestes, des chrétiens dont la patrie est saluée par la foi. Une chose très remarquable, c’est que si nous sommes sûrs d’entrer un jour dans le pays de Canaan (un chrétien est sûr d’y arriver), Dieu ne dit jamais que nous avons à attendre de mourir pour y entrer. Mais il nous invite à y entrer dès maintenant, et c’est en quoi se différencient certains chrétiens aujourd’hui. C’est bien là, certainement, l’origine de toutes les difficultés et de toutes les confusions entre les chrétiens. Il ne faut pas s’illusionner sur ce point : l’origine de toutes les divergences et divisions qui ont marqué l’histoire du peuple de Dieu est là, elle gît là.

Nous voyons que, dès le commencement, Josué est appelé par Dieu à se fortifier. Ce n’est pas une petite affaire que cette perspective de traverser le Jourdain, puis d’entrer dans le pays de la promesse. La traversée du Jourdain, c’est la traversée de la mort avec Christ. Dans le Jourdain, un chrétien trouve la mort avec Christ. La mer Rouge, c’est Christ qui est mort pour le chrétien ; mais le Jourdain, c’est la mort avec Christ. Le chrétien est un homme ressuscité ; il a une vie nouvelle. C’est un autre homme, qui a derrière lui la mort, ce Jourdain traversé alors qu’il regorgeait par-dessus tous ses bords. La mort a été traversée par Christ et sa force épuisée, alors que toute la force de la mort était encore intacte. Jésus, l’arche de Dieu, a traversé la mort et, à sa suite, les chrétiens ont, par la foi, traversé la mort. Cela est tellement vrai que, si Jésus venait maintenant, tous les chrétiens partiraient avec lui sans passer par la mort.

«Josué, fortifie-toi et sois ferme» (Josué 1:6).

«Josué, fortifie-toi et sois très-ferme» (Josué 1:7).

On aurait pu croire que, lorsque Dieu prend la tête de son peuple, les choses doivent aller toutes seules, et qu’il suffira que Josué brandisse une bannière au nom de Dieu pour que tout soit facile. Eh bien non ! Le Jourdain franchi, il faut venir à Guilgal, où le peuple doit subir la circoncision. Ceux qui sont arrivés là, c’étaient les petits enfants. Les adultes étaient tous morts pendant les quarante ans dans le désert, sauf Josué et Caleb. Ces petits enfants ont dû être circoncis à Guilgal. La mort doit passer sur ce qui est de l’homme naturel ; c’est une leçon que nous avons à apprendre toute notre vie. Dieu n’a pas de relations avec l’homme naturel. Dieu ne donne pas sa force à la nature. Dieu donne sa force à l’homme nouveau. Il donne sa force à la foi, mais jamais à la nature.

Le peuple a franchi le Jourdain et, immédiatement après, avant d’entreprendre cette campagne, Dieu s’occupe du peuple. Avant de s’occuper des ennemis, Dieu s’occupe du peuple. C’est une chose bien remarquable. Il faut que le peuple soit dans un état moral convenable, pour entreprendre une conquête qui n’est pas facile. Et Dieu pense à cet état moral du peuple avant que tout combat commence — on pourrait trouver d’autres faits analogues Alors, Guilgal, ce lieu de Guilgal, est établi comme point de départ de toutes les campagnes de Josué. Si vous lisez ce livre, vous trouverez : «Josué retourna au camp à Guilgal» ; «ils retournèrent au camp à Guilgal» (10:15, 43).

Qu’est-ce que cela signifie ? Cela signifie que, dans tous nos combats, dans notre vie privée, dans notre vie de famille, dans notre vie d’assemblée, partout où nous avons à livrer des combats — et nous verrons lesquels — il nous faut, si nous voulons la victoire, revenir toujours à Guilgal, c’est-à-dire appliquer à notre coeur, à notre volonté, la mort de Jésus. Paul appliquait Guilgal continuellement ; nous le voyons plus d’une fois, dans les épîtres. Le secret de la force, c’est la mort. La meilleure arme, dans l’arsenal de Dieu, c’est la mort, la mort de Christ. Voulez-vous être un chrétien fort ? Ne redoutez pas la mort, la mort de votre propre volonté, la mort de Christ appliquée à vous-mêmes. Il suffit d’essayer pour savoir que ce n’est pas facile. Mais il n’y a ni puissance, ni liberté, ni témoignage, sans cela. Nous aurons l’occasion, Dieu voulant, de le souligner.

Au bord du Jourdain se dressait Jéricho, image la plus forte et synthèse de la puissance de l’ennemi. À l’entrée du pays de la promesse, c’était une ville murée jusqu’au ciel. Voilà donc la première chose que le peuple rencontre après le Jourdain. Il était ainsi, humainement, dans une situation terrible : derrière lui le Jourdain, un fleuve infranchissable, et devant lui les ennemis ; rien d’autre. Le peuple de Dieu a toujours été dans des situations extraordinaires. Le chrétien qui marche par la foi est toujours dans des situations extraordinaires. Si nous ne savons pas marcher sur l’eau, nous ne pouvons pas suivre Jésus. Il faut marcher sur l’eau, pour suivre Jésus, c’est-à-dire qu’il faut marcher par la foi. Si nous avons peur des situations extraordinaires, nous ne pourrons pas suivre Jésus.

Le peuple d’Israël est donc ici, ayant le Jourdain derrière et, devant, tout le pays peuplé d’ennemis terribles. Il y avait des géants, des villes murées, devant lui. Notre position est exactement la même. Alors, nous savons comment Jéricho est tombée. Cette ville imprenable est tombée sans coup férir. On n’a pas donné un seul coup pour que ses murs tombent. Elle a été prise d’une manière ridicule, absolument ridicule aux yeux des hommes. La gloire en a été pour Dieu, et non pour le peuple ; il en est toujours ainsi. Jéricho est tombée très facilement. Nous savons tous l’histoire de Jéricho, ici. Le monde chrétien la connaît ; mais la foi y trouve de riches enseignements. Et peut-être cette victoire facile a-t-elle endurci le coeur du peuple, obscurci son discernement spirituel, épaissi sa conscience… c’est bien possible !

Après Jéricho se présente une petite ville négligeable ; c’est la petite ville d’Aï. Nous avons lu ce qui la concerne. Il s’agit de la prendre. Alors on prend conseil. On a mesuré extérieurement la difficulté. Les sages se consultent ; la sagesse pèse et parle. On dit : Aï, il faut trois mille hommes ; trois mille hommes suffiront, ce n’est pas la peine de déranger toute l’armée, de troubler toute l’armée pour Aï. Les trois mille hommes montent et s’en vont vers Aï. Mais que se passe-t-il ? Ils tombent devant les ennemis, ils ne tiennent pas, ils sont battus. «Et le coeur du peuple se fondit et devint comme de l’eau». Voilà le fait.

Mystère, fait inexplicable : ils ont fléchi devant Aï, alors que, pour prendre Jéricho, un jour, deux jours, sept jours, et sept fois le tour ce septième jour, ont suffi… Il y avait des femmes, des enfants. Tous attendaient, sans mot dire. Personne ne dit rien. La parole n’est pas au peuple. Le peuple est là ; son sort se décide. C’est une question de vie ou de mort. Pourtant, on n’entend rien, pas une rumeur, dans cette foule de femmes et d’enfants. Et, fait inouï dans les annales militaires, Dieu l’ayant commandé, au septième jour, les sacrificateurs sonnent des trompettes, le peuple jette des cris, et les murailles tombent. «Par la foi ils ont pris Jéricho» (voir Héb. 11:30). Six jours durant le peuple avait attendu en silence que le miracle s’opérât. Au septième jour, le miracle s’accomplit. Il suffisait de prendre Dieu au mot, de dire : Dieu a parlé, attendons. Comme à la mer Rouge, où le peuple avait le Pharaon derrière et la mer devant, la foi, ici encore, n’a pas été déçue.

Mais alors, pour Aï, quel désastre ! Nous pouvons penser que la nouvelle a traversé tout le camp en un clin d’oeil : les guerriers sont partis, le peuple a fléchi, nous sommes battus ! Ce qu’il y avait de terrible, chers amis, c’est qu’ils avaient été battus — et tous le sentaient, et Josué le premier. Et cela signifiait que Dieu n’était plus là ! Or si Dieu n’était pas avec ce peuple, la position de ce peuple était la plus folle, la plus insensée qui soit au monde. La seule raison d’être de ce peuple, la seule justification de sa position, c’était la présence de Dieu au milieu de lui. Sans sa présence, la position était sans espoir.

Ainsi en est-il de la vie de la foi. Que de fois Dieu nous place dans des positions où, sans lui, nous sommes les plus misérables de tous les hommes ! Avec lui, tout va bien ; sans lui, tout est perdu.

Josué saisit toute la gravité de la situation. Mais on dira: ces trente-six hommes qui sont tombés, ce n’est pas une affaire ! Ce ne sont pas les trente-six hommes qui sont tombés, non plus que les trois mille qui ont reculé, qui font que Josué se jette par terre et déchire ses vêtements. C’est tout autre chose. Josué sent que Dieu n’est plus avec eux, que Dieu les a abandonnés. Voilà le drame. Voilà quelle est maintenant la situation de ce peuple et de Josué lui-même, à qui Dieu avait dit : «Fortifie-toi et sois très-ferme. Je déposséderai le Cananéen, le Phérézien, le Jébusien, je les ferai tomber devant toi» !

Josué n’a sans doute pas dit à tout le peuple ce qu’il éprouvait dans son coeur. Mais il s’adresse à Dieu tout de suite. Il ne réunit pas le peuple pour dire : essayons une deuxième fois, envoyons cent mille guerriers, cherchons l’élite du peuple. Non ; il s’adresse à Dieu, il va trouver Dieu. C’est une affaire entre lui et Dieu, au fond, entre le peuple et Dieu. Qu’on réunisse tous les sages, on ne fera pas tomber Aï. Qu’on réunisse tous les puissants, on ne fera pas tomber Aï. «Dieu n’est pas là ; et, s’il n’est pas là, c’est à Dieu que je vais m’adresser ; il faut à tout prix que je cherche et que je trouve Dieu». Cette scène est de toute beauté.

Que de fois nous ne suivons pas l’exemple de Josué ! Quand nous sentons qu’Aï se trouve sur le chemin du peuple de Dieu, est-ce que notre première pensée, c’est Dieu, c’est Christ ? Ou bien, n’allons-nous pas consulter tous les sages, autant que nous le pouvons ? Est-ce que nous consultons Dieu d’abord ? Si nous ne le faisons pas, nous ne sommes pas fidèles. Nous ne remplissons pas le service que le Seigneur nous a confié. Lorsque quoi que ce soit arrive qui nous exerce, peu ou beaucoup, ce qu’il nous faut chercher et trouver, c’est la face de Dieu.

Il y a des leçons pour nous tous, pour les jeunes, pour les vieux, pour les soeurs, pour les frères et, peut-être, pour eux plus que pour quiconque !

Josué déchire ses vêtements. C’est Dieu qui est contre nous ; et, si Dieu est contre nous, notre position est intenable, nous sommes perdus. Alors nous voyons le dialogue qui s’engage entre Josué et Dieu. Le peuple était une charge pour Josué, comme il en avait été une pour Moïse. Il y avait six cent mille hommes, plus les femmes et les enfants. Puis Josué dit : «Ton grand nom», qu’est-ce qu’on en dira ? Il dit à l’Éternel : Je ne peux pas. On ne peut pas entrer dans tous les détails de cette scène !

Alors Dieu répond. Josué cherche Dieu ; Josué a trouvé Dieu. Il s’est adressé à lui dans la détresse de son âme.

Quand nous sommes dans la détresse, tout est bien. Lorsque nous sommes brisés, c’est très bien. Notre esprit est brisé ; nous sommes en bon état pour trouver Dieu.

Lorsque nous sommes en mauvais état, que nous crions à Dieu, il ne répond pas. Si notre esprit est brisé, nous sommes dans l’état convenable pour trouver Dieu. Lorsque la main de Dieu nous serre et brise les ressorts intérieurs de notre volonté, nous sentons qu’il cherche à nous bénir.

Dieu dit à Josué : Qu’est-ce que tu fais là ? Lève-toi. Tu ne sais pas pourquoi tu es battu ? Je vais te le dire. Josué ne le savait pas ; Dieu va le lui dire. Rien n’échappe à l’oeil de Dieu de ce qui se passe parmi son peuple. Et voilà ce qu’ils ont fait : vous êtes devenus anathème, c’est-à-dire malédiction. Il y a un anathème parmi vous, et tout le peuple est devenu anathème. Ils ont menti, ils ont volé, ils l’ont mis sous leur bagage. Ils ont pris de l’anathème. Et regardez la précision, comme l’oeil de Dieu a suivi tout cela. Dieu aurait pu dire à Josué : Va voir sous telle tente ; tu trouveras ceci et cela. Non, il faut que le peuple soit témoin, que sa conscience soit exercée. Et Dieu travaille pour qu’il en soit ainsi, pour que tout soit révélé.

Le procédé de l’Ancien Testament est alors employé : on jette le sort ; tribu, famille untel, Acan fils de, fils de, etc. Voilà, le peuple est tout entier anathème. Je ne serai pas avec vous. Je me retire d’avec vous. Et, alors que je vous ai dit : Vos ennemis se fondront devant vous, c’est vous qui fondrez devant vos ennemis. C’est exactement ainsi que les choses vont, aujourd’hui, pour nous. Il ne faut pas nous imaginer que, parce que nous sommes chrétiens et frères, ce n’est pas pour nous.

Un interdit ! Le peuple est interdit ; l’interdit est dans le peuple de Dieu ! Un péché produit de l’interdit pour tout le peuple de Dieu. Un péché dans une famille peut produire de l’interdit dans la famille, toute la famille. Un péché chez un frère ou une soeur produit de l’interdit dans toute l’assemblée. On dira : Oh, cela ne regarde que moi ! Mais c’est ce qu’aurait pu dire Acan. Telle n’est pas la pensée de Dieu. Dieu ne dit pas cela. Tout le peuple est interdit ; et, si vous ne vous débarrassez pas d’Acan, je me débarrasserai de vous. Voilà ce que cela revient à dire.

Chers amis, nous savons bien que nous sommes sous la grâce, aujourd’hui. Mais la gloire de Dieu peut-elle briller moins sous la grâce que sous la loi ? Au contraire, elle doit briller davantage. Et non seulement cela, mais notre conscience doit être beaucoup plus délicate que celle des fils d’Israël. Dans l’ensemble, le peuple n’était même pas converti. Beaucoup d’entre eux n’étaient même pas des croyants. S’il y avait là un interdit, à plus forte raison l’interdit peut-il exister parmi nous pour beaucoup moins de choses.

Voilà Acan qui est désigné nommément. Quelle solennité, quelle beauté dans le langage de Josué : «Mon fils, donne gloire à l’Éternel et rends-lui louange». Chers amis, on n’aurait jamais attendu de pareilles paroles ! «Mon fils, donne gloire à Dieu». Quel est ici le moyen de donner gloire à l’Éternel et de lui rendre louange ? Est-ce de chanter des lèvres ? C’est de dire la vérité. «Mon fils, donne gloire à Dieu».

C’est en disant la vérité qu’on donne gloire à l’Éternel et qu’on lui rend louange. Souvenons-nous-en, frères et soeurs. Ce n’est pas en l’honorant des lèvres quand le coeur est fort éloigné de lui. La vérité ! Ce qui honore Dieu, c’est la vérité. C’est comme si Josué disait à Acan : Je t’adjure. Il fait appel à la parole d’adjuration, dont il est parlé autre part. Le Seigneur a été adjuré au moment où il allait à la croix. Il a dit ce qu’on lui demandait.

«Mon fils»… Ah, Acan ne peut pas se dérober ! «Mon fils, donne gloire…». Avons-nous, chers amis, ce souci de cette forme de louange à l’Éternel : la vérité ?

Ils ont menti, est-il écrit. Josué, à ce moment-là, ne connaissait sans doute pas tous les détails de l’affaire. Mais, même s’il les connaissait, il fallait la confession ouverte, franche, totale, d’Acan, pour que Dieu fût glorifié.

Eh bien, chers amis, une pareille scène, on ne peut prétendre la reproduire, la reconstituer. Mais soyons sûrs que nous avons à faire à un Dieu qui sait si nous lui rendons louange ou non. Dieu le sait. Dieu s’en souvient ; et il n’agira pas avec quelqu’un qui lui rend louange comme s’il ne le faisait pas. Il nous arrive souvent, chers amis, de cacher telle ou telle chose, et de dire : Après tout, cela passera bien. Mais nous avons à faire à Dieu. Voulons-nous la bénédiction dans nos familles, dans nos foyers — je dis cela, chers amis, dans nos foyers ? «Mon fils, donne gloire à l’Éternel et rends-lui louange».

Lorsqu’une épreuve arrive dans nos foyers (il y a différentes formes d’épreuves, et toutes les épreuves n’ont pas la même origine ; il ne faudrait pas croire que toutes les épreuves soient des châtiments ; ce n’est certainement pas vrai ; mais nous ne traitons pas aujourd’hui la question de la discipline et des épreuves), lorsque quelque chose nous arrive qui nous fait sentir que Dieu se retire de nous, ou se retire de notre foyer, qu’avons-nous à faire ? Dieu nous dit : «Mon fils, donne gloire à Dieu» ! Voulons-nous que la malédiction s’arrête et que la bénédiction arrive ? Alors c’est ce qu’il nous faut faire. On dira : après tout, tout s’arrangera ! Jamais.

J’insiste en grâce — le Seigneur sait que c’est en grâce — parce que je crois que nous méconnaissons que la façon d’honorer Dieu, c’est d’être vrais devant lui. Et nous oublions que ce que nous faisons dans nos foyers, ce que nous disons, même ce que nous pensons, si nous ne le disons pas, n’échappe pas à l’oeil de Dieu. Et Dieu établit un interdit dans notre foyer, dans notre famille, dans l’assemblée. Et tant que nous n’avons pas ouvert notre coeur et dit, comme Acan : «J’ai péché ; voilà ce que j’ai fait, voilà exactement ce que j’ai fait», nous ne saurions prétendre, chers amis, à la bénédiction de Dieu !

Ah, chers amis, nous vivons trop pour les frères seulement. Nous ne vivons pas assez pour Dieu. Si le péché d’Acan n’avait pas été jugé, le peuple aurait été consumé sur place ! Et un fait non jugé dans notre vie, vingt ans après, est vivant pour Dieu. Pensons au gouvernement de Dieu.

J’ai les frères ou je ne les ai pas. Est-ce que j’ai Dieu ? Si j’ai Dieu, j’aurai les frères ; mais Dieu d’abord. Nous mettons toujours Dieu à la deuxième place. Oh, chers amis, si nous vivions près de Dieu ! Que le Seigneur nous permette de dire : Seigneur, ce que tu voudras, pourvu que je t’aie toi-même, comme tu voudras, où tu voudras ; être avec toi, Seigneur, et tout va bien. Mais tous les frères du monde ne nous donneront pas cette assurance, je l’ai dit, et j’en suis de plus en plus persuadé.

Je supplie les frères de ne pas se séduire eux-mêmes et de ne pas chercher les voix de tels ou tels partisans, qui ne font que leur rendre un mauvais service, parce qu’elles leur cachent Dieu. Et il faudra avoir affaire à Dieu, une fois ou l’autre.

Lorsque nous aidons notre frère, un frère que nous aimons, un frère qui est ce que nous aimons le plus au monde — ce sont les frères que nous aimons le plus au monde — lorsque nous le voyons dans une situation de mensonge, nous ne devons pas l’aider à persévérer dans cette position de mensonge. Nous devons lui dire : Mon fils — en tête-à-tête, s’il le faut, ou autrement — ne recule pas, donne gloire à l’Éternel et rends-lui louange. Tu veux être béni ? Voilà le chemin. Il n’y a pas deux chemins !

Oh, combien il faut que nous nous encouragions de ce côté-là, chers amis ! Il nous faut lire beaucoup la Parole. Il y a des frères et des soeurs très droits. Il nous faut lire la Parole, pour que cette droiture soit mise en exercice avec intelligence spirituelle, et que vraiment nous marchions dans le chemin de Dieu.

L’interdit, l’anathème, cela existe. L’interdit, dans une vie de chrétien, c’est terrible : pas Dieu ! Qu’est-ce que c’est qu’un chrétien qui n’a pas Dieu avec lui ? Qu’est-ce qu’un foyer où on ne jouit pas de Dieu ? C’est une situation comme ici : Jourdain derrière, ennemis devant. «Car notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés… la puissance spirituelle de méchanceté qui est dans les lieux célestes» (Éph. 6:12). Notre lutte est contre le diable et ses anges. On dira : Oh, moi, je ne veux pas avoir affaire au diable ! Il ne vous demandera pas votre avis. Et, si vous êtes charnel, il ne vous manquera pas. Si vous êtes mondain, il ne vous manquera pas. Vous ne voulez pas avoir affaire à lui ? Mais il a des droits. Il n’y a qu’un état sur lequel il n’a pas de droits, c’est l’état de quelqu’un qui réalise parfaitement la mort, qui porte dans le corps la mort de Jésus. Cet homme, qui est comme un mort dans la vie de ce monde, ne donne pas de prise à Satan. Mais si vous êtes mondains, si vous êtes charnels, vous donnez prise à Satan. Il ne vous ignorera pas ; il tombera sur vous. Vous serez pris à l’improviste, et il vous entraînera dans des défaites. Le savons-nous, oui ou non ?

L’histoire — sans remonter à l’histoire d’il y a deux mille ans — des contemporains, et celle toute récente même, ne nous démontre-t-elle pas la réalité de ces déclarations, que Satan nous saisit à l’improviste ? Nous ne veillons pas ; il nous saisit. Il a des droits sur la chair. Pourquoi ? Parce que l’homme est tombé, et que Dieu a permis ce châtiment gouvernemental qu’il a confié à Satan. Il a le pouvoir de la mort, et Satan a des droits sur la chair. Les choses sont ainsi.

Les gens du monde se moquent, ils plaisantent sur Satan. Ils ont son nom sur les lèvres. Ils ne savent pas qu’ils en sont les esclaves, en faisant cela. Tandis que le chrétien, instruit par la Parole, tremble. Michel, l’archange, dit : «Que le Seigneur te censure» (Jude 9), en parlant de Satan.

Alors je crois que nous avons oublié, méconnu, ce côté de notre vie chrétienne, le côté du combat. Que nous le voulions ou non, nous sommes des soldats, des combattants, nous sommes engagés dans la lutte. Par définition même, un chrétien est un combattant. Il y a des combattants, il y a des déserteurs, il y a des traîtres. Un chrétien mondain est coupable de haute trahison. Nous savons ce qu’on fait, dans le monde, dans un cas de haute trahison.

Chers amis, voilà donc Acan qui a ouvert son coeur : «Mon fils, donne gloire à Dieu» ! Nous pouvons être certains que l’origine de beaucoup de nos faiblesses, de nos défaillances, de nos langueurs, dans notre vie privée, dans notre vie de famille, d’assemblée, vient du fait que des interdits s’établissent. Comment ? On ne fait pas forcément ce qu’Acan a fait. Qu’a-t-il fait ? Il a menti et volé. Dieu avait dit : Ces villes, il faut les détruire ; pas de quartier. C’est ce que nous trouvons continuellement. Et, si vous vous alliez avec eux, d’une façon ou d’une autre, quelque alliance que vous fassiez, ils seront une épine pour vos yeux.

Chers amis, faisons-nous le compte des épines que nous avons, que le Seigneur a placées parmi nous à cause de nos infirmités ? Et puis Dieu les laisse. Vous avez voulu du monde ? Vous en aurez. Vous avez voulu de la chair ? Vous en aurez, et vous en aurez toute votre vie. Le témoignage en aura jusqu’au bout. Sans aucun doute, nos frères, autrefois, transigeaient beaucoup moins. C’est Dieu ou non. C’est la faiblesse ou c’est la force. Si c’est la faiblesse, rejetons cela.

Il faut que chacun de nous pense beaucoup à sa famille. Il n’est pas dit que chacun y pense toujours dans le vrai intérêt de celle-ci ! Le vrai intérêt d’une famille, c’est d’engager chacun à dire : «Mon fils, donne gloire à Dieu et rends lui louange» dans la vérité ; marche dans la vérité ; vis dans la lumière — pas de ténèbres ni de mensonge.

Le Seigneur nous demandera d’ouvrir notre porte-monnaie. Le geste est facile. Mais, lorsqu’il s’agit d’ouvrir notre coeur pour la confession devant Dieu, le geste est bien plus difficile. Il y faut un autre exercice de foi. Aussi, quand Dieu nous parle du coeur et très peu du porte-monnaie, il sait bien ce qu’il fait. Combien il faut nous encourager de ce côté-là !

Le Seigneur attire notre attention sur ce point : l’intérêt de nos frères, de nos familles, de l’assemblée, c’est de produire, de faire jaillir cette confession : «Mon fils, donne gloire à Dieu». Oh, que Dieu grave les mots de Josué à Acan dans tous nos coeurs ! Et qui est Josué aujourd’hui ? Le vrai Josué, c’est Christ. Il a fait traverser le fleuve de la mort et il fait entrer le peuple dans le pays de la promesse. Si nous voulons subsister devant Satan qui nous guette, qui poursuit le peuple et qui le harcèle, il nous faut la vérité, la lumière, la sainteté. Est-ce que nous pensons à cela, quand nous parlons chez nous, quand nous parlons entre nous ? Est-ce que nous pensons à la vérité de Dieu et à la gloire de Dieu ? Est-ce que nous avons ce souci-là ? Mais l’assemblée, mais cette famille, mais ces amis… est-ce que nous avons ce souci-là ? Dieu sonde et Dieu entend tout, et Dieu sait tout. Les frères utiles et les soeurs utiles, ce sont ceux qui parlent beaucoup à Dieu et, à l’occasion, à leurs frères et à leurs soeurs, de la bonne manière, dans la lumière.

Si le peuple de Dieu souffre et si le peuple de Dieu est battu, comme il l’est si souvent, en voilà les causes : des interdits. «Si vous vous mordez et vous dévorez l’un l’autre» (Galates 5:15) (voir les épîtres aux Galates et Corinthiens). «Celui qui hait son frère est un meurtrier» (1 Jean 3:15). La haine est égale au meurtre.

Est-ce que nous nous encourageons à nous aimer ? Est-ce que nous prions les uns pour les autres ? Est-ce que, lorsque nous prions, aucun nom n’arrête notre prière ? Pourrions-nous mettre, dans notre prière, les noms de tous ceux qui composent ce rassemblement, sans réserve, à l’instant même ? Pouvons-nous faire cela ? Chers amis, c’est le moment d’entendre ce que dit Josué : «Mon fils, donne gloire…». Oh, ce n’est pas facile, nous le savons ! Mais jamais Dieu n’a dit que le chemin du chrétien était un chemin facile. C’est un chemin où il faut commercer à se fouler soi-même au pied. Vous n’avez jamais vu quelqu’un qui le fasse de bon coeur. Mais, grâce à Dieu, il y a, dans cette attitude, une qualité de joie, une valeur de communion avec Dieu, qui font oublier toutes les amertumes. Et c’est, d’autre part, le secret du progrès.

Combien je désire que le Seigneur bénisse ce verset pour nous tous. Les frères ont des exercices. Il y en a qui en ont plus que d’autres, certainement. Mais lorsque de l’interdit se présente, qu’une difficulté surgit, la chose que nous avons à faire, c’est de nous jeter sur nos faces devant Dieu. Est-ce que nous prions le Seigneur, est-ce que nous le supplions ? Évidemment, les supplications peuvent avoir des valeurs très différentes. La Parole dit : «La fervente supplication du juste peut beaucoup» (Jacq. 5:16). Il y a deux conditions : il faut qu’elle soit fervente, et qu’il s’agisse d’un juste. Un juste, c’est quelqu’un qui marche dans la justice, qui voit ce qui est juste aux yeux de Dieu, qui plaît à Dieu dans sa vie. Cet homme, Dieu l’entend. Combien nous devrions nous encourager dans ce sens-là.

Mais il ne faut pas non plus que nous pensions que ce sont des faits spectaculaires, grossiers, qui jettent nécessairement de l’interdit. Il y a des faits bien plus subtils : ce qu’on pense de tel ou tel frère, ce qu’on dit de lui. Ce qu’on pense, Dieu le sait. Ce qu’on dit, des oreilles l’entendent, et Dieu le premier. Si c’est une chose qui est mauvaise, c’est un péché pour Dieu, et pour le fidèle qui entend cela. Il y a donc des péchés répandus parmi le peuple de Dieu. C’est de l’interdit. On dira : Mais nous périssons tous ! Si nous voulons Dieu avec nous, voilà l’exercice !

Il serait bien plus facile d’avoir un arrangement humain, une organisation, toute une administration humaine. Ce serait très facile. Il y aurait un conseil d’administration. Le conseil couvrirait la plupart des cas, arrangerait les choses pour le mieux, et on aurait des docteurs selon ses convoitises. C’est ce qui se fait. Un conseil d’administration dans les choses de Dieu, cela existe. On se demande comment on peut en arriver à de pareilles folies. Et puis, on en vient à s’amasser des docteurs selon ses propres convoitises. On peut avoir, quelque part, des docteurs, peut-être très savants, sans doute. Mais Dieu ne dit pas : des docteurs selon leurs besoins intellectuels ; il dit : «des docteurs selon leurs propres convoitises» (2 Tim. 4:3). Les convoitises du savant, de l’ignorant, du riche et du pauvre, c’est ce qui mène le savant, l’ignorant, le riche et le pauvre.

Alors, lorsque nous avons des exercices, frères et soeurs, et frères en particulier, cherchons et écoutons la voix de Dieu. Rendons gloire à Dieu. Et puis, il y a bien un enseignement spécial pour nous, afin que nous évitions, avec exercice, toutes causes d’interdit. Nous sommes sûrs que personne n’a, d’un coeur léger, pris une pierre, et jeté une pierre à Acan et à toute sa famille. Tout le monde y a passé, mais nous pouvons penser que ça n’a pas été sans souffrance et sans larmes. Toutefois, c’était l’ordre de Dieu. Je ne fais pas une application du fait — je n’en vois pas, il ne s’agit pas d’appliquer cela à la lettre. L’application à faire, c’est de juger le mal. Une mauvaise parole, une médisance, une calomnie, cela fait du mal au peuple de Dieu, d’une façon que Dieu connaît.

Paul le savait bien : «calomniés, nous le supportons» (1 Cor. 4:12-13). Il le supportait. Mais, lorsqu’il s’agit du mal fait au peuple de Dieu, des ravages que cela fait au peuple de Dieu, alors c’est incalculable. Celui qui calomnie ou qui médit, qui est à l’affût de cela (et si nous ne veillons pas, nos coeurs et nos lèvres sont vite en activité de ce côté-là), qu’il lise au livre des Proverbes : «Celui qui va rapportant divise les intimes amis» (16:28, comparer 17:9). Les frères, en particulier, doivent être très sages de ce côté-là, sobres de paroles, pesant leurs paroles, gardant leur coeur, donnant la parole dite en son temps et qui est bonne. Et encore une expression, dont je ne crois pas qu’il y en ait de supérieure, c’est : «la parole qui communique la grâce à ceux qui l’entendent» (Éph. 4:29). Quand nous voyons un frère triste ou abattu, ou conduit par telle ou telle pensée, avons-nous à coeur qu’il retrouve la communion du Seigneur ? Si nous étions fidèles, notre parole communiquerait la grâce à ce frère.

Le jugement est consigné, l’affaire est réglée. Acan est lapidé avec tous les siens. Il n’y a pas de compromis. Que d’exercices il y a, dans le peuple de Dieu. Il a eu affaire à beaucoup de difficultés. Il y avait Josué, et il y avait de la puissance. Ils ont eu affaire avec Aï parce qu’ils n’ont pas consulté Dieu. Les Gabaonites arrivent avec du pain moisi, et ils étaient à trois jours de là. C’est une ruse, et Josué se laisse prendre, et tous les anciens ; et ils étaient sages ! Voyez où est la sagesse de tous les frères ensemble. Ils n’ont pas consulté Dieu.

Chers amis, il nous faut beaucoup consulter Dieu, et vivre près de lui. On peut se servir de la Parole de Dieu pour soutenir toutes les causes. Toutes les sectes sont fondées, en apparence, sur des passages de la Parole de Dieu. La Parole en main, on peut soutenir les plus grandes hérésies. Prenons garde. La grande affaire, c’est d’être dépendants de Celui qui donne la parole, le passage, la pensée qu’il faut, au moment même et pour la circonstance même. C’est ce qui est difficile à réaliser. Mais, sans cela, on peut se battre avec des versets de la Parole, sans que la lumière jaillisse. Voilà la difficulté pratique de la vie du peuple de Dieu.

Il y a un nom qui est resté : Acor, trouble. «Comme tu nous as troublés».

Le peuple repart. Il prend Aï, mais avec beaucoup plus de peine que s’il était parti par la foi. Que le Seigneur nous encourage à beaucoup prier les uns pour les autres, pour les frères.

Lorsqu’un cas se présente, quel qu’il soit, ne disons pas : Qu’est-ce que je pense ? Ce n’est pas cela qui compte, mais bien : Qu’est-ce que le Seigneur pense ? Seigneur, où est ton chemin ; à tout prix, où est-il ?

Que le Seigneur nous encourage à rechercher une marche sérieuse. Et qu’il nous donne, dans nos vies, au cours de la semaine, de prier les uns pour les autres, et de ne pas parler les uns contre les autres, de ne même pas penser les uns contre les autres. Il est bien triste que des chrétiens de l’épître aux Éphésiens — c’est à eux qu’il est dit des choses de ce genre-là — dont il est dit qu’ils sont assis dans les lieux célestes en Christ, soient comme un calomniateur, un malfaiteur. Nous trouvons cela, dans cette épître.

Ne prenons donc rien à la légère, mais bien tout au sérieux. C’est-à-dire, prenons tout dans la présence de Dieu. Vivons avec Jésus ; recherchons sa communion ; jouissons de cette communion, et prions beaucoup pour qu’il n’y ait pas d’interdit dans l’assemblée, de sorte que l’Esprit agisse. Si le Saint Esprit n’agit pas, qu’est-ce que nous sommes ? Nous sommes des misérables, pris entre Aï et le Jourdain, entre tous les peuples guerriers qui sont là et le Jourdain. Nous sommes pris, pour ainsi dire, entre Satan et la mort, si le Saint Esprit n’est pas parmi nous. Mais, lorsque le Saint Esprit est là et agit, nous jouissons de la communion avec le Père et avec son Fils Jésus –Christ, et de la communion les uns avec les autres.

Nous pouvons prier (que les soeurs prient et supplient le Seigneur) pour que les frères n’aient aucun parti pris, qu’ils soient des hommes de Dieu et se tiennent là pour Dieu, pour Dieu d’abord — toujours Dieu d’abord. Que, lorsqu’une difficulté surgit, les frères n’aient pas de parti pris. N’y a-t-il pas un, deux ou trois frères à qui on puisse s’ouvrir ? C’est effrayant, de penser à cela.

Le Seigneur est avec nous. Le Seigneur ne nous a pas abandonnés. Quel bonheur d’y penser ! Justement parce qu’il est là, soyons exercés. Quand nous sommes devant une situation difficile, dont on se demande ce qu’elle peut bien être, jetons-nous sur notre face devant le Seigneur. Et ce que le Seigneur dira, faisons-le. Mais ce n’est pas facile de chercher la pensée du Seigneur sans arrière-pensée, sans parti pris. C’est loin d’être facile. Notre coeur est un abîme. Faire taire, étouffer toutes les voix de notre coeur, c’est seulement dans la présence de Dieu que nous pouvons le faire.

Que le Seigneur nous donne à tous, frères et soeurs, de veiller, de prier, pour qu’il n’y ait pas d’interdit dans notre vie individuelle, dans notre vie de famille, dans notre vie d’assemblée. S’il y a de l’interdit, disons : Seigneur, mets le doigt sur la plaie. Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce que j’ai fait en famille, en assemblée ? Et ne partons pas, ne continuons pas avec de l’interdit caché dans notre bagage : «Mon fils, donne gloire à l’Éternel, et rends-lui louange».

 

8   Joies dans le désert — Nombres 11:4-6, 30-31, 33-34 ; 13:24-34 ; 14:1-25, 32-38 ; 21:3-9, 16-18 ; Josué 14:6-15

 

[LC n° 10]

5 janvier 1958

Méditations sur la vie chrétienne, édition FR 1995, p. 41

 

L’histoire du peuple d’Israël a une place dans les annales de l’humanité. On lui fait bien sa place dans les documents de l’histoire humaine : on est bien forcé de le faire. Mais Dieu ne veut pas que nous nous occupions de l’histoire de son peuple à la manière des hommes ; il nous dit, à nous chrétiens, que «ces choses leur arrivèrent comme types» de ce qui nous concerne et «pour nous servir d’avertissement» (1 Cor. 10:11). Elles sont pleines d’instructions.

Deux faits de toute importance ont marqué l’existence et l’histoire de ce peuple : le premier, c’est la nuit de la Pâque, où Dieu lui-même, au lieu de frapper les Israélites, a passé par-dessus eux, parce que le sang était sur les poteaux et le linteau des portes — image de la rédemption, de la délivrance des croyants du jugement de Dieu. Il ne faut pas, quand nous prêchons l’évangile, prêcher un évangile qui chercherait à se faire valoir auprès des hommes. L’évangile de Dieu parle de façon terrible aux hommes ; il leur dit : Ce qui est devant vous, si vous ne vous repentez pas, c’est le jugement de Dieu, et non pas seulement le gouvernement de Dieu en jugement dans ce monde, mais une condamnation éternelle, l’étang de feu et de soufre. L’enfer existe, c’est une réalité. Il ne s’agit pas de prêcher une sorte d’évangile souriant, qui attire le coeur naturel des hommes. Jésus n’a pas fait cela. Sans doute, il ne faut pas présenter un évangile qui repousse, mais un évangile qui unit de façon inséparable la grâce et la vérité.

Le peuple, à la nuit de la Pâque, est une figure du peuple racheté de Dieu, de ceux qui ont cru au sang de Jésus. Puis, c’est le second fait, ce peuple a connu la traversée de la mer Rouge : c’est la destruction du Pharaon, c’est-à-dire du pouvoir de Satan. Mais Satan est encore maître et prince de ce monde, il est encore l’usurpateur. Voilà une chose qui ne sera jamais bien reçue par tous les mondains de la terre. Pour eux, ce monde est le monde de Dieu, celui qu’il a formé, bien que la souffrance, la maladie, la mort, restent une énigme. Non, le monde d’aujourd’hui est le monde du diable. Satan gouverne par les mille tentations qu’il offre tous les jours aux pécheurs, pour les distraire de Dieu et satisfaire leurs convoitises et leurs passions. Voilà la vérité permanente, la vérité éternelle ! Le diable règne en donnant force dans le coeur des hommes à ses innombrables idoles. Et le flot de l’humanité suit son cours pour se jeter dans le malheur éternel. Il n’y aura pas que des grands criminels en enfer ; la grande masse sera constituée par ceux qui auront été entraînés par leurs idoles, en apparence imperceptibles : un peu de mondanité, un peu de plaisir, un peu d’honneur — pas beaucoup, ce n’est pas nécessaire — un peu d’amour-propre, un peu d’amour de l’argent ; un peu tous les jours, quelque chose d’un peu meilleur aujourd’hui qu’hier, demain qu’aujourd’hui (És. 56:12) et, un pas après l’autre, l’âme est emportée à jamais loin de Dieu. Ce sera l’histoire du plus grand nombre des hommes qui seront dans les ténèbres de dehors ; ils n’auront ni tué, ni volé ; toutefois ils porteront sur leurs mains le sang de Jésus, auquel ils n’auront pas voulu croire.

Satan avait le pouvoir de la mort : Dieu le lui avait donné comme châtiment gouvernemental sur l’homme, en conséquence du péché. Mais ce pouvoir lui a été ravi par Celui qui l’a vaincu (Héb. 2:14) ; il est détruit pour les chrétiens. Les chrétiens sont un peuple qui est déjà, moralement, hors de la mort : c’est une merveille ! Les vrais chrétiens, où qu’ils soient, partout dans le monde, sont le peuple de Dieu ; ils ont été délivrés du jugement de Dieu et ils ont été arrachés à la puissance de Satan. Ils sont un peuple en marche pour le ciel, liés à Jésus dans le ciel. Encore sur la terre, dans le désert, ils trouvent leurs joies dans la communion avec leur Sauveur, qui est Jésus dans le ciel. On peut jouir du Seigneur aujourd’hui, comme on a pu en jouir hier, si on cultive la communion avec lui par la prière et la méditation de la Parole. La communion avec le Père et avec son fils Jésus Christ donne des joies qui remplissent l’âme par le Saint Esprit : c’est une réalité incomparable. Qu’est-ce que la joie d’un homme qui a fait fortune, qui a trouvé de l’or, si son or le mène en enfer ?

Les choses que nous n’avons pas vues ont pour notre âme une réalité supérieure à toutes les réalités de ce monde ; nous goûtons les choses qui ne se voient pas, nous allons en jouir pleinement quand nous partirons avec le Seigneur dans des corps glorieux, semblables au sien. Nous serons dans notre vrai domaine, la Canaan des chrétiens. Le pays de la promesse, notre vraie patrie, ce sont les lieux célestes où Christ se trouve. Un chrétien, sur la terre, est un apatride ; il n’a pas un endroit dont il puisse dire : «J’ai trouvé le lieu où je vais m’étendre à l’aise, finir mes jours dans le repos» ; cela n’existe pas. La patrie du chrétien, le lieu de son repos, la source de ses joies, de ses consolations et de ses forces, est en haut, en Christ, qui est assis à la droite de Dieu. Mais en même temps, le chrétien est un pèlerin qui traverse le monde, possèdent la vie divine, nourrie par la Parole et l’Esprit ; il ne trouve pas de joie à porter ses lèvres aux coupes que le monde offre. Pourquoi le chrétien ne va-t-il pas s’amuser avec les gens du monde ? Parce qu’il ne trouve pas là son compte ; ce n’est pas parce qu’on le lui a imposé. Cette attitude vient des exigences de la nature qui est en lui, aussi opposée à la nature du monde que le Père et le monde sont opposés l’un à l’autre. Si nous perdons de vue cela, nous faussons la vérité et nous perdons la force des exhortations que Dieu nous donne. Nous sommes dans le désert ; le monde, c’est le désert ; on souffre, il n’y a pas d’eau, rien pour l’âme du chrétien ; quand il est obligé d’avoir certains contacts, son âme est desséchée. Plus un chrétien a de l’âge, plus il fuit les occasions où il pourrait renouveler cette expérience.

Dans le désert, il y avait, avec Israël, un ramassis de peuple, qui suivait les Israélites sans en faire partie ; il entraîne au murmure les Israélites, dont seul un petit nombre était croyant ; la grande masse n’était que professante. Le peuple, fatigué, dit : «Moi, je n’en peux plus, il n’y a que la manne à manger ; j’en ai assez, il me faut autre chose que la manne. En Égypte, on était beaucoup mieux». On a oublié l’esclavage, les cris jour et nuit, les briques qu’il fallait faire avec rien, la dureté du Pharaon ; on se souvient des poireaux, des concombres, des melons.

Quand nous nous plaignons de l’aridité du désert, de la nourriture spirituelle que Dieu nous donne par son Esprit, nous prenons le caractère du ramassis et d’Israël en chute : «La Parole ne suffit pas, il me faut un peu d’autre chose ; j’étais bien mieux avant, je lisais tout ce que je voulais, je me cultivais, je me plongeais dans toutes les études que je voulais, personne ne me le reprochait ; ah, quel bon temps ! Tandis que maintenant, toujours cette Parole de Dieu, toujours cette Bible ! Il n’y a plus que cela ; vraiment, j’en suis fatigué». Dans le ciel, vous n’aurez pas d’autres choses que celles dont le chrétien jouit maintenant par la foi, et si vous vous ennuyez dans le ciel, cela veut dire que vous n’y entrerez jamais. Nous savons bien qu’il nous faut lire autre chose que la Parole, mais nous parlons ici de la nourriture de notre âme, nourriture spirituelle et morale. Que Dieu nous donne d’y penser !

Lorsque notre coeur est porté à se nourrir des aliments de l’Égypte, c’est-à-dire du monde, il est en mauvais état. Nous avons à veiller avec soin, dans l’accomplissement de nos devoirs professionnels inévitables et impérieux, à toujours retrouver la communion avec le Seigneur et à goûter la Parole de Dieu. Cela ne va pas sans exercice, les chrétiens âgés le savent plus que les jeunes ; ne faisons aucune règle, aucune loi, mais souvenons-nous des besoins permanents de la vie divine qui est en nous ! Uns seule chose les satisfait, la Parole de Dieu qui apporte Christ. Avec le Seigneur, on est toujours heureux ; on pourrait être heureux tout seul avec lui, heureux en prison, heureux sur un lit, heureux dans n’importe quelle circonstance ; l’apôtre Paul était un homme qu’on n’a pas pu rendre malheureux. Il n’y a pas de témoignage équivalent à celui-là. Mais voilà un serviteur du Seigneur très zélé, un évangéliste plein de feu ; Dieu permet que son service cesse ; si cet homme n’a plus sa flamme, sa joie, son service passait avant Christ. Que de choses nous faisons passer avant le Seigneur ! Le Seigneur Jésus, lui, n’a rien fait passer avant Dieu.

Si nous arrivons à quarante, soixante ou quatre-vingts ans en gardant les mêmes erreurs de jugement que lorsque nous en avions quinze, c’est un déshonneur pour Dieu. Rien ne remplace l’expérience et la maturité de l’âme, bien que cette maturité ne soit pas toujours liée à l’âge. Il y a des personnes âgées qui n’ont pas fait de riches expériences, des vieillards qu’on voit mourir comme de petits enfants ; c’est plus fréquent qu’on ne le pense. L’âge n’est pas une garantie ; on peut perdre de bien des manières les années que Dieu nous a données.

Dans les chapitres 13 et 14, douze espions sont envoyés pour reconnaître le pays. Ils reviennent avec une grappe excessivement lourde ; on l’apporte au désert ; on apporte, pour ainsi dire, une garantie de la valeur du pays ruisselant de lait et de miel. Cela est une image des joies, des ressources, que le Saint Esprit prend dans le ciel, où Christ est, pour les communiquer aux croyants dans le désert ; à chacun individuellement, à une famille, à une assemblée, le Saint Esprit communique ses joies, ses consolations ; il fait jouir les croyants du ciel et de Christ qu’ils n’ont pas vu : «Lequel, quoique vous ne l’ayez pas vu, vous aimez ; et, croyant en lui, quoique maintenant vous ne le voyiez pas, vous vous réjouissez d’une joie ineffable et glorieuse» (1 Pierre 1:8). Voilà ce que le Saint Esprit fait ; la grappe d’Eshcol, ce sont les joies du ciel que le Saint Esprit produit dans ce désert. Dix espions sur douze sont rebelles : «Nous ne pourrons jamais y entrer, il y a les géants !». Deux ont le souci de la gloire de Dieu et disent : «C’est un très bon pays, les ennemis mêmes seront notre pain, c’est un pays ruisselant de lait et de miel ; montons hardiment !». Voilà l’image des chrétiens qui désirent jouir des choses qu’ils ne voient pas, avant même d’être entrés au ciel ; voilà l’image de tout vrai témoignage selon le Seigneur. D’autres disent : «Laissez-nous tranquilles avec ces choses que nous n’avons jamais vues ! Je sais que je suis sauvé ; je fais ma vie dans ce monde comme je peux, en évitant de faire du mal». Mais le Saint Esprit peut remplir notre coeur des choses qui sont à nous, que nous possédons déjà et dont il veut nous faire jouir. Le témoignage du Seigneur est un témoignage céleste.

Nous savons ce qui est arrivé : les dix rebelles ont été tués sur le champ. Puis Dieu a dit au peuple : «Vous avez peur pour vos enfants ? C’est vous qui allez mourir, et ce sont vos enfants qui entreront dans le pays». Dieu prend toujours le contre-pied de l’incrédulité. Tout le peuple est mort dans le désert et les petits enfants, qu’on avait condamnés à mort, sont entrés dans le pays.

Dans Josué 14, le Jourdain franchi, Josué et Caleb sont là, les deux seuls adultes rescapés du désert. Caleb qui, espion, avait quarante ans, en a maintenant quatre-vingt-cinq ; il parle le langage de la foi : à quatre-vingt-cinq ans, je suis aussi fort qu’à quarante (Jos. 14:11). La foi est forte, parce que, par elle, on réalise qu’on n’est rien et qu’on tire sa force de Dieu, instant après instant, jour après jour ; quand on a Dieu avec soi, la nuit devient resplendissante comme le jour en plein midi ; la tristesse, le découragement disparaissent ; la grâce apporte de la force, de l’énergie spirituelle.

Qu’il nous soit donné de traverser le désert humblement, jour après jour, comme Josué et Caleb. Ils ont été les deux seuls adultes à pouvoir le faire durant quarante ans ! Maintenant, dans le pays de la promesse, l’un et l’autre sont recouverts des caractères que Dieu donne à ceux qui se sont attendus à lui, un jour après l’autre, pendant les années d’épreuves ! Le Seigneur n’a pas mis à part pour nous le premier jour de la semaine seulement. Il a mis à part tous nos jours. Le dimanche est un jour distingué entre les autres ; mais ne donnons pas un jour seulement au Seigneur pour prendre les six autres pour nous ! Que le Seigneur remplisse tout notre coeur de lui-même tous les jours, l’un après l’autre !

 

9   L’école de Dieu — Nombres 13:18 à la fin ; 14 ; Josué 14:6-15

 

[LC n° 11]

6 octobre 1952

 

Ce livre des Nombres présente d’abord le peuple de Dieu compté par Lui. C’est le dénombrement. Le peuple est mis en ordre par Lui, la présence de Dieu étant au milieu de lui. Ensuite, le livre des Nombres nous présente plusieurs épisodes relatifs à la traversée que ce peuple a faite du désert. La lecture de ce livre est riche d’instructions, pour le peuple de Dieu, qui est aujourd’hui dans une position moralement semblable — de fait très différente, mais spirituellement et moralement semblable. Ce livre est très instructif pour le peuple de Dieu dont nous faisons partie, et qui continue son pèlerinage, la traversée du désert, d’un désert qui est plus réellement désert que le désert de sable à travers lequel Israël faisait son chemin. Le désert moral qui nous environne est absolument, pour la foi, un désert, et il n’est que cela. Plus nous avançons dans ce chemin-là et dans cette vie chrétienne, plus nous sentons que Dieu a raison. Il ne peut pas ne pas avoir raison, mais Il nous met d’accord avec lui. Et c’est un immense progrès lorsque, sur quelque point que ce soit, nous tombons d’accord avec Dieu. Non seulement Il ne peut pas mentir et Il ne peut pas errer, mais le progrès des saints, c’est d’être d’accord avec Dieu, et d’abord, et en particulier, sur le jugement que Dieu porte sur chacun de nous. C’est un immense progrès.

Nous faisons cette traversée. Que nous le voulions ou non, nous, croyants, sommes de ce peuple, qui fournit ce voyage à travers le désert terrible, comme il est qualifié. Et c’est pourquoi les circonstances que le peuple a traversées et connues nous sont utiles. Elles nous servent de type, à nous que les fins des siècles ont atteints (1 Cor. 10:11). Il y a une instruction inépuisable pour nous dans les récits que Dieu nous donne à cet égard.

Nous sommes ici en présence de la situation suivante : le peuple est dans le désert, non pas à la fin des quarante ans, mais au commencement. Il y a déjà eu, avant ces récits, d’autres scènes qui sont loin d’être belles ou à la louange du peuple de Dieu. Ce n’est pas, en soi, un peuple intéressant. Aujourd’hui non plus. Ne pensons pas un instant que ce sont nos qualités, nos vertus morales ou autres, qui ont fait que Dieu a fixé son choix sur nous. C’est sa propre grâce qui a dicté à Dieu ce qu’Il avait à faire. Les qualités morales, ou de quelque ordre que ce soit, de ce qui, aujourd’hui, est le peuple de Dieu, ne le désignent en rien comme peuple qui devait être d’avance élu par Dieu. Dieu le dit à son propre peuple.

Dieu, qui s’occupe de son peuple, le met à l’école. C’est une école — nous aussi, nous sommes à l’école — et Il le fait passer par des circonstances difficiles — ce que nous n’aimons pas, nous n’aimons jamais cela. Il le fait passer par des circonstances très difficiles — c’est l’école de Dieu — pour que le peuple apprenne ce que Dieu est et ce que lui, le peuple de Dieu, est. La gloire de Dieu brille dans ces situations, de deux façons au moins. La première, c’est dans son jugement. Dieu est glorifié quand Il juge, incontestablement. Et l’enfer glorifiera Dieu, parce qu’il mesurera, d’une façon définitive et éternelle, qu’il y a entre le pécheur et Dieu un abîme infranchissable. Le jugement de Dieu est une ressource, pour la gloire de Dieu — ce n’est pas la plus glorieuse, pour Dieu. Un jugement judiciaire, un jugement final, aussi bien que les jugements temporaires, gouvernementaux, sont des moyens par lesquels Dieu déploie sa gloire — d’une façon inférieure, mais réelle. Et c’est vrai de tout être moral. Un père qui juge son enfant a le souci de sa propre gloire, quand il juge son enfant, même si ce n’est pas le moyen le plus élevé pour ce faire. C’est une ressource que Dieu a aujourd’hui. Il a et il aura toujours celle-là, à l’égard de tout homme. La gloire de Dieu sera toujours revendiquée, d’une façon ou d’une autre, à l’égard de l’homme. Si ce n’est pas par la grâce de Dieu reçue à salut ou à instruction, ce sera lorsque Dieu le fera comparaître devant Lui et prononcera son jugement sans appel, qui consacrera à jamais la gloire de Dieu et manifestera que le péché est d’un côté, et Dieu de l’autre. Car notre infidélité revient toujours à ceci, c’est que nous jetons l’équivoque, par notre façon de faire, de vivre, de nous conduire (les chrétiens professants le font de façon complète), sur ce fait absolu, qu’il n’y a pas de communion entre ténèbres et lumière, entre Dieu et le péché. À voir comment les chrétiens vivent, on pourrait se méprendre. Une équivoque pourrait régner sur ce fait, que le mal est toujours séparé de Dieu. Dieu ne peut être associé au mal. Quand nous péchons, d’une façon ou d’une autre, et sous le couvert du nom du Seigneur, en tant que chrétiens, nous jetons l’équivoque sur ce principe absolu, que Dieu est tout entier d’un côté, et le péché tout entier de l’autre. Dieu revendiquera toujours, à l’égard du péché, sa propre gloire. Il n’aura rien laissé passer de tout ce qui se sera fait sous le soleil, de tous les outrages à sa gloire. Il y a un moment où Dieu revendiquera sa gloire d’une façon absolue ; si ce n’est en grâce, ce sera en jugement. Il est bon que nos coeurs soient pénétrés de cette pensée. Toutes les fois que nos coeurs cherchent la gloire de Dieu, ils trouvent la bénédiction ; c’est un des effets de la piété et de la foi.

C’est pourquoi, dans un passage de l’Écriture que nous connaissons bien, il est dit à un homme qui avait péché : «Mon fils, donne gloire à Dieu» (Jos. 7:19). Confesse ton péché, c’est-à-dire, déclare, établis d’une façon publique, que le péché que tu as commis vient de toi, et non de Dieu.

Eh bien, nous trouvons ici cet épisode de la vie du peuple de Dieu, au commencement des quarante ans : il murmure. Ce n’est pas la première fois. Il montre un manque de foi en ce qu’il demande des espions. Il demande qu’on aille explorer le pays. C’est le peuple qui a demandé cela (Deut. 1). Il manque de foi ; il ne prend pas Dieu au mot. Quand nous nous plaignons, d’une façon ou d’une autre, ayons affaire à Dieu, et nous verrons très souvent que nous nous plaignons de Dieu ; au fond, parce que nous sommes en mauvais état. Nous ne sommes pas contents de nous-mêmes ; notre coeur n’est pas heureux : nous nous plaignons. Nous voyons, dans ce chapitre, que le peuple «murmure» et «méprise» ; ces mots se retrouvent plusieurs fois. Et quand nous ne sommes pas contents (que chacun de nous ait affaire au Seigneur, car c’est personnel), très souvent, dans le fond — pour ne pas dire toujours — nous ne sommes pas contents de Dieu, nous nous plaignons de Dieu. Si nous étions heureux avec le Seigneur, nous pourrions souffrir, mais nous ne murmurerions pas. Un chrétien souffre de beaucoup de manières. Plus il est fidèle, à bien des égards, plus il souffre. Mais la communion avec Dieu, le bonheur de la présence de Dieu, la force que Dieu donne, font taire les murmures.

Le peuple a demandé des espions. Il dit : Envoie des espions ; nous voudrions bien avoir des renseignements sur le pays. C’était là une grande offense vis-à-vis de Dieu. Dieu avait dit : Je vous conduirai dans un pays ruisselant de lait et de miel. Mais le peuple dit : Nous voudrions voir le pays. Cela nous arrive ! Nous ne sommes pas toujours contents que Dieu nous dise : Je vous ai préparé un lieu de bonheur. Le ciel est loin de satisfaire toujours notre coeur ! Dieu nous a promis le ciel, la maison du Père, le paradis (ce sont des termes différents : le mot «paradis» est beaucoup plus général, mais Dieu nous a promis le ciel). Et que de fois nous faisons comme le peuple ici, nous ne prenons pas Dieu au mot. Nous ne croyons pas assez que ce que Dieu nous a promis est aussi précieux et heureux qu’Il le dit.

Dans sa condescendance, Dieu permet que des espions soient envoyés. Ces hommes montent : douze, un par tribu. Ils représentent le peuple. C’est pourquoi, ensuite, le châtiment va s’abattre sur tout le peuple. Moïse envoie douze espions. Ils montent, et ils reviennent avec un témoignage évident que le pays est un très bon pays — c’était au temps des premiers raisins. Et la preuve tangible, palpable, c’est cette grappe qu’ils rapportent, et qui est telle, qu’il a fallu deux hommes pour la porter. Ils l’apportent au milieu du peuple, qui a pu se rendre compte de la vérité de ce que Dieu lui-même avait dit à l’égard du pays promis.

La première faute que le peuple a commise, manifestation de ce qui était dans son coeur, c’était l’incrédulité. C’est une très grande faute que cette incrédulité : mettre en doute les déclarations de Dieu. Et cela nous visite ; car, plus d’une fois, et dans bien des domaines, nous sommes incrédules. Sans doute, nous croyons pour le salut. Mais combien de fois sommes-nous incrédules pour ce que Dieu dit. «Si nous sommes incrédules, Lui demeure fidèle, car Il ne peut se renier lui-même» (2 Tim. 2:13).

Les témoins reviennent chargés. Alors nous voyons que le coeur de chacun s’ouvre. Sur douze personnes, dix montrent un certain état, et deux seulement un autre état. Voilà une mise à l’épreuve de l’état du peuple. Cela arrive bien plus souvent que nous ne le pensons. Quand Dieu permet une telle circonstance, dans notre vie de famille ou d’assemblée, souvent le coeur de chacun s’ouvre. On n’avait pas pu lire jusque-là ce qui se passait ; on le lit alors. Ce qu’il y a dans le coeur, on le voit, cela s’exprime. Ils étaient douze, en apparence très intéressés à ce qui touchait au peuple de Dieu, à connaître ce pays de la promesse. Mais, sauf Dieu (et Moïse, peut-être), personne n’aurait su qu’il y avait, dans le coeur de dix d’entre eux, un germe actif d’incrédulité ; on les aurait associés tous les douze. Eh bien, à la suite de la mise à l’épreuve, une profonde différence s’est manifestée, qui a eu de graves conséquences. Il en est ainsi pour chacun de nous, chers amis. Dieu nous fait passer souvent tous par les mêmes expériences, les mêmes épreuves. Et ce qui est l’occasion, pour les uns, d’une victoire, est l’occasion, pour les autres, dans les mêmes circonstances, de manifester — comme il est écrit dans l’épître — un méchant coeur d’incrédulité (Héb. 3:12 — c’est une expression scripturaire).

Nous nous plaignons des mises à l’épreuve ! Mais, par ces faits éprouvants, Dieu met à découvert l’état de chacun. On dira : Mais Dieu n’a pas besoin de cela pour le savoir. Sans aucun doute ; mais cela est manifesté. Dieu a, pour ainsi dire, justifié d’avance la mesure qu’il va prendre, et qu’il annonce en faisant tomber tous les adultes dans le désert pendant quarante ans.

Oh, la vie chrétienne n’est pas une vie à la légère, faite de principes abstraits. C’est une vie de réalités quotidiennes. Eh bien, chers amis, que le Seigneur nous donne d’avoir affaire à Lui, lorsqu’Il nous place dans telle circonstance éprouvante, pour que nous disions : «Seigneur, donne-moi d’être vainqueur par la foi, de montrer la foi, de surmonter l’obstacle par la foi, et de ne pas connaître une humiliante et grave défaite de la chair». Car la chair est toujours battue. La chair s’engage dans le chemin de la foi et est toujours battue. Ces dix-là, c’est la chair qui les gouvernait. Ils étaient, en apparence, comme les autres ; mais la chair les conduisait. On le sait, la chair imite la foi, une fois, peut-être deux ; mais, à un moment donné, la discrimination est faite par la main de Dieu. La discrimination se fera d’ailleurs, un jour, absolue, pour toute la profession chrétienne. La chair imprégnée de christianisme sera démasquée. Si nous voulons aller avec elle, il nous faut aller dans toutes les églises du monde ; il y a de la place ! Il y aura le nombre, mais il n’y aura pas la force de Dieu. Et la discrimination entre toute cette chair chrétienne et ce qui est de Dieu sera inévitablement faite, une fois ou l’autre. En attendant, Dieu nous met à l’épreuve. C’est pourquoi, chez deux chrétiens dans les mêmes circonstances, quelquefois mari et femme — même famille, mêmes circonstances — la foi de la femme brille, celle du mari pas ; ou la chair se montre chez la femme, dans les mêmes circonstances. L’un murmure, et l’autre glorifie le Seigneur. L’un fléchit, l’autre est à la gloire de Dieu, alors que les circonstances sont identiques. Il n’est pas dit que Josué et Caleb ont eu une position plus facile, qu’ils sont tombés sur un endroit plus agréable, plus facile, où il y avait moins de dangers. Ils étaient tous dans une même situation. Mais les uns avaient la foi, les uns allaient avec Dieu. Dieu était avec eux, derrière eux, autour d’eux, et ils voyaient le Seigneur. Et, quand Dieu est là, il peut y avoir tous les fils d’Anak du monde, tout cela est nul. Le monde entier serait-il contre un chrétien qui aurait Dieu avec lui, le monde ne compterait pas. Ils ont glorifié Dieu, Dieu les a honorés. «Ceux qui m’honorent, je les honorerai ; ceux qui me méprisent (mot caractéristique du chapitre) seront en petite estime» (1 Sam. 2:30).

Et quel châtiment atteint l’incrédulité ! Un châtiment tel que, après quarante siècles, nous lisons les noms des dix qui sont là, dans le livre de Dieu ! Et nous voyons tous les adultes qui sont tombés parce qu’ils avaient le même esprit ! Dieu ne s’est pas trompé.

Est-ce que nous cherchons la présence de Dieu en toutes choses, ou bien est-ce que nous comptons les difficultés qui viennent des circonstances, des hommes ou de notre coeur ? Ce ne sont pas les moins subtiles, les moins dangereuses, mais bien les plus perverses, les plus perfides.

Eh bien, Dieu fait face à tout. Dieu est pour les siens, et le reste ne compte pas ! La gloire de Dieu brille pour la foi. Voilà ce qu’ils disent, ces deux hommes, Caleb et Josué. Mais tout le monde a été gagné par le murmure des dix, toute l’assemblée…

Que font Moïse, Aaron, Josué, Caleb ? Ils déchirent leurs vêtements et disent : le pays est un très bon pays (comme nous lisons dans la note) ; et quant aux ennemis, ils seront notre pain. Là où nous vivons avec Dieu, les difficultés mêmes deviennent une sorte d’aliment pour notre âme. Pourquoi ? Parce que nous nous y nourrissons de Christ Lui-même, nous mangeons le pain de Dieu. Dans les exercices liés aux difficultés que nous traversons, si nous les traversons par la foi, nous avons Dieu avec nous. Dieu nous nourrit de Christ, de Lui-même. Il se sert des difficultés pour nous bénir. Est-ce que chacun de nous ici a avancé un peu dans la vie chrétienne ? Nous le pensons. Un peu appris ? Pas beaucoup, sans doute. Peut-être quelqu’un a beaucoup appris ; que Dieu continue à lui apprendre toujours davantage. La connaissance de Dieu est la somme de toutes ces expériences : la connaissance de Dieu en Christ, la connaissance de ce qu’est Jésus, Jésus dans les difficultés, dans l’opposition. Deux seulement des espions montrent la foi. Leurs frères, les dix, entraînent toute l’assemblée, qui est gagnée par cette rébellion ; elle a gagné toute l’assemblée. Quel support que le support de Dieu ! Quand nous murmurons, que nous ne sommes pas contents de quelque chose, interrogeons un peu, dans le secret, le Seigneur. Peut-être qu’Il mettra son doigt sur une corde de notre coeur, et qu’Il nous dira : Voilà pourquoi tu n’es pas content. Il nous le dit parce qu’Il nous aime, parce qu’Il ne veut pas que nous fassions comme les dix et comme tous ces adultes qui sont tombés. C’est facile, de murmurer ! Chers amis, quel triste état. Et cela était dans le désert ! Ils avaient le désert devant eux ! Quand à Josué, Caleb, leur foi ne fléchit pas. Pourquoi ? Est-ce qu’ils valaient mieux que les autres ? Pas du tout. En quoi gît la différence ? En ceci : c’est que, dans le coeur de Josué, de Caleb, Dieu agissait. Ils avaient Dieu devant eux. C’est tout ce qui fait la différence, pratiquement, entre deux chrétiens. Si nous prenons un ensemble de chrétiens, par exemple dans nos assemblées, chacun sait les mêmes choses à peu près au même âge, au point de vue des vérités générales. On ne trouve pas d’hérésies (grâce à Dieu, on ne les supporterait pas encore). Et même, cette connaissance moyenne des vérités générales est peut-être aussi élevée que ce qu’elle était il y a un certain nombre d’années, cinquante ans peut-être ; admettons-le. Mais la différence, où est-elle ? La position moyenne des douze était identique aussi, leur position extérieure, les dangers, ce qu’ils avaient à faire ! Mais la différence entre les deux et les dix, où est-elle ? Dieu est là ou Dieu n’est pas là.

Le secret, pour nous — car tout cela est d’une importance infinie, infiniment profonde pour nous — c’est de chercher le Seigneur. Les difficultés sont très grandes, amères, douloureuses ? Cherchons le Seigneur. Cherchons la face de Dieu. Ne perdons pas notre temps à compter les ennemis (nous pouvons y passer toute notre vie…) ; mais cherchons Dieu, et demandons qu’Il se place entre notre coeur et toutes choses.

Nous sommes souvent bien au-dessous de ces croyants de l’Ancien Testament, des Caleb, des Josué et d’autres, des David, des fils de Coré (dont le nom est assombri par une très triste affaire, par une rébellion terrible). Il y a des fils de Coré, de cette descendance, dont la foi brille, parce qu’ils ont, quand même, trouvé Dieu, et qu’ils ont, quand même, gardé Dieu.

Est-ce que nous cherchons Dieu tout le temps ? Que Dieu nous y aide. Que Dieu soutienne notre foi dans les combats !

Dieu dit : Je vais détruire cette assemblée. Il avait dit auparavant, dans une autre scène : Retirez-vous de là, je vais détruire. Il y a eu des situations où Dieu a failli anéantir son peuple, plusieurs fois. Il veut l’anéantir. Et qu’est-ce que cela fait briller (je le dis en passant) ? Cela fait briller, dans cet exemple comme dans d’autres, la valeur de l’intercession. Moïse, ici, est un intercesseur. Comme il est écrit quelque part : s’il y a un prophète au milieu d’eux, qu’il intercède (Jér. 27:18). Et c’est le même principe que ce qui est dit dans le Nouveau Testament, lorsque nous sommes exhortés à prier les uns pour les autres, et en particulier pour un frère qui n’a pas péché à la mort ; c’est exactement le même principe. «Pour un frère qui a péché à la mort, je ne dis pas qu’il demande» (1 Jean 5:16). Mais autrement, lorsqu’un danger est là, lorsqu’une attaque est là, lorsque le peuple de Dieu vacille dans sa position, nous voyons que la grâce de Dieu — ou alors Dieu jugerait et anéantirait — suscite un Moïse qui intercède, et Dieu épargne son peuple. Sans quoi, il l’anéantirait. Cette intercession de Moïse n’a de valeur et d’efficacité que parce que c’est Dieu qui en est la source. Mais elle nous donne un principe tout à fait universel au long de tous les âges. D’ailleurs, nous trouvons déjà cela en Abraham. L’intercession de Moïse fait que Dieu retient sa main. Il retient sa main, mais frappe quand même ; et Il dit : «Aussi vrai que je suis vivant, dit l’Éternel, si je ne vous fais comme vous avez parlé à mes oreilles» (Nomb. 14:28). Et Dieu s’est glorifié aussi en faisant tomber ces dix : ils moururent de plaie. Quant aux autres, ils mourront pendant les quarante ans. Et ils sont morts, tous ces adultes, des centaines de milliers, qui ont su d’avance qu’ils mourraient dans le désert. Cela a justifié Dieu et la parole de Dieu. Et tous ces petits enfants, dont ils avaient dit : nos petits enfants, qu’est-ce qu’ils deviendront ? Ils entreront dans le pays, mais vous n’entrerez pas avec, vous. Tout l’ordre naturel des choses est renversé, et il est bon qu’il en soit ainsi La gloire de Dieu brille en ce qu’Il fait ce qu’Il veut. Tout Lui appartient, comme dit le Psaume 119 : «Toutes choses te servent». Que nous soyons avec ces «toutes choses» pour servir Dieu. Quel bonheur que d’avoir affaire à Dieu, chers amis. Quand on a affaire à Dieu, on ne voit plus le sable du désert, on ne sent plus qu’il est brûlant. Mais, comme disait quelqu’un : J’ai la source en moi, et un sanctuaire autour de moi. Que ce soit notre heureuse et continuelle force.

Le jugement a passé, à la gloire de Dieu.

Nous avons un enseignement, en ce que Caleb et Josué ont eu à subir, pendant quarante ans, les conséquences de l’infidélité et de l’incrédulité du peuple ; de même que, dans tous les temps, les vrais chrétiens ont eu à subir ce qu’entraîne, pour tous, l’incrédulité de l’Église professante qui est devenue mondaine — nous le savons bien, et nous faisons souvent comme elle. Nous subissons les répercussions de cette infidélité générale de l’Église, et nous n’avons pas à nous en plaindre. Josué, Caleb, ne se plaignent pas. Et nous les retrouvons tous les deux pour terminer, le désert passé, les quarante ans terminés, le Jourdain franchi, dans le pays de la promesse, et tous les deux comme des vainqueurs. Josué a une place à part. Il est un type de Christ, qui ouvre le pays de la promesse au peuple. Mais, comme homme, il a la récompense de sa foi. Et il termine (dernier chapitre de Josué) en disant encore (sa foi n’a pas baissé ; il a vu beaucoup de choses, il a vu les hommes de près, et il a vu et appris qu’on ne peut compter sur personne que sur Dieu ; il l’a appris au départ, dans la suite, et il le sait à l’arrivée ; et sa foi brille ) : Faites ce que vous voudrez, choisissez vos propres dieux, servez-les de tout votre coeur, si vous voulez ; «mais moi et ma maison, nous servirons l’Éternel» (Jos. 24:15). Voilà les dernières paroles, ou à peu près, de cet homme de Dieu. Il n’y a pas d’équivoque. Le désert n’a pas usé son coeur, n’a pas desséché son coeur, n’a pas affaibli sa foi. Au contraire, il compte sur Dieu. Il a compté sur Dieu. Il sait que Dieu seul compte, est précieux, qu’il faut chercher Dieu. Et il nous laisse cela, quand il a fini sa carrière. Il a fini son travail, et le pays s’est reposé de la guerre ; et il dit : «Mais moi et ma maison, nous servirons l’Éternel».

Caleb arrive dans le pays de la promesse, et il parle. On aurait pu croire qu’il n’en pouvait plus. Il s’avance vers Josué et parle, et dit : Il y a quarante-cinq ans que Moïse a parlé de telle et telle manière ; je viens te rappeler ce que Moïse a dit : que tout lieu que foulerait la plante de mon pied est à moi ; je viens aujourd’hui demander la réalisation des promesses que Moïse, c’est-à-dire Dieu, m’a faites. Il en a vu, pendant ces quarante-cinq ans, des hommes et des choses, mais ce n’est pas ce qui a compté pour lui. Au-dessus de tout cela et à travers tout cela, il a vu les gloires de Dieu, Dieu lui-même, ses délivrances. Qu’est-ce qu’il y avait, à Hébron ? Des enfants d’Anak, des géants. Il y avait des géants au départ du chemin de Caleb ; les géants du départ ne l’ont pas arrêté. Il y a des géants à l’arrivée du chemin de Caleb ; ils ne l’arrêtent pas non plus. Pourquoi ? Parce que Dieu était, dans l’un et l’autre cas, dans le coeur de Caleb.

Les géants figurent les ennemis qui veulent nous empêcher de jouir de Dieu, du ciel, et veulent nous faire gémir sur la terre, nous faire nous traîner sur la terre, comme un peuple qui ne serait pas lié à Celui qui peut dire : «Je suis vivant aux siècles des siècles».

Que le Seigneur nourrisse notre foi, la développe pour sa propre gloire, pour Lui qui est le chef et le consommateur de la foi, dans tous ses principes, dans tout ce qu’elle est. Qu’Il la développe et nous fasse connaître une joie profonde au milieu des difficultés, des exercices, des souffrances, qui n’ont pas été épargnés à Josué ni à Caleb. Et que notre joie soit celle de ceux qui se glorifient dans le Seigneur.