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ROME ET LES MIRACLES

 

ou : les miracles sont-ils

 

un moyen de reconnaître la vraie Église ?

 

 

J.N. Darby

ME 1908 p 114

 

En réponse aux prétentions de l’Église romaine, enseignant que les miracles sont un moyen de reconnaître la vraie Église, il est très important d’affirmer que les miracles ne sont pas la pierre de touche de la vérité, ni le moyen de la contrôler. Dès le début, les miracles ont confirmé la vérité, tandis que la Parole était le moyen de la contrôler. Je nie donc absolument cette prétention.

« Plusieurs crurent en Jésus en contemplant les miracles qu’il faisait, mais Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous les hommes » (Jean 2:23, 24). Ce passage nous montre qu’une foi, fondée uniquement sur des miracles, n’avait aucune valeur aux yeux du Seigneur. N’oublions pas, qu’au temps de la grande tribulation, « il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes, et ils montreront de grands signes et de grands prodiges, de manière à séduire, si possible, même les élus » (Matthieu 24:24). Il est dit encore de l’antichrist, de « l’homme de péché, le fils de perdition », que sa « venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés » (2 Thessaloniciens 2:3, 9, 10). Jannès et Jambrès ont aussi fait beaucoup de miracles, quoique Dieu les ait confondus devant Moïse.

Le chapitre 13 du Deutéronome présente le cas d’un homme qui, pour détourner les âmes de la vérité du témoignage divin et de l’Éternel lui-même, donne, comme preuve, un signe ou un miracle. La Parole ajoute : « Tu n’écouteras pas les paroles de ce prophète, ni ce songeur de songes, car l’Éternel, votre Dieu, vous éprouve, pour savoir si vous aimez l’Éternel, votre Dieu, de tout votre cœur et de toute votre âme » (Deutéronome 13:3). Il est donc certain que les miracles ne sont, en aucune manière, un critère de la vérité. Lorsque celle-ci apparut dans la pleine révélation de Christ, et que, par grâce, elle fut versée dans des cœurs disposés à la recevoir, Dieu donna des miracles pour confirmer la Parole de la vérité par laquelle ces âmes avaient été engendrées (Jacques 1:18). C’est ce que nous trouvons en Hébreux 2:4 : Dieu rendait témoignage à la Parole « par des signes et des prodiges, et par divers miracles et distributions de l’Esprit Saint, selon sa propre volonté ». Nous trouvons aussi dans l’évangile de Jean (15:22) : « Si je ne fusse pas venu, et que le ne leur eusse pas parlé, ils n’auraient pas eu de péché » ; et au chapitre 14:11, du même évangile : « Croyez-moi que moi je suis dans le Père et que le Père est en moi ; si non, croyez-moi à cause des œuvres elles-mêmes ». En un mot, la Parole témoigne de Christ et de l’amour du Père, et les œuvres sont ajoutées pour établir l’efficace et l’autorité de cette Parole.

En présence des prétentions de Rome, il est, en outre, de toute importance de bien établir le caractère des miracles.

Les miracles de Christ étaient l’expression de la puissance et de la bonté divine, présentes dans un homme, au milieu de ce monde. Cet homme était le Seigneur dans son incarnation, et sa parole suffisait pour abolir chaque fruit et chaque conséquence du péché. La malédiction du figuier (Matthieu 21:18 ; Marc 11:12-14), seule exception à ce que nous venons de dire, ne fait que confirmer la vérité de ce que nous avançons ; car, dans ce miracle, Israël rebelle, ou l’homme sous l’ancienne alliance, était jugé en figure comme ayant des feuilles, une belle apparence basée sur sa profession, et ne portant aucun fruit.

L’histoire d’Israël offre des exemples frappants de la question qui nous occupe. Des miracles furent opérés pour établir la religion divine sous Moïse. Élie et Élisée en firent au milieu des dix tribus, lorsqu’elles se furent éloignées de l’Éternel. Mais en Juda (à part le seul signe du cadran d’Achaz donné par Ésaïe), où la parole de Dieu était encore reconnue, et son temple établi, aucun miracle quelconque ne fut opéré. Les prophètes de Juda cherchaient à produire les résultats de la Parole dans la conscience du peuple.

Or, quand on compare les prétendus miracles des saints ou autres légendes de la même espèce, avec les miracles de la Parole, le contraste de leurs deux natures frappe immédiatement toute conscience sérieuse.

Chez Christ, comme aussi chez les apôtres qui agissaient par la puissance de Christ, les miracles sont parfaitement conformes à Sa personne, à Sa mission et à Sa Parole, comme on le voit au chapitre 11 de Matthieu (v. 5-6), où le Seigneur répond aux messagers de Jean-Baptiste : « Les aveugles voient, les boiteux marchent ; les lépreux sont rendus nets, et les sourds entendent ; et les morts sont ressuscités, et l’Évangile est annoncé aux pauvres », et le résultat. « Bienheureux est quiconque n’aura pas été scandalisé en moi ».

Comme nous l’avons déjà dit, la puissance divine agissant en bonté, était présente en Christ dans ce monde pour délivrer les hommes de la puissance de Satan, déjà vaincue sans doute, mais montrant ses effets dans les maladies et les infirmités, dont les hommes étaient atteints. L’homme fort avait été lié, et le Seigneur, selon sa propre expression, pillait ses biens. Par le fait que, comme homme, dans sa bonté souveraine, il était entré en conflit avec Satan au désert, après le baptême de Jean, les résultats extérieurs du péché dans le monde pouvaient être abolis.

Si l’on compare maintenant les miracles de l’Église romaine avec la vie du Seigneur, ses paroles et ses miracles, la différence saute immédiatement aux yeux. Les miracles dont nous parlons, sont-ils un témoignage au Fils de Dieu, à la nature et aux voies de Dieu en grâce, ou ont-ils pour but d’exalter certains individus par des exploits, absurdes du reste, pour la plupart ? De plus, Rome, qui prétend les contrôler, s’accrédite elle-même par leur moyen. Il n’en était pas ainsi des miracles de Christ. Il faisait appel à tout le monde, à ses adversaires. Ses miracles étaient patents, constants et accréditaient la gloire de Dieu, non pas la renommée de l’homme, car le nom de Jésus était glorifié par eux et non pas, comme pour Rome, un St-Martin de Tours, un St-Xavier, ou tel autre.

Remarquez encore que le contrôle de Rome a lieu après la mort du thaumaturge (*). Ces miracles ne sont pas un pouvoir vivant qui se démontre constamment lui-même, ni une intervention présente de la bonté de Dieu envers tous. Rome accrédite l’homme et le parti auquel il appartient et rien d’autre, puis elle approuve le miracle, afin d’être approuvée elle-même.

 

(*) note Bibliquest : Dans certains cas, comme à Lourdes, le contrôle des miracles a lieu en permanence, mais la rareté des miracles confirme ce que dit l’auteur, à savoir l’absence d’un pouvoir vivant qui se démontre constamment lui-même.

 

Que Dieu, si cela lui convient, puisse opérer des miracles, en tous temps, nul chrétien ne le met en doute. Qu’il intervienne d’une manière extraordinaire en faveur d’hommes fidèles, ou de martyrs qui sacrifient leur vie pour Christ, je n’en serais pas surpris. Qu’il réponde à la prière de la foi pour la guérison des malades (là où cette foi se trouve réellement), je n’en doute pas un instant. Jacques, l’apôtre Jean, nous l’enseignent. Je vais plus loin : qu’un homme possédant l’Esprit de Christ soit en mesure de contrôler la puissance de Satan et de le chasser, cela devrait être. Mais lorsque, selon l’enseignement de l’Écriture, les vrais miracles doivent confirmer la vérité et la parole de Dieu et que la vérité est absente ; lorsque je vois que le Seigneur estime comme n’ayant aucune valeur une foi fondée sur des miracles ; quand je constate que les miracles du catholicisme romain ne sont pas un témoignage à Christ, mais à la vierge Marie, ou à St-Ignace et à tel autre homme ambitieux ou chef de parti, dont ils doivent confirmer les prétentions ; quand je vois ces miracles se multiplier constamment dans la vie de ces personnes, selon que l’occasion les réclame ; quand on me raconte qu’au lieu que ces hommes eussent de la puissance sur les démons, Satan avait sur eux un terrible pouvoir (comme dans le cas de St-Xavier et de Loyola) et les battait avec fureur ; quand je trouve enfin que les miracles sont entièrement appropriés aux superstitions du temps qui les vit naître, et que leur objet n’est nullement la vérité de Christ et la Parole, j’ai des raisons péremptoires de ne pas croire à la plupart d’entre eux. Et si, en quelques-uns de ces miracles, une puissance se manifeste, j’ai le droit de juger que ce n’est pas la puissance de Dieu.

En disant cela, je n’ai nullement l’intention de nier qu’un homme dévoué — ou même des hommes superstitieux, s’ils se consacrent à Dieu sincèrement — ne puisse être aidé d’une manière extraordinaire dans ses difficultés. Seulement, Dieu nous donne des contre-épreuves, afin que son peuple ne soit pas induit en erreur. Les miracles doivent être en faveur de la vérité, sinon je ne dois pas les recevoir. S’ils ont lieu en faveur de ce qui n’est pas la vérité, celui qui les opère, nous dit la Parole, doit être absolument rejeté (Deutéronome 13).

Je répète encore que Satan fera des miracles pour tromper les élus, si cela était possible, et que ce fait est un signe des derniers jours et caractérisera la venue de l’homme de péché.

Donc, comme nous l’avons dit en commençant, les miracles ne peuvent pas être la pierre de touche de la vérité.