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Méditations de J. N. Darby
1 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 1 à 2
2 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 2:5-18
3 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 4
4 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 4 — Le Repos
5 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 5 : L’Auteur du Salut éternel
6 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 5
7 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 6
8 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 7 : La Sacrificature de Melchisédec
9 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 7
10 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 7
12 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 9 : L’Accès auprès de Dieu
13 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 9
14 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 9:27-28
15 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 10:1-25
16 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:1-16
17 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:13-28
18 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:17-29
19 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:24-27
20 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:28-30
21 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 11:30-40
22 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:14
23 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:1-13
24 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:1-15
25 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:1-17 : La Sainteté
26 Méditations de J. N. Darby — Hébreux 12:25 à 13:1
n°82 : ME 1895 p. 351
La gloire du Seigneur est un de ces sujets devant lesquels on sent son impuissance, quand on est appelé à en parler. Nous apprenons à connaître cette gloire par le fait qu’elle répond à nos besoins, comme le pauvre apprécie les richesses du riche par le bien qu’il en reçoit. Oui, c’est par nos besoins, et non en cherchant orgueilleusement à nous élever jusqu’à lui, que nous apprenons ce qu’il est. Dieu est amour ; nos besoins nous le font connaître ; c’est là ce qui ouvre son Livre à nos coeurs. Quand l’Éternel a donné la loi, tous étaient tenus à distance de sa gloire, si bien qu’une bête même ne pouvait toucher la montagne. C’est que tous ceux qui étaient sous les oeuvres de loi étaient sous la malédiction. Dans le Deutéronome, la malédiction devait être prononcée en Ébal, la bénédiction en Garizim. Or la malédiction seule est mentionnée (Deut. 27). L’apôtre en tire précisément cette conséquence, que «ceux qui sont sur le principe des oeuvres de loi sont sous malédiction» (Gal. 3:10 ; Deut. 27:26). La loi est bonne, mais l’homme est pécheur, et voilà pourquoi la loi ne peut justifier aucun homme.
Toute autre est la grâce. Dieu ne s’est pas borné à nous en envoyer le message ; il est venu lui-même nous l’apporter et nous la faire connaître. Il s’était fait connaître dans le passé à Abraham, à Jacob, à Manoah, et cela très obscurément, à de rares intervalles, sous forme angélique ; mais Jésus est venu comme homme sur la terre et a été «vu des anges».
Pour que Dieu soit pleinement manifesté à l’homme, il faut trois choses : 1° Que le coeur de l’homme soit à l’aise devant Dieu. Or Dieu se manifeste en grâce, et l’homme fait connaissance non pas avec son juge, mais avec celui dont la bonté est la plus grande gloire. C’est ce que Jésus a fait. Il s’est approché de nous, afin que nous sentions, nous misérables, perdus de réputation, que nous avons ses sympathies les plus intimes. 2° Il faut que l’homme soit devant Dieu, sans péché. Cela a eu lieu dans l’incarnation du Fils de Dieu sans péché, de celui qui est l’homme parfaitement agréable à Dieu. Mais alors il serait resté seul, car si Dieu pouvait l’introduire dans le ciel, il ne pouvait nous y introduire, rien de souillé ne pouvant y entrer. Mais il est venu pour laisser sa vie. Ainsi la question du péché était réglée, et Dieu s’étant manifesté en grâce, par le don de son Fils, aux pécheurs sur la terre, ceux-ci peuvent s’approcher de lui dans le ciel. 3° Il faut enfin que l’homme soit tel que Dieu puisse le recevoir, et c’est encore ce que nous avons en Jésus. «Nous avons été rendus agréables dans le Bien-aimé».
Considérons, à propos de la personne du Fils, quelques citations contenues dans ces chapitres : Il y a, au Ps. 2 (Hébr. 1:5), une chose frappante quant au Fils de Dieu. L’Éternel lui dit : «Tu es mon Fils», puis il appelle tous les rois de la terre à baiser le Fils, de peur qu’il ne s’irrite. Jérémie dit : «Maudit l’homme qui se confie en l’homme. Béni l’homme qui se confie en l’Éternel» (17:5, 7). Au Ps. 2, il est dit : «Bienheureux tous ceux qui se confient en lui» (le Fils). Le Fils est l’Éternel, en qui l’on doit se confier.
Au Ps. 45:6-7 (Hébr. 1:8-9) : «Ton trône, ô Dieu», s’adresse au Fils ; «Dieu, ton Dieu, t’a oint», s’adresse à Christ, l’oint de Dieu.
Au Ps. 102 (Hébr. 1:10-12), c’est dans le moment où l’humiliation du Messie nous est présentée avec le plus de force, que Dieu le proclame l’Éternel et le Créateur.
Au Ps. 110 (Hébr. 1:13), celui qui a été «le pauvre», est proclamé Seigneur et assis à la droite de Dieu dans la gloire.
Au Ps. 97 (Hébr. 1:6), quand le Premier-né est introduit dans le monde habité à venir, il dit : «Et que tous les anges de Dieu lui rendent hommage».
Plus le fidèle s’attache de coeur à la gloire de Christ, plus il est dans sa vraie position. L’ignorance sur ce que Jésus est comme homme, comme Dieu, affaiblit tous les ressorts de la foi. Il est précieux de trouver la puissance infinie de l’amour de Dieu, s’accommodant, dans la personne du Seigneur Jésus, à tous nos besoins. Jésus a été «oint d’une huile de joie au-dessus de ses compagnons» (Hébr. 1:9. Ps. 45). Mais déjà actuellement, nous sommes ses compagnons (Hébr. 3:14). Jésus a été fait semblable à nous (à part le péché) et maintenant Christ glorifié, Christ, l’homme parfait, nous appelle ses compagnons et ses frères (Hébr. 2:12 ; Ps. 22), nous place dans la position où il se trouve, nous rend participants de sa vie, de son héritage, de son Esprit, et plus tard de sa gloire. Les anges ne sont pas appelés ses compagnons, ni ses frères. Ce n’est pas la force de l’homme qui peut nous donner une telle place ; c’est la puissance de Dieu, c’est l’Esprit de Dieu. Le Saint-Esprit, dont la plénitude est en lui, est en nous aussi, afin que nous ayons part à ces choses. Par nature, nous sommes des vers, nés de la poussière, et si nous avons quelque chose de plus, c’est le péché. Dieu, dans son amour, est devenu pour nous un Dieu de près ; il est entré dans tous nos besoins, et, par amour, nous a faits ce que nous sommes en Christ.
n°140 : ME 1902 p. 54
Dans le chap, 1, l’apôtre avait parlé de la divinité de Christ et de la gloire de sa personne que les anges étaient appelés à adorer, il parle au chap. 2 de son humiliation et du résultat de cette humiliation qui est de nous exalter dans le ciel. «Étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour nous, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis» (2 Cor. 8:9).
«Qu’est-ce que l’homme ?» Cette expression est employée de plusieurs manières dans la Parole. Plus on sonde ce que l’homme est, plus on voit qu’il est impuissant et misérable, qu’il passe, et que sa propre faiblesse le conduira en peu d’années à sa fin. En Job 7:17, cette question vient d’un esprit d’aigreur ; dans le Ps. 8, elle a trait à la patience de Dieu. Job montre que l’homme ne vaut pas la peine que Dieu s’arrête à lui ; le Ps. 8 montre, en présence de la faiblesse de la nature humaine, la patience admirable de Dieu. Mais Dieu fait cas de l’homme, parce qu’il a uni à Christ les intérêts de ceux qu’il a sanctifiés.
La prophétie du Ps. 8 est accomplie en ce que l’homme, dans la personne de Jésus, est déjà couronné de gloire et d’honneur. Mais toutes choses ne lui sont pas encore assujetties. Il a dû être glorifié comme homme, et l’on voit ici la manière dont il s’est identifié avec nous. C’est en vue de ce que l’homme est, faible et souillé par le péché, de ce qu’il a gâté l’oeuvre de Dieu et mis le désordre dans l’univers, que cette identification a eu lieu. Pour être glorifié selon les conseils de Dieu, il a fallu qu’il devînt homme, qu’il s’identifiât avec l’homme. Quand nous pensons à ce qu’il était comme Fils de Dieu, nous comprenons la grâce immense qui l’a fait s’associer à nous. Il a dû être traité de Dieu selon l’ordre de choses, au milieu duquel il s’était placé, et en prendre toutes les conséquences, souffrances, misères, afflictions, mort, jugement. Il a ainsi tout souffert de la part de Dieu, tandis que, de la part des hommes, il souffrait pour la justice.
Il était convenable que Dieu consacrât le Chef de notre salut par des souffrances. Jésus, pour nous amener à Dieu, s’est mis en avant pour recevoir, de la main de Dieu, tout ce qui nous était dû, et Dieu, ayant voulu nous amener à la gloire, a dû faire passer son Fils par des afflictions, et agir envers Lui, dans ce monde, comme ayant pris notre place. S’étant exposé à tout pour nous, la conséquence naturelle est qu’il nous identifie avec Lui dans sa gloire, car, sans cela, ses souffrances auraient été inutiles et sans fruit. Il a voulu traiter comme ses frères ceux qui sont sanctifiés.
En Israël, celui qui sanctifie était l’Éternel, et il n’était pas vrai que Celui qui sanctifie et ceux qui étaient sanctifiés étaient «tous d’un». Il y avait une distance infinie entre eux (Lév. 20). En Christ, ils sont tous d’un, d’une même origine, d’une même nature en résurrection. Ce n’est pas la majesté de Dieu, qui nous sanctifie par la terreur ; c’est Dieu, la Parole faite chair, qui a été traité comme subissant toutes les conséquences du péché, se plaçant dans nos circonstances, et nous unissant à lui-même, en nous communiquant sa vie. C’est ici un principe tout nouveau pour nos âmes, entièrement différent de ce que Dieu était auparavant. Jésus s’approche de nous, est tenté en toutes choses, semblable à nous à part le péché, afin de nous sanctifier, et il nous sanctifie en nous identifiant avec Lui-même en résurrection.
La sanctification n’est pas seulement que nous sommes mis à part pour Dieu, sanctifiés par son sang ; il s’agit ici d’une véritable sanctification pratique du coeur. Jésus, comme homme, nous attire à Lui par la communication de sa vie, nous unit, nous identifie avec Lui-même ; il n’a pas honte de nous appeler ses frères. L’apôtre cite, comme une preuve de la relation de Jésus avec nous, ce passage : «Je me confierai en Lui» (v. 13). Jésus s’est anéanti et s’est placé dans les circonstances d’un fidèle, ayant besoin de se confier en l’Éternel. Il dit : «Je me confierai en Lui». Quel abaissement ! Quelle gloire de son amour, qu’il se soit identifié avec nous jusqu’à ce point, qu’il ait eu besoin, comme nous, de se confier en l’Éternel ! C’est une chose très douce pour le coeur. Il a crié à Dieu, et Dieu l’a exaucé (Ps. 34:6). Il jouit de la pensée que les débonnaires l’entendront et se réjouiront (v. 2). Nous voyons, en Hébr. 5:7, que Jésus a trouvé cet exaucement dont il a eu besoin Lui-même. Il a appris l’obéissance par les choses qu’il a souffertes, et a été consacré comme souverain sacrificateur, en passant lui-même par nos circonstances et en étant traité de Dieu comme l’un de nous aurait dû l’être.
Rien ne peut priver l’âme de la conscience et de la joie que nous sommes identifiés avec Jésus. Notre faiblesse nous fait sentir l’efficace de cette grâce, car même nos péchés nous apprennent à connaître la gloire de l’amour de Jésus.
n°14 : ME 1886 p. 355
Cette vie n’offre point de repos ; Christ nous y promet des afflictions, des souffrances, des persécutions, et non le repos. Quand, après le travail, on attend, dans ce monde, la bénédiction et la paix, on trouve la dévastation et la guerre. Le Saint-Esprit que le chrétien possède, au lieu de nous donner du repos en ce monde, produit en nous l’activité. Christ n’a pas connu le repos ici-bas ; ses apôtres ont été éprouvés par toute sorte de souffrances ; pouvons-nous attendre mieux ? Dieu nous donne un repos hors de ce monde plein de péché et de la servitude de la corruption, et Jésus est allé nous préparer un lieu de repos pour nous y recevoir. Délivrés d’Égypte, les Israélites n’avaient pas été introduits dans le repos, mais dans le désert et dans la lutte avec l’ennemi.
Il est pénible de trouver, sans cesse, la guerre autour de nous, et cela devait surtout être sensible aux Hébreux, accoutumés à espérer un Messie terrestre, et peu habitués à la pensée d’un Christ caché en Dieu. Ils ne trouvaient ici-bas rien de ce qu’ils attendaient, du moment où ils devenaient chrétiens, car le chrétien quitte le monde sans être encore en possession du ciel.
L’effet de la rédemption est de nous placer dans le désert ; là nous trouvons l’épreuve de notre chair et l’épreuve de notre coeur. Nous subissons la première comme hommes par la souffrance. Notre coeur est éprouvé pour nous montrer que nous n’avons rien ici-bas. Nous n’avons à y attendre que le désert, et c’est la seule chose dont nous soyons toujours assurés. Si nous y attendons autre chose, il nous arrivera ou de vouloir nous y établir, ou d’y trouver la fatigue et la lassitude. Dans le désert, nous ne pouvons compter que sur Dieu.
Le repos qui nous est promis est celui de Dieu. Dieu n’est pas encore entré dans son repos quant à ses créatures ; il s’est reposé après la création parce que tout était bon, mais le péché a tout gâté, et le repos de Dieu quant à sa créature a été interrompu. Le Seigneur dit : «Mon Père travaille jusqu’à maintenant, et moi je travaille».
Dans la résurrection, Christ s’est reposé de son oeuvre de rédemption ; il est maintenant assis à la droite de Dieu et, quant à notre rédemption, n’a plus rien à faire, mais c’est seulement lorsque Dieu aura rassemblé tout son peuple, que nous entrerons dans le repos.
Deut. 8:2-6, nous montre que Dieu nous a fait entrer dans le désert pour nous humilier et pour nous mettre entièrement sous sa dépendance. Moïse, parlant d’Israël, constate ce fait humiliant qu’il s’est constamment rebellé ; mais Dieu arrive à ses fins ; il dit, par la bouche de Balaam, qu’il n’a point vu d’iniquité en Jacob. Après quarante ans, leurs vêtements n’étaient pas usés, ni leurs pieds foulés. Peut-être, l’effet journalier de l’amour de Dieu était-il peu senti, mais au bout du voyage, le bien qu’il avait fait à son peuple était admirable. Il leur avait donné la manne, l’eau, la nuée pour leur montrer le chemin. Le désert nous fait mieux sentir nos misères. Le désert est pénible à chacun de nous, selon notre caractère, en nous dépouillant de l’objet de nos désirs quant au repos, à l’ambition, etc. Le désert nous montre Dieu s’occupant de tous les détails de notre vie ; c’est la chair seule qui nous empêche d’y jouir de la présence directe de Dieu.
La parole de Dieu et la sacrificature de Christ (v. 12-16) nous sont données pour nous soutenir durant le voyage du désert. La Parole est le premier instrument dont Dieu se sert pour nous y faire du bien ; elle nous donne la connaissance de Dieu et celle de nous-mêmes. L’homme naturel ne comprend pas les choses spirituelles ; Dieu emploie ce qu’il trouve dans nos coeurs pour se faire connaître et pour nous révéler ce que nous sommes — pour pénétrer en nous et y répandre sa lumière qui manifeste nos misères et nos ténèbres. Les affections naturelles deviennent mauvaises quand elles ne tendent pas à Dieu ; elles sont de l’âme et non de l’Esprit : la Parole atteint jusqu’à la division de l’âme et de l’Esprit. Le nouvel nomme n’a rien ici-bas comme objet ; Dieu est son objet unique. Le chrétien juge tout ce qui, dans son coeur, ne se passe pas selon Dieu, et le même Esprit qui le porte à se juger, lui fait comprendre qu’il n’aura pas à subir le jugement de Dieu. La patience, le support, la tendresse de Dieu ne peuvent s’apprendre dans le ciel ; c’est uniquement dans le désert que nous pouvons connaître Dieu sous ces divers aspects. Dieu laboure nos coeurs pour y semer le blé de son amour. Il est un ami dont nous avons fait la connaissance dans nos misères et dans nos afflictions et que nous retrouverons dans le ciel avec une joie d’autant plus vive.
Au v. 14, nous avons un souverain sacrificateur compatissant qui a fait l’expérience de tous nos besoins et qui plaide notre cause auprès de Dieu. Il a été notre compagnon de voyage dans le désert, c’est pourquoi nous pouvons aller au trône de la grâce qui n’est plus un trône de jugement. Le Saint-Esprit est dans nos coeurs pour les juger, et le Père nous châtie encore, mais ne nous jugera plus.
Laissons les afflictions et la parole de Dieu avoir tout leur effet sur nos coeurs, afin que la patience ait son oeuvre parfaite. Ne leur préférons pas la consolation. Si Dieu nous sonde, c’est pour nous mettre en état de mieux jouir de son amour. La sagesse, pour l’homme, est de se soumettre avec confiance, non pas avec orgueil ou insensibilité.
n°222 : ME 1923 p. 214 / 221
Deux choses nous sont particulièrement présentées dans ce chapitre :
1° Le caractère du repos qui appartient au peuple de Dieu et en quoi il consiste.
2° Le moyen que Dieu emploie pour que nous arrivions à ce repos.
Il est évident que le repos est la suite du travail. Pour l’homme le travail comporte la fatigue d’esprit et de corps et la conscience qu’un changement est bien désirable. C’est un besoin dont le repos est la réponse. Il n’en est pas ainsi pour Dieu, et cela dit beaucoup. Pour nous la pensée de chercher un repos suppose un état de chute, tandis que le repos de Dieu a pour cause un travail par lequel il sort de lui-même. Il se repose de ses oeuvres, non de sa fatigue.
Nous avons été créés dans un état qui répondait à la volonté de Dieu ; aussi Dieu vit «que cela était bon». Il ne s’agissait pas pour l’homme de trouver un repos ; il aurait dû rester où Dieu l’avait placé et jouir en Éden des bénédictions que l’Éternel, dans sa bonté lui avait procurées. L’homme n’avait ainsi aucune part au travail, ni par conséquent au repos de Dieu. Il jouissait, il était innocent, très heureux et béni, avec un coeur sans reproche, sans un seul besoin pénible, mais aussi, sans aucune part au repos de Dieu.
Maintenant ce n’est plus le cas. La chute est survenue, la misère, le péché. On ne trouve personne qui puisse dire : Je suis satisfait, pas même le chrétien. En un sens il doit être parfaitement heureux, toujours joyeux, mais il n’est pas satisfait de rester où il est, parce qu’il a goûté des choses célestes. Pour le monde, il n’y a que travail, souci, inquiétude et personne qui soit heureux. On cherche à expliquer cela par le besoin d’activité, de progrès, de civilisation, mais où est le bonheur, le contentement ? Une génération succède à l’autre et cherche mieux que la précédente, mais n’arrive jamais au repos. La civilisation ne peut pas rendre le coeur heureux. On rencontre aujourd’hui plus de chagrins, d’inquiétudes, de malaise intérieur, que lorsque la vie était plus rude et plus simple. Même quand tous ses désirs sont satisfaits, vous trouverez l’homme malheureux. La famine est dans ce pays-là ; on n’y mange que les gousses des pourceaux. Il est clair que cela n’est ni le repos de Dieu, ni même le chemin de ce repos. Il est bon que l’homme soit convaincu de ne pas être dans le chemin du bonheur.
Nous sommes en chute, dans un état de péché, subissant la conséquence de notre éloignement de Dieu, cherchant dans le pays de Satan de quoi satisfaire des besoins qui renaissent sans cesse. Si même nous sommes convertis, nous n’avons pas le repos dont ce chapitre nous parle. Les effets de la chute demeurent et la connaissance de la grâce ne nous permet pas d’être dans le repos. Christ lui-même ne l’avait pas ici-bas. L’amour et la sainteté ne peuvent se reposer au milieu du péché et de la misère. Pour nous, la lutte de la chair contre l’Esprit n’est pas le repos. Nous n’avons pas même le repos de Dieu dans le coeur avant que le travail ait cessé et que tout en nous corresponde à la pensée de Dieu lui-même. La vie de Dieu dans le coeur a besoin d’être avec Dieu, semblable à Lui et que son image y soit formée, sans rien de contraire. Cette vie ne peut se contenter de trouver, soit en nous, soit autour de nous des choses contraires à Dieu. Dans ce sens, l’effet de la vie de Dieu est de rendre le repos impossible. Le besoin d’être avec Jésus, de lui être semblable, de se trouver dans la pleine lumière de l’amour du Père, empêche le repos. Jésus n’y est entré que lorsqu’il est remonté au ciel. La vie que Dieu nous a donnée a ses goûts, et ses délices dans ce que Dieu aime ; elle a Dieu personnellement comme objet suprême de ses affections. «Mon âme», est-il dit, «a soif de Dieu, dans une terre déserte et désire voir Sa gloire dans le sanctuaire». Elle a besoin d’y être et d’en jouir. Il est impossible qu’on ait cette vie dans le coeur, sans le besoin d’être avec Dieu et comme Lui.
Il y a un double genre de travail :
1° Le travail du nouvel homme qui soupire après un monde où nous serons semblables à Christ, et qui court vers le but en vue duquel Dieu nous a pris. Mais nous rencontrons des obstacles continuels sur la route. La vie spirituelle, abstraction faite de la chair et du péché, tend à ne plus se trouver au milieu du mal et à posséder définitivement le bien. Le chrétien est peiné de voir tout le mal qui l’entoure ; il en est navré, de manière à être en un certain point homme de douleur et sachant ce que c’est que la langueur.
2° L’autre genre de travail est la lutte en soi.
Si je désire être saint pratiquement, je trouve quelque chose en moi qui veut m’empêcher de l’être. Le monde m’entoure, cherche à me faire perdre l’équilibre et ce n’est pas difficile, à moins que la puissance de Dieu n’intervienne. Un chrétien vivant voit Christ clairement, jouit de lui, et devant cette jouissance les choses du monde deviennent des ordures. S’il ne voit pas Christ clairement, c’est parce que les choses de chaque jour ont pris pour lui de l’importance. Ce n’est plus : «Christ est mon tout» : beaucoup d’autres choses font partie du tout du chrétien et se le partagent. Si Christ ne le relève, Il perdra toujours plus de sa valeur pour son coeur. Le jugement spirituel étant faussé, on ne trouve plus un discernement suffisant du mal. Peut-être la conscience n’est-elle pas mauvaise, mais la clarté de la vue spirituelle est perdue et cela ne donne pas le repos.
Tous les objets que le monde contient tendent à cacher Christ. Il en était ainsi pour ces Hébreux auxquels l’apôtre écrivait. Les choses terrestres et visibles qui, dans la pensée de Dieu, représentaient les célestes et les invisibles, comme par exemple les offrandes, la sacrificature et le temple, reprenaient de la valeur du moment que Christ n’avait plus toute la place devant leurs yeux. L’apôtre appelle cela un «endurcissement arrivé à Israël» (Rom. 11:25). En sortant d’Égypte, Canaan était tout pour le peuple. Quel bonheur de se rendre dans le lieu que Dieu leur avait préparé ! Mais le chemin était long ; il n’y avait pas d’eau, pas de pain. Alors leur coeur perd de vue la grâce qui les a rachetés ainsi que le pays désirable et la manne même devient à leurs yeux «un pain misérable» (Nombres 21:5). Leur coeur s’était endurci.
N’est-ce pas aussi un endurcissement de coeur, quand, Dieu nous ayant donné son Fils et toutes choses avec Lui, ces choses n’ont plus la même valeur pour nous, et que nous sommes aveuglés quant à celles qui ont une valeur ineffable aux yeux de Dieu ? La toilette, les journaux, les devoirs de société, toutes les distractions journalières, prouvent que le coeur ne répond pas à l’affection que les bénédictions célestes méritent, qu’il a perdu la conscience de la valeur de son objet. Ce dernier est peu apprécié et nous ne l’aimons pas comme nous devrions l’aimer. La cause de tout cela est la chair en nous. Convoitises de l’esprit ou de la chair, tout se place entre moi et ce que Dieu a fait pour prendre possession de mon coeur, et tend à obscurcir ma vue.
Ce qui nous est présenté ici c’est le repos de Dieu lui-même. L’apôtre tient à faire comprendre aux Hébreux qu’ils n’avaient pas le repos et qu’il était encore devant eux. S’il s’agit du repos de la conscience, il est atteint et aussi parfait ici-bas que dans le ciel, le sang de Jésus-Christ ayant autant de valeur maintenant que dans l’éternité. Je suis aussi bien sans péché quant à la justice de Dieu que je le serai dans le ciel. Le sang de Jésus Christ me purifie de tout péché. J’ai la même justice, le même Christ que dans le ciel. Le repos est donc parfait, même avec peu d’activité chrétienne et de travail. Il peut y avoir, ce qui est autre chose, un travail pour arriver au repos de la conscience. Ainsi Romains 7 me place devant la loi et aboutit à la misère. La conscience dit : «La loi est bonne et je ne l’accomplis pas», aussi ne peut-elle avoir de repos. En Rom. 8 c’est autre chose : Je suis aussi agréable à Dieu que Christ lui-même et je n’aurai pas dans le ciel une autre justice que celle que j’ai maintenant. N’ayant aucune conscience de péché, j’ai le repos de la conscience.
L’activité de la vie chrétienne est autre chose. Lorsque le coeur lui-même sera comme le coeur de Dieu quant à ses joies et possèdera son Objet sans qu’il puisse y avoir quoique ce soit pour l’empêcher d’en jouir, ce sera le repos. Le chrétien ne l’a pas encore, mais il a la conscience d’avoir confié son bonheur à Christ. En attendant il travaille pour Lui.
Hélas ! le chrétien ne se repose que trop. Il se contente facilement du désert, tandis que son coeur est en Égypte. Si Canaan ne s’est pas emparé du coeur, le désert ne vaudra rien, puisqu’on y trouve l’occasion de retourner en Égypte. On a souvent à insister là-dessus. Il reste un repos, sans cela on éprouve le besoin d’en trouver un ici-bas. On se contente de choses qui ne sont pas selon le coeur de Dieu et de ne posséder que très peu de Christ. Le coeur s’endurcit ; on abaisse le niveau de ce qu’on devrait atteindre ; on se mondanise ; on oublie qu’une promesse nous est laissée d’entrer dans Son repos et qu’il reste un repos pour le peuple de Dieu.
Considérons les traits de ce repos et les moyens que Dieu emploie pour nous faire aller en avant avec bon courage.
Dieu veut que vous compreniez qu’il reste un repos et que vous n’y êtes pas. Christ ne peut pas vous le donner ici-bas où tout est souillé. Si le coeur peut trouver du repos au milieu de la souillure, il n’aura jamais de repos avec Dieu. Une pleine confiance dans l’amour de Dieu est un repos pour le coeur, car on sait que Dieu nous aime comme il aime Jésus. En ce sens le coeur s’y repose. Il sait de plus que cet amour aura tout son effet et que Celui qui a commencé en nous une bonne oeuvre, l’achèvera jusqu’au jour de Christ.
Considérons maintenant le caractère du travail et de l’absence de repos !
Pourquoi le travail ? Pourquoi ne suis-je pas dans le repos ? Parce que j’ai les mêmes pensées, les mêmes goûts que Dieu : sainteté, bonheur. Je n’ai pas de repos, non parce que ma conscience n’est pas en paix, ni parce que je ne suis pas sûr de l’amour de Dieu, mais parce que j’ai les mêmes pensées, les mêmes affections que Dieu lui-même. Je ne puis pas être dans le repos, jusqu’à ce qu’Il se repose dans son amour (Soph. 3:17). C’est là un repos satisfait du fruit de Son travail. Le coeur a les mêmes goûts, la même nature que Dieu, et ne peut avoir du repos tant que Dieu ne se repose pas dans un état de choses parfaitement conforme à ses perfections. À ceux qui l’accusaient de ne pas observer le sabbat, Jésus dit : «Mon Père travaille jusqu’à maintenant et moi je travaille». Pas de repos dans la misère et le péché ; telle est la pensée de Christ.
Nous serons dans le repos, et Dieu lui-même y sera, quand nous serons parfaits, selon son coeur. Comme Église glorieuse, sans tache ni ride, possédant enfin l’Objet de nos coeurs renouvelés, nous serons dans le repos, avec les mêmes pensées que Christ.
Pourquoi est-ce que je travaille maintenant ? Parce que j’ai les mêmes pensées que Dieu. Il verra du fruit du travail de son âme et se reposera parce que tout sera bon et parfait (És. 53).
Le travail n’a pas cessé. Il reste que quelques-uns entrent dans le repos de Dieu (v. 6). «Celui qui est entré dans son repos, celui-là s’est reposé de ses oeuvres, comme Dieu s’est reposé des siennes propres» (v. 10). Il ne s’agit pas pour nous de nous reposer de nos oeuvres mauvaises, mais de nos bonnes oeuvres. Ce ne sera plus un effort continuel pour raccommoder ce que le péché gâte toujours.
Qu’est-ce qui nous empêche de jouir de ce repos et de faire des progrès pour l’atteindre ? Le péché, la chair, les pensées qui retournent en Égypte. Alors, qu’est-ce que Dieu fait à notre égard ? Il a une Parole (v. 12-13) qui pénètre jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, qui discerne les pensées et les intentions du coeur. Il juge, dans le désert, toutes les choses qui tendent à nourrir l’incrédulité et ce qui nous obscurcit l’Objet de notre foi. J’insiste beaucoup là-dessus. Si vos coeurs ont goûté d’avance ce repos, c’est en ayant vos pensées et vos affections conformes aux pensées de Dieu. Repos de deux amis, bonheur, privilège immense d’être rendus participants de sa sainteté ! Tout ce qui nourrit la chair et tend à détourner le coeur de la pureté de Dieu, tend à ôter son importance à Canaan pour en donner à l’Égypte, et à faire de Christ un «pain méprisable». L’homme apprécie tout selon son Objet. S’il est ambitieux, il juge de la valeur des choses selon le but de son coeur. Si vous avez goûté le bonheur d’être avec Dieu, vous jugerez de tout comme Dieu. Des choses innocentes, un devoir qui cache Christ ne sont ni innocentes, ni un devoir pour le chrétien. Je parle du coeur, du principe, du ressort de toute la vie. Si j’ai vu Christ, si je l’ai contemplé, tout ce qui m’empêche de le voir est une perte. Celui qui ne hait pas père, mère, et jusqu’à sa propre vie, ne peut être son disciple. Quand je fais un sacrifice, c’est que j’aime la chose que j’abandonne ; c’est donc toujours moi-même que je sacrifie. Si un lien avec le monde est rompu, c’est le coeur qui est rompu, brisé, et je souffre ; mais Dieu fait cela parce qu’il a un but pour nous. Il emploie la Parole, la perfection de la révélation de Christ, Christ lui-même, dans ce but. Cela encourage la vie spirituelle et nous fait voir que tout n’est qu’ordures en comparaison de Lui. Mais ce n’est pas tout. Christ m’est présenté et me dit : Tu recherches quelque chose d’aimable ? Ce n’est pas moi, cela ; c’est toi-même. J’aurais voulu garder cela sans en rien dire ; mais la Parole est inexorable ; elle fait des ravages, mais, ne craignez pas, d’heureux ravages. Si nos coeurs étaient ce qu’ils devraient être, il n’y aurait que du bonheur. Christ ne veut pas conclure la paix avec ce qui est un obstacle ; la Parole de Dieu est vivante et efficace ; c’est Dieu lui-même qui y est. Elle vient à nous comme l’oeil de Dieu qui se fixe sur quelque chose que nous aurions voulu nous cacher à nous-mêmes. Alors il y a lutte dans nos coeurs entre ces choses et Christ et il nous faut savoir si elles sont jugées. La Parole n’épargne rien, pas même la vie, pourvu que l’on gagne Christ.
C’est une joie parfaite pour nos âmes quand notre coeur est purifié, tandis qu’il y a danger d’endurcissement par la séduction du péché. Tel est le remède que l’apôtre applique à l’état religieux des Hébreux. Il emploie la Parole pour le juger. Il ne veut faire la paix avec aucune chose dans nos coeurs, qui les empêcherait d’être heureux avec Dieu. Quand on emploie la Parole pour se juger, on ne trouve que du bonheur et de la joie dans cette fidélité qui ouvre le coeur à la lumière. La volonté est détruite, le but est atteint. Notre volonté se mêle à tout. Prenez l’affection pour un enfant ; voilà une idole dans le coeur. Dieu voit cela et retranche l’enfant. On souffre, mais avec la conscience que Dieu nous aime, et la douceur dans le coeur remplace l’amertume causée par le combat de notre volonté avec celle de Dieu.
Je suppose la volonté brisée par la Parole qui l’a jugée. Je trouve alors le «grand souverain sacrificateur» «Jésus, le fils de Dieu» (v. 14). Aussitôt qu’il ne s’agit plus de ma volonté, je suis dans sa compagnie. Il sait introduire dans le coeur qui souffre, plus de consolations que s’il n’y avait jamais eu de souffrance. L’affection de Jésus est devenue une force divine pour mon coeur ; Il a la langue des savants pour soutenir par une parole celui qui est accablé de maux.
Jésus sait par expérience, non parce qu’il avait une volonté, mais parce qu’il avait celle de son Père, comment Dieu console un coeur brisé, de quelle manière Sa grâce s’applique aux besoins d’un coeur d’homme. Et ainsi il sait consoler nos coeurs et les lier au coeur de Dieu, n’ayant aucune autre volonté que la sienne. S’agit-il de notre volonté, il faut l’épée à deux tranchants et ce n’est pas la paix. S’agit-il de nos besoins, nous avons le trône de la grâce qui répond à tout, nous console et nous vient en aide. Jésus a tout rencontré dans ce monde et sympathise avec nous, sauf avec la volonté mauvaise et les mauvaises convoitises. Même s’il s’agit d’une chute il est là pour nous relever. Il est miséricordieux pour tous nos besoins, mais la Parole n’épargne rien en nous, afin que nous trouvions, par nos infirmités même, ce qui nous fait jouir de Christ.
Le trône de la grâce (v. 16) nous parle des difficultés du chemin.
Encore un mot : On ne peut être chrétien sans que Christ soit l’objet de nos coeurs, le but de notre vie. «L’oeil simple» n’est pas simplement l’oeil, car si l’homme n’a pas l’oeil, la foi, il n’est pas chrétien ; mais Dieu veut que notre oeil soit simple, que Christ seul soit au fond du coeur. C’est l’entre-deux qui est la difficulté. Il ne s’agit pas seulement de ne pas déshonorer par une vie mauvaise le nom que nous portons. Les affaires de toute espèce nous trompent en dominant notre coeur, obscurcissent la vue, et pendant les trois quarts du temps la chair occupe nos pensées. Christ est là, mais c’est un Christ gâté dans la manifestation de notre vie, un mélange qui n’étant ni eau, ni terre, devient boue.
Où en êtes-vous, bien-aimés ? Votre oeil est-il simple ? Si vous avez des besoins, tant mieux ! Que je serais heureux d’entendre les chrétiens dire : Je suis faible, j’ai besoin de Christ. Cherchez-vous peut-être d’autres choses qui ne sont rien pour Christ ? Y gagnez-vous maintenant, et qu’y aurez-vous gagné quand vous le rencontrerez ! On n’a pas l’oeil simple, on ne voit pas Christ clairement, et ce sont ces choses-là qui empêchent de le voir. Plus d’un d’entre vous n’est pas heureux ; il cherche en vain à parler de Christ, dont il ne goûte pas l’amour, avec des chrétiens plus spirituels que lui. S’il se trouve seul, Christ est éloigné de sa pensée et il n’est occupé que de sa campagne ou de ses affaires. Sans Christ un chrétien mort peut être à son aise !
Si nous voulons être joyeux et avoir les affections heureuses du coeur, comprenons qu’il ne s’agit pour nous que de Christ, que de le gagner, que de croire à son amour, et la Parole qui juge tout en nous est encore l’action de son amour afin que nous puissions le glorifier dans notre marche.
S’il en est ainsi, notre désir sera de le voir, de lui être semblables, et nos coeurs savoureront d’avance ce repos qui reste pour le peuple de Dieu. Bientôt Il viendra nous prendre pour nous y introduire !
n°258 (ex 257) : ME 1950 p. 274
Notre sûreté, comme notre joie, dépendent de la connaissance que nous avons du Seigneur Jésus. Il nous faut vivre habituellement avec Christ pour apprendre à le connaître et pour croître dans sa plénitude et dans la certitude de notre salut. Il faut que notre âme mette ses affections en Dieu. Le chemin est pénible, humiliant, mais à mesure qu’on apprend à connaître Christ, on voit que tout est vanité dans ce monde, et on se trouve content de posséder Christ et son amour. Si on n’a pas une entière confiance en Christ, la chair et le découragement s’emparent de vous. Voyez Moïse : dès qu’il veut éprouver ses forces, la chair s’en mêle. Quand Dieu veut l’employer, il n’est pas disposé. Il a besoin d’apprendre ce qu’il est, et ce que Dieu est.
Dès lors, quand il se trouve devant Pharaon, il n’est plus seul, Dieu est là. Moïse tient la verge de Dieu. C’est désormais un homme qui ne craint plus rien, parce qu’il va avec la force de Dieu. À mesure que Dieu remplace l’homme, Il lui donne la force nécessaire pour agir, et les événements ne peuvent plus nous embarrasser.
Lorsqu’on se compare avec Lui, on se demande comment il est possible que notre chair puisse encore s’élever. Que Dieu nous donne de connaître Jésus comme il est question de Lui dans ce chapitre, et de vivre près de Lui, afin qu’Il demeure dans nos coeurs par la foi.
Il nous faut remarquer que dans cette épître, il y a plus de contraste que de rapprochement, entre la sacrificature d’Aaron et les fonctions du Seigneur Jésus, quoiqu’elles soient mises en parallèle. La manière dont il est parlé de la souveraine sacrificature dans ce chapitre a une grande importance et voici pourquoi : c’est afin que Christ ait la toute première place dans nos coeurs. Il est important de comprendre que Christ est venu tout près de nous, qu’Il est devenu parfaitement homme. «La Parole devint chair, et habita au milieu de nous... pleine de grâce et de vérité».
Il faut que nous sachions que le Seigneur est tout sympathie pour nous ; il faut que sa personne ait pour nous toute sa valeur ; Il ne pourrait avoir de sympathie réelle s’Il n’était parfaitement homme. S’Il entre dans toutes nos misères, c’est pour nous faire entrer dans toutes ses gloires. Sur la montagne de la transfiguration, Moïse et Élie sont dans la plus grande intimité avec Lui, dans la même gloire que Lui ; mais dès que Pierre dit : «Faisons trois tentes», Dieu proclame : «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le». Il ne s’agit plus ni de Moïse ni d’Élie. Dieu nous montre ainsi que nous devons jouir de la même gloire que Jésus, mais Il veut que nous connaissions l’appréciation qu’Il fait de Jésus. Il doit être le premier en tout. Il se place dans la même position que les pauvres pécheurs, et le Père le reconnaît comme son Fils bien-aimé.
Le souverain sacrificateur était lui-même enveloppé d’infirmité, mais Christ ne l’est pas. C’est un contraste. Le souverain sacrificateur était «capable d’avoir de l’indulgence pour les ignorants et les errants», parce qu’il était enveloppé d’infirmité, mais Christ est dans le lieu très saint, Lui qui est parfait. Il faut toujours se souvenir de cela. À cause de cette infirmité, le souverain sacrificateur devait offrir des sacrifices, non seulement pour les péchés du peuple, mais aussi pour lui-même. Mais pour Christ ce n’est plus cela ; il est dit : «Nul ne s’arroge cet honneur, mais seulement s’il est appelé de Dieu, ainsi que le fut aussi Aaron». Christ ne s’est point glorifié lui-même pour être fait souverain sacrificateur, mais celui-là l’a glorifié qui lui a dit : «Tu es mon Fils ; moi je t’ai aujourd’hui engendré».
Christ avant d’entrer dans la sacrificature, nous est présenté dans toute la gloire de sa personne. Nous parlons de Jésus comme homme ; Il est le Fils de Dieu ; voilà la personne de Christ, et sa gloire Lui donne le droit de dominer sur toutes choses. «Il est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec» (Ps. 110).
Quand Abraham revint vainqueur de la défaite des rois, Melchisédec fit apporter du pain et du vin ; il le bénit de la part de Dieu, et il bénit aussi le Dieu Très-Haut, et Abraham lui donna la dîme de tout. Nous trouvons donc que Christ est déclaré Fils de Dieu et souverain sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, mais ici-bas Il ne prend pas encore ce caractère ; Il le prendra quand Il entrera dans la gloire qui Lui est due. Avant de prendre cette gloire, et c’est encore un contraste, Il prend toute l’oeuvre de la grâce sur Lui, afin que nous soyons avec Lui dans la gloire, et qu’Il soit à même non seulement de nous sauver, mais aussi d’élargir notre coeur, pour que nous comprenions l’oeuvre qu’Il a accomplie dans cette grâce. Il est le Fils de Dieu, sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, mais Il veut que toute la perfection développée en Lui, nous fasse sentir le contraste qu’il y a entre cette gloire et la souveraine grâce. Il faut qu’Il descende vers les pécheurs pour se mettre à leur place. On voit cela dans la tentation. Il a vu ce que Satan voulait faire pour l’engager à sortir de sa position comme homme. Après son baptême, Satan lui dit : «Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains». Emploie ta gloire et ta puissance, si tu es le Fils de Dieu ! Mais Jésus était ici pour obéir ; Fils de Dieu, Il était descendu pour être l’homme obéissant, pour entreprendre une oeuvre d’obéissance à l’égard de Dieu. Au lieu de jouir de la gloire où Il était, Il entre dans la poussière où nous sommes, pour que nous ayons la certitude de la gloire.
Il n’y a aucune difficulté, aucune chose pénible qui nous arrive, aucun danger qui nous menace, qu’Il n’ait éprouvés et surmontés pendant sa carrière. Plus Il avançait, plus Il était mis à l’épreuve et plus aussi sa force était évidente. Le résultat en était la démonstration continuelle de l’obéissance et de l’amour. C’est là ce qui nous est présenté dans le passage : «Tu es sacrificateur pour toujours selon l’ordre de Melchisédec».
Au milieu de toutes nos souffrances, nous trouvons Jésus, car Il y est ; jamais Il n’évita une seule souffrance, ni une seule tentation. Il y est entré pour nous faire comprendre comment, en toute circonstance, la grâce trouve son application. Dans chaque épreuve d’obéissance Jésus manifeste plus de grâce ; chaque difficulté était propre à Lui enseigner l’obéissance. Il pouvait dire : «C’est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir».
La raison pour laquelle Christ a appris l’obéissance, c’est qu’Il est Dieu béni éternellement, et nous devons l’apprendre parce que nous sommes des pécheurs qui faisons notre propre volonté. Chaque pas que le Seigneur faisait était un pas toujours plus difficile, mais Il le faisait accompagné de Dieu. Ainsi quoiqu’Il fût Fils de Dieu, Il a appris l’obéissance par les choses qu’Il a souffertes. Il avait à l’apprendre, dans le principe même, parce qu’Il était Dieu ; en pratique parce que le chemin de la vie devenait toujours plus difficile.
Nous trouvons, au v. 9, les conséquences de son obéissance : «Ayant été consommé, il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, l’auteur du salut éternel». Il a parfaitement glorifié Dieu dans la position où Il se trouvait. Il ne s’agissait pas seulement de la gloire de sa personne, mais aussi de la gloire de son oeuvre. Si, comme il est dit dans Phil. 2 : «Il s’est anéanti lui-même, prenant la forme d’esclave... il s’est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix», ce n’est pas seulement la gloire de sa personne comme Fils de Dieu, selon le conseil de Dieu, comme Souverain Sacrificateur, que cet abaissement profond fait resplendir, mais c’est aussi son oeuvre. Il est entré dans toutes les oeuvres qui Lui étaient proposées. Il a été éprouvé et Il a été trouvé parfait. Il a offert un seul sacrifice, car, est-il dit : «Par une seule offrande, Il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés», et Il est devenu l’auteur du salut éternel, non seulement à cause de la gloire de sa personne, mais aussi de l’oeuvre qu’Il a accomplie sur la terre.
Le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en Lui. Voilà ce qui fait la base en vertu de laquelle je possède le salut. Il est l’auteur du salut éternel. Est-il possible que ce soit un salut éternel ? Oui, car l’oeuvre de Christ ne peut perdre de son prix. C’est un salut éternel comme celui qui l’a accompli. Jésus est descendu au milieu du mal, pour nous guérir et nous sauver. Il a été fait péché pour nous, et Il est notre délivrance éternelle. C’est une délivrance faite par Christ, Lui qui est maintenant à la droite de Dieu, en vertu de ce qu’Il a fait. C’est une oeuvre qui a pleinement glorifié Dieu. Il n’est pas dit que l’obéissance soit le moyen du salut, mais que Jésus est l’auteur du salut éternel. Il est notre garant devant Dieu. L’oeuvre qui nous donne le droit d’entrer au ciel, c’est l’oeuvre de Christ, nous nous trouvons parfaits devant Dieu en vertu de cette oeuvre, et nous en avons la conscience dans toutes nos peines. Mais nous sommes, il est vrai, séparés pour Dieu, avant la pleine manifestation du salut. Notre âme a besoin d’entrer dans la sainteté par l’épreuve. Nous avons la paix par la justice de Christ, mais nous avons besoin d’être exercés pour nous dépouiller de nous-mêmes, et pour comprendre que nous n’avons rien que le péché dans notre propre chair. Christ est notre vie et notre paix. Il est au-dessus de tout comme homme, et en Lui nous trouvons le bonheur, la joie, aussi bien qu’un salut éternel.
n°62 : ME 1894 p. 235
Dans les chapitres qui précèdent, Christ est présenté comme l’Apôtre (comparé à Moïse) et le Souverain sacrificateur de notre confession (comparé à Aaron). Comme Moïse avait été le moyen de communiquer au peuple la volonté de Dieu, ainsi en est-il de Jésus pour nous. C’est lui seul que nous devons écouter comme l’apôtre de notre confession. La sacrificature de Christ est montrée tout du long comme plus excellente que celle d’Aaron.
Dans cette sacrificature, deux grands principes sont en jeu. Le premier est la responsabilité, le second la vie. Dieu nous présente dès le commencement ces deux principes dans les deux arbres du jardin, l’arbre de vie et l’arbre de la responsabilité ou de la connaissance du bien et du mal. Tous les hommes reconnaissent leur responsabilité par la voix de la conscience naturelle ; d’un autre côté, tous reconnaissent qu’il faut la vie pour agir et faire le bien.
Mais la vie éternelle aurait été inconcevable dans l’état actuel de chute. Elle aurait perpétué à toujours la misère de l’homme. Aussi Dieu chasse-t-il l’homme du jardin, pour qu’il ne prenne pas de l’arbre de vie. Avant la chute Adam innocent n’avait pas de responsabilité ; il avait des dispositions innocentes qui produisaient certains effets.
La loi donne la connaissance du péché, mais elle ne donne pas la vie ; elle place l’homme, tel qu’il est, sous la responsabilité d’une manière distincte, sans lui communiquer la vie. La responsabilité est d’autant plus grande, que la loi n’est pas en présence du premier Adam innocent, mais de l’homme pécheur. Plus la loi est parfaite, plus il est impossible à l’homme de l’accomplir.
Christ se présente d’abord pour porter toute la responsabilité de l’homme, et devient pour lui la source de la vie qui produit les choses que la responsabilité ne peut pas produire. Il porte toutes les conséquences du fait que l’homme a mangé le fruit de l’arbre de la connaissance. Il nous fait connaître toute la volonté de Dieu, et meurt en se plaçant sous notre responsabilité. Il subit toutes les conséquences de la connaissance du bien et du mal en face de toute la lumière de Dieu. Le péché nous a rendus incapables d’accomplir notre responsabilité, d’aimer Dieu de toute notre âme, et notre prochain comme nous-mêmes. Ou bien Dieu doit abandonner son caractère, ou nous devons être condamnés. L’oubli de nos devoirs ne diminue pas les droits de Dieu sur nous. Le péché détruit l’intelligence et fait que l’homme ne se croit pas pécheur ; la lumière spirituelle nous montre en Christ homme ce que nous devrions être ; elle nous conduit au sentiment de notre ruine, mais elle nous montre aussi le Seigneur Jésus prenant toutes les conséquences de notre responsabilité. C’est la grâce.
Christ est aussi pour nous la source de la vie, d’une nouvelle nature qui produit les choses que la responsabilité exige. La loi augmente la responsabilité de l’homme sans lui communiquer la vie. En Christ, cette responsabilité est ôtée de dessus nous, et il nous donne la vie.
Christ se tient tous les jours entre Dieu et nous ; c’est la sacrificature. Il n’y a plus pour nous un seul péché à expier ; cela est déjà fait, l’expiation est complète ; il n’y a pas de pardon à acquérir, le pardon existe. Christ se présente à Dieu, comme ayant porté notre responsabilité. Mais en outre il connaît nos difficultés, nos infirmités et nos tentations ; il peut nous maintenir devant la présence de Dieu avec une conscience nette.
En même temps qu’une bien plus grande lumière est donnée sur le bien et sur le mal, la médiation de Christ est le moyen par lequel toutes nos misères deviennent, non plus le sujet des châtiments de Dieu, mais l’occasion du déploiement de sa grâce. C’est la source de la droiture. Le chrétien met à nu tout son coeur devant un Dieu qui est lumière et qui est amour. Ayant une confiance entière dans la grâce, il désire que Dieu le sonde jusqu’au fond, afin qu’il ne reste aucunes ténèbres dans son coeur. S’il ne le désire pas, il n’a pas compris la grâce de Dieu, ou bien son coeur est endurci sur quelque point. Si la vie de Christ est en nous, il y a l’amour de la sainteté.
Christ a aussi une sacrificature selon l’ordre de Melchisédec. Il est notre Médiateur pour la louange à Dieu (Ps. 22) et pour la bénédiction de la part de Dieu. Le chrétien est ressuscité avec Christ, uni à Christ : toute sa vie, à ce point de vue, est une vie d’actions de grâces, de louanges à Dieu et de bénédictions de la part de Dieu.
La sacrificature de Christ est aussi une sacrificature d’intercession. Nous prions ; nos prières sont présentées par Christ au Père. Il est, au milieu de l’assemblée, le Médiateur qui présente au Père nos demandes.
Il y a une responsabilité attachée à ma vie nouvelle qui produit le bien, mais si, comme enfant d’Adam et pécheur, il me reste quelque responsabilité, je suis irrévocablement perdu. Christ sur la croix a porté cette responsabilité. Il devient sacrificateur, parce qu’il a accompli cela. Comme homme, je suis placé sous tous les effets de la désobéissance du premier Adam ; comme chrétien, sous tous les effets de l’obéissance de Christ. Christ est sacrificateur quant à nos besoins et à nos péchés ; quant à notre nouvelle vie, il est Médiateur de nos louanges à Dieu.
Le premier effet de toute son oeuvre est la paix. Christ me représente devant Dieu. Dieu exige tout, mais Christ a tout accompli. Il y a paix, selon la satisfaction que Dieu éprouve en Christ. Le second effet est la droiture de coeur, dans la confiance en la grâce de Dieu ; droiture qui fait que le coeur est à nu devant Dieu, au lieu de cacher son péché.
Nos coeurs sont-ils ainsi ouverts devant Dieu ? Présentons toutes choses à Dieu, selon la lumière, en nous comparant avec Christ, non pour être jugés, mais pour nous juger nous-mêmes. Que Dieu nous donne d’être humiliés en nous jugeant, et joyeux en nous confiant en Christ devant lui !
n°155 : ME 1906 p. 214
L’apôtre se plaignait de ce que les Hébreux n’étaient plus capables de supporter la nourriture solide (5:12) ; cependant il ne veut pas qu’ils reviennent sur les premiers éléments, sur «la parole du commencement du Christ», mais il désire qu’ils avancent vers «l’état d’hommes faits». Cette expression est relative à la doctrine de Christ et n’a aucun rapport avec la conduite et la sanctification. L’âme a besoin d’être nourrie pour traverser cette vie d’épreuves. Les éléments ont leur vérité, mais il faut plus.
Je dirai quelques mots d’un passage qui a souvent angoissé les âmes. Aux versets 4 à 6, il parle de ceux qui ont été sous l’influence de tout ce que Dieu peut leur donner, sans être convertis. C’est une terre qui a tout reçu, mais dont le fond n’est pas changé et qui ne produit que des ronces et des épines. La Parole a été goûtée ; ils ont été rendus participants du Saint-Esprit comme Esprit de puissance, sans toutefois avoir la vie dans l’âme. Tout a été vain, et il est impossible de les amener à la repentance. Les Juifs avaient crucifié le Seigneur, mais c’était dans l’ignorance. La repentance leur est prêchée, mais après avoir reconnu que Christ est le Sauveur et avoir connu sa gloire, s’ils le rejettent de nouveau, Dieu n’a pas un autre Christ à leur offrir.
On peut être étonné que Dieu donne de pareils avertissements à ceux qui sont gardés à toujours, et ce n’est pourtant qu’à eux seuls qu’ils profitent. Celui-là seul qui a la vie de Christ peut profiter des exhortations relatives à la ruine, suite d’une conduite charnelle, parce que seul il peut tenir la chair pour crucifiée. Dieu nous donne des avertissement pressants quant à notre faiblesse et nos dangers, et néanmoins il nous établit sur un fondement immuable et jure par lui-même de nous garder. Il est touchant de voir ces soins de détail que Dieu prend de nous dans un désert où il y a des serpents brûlants et toute sorte de dangers que Lui connaît. D’autre part, Dieu est avec nous et nous garde selon sa fidélité.
Le désir de l’apôtre, en voyant l’Esprit de Christ agir dans les chrétiens, c’est que chacun de nous montre jusqu’au bout la même diligence. Quand la chair agit, il n’y a pas la même sollicitude que chaque âme soit bénie. L’effet de cette diligence, c’est une pleine assurance d’espérance (v. 11). C’est plus que l’assurance du salut, c’est l’assurance de l’espérance des choses promises.
Nous trouvons l’assurance de la foi (10:22), et celle de l’intelligence (Col. 2:2). L’assurance de la foi s’appuie sur la Parole et la révélation de Dieu ; l’assurance de l’espérance saisit les choses que nous espérons. Il y a un lien entre les choses que Dieu a promises et nous. Dieu avait promis Canaan, pays découlant de lait et de miel, mais quand on avait dans ses mains la grappe d’Eshcol, c’était une assurance d’espérance, car on jouissait des arrhes du pays de la promesse. Il y a plus d’assurance à jouir des fruits d’une terre qu’à n’avoir entre les mains que les titres de possession. On jouit des fruits de la Canaan céleste en goûtant les arrhes du Saint-Esprit. Il y a une assurance pratique beaucoup plus grande que la seule assurance de foi. C’est ainsi que, selon la parole de Pierre (2 Pierre 1:10), nous avons à affermir notre vocation et notre élection, car il n’est pas possible de rendre la parole de Dieu plus ferme ; on ne peut ajouter à la promesse de l’héritage que la jouissance de ses arrhes. Si nous ne jouissons pas du salut, c’est manque de soins, de vigilance. Si nous contristons le Saint-Esprit, l’assurance nous manquera.
C’est une joie immense que d’avoir l’onction du Saint-Esprit dans le coeur ; la communion et la sainteté viennent de là.
On trouve encore, au v. 12, la patience qui hérite de ce qui a été promis. Il faut un renouvellement continuel du Saint-Esprit pour que la patience ne manque pas. L’impatience est la marque d’un mauvais état d’âme. La patience est la première chose qui nous fait défaut. Si nous sommes remplis de l’assurance de l’espérance, la patience nous est facile. Avec la jouissance des choses célestes dans mon âme et la communion du Seigneur, les circonstances qui m’éprouvent ne sont qu’une occasion de patience. Il n’y a jamais plus de joie que dans la patience ; Dieu est patient, parce qu’il est sûr de son but. «Abraham ayant eu patience obtint ce qui avait été promis» (v. 15). Quand Dieu parle de son peuple, il ne dit pas un mot de leurs fautes (Nombr. 23:21) ; il ne parle que de ce que sa grâce produit en eux. Abraham avait eu Ismaël quatorze ans avant que Dieu lui donnât Isaac, mais il n’en est pas fait mention ici. De même Jésus dit à ses disciples : «Vous êtes ceux qui avez persévéré avec moi dans mes tentations» (Luc 22:28), quoique ses disciples eussent souvent manqué de sympathie et qu’ils fussent misérables et très faibles. C’est ce qui arrive aussi aux chrétiens. Quand on vit près du Seigneur, l’oeil est clairvoyant pour voir les manifestations de la grâce dans les enfants de Dieu. Au contraire, loin de Lui, on est prompt à trouver les fautes des chrétiens, les manifestations de la chair dans les autres.
Notre espérance est fondée sur la Parole et le serment de Dieu. Dieu nous parle selon notre coeur, comme à Abraham ; il jure qu’il accomplira sa promesse, afin que nous ayons deux choses immuables qui nous donnent toute assurance devant Dieu.
n°256 (ex 255) : ME 1950 p. 27
Depuis que le péché est entré dans le monde, le pécheur n’est plus dans la possibilité de s’entretenir directement avec Dieu ; il faut un médiateur entre l’homme et Dieu. La sacrificature d’Aaron lui donnait cette fonction sous la loi ; mais la sacrificature étant changée, l’économie l’est aussi par là même. Sous la loi la sacrificature correspondait aux nécessités de la loi. Il existait cependant avant la loi une sacrificature d’un ordre entièrement supérieur ; c’est celle de Melchisédec, qui n’était pas une sacrificature d’intercession, mais de bénédiction et de louanges. L’épître aux Hébreux nous montre que Christ est sacrificateur non selon l’ordre d’Aaron, mais selon celui de Melchisédec.
L’économie actuelle est fondée sur l’expiation qui est un fait accompli, et le Saint Esprit y tient lieu de gages, d’arrhes de ce qui doit arriver. Christ est un sacrificateur selon la puissance d’une vie impérissable et Il est entré une fois et pour toujours dans le ciel. Il réunit l’intercession et la bénédiction. Si le chrétien regarde en haut, il se voit présenté à Dieu par Christ ; s’il regarde à lui-même il a besoin de quelqu’un qui soit pour Lui auprès de Dieu.
Melchisédec bénit Abram lorsque ce dernier a vaincu tous les ennemis, et il loue Dieu de la part d’Abram. Il était roi de justice et roi de paix. Christ n’est pas actuellement roi de justice ; dans l’exercice de la justice ce n’est pas actuellement qu’Il juge ; c’est dans l’économie future, et c’est alors aussi qu’Il sera roi de paix, qu’Il sera roi et sacrificateur sur son trône, tandis que maintenant Il est assis sur le trône de son Père (Apoc. 3:21). Il sera alors assis sur son trône (Apoc. 3:21), la terre entière et les Juifs recevant la bénédiction. Nous sommes placés en Esprit sous la sacrificature de Christ selon l’ordre de Melchisédec, mais la terre n’a point encore en Lui son roi de justice et de paix, son sacrificateur de bénédiction et de louanges.
Melchisédec n’était pas sacrificateur par descendance ou par origine ; Christ aussi l’est selon la puissance d’une vie impérissable. S’Il était sur la terre, Il ne serait pas sacrificateur. Il y a pour le peuple terrestre de Dieu la sacrificature selon l’ordre d’Aaron. Dans l’économie actuelle, Christ est aussi sacrificateur d’intercession. Dans l’économie future Il le sera uniquement selon l’ordre de Melchisédec.
Lév. 9:22 nous montre qu’Aaron avait aussi envers le peuple une sacrificature de bénédiction ; Il bénissait à côté du sacrifice qu’il avait offert ; de l’autel il bénit le peuple par l’efficace du sacrifice. Moïse et Aaron sortirent du tabernacle comme Jésus sortira du ciel, et bénirent le peuple (Lév. 9:23). Celui-ci poussa des cris de joie et se prosterna après avoir vu la gloire de l’Éternel.
n°118 : ME 1898 p. 115
Ce qui nous est dit au v. 26 de ce chapitre suppose toute la hauteur de l’appel de Dieu. Dieu nous dit qu’un «tel souverain sacrificateur nous convenait». Sans doute, un tel souverain sacrificateur convenait à Dieu, mais aussi à nous, parce que nous sommes si fort rapprochés de Dieu qui ne peut supporter aucune impureté en sa présence, que nous sommes «élevés plus haut que les cieux». On ne peut rien exprimer de plus élevé, quant à la perfection du christianisme, que ceci : «Un tel souverain sacrificateur nous convenait».
Christ est en la présence de Dieu selon nos besoins et selon ce que la présence de Dieu exige : il faut ces deux choses ensemble, et elles se trouvent en Jésus qui s’est identifié avec nos besoins et peut se présenter devant Dieu selon le coeur et la sainteté de Dieu.
L’Esprit insiste beaucoup, dans l’épître aux Hébreux, sur ce que Christ est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec et non selon l’ordre d’Aaron, néanmoins il emprunte à la sacrificature de ce dernier toutes les explications qu’il donne à la sacrificature de Christ. Melchisédec était sans généalogie ; il était sacrificateur par la volonté de Dieu, sans rien de plus. Sa sacrificature durait autant que sa vie. Il en est de même de Jésus, tandis que les sacrificateurs selon l’ordre d’Aaron commençaient à 30 ans et finissaient à 50.
Melchisédec ne fait point d’intercession ; c’est une sacrificature de louanges et de bénédiction. C’est aussi ce que sera Jésus sur son trône. Il est sacrificateur selon l’ordre de Melchisédec, selon la puissance d’une vie impérissable, mais il ne peut pas encore bénir les Juifs, ni louer Dieu de sa victoire sur ses ennemis. Jésus le fera sur son trône, dans son règne. Il sera le point de rapprochement avec Dieu et le centre de la bénédiction dans les cieux et sur la terre.
Mais les circonstances de sa sacrificature sont selon le type d’Aaron, parce que nous sommes ici-bas dans la faiblesse. Le chrétien possède actuellement une assurance parfaite de l’oeuvre que Dieu a accomplie en Jésus, ainsi que l’exercice pratique de la puissance du Saint-Esprit ici-bas. Actuellement aussi, Christ est assis à la droite de la Majesté dans les cieux, parce que tout est accompli ; mais, quant à nous ici-bas, tout n’est pas accompli ; nous avons des besoins, nous avons à traverser le désert, nous avons à combattre.
Tout croyant est sous le gouvernement de Dieu. Le Saint-Esprit est ici-bas et agit en nous ; il agit en rapport avec le gouvernement de Dieu comme Père. Parce que nous sommes ses enfants, il prend connaissance de tout ce que nous faisons ; si nous nous éloignons de Dieu, il nous laisse souvent aller notre chemin pour nous corriger. Il arrive fréquemment qu’en perdant la lumière, nous pouvons être à notre aise et tranquilles, nous contentant d’un état plus bas quant à notre âme, mais, si nous marchons toujours selon la lumière que nous avons reçue, nous sommes réellement heureux. C’est là notre joie, d’avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes.
C’est ici que l’intercession de Jésus comme sacrificateur, selon le type et non selon l’ordre d’Aaron, est importante. Seulement, en rapport avec cette sacrificature, toutes nos relations avec Dieu sont changées. Elles ne sont pas du tout ce qu’étaient les relations d’Israël. Nous sommes acceptés dans le Bien-aimé, et le Bien-aimé est toujours agréable à Dieu. Il est maintenant assis, parce que, quant à notre acceptation, il n’a plus rien à faire ; nous avons la paix éternelle de l’âme quant à la justification. Mais, comme nous l’avons dit, cela place l’âme sous le gouvernement du Père, et c’est là que commence la sacrificature de Jésus. Son intercession commence quand nous sommes sauvés, car il intercède pour son peuple ; elle s’applique à nos besoins et s’occupe de nous en amour, malgré nos fautes.
Israël était retranché à la suite du veau d’or, mais Moïse intercède, et tout ce qui suit, dans les rapports de Dieu avec Israël, découle de cette intercession. Envers nous, Dieu n’agit plus en justice judiciaire, mais en justice de gouvernement, et l’amour de Dieu peut toujours se déployer à notre égard. Jésus porte, selon le type d’Aaron, nos noms sur le pectoral devant Dieu. Même quand nous péchons, nous avons un Avocat auprès du Père.
Tout cela s’applique au trajet du désert. Ceux qui font l’expérience de leur infirmité et de leurs manquements dans cette traversée, ont, en vertu de l’intercession de Christ, les regards de Dieu en bénédiction sur eux. C’est pourquoi il peut sauver jusqu’au bout ceux qui s’approchent de Dieu par lui. Étant déjà acceptés selon la justice de Dieu, nous sommes gardés dans le désert à travers des difficultés sans nombre. Lui obtient pour nous tous les remèdes dont nous avons besoin.
Le Saint-Esprit est scrutateur ; il sonde et examine nos coeurs, il nous avertit, il prend connaissance de nos faiblesses et de nos fautes pour les présenter comme des besoins, et lui-même en devient l’expression. Ces besoins sont ainsi l’occasion de nouvelles grâces et de nouvelles forces. Voilà pourquoi il peut nous sauver jusqu’au bout. Impossible de présenter à Jésus quelque difficulté ou quelque obstacle insurmontables, ou qui puissent diminuer sa justice en notre faveur. Dans la traversée du désert, combien il serait horrible de faire la connaissance de nous-mêmes, s’il n’y avait pas quelqu’un dont la justice subvient à tout ! Ayant fait lui-même l’expérience de tous nos ennemis, il intercède pour nous, étant compatissant et ayant une pleine connaissance de notre situation et de nos besoins. Il est parvenu à la fin de la carrière et a connu tous nos ennemis ; nous sommes maintenant unis à Celui qui est au-dessus des cieux. C’est une grande puissance, mais cela nous introduit dans de grandes difficultés. La gloire de Christ est la suite de la justice que nous possédons. Pour arriver à cette gloire, il faut que le coeur soit exercé et éprouvé. Nous sommes appelés «par gloire et par vertu», et il faut que la vertu de Jésus se déploie en nous, dans le désert, pendant que nous cheminons vers la gloire. La conséquence en est la manifestation de tout ce que nous sommes, afin que tous nos besoins et toutes nos misères deviennent l’occasion de connaître les richesses de Dieu. Notre âme est exercée de toute manière ici-bas, pour qu’elle soit dépouillée de toute ressource personnelle et que Dieu soit toute notre richesse. Rien ne nous instruit comme nos besoins ; c’est là que nous faisons l’expérience des ressources de Celui qui subvient à tout et que nous apprenons à jouir de toute la fidélité et de toute la bonté de Dieu.
Il est parfaitement vrai que, si nous péchons, nous avons un Avocat auprès du Père, mais il n’est pas nécessaire de broncher pour jouir de l’intercession de Jésus, et c’est ce que nous montre l’épître aux Hébreux. Il y a assez d’ennemis sur le chemin pour que cette intercession nous soit nécessaire. Si j’ai rencontré la victoire sur un point et que j’aille en avant, je découvrirai toujours quelque chose de nouveau dans mon coeur quand je me trouverai en face de Satan. Plus le chrétien avance, plus il a besoin de l’intercession de Jésus. Marchons dans la lumière à la hauteur de la connaissance qui nous est donnée, et nous serons toujours joyeux.
n°16 : ME 1886 p. 438
Depuis que le péché est entré dans le monde, il a fallu un Médiateur entre l’homme et Dieu, car il n’y avait plus, pour un pécheur, de possibilité de s’entretenir avec Dieu. Sous la loi, la sacrificature d’Aaron lui donnait cette fonction. La sacrificature étant changée, l’économie l’est par là même. Sous la loi, la sacrificature correspondait aux nécessités de la loi. Il existait, avant la loi, une sacrificature d’un ordre entièrement supérieur, celle de Melchisédec, sacrificature qui n’était pas d’intercession, mais de bénédiction et de louange. Cette épître nous montre que Christ est sacrificateur, non selon l’ordre d’Aaron, mais selon celui de Melchisédec. L’économie actuelle est fondée sur l’expiation qui est un fait accompli, mais elle ne donne pas encore le plein accomplissement des choses. Le Saint-Esprit y tient lieu de gages et d’arrhes des choses futures. Christ est un sacrificateur impérissable ; il est entré une fois pour toutes dans le ciel. Il réunit l’intercession à la bénédiction. Si le chrétien regarde en haut, il se voit présenté à Dieu par Christ ; s’il regarde à lui-même il a besoin de quelqu’un pour lui auprès de Dieu.
Melchisédec bénit Abraham quand il a vaincu tous ses ennemis, et bénit Dieu de la part d’Abraham. Christ n’est pas actuellement «roi de justice» pour ce qui concerne l’exercice de la justice sur la terre ; ce n’est pas actuellement qu’il juge ; c’est dans l’économie future qu’il le fera. Alors aussi il sera «roi de paix», roi et sacrificateur sur son trône, tandis qu’il est maintenant assis sur le trône de son Père. Alors la terre sera bénie, les Juifs et les nations aussi. Nous sommes placés, en esprit, sous la sacrificature de Christ, selon l’ordre de Melchisédec, mais la terre n’a point encore en lui son roi de justice et de paix, son sacrificateur de bénédiction et de louange. Melchisédec n’était pas sacrificateur par descendance, par son origine et sa généalogie qui sont inconnues. Comme lui, Christ est sacrificateur selon la puissance d’une vie impérissable. S’il était sur la terre, le Seigneur ne serait pas sacrificateur, car il y a, pour le peuple terrestre de Dieu, la sacrificature selon l’ordre d’Aaron. Toutefois, dans l’économie actuelle, Christ est aussi sacrificateur d’intercession, selon le type d’Aaron. Dans l’économie future, il le sera uniquement selon l’ordre de Melchisédec. Lév. 9:22, montre qu’Aaron avait aussi envers le peuple une sacrificature de bénédiction. Il bénissait à côté du sacrifice qu’il avait offert. Aaron bénit le peuple depuis l’autel, par l’efficace du sacrifice. Au v. 23, Moïse et Aaron sortirent du tabernacle, comme Jésus sortira du ciel, et ils bénirent le peuple, puis (v. 24) tout le peuple vit la gloire de l’Éternel et ils poussèrent des cris de joie et tombèrent sur leurs faces.
Avant la construction du temple, les chérubins du tabernacle avaient la face tournée vers le propitiatoire qui était sur l’arche de l’alliance ; dans le temple, il n’en était plus de même. Ils regardaient non vers l’arche qui était là, mais vers le dehors. Le règne de Salomon était le type du règne de Christ en justice et en paix, et la justice régnant et étant établie, ces signes de la puissance judiciaire de Dieu peuvent regarder au dehors en bénédiction. Pendant le temps où il n’y avait que l’alliance, leurs regards étaient tournés vers elle, mais lorsque Dieu a établi son trône en justice, il peut se tourner vers le monde et bénir selon cette justice.
Lausanne, 22 août 1850 — n°264 (ex 261) : ME 1957 p. 204
Le dessin du temple a été donné à David par inspiration directe de Dieu, comme le plan du tabernacle l’avait été à Moïse sur la montagne de Sinaï. Ce n’était pas affaire d’architectes. Seulement le tabernacle était le modèle des choses célestes, alors qu’il n’en était pas ainsi du temple.
Je voudrais à ce propos faire ressortir les privilèges qui nous appartiennent comme membres de l’Église de Dieu.
Il importe avant tout de distinguer ces deux choses : le gouvernement de Dieu et la grâce. Sous le gouvernement de Dieu l’homme est béni s’il fait le bien, puni s’il fait le mal. Ce gouvernement s’exerce actuellement d’une manière cachée. Bientôt il y aura une manifestation directe, pleine et entière de ce gouvernement et de ses heureux résultats : Satan sera lié, la terre bénie. Le chap. 3 de 2 Chroniques nous présente précisément le temple comme le siège de ce gouvernement.
Or il arrive souvent qu’on veuille employer le christianisme en vue d’obtenir la bénédiction qui résulte du gouvernement de Dieu ; mais le christianisme a un tout autre but, qui est de nous faire jouir de la présence de Dieu dans le ciel, de nous introduire avec Christ dans la jouissance des choses dont Lui-même jouit en la présence de son Père. Toutes choses ont été créées par Lui et pour Lui ; Il est héritier de toutes choses ; mais, si sa gloire doit être manifestée au jour où Dieu lui assujettira toutes choses, sa joie dans la communion de son Père, comme homme, est quelque chose de plus grand et de plus élevé encore. Et la part de Christ est celle de l’Église, l’Épouse de Christ. Nous régnerons avec Lui, nous partagerons sa gloire quand Il exercera le gouvernement de la part de Dieu ; mais, quelque grand que soit ce bonheur il ne peut être comparé avec celui d’être auprès de Lui. «Nous serons toujours avec le Seigneur». «Notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ». Nous sommes aimés du Père comme Jésus en est aimé. Nous sommes en Lui et Lui en nous. Nous sommes dans la lumière comme Lui est dans la lumière. Nous n’avons, il est vrai, l’une ou l’autre de ces bénédictions qu’en espérance, en Esprit, nous ne sommes pas effectivement en sa présence comme nous y serons. Mais déjà nous voyons sa face sans voile, nous en avons la conscience.
Ainsi, non seulement régner avec Christ sera quelque chose de plus que de jouir de la bénédiction qui découle de son règne, comme le feront ceux qui seront bénis sur la terre, mais il est plus précieux encore de pouvoir se trouver dans la présence de Dieu son Père comme Lui s’y trouve, et de jouir de cette présence. Cette part future, la foi la saisit dès maintenant. Quelque chose dans ce chapitre se rattache à cela, nous aidant à discerner ce qu’a de distinctif la position dans laquelle le christianisme nous introduit.
C’est comme figure et type du Seigneur Jésus que Salomon, fils de David, a de l’importance. Hébreux 1 applique à Jésus ce que Dieu dit à David relativement à Salomon. Le règne de celui-ci contraste avec ce qui avait précédé, il préfigure le règne de Christ. Aussi le temple diffère-t-il du tabernacle antérieur, quand les deux chérubins regardaient vers l’arche, parce que rien n’était encore accompli. Non seulement le voile était là, et Dieu caché, mais l’arche était l’arche de l’alliance, le trône de Dieu avant l’accomplissement des promesses.
Dans le temple tel que ce chapitre le présente, les chérubins n’avaient pas les yeux dirigés vers l’alliance, mais ils regardaient dehors. Tout étant accompli, en figure, il ne s’agissait pas de la fidélité de Dieu à l’alliance en attendant l’accomplissement des promesses, mais tous les attributs de Dieu s’appliquaient à la bénédiction de la terre. C’est ainsi que sous le gouvernement du Seigneur tout sera bénédiction. Les colonnes font voir la solidité de cette domination. «Il établira» et «En Lui est la force». «Une colonne dans le temple de mon Dieu» est une figure qui représente cette force que rien ne peut ébranler. En cela Salomon a manqué mais Christ ne manquera pas. Il est doux de penser ainsi au règne de Christ. La misère, la malédiction, les angoisses, l’oppression, les guerres, les déchirements, tout cela aura pris fin. Un coeur étreint par l’amour de Christ éprouve un sentiment de honte aussi bien que de peine en voyant les fruits du péché et les effets de la puissance de Satan, non seulement dans les pays païens mais dans ceux qui portent le nom de chrétiens. Quel soulagement et quel repos, alors, de savoir que bientôt la malédiction sera entièrement ôtée ! Ce sera l’effet du gouvernement de Dieu. Quand Jésus était sur la terre Il chassait les démons, guérissait les malades, et le mal s’enfuyait de devant sa face, mais quand Il gouvernera, le mal ne pourra lever la tête. Oh ! quel soulagement pour notre coeur en traversant le monde actuel !
Mais il y a dans ce chapitre un autre élément à remarquer. Le voile est encore dans le temple (v. 14). Ceux qui seront sur la terre en ce jour-là sauront que la bénédiction ici-bas vient de Dieu par Christ, mais le voile sera encore là. Ce qui distingue le christianisme, c’est que le voile est déchiré du haut en bas ; mais pour ceux qui se trouveront sur la terre pendant le règne de Christ, ce ne sera pas le ciel, ils ne jouiront pas de la bénédiction céleste. Dieu, en un sens, sera encore caché. De sorte que nous, qui sommes maintenant au milieu des souffrances, des luttes contre la chair, nous sommes plus heureux qu’ils ne le seront ; notre sort est meilleur que le leur, alors même qu’ils vivront sur une terre où Satan n’agira plus et où la malédiction sera ôtée. Ils profiteront des résultats de l’oeuvre de Christ, mais nous sommes placés avec Christ lui-même dans la position d’où découle cette bénédiction. C’est une différence du tout au tout. Dans l’Apocalypse il n’y a plus de voile ; on peut remarquer d’autre part qu’il n’est pas mentionné dans le livre des Rois. Cela nous parle de Dieu parfaitement révélé : on est dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, alors qu’en dehors du voile il ne peut en être question. En Lui il n’y a point de ténèbres : il faut donc que nous soyons devant sa face en perfection ; nous ne pourrions nous tenir là autrement, bien moins encore que l’Israélite à la place qui lui était assignée, et qui était en dehors de cette présence de Dieu au dedans du voile. Quand cette présence se manifeste un instant et que la nuée remplit le temple les sacrificateurs ne peuvent y poursuivre leur service : ils ne marchaient jamais, à proprement dire, en la présence de Dieu.
Or qu’est-ce que Christ a fait ? Le voile a été déchiré. Nous avons pleine liberté pour entrer dans les lieux saints. Les sacrificateurs n’avaient pas cette liberté bien qu’ils pussent être bénis en dehors. Mais maintenant l’oeuvre, qui a pleinement manifesté Dieu dans sa justice et sa sainteté et par laquelle le voile a été déchiré, est la même qui ôte tous les péchés qui étaient sur moi aux yeux de Dieu. La perfection de la sagesse de Dieu dans cette oeuvre de Christ est déployée par un acte qui atteste que le péché qui était sur nous est ôté. Nous sommes en la présence de Dieu sans voile et sans péché. Si le chrétien n’était pas sans péché devant Dieu, sa situation serait pire que celle d’un Israélite, puisque Dieu était caché à celui-ci. Il ne voyait pas ce qu’il y avait derrière le voile, ni quant aux péchés, ni quant à la mort. Il pouvait y avoir, du reste, une vraie piété, mais Dieu était caché.
Qu’un travail d’âme soit nécessaire pour nous amener à comprendre qu’en nous il n’existe aucun bien, cela n’ôte rien à ce fait d’une portée immense que Dieu communique avec nous sans voile. Christ a porté nos péchés, les conséquences en ont été sur Lui, Dieu l’a frappé à notre place, et a déchiré le voile ; Il n’est plus caché. La conséquence pratique est que nous pouvons avoir communion avec Dieu. Christ, l’oeuvre parfaitement accomplie, entre dans la présence de Dieu comme premier-né entre plusieurs frères. La position qu’Il nous a faite, c’est la sienne. «Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père... Je vais vous préparer une place, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi».
Jusqu’à quel point jouissons-nous de ces choses maintenant ? Assurément nous n’en aurons la pleine jouissance que lorsque nous serons au ciel. Mais le Saint Esprit a été envoyé pour que nous comprenions que cette position est la nôtre.
L’oeuvre de l’Esprit en nous est la même, dans la même puissance, que celle qui a pris Christ dans le tombeau pour le faire asseoir à la droite de Dieu dans les lieux célestes (Éph. 1:19-20). Le croyant n’est pas seulement béni, il l’est «dans les lieux célestes dans le Christ Jésus», et «de toute bénédiction spirituelle». Il n’a pas seulement pour lui le sang en vertu duquel il peut s’approcher de Dieu, mais le voile est déchiré, nous avons une pleine liberté pour entrer dans le lieu très-saint, sachant, par le Saint Esprit et par la Parole, que nous possédons cette entrée par le chemin nouveau et vivant qu’Il nous a consacré à travers le voile. Le résultat, quant à nous-mêmes, est la conscience de l’amour parfait de Celui qui nous a introduits là, et celle que le péché est ôté vis-à-vis de Dieu. J’ai à lutter contre le péché, mais je ne puis me présenter devant Dieu qu’en vertu du sang de Christ, et par le chemin consacré à travers le voile déchiré. Si Dieu voit le sang, il est impossible qu’il voie le péché, ou autrement le sang ne l’aurait pas lavé, et il n’y aurait point d’Évangile. Le sang des taureaux et des boucs, répandu en dehors du voile, n’ôtait pas la conscience du péché, mais Christ nous a rendus parfaits à perpétuité, étant sanctifiés par la volonté de Dieu.
Dira-t-on que cela donne liberté au mal ? Mais comment le fait de se trouver dans la lumière comme Dieu est dans la lumière pourrait-il donner liberté au mal ? Pourrait-il y avoir liberté de pécher en la présence de Dieu ? Non, certes. La «pleine liberté» qui nous est donnée est celle de jouir de cette présence dans la certitude d’un amour parfait, qui n’a pas épargné Christ afin de nous faire entrer là, avec la conscience que Dieu nous aime. Voilà notre position et dans le ciel et quant à notre coeur dès maintenant. De quoi jouirais-je, de fait, au dedans du voile, sinon de l’amour du Père ? Cet amour est démontré dans le don de Jésus, et dans le fait qu’Il est maintenant auprès du Père. Si je parle du ciel, et de la présence de l’homme dans le ciel, je puis y entrer, le voile est déchiré par la mort de Christ. L’oeuvre qui m’introduit est faite, et j’entre dans le lieu très-saint. C’est là ma position actuelle ; toute autre position signifierait que Christ n’a pas accompli cette oeuvre et que Dieu n’est pas complètement révélé. La perfection de l’oeuvre qui nous amène devant Dieu sans péché et sans voile nous place dans la lumière. Il ne peut y avoir une autre position pour le croyant. Voilà ce qui distingue essentiellement le christianisme. Un fidèle des temps anciens avait des promesses, tandis que je me fonde non sur des promesses mais sur une oeuvre accomplie. Nous ne sommes pas en prison, mais hors de captivité. Christ, l’oeuvre faite, est entré, en la présence du Père comme homme ; telle est notre position en Lui, et ce qui devrait caractériser le chrétien c’est d’être un homme qui marche dans la présence de Dieu sans voile. Il a la certitude d’avoir été «rendu agréable dans le Bien-aimé», d’être positivement agréable à Dieu comme Christ Lui-même, d’être devenu «justice de Dieu en Christ», d’être l’objet de l’amour du Père comme Christ en est l’objet. Appelé à marcher et à trouver sa joie en Lui, la marche dans la sainteté est pour le chrétien le ciel même. Les choses qui font sa jouissance et en sont la source sont exclusivement célestes ; il est mort et ressuscité avec Christ, mort à la loi et au monde ; il n’est pas du monde ; son propos est de demeurer dans l’amour de Dieu, la sainteté de Dieu. Il a tout à craindre dans ce monde ; il a peur de Lui-même, de sa chair, de Satan, et sa sagesse est dans tout cela ; mais devant Dieu, il n’a aucune peur : il est aimé de Dieu en Christ. S’il Lui est demandé d’être parfait comme son Père céleste est parfait, c’est parce qu’il connaît ce Père. Il n’est pas dit : «Soyez parfaits avec votre Père», mais «comme votre Père». Il s’agit pour lui de présenter Dieu au monde, en qualité d’enfant ; le caractère de Dieu doit se reproduire en lui, parce qu’il est en Sa présence et appartient à Sa famille. La vie de Jésus est à manifester dans nos corps mortels. Dieu a aimé, aimez comme Lui. Dieu a pardonné, pardonnez. Faites du bien à ceux qui vous font du mal. Ce sont là les fruits qui sont produits par la grâce, dans la présence de Dieu. La joie, le bonheur du chrétien, se trouvent dans cette présence, en toute liberté. Une telle position est sa force et sa règle. Son caractère résulte du fait que le voile a été déchiré lorsque Jésus est mort.
Si nous n’osons pas accepter cela, en alléguant que nous en sommes indignes, nous n’avons pas l’intelligence de ce qu’est la grâce de Dieu. La grâce n’a rien à faire avec la dignité de celui qui en est l’objet. Comprenons que ce qui distingue dès maintenant la position du chrétien dans ce monde, c’est sa position céleste en Christ. Quelle joie d’entrer dans le ciel comme Christ y est entré, quel droit que celui d’être déjà dans la présence de Dieu comme Lui-même y est !
Que Dieu nous donne de croire qu’Il veut nous rendre heureux en Christ, dans sa présence : Christ est à nous et nous sommes à Christ, et Christ à Dieu. Dieu veuille produire en tous les siens le besoin de jouir des conséquences de cet amour de Christ, qu’Il a donné.
n°276 (ex 271) : ME 1965 p. 41
L’épître aux Hébreux tout entière établit un contraste entre la position d’Israël sous l’ancienne alliance et celle dans laquelle les Hébreux, le résidu croyant d’entre les Juifs, était placé par la foi en Christ qui est dans le ciel. Nous trouvons ici plus de contrastes que de comparaisons : l’ombre opposée à la vive image des choses. Un voile cachait Dieu — nous voyons à face découverte le voile est déchiré ; Dieu est manifesté. L’analogie est employée pour faire ressortir l’opposition. Cela nous montre combien peu l’on comprend le changement de notre position vis-à-vis de Dieu en contraste avec celle des fidèles de l’Ancien Testament. Nous sommes placés sur un pied entièrement différent et il importe de le présenter clairement.
Les affections chrétiennes composent la vie pratique. Pour marcher d’une manière digne d’une relation, il faut la connaître. Si j’ignore que quelqu’un soit mon père, je ne saurai comment me conduire à son égard, et je n’aurai d’affection pour lui qu’autant que je connaîtrai ma position vis-à-vis de lui. «La sainteté convient à sa maison» : un Juif mesurait cela par la loi et ne voulait pas manger avec un Gentil. Les disciples désiraient que Jésus ne mourût pas, parce qu’ils l’aimaient ; mais on peut aimer le Seigneur sans que ce qui en résulte soit une nouvelle relation avec Dieu, comme d’un Père avec son enfant, et non la relation d’un serviteur avec son maître : mes relations avec une personne dépendent de ma position vis-à-vis d’elle. Il importe que les chrétiens saisissent par la foi, pour eux-mêmes, la relation dans laquelle Christ les a placés avec Dieu et la confiance qui est inspirée quand on le connaît de la sorte. Notre position dépend de la position de Christ. Je puis en jouir peu, mais ma position devant Dieu ne change ni ne peut changer. La joie change, mais Christ ne peut changer. Il demande que nous marchions fidèlement, que nous ayons confiance en cette relation.
Notre premier devoir est de nous abandonner complètement à la volonté de Dieu (c’est ce qui forme le coeur, un coeur d’enfant) et d’avoir une conscience toujours parfaite devant Dieu. On a peine à croire et à demeurer dans cette confiance heureuse et joyeuse en l’amour et en la bonté de Dieu. Tous les péchés d’un chrétien sont opposés au Saint Esprit et, quand le Saint Esprit est attristé, il nous reprend et parle à notre conscience pour rétablir la communion.
La première chose qui nous est présentée, c’est que le souverain sacrificateur n’avait pas d’accès auprès de Dieu. Ce qui caractérisait les relations du peuple juif avec Dieu, c’est qu’il ne pouvait nullement aller à Lui. Le chemin n’était pas manifesté ; tandis que nous, nous avons hardiesse pour entrer dans le lieu très-saint ; c’est un accès entièrement, parfaitement libre ; il est ouvert : Dieu et nous, nous sommes ensemble. Christ a souffert pour nous amener à Dieu. Ce qu’Il a fait, c’est de détruire ce qui cachait Dieu et de manifester l’accès auprès de Dieu. Nous y sommes ; l’accès est parfaitement libre ; si j’en doute, je doute de l’oeuvre de Christ et je n’ai pas saisi la valeur de ce que Christ a fait. C’est ne pas connaître l’Évangile. L’accès dépend de ce que Christ a fait. La relation que Dieu lui-même a établie entre nous et Lui, consiste en ce que le voile est ôté, l’accès libre, et que nous allons à Dieu lui-même. À ce sujet les chrétiens reviennent constamment à la loi ou à leurs sentiments. Il ne doit pas y avoir d’autre sentiment, sinon que l’accès est toujours ouvert et que nous avons la liberté d’entrer dans le lieu très-saint qui nous est approprié. Dieu a établi cette liberté. Il ne demande ni ce que nous en pensons, ni ce que nous sentons. Il nous avait chassés de sa présence ; Il pouvait bien parler à Abraham et bénir Israël, mais lui-même restait toujours caché. Maintenant Christ nous a amenés à Dieu qui est là avec nous, et c’est la position où Il nous a placés. Quelle raison pour la sainteté, car ce Dieu devant lequel nous sommes est lumière, après tout !
Les dons et sacrifices ne pouvaient rendre la conscience parfaite (Adam s’est caché avant que Dieu l’eût chassé). La mort de Christ a produit cet effet ; ma conscience est aussi pure de péché que la lumière dans laquelle j’entre, et elle reste toujours parfaite parce que la valeur du sang de Christ ne change pas. Les sacrificateurs avaient toujours conscience du péché, mais la volonté de Dieu était de faire ce qui est nécessaire pour que l’homme fût heureux en sa présence ; Il a fait, par Christ, l’abolition du péché. Quel bonheur ! et quelle valeur que celle du sang de Christ ! Que vos coeurs ne reviennent donc pas constamment en arrière ! Si cette oeuvre n’est pas accomplie vous ne pouvez aller à Dieu. C’est folie, présomption, forfanterie, de vouloir vous présenter à Dieu si vous avez du péché à ses yeux. Vous dépréciez la sainteté, la justice de Dieu, en ayant la prétention de le faire. Il nous a aimés et lavés de nos péchés, sans cela nous ne pourrions le servir. Ma conscience est purifiée comme Dieu l’exige, car Il l’a purifiée selon la valeur du sang de Christ. Il l’a fait par lui-même et selon la perfection d’une oeuvre que seul Il a accomplie. Les hommes n’avaient dans le sang de Christ aucune part que le péché qui l’a versé ; mais la valeur du sang nous a lavés de nos péchés : l’accès auprès de Dieu est ouvert et notre conscience est rendue aussi pure que Celui même dont nous sommes approchés.
Une autre vérité est présentée ici : «Il a obtenu une rédemption éternelle». Il n’est entré qu’après l’avoir obtenue, tandis que Moïse disait : «Je monterai... peut-être ferai-je propitiation» (Ex. 32:30). Une rédemption éternelle ne change pas, ne s’affaiblit pas. Si moi j’étais faible, Lui est entré dans la position où je me trouvais comme pécheur devant Dieu, et Il en est sorti victorieux. Je lui appartiens, Il m’a acheté à prix ; je suis à Lui pour toujours ; j’étais esclave, Il m’a délivré. Désormais, ni Satan, ni le jugement de Dieu n’ont aucun droit sur moi. Avant d’entrer devant Dieu Il avait obtenu la rédemption ; c’est pourquoi Dieu l’a souverainement exalté.
Nous avons accès auprès de Dieu et nous pouvons servir le Dieu vivant. Nous sommes dans la lumière, nous marchons dans la lumière ; pas de voile ; rien qui nous cache Dieu ; nous avons la liberté de le servir.
Voilà ce que l’apôtre nous présente en contraste avec la première alliance.
C’est ce que Dieu a voulu ; Christ et l’oeuvre de Christ nous ont placés là et le Saint Esprit en rend témoignage. L’apôtre ne parle pas ici d’une oeuvre de vie en nous, mais du privilège de la foi ; il est question de la vie ailleurs. Dieu ne demande pas ce que nous en pensons, mais révèle ce qu’Il a fait, et, béni soit-Il, Il a ôté le péché et donné un libre accès devant Lui.
Ensuite vient la jouissance journalière de ce qui en découle, quand par la grâce de Dieu nous avons compris cela et sommes dans cette position. Je puis y manquer, mais j’ai un Avocat auprès du Père. Si je vais à Dieu, non comme son enfant, mais en tremblant, je nie le caractère de mon Père. C’est à son Père que Jésus remit son esprit. Toutes nos relations avec Dieu doivent être fondées sur la position dans laquelle l’oeuvre de Christ nous a placés.
Peut-être quelqu’un ne croit pas être dans cette position. Vous devez croire ce que Dieu a dit ; c’est là ce qui le glorifie. Totalement perdus nous-mêmes, nous n’avons nul moyen d’aller vers Dieu si nous ne sommes pas purifiés du péché. Pour sa gloire et pour la manifestation de son amour Il me lave de mes péchés et m’ouvre toujours l’accès auprès de Lui. Telle est la différence entre l’ancienne alliance et la position dans laquelle Dieu nous a placés par sa grâce.
Quel bonheur ! Quelle confiance cela inspire à nos coeurs ! Je connais Dieu ; je suis avec Lui, devant Lui ; c’est la source de ma joie ! Là les affections se développent ; je regarde la face de Dieu et je n’y vois que l’amour ! Si sa lumière luit sur moi, quel bonheur ! je vois qu’Il m’a lavé de mes péchés. Quel abandon de coeur ! Je puis m’entretenir avec le Père, être intime avec Lui, parce qu’Il est amour.
Qu’est-ce que j’attends encore ? J’attends que Christ vienne. Il a souffert une fois et Il apparaîtra une seconde fois sans péché, car Il l’a ôté la première fois qu’Il est venu. Il en a fait l’abolition par le sacrifice de lui-même. Il viendra à salut, nous introduire en plein dans la gloire. Le sort des hommes est de mourir une fois, et après cela le jugement ; le sort du chrétien, c’est que Christ est mort et apparaîtra à salut. J’ai Christ au lieu de la mort, Il est mort pour moi ; et au lieu du jugement j’ai Christ paraissant à salut. Il n’y a aucune espérance quand il s’agit de nous. Je suis toujours plus convaincu que la plupart des chrétiens n’ont pas conscience de la place que l’oeuvre de Christ leur donne. L’état du coeur est important pour l’éternité ; comment avoir des affections dignes de Dieu, si on ne le connaît pas ? Comment connaître un Dieu Sauveur si vous n’êtes pas sauvés ? Il faut être là, parce que ces choses sont la vie, la joie, la sainteté, le bonheur éternel ; Dieu nous y a placés par Christ. Il purifie nos coeurs par la foi ; nous croyons en Lui et nos coeurs sont purifiés. C’est l’oeuvre de Dieu. Rien de plus simple que ce qui nous est présenté quant à la pureté de nos consciences, à l’accès auprès de Lui, à ce salut qu’Il a accompli !
Que Dieu nous donne de connaître son amour et de marcher dans la confiance entière en ce qu’Il nous en dit !
n°243 : ME 1930 p. 317
Combien grande est la bonté de Dieu qui veut nous convaincre de ce qu’Il a fait pour le rachat de nos âmes par Lui-même ! L’épître aux Hébreux a pour but de montrer la parfaite purification de nos péchés par le sang de Jésus ; elle montre aussi nos consciences purifiées des oeuvres mortes pour servir le Dieu vivant. On ne peut se tenir devant Dieu à moins que la conscience ne soit purifiée.
Je désire insister sur les v. 27 et 28. Ils présentent deux cas. Celui de l’homme naturel, vers. 27 — la mort et le jugement. Celui du chrétien, vers. 28 — Christ mort une seule fois. L’homme du monde : il faut qu’il meure ; mais pour le chrétien, c’est Christ qui est mort. Pour le mondain, il y a le jugement après la mort ; pour le chrétien, Christ apparaît sans péché, à salut à ceux qui l’attendent. Une première fois, Christ est venu pour s’occuper du péché, pour être fait péché. Il a été fait péché pour les hommes. Quand Il viendra la seconde fois, ce sera en dehors de toute question de péché. Il faut donc, pour avoir à faire à Lui, que la question du péché ait été absolument vidée ici-bas. Il veut recevoir absolument ceux qui sont sans péché, et ne veut pas s’occuper du péché ; Il viendra chercher les siens qui sont sans péché.
Le v. 27 est bien bref, mais il comprend tous les hommes. Dans la Genèse on voit les hommes vivre longtemps, engendrer des fils, et finalement mourir. C’est l’histoire de tous les hommes, ils passent comme les feuilles d’automne. L’homme le plus riche ne peut pas se racheter de la mort. L’homme le plus sage meurt comme tous les autres. La mort est la preuve de l’impuissance totale de l’homme ; elle est la conséquence du péché. L’homme peut réussir dans tous ses desseins : il finit par mourir. La mort est la preuve que rien de tout ce que l’homme peut faire ou dire ne peut le soustraire à la mort et au jugement de Dieu.
C’est une bonté de Dieu qu’il y ait ici-bas cette évidence que la main de Dieu est sur tous, que son jugement est là et que tout est nivelé. La mort est l’huissier qui précède le juge et dit à la conscience : le tribunal va suivre. C’est une preuve de la culpabilité de tous les hommes (Rom. 5) : la racine du péché en Adam, le fruit en chacun de nous, la mort comme part de tous en jugement sur tous. «N’entre pas en jugement avec ton serviteur, car devant toi nul homme vivant ne sera justifié» (Ps. 143:2). Dieu ne peut pas faire autre chose que condamner s’Il entre en jugement. Il est réservé aux hommes de mourir, parce que l’homme a péché. En dehors de Christ nous ne pouvons nous soustraire à la condamnation. Si nous ne pouvons nous soustraire à la mort, nous ne le pouvons pas non plus à la condamnation éternelle. C’est une triste condition qui fait voir la folie de l’homme s’étourdissant pendant sa vie pour tomber finalement sous le jugement.
Si nous ne trouvons pas un remède parfait en Christ, ce qui nous attend, c’est la condamnation. Dieu peut-il se démentir, et dire qu’il n’est pas vrai que le jugement suive la mort ? Il ne peut même pas le dire de ceux qui sont sauvés, car ceux qui sont sauvés ont péché comme les autres et n’échappent pas à la mort. Mais si Dieu ne peut pas faire d’exceptions aux conséquences du péché, son amour a conçu quelque chose qui, tout en reconnaissant les conséquences du péché, ôte le péché. Sans effusion de sang, point de rémission des péchés. Où trouverons-nous du sang pour effacer nos péchés ? Le sang des taureaux et des boucs ? Où trouver quelqu’un qui ait la bonne volonté de donner son sang ? Il fallait un homme. Les anges ne pouvaient pas se présenter comme homme et comme victime. Celui qui ne nous devait rien, que nous avions de notre volonté privé de tous ses droits et dont nous nous sommes moqués, est devenu homme pour s’occuper de nos âmes afin de pouvoir mourir, s’offrir en sacrifice pour nous et faire cette effusion du sang sans laquelle il n’y a point de rémission.
Il n’y a pas besoin de plusieurs morts pour manifester qu’il y a des pécheurs. Jésus est sorti du monde pour porter les conséquences du péché ; cela s’est fait une seule fois. Le jugement de Dieu a rencontré le péché de l’homme, et Il en a fini avec le péché. Dieu n’a pas traité cette question d’une manière incomplète. Jésus a paru une seule fois pour l’abolition du péché. Cela donne une grande confiance. Dieu a exécuté le jugement contre le péché et tout a été réglé. Voilà notre confiance et notre consolation. Les anges eux-mêmes désirent regarder ces choses de près ! Il n’y a pas deux morts de Christ. Nos âmes se reposent-elles là-dessus ? Avons-nous compris que dans la mort de Jésus, Dieu s’est occupé une seule fois du péché en grâce ? Craignons-nous que tous nos péchés soient encore devant les yeux de Dieu ? Ils ont été sous ses yeux à la croix quand Il les a abolis et Christ reviendra Lui-même, non pour nous juger, mais pour nous recevoir et se présenter Lui-même à nous.
Il n’y a aucune crainte à attendre Celui qui est allé nous préparer nos places et qui viendra nous prendre. Jésus savait fort bien ce qu’il fallait pour nous introduire dans le ciel.
Si nous nous excusons du péché, la première manifestation de la lumière de Dieu anéantira tous les voiles trompeurs qui nous couvrent. Dieu n’excuse pas le péché, Il l’expie, Il l’abolit et donne la paix.
Croyons-nous que quand Dieu a donné son Fils, il en était besoin ? Si la mort de Christ était nécessaire et que nous ne soyons pas réconciliés avec Dieu par Christ, nous sommes dans la plus triste situation.
Ce n’est pas quelque chose à faire que Dieu vous demande. C’est une chose que Dieu a faite par Lui-même. Nous n’avons part à la mort de Christ que par notre iniquité et notre incrédulité.
L’amour de Christ donne une paix parfaite. Dieu, en nous donnant la connaissance de la mort de Jésus, nous donne une conscience purifiée dès ici-bas.
Chers lecteurs, vos consciences sont-elles purifiées ? Pouvez-vous dire : Je n’ai pas une tache devant Dieu, parce que Christ a aboli le péché ? Ou le sang de Christ a fait cela, ou il n’a rien fait.
Cette oeuvre de Christ suffit-elle pour abolir le péché ? Dieu dit que oui. Telle est la part de ceux qui croient en Jésus. Dieu les a tant aimés qu’Il n’a point épargné son Fils, et qu’Il leur donnera toutes choses avec Lui.
Je vous conjure par la miséricorde de Dieu qui a donné Christ, puisez à cet amour.
n°153 : ME 1906 p. 95
Dieu est la bonté même ; il veut nous convaincre de ce qu’il a fait pour le rachat de nos âmes. Cette épître nous montre la parfaite purification de nos péchés par le sang de Christ, nos consciences purifiées des oeuvres mortes pour servir le Dieu vivant. On ne peut se trouver devant Dieu qu’avec une conscience purifiée.
Les v. 27 et 28 nous présentent deux cas : celui de l’homme naturel ayant devant soi la mort et le jugement ; celui du chrétien pour lequel Christ est mort une seule fois. L’homme du monde doit mourir ; pour le chrétien, Christ est mort. Pour le mondain, le jugement après la mort ; pour le chrétien, Christ apparaissant sans péché, à salut, à ceux qui l’attendent.
À sa première venue, Christ est apparu pour le péché, pour s’en occuper, pour être fait péché ; quand il reviendra, ce sera à part de toute question de péché. Si Jésus, à son retour, n’a plus rien à faire avec le péché, il nous faut nous-mêmes être hors de toute question de péché pour pouvoir être avec Lui. Il ne recevra que ceux qui sont absolument sans péché, et ne s’occupera pas du péché à ce moment-là, car il viendra chercher ceux qui sont sans péché. Vous voyez que la question du péché doit être absolument vidée ici-bas.
Le v. 27 est pour le monde d’une brièveté effrayante. Dans la Genèse, on voit les hommes vivre un certain nombre d’années, engendrer des fils et des filles, puis mourir (Gen. 5). C’est l’histoire de tous les hommes ; ils passent comme des feuilles d’automne. L’homme le plus riche ne peut pas se racheter de la mort ; l’homme le plus sage meurt comme tous les autres. La mort est la preuve de l’impuissance totale de l’homme à se sortir d’où il est ; elle est la conséquence du péché. L’homme peut réussir dans tous ses desseins, mais il lui faut mourir. Tout ce qu’il peut dire ou faire ne peut l’y soustraire. C’est une bonté de Dieu qu’il y ait ici-bas une évidence que, sans distinction, la main de Dieu est sur tous les hommes et que son jugement est à la porte. La mort est l’huissier qui vient d’avance annoncer à la conscience que le tribunal va entrer en séance. Elle est une preuve de la culpabilité de tous les hommes. La racine du péché est en Adam, le fruit en chacun de nous, la mort, la part de tous, le jugement sur tous. La mort est déjà la preuve de l’iniquité de tous. «N’entre pas en jugement avec ton serviteur», est-il dit au Ps. 143, «car devant toi, nul homme vivant ne sera justifié». S’il entre en jugement, Dieu ne peut faire autre chose que condamner. Il est ordonné aux hommes de mourir une fois, parce que tous ont péché. En dehors de Christ, vous ne pouvez vous soustraire à la condamnation. Si vous pouviez vous soustraire à la mort, vous le pourriez aussi à la condamnation éternelle. Mais la mort s’emparera des hommes, malgré leurs moqueries et leur inimitié contre Dieu. Quelle folie chez les pauvres mondains ! Ils s’étourdissent quelques jours, puis ils tombent sous le jugement ! À moins que vous ne trouviez en Christ un remède parfait, la condamnation vous attend. Dieu peut-il se démentir ? Viendra-t-il vous dire qu’il n’est pas vrai que le jugement suive la mort ? que cette conséquence n’aura pas lieu ? Dieu ne peut pas même dire que la mort n’atteindra pas ceux qui sont sauvés ; ils ont péché comme les autres, et Dieu ne peut faire des exceptions quant aux conséquences du péché. Mais son amour a inventé quelque chose qui, tout en reconnaissant ces conséquences, ôte le péché. «Sans effusion de sang il n’y a point de rémission». Où trouverez-vous du sang pour effacer vos péchés ? Sera-ce le sang des taureaux et des boucs ? Pour trouver quelqu’un qui veuille bien donner son sang, il faut un homme. Les anges ne pouvaient se présenter comme hommes et comme victimes. Dieu, le Fils, a voulu se faire homme. Celui qui ne nous devait rien, Celui que nous avons privé de tous ses droits, Celui que nous avons abreuvé de moqueries, a voulu s’occuper de nous ; il est devenu homme, afin de pouvoir mourir, s’offrir en sacrifice pour nous, faire cette effusion de sang, sans laquelle il n’y a point de rémission.
Il n’est pas besoin de plusieurs morts pour manifester qu’il y a des pécheurs. Jésus est mort pour porter les conséquences du péché. Cela s’est fait une seule fois ; c’est le signe que le jugement de Dieu qui prend connaissance de tout, s’est exécuté. Si la mort de l’homme est le sceau de son péché et sa conséquence, la mort de Christ est la conséquence des péchés qu’il a portés. Le jugement de Dieu a rencontré en Christ le péché de l’homme, et il en a fini avec le péché. Dieu n’a pas traité à demi la question du péché ; Jésus a paru une seule fois pour son abolition. Quelle confiance, quelle consolation cela nous donne ! Dieu a exécuté le jugement contre le péché et toute la question a été réglée et terminée. Il n’y a pas deux morts de Christ. Vos âmes se reposent-elles sur ce fait que, dans la mort de Jésus, Dieu s’est occupé une seule fois du péché en grâce ? Si votre péché n’est pas aboli, il faudra que Dieu s’en occupe, et ce sera votre condamnation. Craignez-vous de voir tous vos péchés sous les yeux de Dieu ? Ils y ont été quand, sur la croix, Dieu les a abolis, et maintenant Christ reviendra, non pour nous juger, mais pour nous recevoir auprès de Lui, et nous présenter à lui-même. Il n’y a aucune crainte à attendre Celui qui est allé nous préparer une place et qui viendra nous recevoir.
Jésus savait très bien ce qu’il fallait pour nous introduire dans le ciel. Il sait très bien ce qu’il a fait. Si vous cherchez à vous excuser du péché, la lumière de Dieu, dès qu’elle sera manifestée, fera tomber tous les voiles trompeurs qui vous cachent à vos propres yeux. Dieu n’excuse pas le péché, il l’expie, l’abolit, et donne la paix à l’âme. Croyez-vous que Dieu ait eu raison de donner son Fils ? Si Dieu a eu raison, si la mort de Christ a été nécessaire et que vous ne soyez pas réconciliés par Lui avec Dieu, vous êtes dans la plus triste situation possible. Le salut n’est pas une chose que Dieu vous aide à faire ; il ne vous aide pas à faire mourir Jésus. C’est une chose que Dieu a faite par lui-même. Nous n’avons qu’une part à la mort de Christ : notre iniquité et notre incrédulité.
La connaissance de l’oeuvre de Christ nous donne une paix parfaite, une conscience purifiée dès ici-bas. Vos consciences sont-elles purifiées ? Pouvez-vous dire : Je n’ai pas une tache sur moi devant Dieu, parce que Christ a ôté mon péché ? Si le sang de Christ n’a pas fait cela, il n’a rien fait. Cette oeuvre de Christ, suffit-elle pour abolir le péché ? Dieu l’affirme. Telle est la part de ceux qui croient en Jésus. Dieu les a tant aimés qu’il n’a pas épargné son Fils et qu’il leur donnera toutes choses avec Lui. Je vous conjure, par la miséricorde de Dieu qui a donné Jésus, de penser à cet amour !
n°113 : ME 1897 p. 274
Il y a une différence entre la manière dont Dieu présente la justification dans l’épître aux Romains et dans celle aux Hébreux. Dans l’épître aux Romains, il s’agit de la justification comme devant un tribunal ; l’homme est coupable et le sang de Christ nous justifie ; de plus, Christ, est ressuscité et le fidèle a part à cette résurrection. Dans l’épître aux Hébreux, la justification est présentée comme nous donnant le droit de nous présenter devant Dieu. Les deux caractères de cette justification sont différents, car entrer en la présence de Dieu comme adorateur est autre chose que d’y entrer comme devant un juge.
Il y avait des sacrifices par lesquels le peuple s’approchait de Dieu. S’il y a un jugement, il faut être nettoyé pour paraître devant Lui ; il faut être net aussi pour se présenter devant Lui comme adorateur. Le premier objet qu’on rencontrait dans le tabernacle, c’était l’autel d’airain, l’autel des holocaustes, où l’on offrait des victimes, types de Christ. Caïn apporte en offrande à Dieu le fruit de son travail ; il veut s’approcher de Dieu tel qu’il est et se croit fort honnête. Dieu doit, dans sa pensée, lui en savoir gré. Mais Abel a reconnu que le sang était nécessaire ; il a présenté une victime de propitiation ; la foi lui a fait reconnaître qu’étant, comme pécheur, chassé de la présence de Dieu, il ne pouvait se présenter comme tel devant lui sans du sang, sans une victime morte en expiation et en propitiation ; que sans effusion de sang, il n’y a point de rémission. Il faut que Dieu soit vrai et que nous paraissions devant lui sans péché ; et il faut que nous soyons vrais et que nous paraissions devant lui comme pécheurs ; et c’est ce qui est résolu en Jésus.
L’efficace du sang de Christ nous est présentée ici dans ce but, afin que nous puissions nous présenter devant Dieu pour l’adorer. Il ne nous suffit pas d’être justifiés comme coupables, il nous faut aussi adorer Dieu. Le but de cette épître est de nous montrer que nous pouvons paraître devant Dieu sans conscience de péché. Pour être mis à part pour Dieu, sanctifiés, il faut que les péchés soient effacés.
Il y a trois choses ici : la volonté de Dieu, l’oeuvre de Christ, le témoignage du Saint-Esprit. La volonté de Dieu qui nous sanctifie et nous purifie pour que nous approchions de lui, doit avoir son effet, sinon l’homme serait plus puissant que Dieu. Il faut l’accomplissement de cette volonté, et c’est l’oeuvre de Christ qui en est l’accomplissement ; il faut le témoignage du Saint-Esprit, car il est nécessaire que nous le sachions. Il faut que je sache que ma dette est payée ; si je n’en ai pas la connaissance, je ne puis que fuir la présence de mon créancier.
Christ vient pour faire la volonté de Dieu. Cette volonté était que le Fils vînt pour accomplir l’oeuvre. Ce n’était pas la volonté de Dieu que l’homme se présentât devant lui comme Caïn, sans du sang, mais que le Fils accomplit cette volonté. «J’ai achevé l’oeuvre que tu m’as donnée à faire» (Jean 17:4). «Par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été constitués pécheurs... par l’obéissance d’un seul, plusieurs seront constitués justes» (Rom. 5:19). Le Saint-Esprit rend témoignage à nos âmes que Christ a parfaitement accompli l’oeuvre que le Père lui a donnée à faire ; nous avons la certitude que la dette est payée.
Dieu a eu la volonté de nous sauver, la volonté que son Fils nous sauvât. J’ai la certitude que le Fils a accompli cette volonté, que le Fils a effacé tous mes péchés. Je suis sans conscience de péché : quoique je sache que je suis pécheur, j’ai la conscience de n’avoir plus de péché devant Dieu. C’est la seule chose dont j’aie la conscience par le Saint-Esprit en m’approchant de Dieu. Je reconnais la dette, mais je sais qu’elle est payée. N’avoir plus aucune conscience de péché, c’est là l’état normal du chrétien. Dieu a voulu nous sauver, voilà la première chose. Ensuite, Dieu nous révèle ce qu’il a fait ; il n’en reste pas à une simple volonté ; il a accompli cette volonté et il a donné son Fils. Il a envoyé le Saint-Esprit pour m’apporter l’assurance que Dieu a eu cette volonté et qu’il l’a accomplie. Ma certitude repose sur ce témoignage du Saint Esprit rendu à l’oeuvre de Christ.
Quel est ce témoignage ? Ici, c’est que Christ est assis à la droite de Dieu. Les sacrificateurs offraient tous les jours de nouveaux sacrifices, parce qu’il n’y avait pas de rémission et que la conscience de péché demeurait. Chaque fois qu’un Juif péchait, un agneau devait être immolé. Christ a offert un seul sacrifice pour le péché et est assis à la droite de Dieu. Ayant tout fait, tout accompli pour toujours, il s’assied, tandis que le sacrificateur juif se tient debout tous les jours et ne se repose pas. Le chrétien qui pense avoir de nouveau besoin tous les jours de l’expiation et qui garde ainsi la conscience de péché, est en cela un Juif et non un chrétien. Voilà comment les chrétiens se trouvent en la présence de Dieu pour l’adorer.
Quand un Juif s’approchait du trône de Dieu, il y avait un sacrifice à offrir. Mais le chrétien est déjà introduit dans la maison par le sacrifice ; le sacrifice est derrière lui. J’ai passé l’autel des holocaustes et je suis entré dans le lieu saint. Je n’ai plus l’autel de l’holocauste entre Dieu et moi. À la mort de Christ, le voile du temple a été déchiré. Le coup qui a déchiré le voile et ouvert l’accès en la présence de Dieu, a ôté mon péché. Sans cela le sanctuaire ouvert me ferait m’enfuir de frayeur. Mais j’ai pleine liberté pour entrer dans le lieu très-saint. C’est le Saint-Esprit qui nous en rend témoignage et nous en donne la certitude. Le sang de Christ nous introduit dans la maison de Dieu. C’est là que nous trouvons la sainteté ; c’est là que nous comprenons le péché et en avons horreur ; c’est là qu’ayant le sentiment de la pureté dans la présence de Dieu, nous haïssons la souillure.
Approchons-nous de lui avec une pleine assurance de foi, ayant la certitude de cette oeuvre parfaite de Christ. Le Saint-Esprit nous avertira, nous châtiera peut-être, mais comme des enfants qui ont accès au trône du Père.
Est-ce vraiment notre désir de nous approcher de Dieu ? Cela est impossible, si nous gardons quelque interdit. On n’aime pas, avec de l’interdit, entrer dans la lumière, comme Dieu est dans la lumière, pour que Dieu nous sonde à fond. À la bonne heure, si Dieu voulait se contenter de ce dont nous nous contentons nous-mêmes ! Mais avec de l’interdit, le coeur n’est pas droit ; il s’arrête en chemin avant d’arriver au trône. Personne ne peut se présenter devant Dieu avec son péché ; il faut y venir par le sang de Christ, sans conscience de péché, à travers le voile déchiré, la mort de Christ. Avec une bonne conscience, plus on est dans la présence de Dieu, plus on est heureux. Alors nous ne pouvons douter de l’excellence du sang de Christ ; nous sommes à l’aise dans la maison de Dieu, et nous avons à la fois la conscience de ce que nous sommes et la conscience qu’il a effacé tous nos péchés.
n°142 : ME 1902 p. 132
Après les grands traits de la foi dans le sacrifice d’Abel, la vie d’Énoch et la connaissance de l’avenir en Noé, nous voyons Abraham attendre la cité qui a des fondements, le plein accomplissement des pensées de Dieu qui, seul, peut satisfaire l’attente de la foi. Ensuite viennent des traits plus particuliers, tels que : compter sur Dieu, non pas malgré la difficulté, mais malgré l’impossibilité. De pauvres pêcheurs ont dit à la montagne de se jeter dans la mer, et cela s’est accompli. La foi ne s’informe pas des moyens ; elle n’y pense pas ; elle compte sur la promesse de Dieu, quand on pourrait croire qu’elle manque de prudence. Du moment qu’il s’agit de moyens qui rendent une chose facile à l’homme, si l’on s’attend à ces moyens, ce n’est plus l’oeuvre de Dieu. Quand il y a impossibilité, il faut que Dieu intervienne. La foi ne regarde pas aux circonstances, mais à la volonté de Dieu qui fait tout. L’Église est faible dans la foi, c’est pourquoi nous la voyons compter sur des moyens extérieurs pour faire l’oeuvre de Dieu. Souvenez-vous que, du moment où, selon l’homme, les choses sont faisables, il n’est besoin ni de foi, ni de l’énergie du Saint Esprit. On voit des chrétiens travailler beaucoup pour produire très peu de chose ; lorsque la foi agit, les résultats sont selon la puissance de Dieu (v. 12). Il est évident que pour avoir de grands résultats cette puissance doit agir ; elle choisit les choses faibles pour anéantir les fortes ; Dieu veut se glorifier et non pas que l’homme se glorifie.
On sème avec larmes, et partout où se fait une oeuvre bénie il y a d’abord des douleurs d’enfantement. L’âme sent les difficultés, et Dieu veut nous faire éprouver que nous sommes sans force en toutes choses. Mais si l’on sème avec larmes, on moissonnera avec chants de triomphe.
Tous ceux-ci (v. 13) sont morts dans la foi ; les Juifs attendaient le Messie selon la promesse de Dieu. Nous avons aussi la promesse du retour du Seigneur. Les apôtres sont morts dans la foi sans voir l’accomplissement de la promesse. C’est ce qui rend la vie du chrétien à la fois heureuse et difficile, parce qu’il n’atteint jamais ici-bas les choses que Dieu a promises. Si un homme met beaucoup d’ardeur à poursuivre quelque chose, c’est qu’il l’espère : telle est la vie de la foi. Celui qui possède, ne déploie plus d’énergie pour obtenir. Nous avons ici-bas le privilège de pouvoir être fidèles au milieu des difficultés et des choses ennemies ; nous ne l’aurons pas dans le ciel, où nous jouirons sans difficultés de la présence de Dieu et où toutes nos affections seront en plein exercice. En attendant, il faut semer avec larmes, et les difficultés s’élèvent d’autant plus, que les affections sont plus entièrement au Seigneur.
Non seulement ces hommes de foi étaient «étrangers et voyageurs»; ils en ont fait profession. On voit quelquefois des gens qui veulent être religieux dans leur coeur et n’en pas parler ; ce n’est pas l’énergie de la foi. Voir le monde perdu et condamné et avoir des espérances dans le ciel, a pour effet de nous faire parler et agir comme étrangers ; il faut que cela se montre dans toute la vie ; le coeur est déjà loin de la scène actuelle et il ne reste au croyant qu’à déloger.
«Ceux qui disent de telles choses montrent clairement qu’ils recherchent une patrie» (v. 14). C’est évidemment une profession ouverte, publique, un témoignage rendu à Christ. Nous ne serions pas contents d’un ami qui n’avouerait pas nous connaître, lorsque nos circonstances sont difficiles. Ainsi un chrétien qui se tient caché est un très mauvais chrétien.
Lorsque, pour le croyant, les difficultés s’élèvent, qu’on l’insulte, qu’on l’abandonne, si ses affections ne sont pas fixées sur Jésus, le souvenir du monde lui revient au coeur. Mais si sa foi est fixée sur Christ, il salue les choses qu’il a vues de loin, ne songe pas à ce qu’il a quitté et n’a, comme objet de ses pensées, que «les choses qui sont devant», pareil à Rebecca, quand elle se rendait au-devant d’Isaac.
En Phil. 3:7, 8, Paul ne renonce pas, ne se prive pas de certaines choses dans un moment d’exaltation, pour s’en repentir ensuite. Son coeur étant rempli de Christ, il ne se souvenait des autres choses que comme des ordures.
«S’ils se fussent souvenus de la patrie dont ils étaient sortis, ils auraient eu du temps pour y retourner» (v. 15). Un vrai chrétien aimerait mieux mourir que de retourner au monde, car il veut avoir part à la résurrection d’entre les morts. Il y a une persévérance du coeur qui démontre que les affections sont toujours en avant et en haut, changées et tournées vers les choses de Dieu, vers ces choses célestes qu’on désire. «C’est pourquoi Dieu n’a point honte d’eux, savoir d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité» (v. 16). Leur Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ! Et pour les chrétiens fidèles il n’est pas seulement le Père, mais notre Père. Il aurait honte d’être appelé le Dieu d’un mondain et qu’il pût être dit qu’il est en relation avec quelqu’un qui recherche les misérables plaisirs de ce monde, ou la vanité, ou l’argent ; oui, Dieu aurait honte de cette relation. Mais il n’a point honte d’être le Dieu de ceux qui sont affectionnés aux choses célestes. Jésus dit : «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu». Celui qui ne renonce pas à tout, ne peut être son disciple. Nous sommes dans la même position de renoncement que Jésus, mais aussi dans la même relation avec Dieu. Dieu a honte d’être appelé le Dieu de celui dont les affections sont les affections corrompues de la chair et du monde.
Si la grâce avait entraîné après Dieu le coeur de ces hommes de foi, Dieu de son côté, avait travaillé pour eux et leur avait «préparé une cité». Dieu s’occupe de nous. Si nous sommes occupés de son oeuvre, semant avec larmes et professant d’être étrangers et pèlerins sur la terre, il travaille, selon sa gloire infinie, pour préparer la gloire pour nous, et il trouvera son repos à nous introduire dans ce repos. Nos travaux sont chétifs ici-bas ; le travail de Dieu est glorieux et nous prépare la gloire.
De deux choses l’une ; il faut ou la chair ou la foi ; impossible de rester à mi-chemin. Le but du chrétien ne peut être que les choses célestes. On peut essayer d’employer le christianisme à améliorer le monde. Dieu n’en veut rien. Les désirs, les besoins du nouvel homme, sont tous célestes. Chercher à améliorer le monde par le christianisme, c’est vouloir nous attacher au monde et aux choses terrestres. Dieu veut nous attacher au ciel ; il faut que vous ayez le ciel et la gloire, ou le monde et la perdition. Dieu qui a préparé la cité ne peut vouloir un entre-deux.
Le désir de cette «patrie meilleure» est le désir d’une nature qui est d’en haut et ne peut être satisfaite qu’en retournant à son origine. Comment serais-je pèlerin et étranger, si je cherchais les choses terrestres et l’amélioration du monde ? Dieu nous adresse un appel céleste ; si nous y répondons il n’a point honte de s’appeler notre Dieu et notre Père.
Dieu crible l’âme pour en séparer la balle et préparer le grain pur pour son grenier, et quand nous verrons la gloire du vrai Salomon, nous dirons comme la reine de Sheba : «On ne m’en avait pas rapporté la moitié». La cité que Dieu nous prépare est digne de Dieu, digne de ses affections aussi bien que de sa gloire.
Que Dieu, dans sa bonté, agisse sur nos âmes pour purifier nos affections, pour nous faire jouir de Lui-même et nous amener à professer que nous sommes des pèlerins et des étrangers sur la terre.
n°57 : ME 1893 p. 369
On voit dans ces versets un renoncement entier au monde. Ce qui affaiblit l’Église, c’est la mondanité, et nous trouvons ici ce qui doit la caractériser : «Ils faisaient profession d’être étrangers et forains sur la terre». Les chrétiens introduisent le christianisme dans leur mondanité, pensant par là ratifier leurs voies, mais le chrétien n’est pas de ce monde et ne doit pas en être ; il est bourgeois des cieux ; il n’est point appelé à sanctifier sa mondanité.
Dieu prend soin que l’objet de nos coeurs ne soit jamais réalisé ici-bas, afin que le chrétien montre clairement qu’il cherche encore sa patrie. Dieu a honte de s’appeler le Dieu des mondains, mais n’a pas honte de s’appeler le Dieu de ceux qui lui appartiennent et qui lui rendent témoignage.
Notre foi doit se montrer en sacrifiant tout, comme Abraham. Il sacrifie Isaac, le seul objet qui en apparence puisse accomplir la promesse, pour recevoir cette dernière de Dieu seul (v. 17). La foi ne reçoit pas ici-bas les choses promises ; elle se borne à les saluer de loin, à marcher vers elles, et à recevoir la force journalière pour les atteindre.
(v. 23-24). Prétexter la Providence pour garder sa place dans le monde est une pensée charnelle. La Providence s’applique aussi bien à nous faire descendre que monter, mais on aime à la reconnaître quand elle nous élève, et on ne la voit plus quand elle veut nous abaisser. La Providence se déploie à l’occasion de la naissance de Moïse. Dieu déjoue par elle tous les projets de Pharaon. Si une position est évidemment providentielle, c’est celle de Moïse à la cour du roi ; et cependant le premier effet de la foi chez Moïse est de le porter à quitter tous ses avantages et à ne s’appuyer que sur Dieu. Il rompt même les liens que la Providence avait formés. S’appuyer sur la Providence pour nos circonstances est simplement de l’incrédulité. La vraie valeur de tous les raisonnements sur la Providence est de pousser à «jouir des délices du péché». C’est ainsi que Dieu lui-même en juge (v. 25).
Israël en Égypte ne pouvait s’allier au monde sans en devenir l’esclave. Or la Providence avait placé Moïse dans la position qui semblait la plus favorable pour la délivrance du peuple de Dieu. Mais sa foi en juge autrement ; elle voit que les promesses étaient faites au peuple de Dieu et compte sur la rémunération ; elle ne doute pas des privilèges qui appartiennent à Israël et de la gloire future qui lui est promise, mais en attendant elle trouve plus de gloire dans l’opprobre du peuple de Dieu, que dans une vie de délices avec le monde.
Le v. 27 nous montre un nouveau trait de la foi de Moïse. Satan gouverne ce monde dont il est le prince. Le croyant demeure ferme contre lui. Moïse était poussé par l’amour du peuple de Dieu ; c’est ce qui le fit tuer l’Égyptien ; il dut fuir d’abord, mais trouva à la fin une rémunération.
Le v. 28 présente encore un autre résultat de la foi. Comme pécheurs, nous avons à faire au jugement de Dieu. Mais le jugement qui détruit les méchants est le moyen de notre délivrance. La mort et le jugement sont pour nous, car Christ les a portés pour nous.
n°143 : ME 1902 p. 195
Nous avons vu (méditation n° 142) les croyants faisant profession qu’ils étaient étrangers et pèlerins sur la terre. Nous voyons ici la foi produisant une pleine confiance dans le Dieu de la promesse, quelles que soient les circonstances qu’elle traverse.
«Par la foi, Abraham, étant éprouvé, a offert Isaac». Abraham tenait plus aux promesses de Dieu qu’aux affections naturelles. Ce qu’il y avait de plus terrible dans son épreuve, c’est que Dieu avait désigné Isaac comme la semence acceptée de Lui et comme l’objet des promesses. Mais Dieu voulait montrer sa puissance d’une manière plus glorieuse et comment les promesses seraient accomplies, malgré l’opposition de Satan. Le Messie lui-même a dû, dans un sens, renoncer aux promesses qui lui avaient été faites, puisque, pour sauver l’Église, il a dû passer par la mort. Mais ce qui est établi dans la résurrection, au delà de la mort, a une fermeté que Satan est hors d’état d’ébranler. Abraham obéit, s’attachant entièrement et directement à Dieu lui-même et, dût-il tout sacrifier à la parole de Dieu, il sait que Dieu est fidèle et qu’on peut renoncer même à la vie, certain de la retrouver selon la puissance de Dieu, en résurrection. La foi compte sur Dieu, le voit, et ne pense pas aux conséquences. Dieu arrête le bras d’Abraham et confirme les promesses à sa semence. C’est ainsi qu’en obéissant nous apprenons à connaître les voies de Dieu, que nous n’aurions jamais soupçonnées sans cela. L’infidélité nous fait perdre la joie, la force de la vie spirituelle, et nous ne savons plus où nous en sommes. Mais la foi n’a qu’à compter sur Dieu, sans savoir comment Dieu nous tirera d’affaire. Nos infidélités de chaque jour ne sont pas autre chose que le manque de confiance en Dieu. Quand, au fond, vous ne doutiez pas de la volonté de Dieu, vous avez pu hésiter de la faire ; c’est que vous vous arrêtiez aux conséquences, et que vous vous trompiez quand vous pensiez être plus heureux en vous épargnant des difficultés qu’en vous attachant à Dieu. L’obéissance peut nous faire souffrir, mais elle nous fait trouver Dieu mieux qu’auparavant. Dieu nous donne assez de lumière pour suivre sa volonté, mais pas assez pour voir les conséquences. Abraham obéit et sacrifie Isaac, sans prévoir comment Dieu tiendrait sa promesse. Où il y a une pleine confiance en Dieu (v. 19), on trouve une intelligence que d’autres ne connaissent pas. L’obéissance nous rapproche de Dieu et nous place ainsi dans la lumière. L’obéissance nous rend intelligents.
La foi (v. 21-22) conduit à l’espérance d’un avenir selon les promesses de Dieu ; l’esprit d’obéissance étant là, nous sacrifions tout quant au présent ; les choses futures nous deviennent familières et nous agissons suivant cette connaissance. C’est ainsi que la gloire à venir est pour la foi comme si elle allait avoir lieu demain. Joseph pense au lendemain en donnant des ordres touchant ses os.
La confiance en Dieu donne aux parents de Moïse (v. 23) la foi pour le cacher. Dieu agit d’avance et prend soin de Moïse avant de se servir de lui. Aux v. 24-26, on trouve un principe remarquable. Quoique la providence de Dieu soit précieuse, le coeur charnel emploie cette providence à l’encontre de la foi. La providence avait conduit la fille de Pharaon vers Moïse enfant, le lui avait fait élever, comme son propre fils, à la cour du roi, dans toute la sagesse des Égyptiens. En apparence la providence le plaçait là pour y déployer son influence en faveur d’Israël. La première chose que fait sa foi, c’est de quitter tous ces avantages, parce qu’elle compte sur Dieu et non sur les circonstances, et ne prend conseil que de Lui seul. Moïse, voyant le peuple de Dieu dans l’opprobre, s’identifie par la foi avec lui et prend la même place que lui. Dieu recommande cette foi à notre attention par son Esprit. Moïse aurait pu, par son influence, soulager Israël, mais le peuple serait demeuré esclave en Égypte et la puissance de Dieu n’aurait pas été révélée. La foi est imprudente, mais elle a cette prudence éternelle de compter sur Dieu et rien que sur Lui ; elle discerne ce qui est de l’Esprit, et si quelque chose n’en est pas, ce n’est ni de la foi, ni de Dieu.
Au fond, s’en tenir à la providence aurait été vouloir goûter «les délices du péché». Les hommes ne parlent jamais de providence que pour leur fortune et leurs aises dans ce monde ; ils aiment le monde, et veulent s’appuyer sur les circonstances au lieu de s’appuyer sur Dieu. On ne parle plus de la «bonne providence» quand on est ruiné.
Christ est toujours dans l’opprobre et le monde ne change jamais. Si le chrétien, par la chair, se rapproche du monde et cède ses privilèges à Satan, le monde, lui, ne se rapproche jamais du chrétien ; n’ayant pas l’Esprit, il ne peut s’approcher de celui qui a l’Esprit.
Moïse paraissait s’être affaibli en préférant aux richesses d’Égypte l’opprobre du peuple de Dieu, et, plus encore, du peuple de Dieu dans un mauvais état. Il peut être, en effet, dans la plus triste condition, mais la foi l’identifie toujours avec les promesses divines et le juge, non selon son état, mais selon la pensée de Dieu. Moïse, identifiant Israël avec Dieu, est plein d’énergie contre le mal et compte sur l’Éternel pour son peuple. Il estime l’opprobre de Christ, un plus grand trésor que les richesses d’Égypte, «car il regardait à rémunération» (v. 26).
Nous avons besoin, dans la vie chrétienne, de penser à la rémunération, pour porter la croix et l’opprobre. On a souvent confondu la rémunération avec la justification. Le chrétien, justifié par la foi, peut penser à la rémunération promise au chrétien. Dieu dispense, selon son conseil arrêté des récompenses diverses, une place à la droite de Jésus, une autre à sa gauche. Nous ayant sauvés, il veut nous exciter, nous fortifier, nous consoler par la promesse d’une rémunération. Il nous soutient dans la carrière où la foi nous fait entrer, par la conscience qu’il y a une récompense. Il faut être dans la carrière pour penser aux résultats de la carrière.
Moïse quitte le monde (v. 27). Celui-ci voudrait nous persuader d’être «bons chrétiens», sans y mettre de l’exagération et d’aller avec les autres. La foi nous donne du courage pour jeter, de droite et de gauche, ce qui nous empêche d’atteindre la gloire. Le chrétien quitte nécessairement l’Égypte, parce que Dieu n’y a pas placé la gloire, et il veut être avec le peuple de Dieu pour l’atteindre. Dieu ne veut pas que son peuple soit en Égypte. Vous savez ce qu’est le monde. Réussir dans le monde, être bien placé dans le monde, c’est tout autre chose que le ciel. Tout ce qui est dans le monde, n’est pas du Père, mais est du monde. Quitter le monde quand on en est chassé, n’est pas la foi ; c’est montrer qu’on tient à y rester aussi longtemps qu’on peut. La foi quitte le monde, parce qu’elle s’identifie avec le peuple de Dieu qui n’a rien à faire avec lui. La foi agit selon ses principes, et non parce qu’elle est chassée du monde.
Moïse voit Celui qui est invisible (v. 27) et c’est ce qui le rend ferme. Quand nous réalisons la présence de Dieu, Dieu est tout et Pharaon n’est rien. La foi ne rend pas les circonstances moins dangereuses, mais elle possède Dieu dans les circonstances. Ces dernières, dans la communion avec Lui, deviennent l’occasion d’une obéissance paisible. Si l’on n’est pas en communion avec Dieu, on ne trouve que faiblesse et incertitude dans les difficultés.
Ce qui suit (v. 28-31) s’applique à la confiance dans les moyens ordonnés de Dieu pour le salut : la Pâque, c’est-à-dire le sang et son efficace, la mer Rouge, c’est-à-dire la mort et la résurrection, tandis qu’on voit en Moïse la providence, la foi qui quitte tout, la décision et la fermeté de la foi qui s’attache aux choses invisibles.
L’effet de la foi est de nous placer dans les difficultés, mais d’y réaliser la présence de Dieu.
13 juin 1843 — n°171 : ME 1909 p. 469
Je désire vous présenter quelques pensées sur le caractère de la foi de Moïse.
La suite des exemples que ce chapitre nous donne nous montre la puissance de Dieu agissant dans le coeur pour réaliser les choses invisibles. Dans la marche chrétienne, plus nous voyons le mal et réalisons le bien, plus nous comprenons la valeur de ce seul mot : la foi. Le croyant, dont la foi est en activité, est plus puissant que Satan, sinon il est plus faible que l’homme du monde. Les choses les plus irrésistibles n’ont aucun effet sur l’âme à laquelle les choses invisibles sont révélées, parce que ces dernières la placent dans un autre monde.
Je voudrais insister ici sur la pratique plutôt que sur des principes. La providence avait placé Moïse à la cour de Pharaon, et il aurait pu l’invoquer comme un excellent motif pour ne pas la quitter. Mais tous les raisonnements, basés sur la providence, deviennent inefficaces quand la foi entre en activité. La Parole juge ces raisonnements en mettant nos motifs à nu. Le motif de Moïse pour rester à la cour du roi aurait été que son coeur charnel tenait à cette position et à ses avantages. Il y avait été élevé et y jouissait d’une haute situation. Tout ce que le monde peut offrir, la convoitise de la chair, celle des yeux et l’orgueil de la vie, y était cultivé. Mais Moïse, nourri au milieu des jouissances et des délices de l’existence et connaissant toutes ces choses, car il était déjà adulte, agit par la foi, basée sur les choses invisibles, qui étaient beaucoup plus présentes à son coeur que les choses visibles de l’Égypte. Il refuse de s’appeler fils de la fille du Pharaon, de rester où la providence l’avait placé. La foi comprend parfaitement qu’il lui faut abandonner les choses présentes, et les échanger contre des difficultés ; mais elle a un seul objet, les choses qui ne se voient point, et son oeil étant simple, tout le corps du croyant est rempli de lumière. C’est comme voyant les choses invisibles, sans s’arrêter à ce qui l’entoure, que Moïse quitte une position qu’il aurait pu conserver sans encourir de blâme et qu’il pouvait justifier. L’homme spirituel discerne toutes choses et n’est discerné par personne. La foi décide, là où les raisonnements se mettent à la traverse.
Moïse reconnaît par la foi qu’il lui faut choisir l’affliction. Une seule chose le décide, l’objet de sa foi. Le peuple de Dieu lui était précieux, aussi choisit-il plutôt d’être affligé avec ce peuple, que de jouir des délices du péché que le monde lui offre. C’est là son choix ; il prend son parti d’être affligé plutôt que de jouir. On pourrait être affligé sans la foi, par sa propre faute ; mais si c’est par la foi, c’est que l’objet qu’elle nous présente nous a décidés. La vue des promesses de Dieu fait oublier les souffrances.
Quand elle se trouve au milieu de l’épreuve, la foi ne voit pas toujours aussi clairement l’objet qui la décide, mais elle reçoit la force de vouloir, en saisissant la pensée de Dieu. C’est ce qui arriva plus tard à Moïse dans le désert, quand il se trouva aux prises avec l’hostilité du peuple ; mais il demeura ferme, estimant que l’opprobre du Christ était un plus grand trésor que les richesses de l’Égypte. C’est là ce qui le soutint. Il préférait l’opprobre, parce que sa foi en faisait celle du Christ. Sortons, nous aussi, hors du camp, en portant son opprobre. La foi attache le nom du Christ à tout ce qui est pénible, la gloire à la croix, et n’est-ce pas un trésor
Au v. 27, Moïse ne trouve pas seulement l’opprobre, mais l’opposition du roi. Il est important pour nos âmes de reconnaître les droits de Christ sur nous-mêmes et sur le monde ; en agissant d’après ce principe, nous demeurerons fermes. Nous pouvons déployer beaucoup d’énergie au début, mais il faut plus de foi pour demeurer ferme au milieu de toutes les circonstances que pour avoir de l’énergie à un moment donné. Moïse «tint ferme» ; il quitta l’Égypte, alors que le roi était exaspéré de rencontrer un homme qui ne tenait aucun compte, ni de son autorité, ni de sa grandeur.
Ayant saisi Christ, il a patience au milieu des difficultés et tient ferme. Ce n’était pas chez lui force de caractère ; il était débonnaire et fidèle, mais timide ; il montre bien cette timidité quand Dieu veut l’envoyer auprès du peuple en Égypte, et cependant, on le voit porter plus tard tout le fardeau du peuple au désert. Pourquoi ? C’est qu’il avait choisi l’opprobre et voyait Celui qui est invisible.
Quel bonheur de réaliser, comme Moïse, les choses qui ne se voient pas ! Quelle joie de penser que nous pouvons jouir du bien, comme Dieu en jouit, sans que le mal puisse nous troubler ! C’est là le vrai repos de Dieu, dans lequel la puissance du Saint-Esprit nous fait entrer. Alors le monde perd toute puissance sur nos coeurs. Peut-être que nos âmes ne jouiront pas toujours de ce genre de paix où l’on estime l’opprobre comme un trésor, mais je suis certain que, si nous étions plus fidèles, nous en jouirions infiniment davantage, et que la vie de Christ se manifesterait chez nous sans effort. Elle jaillirait du coeur et coulerait de source. Que Dieu nous fasse la grâce d’être beaucoup plus dans cet état ; pour cela, il faut y vivre, être avec le Seigneur, avant de s’engager dans les affaires et les difficultés de la vie, afin de le trouver avec nous dans nos circonstances ; il faut, dès le matin, préférer l’opprobre du Christ et l’estimer comme un trésor.
n°144 : ME 1902 p. 212
Nous avons vu, dans les versets précédents, Moïse s’identifiant, par la foi, avec le peuple de Dieu et quittant l’Égypte sans craindre la colère du roi. On trouve (v. 28) la simplicité de la foi qui croit Dieu sur parole et demeure tranquille quand le jugement s’exécute.
Dieu manifeste sa puissance dans la délivrance de son peuple, mais ce n’est pas ainsi que l’oeuvre se présente au début. Il y a d’abord une confiance entière au jugement que Dieu prononce sur le pécheur et au moyen de salut que Dieu offre. On trouve des brigands parmi les sauvés et d’honnêtes gens parmi les condamnés. Si Dieu entre en jugement avec l’homme, nul homme vivant ne sera justifié. Nous sommes ici-bas au milieu des maux que le péché a occasionnés. Israël ne peut être délivré sans Dieu, mais il faut que Dieu soit Dieu, qu’il reste saint ; il faut qu’Israël soit ce qu’il est, et que Dieu le voie tel.
Dieu vient à l’homme, apportant le sang ; rien de plus simple et de plus humiliant. Il faut croire au jugement de Dieu et à l’efficace que Dieu attache au sang. Le jugement est nécessaire, sinon le sang ne le serait pas. Le sang est la confession qu’il faut Dieu, pour que nous soyons garantis des résultats du péché. Le sang est placé sur la porte ; Israël n’est pas touché.
C’est une soumission entière au jugement de Dieu, l’aveu qu’il n’existe de différence entre Israël et les Égyptiens que celle que le sang a faite. Rien n’arrête le jugement ; il renverse tout, sauf le résidu sauvé, au déluge, à Sodome, en Égypte. Le chrétien reconnaît qu’il est coupable et que, si Dieu entre en jugement avec l’homme, nulle âme vivante ne sera justifiée. Il faut croire simplement que Dieu fera ce qu’il a dit et que le sang est efficace. Naaman en est un exemple ; il doit aller au Jourdain et se fier à la parole d’Élisée et à la simplicité du moyen proposé. Dieu indique le remède le plus insignifiant pour le coeur naturel. L’homme, avec sa force, ne peut rien faire, et Dieu, d’un seul mot, peut tout faire. Un peu de sang sur la porte, et Israël sera sauvé. La foi reconnaît la culpabilité, se fie au moyen de salut que Dieu propose, selon la simplicité de ses voies, et se soumet à la justice de Dieu. Le jugement de Dieu ne peut toucher ceux qui ont le sang pour sauvegarde, sinon Dieu manquerait à sa parole et à tout son Être. La foi simple s’arrête à ce que Dieu dit, que le sang de Jésus-Christ, son Fils, nous purifie de tout péché.
Dieu commence par nous humilier en nous montrant que nous sommes coupables et que son jugement va nous atteindre, si le sang ne nous garantit pas.
La frontière entre les royaumes de Dieu et de Satan, c’est la mort et le jugement. On ne sort du royaume de Satan qu’en traversant la mer Rouge, la mort et le jugement, parce que le jugement de Dieu condamne nécessairement le péché. Le pécheur est dans le royaume de Satan qui a la mort en sa puissance ; or la mort est, quant à l’intention de Dieu, un jugement.
Quand Dieu s’occupe de l’état de son peuple, il faut qu’il le voie pécheur, mais Israël a affaire avec Dieu comme Sauveur. Dès ce moment, tous les rapports de Dieu avec Israël sont ceux d’un Sauveur. Dieu a pris connaissance de leur état, leur présente le sang, prend leur cause en main, les fait sortir d’Égypte. Du moment que le sang a été mis sur la porte, Dieu s’est chargé de tout ce qui regarde son peuple. Il ne peut les conduire dans le désert pour les y laisser périr ; il ne peut changer la mort et le jugement, mais il en fait le moyen d’une délivrance éternelle. Ce qui aurait été la destruction de nos âmes, la mort, est devenu ce qui nous sauve, parce que Jésus est mort pour nous. Satan a le pouvoir de la mort : comment nous y soustraire ? Goliath eut la tête tranchée par l’épée qu’il portait lui-même : par la mort, Jésus a détruit celui qui avait la puissance de la mort. Puisque Dieu a voulu délivrer son peuple, il faut qu’il se charge du jugement. «Où est l’agneau pour l’holocauste ?» dit Isaac à son père. «Dieu», répond Abraham, «se pourvoira de l’agneau pour l’holocauste». Dieu s’est pourvu de son propre Agneau pour le sacrifice ; il a donné son Fils. À un tel sacrifice, il faut un dédommagement immense, et c’est la destruction éternelle de la puissance de Satan sur le peuple de Dieu. Dans la résurrection de Jésus, le jugement est entièrement terminé, Dieu a revendiqué les droits qu’avait Satan dans la mort et les a anéantis. Satan a voulu se mesurer avec Dieu, et le résultat en est la destruction éternelle de sa puissance et une délivrance magnifique du peuple de Dieu. Dans la résurrection du Seigneur Jésus, les ennemis de Dieu sont anéantis. S’il s’agit de nous devant Dieu, tout est humiliation, mais s’il s’agit de l’ennemi et des voies de Dieu envers lui, il s’est enfoncé comme du plomb dans les eaux magnifiques et le peuple a trouvé une parfaite délivrance.
Oui, tout est humiliation pour nous, mais s’agit-il des accusations de Satan, la résurrection est la réponse. Nous avons passé la mer Rouge et laissé Satan en Égypte. Pour nos âmes, le sang est la réponse à nos péchés. Dieu a dû livrer son Fils, mais il a dû le glorifier. Ainsi la méchanceté de Satan a été l’occasion de l’exaltation de Jésus et de l’Église dans la gloire. Si nous sommes dans la poussière à cause du péché, nous sommes dans la gloire, en réponse à toutes les méchancetés de l’ennemi.
Ceux qui veulent traverser la mort et le jugement par eux-mêmes sont engloutis dans les eaux de la malice de Satan et de la colère et du jugement de Dieu. Pour Israël, pour celui qui est en Jésus, c’est à pied sec qu’il peut y passer. Dieu place son peuple devant Lui ; il n’est composé que de pauvres pécheurs. Il s’occupe d’eux, prend leur cas en considération, présente le sang, justifie, prend leur cause en main, et pourvoit pleinement à tout dans la mer Rouge, dans le désert et en Canaan. Dieu s’est chargé de tout, même de nos péchés. Il châtie, humilie, instruit son peuple dans le chemin, mais il se charge de tout. Notre place devant Dieu est toujours l’humiliation, mais la foi sait que si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il peut y avoir des afflictions, mais rien qui nous sépare de l’amour de Dieu en Jésus. Les murs de Jéricho tombent par la foi (v. 30).
Que Dieu nous garde toujours dans cet anéantissement de nous-mêmes en Sa présence, et en même temps dans la conviction que tout est à la charge de Dieu et que rien ne peut nous séparer de son Fils. Quand il n’y a que le sang, je regarde à Dieu et je sais que Dieu est pour moi ; mais si je cherche quelque chose en moi-même, Dieu cesse d’être ma force.
n°145 : ME 1902 p. 233
L’Esprit de Dieu, après avoir exposé dans ce chapitre les principes particuliers de la foi, nous en donne les traits généraux dans les versets que nous venons de lire. Le peuple avait fait la Pâque et traversé la mer Rouge comme une terre sèche. L’homme en est réduit, pour être sauvé, à la foi simple en la Parole et au sang de l’Agneau. Ce qui nous est présenté ici, ce sont des moyens qui, en apparence, ne produisaient aucun effet. Les murs de Jéricho tombèrent par la foi après qu’on eut sonné des trompettes et fait le tour de la ville pendant sept jours. Il y avait là, pour Israël, de quoi avoir honte en présence de ses ennemis, mais les choses qui paraissent ridicules et faibles ne le sont pas quand elles viennent de l’Éternel et ont lieu devant Lui. Pour la foi, les murs de Jéricho n’existent pas, la mer Rouge et le Jourdain ne sont pas des obstacles, et si les ennemis de Dieu se rassemblent contre nous, ils ne font que nous fournir l’occasion d’une victoire plus éclatante.
Le fondement de la foi, c’est la parole de Dieu, et cette Parole puissante emploie même les choses que nous craignons, jugement, mort, pouvoir de Satan, pour nous donner la victoire. Il est important pour nous de ne jamais regarder à l’homme, aux circonstances, aux difficultés. La foi réalise que Dieu est là, et quand il a dit une chose elle va de l’avant, sans même penser aux difficultés.
La foi dans l’individu (v. 31) ne reconnaît que la présence de Dieu. S’il avait fallu déterminer quelle personne devait être sauvée à Jéricho, on n’aurait sans doute pas nommé Rahab. Mais Rahab, par la foi, reconnaît Dieu dans son peuple. Elle était une Cananéenne et en outre une femme de mauvaise vie ; mais la foi abolit toute différence entre les hommes, parce que tous ont péché, et reconnaît que Dieu est riche en miséricorde envers tous ceux qui l’invoquent. La foi identifie la gloire de Dieu avec son peuple, quoique ce dernier manque souvent à manifester cette gloire. Il en était de même de la foi de Rahab (Jos. 2:10, 11). Le monde qui l’entourait devait s’avouer que le peuple de Dieu avait le dessus, et son coeur se fondait malgré toutes les démonstrations par lesquelles il cherchait à affirmer sa puissance. Mais il est indifférent que le monde soit fort ou faible ; la foi reconnaît que Dieu est avec les siens, accepte Son jugement et s’identifie avec Son peuple. Rahab, malgré toutes les difficultés, prend parti avec le peuple de Dieu.
L’Esprit passe rapidement sur les cas mentionnés aux v. 32-40. Au fond, la foi s’exerce toujours quand les promesses de Dieu ne sont pas encore accomplies. Israël, une fois entré en Canaan, ayant manqué comme peuple, la foi agit individuellement dans son état de décadence, chose précieuse pour nous, au milieu de la ruine de l’Élise.
On voit (v. 32) que tous ces hommes ont agi par la foi quand ils étaient dans la détresse et sous l’oppression. La foi se manifeste, non pas quand tout va bien, mais quand tout est difficile. Ce qui est appelé ici la foi est appelé l’Esprit de Dieu dans l’Ancien Testament. La puissance de la foi est celle de l’Esprit de Dieu agissant en nous, mettant en activité un Samson, un Jephthé, comme instruments, demeurant éternellement en nous et produisant des fruits, manifestant enfin la vie de Christ dans notre corps mortel. La foi est la confiance en Dieu qui, par le Saint-Esprit, révèle sa puissance à nos âmes. Cette puissance se manifeste dans tout le cours de la vie chrétienne. Les chrétiens sont souvent arrêtés, parce qu’ils mettent leurs propres forces en regard de la tentation, au lieu de s’en rapporter uniquement à la puissance de Dieu. Un chrétien marchera bien, tant que certaine difficulté qui arrête sa foi ne s’est pas présentée. Cette difficulté qui met la chair en jeu, nous arrête. L’un objecte sa famille, l’autre son avenir. Comme homme je comprends toutes ces objections, mais il s’agit de Dieu et je n’ai rien à savoir de tout le reste. Si devant les difficultés quelqu’un n’a pas la foi, il ne reste qu’à prier pour lui. Dans les affaires de la vie, tous les moyens qu’on emploie pour se tirer d’embarras ne signifient autre chose que : «Je n’ai pas la foi qui compte sur Dieu, qui se rapporte entièrement et seulement à Lui». L’accomplissement du devoir conduit toujours à des difficultés, mais j’ai la consolation de dire : «Dieu est là et la victoire est certaine», car sans cela il y aurait quelque chose de plus fort que Dieu. Cela demande une parfaite soumission pratique à la volonté de Dieu, l’anéantissement de soi-même. Quand la foi agit, des choses admirables sont produites par la puissance de Dieu.
Si les enfants de Dieu sont fidèles, il les laisse dans l’épreuve et les difficultés pour mettre en évidence tout ce qui, en eux, n’est pas de l’Esprit. Dieu permet aussi que le mal ait son cours et nous éprouve, pour que nous comprenions que le but de la foi n’est pas du tout ici-bas, et pour nous apprendre que, dans les circonstances les plus difficiles, Dieu peut intervenir comme au sacrifice d’Abraham ou à la mort de Lazare. Jésus laisse mourir Lazare, afin de montrer que la puissance de Dieu peut non seulement arrêter la maladie, mais encore ressusciter les morts. Dieu permet tout ce qui écrase Marthe et Marie, pour que nous comprenions que toute la puissance de la vie qui domine la mort est en Jésus (v. 35).
Le v. 36 contient une chose très douce pour nous. Nous nous sentons souvent éloignés de ces grands exemples de foi, mais on trouve ici le train ordinaire et journalier de la persécution ; des moqueries, des coups, des liens, la prison ; mais nous pouvons être certains que nous serons tourmentés en proportion de notre fidélité et du témoignage que nous rendons contre le prince de ce monde.
En résumé, tandis que l’homme s’arrête aux circonstances qui l’entourent, le chrétien va plus loin et voit que, par les circonstances, Satan agit contre lui pour l’inciter au mal, mais il sait, en même temps, que Dieu permet l’activité de l’ennemi pour nous éprouver et pour briser notre volonté.
S’arrêter aux circonstances, c’est l’incrédulité. Bien souvent nous ne pouvons approfondir les voies de Dieu à cet égard. «Satan», dit Jésus, «mettra quelques-uns de vous en prison». Le Seigneur aurait pu l’empêcher, mais ne l’a pas voulu. «Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève quand le temps sera venu». Le péché, c’est agir selon notre volonté ; donc, la chose la plus importante, c’est que notre volonté soit brisée. Notre vie n’est pas de ce monde et nos souffrances doivent être celles de Christ, dont Paul dit qu’il les achevait en son corps.
La foi agit sans jamais recevoir les choses promises ; Dieu veut que nous vivions par la foi et dans l’épreuve. Il n’y aura plus de foi quand nous serons entrés en possession de ces choses. Nous avons la présence du Saint-Esprit qui nous fait savoir que tout ce que Dieu a donné à Christ nous appartient. Les fidèles de l’Ancien Testament n’avaient pas ce privilège.
«Desquels le monde n’était pas digne». Cela est dit de tous. C’est l’écriteau mis sur le peuple de Dieu. Si les chrétiens ne sont pas tout autres que les mondains, pourrait-on dire d’eux : «Le monde n’en est pas digne» ? Il est humiliant pour nous que notre témoignage soit si peu fidèle et que nous participions si peu à la vie de Christ ; autrement le monde ne serait pas digne de nous et nous rejetterait. Que Dieu nous donne pleinement cette part, et que le Seigneur soit notre force dans notre infirmité !
n°49 : ME 1892 p. 354
Il est de toute importance de connaître que la grâce, non pas la loi, est le principe de notre sanctification. Ceux qui cherchent la sanctification se placent souvent sous la loi, mais la sanctification comme la justification dépend de la plénitude de la grâce (v. 10). Dieu nous discipline, afin que nous soyons rendus participants de sa sainteté. Le principe même du christianisme est que nous participons à la nature de Dieu qui est amour, que nous la possédons, que nous en avons les privilèges. Dieu est amour, et en participant à sa nature, j’aime. Dieu accomplit en nous la chose qu’il exige. Voilà pourquoi je puis aimer. Nous aimons l’Église, parce que nous avons l’Esprit de Christ, qui aime l’Église ; les hommes, parce que «Dieu a tant aimé le monde» ; les frères, parce que Dieu les aime.
Nous ne sommes point venus à Sinaï, à la loi qui exige de l’homme d’aimer Dieu de tout son coeur et son prochain comme soi-même, mais à la grâce qui nous donne ce que Dieu demande, tandis que la loi, ministère de mort, ne le donne jamais.
Nous sommes rendus participants de la sainteté de Dieu ; c’est quelque chose de bien plus élevé que l’innocence même. Les chrétiens sont, dès ici-bas, bien plus que le premier Adam. Notre privilège est de pouvoir aimer les pécheurs, ce que le premier Adam ne pouvait pas. Nous ne sommes pas, comme Adam, dans l’ignorance du mal : nous étions sous l’empire du péché, mais Dieu nous communique une autre nature qui est sainte, la vie de Christ ; nous sommes nés de l’Esprit. C’est dans cette vie de Christ en nous que consiste la sainteté. Elle se maintient par l’union avec Christ, mais nous avons la sainteté, parce que nous avons la vie de Christ en nous. En nourrissant cette vie qui est en nous, nous croissons dans la sainteté et dans ses fruits. Il n’y a point de loi contre les fruits de l’Esprit ; ils sont une chose positive, produite par la grâce, laquelle nous communique une vie qui n’était pas en nous auparavant. La loi est impuissante à l’égard de cette vie et de ses effets.
Lorsque la sanctification pratique est entravée, c’est que la chair n’est pas entièrement mortifiée. Nourrissez la chair, la sainteté en souffrira d’autant. Cela aura lieu d’une manière presque insensible, l’âme n’étant pas en la présence de Dieu, ou par des chutes évidentes. En cette présence, la chair est toujours mise en évidence et condamnée ; hors de cette présence, les tentations de Satan nous assaillent et nous tombons. Il est affreux que cela puisse arriver à un chrétien, mais ce n’est que trop vrai. L’homme qui n’est pas en la présence de Dieu ne s’humilie point. Il peut être au clair, avoir raison sur bien des choses, mais cela encore l’enorgueillit au lieu de l’humilier. Il ne connaît pas l’amour ; rien n’humilie comme l’amour.
Une chute peut être la suite d’une surprise dans un moment où la présence de Dieu n’est pas réalisée. Est-elle réalisée, alors le péché nous repousse ; nous ne recherchons la sanctification pratique qu’en nous tenant en la présence de Dieu, sur le principe de la grâce. Lorsqu’il y a eu chute et que la repentance a eu son cours, tout le coeur est brisé et humilié ; mais quand nous avons été surpris par le mal, si nous n’avons pas horreur du péché, c’est la preuve que nous sommes endurcis et depuis longtemps loin de la présence de Dieu. Dans un état de vraie communion entre les enfants de Dieu, qu’un frère soit dans le péché, tous en souffriront.
Nous devons attacher une haute importance à la vie spirituelle dans nos âmes et chercher la sanctification, parce que nous participons à la vie de Christ. Comprenons aussi que, par cette vie, nous sommes dans la grâce et non sous la loi, que nous n’avons affaire à Dieu que sur le principe de la grâce. Si la conscience n’est pas bonne, l’effet de la présence de Dieu est de nous rendre tristes et de produire en nous du malaise. La vie de Christ peut se développer en nous avec plus de puissance, mais non devenir plus sainte. Elle peut s’emparer de toutes nos facultés et les employer pour Christ, et en pratique nous sanctifier toujours davantage. Faisons des sentiers droits à nos pieds. Si nous sommes facilement enveloppés par tel ou tel péché, la fidélité consiste à éviter les occasions, dans le sentiment de notre faiblesse. La vie de Christ deviendra plus puissante en nous et nous mettra en état de résister. Le chrétien doit, avant tout, garder sa communion avec Dieu. Appeler les âmes à la sanctification, ce n’est pas leur dire : Vous n’êtes pas saints, mais vous avez la vie de Dieu en vous ; qu’elle y agisse ! La vie chrétienne se compose de détails. Soyons fidèles dans les détails. Que notre joie et notre bonheur soient d’être en la présence de Dieu ! Amen.
n°209 : ME 1916 p. 131
Dans l’oeuvre excellente que Dieu accomplit, il lui faut nécessairement s’occuper des instruments qu’il emploie. Jamais la chair n’est propre à l’oeuvre de Dieu. Les vases d’argile dont il se sert altèrent la pureté de ce qu’ils contiennent et lui communiquent souvent une saveur mauvaise. Pour faire son travail un homme aiguise son outil, mais qui aiguise, use, et cette usure est nécessaire, de peur que la rouille n’envahisse la lame et ne gâte l’ouvrage. Dieu prépare donc ses instruments ; il les éprouve par les circonstances qu’ils traversent et dont son Esprit prend connaissance. Lorsque la chair est devenue un obstacle à notre service, Dieu agit en grâce à notre égard et pour notre profit.
Tous nos coeurs contiennent beaucoup de mélange que Dieu seul peut démêler. De là souvent du malaise, d’autant plus sensible qu’il y a plus d’activité de l’Esprit. Sauf cela, l’état de nos âmes est peut-être satisfaisant. Il arrive aussi que, tout en étant dans le bon chemin, nous pensons à nous-mêmes, à l’instrument plutôt qu’à l’oeuvre, et qu’ainsi nous la gâtons. Christ, qui manifestait la perfection du Père, avait un service sans mélange et ne pensait jamais à lui-même. Les circonstances qu’il traversait n’étaient pour Lui que l’occasion de déployer une obéissance toujours plus parfaite. Dieu nous encourage en présence de ces difficultés. Ne perdez pas courage, nous dit-il ; fixez les yeux sur Jésus, le Chef et le Consommateur de la foi ; considérez Celui qui a souffert une telle contradiction des pécheurs contre lui-même. La question n’est pas ici de savoir si l’on est chrétien, mais de connaître le chemin dans lequel un chrétien doit marcher. Ceux qui nous ont précédés ont vu, et cru, et salué ces choses de loin ; ils ne les avaient pas, mais les saluaient comme une réalité. Cette nuée de témoins nous entoure, mais, de plus, nous avons le Chef, celui qui va à la tête, le premier de tous, celui qui a accompli toute la marche de la foi. D’un bout de sa vie à l’autre, il n’y avait que la foi, une foi, agissant sans un appui quelconque, autre que Dieu. Il a dû compter sur Dieu, non pas comme Job qui disait : «Voici, qu’Il me tue, j’espérerai en Lui» ; mais quand il était dans la mort même. Le résultat du fait qu’il est descendu jusque dans la mort a été qu’il est maintenant assis à la droite de Dieu. Maintenant la lumière luit d’en haut sur notre chemin, où Lui n’a trouvé que la contradiction des pécheurs ; elle nous éclaire et provient de Celui qui a suivi cette voie et nous engage à l’y suivre ! «Si quelqu’un me sert, qu’il me suive ; et là où je serai, moi, là sera aussi mon serviteur ; si quelqu’un me sert, le Père l’honorera» (Jean 12:26). Nous devons considérer Celui qui a «enduré une telle contradiction des pécheurs contre lui-même». Dieu se sert des circonstances que nous traversons pour nous faire considérer Jésus qui a été dans ces mêmes circonstances. Elles ne nous abattront pas ; car, si nous fixons les yeux sur Lui, tout est paix. Quand je pense à moi-même, c’est que l’instrument entre pour quelque chose dans l’oeuvre. Alors Dieu me montre mon néant et je trouve Jésus. Si j’ai manqué, il ne me sera pas pénible de le constater, ayant été amené, quand je l’ai trouvé, à découvrir que je ne suis rien. Lui seul est le Chef et le Consommateur de la foi. Cette découverte me rend profondément heureux.
Aux v. 4 et suivants, on voit un autre côté des voies de Dieu pour perfectionner l’instrument qu’il emploie. C’est la discipline et parfois le châtiment, que nous rencontrons dans le chemin de la foi. Il y a, comme nous l’avons vu, des défauts inhérents à l’instrument, mais on trouve souvent chez lui le manque de soumission à la volonté de Dieu. L’un des dangers de notre activité chrétienne est d’agir de notre propre chef. Jésus, lui, n’a rien fait sans la volonté expresse, sans le commandement de son Père. On ne trouve en lui que l’amour obéissant. Il en était autrement chez les apôtres, et à bien plus forte raison chez nous. Paul avait voulu se rendre en Bithynie, mais l’Esprit de Jésus ne le lui avait pas permis (Actes 16:7). Il s’était repenti d’avoir écrit aux Corinthiens. Constamment nous agissons sans savoir si telle est bien la volonté de Dieu. Nos exercices d’âmes montrent l’imperfection de l’instrument pour maintenir sa proximité avec Dieu. Christ avait aussi des angoisses au dedans : «Un abîme appelle un autre abîme au son de tes cataractes. Toutes tes vagues et tous tes flots ont passé sur moi». En Gethsémané, il traverse «l’angoisse du combat». Mais tout cet exercice a lieu dans la communion de son Père, et l’accomplissement de sa volonté le trouve dans une soumission parfaite. Quant à nous, lorsque nous traversons l’épreuve, Dieu s’y trouve et ne nous abandonne pas avant que l’obéissance soit produite. Le Père des esprits veut qu’il ne reste en nous que sa nature, que nous soyons participants de sa sainteté. Il nous exerce à la soumission, afin que tout en nous découle de Lui ; qu’il soit, Lui seul, la source de tout le résultat produit. Tel est son but. Quelle grâce dans toutes ses voies envers nous ! Quand il s’agit de l’homme dans la chair, Dieu ne peut obtenir aucun bon résultat. Cette épreuve a été faite avec Israël avant l’expiation ; avec nous, Dieu commence par l’expiation et, par elle, nous introduit dans sa faveur, en nous communiquant sa vie. C’est sur ce principe-là qu’il nous gouverne. Il cultive son jardin, mais pas comme il le faisait pour Israël où il ne rencontra jamais autre chose que l’homme. Il se sert des circonstances pour mater et détruire en nous les fruits de la vieille nature, afin qu’il ne reste rien d’autre que Christ. C’est là le vrai progrès chrétien. Quand nous avons senti notre néant, toute notre confiance est en Celui qui nous a tant aimés. Quelle profondeur, quelle largeur, dans ses pensées envers nous ! Que Dieu nous remplisse de confiance en Celui qui est le ressort et la source de toutes ses voies à notre égard !
n°136 : ME 1901 p. 357
On trouve, au commencement de ce chapitre, deux exhortations : ne pas mépriser la discipline du Seigneur et ne pas perdre courage quand on est repris par Lui (v. 5). Deux choses se réunissent pour former la discipline : l’inimitié de Satan et la bonté de Dieu qui nous châtie, comme on le voit dans le cas de Job. Ce qui prouve que la discipline a produit ses fruits, c’est qu’au lieu de penser à nous-mêmes, nous y voyons Dieu agissant pour briser notre volonté et atteindre le mal dans nos coeurs, afin de nous soumettre à Lui. Quand la discipline nous décourage, c’est qu’il y a en nous une volonté qui ne veut pas être brisée ; il y a quelque chose à reprendre en nous, et Dieu nous châtie pour notre profit, parce qu’il nous aime et afin que nous participions à sa sainteté.
Le but de Dieu est toujours notre communion éternelle avec Lui, tandis que notre volonté a toujours pour objet les circonstances présentes. Or si notre volonté a un but et celle de Dieu un autre, il en résultera nécessairement une lutte et des circonstances pénibles destinées a nous briser.
Les pensées des chrétiens sont souvent fort erronées au sujet de la sanctification. Ils voudraient être plus saints pour être plus agréables à Dieu, c’est-à-dire qu’ils rapportent leurs relations avec Dieu à eux-mêmes, tandis que c’est à Lui-même que Dieu rapporte tout. Sa grâce agit aussi bien pour notre sanctification que pour notre justification.
La sanctification est attribuée, dans la parole de Dieu, à chaque personne de la Trinité, au Père, au Fils et au Saint-Esprit. Elle est attribuée à la volonté de Dieu (Hébr. 10:10), et plus spécialement au Père (Jean 17:17). C’est la pensée de Dieu à notre égard, de nous séparer pour Lui-même. — Nous sommes aussi sanctifiés, mis à part pour Dieu, par le sang de Christ, et c’est dans ce sens qu’il est toujours parlé de la sanctification dans l’Épître aux Hébreux (10:10, 29 ; 13:12). — La sanctification par l’Esprit nous est souvent présentée (2 Thess. 2:13 ; 1 Pier. 1:2, etc), car c’est par le Saint-Esprit que Dieu fait tout ce qu’il fait, qu’il s’agisse du chaos de la terre (Gen. 1:2), ou du chaos de nos coeurs. C’est la volonté du Père de nous lier à Christ par le Saint-Esprit, après nous avoir rachetés par son sang. Ainsi la sanctification découle de la Trinité.
Quand nous sommes ainsi séparés pour Dieu, le Saint-Esprit qui nous donne une position de sainteté, nous communique aussi une vie. Le chrétien étant déjà purifié par la foi, les affections s’attachent au Seigneur Jésus et purifient le coeur. Aussi Hébr. 12:14, nous engage-t-il à poursuivre la sainteté. La vie sainte se manifeste à travers toute sorte de difficultés ; c’est un exercice de foi, et, dans le sens pratique, le progrès dans la sanctification a lieu, par la foi, dans la contemplation de Jésus, cette contemplation purifiant le coeur en le remplissant de Lui. Sans la sainteté pratique, nul ne peut voir le Seigneur.
Qu’il s’agisse de saine doctrine, d’amour fraternel, de la sagesse d’en haut, de voir le Seigneur, cela ne se rencontre que dans un coeur pur qui seul peut goûter la communion actuelle et pratique avec Dieu.
La sainteté, c’est avoir part à quelque chose qui est en Dieu ; la chair n’y a aucune part quelconque. La sainteté du chrétien n’est rien moins que la sainteté de Dieu lui-même et, si nous sommes séparés de la communion avec Dieu, nous le sommes de la source de la sainteté. Cette puissance est en Dieu, et non en nous. Celui qui a l’espérance d’être tel que Jésus dans la gloire, se purifie comme Lui est pur (1 Jean 3:3). Ce qui ne répond pas à cette pureté, ne satisfait pas la vie de Jésus en nous. Nous avons cette vie et Jésus est dans la gloire. Rien en nous ne peut nous rendre heureux que ce qui satisfait Jésus dans le ciel. La chair ne peut aucunement avoir part à cela.
Nous avons besoin de vigilance, parce que tout ce qu’il y a dans le monde est employé par Satan pour nous faire perdre la communion avec Dieu et la prière qui nous met directement en rapport avec Lui. Nous avons aussi besoin de méditer la Parole en pensant à ce que Jésus est et à sa gloire actuelle et future. Ce n’est que par la méditation qu’on peut en avoir la jouissance. Si ces choses sont vagues dans nos esprits, il n’est pas étonnant que nous en fassions peu de cas, et si nous en faisons peu de cas, cela prouve que notre coeur est très peu capable de saisir ce que Dieu nous donne ; alors il n’est pas étonnant que nous soyons faibles.
Le caractère et la mesure de notre sainteté, c’est la sainteté de Dieu lui-même. Si nous cherchons, pour la réaliser, quelque chose qui soit plus près de nous, c’est Christ dans la gloire, et en le contemplant nous nous purifions comme Lui est pur. C’est pourquoi le chrétien doit éviter soigneusement tout ce qui l’empêche de poursuivre la sainteté, même les choses qu’on appelle innocentes, car rien de ce qui détourne de la communion avec Dieu n’est innocent. Du reste, appliqué aux choses, ce mot ne se trouve pas dans la Parole.
n°272 (ex 266) : ME 1963 p. 225
Si la vie de Christ est en nous, il est impossible que nous n’éprouvions pas le désir de la sainteté et que nous ne trouvions pas notre joie dans la communion de Celui qui est la sainteté. Mais nous faisons nécessairement l’expérience que ce désir, qui se trouve dans tout enfant de Dieu, est accompagné de tristesse. Lorsque nous aimons la sainteté, que nous en sentons le besoin, et que nous constatons qu’elle manque en nous, cela nous afflige ; inversement, si cette tristesse n’est pas produite, nous pouvons être assurés que nous sommes dans l’endurcissement et dans l’éloignement de Dieu. En effet sans la sainteté nous ne pouvons pas avoir communion avec le Saint d’Israël ; mais sans nous décourager, il nous faut marcher en avant, bien fondés sur la grâce qui nous fait participer à la sainteté. Il est donc important d’être bien au clair sur la doctrine de l’Écriture sainte à cet égard.
Quand le chrétien, pressé par le désir d’être saint, est en même temps égaré par la propre justice, il ne saisit plus clairement ce qu’est la grâce, il confond dans son esprit la sainteté telle que la demande la loi, et la sainteté telle que la demande l’Évangile. De là vient cette tristesse. Nous devons être tristes, il est vrai, quand, par notre négligence, nous avons produit cet éloignement, ou que nous commençons à douter de notre acceptation ; ce n’est pas alors une tristesse selon Dieu, car celle-ci est accompagnée de confiance et d’amour. Ce sentiment de tristesse, quand nous avons manqué à quelqu’un de nos devoirs, est produit par Dieu qui se rapproche de nous, et il est accompagné du sentiment de son amour. Mais une tristesse qui n’est pas selon Dieu est un jugement ; c’est la chair qui s’en mêle et qui agit.
Un inconverti, quand il est un esprit fort, est en état de révolte contre Dieu ; il l’accuse parce qu’il n’est pas converti, parce qu’il se trouve dans telle ou telle circonstance, dans tel ou tel état, et il en est de même du chrétien si son coeur se défie de Dieu. On accuse Dieu quand on ne devrait accuser que soi-même, car quand nous sommes vraiment humiliés, Dieu fait grâce ; n’est-Il pas Celui qui «donne la grâce aux humbles ?» Ce besoin de sainteté, cette assurance de la grâce, manque quelquefois parce qu’on se cherche soi-même, ou bien parce qu’en cherchant la grâce on néglige la sainteté, ou encore parce qu’en cherchant la sainteté, on néglige de se tenir ferme dans la grâce.
Il est dit au v. 10 que «les pères de notre chair disciplinaient pendant peu de jours selon qu’ils le trouvaient bon ; mais celui-ci (le Père spirituel) nous discipline pour notre profit ; afin que nous participions à sa sainteté» ; ce n’est pas quelque chose que Dieu exige, mais une chose à laquelle Il nous fait participer, et c’est la sainteté de Dieu Lui-même ; quel don, quelle grâce immense ! Qu’est-ce qui nous rend parfois misérables ? le manque de cette sainteté. Je sais que dans l’étourdissement du péché, il y a une mauvaise joie, et que celui qui l’éprouve peut être très porté à s’abuser sur la cause qui la produit, mais il n’en est pas ainsi du chrétien ; quand il n’est pas dans un état de sainteté, il n’est pas content de lui-même, sa conscience n’est pas à l’aise, il n’est pas au large avec son Dieu, son coeur le condamne. Dieu est parfaitement saint ; il n’y a en Lui que de la lumière ; Il veut nous faire participer à sa sainteté parce que sa joie dépend de cette perfection. Étant amour, Il veut nous faire participer à cette sainteté, et Il ne peut pas former un désir plus profond d’amour, une pensée plus admirable que de nous faire participer à sa nature, quand Il veut nous rendre heureux. Il est impossible que nous soyons heureux si nous ne participons pas à la nature de Dieu. Il est impossible aussi que quelqu’un qui ne participe pas à la nature divine comprenne ce que c’est que la joie de Dieu, car ce qui est né de l’Esprit est esprit, et ce qui est né de la chair est chair. Dieu nous communique son Esprit, afin que nous jouissions de sa grâce et de sa communion. C’est ici la différence entre la loi et la grâce. La loi exige quelque chose en nous, elle demande obéissance et justice ; souvent, en cherchant cette sainteté, nous la cherchons selon la loi. La conséquence de cela c’est que nous restons sous la loi, tout en cherchant à nous approcher de Dieu ; nous cherchons en nous quelque chose de bon, dans la pensée que Dieu demande à voir du bien en nous. Mais le principe de la grâce est que Dieu ne nous demande que ce qu’Il nous donne. Si je vais dire à un homme pauvre qu’il peut avoir une place, mais qu’il doit fournir dix mille francs, il me répondra que je me moque de lui, que j’insulte sa misère, quoiqu’il puisse être parfaitement vrai qu’il y ait en effet une place à obtenir. Mais si je lui dis : «Voici les dix mille francs nécessaires pour obtenir cette place», les dix mille francs n’en sont pas moins exigibles, mais je le mets en état de payer. L’Évangile ne change donc rien à la loi, en ceci que la sainteté n’en reste pas moins nécessaire ; mais en exigeant il nous rend capables de donner. Nous voyons donc que la sainteté est l’exercice le plus béni de l’amour de Dieu. La première chose à remarquer est que cette sainteté est dans la nature de Dieu ; il faut donc que Dieu nous communique sa nature ; tous nos efforts n’aboutissent à rien à cet égard. Il est donc nécessaire qu’Il nous communique sa vie, et c’est ce qu’Il fait en Jésus Christ. Jésus Christ a la vie du Père, et Il la communique par la foi à tous ceux qui croient en Lui. Ainsi quand le Seigneur se communique à une âme, Il lui communique la nature divine, la régénération étant la communication de la vie de Christ. Cette vie n’est pas une vie qui désire le péché ; bien au contraire elle aspire à sa sainteté, comme Christ est saint.
Quel amour de la part de Dieu de nous communiquer la vie de son Fils, par laquelle nous pouvons avoir communion avec la sainteté de Dieu, sans en être effrayés ! Quand je sais qu’en Christ j’ai la vie, et que Dieu m’a fait un avec Lui, en me communiquant sa vie, je trouve l’assurance de l’amour du Père et de la vie éternelle ; c’est bien là la source de la sainteté que nous avons : la vie de Christ en nous. Cette vie peut être bien faible, comme dans un enfant ; elle peut être cachée sous une masse de décombres, sous une multitude d’habitudes charnelles, sous une quantité de pensées tristes qui reviennent sans cesse, parce que la chair est puissante à nous faire penser à telle ou telle chose ; nous savons en effet que quand il y a une vieille habitude, la nature tient à cette habitude, et nous induit à pécher. Mais quand la chair se tait et que la vie de Christ est en activité en moi, elle me fait marcher dans la sainteté, j’éprouve de la joie en ma conscience, en mon âme ; j’éprouve la jouissance qu’il y a dans l’état de santé ! Quand j’ai une bonne santé, je n’y pense pas, mais j’en jouis. Un petit enfant ne peut rien dire de la santé, mais il en jouit. Il y a de même de la joie dans la sainteté, dans la vigueur de l’âme, quand la chair se tait, et que le nouvel homme est en exercice, sans empêchement et sans obstacle. Il y a joie par la conscience même de cette sainteté, une joie dont Dieu sera toujours l’objet. Mais si les mauvaises habitudes continuent ou du moins ne sont pas sérieusement combattues, la conscience ne sera pas à son aise, et l’on ne peut pas en être étonné. Si ma santé s’altère, je suis triste, je suis inquiet et, sans connaître la cause de mon mal, j’ai la conscience que je ne suis pas bien portant. La chair ne sera pas seulement manifestée au dehors comme chez l’homme qui a une mauvaise santé. Ainsi l’homme dont le coeur n’est pas dans un état de santé, pensera à son état et doit donc dans ce cas être triste. Il peut y avoir un vrai progrès même dans le développement de cette vie, et s’il y a de la fidélité, il y a aussi de la joie, car la conscience est bonne, et c’est tout autre chose de manquer à la lumière que nous possédons ou de manquer de lumière. La discipline n’est donc rien pour celui qui n’a pas la vie de Christ ; il s’attriste à l’excès ou il regimbe. Quand il y a infidélité dans notre conduite, Dieu nous reprend d’abord par son Esprit, puis si nous ne l’écoutons pas, par la discipline, mais c’est toujours afin de nous rendre participants à sa sainteté. Dieu ne cesse de penser à notre bien, car Il peut penser à tous ses enfants à tout moment, et cela parce qu’Il nous aime. S’il y a en nous quelque racine d’amertume, Dieu la voit pour l’ôter ; Il nous discipline, Il nous envoie des afflictions, quelque chose de pénible, si la chair s’est mêlée à nos bonnes actions ; si elle est en nous, Dieu dans sa grâce s’en occupe, car Il s’occupe de tout ce qui nous empêche d’être heureux. S’il y a quelque chose qui atteste la bonté de Dieu à notre égard, c’est de Le voir nous poursuivre dans nos fautes afin de nous guérir. Si Dieu voit dans nos coeurs des choses qui nous empêchent de jouir de la sainteté, Il nous applique la discipline, et cela souvent d’une manière que nous ne comprenons point. Il ne nous discipline pas pour telle ou telle chose en particulier, mais pour arracher la racine même qui a produit ces choses mauvaises et que nous n’avions pas soupçonnées être en nous ; alors nous ne concevons pas pourquoi Il agit ainsi. Il poursuit malgré nous ce qu’Il s’est proposé. Il nous guérit dans la racine même de nos maux. Ce traitement s’applique au nouvel homme qui, rendu peu à peu plus attentif et plus clairvoyant, aperçoit cette racine de mal que Dieu voyait avant lui. Alors il est humilié, il a le discernement spirituel. C’est ainsi que Dieu nous fait faire des progrès, et tout cela vient de son amour. Il ne nous demande pas de la sainteté, mais Il veut la produire en détruisant dans nos coeurs ce qui empêche la vie de Christ de fonctionner librement. C’est ainsi qu’Il nous fait participer à sa sainteté propre, c’est-à-dire qu’Il se propose de nous donner communion avec Lui-même.
Voilà sa grâce tout entière. Non seulement Il nous pardonne nos péchés, mais Il nous communique sa nature, sa vie dans laquelle nous pouvons jouir de sa présence, pleinement et abondamment. En toute circonstance Il fait contribuer toutes choses à notre bien, en matant la chair, afin de donner au nouvel homme l’occasion de se développer. C’est ainsi que nous comprenons toujours mieux la profondeur de l’amour de Dieu, en voyant toute la peine qu’Il prend pour nous, en voyant aussi l’effet de ses soins. Le nouvel homme, voyant de plus en plus clair, est aussi de plus en plus à même de connaître l’amour de Dieu, et toutes ses voies à notre égard. Même des choses les plus pénibles, il peut s’écrier : quelle sagesse ! parce qu’il peut comprendre pourquoi Dieu a agi ainsi et parce qu’il est plus expérimenté dans les voies de son amour. Mais si, dans la discipline, au lieu de me tenir ferme dans la grâce, je viens à croire que Dieu me châtie avec sévérité et qu’Il me demande la sainteté comme on exige les dix mille francs pour avoir la place, au lieu de comprendre mieux, je comprends moins bien ; au lieu de devenir meilleur, je deviens pire. Mon coeur est en révolte et, me plaçant ainsi sous la loi, je deviens moins saint, parce que je n’ai pas retenu la grâce de Dieu. C’est pourquoi nous avons à Lui rendre grâces en toutes choses. Il est donc très important, pour avancer dans la sainteté, de nous tenir fermes dans la grâce dans laquelle nous avons été placés, et de nous souvenir que, lorsque Dieu exige de la sainteté, nous devons la considérer comme ce que Dieu nous donne afin de nous rendre participants de la vie de Christ ; et, si la vie de Christ est en nous, nous estimons que c’est le plus grand don possible, puisque, si nous manquons de sainteté, nous ne pouvons qu’être extrêmement misérables, même en présence de Dieu. C’est la sainteté qui nous rend capables d’avoir communion avec Lui.
Je dis donc en terminant que nous participons à la sainteté dans son principe, lorsque nous participons à la sainteté de Christ : la vie de Jésus Christ, voilà la source de toute sainteté. Il peut y avoir en nous beaucoup de choses mauvaises à bien des égards, mais comme la vie de Christ se renforce de jour en jour selon Christ, et non pas selon le vieil homme, tout ce qui nous arrive dans cette vie nous est dispensé par la main de Dieu, afin que nous participions plus abondamment à sa sainteté. Cherchons donc à bien comprendre que la grâce est la source de toute sainteté, et que l’amour de Dieu qui le porte à exiger de la sainteté en nous, le porte aussi à la produire en nous. Soyons donc vigilants, et discernons bien que la volonté de Dieu à notre égard est la sanctification.
n°46 : ME 1892 p. 283
L’Esprit de Dieu nous entretient ici des choses immuables. Tout ce que nous voyons actuellement sera ébranlé, et si nous pouvons désirer qu’il n’en soit pas ainsi, c’est que nous sommes attachés aux choses dont Dieu veut nous détacher. C’est une promesse de Dieu, que tout sera ébranlé. Son jugement sur le monde est déjà prononcé. Est-ce pour nous une chose désirable que cet ébranlement s’accomplisse ? C’est en vain que l’homme cherche à faire de la terre un lieu de bonheur ; sa condamnation est prononcée, et Dieu accomplira ce qu’il a dit. Si notre coeur s’est attaché à Dieu et aux choses que Dieu aime, il possède ce qui demeure et il a la paix dans le sens pratique. Le principe et le fondement de ces choses immuables, c’est l’amour qui demeure à toujours. Il nous rend participants de la nature divine qui ne peut être ébranlée. Il n’y a point d’amour selon Dieu en la chair ; elle est toujours son centre à elle-même. Nous avons l’amour, parce que nous participons à la nature de Dieu, mais nous lui sommes complètement étrangers par nature ; il est la nature de Dieu en nous. L’amour de Dieu est en activité, parce que Dieu est amour, et non parce qu’il trouve quelque chose d’aimable dans l’objet aimé. Quand nous n’étions que pécheurs, il nous a aimés, parce qu’il est amour. Par nature, nous n’aimons que ce qui nous parait aimable, et nous n’aimons plus quand cette qualité a disparu. L’amour chrétien aime ce qui n’est pas aimable ; il aime les pécheurs, en tant que pécheurs, parce qu’il les voit dans la misère du péché. L’amour divin ne dépend pas de l’objet aimé.
Si nous appliquons cette vérité à nous-mêmes, nous constaterons que notre état est des plus tristes. Notre amour pour les pécheurs est souvent refroidi ; nous nous laissons rebuter, décourager. C’est qu’il y a peu d’amour divin en nous. Il en est de même à l’égard des frères. Un frère peut ne pas être un sujet de satisfaction, mais cela devient occasion d’exercer l’amour. Ce dernier se montre dans les châtiments mêmes, comme on le voit dans les rapports d’un père envers ses enfants. Ce n’est pas l’état des autres, mais notre état qui est la mesure de notre amour. Pour aimer selon Christ, il faut être rempli de son Esprit. Si un frère a péché, c’est, pour l’amour, le cas d’entrer en activité. Quand la brebis s’égare, il faut la chercher. Si je regarde mon frère comme étant sous l’aspersion du sang de Christ, je le vois selon la valeur de ce sang. Dieu l’estime ainsi ; l’Esprit de Dieu en moi l’estime ainsi, et je suis affligé de voir qu’un bien-aimé de Dieu ait souillé son caractère. Si je vois dans mon frère le temple du Saint-Esprit, j’aurai horreur de le voir dans le péché, et cela me poussera à exercer envers lui la répréhension dans l’amour.
«Si quelqu’un garde mes commandements, mon Père l’aimera» ; c’est un amour de satisfaction. Si je rencontre un frère qui marche dans la lumière et la présence de Dieu, j’en suis aussi réjoui. On ne peut avoir communion avec un frère qui est en état de péché, mais on peut l’aimer. Si nous ne pouvons pas aimer un frère, c’est manque de grâce et d’amour en nous, et non en lui ; car Christ l’aime encore. Mon amour doit surmonter toutes choses, sans exception. Cet amour ne me rend pas indifférent, mais beaucoup plus ferme contre l’erreur et le péché. Que l’amour fraternel demeure !