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La Justice de Dieu    Romains 10

 

par J.N. Darby

 

Mess. Evang. 1896 p. 461

 

Il est évident que l’apôtre place devant nous, dans ce chapitre, deux principes opposés : Les oeuvres de la loi et la justice de la foi.

La loi, en elle-même, est l’expression de ce que Dieu requiert de l’homme. La justice de la foi est la justice de Dieu ; elle est en contraste complet avec la justice qui vient de la loi. L’homme éprouve une très grande difficulté à comprendre cela. Tous les hommes ont le sentiment de la responsabilité, c’est-à-dire du bien et du mal, et ce sentiment ne quitte jamais la conscience de l’homme. L’homme veut bien accepter Christ, sans cependant se soumettre à la justice de Dieu, ne sachant peut-être pas ce qu’il fait, mais au fond cherchant à établir sa propre justice.

Dans notre chapitre, nous avons deux principes de justice, tous deux justes en eux-mêmes, mais parfaitement distincts, opposés l’un à l’autre, bien que vrais tous les deux. Si un homme a une dette et qu’il la paie, ce n’est pas la même chose que si elle lui est remise. Nous avons une dette, justement exigible et qu’il faut payer, mais la question ici est la manière d’agir avec cette dette : ou la payer nous-mêmes, ou qu’elle nous soit remise. Le fait d’être converti ne change rien à la chose. Même étant converti, je puis dire : «je dois être ceci, et je dois être cela, envers mon prochain».

Ce sentiment du bien et du mal devient plus distinct et plus impératif après la conversion. On s’efforcera d’établir sa justice. On dira : «Ne dois-je pas être ceci ou cela ?» Sans doute, vous le devez.

Un tel homme considère la sainteté et dit : «N’est-il pas vrai que sans la sainteté, nul ne verra le Seigneur ? Ne dois-je pas la poursuivre ?» Oui, c’est parfaitement vrai ! Vous avez tout à fait raison ; mais cela est en réalité établir votre propre justice.

Il dira encore : «Au jour du jugement, Dieu ne s’enquerra-t-il pas de tout ce que l’on a fait ?» Assurément ; mais celui qui parle ainsi est encore dans les plus profondes ténèbres quant à la racine de la chose. Les gens disent : «Je dois», mais ils oublient de se demander ce qu’ils sont. La question n’est pas ce que je dois être mais ce que je suis.

Ne me parlez pas de ce que vous vous proposez d’être. Vos désirs sont bons, sans doute. Souvent on trouve, même chez une personne inconvertie, ce sentiment du bien et du mal, mais après la conversion, la conscience est plus éclairée et devient plus sensible à ces exigences relatives au bien et au mal, mais ce sont des exigences, touchant ce qu’il faut faire ou ne pas faire. C’est comme le jeune homme riche, un aimable caractère, qui vient au Seigneur et lui dit : «Que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ?» Il ne dit pas : «Que faut-il que je fasse pour être sauvé ?» Il croit devoir faire quelque chose pour obtenir quelque chose.

Si nous avions gardé la loi dans tous ses points, Dieu n’aurait rien à nous reprocher ; nous ne serions pas des pécheurs. Ce serait me tromper complètement que de prendre la loi pour règle de ce que je dois être, si je ne m’enquiers pas de ce que je suis ? Si je prends la loi pour règle, il n’y a point d’honnêteté de ma part à promettre ce que je serai si je ne considère pas d’abord ce que je suis. C’est ignorer tout le passé, semblable en cela à un enfant qui va être puni. Il est tout disposé à dire qu’il sera sage, mais cela montre seulement qu’il n’a pas le sentiment du mal qu’il a fait. L’âme, en voulant faire quelque chose, n’est pas occupée de sa condition actuelle.

Si vous êtes réellement en la présence de Dieu, vous ne remettrez jamais les choses à un jour de jugement à venir. Vous êtes devant Dieu dans votre condition présente, brisé et abattu dans la conscience de ce que vous êtes. On laisse souvent de côté cette question, même après la conversion, dans la pensée de s’améliorer : on suppose que l’on peut établir cette justice avec un mélange de miséricorde pour la compléter ; mais mêlez-y autant de miséricorde que vous voudrez, il y a toujours la pensée que vous pouvez vous améliorer ; c’est encore une question de votre justice, c’est encore le même principe de loi. On désire faire quelque chose qui servira en un jour de jugement. S’il y a un jugement, il faut que j’aie une justice devant Dieu. Sur quel autre fondement puis-je me trouver, sinon sur celui qui me rend propre à subsister dans ce jugement ?

Deux choses sont à remarquer. D’abord, avoir la pensée de devenir quelque chose n’est pas reconnaître sincèrement ce que nous sommes. Secondement, en supposant qu’en quelque mesure je reconnaisse ce que je suis (aussi bien que ce que je ne suis pas), il y a toujours la pensée que je dois devenir ce que je dois être. Cela montre une complète ignorance de ce que nous sommes quant à notre état, un manque de sentiment du mal qui est dans notre nature, et de son impuissance pour le bien.

Tout cela vient de ce qu’on ne reconnaît pas ce que l’homme est devant Dieu. On n’a pas la paix et on ne peut jamais l’avoir, jusqu’à ce que l’on possède ce qui peut subsister devant la Sainteté de Dieu. Ce qu’il nous faut, c’est de reconnaître distinctement et positivement que nous sommes coupables et déjà perdus. Ce n’est pas mettre de côté les droits de Dieu sur nous, mais au contraire les reconnaître et admettre que c’en est déjà fait de nous. Aussi longtemps que je mêle à la justice qu’il me faut devant Dieu quelque chose que je puisse faire, il ne saurait y avoir de paix pour moi.

Lorsque quelque chose de ce que Dieu est dans l’immuable sainteté de sa nature, a relui dans l’âme, elle s’aperçoit qu’en elle tout est contraire à Dieu ; il est donc impossible qu’elle soit en paix ; elle voit moralement que tout ce qu’elle est doit être rejeté, et c’est un sentiment terrible que d’avoir ainsi à condamner tout son «moi». Je ne parle pas ici de péchés grossiers, mais des motifs qui gouvernent notre vie, tous ayant leur source dans une nature mauvaise, tout venant du «moi». Considérez la vie divinement sainte de Christ. Là, vous voyez la perfection en Dieu ; en nous, tout est l’opposé. Hélas ! quels sont les motifs qui gouvernent les hommes ? Le désir de l’approbation, l’amour de l’argent, la science, les arts, la renommée, tous les ressorts qui font agir le monde viennent du «moi». Qu’est ce que la recherche de la renommée, sinon l’égoïsme ? Avez-vous jamais vu chez le Seigneur Jésus (je parle de lui comme homme) quelque chose qu’il ait faite pour lui-même ? Jamais ! L’homme n’a dans sa nature aucun goût pour les choses de Dieu. Semblable au fils prodigue, il ramasse tout pour le dissiper pour lui-même, et bien que ce soit une complète folie, l’homme dépense sa vie pour des choses qu’il sait devoir quitter. Même en mettant à part les péchés grossiers, tous ses motifs sont égoïstes et les hommes n’aiment pas les scruter de trop près, parce qu’ils sentent que cela détruirait toutes les activités de leur vie.

«La pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas». La fin est la mort ; tout le monde le sait, et tous travaillent pour ce à quoi ils doivent mourir. Il n’y a pas une chose qu’ils puissent prendre avec eux. Leur nom peut vivre dans la mémoire des autres quand ils ne sont plus, mais à quoi cela sert-il ? Ils marchent dans une vaine apparence et, comme le dit le Psaume 49 : «Ce chemin qu’ils tiennent est leur folie ; mais ceux qui viennent après eux prennent plaisir aux propos de leur bouche». L’Ecclésiaste montre cela, et c’est l’explication du livre. Tout ce qui est sous le soleil est vanité et tourment d’esprit. «Que fera l’homme qui viendra après le roi ?» Dans ce livre, nous voyons quelqu’un qui avait toutes les opportunités possibles de trouver, dans les choses de la terre, depuis les plus élevées jusqu’aux plus basses, la satisfaction de ses désirs ici-bas ; mais la mort était écrite sur toutes, et il ignorait ce qu’il y avait au-delà, de sorte qu’il dit : «Tout est vanité», et conclut qu’il doit jouir autant qu’il le peut de tout ce qui se présente, car il n’y a rien de meilleur. Chacun des motifs se rapporte au «moi».

Il est bon que la lumière se fasse et montre l’état vrai des choses et nous en dégoûte tout à fait. Le point où les hommes ont besoin d’être amenés, c’est d’avoir, dans leur conscience, la connaissance du péché. Chercherez-vous alors à vous faire une justice devant Dieu ? Comment le feriez-vous ? Le jugement est fondé sur le fait que je dois avoir une justice devant Dieu, et c’est là-dessus qu’il me faut agir.

Quand le fils prodigue fut revenu à lui-même, il dit : «Je péris de faim». Il ne pouvait rester où il était. C’est quand il n’avait pas même les gousses que les pourceaux mangeaient, qu’il se souvint qu’il y avait du pain dans la maison de son père.

Tous ces exercices d’une âme qui cherche à avoir une justice devant Dieu, continuent jusqu’à ce qu’elle ait découvert qu’elle est perdue. La révélation de ce qu’est Dieu nous fait voir ce que nous sommes. Si Dieu est ce qu’il est, et si nous sommes ce que nous sommes, il doit nécessairement nous condamner. Être né de nouveau ne donne pas la justice, mais donne une conscience réveillée, et la conscience alors prédomine. Je vois réellement la sainteté de Dieu, et je recherche toujours plus ardemment la sainteté, mais je ne réussis pas à me faire une justice et je n’y arriverai jamais. Cela ne peut satisfaire Dieu. Je cherche encore à établir ma propre justice.

Même si je suis né de nouveau (en y ajoutant toute la grâce qu’il vous plaira), je ne puis avoir une justice. La conscience devient plus claire et plus sensible, je vois mieux la spiritualité de la loi, je possède dans la vie de Christ une règle divine pour ma conduite, mais tout cela ne fait que me rendre plus misérable ; en fait, j’ai beaucoup plus le sentiment de mes manquements, je m’efforce d’être plus saint, mais ce n’est que la vaine tentative d’établir ma propre justice.

Vous dites : «Mais ne dois-je pas être saint ?» sans doute, mais vous voulez vous servir de la sainteté (c’est-à-dire du désir légitime que vous en avez) pour obtenir la justice. Si vous réussissiez, ce serait votre justice

Je suis extrêmement frappé de voir combien la justice de Dieu est chose vide de sens pour l’esprit naturel de l’homme. Tous les hommes savent qu’ils doivent avoir une justice pour subsister devant Dieu ; chacun le comprend : mais ce n’est pas chacun qui comprend la justice qui est par la foi. Cherchez-vous encore ce que vous devez être pour Dieu ? L’Esprit de Dieu, au contraire, veut nous faire sentir ce que nous sommes ; non ce que nous devons être, mais ce que nous sommes.

Quand la grâce intervient et m’amène à avoir la conscience que je ne suis pas ce que je dois être, en fait, quand elle me donne la conviction de ce que je suis, je sens mon impuissance et c’est alors que je me soumets. Lorsque, en quelque mesure, on a vu ce qu’est le coeur humain, et que l’on se trouve devant Dieu sans être propre pour sa présence, le sentiment que tout vous manque vous abat et vous humilie profondément. Ce sentiment devient toujours plus angoissant ; et l’impossibilité d’établir notre propre justice nous apparaît tout à coup. Nous n’apprenons point cela jusqu’à ce qu’en avançant, nous ayons découvert ce qu’est la sainteté de Dieu.

Je viens maintenant à une autre chose, non pas à ma justice pour Dieu, mais à sa justice pour moi, découvrant à l’âme tout ce qu’elle est, mais ne m’appelant point du tout à m’établir une justice pour Dieu. Elle me convainc que je n’en ai point, elle me traite comme un pécheur et agit envers moi en grâce.

Nous ne pouvions aller à Dieu. Lui est venu vers nous, mais en cachant sa gloire quant à sa manifestation extérieure, car ç’aurait été notre condamnation. Il vint non pour condamner, mais pour sauver ; et j’ai à faire avec Dieu sur ce pied-là, savoir que Dieu m’a visité en grâce pour sauver le perdu. Lorsque j’ai découvert que je suis moralement et nécessairement perdu, je vois la signification morale de sa venue. Il est là présent avec moi dans cet état, me faisant voir qu’il est plus grand que tout le mal. Est-il venu pour exiger quelque chose ? je suis aussi dépourvu de fruits que le figuier stérile ; je suis desséché ; mais le Seigneur, béni soit-il, est venu dans ce monde parce que je suis tout cela. Au lieu que le mal qui est en moi ait repoussé Dieu, c’est ce qui l’a amené. Dieu qui est au-dessus de tout mal, m’a visité dans cet état où j’étais ? Voulez-vous donc dire que tout le mal qui est en moi, misérable comme je suis, soit ce qui a amené Christ dans ce monde ? Certainement.

Ce que je trouve dans l’évangile est ceci : la condamnation, la colère et la mort, écrites sur l’homme qui essaie d’établir sa justice ; mais du moment que je vais simplement devant Dieu comme un pécheur (et là je suis entièrement pécheur), j’ai Dieu avec moi pour me sauver : «Là où le péché abondait, la grâce a surabondé».

Cela n’est pas la justice ; c’est la grâce régnant par la justice. Dieu est venu où je suis. Tel que je suis, je me trouve en la présence de Celui qui est venu ici-bas, à cause de ce que je suis. Je n’ai plus à désirer que ma culpabilité soit enlevée, la découverte de sa grâce l’a ôtée. Il est venu pour guérir, et j’ai trouvé Dieu. Est-ce au jour du jugement ? Nullement, mais c’est au temps agréable. Ai-je besoin de m’améliorer en quoi que ce soit ? Non, car il est venu pour sauver des pécheurs. Il m’a pris où j’étais, absolument tel que j’étais, à cause de ce que j’étais.

Mais, chers amis, veut-il m’avoir comme un pécheur avec tous mes péchés ? Non, cela ne pourrait pas aller. Ce ne serait pas la justice. Ne dois-je pas avoir une justice ? Oui, mais jusqu’ici c’est seulement la grâce, sa grâce cherchant le pécheur, pour lui donner une justice ; c’est pourquoi il dit : «Qui montera», ou «Qui descendra ?» (Rom. 10:6-7) Ce n’est pas si loin, «la parole est près de toi». Christ, non seulement est venu vers moi quand j’étais dans mes péchés, mais il est venu afin de mourir pour mes péchés, et il m’apporte la grâce parfaite où je suis. Il est mort et a glorifié Dieu, l’oeuvre étant achevée, complètement achevée, sur la croix, entre Lui et Dieu seul, selon la sainteté et la justice de Dieu ? Tout ce que j’étais comme pécheur a été réglé parfaitement, Dieu ayant affaire avec mes péchés et avec moi-même : «Christ a été fait péché pour nous» ; «Il a porté nos péchés en son corps sur le bois», Lui qui, «ayant fait par Lui-même la purification des péchés, s’est assis à la droite de la majesté dans les hauts lieux». Il est maintenant assis à la droite de Dieu. Je vois par là que tout est entièrement et finalement réglé pour toujours.

Le père va au-devant du fils prodigue, alors que celui-ci est dans ses haillons, mais il ne peut pas entrer ainsi dans la maison ; il est d’abord revêtu de la plus belle robe, puis introduit dans la maison parfaitement propre pour y entrer. Dieu donne une perfection qui rend propre pour le ciel (Col. 1:12). La possédez-vous ? Sinon, comment pouvez-vous aller au ciel ? Mais Christ, n’a-t-il pas pu y aller ? Oui ! Eh bien ! avez-vous Christ ? Il est là, et ainsi, pour y aller, il faut que ce soit par la foi, simplement, absolument, uniquement, sinon il y aurait quelque chose de moi. Je dois avoir, non pas un bon sentiment, non pas une bonne oeuvre, mais simplement CHRIST.

Mais ne dois-je pas le sentir ? Si un homme a payé mes dettes, et que de plus il ait placé pour moi, afin que j’en use, une somme considérable à la banque, naturellement je dois le sentir, mais qu’ont à faire mes sentiments avec la fortune qui m’est laissée ? Qu’ont à faire mes sentiments avec la justice ? Christ est là, au ciel, agréé de Dieu à cause de l’oeuvre qu’il a accomplie, et c’est là ce qu’il me faut. La justice a été montrée en ceci, savoir que Christ est assis à la droite de Dieu. La justice est là, et non point une justice ici-bas. Le seul homme juste dans ce monde en a été rejeté et chassé. Dieu l’a pris hors du monde, et il m’en prend aussi, et il me dit : La justice est là, à ma droite. Là est ma justice.

On dit que la foi est chose très aisée. En est-il vraiment ainsi ? C’est très aisé quand nous voulons faire de bonnes oeuvres, mais non pas lorsque nous trouvons que nous ne pouvons en faire aucune. Il n’est pas si aisé de se dire : Si je ne suis pas sauvé comme un misérable mendiant, je ne suis pas sauvé du tout ; de se dire : Je n’ai rien et tout est pure grâce. Rien n’est plus difficile à l’orgueil du coeur humain que de dire : Il y a CHRIST, et c’est tout. L’orgueil vient, et dit, non seulement : il faut que je fasse, mais je dois et je puis.

Montrez-moi, seulement dans une journée, une seule chose qui soit propre pour le ciel. Je ne puis, mais Christ est ma justice. Quoi de plus entièrement humiliant que de se soumettre à la justice de Dieu ? Nous avons beaucoup à apprendre dans nos coeurs rusés, mais quand nous avons été complètement brisés et abattus, alors nous nous soumettons à la justice de Dieu. La foi abandonne toute pensée d’avoir aucune justice propre, et se soumet à la justice de Dieu. Si nous pensons à un jour de jugement, nous savons que le chrétien y paraît devant Christ, et la justice qui juge est la justice que j’ai là.

Au commencement de l’épître, l’apôtre dit qu’il n’y a pas de différence — tous sont mauvais. Ici, dans notre chapitre, il dit : Je prends le pécheur le plus vil, le plus corrompu, et il n’y a pas de différence quant à la miséricorde, «car le même Seigneur de tous est riche envers tous ceux qui l’invoquent».

Le plus beau caractère de l’homme, tel que Paul, par exemple, qui était sans reproche quant à la justice qui est par la loi, doit s’abaisser et reconnaître qu’il est le plus grand ennemi que Christ ait eu. Est-ce chose aisée que de se reconnaître tel ? Non, cela ne l’est nullement. Vous direz alors : ma justice n’est donc rien ? Elle n’est rien pour moi, dit Christ, car je suis venu appeler des pécheurs, et non des justes. Jusqu’à ce que j’aie appris que je ne serai jamais jugé pour mes péchés, je ne puis me juger moi-même sans éprouver cette crainte qui porte avec elle du tourment. Si je suis fortement endetté, je n’aime pas à parcourir mes livres de comptes ; cela n’est pas agréable : mais quand mes dettes sont toutes payées, j’en puis retourner les feuillets sans crainte.

Nous avons à apprendre les différentes manières d’agir avec les pécheurs. La chose à laquelle un homme doit arriver est, non pas simplement d’apprendre ce qu’il doit être, mais ce qu’il est. Plus nous serons près de Dieu, plus nous connaîtrons la masse de choses qui passent continuellement dans notre coeur et qui ne conviennent pas à Dieu. Le chrétien a découvert que la grâce de Dieu est venue dans le monde, non pour juger le monde, mais pour le sauver, et que cette grâce a ôté tout péché, ainsi qu’il est écrit : «Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige».

Eh bien, chers amis, vous êtes-vous soumis à la justice de Dieu ? S’il en est ainsi, vous pourrez vous juger vous-mêmes, et vous ferez des progrès spirituels. «À celui qui a, il sera donné davantage». Il y a deux voies, l’une où l’on voit que nous ne sommes pas justes, et où l’on espère le devenir pour le jour du jugement ; l’autre, où l’on reconnaît que l’oeuvre est faite, et où l’on se repose en CHRIST.

Maintenant, bien-aimés, avez-vous cette parfaite et divine justice ? C’est Christ. Il nous a été fait de la part de Dieu justice (1 Cor. 1:30). Elle est toute en Lui. C’est ce qui donne une parfaite paix avec Dieu. «Il est notre paix». Faiblesse, lutte, tentations en nous dans ce monde, il y aura tout cela, mais tout est paix en haut. Puissiez-vous connaître, bien-aimés, l’ineffable grâce du repos en Christ, qui est en la présence de Dieu pour nous.