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Méditations de J. N. Darby
1 Méditations de J. N. Darby — Actes 2:1-12 : Baptisés du Saint Esprit
2 Méditations de J. N. Darby — Actes 4:1-35 : Le Saint Esprit, Puissance d’En-Haut
3 Méditations de J. N. Darby — Actes 7
4 Méditations de J. N. Darby — Actes 22
5 Méditations de J. N. Darby — Actes 26
6 Méditations de J. N. Darby — Actes 26:29
7 Méditations de J. N. Darby — Actes 26:29
Genève, 7 novembre 1848 — n°280 (ex 275) : ME 1966 p. 57
Je voudrais, à propos de ces versets, suivre brièvement la révélation que Dieu nous donne dans sa Parole concernant la venue du Saint Esprit et sa présence comme Consolateur.
L’ordre des choses est remarquable dans ce début du livre des Actes.
Nous avons d’abord Jésus ressuscité qui, durant les quarante jours où il est vu par ses disciples, leur parle des choses qui regardent le royaume de Dieu. Remarquons qu’après sa résurrection comme auparavant le Seigneur parle et agit par le Saint Esprit. C’est une pensée précieuse. Pour nous aussi, ce n’est pas seulement tandis que nous sommes ici-bas que le Saint Esprit demeure en nous, mais nous l’aurons encore après notre résurrection. Cela nous fait comprendre la capacité de jouissance et de service que nous aurons dans le ciel. Le Saint Esprit qui fait de nos corps sur la terre un temple pour lui en fera un aussi de nos corps glorifiés là-haut. Ici-bas il est là pour mater le corps et crucifier cette chair qui nous entrave ; alors il sera une énergie divine agissant dans nos coeurs pour nous faire jouir de tout ce qui se trouve dans le ciel. Toutefois il nous donne cela dès maintenant jusqu’à un certain point : Moïse et Élie dans la gloire ont plus d’intelligence, mais ils parlent des mêmes choses et de la même personne dont nous sommes occupés ici-bas. Les sources sont les mêmes. Mais maintenant la force du Saint Esprit est dépensée dans la lutte, alors elle le sera pour notre joie et notre adoration.
Jésus annonce aux disciples ce qui sera pour eux le commencement d’une position nouvelle : c’est de recevoir, dans peu de jours, le baptême de l’Esprit Saint. Il met de côté pour le moment l’espérance du rétablissement du royaume pour Israël, quoique cela doive arriver certainement, mais en son temps. «Mais, dit-il, vous recevrez de la puissance, le Saint Esprit venant sur vous». Ce n’est pas là la vertu du Saint Esprit en rédemption (ils étaient déjà nés de nouveau) mais sa puissance pour rendre témoignage. «Vous serez mes témoins».
Le fondement de leur témoignage, c’est ce fait nouveau : Jésus est enlevé au ciel. Les anges viennent, et leur annoncent que Celui qui vient d’être élevé d’avec eux dans le ciel «viendra de la même manière» qu’ils l’avaient vu s’en allant.
Tout change pour eux. La pensée dont ils étaient remplis jusqu’alors était celle du royaume rendu à Israël. Désormais ils auraient d’une part la puissance du Saint Esprit comme énergie actuelle, d’autre part la révélation du retour futur de Jésus, monté au ciel à leur vue pour en revenir de la même manière, en une manifestation publique (il ne s’agit pas en effet ici de la manifestation de Jésus aux siens pour les recevoir, mais de son retour pour ce monde, aux yeux duquel Il apparaîtra en gloire). Le Saint Esprit devait leur donner la force de témoigner tandis qu’ils attendraient cette manifestation glorieuse.
Nous allons voir à grands traits les principaux effets de cette présence du Saint Esprit tels qu’ils nous sont révélés depuis le commencement, c’est-à-dire depuis le témoignage de Jean qui annonçait le «baptême du Saint Esprit» (Jean 1:33 ; Luc 3:16).
Si un homme se repent, c’est un effet de la grâce de Dieu, c’est l’oeuvre du Saint Esprit. Dieu avait agi de cette manière dès ce commencement. Il en était qui ainsi avaient cru la parole de Dieu prêchée par Jean le Baptiseur lorsqu’il prédisait la venue d’un plus puissant que lui, qui baptisait «de l’Esprit Saint et de feu».
La rédemption accomplie, Jésus ayant acquis à Dieu un peuple pleinement agréable, Dieu pouvait envoyer son Saint Esprit, en témoignage à ceux qui constituaient ce peuple qu’ils étaient agréables devant Lui. «Celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu, qui aussi nous a scellés, et nous a donné les arrhes de l’Esprit dans nos coeurs» (2 Cor. 1:22). Dieu les avait comme greffés en Jésus, il en avait fait des membres de Christ, oints, scellés par Lui-même ; dans leurs coeurs les arrhes de l’Esprit mettaient la joie d’une telle position. Sans doute, nous n’avons que des arrhes ; mais c’est l’onction de l’Esprit qui nous donne l’intelligence des choses divines et nous permet d’y entrer. Christ, en tant qu’Il a acquis ce peuple, peut le faire jouir de ces choses, et Il le baptise du Saint Esprit.
C’est aussi un baptême de feu. Le feu est le jugement selon la sainteté de Dieu. Les langues de feu que nous voyons au chap. 2 descendre sur les apôtres représentent la Parole agissant pour le jugement de la chair. Le Saint Esprit par elle juge absolument tout ce qui est de la chair et qui s’oppose à lui.
Tel est le baptême qu’annonçait Jean comme la prérogative de Jésus. Il a accompli la rédemption ; Il a le droit de juger ; et ayant porté lui-même le jugement de son peuple Il a le droit de baptiser les siens et de leur donner son Saint Esprit pour les faire jouir de tout ce qu’Il leur a acquis.
Le Saint Esprit est aussi «la promesse du Père». Et cet Esprit devient dans le croyant un Esprit d’adoption, de relation joyeuse avec le Père. «Je prierai le Père, dit Jésus, et il vous donnera un autre Consolateur, pour être avec vous éternellement» (Jean 14:15). Il est bon que nos coeurs soient bien fournis de ces précieuses vérités, que le Saint Esprit applique ensuite. Le Père envoie le Saint Esprit en vertu de l’intercession de Jésus. La présence de Christ sur la terre aurait dû faire comprendre aux disciples que le Père était là en lui ; un homme ne peut demeurer en Dieu comme Jésus sans être un avec lui. Philippe aurait dû connaître cela, c’est-à-dire connaître la personne de Christ (Jean 14:9) ; il aurait dû savoir de même que lui, Philippe, était un avec Jésus. Mais le Saint Esprit n’avait pas encore été donné, et les disciples étaient dans une profonde ignorance. Désormais l’Esprit de vérité sera avec eux, à jamais. Comment en auront-ils conscience ? Parce qu’il sera en eux. «Vous le connaissez, parce qu’il demeure avec vous, et qu’il sera en vous». Quel champ nouveau ! D’abord vous comprendrez ma personne : «vous connaîtrez que je suis en mon Père», mais vous saurez aussi que vous êtes «en moi, et moi en vous» (id. 20). Ainsi nous sommes amenés au sentiment de l’union avec Jésus, la Tête dans le ciel. C’est là une source de joie sûre, tranquille, et qui ne change pas. Voilà l’Esprit Consolateur. Si nous le contristons nous en aurons bien de la tristesse, mais non pas une tristesse qui nous place sous la loi ; ce sera une tristesse en vue de nous séparer du monde. Le Saint Esprit rend témoignage que ce Fils de l’homme rejeté par le monde est à la droite de Dieu, et que moi croyant je suis un avec Celui que le monde a rejeté.
Avez-vous constamment conscience d’être un avec Jésus, que la rédemption vous a placés dans cette position, que vous en jouissez parce que Dieu vous a établis en Christ, non dans la même position que Jésus — vous ne pouvez pas individuellement vous tenir devant Dieu — mais comme membre de son corps, un avec Lui dans le ciel ? Votre foi est-elle assise sur ce fondement ? Une chose est d’avoir l’intelligence de la vérité, autre chose que notre coeur soit jugé pratiquement par cette vérité de notre union avec Jésus. Nous sommes membres du corps du Seigneur Jésus. Nous ne saurons discerner le vrai chemin à moins que nos coeurs aient bien saisi ce fait, dans la simplicité de la foi. Il est très simple de voir quand on a un oeil, mais il faut avoir l’oeil ouvert. Il en est de même pour ces vérités : on est perdu si on essaie de les sonder avec l’intelligence humaine ; mais les posséder par grâce, et les garder, voilà la source de notre bonheur. Cela me fait honte quelquefois : l’immensité même de ce privilège me juge en ce que je ne marche pas à sa hauteur. Mais quelle solidité cela donne à la paix !
En Jean 15:26, 27 nous avons un autre côté. Jésus déclare qu’il enverra le Consolateur d’auprès du Père, pour rendre témoignage de lui. «Et vous aussi vous rendrez témoignage parce que dès le commencement vous êtes avec moi». L’Esprit rend témoignage à Jésus. Il nous met en relation avec Lui, Il prend sa place auprès de nous. C’est Jésus qui l’envoie, Jésus qui tient tous les droits du Père, Jésus à qui le Père a confié toutes choses, et qui a reçu du Père la promesse du Saint Esprit. Toute puissance lui a été donnée dans le ciel et sur la terre, mais en attendant qu’Il ait reçu toutes choses, Il a donné le Saint Esprit à l’Église. Le temps viendra où Jésus prendra en mains sa grande puissance et agira en roi. Ce n’est pas encore le cas, cela aura lieu quand Satan sera lié et jeté dans l’abîme et qu’il n’y aura plus de malédiction. Maintenant, le mal est toujours là, mais Christ envoie le Saint Esprit dans les siens afin que par eux sa puissance agisse au milieu du mal. C’est cette présence de l’Esprit qui nous donne l’énergie de lutter contre le mal, car Il est plus fort que celui qui est dans le monde. Si je me trouve plus faible, me voilà humilié, et je me tance de ce que, ayant le Saint Esprit qui est plus puissant que Satan, je me suis laissé tenter. Ici encore ma honte est d’autant plus vive que mon privilège est plus grand.
Jean 16:7 nous présente le Saint Esprit venant vers les disciples dans un monde condamné. Ce n’est pas la loi, qui impute aux méchants certains péchés. La présence du Saint Esprit montre le grand péché qui condamne le monde tout entier. «Le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5:19), mais, quoique laissés dans ce monde, «nous savons que nous sommes de Dieu». Pourquoi ? Parce que nous sommes de Christ ; c’est Lui qui est la pierre de touche. Le monde l’a rejeté et a persécuté ses disciples mais la justice de Dieu a été manifestée en ce que Christ s’en est allé vers son Père et que le monde ne le voit plus.
Au milieu d’un tel monde, l’Esprit Saint est constitué le Conducteur des croyants (v. 13, 14). «Il vous conduira dans toute la vérité». C’est là sa fonction continuelle ; il nous fait entendre les choses du ciel. Le Fils possède tout ce qui appartient au Père, et le Saint Esprit, comme demeurant ici-bas, communique aux chrétiens tout ce qui est à Jésus. Ainsi sont mises à notre disposition les choses mêmes qui sont dans le ciel. C’est une faute si nous ne faisons pas de progrès ; nous avons le cru du pays céleste : si nous n’en mangeons pas, nous contristons le Saint Esprit. Hélas, que de choses — les affaires, la légèreté, l’orgueil, l’égoïsme... — nous empêchent d’en jouir ! C’est méconnaître l’amour de Dieu qui nous a fait part de tout. Quelle merveille de considérer cela ! «Il prendra du mien et vous l’annoncera», et qu’est-ce que ce «mien» ? «Tout ce qu’a le Père est à moi». Le Saint Esprit nous est donné, le Père l’a envoyé, Christ l’a donné de la part du Père, Il nous communique tout ce qui appartient au Fils parce que cela appartient au Père. Admirable chaîne, dont le point de départ est l’amour même de Dieu !
Je désire encore attirer l’attention sur un effet du baptême du Saint Esprit dont nous entretient 1 Corinthiens 12. C’est la source de l’union des enfants de Dieu entre eux. «Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (v. 13). Nous sommes les uns vis-à-vis des autres non seulement membres du corps, mais le même corps. C’est sur cette terre que le corps se forme ; il existe déjà, par la puissance du seul Esprit. Nous serons manifestés en gloire quand Jésus reviendra, mais c’est sur cette terre que le Saint Esprit demeure personnellement, et qu’il anime le «seul corps» ; c’est ce qui a été prouvé par les dons, les miracles, etc. Il nous rassemble pour être l’Épouse de Jésus. Toutes les affections, toutes les relations des enfants de Dieu dépendent de cette précieuse vérité.
En tant que nous avons été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps avec le Christ, notre vie est bien celle de Christ. Aussitôt qu’Il quittera le trône du Père, notre part sera d’être avec Lui, semblables à Lui. Quand Il paraîtra nous aussi nous paraîtrons. Enlevés à sa rencontre à la voix de l’archange, nous serons toujours avec le Seigneur. C’est plus que la gloire. Paul avait vu Jésus dans le ciel, et toutes ses pensées se rapportaient à un Christ dans le ciel ; il l’attendait du ciel. Je sais tellement un avec Lui, semble-t-il dire, que tout mon sort suit le sien. Jésus est caché, je suis caché ; Il paraît, je parais ; je serai toujours avec Lui. C’est là une joie qui nous appartient en propre, parce que nos coeurs l’aiment plus, Lui, que nous n’aimons la pensée d’être manifestés en gloire. Il est plus heureux pour la reine d’être l’épouse du roi que de paraître dans le cortège comme l’épouse du roi.
D’un autre côté, avoir tous été baptisés pour être un seul corps est d’une grande importance pratique. Cela s’applique à tous les détails. Par exemple nous trouvons en Éphésiens 4:25 : «Parlez la vérité chacun à son prochain, car nous sommes membres les uns des autres». Mentir l’un à l’autre, c’est mentir à soi-même. Le courant de nos idées, nos sentiments, tout doit être réglé par cette vérité que nous sommes tous ensemble un même corps en Christ. Nous avons conscience de son amour pour nous, et que nous sommes la même chair ; il y a unité d’intérêt, d’affection, parce qu’il y a unité de vie. N’est-ce pas un privilège immense que d’avoir un tel lien les uns avec les autres ?
Je désire que tous nos sentiments soient ainsi nourris du Saint Esprit, et fondés sur la vérité. Ce qui nous garde et nous anime, c’est la Parole, lorsqu’elle règle tout et que tout découle de cette source que le Saint Esprit a mise dans nos coeurs par la foi. La conscience que par Lui nous sommes unis à Christ Lui-même nous fait connaître et savourer plus intimement celui-ci.
Que Dieu nous enseigne à lui rendre grâces pour ce don ineffable, et qu’Il nous fasse comprendre et l’étendue et la sécurité de la faveur dans laquelle nous sommes.
Lausanne, 7 juillet 1850 — n°284 (ex 279) : ME 1967 p. 96
Si nous avons acquis quelque expérience en avançant dans le chemin de la foi, nous nous apercevons bientôt que nous avons besoin, non seulement de vrais principes et de vérités doctrinales, mais aussi de force. Il ne s’agit pas seulement de la conscience que Dieu nous aime, mais il nous faut la puissance en nous, par la présence du Saint Esprit, pour marcher et rendre témoignage, en sorte que l’ennemi ne puisse atteindre ni nos âmes, ni nos consciences, ni notre intelligence. Cette puissance, cette force, est de fait le Saint Esprit lui-même. «Demeurez à Jérusalem», dit le Seigneur à ses disciples, «jusqu’à ce que vous soyez revêtus de puissance d’en haut».
Notre coeur naturel tend constamment à oublier cela, à s’éloigner de Dieu, à perdre sa présence et à s’appuyer sur lui-même. Ce qui, pour nous, met tout à sa place, c’est la présence de Dieu, la confiance en Lui, la relation avec Lui, car alors ce qui est grand aux yeux du monde perd son importance, devient petit, et se trouve remplacé par ce qui est grand aux yeux de Dieu. Tel est l’effet produit par le Saint Esprit comme puissance de Dieu. Il n’y a plus de miracles proprement dits, mais le Saint Esprit demeure éternellement.
Comment peut-il agir, demeurer avec de pauvres êtres pécheurs, et leur communiquer cette force ?
Sa présence n’est pas comme celle du Seigneur sur la terre, portant nos langueurs et se chargeant de nos douleurs, s’anéantissant et s’humiliant pour subir les conséquences du péché de l’homme. Le coeur trouve en cela ce qui attire à Lui ses affections. L’homme ne reçoit pas ainsi la puissance, mais Christ lui ouvre le coeur et ne lui répond qu’en l’amenant dans le vrai. Tel était le cas de la Syrophénicienne, de la femme pécheresse, des disciples d’Emmaüs, ainsi que d’une foule d’autres, exemples de la conduite du Seigneur Jésus. Christ vient, s’abaissant en forme de chair de péché, et il faut que l’homme, en voyant Jésus prendre cette place, se rende compte où il est lui-même, car Dieu a envoyé son Fils là où nous étions et non où nous n’étions pas. Il ne veut point nous tromper en nous cachant notre état. Au baptême de Jean, ceux qui reconnaissent leur état de péché et se repentent, trouvent que Jésus est descendu avec eux jusque-là. C’est toujours le principe selon lequel Jésus se rencontre avec nous. Pour connaître sa tendresse, sa condescendance complète et parfaite, il faut que l’homme se voie au plus bas afin de se trouver là où Lui est descendu. De plus Jésus a été fait péché et l’homme qui ne reconnaît pas son état de péché ne peut le trouver là. Il ne peut dire : C’est moi qui ai mérité cela ; le péché, c’est ce que je suis, non pas seulement ce que j’ai fait. Il faut que je sois là, pour me rencontrer avec lui.
Telle est la manière dont Christ agit, pour nous rencontrer quand nous sommes sans force. En effet, Il est mort pour nous, est descendu dans le péché où nous étions, et là nous nous rencontrons avec lui. Dieu ne peut pas nous sauver en nous trompant ; Il nous place dans le vrai, nous montre Jésus mort sur la croix, fait péché pour nous, subissant la puissance de Satan et la colère de Dieu, pour que nous puissions être dans la lumière, comme lui est dans la lumière. Il a porté les conséquences du péché pour nous et a remporté une complète victoire. Il est monté au ciel, après être descendu dans les parties basses de la terre et avoir pleinement vidé la question du péché avec Dieu. Le péché est expié, Satan vaincu, Dieu glorifié là où Il était déshonoré, et, en vertu de cela, Jésus s’est assis lui-même à la droite de Dieu qu’Il a pleinement glorifié en justice et en amour, et non point en amour sans justice et sans sainteté. Voilà cette oeuvre accomplie, en vertu de laquelle Il peut agir en puissance au milieu d’un monde de péché. Christ l’a si parfaitement accomplie qu’Il est prêt à juger vivants et morts quant à la gloire de sa personne, mais, avant d’exécuter ce jugement, Il a le droit de se glorifier sur la terre par l’oeuvre de la rédemption, et Il forme dans ce but des vases du Saint Esprit. Je puis comprendre et rendre témoignage que Dieu a été glorifié en moi, pécheur ; au lieu de me chasser de sa présence Il s’est occupé de moi, de mes péchés, et je suis témoin aux yeux des hommes, des anges et de l’univers que Christ a glorifié Dieu et que Dieu s’est glorifié en moi, dans le salut d’un pécheur, par une grâce qui n’a pas épargné son propre Fils. L’oeuvre de la rédemption n’est pas cachée dans le ciel, c’est une chose notoire, un témoignage public à cette oeuvre glorieuse de Dieu. La croix est l’étendard de Dieu sur la terre.
C’est quelque chose de plus excellent, de plus touchant que les louanges célestes, un témoignage plus frappant que celles-là, rendu à l’oeuvre de Christ. Qu’on loue dans le ciel, cela se comprend ; qu’on loue sur la terre, cela ne se comprend pas. Les louanges montent d’ici-bas, parce que la grâce y est descendue, apportant la faveur de Dieu qui rassasie l’âme de moelle et de graisse au milieu d’un désert altéré. Il y a plus de gloire à sauver un pécheur qu’à garder un ange qui n’a pas péché. C’est de la terre que les louanges montent comme un parfum devant Dieu, comme un témoignage à l’oeuvre de Christ dont l’efficace nous rend heureux au milieu de toute cette misère. Tel est le premier effet de la présence et de la puissance du Saint Esprit.
Le ministère de l’Esprit est un ministère de justice. Christ monté en haut a pu envoyer le Consolateur pour rendre témoignage de son oeuvre, dans ce monde et dans nos coeurs. Si Jésus a dû retourner vers Dieu pour que nous jouissions de cette oeuvre, il envoie son Esprit ici-bas qui ne produit pas seulement des désirs, des besoins, mais témoigne, par ceux dans lesquels il habite, de toute l’efficace de cette oeuvre.
Cela nous place dans la jouissance de la faveur de Dieu. Christ s’y trouve, ayant ôté le péché, et ma place est la sienne.
Croyez-vous glorifier Dieu en doutant que Christ ait effacé vos péchés ? Vous n’avez pas assez mauvaise opinion de vous-mêmes. Si vous ne pensez pas avoir du bien en vous, vous espérez cependant qu’il y en aura. Vous pensez être humbles, mais rien n’est si humiliant au monde que de trouver que je ne peux rien et qu’un autre a tout fait pour moi. Telle est notre place. La véritable humilité consiste à renoncer à tout espoir de faire quelque chose, et à reconnaître que Christ a tout fait. Quand on en est là, Christ peut verser la plénitude de sa grâce dans nos coeurs. Le Saint Esprit nous place dans la conscience d’une bonté qui nous cherche, mais d’une puissance qui nous appartient. À la mer Rouge, Israël se tenait tranquille pour voir la délivrance que Dieu opérait. De même l’énergie puissante de Dieu a pris Christ d’entre les morts où il était pour et par nos péchés, l’a placé à sa droite et, en Lui, nous a placés dans sa présence pour en jouir. Plus j’en jouis pleinement, et cela sur la terre, plus je glorifie Dieu. Tel était le témoignage rendu sur une terre de peines, de misères et de faiblesse, par le Saint Esprit descendu ici-bas.
Examinons maintenant quelques traits de notre chapitre. Les sadducéens s’opposent à la résurrection de Christ (v. 1, 2), comme les pharisiens s’opposent à la justice de Dieu. Pierre leur dit : «Cet homme a été guéri par le nom de Jésus Christ le Nazaréen». Il parle sans aucune hésitation, mais aussi sans aucun raisonnement qui puisse satisfaire l’esprit de l’homme. C’est un témoignage de ce que Christ est, adressé à la conscience et que les hommes ne peuvent refuser. Cela les irrite, parce que malgré eux leur conscience est atteinte par le Saint Esprit. Il est, dit l’apôtre, «la pierre méprisée par vous qui bâtissez, qui est devenue la pierre angulaire» (v. 11). Là où est le Saint Esprit, nous rencontrons un exclusivisme absolu : «Il n’y a de salut en aucun autre» (v. 12). Le Saint Esprit est venu pour rendre témoignage à Christ : Il faut Lui, rien que Lui, il n’en faut pas un autre. C’est ce qui donne une telle décision, une telle fermeté au coeur rempli du Saint Esprit, parce qu’il s’agit de la gloire du Seigneur Jésus. «Il n’y a de salut en aucun autre». Le Saint Esprit pose le sujet sur la conscience : Si Christ est vrai, tout le reste n’est que péché et cela donne une grande certitude dans les détails de la vie chrétienne. Ceci ou cela est-il Christ ? Non. Dans ce cas cela ne vient pas du Saint Esprit. Celui-ci prend de ce qui est à Christ et en rend témoignage pour le glorifier. Les apôtres qui dépendent de Christ pour leur salut connaissent par l’Esprit que Christ ne veut partager sa gloire avec personne. Ils respectent les autorités, mais rien n’arrête leur témoignage. Vous avez rejeté la pierre d’angle, disent-ils, hardiesse qui frappe la conscience des adversaires. Pierre lui-même avait renié Jésus, mais la présence du Saint Esprit fait disparaître toute autre pensée et l’apôtre est devenu l’homme d’une seule idée. Ce n’est pas un raisonnement, mais la puissance du Saint Esprit en témoignage.
Versets 12-19. L’Esprit donne au coeur une grande simplicité. Obéir à Dieu, quoi de plus simple ? Et cela est dit en toute modestie. L’homme s’efface et le Saint Esprit présente la chose, telle quelle, à la conscience des adversaires : «Jugez s’il est juste devant Dieu de vous écouter plutôt que Dieu». Le Saint Esprit les place devant Dieu et l’on sent ici ce qui devrait avoir empire sur toute conscience d’homme, quel qu’il soit.
Le sanhédrin les relâche. Ils viennent vers les leurs et ne leur disent pas : «Nous avons bien répondu». Le Saint Esprit attache les apôtres à ceux qui sont moralement dans la même position. Ils viennent vers «les leurs» avec une simplicité qui ne pense pas à soi. Ils sont d’un commun accord avec les disciples qui demandent pour eux toute hardiesse dans le témoignage. Ils élèvent tous ensemble leur voix à Dieu et pensent à Lui. Dieu domine dans leur coeur ; cela est bien important en pratique.
Que de fois les circonstances nous dominent, que cela aille bien ou mal. Ici les disciples sont devant Dieu et s’en rapportent à Lui. Cela donne beaucoup de calme et n’est pas de l’insensibilité. Reconnaître Dieu comme étant tout et agissant en tout comme chose présente, c’est en quoi nous manquons beaucoup. On ne croit pas assez que Dieu est un Dieu présent, un Dieu vivant, que c’est Lui qui agit, qu’Il intervient et gouverne, que Christ est Fils sur sa propre maison. Cette incrédulité a de tristes conséquences. Si notre coeur ne fait pas intervenir Dieu dans toutes nos affaires, Dieu tient les fils qui font tout mouvoir et concilie son gouvernement continuel avec son propos arrêté. S’Il donne la foi, Il répond à cette foi. Il arrange ainsi son gouvernement afin que les consciences soient sous sa dépendance. Si elles n’y sont pas, il y a peu de prières ; si l’on a la conviction que Dieu agit, on prie. Il y a un fonds d’incrédulité dans nos coeurs. Peu de prières sont fondées sur cette vérité que Dieu agit, qu’Il intervient, qu’Il tient toutes choses en sa main.
Étant là, devant Lui, heureux, joyeux, les disciples s’en rapportent à Lui ; ils cherchent à faire intervenir Dieu qui est pour eux un Dieu vivant. Quelle paix ! Les ennemis ont fait «toutes les choses que ta main et ton conseil avaient à l’avance déterminé devoir être faites. Et maintenant, Seigneur, regarde à leurs menaces» (v. 28). Le Saint Esprit met l’âme en rapport avec l’oeuvre de Dieu. Ils ne demandent pas à Dieu d’ôter les menaces, mais de donner à ses serviteurs la hardiesse pour glorifier son Fils Jésus.
«Comme ils faisaient leur supplication, le lieu où ils étaient assemblés fut ébranlé, et ils furent tous remplis du Saint Esprit, et annonçaient la parole de Dieu avec hardiesse» (v. 31). Je ne parle pas ici de miracles, mais du témoignage puissant de Dieu qui verse la paix et la joie dans le coeur. Il faut la force pour cela, aussi annoncent-ils la parole de Dieu avec hardiesse.
Le fait qu’ils étaient un coeur et une âme et qu’une grande grâce était sur eux tous agit sur la multitude (v. 32, 33). Cette grâce pensait aux besoins matériels de ceux qui appartenaient au Seigneur, et les apôtres rendaient témoignage avec force à la résurrection du Seigneur Jésus.
Tel est, en peu de mots, l’effet individuel et collectif de la présence du Saint Esprit, rendant témoignage dans ce monde à l’efficace de l’oeuvre de Christ au milieu du mal. Ils étaient faibles, mais ils disent à Dieu : «Étends ta main pour guérir». Ils comptent sur sa puissance et reconnaissent en Lui le Dieu vivant.
Deux choses ressortent de ces faits :
Jusqu’à quel point agissons-nous comme le Saint Esprit fait agir ? Si nous avons de quoi nous humilier, grâce à Dieu, le Saint Esprit demeure éternellement. Il n’a pas seulement une action passagère comme les miracles ; ce qui est essentiel, c’est que le Saint Esprit produit aujourd’hui les mêmes choses qu’il produisait alors dans l’âme des disciples. Nous avons aujourd’hui un Dieu vivant qui agit ; et un Dieu qui demeure avec nous par son Esprit.
Que Dieu nous donne, en nous souvenant de sa grâce et des droits de son amour sur nos coeurs, de chercher la puissance de son Esprit et de reconnaître que Dieu lui-même agit au milieu des circonstances pour produire des fruits dignes de Celui qui en est la source.
n°156 : ME 1906 p. 296
Ce chapitre a pour but principal de présenter aux coeurs et aux consciences des Juifs devant le sanhédrin cette terrible vérité, qu’ils résistaient toujours au Saint-Esprit. Dieu ne nous juge et ne nous condamne pas à cause de tel ou tel péché, mais à cause de la résistance de nos coeurs au témoignage rendu par le Saint-Esprit à des pécheurs déjà condamnés. Dieu a envoyé dans le monde un témoignage répondant à nos besoins et à nos circonstances. Il ne se borne pas à un message ; il prend la peine de nous expliquer ce qu’il fait et exhorte et supplie les hommes d’être réconciliés avec Lui ; mais les hommes résistent au Saint-Esprit. Leurs coeurs ne veulent point de ce témoignage, et il n’est pas étonnant que cela les condamne. Rien de plus affreux que l’histoire de nos coeurs, quand Dieu en trace le tableau. Il suffit qu’il dise ce que l’homme a fait ; il suffit qu’Étienne raconte aux Juifs leur histoire, pour qu’il y ait condamnation. Le cas de Joseph et celui de Moïse ressemblaient à celui de Jésus ; comme Lui, ils ont été rejetés. Tel est le but du discours d’Étienne.
Dieu fait attendre l’homme longtemps et exerce sa foi avant d’accorder la délivrance, afin que Lui seul soit glorifié en délivrant, quand toute ressource charnelle est perdue. Il faut que la chair soit anéantie, pour que le fleuve de la bénédiction puisse couler librement. Il faut que l’homme soit annulé et que Dieu soit exalté. Tant que l’homme est quelque chose, il n’y a pas de bénédiction. Abraham, héritier de la promesse, ne possède qu’un sépulcre, tout en marchant au milieu de toutes les choses que Dieu lui a promises.
Au temps de Jacob, la famine survient en Canaan et les pères du peuple se rendent en Égypte ; Dieu attendait encore que l’iniquité des Amorrhéens fût arrivée à son comble. Il retarde la promesse jusqu’à la manifestation éclatante de l’iniquité de l’homme ; il ne manifeste pas son jugement contre l’iniquité, avant que celle-ci ne soit complète. En attendant, le peuple de Dieu est dans la souffrance et sous l’esclavage en Égypte, mais la foi compte sur les promesses. Jacob et Joseph ont leur tombeau en Canaan, parce que leur foi comptait posséder le pays promis.
Au temps où la promesse va s’accomplir, le peuple est beaucoup plus maltraité en Égypte qu’auparavant ; le Pharaon d’alors ne connaissait pas Joseph ; cette oppression est comme le signal et l’avant-coureur de la délivrance, car à mesure qu’elle approche, Satan rend plus lourdes les chaînes de la servitude. Le peuple est en apparence abandonné à son sort, anéanti, Dieu voulant des coeurs complètement brisés, qui aient perdu toute confiance en leurs propres forces. Dès qu’il en est autrement, ces coeurs méchants veulent tout autre chose que Dieu et retournent en Égypte, comme cela arriva pendant le voyage du désert.
Donc, Dieu fait attendre son peuple, avant de lui donner la bénédiction ; il brise en lui toute confiance charnelle et le dispose ainsi à être satisfait de voir Dieu intervenir.
Moïse à la cour du Pharaon pouvait paraître, aux yeux des hommes, un excellent instrument de délivrance, car il était puissant en parole et en action et instruit dans toute la science des Égyptiens. Mais l’instrument suscité pour la délivrance d’Israël doit être anéanti lui-même. Moïse veut agir ; il s’identifie avec l’Israélite affligé et tue l’Égyptien. C’était une manifestation de puissance selon sa pensée à lui ; aussi il échoue. Il s’enfuit ; toute son espérance, toute influence à la cour du Pharaon sont détruites ; la condition d’Israël en est encore aggravée ; il passe quarante ans au désert, et ce grand libérateur du peuple garde les brebis.
Lorsque l’affliction du peuple est à son comble, et que Moïse est plongé dans l’oubli, Dieu intervient. Il a très bien vu l’affliction de son peuple, et lui envoie qui ? Moïse. Ce dernier, anéanti et n’ayant autre chose pour se diriger que la volonté de Dieu, dit : «Je ne sais pas parler». Il était courageux quand il s’appuyait sur lui-même, mais le courage lui fait entièrement défaut quand Dieu l’envoie. Que de peine nous donnons à Dieu, quand il s’agit de réduire à néant notre fausse confiance en notre force naturelle !
Dieu ôte toute espérance à Israël ; alors il dit : «Je suis descendu pour les délivrer». Individuellement nous faisons la même expérience et nous avons de la peine à croire que, «quand nous sommes faibles, alors nous sommes forts». La confiance en nous-mêmes reste toujours la mauvaise tendance de nos coeurs ; elle repousse à chaque instant comme une mauvaise herbe. Dieu ne peut pas nous bénir tant que nous avons confiance en nous-mêmes ou dans un autre homme ; comment bénirait-il l’orgueil du coeur ? il faut que nous soyons dépouillés de nous-mêmes. Moïse n’a pu que se faire chasser d’Égypte quand il était puissant en parole ou en action. Pierre, confiant en son affection pour le Seigneur et en ses bons désirs, a renié Jésus. Tout ce qui rapproche nos âmes de Dieu est une bénédiction ; même la connaissance n’est pas nécessairement une bénédiction, à moins que Dieu ne vienne prendre dans le coeur la place de toute confiance charnelle. Une connaissance qui ajoute aux acquisitions de l’homme ne peut que nous éloigner davantage de Dieu. Quand elle est du domaine de la foi et substitue Dieu à nous-mêmes, c’est une chose excellente.
Le plus insignifiant des hommes désire être quelque chose ; on n’a pas l’idée du fonds d’orgueil qui se trouve en lui. Le monde peut l’oublier, mais lui ne s’oublie pas, jusqu’à ce que Dieu vienne remplacer son moi dans son coeur, et c’est la mesure du véritable progrès chrétien. Notre bonheur croît en proportion de la place que nous donnons à Dieu ; mais il faut souvent beaucoup d’épreuves pour que nous apprenions cette chose si difficile : «nous oublier nous-mêmes».
Il faut beaucoup de temps pour anéantir l’homme. Notre famille s’oppose à nous, nous critique, fait ressortir notre manque de fidélité, dont elle est un excellent juge. Cela nous est bon ; nous apprenons ainsi ce qui est au dedans de nous, et quand nous avons fait, de cette manière, l’expérience de la folie de notre confiance en nous-mêmes, nous sommes rendus capables, comme Pierre, de «fortifier nos frères».
Ne vous découragez pas, quand Dieu vous dépouille et qu’il semble vous abandonner ; la véritable bénédiction pour vous, c’est que Dieu soit tout et que vous ne soyez rien. Dieu est fidèle pour détruire votre orgueil. Accueillez avec actions de grâces ce qu’il fait pour vous anéantir, car il le fait, selon sa puissance, pour vous bénir !
n°44 : ME 1892 p. 245
Le Saint-Esprit met souvent l’apôtre Paul en scène, parce que, dans l’histoire qu’il nous a donnée de lui, se manifestent toutes les voies de Dieu, ainsi que le coeur de l’homme de Dieu. L’apôtre avait une grande activité, une grande force de caractère, une patience admirable, dans les soins qu’il donnait à l’Église.
Le chapitre que nous venons de lire, contient des détails qui montrent ce qu’est une bonne conscience devant Dieu. Si la conscience n’est pas bonne, le Saint-Esprit est contristé, et quelques-uns sont allés jusqu’à faire naufrage quant à la foi. Un enfant qui a offensé son père n’est plus à l’aise devant lui et ne peut lui ouvrir son coeur.
Ce chapitre nous présente d’abord le récit de la conversion de Paul (v. 6-16), puis l’apôtre est ravi en extase (v. 17-21), et Dieu lui commande de s’éloigner de Jérusalem, car c’est Dieu qui règle toutes ces choses. Paul répond librement au Seigneur qu’il est précisément l’homme propre à lui rendre témoignage dans cette ville, au milieu des Juifs. «Je t’ai persécuté», dit-il, «ils le savent, ils verront en moi l’efficace de la grâce». Tel était le raisonnement de Paul. Le Seigneur n’en tient point compte ; mais ce qui frappe ici, c’est que Paul rappelle toute son iniquité au Seigneur. Il fallait donc que sa conscience fût parfaitement purifiée devant Dieu, car il doit en être ainsi pour que nous osions parler à Dieu en détail de toutes nos offenses, de tous nos péchés. Il y a pour l’enfant de Dieu un faux repos ; c’est lorsque sa conscience n’est pas parfaitement bonne et ouverte devant Dieu. Paul place sous les yeux du Seigneur tout le détail de son péché. Il ne se borne pas à dire : Tu sais tout ; il met tout devant Dieu, sans avoir l’idée que cela puisse lui être imputé ; il s’entretient de ses péchés, comme d’une affaire irrévocablement réglée ; il peut même présenter ses péchés comme motif d’être un apôtre et de rendre témoignage à Jésus dans Jérusalem. Paul raisonne avec le Seigneur comme un ami avec son intime ami. C’est ce que fait aussi Ananias, en Actes 9:13, 14. Quand Dieu a purifié notre conscience par sa grâce parfaite, les intérêts du Seigneur sont les nôtres. Jésus n’est plus notre juge ; il a ôté nos péchés, nous a unis à lui, a pris notre cause en main ; nous ne voyons plus un juge en lui, mais un ami. Au lieu d’être remplis de frayeur devant lui, nous sommes pleins de confiance en lui, parce que nous sommes assurés de son amour. Un changement complet s’est fait dans le coeur. Le raisonnement de Paul en 1 Tim. 1:15, était vrai. Dieu l’avait préparé pour son service, parce qu’il était le plus grand ennemi de Christ et le premier des pécheurs. Dès lors, s’il avait parlé d’autre chose que de la grâce parfaite et du pardon des péchés, il aurait eu la bouche fermée.
Pierre a été préparé par son reniement, ce qui est pire encore que d’être ennemi de Christ. Cela aussi lui fermait la bouche pour toute autre chose que pour la prédication de la grâce. Ils avaient l’un et l’autre une conviction profonde du péché. Pour être forts et rendre témoignage à la grâce, il nous faut le sentiment du péché d’où Dieu nous a tirés. Si l’occasion s’en présente, on peut parler de ses péchés devant les hommes, pourvu que tout ait été mis au clair devant Dieu. Sous l’action du Saint-Esprit, les chrétiens d’Éphèse apportaient leurs livres de magie, confessant et déclarant ce qu’ils avaient fait (Actes 19:19). Quand l’amour de Dieu est répandu dans nos coeurs, nous avons plus honte de nos péchés devant Dieu que devant les hommes.
Pour avoir une bonne conscience, il faut garder une conscience pure, et Paul travaillait à l’avoir aussi bien devant Dieu que devant les hommes. Si nous contristons le Saint-Esprit, il nous est impossible de sentir aussi vivement l’amour de Dieu, et une conscience souillée ne peut être à son aise devant lui ; il y a des coins obscurs qu’elle cache à Dieu quand il entre, et l’âme ne peut plus avoir une parfaite confiance, ni raisonner avec Dieu comme avec un intime ami. Si nous avons d’emblée le sentiment de notre faiblesse, nous sommes poussés à rechercher la force de Dieu. Pouvons-nous avec hardiesse et sans difficulté, sans gêne et sans honte, rappeler devant Dieu tout ce que nous avons pensé, dit et fait ? Ne pas pouvoir le faire, c’est ne pas se tenir en la présence de Dieu ; le faire, c’est rappeler à Dieu sa grâce immense qui a pu nous pardonner. Sans l’oeuvre de Christ, on ne saurait oser de telles choses. Le péché caché corrompt le coeur, l’endurcit, le rend orgueilleux. Il importe que notre conscience soit entièrement vidée devant Dieu ; nous pourrons ensuite oublier ces choses, pour lesquelles nous ne serons pas jugés. Soyons donc fidèles, et ayons une conscience pure devant Dieu et devant les hommes !
n°112 : ME 1897 p. 253
Les hommes doivent être dans une situation bien embarrassante quand il s’agit pour eux de décider si quelqu’un est digne de mort ou de prison, parce qu’il a parlé pour Dieu et a proclamé sa bonté dans ce monde. Qu’une telle question puisse être entamée et discutée, cela montre l’état de rébellion dans lequel le monde se trouve. Paul pouvait, au contraire, souhaiter avec hardiesse que «tous devinssent de toutes manières tel qu’il était» ; et c’est en la présence de Dieu qui juge les coeurs et discerne toutes choses qu’il fait ce voeu.
Ce qui caractérisait l’apôtre, c’est que : 1° Il avait la certitude de son salut et de sa position devant Dieu. 2° Il appréciait beaucoup cette position. 3° Il avait l’amour qui lui faisait désirer que les autres fussent tel qu’il était.
C’est là l’efficace du christianisme de pouvoir souhaiter aux autres d’être tels que nous sommes. Paul désirait que le juge qui le citait à son tribunal fût comme lui ; il devait pour cela avoir la joie du coeur et la certitude qu’il possédait le bonheur que les autres n’avaient pas. Il ne désirait pas que tous fussent apôtres, mais que tous fussent chrétiens. Il ne parle pas ici d’un état de sanctification qu’il aurait atteint, car, plus tard, il dit aux Philippiens : «Non que je sois déjà parvenu à la perfection». Ce n’était donc pas le progrès qu’il avait réalisé, mais c’était ce qu’il avait en Christ, qui lui faisait désirer que tous fussent tels que lui. Si vous avez compris que Christ est à vous et que vous êtes à Christ, si vous avez la communion du Père et du Fils et le sceau de l’Esprit, vous pouvez désirer que les autres soient comme vous.
Paul traversait toutes sortes d’angoisses ; pauvre prisonnier loin de ses amis, tout son partage en ce monde c’étaient des chaînes. Mais, que l’on se trouve dans les circonstances les plus difficiles, on peut néanmoins désirer, si l’on possède Christ, que tout le monde soit comme nous, hormis les liens et les circonstances pénibles. Si quelqu’un perdait sa réputation, ses biens, sa liberté, au lieu de désirer que tous fussent comme lui, il désirerait que personne ne lui fût semblable. C’est que, si quelqu’un n’a pas Christ, il n’a rien que ce que le monde a, rien que la mort ne puisse prendre. Paul était à la fois l’homme le plus juste et le plus grand pécheur. Si un homme n’a pas violé la loi, il peut avoir de la hardiesse, mais non l’assurance du salut. Paul a l’assurance, même en se disant le premier des pécheurs. Il est le seul exemple de ce genre dans la parole de Dieu : il agissait selon sa conscience, même en persécutant ; il croyait devoir faire, et il faisait, de grands efforts pour sa religion ; lui-même avait beaucoup de religion ; il y était très exact, avec une bonne conscience et irréprochable quant à la loi. En même temps, il était le premier des pécheurs, car il était animé de la plus grande haine possible contre Dieu. En tant que la religion nourrit la propre justice et l’orgueil, il était très religieux. Du moment que nous nous vantons de notre religion, elle n’est pas autre chose que de l’orgueil en la présence de Dieu. La religion vraie est ce que Dieu est pour nous, non pas ce que nous sommes pour Dieu. Paul était bien instruit de sa religion ; les traditions des pharisiens l’avaient poussé à la haine des nouveautés. Du moment que nous nous bornons dans notre religion à ce que l’homme peut comprendre et trouver raisonnable, Christ devient une nouveauté pour nous. Il ne pouvait venir à la pensée de l’homme de demander à Dieu qu’il donnât son Fils pour lui ; c’était une chose entièrement nouvelle, inattendue. On se vantera de la religion de ses ancêtres, mais, dès qu’il s’agit de se déclarer pécheur, privé de toute force, cela blesse l’orgueil du coeur de l’homme, et il s’y oppose, ayant à faire à sa réputation et n’étant pas atteint dans sa conscience. Paul savait bien que le nom de Christ contredisait toutes ses traditions et il aurait voulu, si possible, effacer ce nom de la terre. Le coeur s’élève contre l’idée qu’il n’y ait que la grâce pour un monde perdu. Y a-t-il un plus grand acte de péché que de vouloir effacer du monde le nom de Christ ? Et cependant Saul était sans reproche quant à la loi, très exact dans sa religion, et avait une bonne conscience. S’il y a ici quelqu’un qui soit dans ce cas et qui n’ait pas la conviction d’être un pécheur dans sa révolte contre Dieu, qu’il se souvienne que dans cet état il est perdu. C’est ce que Saul de Tarse a compris en se trouvant en présence de Christ et, s’il a été convaincu d’être le premier des pécheurs, comment peut-il souhaiter ici que tous les hommes deviennent de toutes manières tels que lui ? On ne peut désirer, ni que les autres soient des pécheurs, ni qu’ils soient perdus. Paul a donc dû trouver qu’il était sauvé, que, de la part de Dieu, quelque chose répondait à cet état de péché. Ce ne pouvait être une justice d’homme qui avait rassuré Paul, car devant Dieu toute justice d’homme a été pesée et il a prononcé cette sentence : «Il n’y a pas de juste, non, pas même un seul».
Saul était occupé à détruire le nom de Christ, quand le Seigneur Jésus le rencontre. C’est la condition la plus effrayante possible que d’être surpris en flagrant délit de guerre ouverte contre Dieu ! Aussi Saul est-il écrasé. Que devient sa bonne conscience quand il se trouve être un ennemi de Dieu ? Que valent désormais sa religion, et son exactitude, et son instruction ? Que valent ses docteurs ? Tout cela l’avait trompé, l’avait même poussé à faire la guerre à Dieu. Tous les appuis de son âme lui manquent à la fois ; il se trouve en face de Christ comme un ennemi et un révolté. Cela arrive quelquefois. À quoi sert d’avoir été instruit dans la religion si, après tout, on fait la guerre à Dieu. Paul découvre tout à coup que l’objet des pensées de Dieu est ce Jésus qu’il persécute, que ce Jésus est le Seigneur, et il se trouve en présence de sa gloire.
«Pourquoi me persécutes-tu ?» Saul est informé de l’unité parfaite entre Jésus et les croyants et en reçoit la révélation. C’est l’Évangile prêché à Saul de la bouche du Seigneur Jésus. Il commence par là, par ce qui paraîtrait aujourd’hui un état chrétien fort avancé. Saul persécutait cette voie (22:4), le nom de reproche adressé alors aux chrétiens. Jésus lui dit : Tous ceux de cette voie sont un avec moi. Si le Seigneur lui-même reconnaît que je suis un avec lui, est-il dès lors étonnant que je souhaite à tout le monde d’être comme moi ?
Jésus était dans la gloire après avoir souffert, et subi la peine de nos péchés pour nous unir avec lui. C’est donc une chose terminée ; c’est même avant que nous fussions nés que Jésus a porté nos péchés. Ayant fait par lui-même la purification des péchés, il s’est assis à la droite de Dieu. Il faut que je voie cela pour me présenter devant Dieu. Si nous avions le droit de demander à Dieu la plus grande marque de son amour, Dieu ne pourrait plus nous la donner, car il a déjà donné son Fils ; il nous a déjà aimés selon la perfection de son amour, et Jésus nous a unis à lui-même en nous communiquant sa vie et en nous donnant son Esprit. Si j’aime quelqu’un, puis-je désirer pour lui une chose meilleure que la vie de Christ, que l’héritage de Christ, que le sceau du Saint-Esprit habitant en lui pour l’assurer de cet héritage ? Connaissant son péché, sa ruine, sa corruption, mais sachant que Dieu en avait pris connaissance et que, malgré cela, il avait donné son Fils pour lui, assuré que Dieu l’aimait comme un Père, scellé du Saint-Esprit, Paul peut désirer que les autres soient comme lui. Et c’est ce que nous pouvons faire aussi, nous qui possédons les mêmes privilèges.
Afin de pouvoir dire avec une telle hardiesse : «Plût à Dieu que vous fussiez tels que je suis», il faut vivre près de Dieu, dans la puissance du Saint-Esprit, autrement l’Esprit étant contristé, nous ne pouvons parler d’une manière vraie et vivante de Jésus et de la position du chrétien. Pour rendre témoignage, il faut avoir bien connu la grâce de Dieu, la plénitude, la certitude de la grâce ; il faut, en outre, vivre dans la communion du Seigneur et ne pas contrister le Saint-Esprit.
n°202 : ME 1914 p. 468
C’est une grande chose, chers amis, de pouvoir s’exprimer, comme l’apôtre Paul : «Plût à Dieu que, non seulement toi, mais tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez, de toute manière, tels que je suis, hormis ces liens». Paul pouvait dire cela du fond du coeur. Une âme affligée ne peut guère penser aux autres : elle ne s’occupe que d’elle-même ; mais l’apôtre, malgré les circonstances les plus adverses, était parfaitement heureux ; il se rendait compte de ce bonheur et pouvait dire : Je souhaite que vous deveniez de toute manière tels que je suis. Tel est l’effet produit par le christianisme dans une âme qui l’a complètement reçu. Celle-ci est au clair, possède le bonheur et désire que tous le possèdent comme elle. Les circonstances n’atteignent pas ce bonheur-là ; il est une source, jaillissant du fond de l’âme, et que toutes les circonstances extérieures ne peuvent altérer.
Paul avait passé deux ans en prison et, à la fin, avait été obligé, d’en appeler à César. Certes il aurait dû être fatigué, harassé, déprimé, car il y avait là tout ce qu’il fallait pour accabler son âme ; mais il n’en était rien : il parle de ses liens comme d’une petite chose, car ils n’atteignaient pas son coeur, ils n’étaient pour lui que quelques anneaux de fer, et il ne désirait pas plus pour lui que pour les autres, d’autre bonheur que celui dont il jouissait lui-même.
Les circonstances dans lesquelles l’apôtre se trouvait n’étaient pas passagères, mais duraient depuis longtemps, et cela faisait voir d’autant mieux que son bonheur en était indépendant. Ce bonheur était tranquille, complet, ne laissait rien à désirer. Sans doute, Paul ne se persuadait pas d’avoir atteint le but, mais il y avait en lui une source de jouissance telle quel, captif et prisonnier devant des rois, il pouvait leur dire : Je désirerais que vous fussiez tel que je suis.
Peut-être se trouve-t-il, dans cet auditoire, des personnes qui traversent des circonstances pénibles et douloureuses ? Eh bien ! selon l’homme, Paul pouvait avoir aussi bien des raisons de se plaindre et de se dire malheureux, mais, au contraire, vous le voyez heureux. Pourquoi ? C’est qu’il jouissait d’un bonheur indépendant des circonstances ; ces dernières ne pouvaient le rendre ni heureux, ni malheureux. Beaucoup de personnes croient qu’elles seraient heureuses si elles possédaient telle chose ou telle autre ; mais, qu’elles viennent à les posséder enfin, elles n’ont pas davantage trouvé le bonheur. Aucune des choses de ce monde ne rend heureux ; les circonstances de la vie ne donnent jamais le bonheur dont Paul jouissait, et je puis dire aux personnes présentes qui, j’en suis certain, sont sous le poids de leurs chagrins, que le bonheur dont Paul parlait ne pouvait être touché par rien.
Saul de Tarse, avant sa conversion, était un homme consciencieux, ne faisant que les choses qu’il croyait devoir faire : mais la conscience est souvent obscurcie, faussée par l’éducation ou de toute autre manière, en sorte que le seul témoignage qu’on puisse lui rendre dans ce cas, c’est qu’elle n’est pas mauvaise. Saul était donc religieux, consciencieux, zélé pour sa religion, mais plus il avait de zèle, plus il faisait la guerre à Dieu. Tout cela l’empêchait de se déclarer moralement en faillite, car c’est une chose pénible et difficile de faire banqueroute quand on est religieux, savant dans sa religion, et que l’on a une bonne conscience — et cependant, dans le cas de Paul, tout cela n’avait abouti qu’à faire la guerre à Dieu ! C’est un moment terrible quand il faut apprendre subitement que non seulement tout ce sur quoi nous nous sommes appuyés jusqu’ici nous manque, mais encore que cela nous a conduits à nous déclarer ennemis de Dieu. C’est que la chair, avec sa religion, fait tout ce qu’elle peut pour empêcher la conscience de rencontrer Dieu. Quand Saul agissait selon sa conscience, il était content de lui-même ; et il en est toujours ainsi, lorsqu’on met dans la balance, d’un côté la religion de la chair et de l’autre la foi. La foi nous approche de Dieu, et, près de Lui on ne peut être content de sa religion ; elle disparaît pour faire place à la conscience du péché, et l’âme est trop occupée de ce que Dieu pense de son état pour penser elle-même à sa religion. Il n’y a pas une personne ici qui pût y penser un instant, si elle était en présence de Dieu.
Ce n’était donc pas sa religion qui rendait Paul heureux, car, placé subitement devant Dieu sur le chemin de Damas, il lui fut prouvé qu’il était l’ennemi de Dieu. Jusqu’alors il pouvait être content de lui-même, mais ne pouvait aller plus loin. Le Seigneur lui parle du sein de la gloire, le convainc de péché ; il reste trois jours sans manger ; à Damas, Ananias lui est envoyé ; l’oeuvre est complète : l’ennemi de Dieu devient l’apôtre de la grâce.
Oui, avec toute sa conscience, il avait été religieux, zélé et ennemi de Dieu, et sa religion ne l’avait pas empêché d’être le plus méchant homme possible, comme il le dit du reste lui-même : «le premier des pécheurs». Et le voici qui, en trois jours, devient un apôtre remarquable entre tous ! Comment cela a-t-il pu se faire ? La réponse est très simple : Saul avait fait la connaissance de Jésus. Il n’avait pu manifester la chose au moment même, tellement il était terrifié, mais il avait fait, la connaissance de Jésus.
Que l’on soit Pierre, Paul ou Jean, cela revient au même : tant que l’âme n’est pas dépouillée de toute sa religion, rien n’est encore commencé. Le travail qui s’opère peut varier avec les circonstances, mais il faut que l’âme soit mise à nu, pour que Christ lui révèle comment il considère les chrétiens et dans quelle relation il est avec eux. Il y a des chrétiens pauvres, honnis de ceux qui sont considérés et qui les appellent de noms méprisants ou de sobriquets. Eh bien ! le Seigneur révèle à Saul, d’une manière très positive et précise, sa relation avec ces personnes méprisées qui n’ont de qualité que leur foi. Sans doute, ces personnes pouvaient jouir plus ou moins de leur relation avec Christ, mais Saul les persécutait, et le Seigneur lui révèle qu’il s’identifie entièrement avec elles. Saul est atterré quand Jésus lui dit : C’est moi que tu persécutes ; je suis tous ces hommes-là. Malgré toutes les différences que leur piété pouvait présenter, il dit : Eux, c’est moi ! Devant cette révélation complète de Christ, Saul, cet homme religieux, savant, considéré, se trouve n’être pas autre chose que l’ennemi de Dieu. Il en est toujours ainsi : tous les dehors favorables : la conscience, l’honnêteté, la bonté, la sainteté de l’homme naturel sont aussi opposés à Dieu que si l’on abondait dans le péché. Mais cette simple vérité : Être un avec Christ dans la gloire, change tout quant à l’état de notre âme. Paul fut enlevé plus tard au troisième ciel, mais, du moment qu’il se vit perdu, il comprit par l’Esprit Saint qu’il était un avec Jésus. Depuis lors, et quelles que fussent ses circonstances, même lorsque Festus le prenait pour un fou, il pouvait dire : Plût à Dieu que tous fussent tels que je suis ! Quoi d’étonnant à cela ? Il était un avec Christ !
Il y avait pour Paul, il y a pour tous, et toujours, des progrès à faire, mais ce n’étaient pas ses progrès qui le rendaient heureux ; il était uni, désormais, indissolublement à Christ. Voyons un peu ce que c’est que d’être un avec Christ. Paul ne pouvait en rien chercher cela dans sa vie passée, car, religion et le reste, elle était toute entière inimitié contre Dieu. Chose triste à dire, mais il en est ainsi. Paul ne pouvait avoir désormais aucune estime pour lui-même, mais, ayant appris une chose toute simple, c’est que ceux qu’il persécutait étaient un avec Jésus, il put, par la foi, prendre place avec eux. Il ne s’agissait pas, pour cet homme savant, d’une discussion métaphysique pour savoir ce que signifiait cette union, et ce que c’était que la foi, mais il avait appris cela de la bouche de Christ. La joie et la vie de son âme était de comprendre que Jésus ne lui demandait rien, mais qu’il avait dit : Je suis un avec les miens.
Tout est péché dans ce monde ; il n’y a plus moyen, depuis la chute, de s’approcher de Dieu, et, plus il y a de connaissance, plus le péché est grand. C’est alors qu’apparaît un homme en qui Dieu prend son plaisir, et avec lequel il est en relations ininterrompues. Cet homme fait connaître aux hommes l’intérêt que Dieu prend à eux. Il y a là de quoi nous ôter toute défiance, parce que Dieu nous connaît à fond ; notre coeur est mis au large, parce que, sachant tout, Il est venu tout exprès pour cela ; nous pouvons venir à Lui en toute liberté, pour tout savoir sur notre état, mais pour ne trouver que grâce, et, sachant qu’il est Dieu, pour le connaître comme Dieu de bonté. Quelle révélation pour l’âme, d’apprendre qu’elle a affaire à un Dieu qui ne se démentira jamais, et qui est amour ! Ce n’est pas seulement que Christ soit venu me soulager, mais il est venu me sauver, et, chose infiniment précieuse, en rencontrant l’homme Jésus, j’ai rencontré Dieu. Je suis un avec lui — non pas sur la croix, car si le grain de blé ne meurt, il demeure seul — mais je suis un avec lui dans le ciel, depuis que la question de mon salut a été vidée pour toujours et que Dieu ne peut la remettre en cause. Je pourrais me tourmenter vis-à-vis de moi-même, mais jamais vis-à-vis de Dieu. Tout ce que Satan a pu faire contre moi, n’a servi qu’à manifester que sa puissance est détruite pour toujours ; il ne reste donc rien qui puisse me troubler devant Dieu. Là est désormais pour moi la source de vie et de puissance ; la grâce est en lui pour mes besoins ; il possède la joie et me la donne ; il est ma justice, la justice de Dieu lui-même. La plénitude est manifestée en lui, et ce Jésus a dit, après avoir été glorifié, qu’il est un avec moi. Il a envoyé son Esprit pour en être le gage, dans le coeur d’un pauvre pécheur comme Saul de Tarse, comme moi, comme nous tous.
Quand on a reçu le Saint-Esprit, est-ce que peut-être on ne s’inquiétera plus du péché ? Bien au contraire, car on est un avec Jésus. Comment Lui, négligerait-il sa propre chair ? Il la nourrit, la chérit, la sanctifie, la purifie ; il ne supporte pas de la voir en défaut ; il est obligé parfois de la blesser un peu, mais c’est parce qu’elle est sa chair. La conscience de mon union avec Christ me rend sensible à l’égard de ce qui est en désaccord avec cette union. Il peut y avoir, hélas ! dans la vie du pauvre chrétien bien des phases qui obligent Christ à le châtier ; son amour ne peut pas toujours se manifester envers nous sans entraves, mais cela n’altère en rien cette vérité : Ils sont un avec moi !
Remarquez que, pour être au large, pour pouvoir dire : Je suis heureux, il faut être en communion avec Dieu. Paul n’aurait pu dire ce qu’il disait, s’il n’eût pas été en sa présence. Le Saint-Esprit n’était pas contristé par la prison ou les chaînes de l’apôtre. Il pouvait se dire heureux dans quelque circonstance que ce fût et désirer que tous ceux qui l’entendaient fussent tels que lui. Quand Agrippa dit : «Tu me persuaderas bientôt d’être chrétien», peut-être lui aurions-nous répondu : «Plût à Dieu que tu le fusses !» mais aurions-nous pu lui dire comme Paul, dans la jouissance du bonheur intime qu’il possédait : «Je souhaite que tu sois tel que moi» ? Oh ! qu’il est heureux, celui qui peut s’exprimer ainsi, et tous les enfants de Dieu le peuvent, car Jésus a dit d’eux tous : «Ils sont moi».
Si vous n’êtes pas auprès de Christ dans l’état de Paul, vous ne pouvez être au large. Lorsqu’on entre dans la présence de Dieu, tout ce que l’on avait mis comme obstacle à l’action de la conscience est détruit. Voudriez-vous, avec toute votre religion, vous trouver mis à nu devant Celui dont la présence déchire tous les voiles, tout ce que nous plaçons entre nous et Lui, pour nous empêcher de le voir ? Ah ! combien, lorsque notre conscience est réveillée, tous nos soucis, tous nos plaisirs, toute notre religion, nous dégoûtent !
Eh bien ! vos consciences sont-elles à nu devant Dieu ? Avez-vous cru, quand vous avez entendu Jésus vous dire : Les miens, c’est moi ? Celui qui le croit est occupé de Jésus ; il n’a plus qu’une pensée, celle d’appartenir à la compagnie de ceux qui font partie de Lui !
n°4 : ME 1886 p. 74
Dans ce passage, Paul fait pour Agrippa un souhait remarquable. Le mondain, même le plus heureux, ne peut souhaiter cela à personne. Tout chrétien doit montrer : 1° une parfaite satisfaction de sa condition devant Dieu ; 2° un désir ardent de voir les autres devenir tels qu’il est.
Comment Paul a-t-il pu dire : «Plût à Dieu que non seulement toi, mais aussi tous ceux qui m’entendent aujourd’hui, vous devinssiez de toutes manières, tels que je suis, hormis ces liens ?» On voit en 1 Tim. 1:15, son opinion sur lui-même. Personne au monde n’avait manifesté une haine plus prononcée contre Dieu et contre ceux que Dieu aime. Il ne pouvait souhaiter aux autres d’être encore des pécheurs. Il ne pouvait non plus souhaiter à tous son apostolat ; si tous étaient apôtres, il n’y aurait point d’auditeurs. Il ne pouvait leur souhaiter ses progrès, car lui-même n’en était pas content et désirait autre chose (Phil. 3:12-14).
L’histoire du monde jusqu’à la mort de Jésus est l’histoire de l’iniquité de l’homme qui faillit envers Dieu, dans toutes les circonstances où il est placé. Plus un mauvais arbre est cultivé, plus il produit de mauvais fruits. L’orgueil de l’homme hait les bienfaits de Christ : «Ils ont haï et moi et mon Père». Paul allait plus loin dans l’iniquité et nous aussi, car Dieu a envoyé le Saint-Esprit et a fait prêcher le pardon aux meurtriers de Jésus. Quand ils eurent rejeté Jésus et que le Saint-Esprit eut dit : «Vous l’avez fait par ignorance... Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés», les Juifs rejettent encore le Saint-Esprit. Étienne le leur reproche ; il reprend leur histoire depuis le désert et leur dit : «Vous résistez toujours à l’Esprit Saint ; comme vos pères, vous aussi». Par nature, nous rejetons aussi le Fils comme les Juifs, nous résistons aussi au Saint-Esprit.
Au moment où Jésus déjà crucifié est encore outragé, son flanc percé laisse couler l’eau et le sang, symboles de notre salut. Dieu répond à la haine de l’homme par un témoignage d’amour. Le Saint-Esprit vient de nouveau offrir un pardon qu’on rejette. Étienne est lapidé, et pour la première fois, Saul est nommé parmi ses meurtriers. Il va ensuite persécuter les saints dans les villes étrangères.
Dans cette occupation, Dieu le rencontre. Paul était l’expression personnelle de toute la haine du coeur humain contre ce que Dieu fait. Personne, ni parmi les sacrificateurs, ni parmi les Juifs, ni parmi les gentils, n’a été aussi actif dans cette haine que Paul. Aussi peut-on dire de lui, comme lui-même, qu’il était le premier des pécheurs. Et cependant il avait une conscience, il observait la loi, il était fort religieux ; il croyait qu’il fallait persécuter les fidèles, et agissait en cela selon ses vues, selon sa conviction, selon sa conscience, et exécutait sincèrement les ordres des chefs de sa religion. Mais sa conscience était aveuglée par son orgueil et par Satan. L’instrument de la haine de Satan contre Christ était un homme irréprochable selon le monde. Mais Jésus dans la gloire vient à sa rencontre et lui dit : «Pourquoi me persécutes-tu ?» (non pas mes disciples). Pas un de nous qui n’ait été dans le cas de Paul (non pas sans doute avec la même force de caractère) ; pas un qui n’ait regimbé contre les aiguillons et résisté à l’évangile. Nous sommes, en principe, ce que Paul était. La parole de Dieu nous montre, par de grands exemples, des vérités universelles. L’histoire d’Adam et d’Ève est aussi notre histoire. Satan leur dit : «Tu ne mourras pas», et le persuade encore aux incrédules de nos jours quant à la mort seconde.
Mais Paul est aussi un exemple de toute la clémence de Dieu. Dieu laisse la haine de Saul arriver à son comble, et fait, en moins de trois jours, de celui qui était l’apôtre de la haine de l’homme et de Satan contre Dieu, l’apôtre de l’amour et de la grâce de Dieu. C’est que, par ces paroles : «Pourquoi me persécutes-tu ?» Paul avait été convaincu par le Seigneur, alors dans la gloire, que l’Église était une avec lui. Ce que Paul voit d’abord, c’est la gloire de Jésus, un avec son Église. Pierre avait vu le Seigneur sur la terre et l’avait vu monter au ciel. Paul entre par l’autre extrémité de l’évangile. La grâce de Dieu se manifeste à lui en cette occasion d’une manière extraordinaire. La loi, la conscience, les chefs extérieurs de la religion, l’avaient poussé à la persécution ; aussi Paul, en parlant de ces choses, pouvait-il décrire leurs effets ; mais aussi la grâce est le sentiment qui domine chez lui. Son réveil dut être terrible : tout ce qui lui avait servi d’appui lui manquait et le condamnait ; mais bientôt il se trouve enfant de Dieu. L’union de l’Église avec Christ la plaçait en Christ ; dès le moment de sa conversion, l’union de Paul avec Jésus lui donne la même place. Il y trouve, non plus la justice de la loi, mais celle de Dieu. La justice de Dieu est la conséquence de son caractère, elle se trouve en Christ. Paul ne pouvait désirer une justice plus élevée ; il participait à la vie de Christ en étant uni à lui, à l’amour dont Jésus-Christ est l’objet de la part du Père qui a mis en lui toute son affection.
Paul avait la justice de Dieu en Christ, la vie de Christ, l’amour dont Christ est l’objet, la gloire de Jésus ; que pouvait-il souhaiter de plus et à lui-même et aux autres ? Nous qui croyons, nous sommes en possession du même trésor. Chacun de nous doit pouvoir souhaiter aux autres ce que Paul leur souhaitait. Nous participons aux mêmes choses, si nous pouvons dire : Je crois en Jésus, tandis que bien des âmes désirent la conversion des autres, sans être elles-mêmes affermies et en possession du bonheur. Oh ! oui, nous sommes à la fois ces pécheurs sauvés dont Paul était le premier, et ce que Jésus est. La foi s’en tient au témoignage de Dieu et ne lui substitue pas les jugements de l’homme. L’affection infinie de Dieu pour Christ est aussi pour nous, et doit fixer et reposer nos pensées.