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ÉTUDES SUR LA PAROLE :

 

 

LES PSAUMES

 

par J.N. Darby

 

LIVRE DEUXIÈME

 

[Les sous-titres et textes en italique rouge, entre crochets, sont des ajouts de Bibliquest, principalement des références permettant de faciliter la lecture et la compréhension]

 

Table des matières :

1     [Psaume 42]

2     [Psaume 44]

3     [Psaume 45]

4     [Psaume 46]

5     [Psaume 47]

6     [Psaume 48]

7     [Psaume 49]

8     [Psaume 50]

9     [Psaume 51]

10      [Psaume 52]

11      [Psaume 53]

12      [Psaume 54]

13      [Psaume 55]

14      [Psaume 56]

15      [Psaume 57]

16      [Psaume 58]

17      [Psaume 59]

18      [Psaume 60]

19      [Psaume 61]

20      [Psaume 62]

21      [Psaume 63]

22      [Psaume 64]

23      [Psaumes 65 à 67]

24      [Psaume 65]

25      [Psaume 66]

26      [Psaume 67]

27      [Psaume 68]

28      [Psaume 69]

29      [Psaume 70]

30      [Psaume 71]

31      [Psaume 72]

 

 

 

Le second livre tout entier nous présente le résidu hors de Jérusalem, et la ville livrée à l’iniquité ; la relation d’alliance des Juifs avec l’Éternel est perdue, mais le résidu se confie en Dieu. Quand le Messie entre sur la scène, tout change. Le livre place aussi plus clairement devant nous l’exaltation de Christ dans les cieux comme moyen de la délivrance des fidèles, ainsi que son rejet et ses souffrances ici-bas. Il se termine par le règne millénaire du Messie dans la paix, sous la figure de Salomon. L’Esprit de l’homme pieux est mis à l’épreuve par ces circonstances, et comme tout espoir de trouver dans le peuple quelque chose de bon est perdu, l’âme du fidèle est tournée plus complètement vers Dieu lui-même et s’attache à lui.

1                    [Psaume 42]

Le livre s’ouvre par le Ps. 42. L’homme pieux s’était rendu avec la multitude à la maison de Dieu, mais tout cela est passé : il est chassé hors du pays et sa supplication monte depuis le pays du Jourdain et des Hermons, de la montagne de Mitsear ; toutes les vagues de Dieu ont passé sur lui. Quelle douleur, quelle chose effrayante de voir un ennemi en possession du sanctuaire, le nom de l’Éternel blasphémé et celui qui lui était fidèle jeté dehors. Les Gentils, selon Joël, sont entrés avec puissance et se sont raillés de ceux qui s’attendaient à la fidélité de l’Éternel, disant: «Où est leur Dieu ?» (Joël 2: 17). Il y avait là, certainement, une épreuve terrible (il en a été ainsi de Christ, sur la croix, et bien plus encore, car il a dit qu’il était abandonné), car ce que Dieu était pour les fidèles, par la foi, était mis en question. Cette foi est précisément ce dont notre Psaume est l’expression. Le coeur du fidèle soupire après Dieu : les bénédictions de l’alliance étaient perdues ; dès lors, ce que Dieu était en lui-même n’en ressortait que plus puissamment et était apprécié de même. La détresse qui prédomine est exprimée dans ces mots : «Où est ton Dieu ?» Mais si le saint n’est plus dans Jérusalem, Dieu est sa confiance. La foi dit : «Je le célébrerai encore, sa face est le salut». Le coeur aussi peut en appeler à lui, et sous le poids des outrages répétés espérer en Dieu lui-même, qui sera le salut de la face de celui qui se confie en lui. Au vers. 5, on remarquera qu’il est parlé de la face de Dieu qui est le salut, et qu’au vers. 11, Dieu devient le salut de la face de celui qui s’attend à lui. Par la privation de toutes les bénédictions et l’exercice de foi qui s’y rattache, l’âme est rejetée entièrement sur Dieu ; Dieu lui-même devient tout pour elle.

L’ennemi du Ps. 42 est l’ennemi et l’oppresseur du dehors, le gentil. Quoique ce ne soit, naturellement, que dans les circonstances et non dans les profondeurs de l’expiation, il est pourtant intéressant de constater l’analogie qui existe entre le verset 3 et ce que le Seigneur a dit sur la croix ; mais au Ps. 43, qui forme comme un supplément du précédent, la nation impie, les Juifs, et l’homme trompeur et pervers, le méchant, sont devant nous — l’oppresseur gentil restant toutefois sur la scène (vers. 2), car nous savons qu’ils seront tous deux présents alors. Le fait qu’il s’agit ici de la nation juive ramène davantage les pensées du résidu vers le retour à la montagne sainte, aux demeures de Dieu et à son autel. Les vers. 3 et 4 forment la base du livre.

2                    [Psaume 44]

Le Ps. 44 nous présente un tableau complet et vivant de l’état de la nation, développé dans la conscience du résidu. Ils ont ouï de leurs oreilles ; la foi se repose dans le souvenir de toutes les anciennes glorieuses délivrances de Dieu, et elle se souvient comment il a mis son peuple en possession du pays par sa puissance, non par la leur (vers. 1-8). Les vers. 9-16 sont l’expression de leur condition présente : ils sont rejetés et dispersés ; l’ennemi, le vengeur est au milieu d’eux ; ils sont dispersés parmi les nations, vendus par Dieu pour rien. Cependant ils ne se sont pas détournés de leur intégrité (vers. 17-22) ; au contraire, c’est pour l’amour de lui qu’ils sont mis à mort tout le jour et qu’ils sont estimés comme des brebis de tuerie (*). Les vers. 23-26 contiennent leur requête à Dieu pour qu’il se réveille, afin de les délivrer à cause de sa bonté. Le nom de l’Éternel n’est pas mentionné dans ce Psaume, car les fidèles sont «dehors», loin de Jérusalem ; c’est de Dieu qu’il s’agit.

(*) Remarquez qu’ils sont, en principe, dans cette position, dès le moment où le Messie est rejeté.

3                    [Psaume 45]

Le Ps. 45 introduit le Messie sur la scène, et, avec lui, un changement complet, comme nous allons le voir. La portée de ce Psaume est si simple et si claire que, malgré tout son intérêt et toute sa force, il est presque superflu d’entrer dans beaucoup de détails à son sujet. Le Messie est là en jugement et prend possession du trône. Il avait déjà prouvé qu’il aimait la justice et haïssait la méchanceté, qu’il était propre au gouvernement. Il est salué Dieu : toutefois ses disciples (le résidu) sont appelés «ses compagnons», tandis que Zacharie (chap. 13: 7), qui nous le présente dans son humiliation et frappé, l’appelle le compagnon de Jéhovah. Je pense que la reine (la femme), mentionnée au verset 9, est Jérusalem. Tyr et d’autres lui offrent des présents ; elle est reçue glorieusement «dans les appartements du Roi lui-même», car tel est, je pense, le sens de l’expression «dans l’intérieur» du vers. 13. Elle est dans la relation la plus intime avec le Roi. Les vierges, ses compagnes, sont, je le suppose, les villes de Juda. La gloire d’Israël n’est plus celle des pères, mais la présence du Messie qui est venu accomplir les promesses, a éclipsé la gloire des anciens dépositaires de la promesse. Au lieu des pères, ils ont des fils qui seront établis pour princes dans tout le pays. L’entrée du Messie sur la scène, en gloire et en jugement, amène le triomphe complet de Jérusalem et du peuple juif et leur gloire au milieu des nations. Ce Psaume est exclusivement rempli par le Messie, envisagé comme homme: Dieu est son Dieu; mais le Messie est Dieu.

4                    [Psaume 46]

Ps. 46. Maintenant que le Messie est apparu en gloire, le résidu peut célébrer ce que Dieu est pour son peuple ; il peut le célébrer avec la connaissance particulière qu’il a acquise de ce qu’Il a été pour lui au temps de la détresse. Il peut y avoir encore une attaque à subir, et en effet, selon la prophétie, je crois qu’il y en aura une. Mais comme le plein et entier effet de la venue du Messie en bénédiction est célébré dans le Ps. 45, le 46° en célèbre le grand résultat selon le gouvernement de Dieu. Le résidu fidèle a l’Éternel avec lui comme le Dieu de Jacob (vers. 7), ici spécialement comme refuge et délivrance ; on en comprendra le pourquoi, après l’étude que nous venons de faire. Quand la terre tremblerait, que les montagnes se renverseraient, et que les eaux mugiraient et écumeraient, son peuple n’a rien à craindre : Dieu est avec lui. Ce n’est pas tout : sa sainte ville sur la terre, le saint lieu où le Très-Haut habite, les tabernacles de Dieu, sont réjouis par le fleuve qui, dans ces descriptions, ici et ailleurs, est l’image de la bénédiction, et qu’on retrouve avec la même signification, soit dans la Jérusalem céleste, soit dans la Jérusalem terrestre (dans Ézéchiel), soit dans le paradis, soit dans le croyant et dans l’Église qui invite celui qui a soif à boire l’eau de la vie. Même alors, ce fleuve réjouit la ville de Dieu ; Dieu est là, — la plus sûre et plus excellente réponse à l’insultante question : «Où est ton Dieu ?» du Ps. 42. La ville du Souverain ne sera pas ébranlée, mais sera secourue au lever du matin. Le vers. 6 nous présente, avec une puissance magnifique, le grand résultat de l’intervention divine ; tout est décidé. Alors les fidèles disent : «L’Éternel des armées (Jéhovah Sabaoth) est avec nous» ; le Dieu de tout le peuple est la haute retraite de ce pauvre résidu (vers. 7). Dans les vers. 8 et 9, les saints invitent la terre à contempler les hauts faits de l’Éternel, la fin de l’impuissante rage des hommes et de tous leurs efforts, car il sera exalté parmi les nations et par toute la terre. Que la foi soit tranquille et s’attende à lui, et sache qu’il est Dieu, comme le résidu de Jacob reconnaîtra avec joie que l’Éternel des armées, le Dieu de Jacob, est avec lui.

5                    [Psaume 47]

Le Ps. 47 poursuit cette délivrance jusqu’à ses brillants résultats pour Israël, selon la gloire de Dieu sur la terre. L’Éternel est maintenant un grand Roi sur toute la terre (comp. Zach. 14) ; il assujettit les peuples à Israël et lui-même leur choisit leur héritage. Les vers. 5 à 9 célèbrent ce fait avec un chant de triomphe, ainsi que la réunion, au peuple du Dieu d’Abraham, de ceux d’entre les nations qui maintenant reconnaissent Dieu. Il est spécialement le Roi d’Israël (le Roi du résidu), mais s’il est tel, il est Roi sur toute la terre. Dieu est magnifié dans ces versets, mais il est le Dieu d’Israël : c’est la célébration de la partie terrestre de la gloire millénaire de Dieu, dont Israël, reconnu dans le résidu délivré, est le centre.

6                    [Psaume 48]

Le Ps. 48 complète la série des Psaumes qui nous occupent. L’Éternel est pleinement établi Roi d’Israël en Sion, qui est devenue maintenant la joie de toute la terre, la ville du grand Roi, et dans les palais de laquelle Dieu est bien connu comme une haute retraite. Les rois s’étaient assemblés ; ils avaient trouvé là un tout autre pouvoir que celui qu’ils imaginaient ; ils ont été étonnés, ils ont été troublés, et se sont enfuis consternés. La puissance de la mer a été brisée par le vent d’orient, et la main de l’Éternel y a été manifestée. Notre Psaume nous reporte d’une manière admirable au commencement du Ps. 44, où les saints, dans leur détresse, disaient : «Nous avons entendu de nos oreilles... l’oeuvre que tu as opérée dans leurs jours» ; tandis que maintenant ils disent : «Comme nous avons entendu, ainsi nous l’avons vu dans la ville de l’Éternel des. armées, dans la ville de notre Dieu» (vers. 8). Ils ne s’expriment pas maintenant comme au Ps. 42 : «J’allais avec la foule... il me souvient de toi depuis le pays du Jourdain...», mais dans une douce paix que rien ne peut troubler, ils disent : «Ô Dieu ! nous avons pensé à ta bonté, au milieu de ton temple» (verset 9). Ils s’étaient confiés au nom de Dieu ; maintenant ils célèbrent ses louanges selon ce nom : Il est entré sur la scène en puissance. Sa louange s’étend jusqu’aux bouts de la terre ; il invite la montagne de Sion à se réjouir à cause de ses jugements avec la certitude bienheureuse que ce Dieu est leur Dieu pour toujours et à perpétuité, et sera leur guide jusqu’à la mort (vers. 11 à 14). La bénédiction est terrestre, et la mort, «le dernier ennemi», n’est pas détruite.

7                    [Psaume 49]

Le Ps. 49 est une espèce de conclusion morale pour tous, fondée sur ces jugements de Dieu. Prospérité, gloire mondaine, tout ce dont l’homme s’enorgueillit, tout cela n’est que vanité. L’homme s’attend à durer, il donne son nom à sa terre, il bénit son âme et il est loué de sa prudence et de sa sagesse parce qu’il s’est fait du bien ; mais le moment vient où «ils gisent dans le shéol comme des brebis». L’homme du monde espère toujours, mais il doit quitter le monde au milieu duquel il était grand ; sa mémoire, qui dure, ne sera rien pour lui et une déception pour d’autres. La puissance de Satan est pour cette vie-ci, il n’y a plus après elle lieu à tromperie. L’homme qui est en honneur et qui n’a point d’intelligence est semblable aux bêtes qui périssent, mais le résidu fidèle se confie en Dieu, son âme sera rachetée de la puissance du shéol. Dieu le prendra. La préservation sur la terre ou la bénédiction céleste sont ici un peu dans le vague. L’attente immédiate des fidèles serait plutôt d’être gardés en vie, mais elle assure à ceux qui seront mis à mort l’espérance la plus entière. Il en est de même dans Luc, chapitre 21: 19 (Ktêsasthe tas psychas umôn) et dans Matt. 24: 13. Ici aussi, le vague est intentionnellement maintenu.

8                    [Psaume 50]

Nous entrons maintenant sur un autre terrain, et nous trouvons au Ps. 50, le jugement de Dieu sur le peuple — l’Éternel, le Dieu fort, appelle la terre à comparaître, — puis au 51° la confession du péché dont le peuple s’est rendu coupable en mettant Christ à mort. L’introduction du Ps. 50 est de toute beauté; elle exige du reste peu d’explication. Remarquez seulement que les deux premiers versets forment la thèse du Psaume, développée dans les versets qui suivent. Il appelle les cieux en haut et la terre comme témoins de sa justice, mais le jugement est spécialement celui du peuple. Aux vers. 5 et 6, Dieu prend en main la cause du résidu; il reçoit et rassemble ses saints (ou pieux; khasidim, en hébreu) qui sont entrés maintenant en alliance avec lui sur le sacrifice. C’est, je suppose, avec la pensée qu’ils porteront leurs regards vers Christ, celui qu’ils ont percé, que ces choses sont exprimées. Quoique Dieu soit en résultat établi en Sion, les cieux interviennent pour la manifestation de Sa justice, et cette manifestation est distincte de son jugement, remarquez-le. Tout ceci est une mise en scène et n’est pas en soi-même le jugement de Dieu. Lui resplendit au milieu de toute cette scène, je n’en doute pas, mais d’une manière particulière ; nous pouvons dire que cela a lieu dans ses saints glorifiés (naturellement avec Christ lui-même), et si pleinement, qu’ils jugeront la terre. Il ne s’agit pas ici de jugements providentiels par des causes secondaires; Dieu lui-même est Juge maintenant, et c’est pourquoi il rassemble ses saints aussi. Au verset 7, le peuple est jugé. Dieu n’a pas besoin de sacrifices, il veut la justice, et ne veut pas la méchanceté, ni non plus maintenant que les méchants demeurent au milieu de son peuple. Nous retrouvons les mêmes choses aux chap. 48 et 57 d’Ésaïe. L’homme estime que Dieu est semblable à lui, mais Il l’en reprendra et mettra tout en ordre en Sa présence (vers. 21) ; ceci est le jugement de Dieu.

9                    [Psaume 51]

Le Ps. 51 est la vraie confession des fidèles du résidu: ils sont entrés pleinement dans la pensée de Dieu (voyez vers. 16). Il y a une vraie et complète humiliation devant Dieu pour le péché, et pourtant de la confiance en lui. La vraie foi du peuple de Dieu s’attend à lui pour qu’il purifie et délivre. Le péché tout entier du coeur et de la nature est reconnu et le crime horrible de la mort de Christ confessé (vers. 14) ; l’humiliation est acceptée, mais avec le sentiment que la purification de Dieu est parfaite. Il crée aussi un coeur pur. Le résidu demande à Dieu que l’esprit de sa sainteté, dont Aggée dit qu’il a demeuré avec eux après tous leurs péchés (Aggée 2: 5), et en dépit de la captivité de Babylone, ne soit pas ôté du milieu de lui, et qu’il ne perde pas le sentiment de la présence de son Dieu. Quelques personnes trouvent ici une difficulté que je ne vois pas. Les saints de l’Ancien Testament n’ont pu faire aucun bien que par l’Esprit Saint ; et si cet Esprit leur était retiré, toute leur joie et leur bonheur s’évanouiraient et feraient place aux ténèbres : c’est ce que le fidèle appréhende ici. Il ne peut y avoir de doute sur ce fait que l’Esprit a été avec les saints de l’Ancien Testament ; la seule question est de savoir s’il était présent avec eux de la même manière et s’il a habité en eux en vertu de l’oeuvre et de la gloire de Christ, les unissant à un Chef (Tête) ressuscité dans le ciel. Ceci, naturellement, ne pouvait être. L’oeuvre n’était pas encore accomplie, l’homme Jésus n’était pas encore entré dans la gloire. Le Nouveau Testament est très explicite à cet égard. Le Saint Esprit n’était pas encore (Jean 7: 39), mais il fallait qu’il opérât en eux et avec eux, car tout ce qu’il y a de bien vient de lui. Toute activité de Dieu dans la créature est par l’Esprit, comme, lors de la création, il se mouvait sur la surface des eaux. Or il opère spécialement dans les coeurs des hommes pour y être la source et la puissance de toute activité et de toute joie, comme nous le voyons dans les prophètes et chez d’autres. Un saint qui a l’intelligence de sa position ne pourrait maintenant tenir le langage du vers. 11; il sait que Dieu ne lui retirera pas son Esprit. Peut-être, dans son angoisse, s’exprimera-t-il ainsi, et avec un coeur vrai ; — et Dieu dans sa miséricorde l’entendra, mais il n’aura pas parlé avec intelligence. — Cette repentance d’Israël, comme nous l’apprenons par l’enseignement invariable des Écritures (voyez Actes 3: 19), est le chemin qui conduit à la bénédiction de Sion. Dieu recevrait-il leurs sacrifices ?

Dans les deux Psaumes qui viennent de nous occuper, nous avons trouvé le jugement séparatif en Israël en rapport avec la méchanceté, le péché contre l’Éternel, un jugement qui est la vraie délivrance pour le résidu ; puis (lorsqu’Il est apparu) la pleine confession, celle même d’être coupable du sang du Sauveur. Pour ce qui est des circonstances, ces deux Psaumes complètent l’exposé de la scène tout entière que nous avons devant nous, et qui forment la base de tout le livre.

 

La série de Psaumes, qui commence avec le Psaume 52, vient (comme nous l’avons vu ailleurs) fournir et développer l’expression des sentiments qui conviennent au résidu au milieu de ces circonstances ; par conséquent elle ne nous présente pas autant l’épreuve et les souffrances de celui qui se trouve au milieu du mal, que celles qui l’accablent par le fait qu’il voit le mal dominer et prévaloir dans le lieu même qui appartient à l’Éternel. De là vient aussi que ces Psaumes sont généralement adressés à Dieu et au Très-Haut, le Dieu de la promesse, et non pas à l’Éternel, le Dieu des bénédictions de l’alliance, car les fidèles sont loin du lieu de ces bénédictions ; chaque fois qu’il en sera autrement, nous aurons soin de le faire remarquer. Après que toutes ces souffrances ont été développées, provoquant les soupirs vers la délivrance, nos regards sont dirigés sur la position en vertu de laquelle le Christ qui a souffert une fois en Israël, et qui est exalté en haut, pouvait secourir et délivrer son peuple. Tout ceci s’applique au résidu, comme la dernière requête de David souffrant et fatigué de jours, et caractérisant la position d’Israël lui-même à la fin, aboutit au règne millénaire de Christ sous la figure de Salomon.

10               [Psaume 52]

Au Ps. 52, nous trouvons la foi en face de la puissance du Méchant, puissance qui est devant le juste. «La bonté de Dieu subsiste». Dieu détruira l’orgueilleux et le trompeur, mais les justes demeureront. Le Psaume nous rappelle Shebna, non pas les ennemis du dehors, ni même la Bête, mais au-dedans, au milieu d’eux, l’Antichrist lui-même dans sa puissance.

11               [Psaume 53]

Le Ps. 53 nous présente les méchants en général, toute la masse du peuple, sauf ceux que la grâce a mis à part. Ce sont les mêmes paroles que nous trouvons au Ps. 14, mais ici nous avons le nom de Dieu au lieu de celui de l’Éternel, parce que le résidu est loin du lieu de l’alliance. C’est pourquoi nous n’avons pas ici Dieu au milieu de la génération juste (Ps. 14: 5), mais la confusion complète de ceux qui campent contre elle, — le jugement public des ennemis extérieurs (Ps. 53: 5). Ceux qui sont saisis de frayeur, sont les Juifs impies (voyez És. 33: 14 ; 8: 12 et 10: 24); au Ps. 14, ils méprisaient l’affligé qui se confiait en l’Éternel ; ils étaient extérieurement ensemble. Maintenant il en est autrement : au lieu de l’impie orgueilleux accablant le pauvre du troupeau, nous trouvons Dieu dispersant ses ennemis, et alors nous trouvons le désir que le salut complet (les saluts) d’Israël, et non pas seulement le jugement des ennemis du dehors, vienne de Sion. La puissance qui vient du ciel et détruit l’oppresseur sans foi, est une chose distincte de l’établissement du résultat en Sion, de la puissance qui appartient à l’alliance, conformément à la promesse.

12               [Psaume 54]

Le Ps. 54 est le cri du juste demandant à Dieu de le délivrer selon la valeur de son nom, qui est le motif de sa confiance. Le double caractère des ennemis est mentionné : les étrangers sont les ennemis du dehors et les hommes violents sont ceux du dedans qui cherchent la vie du pauvre. Quand la délivrance vient, alors le nom de l’Éternel est introduit (vers. 6 et 7). Le nom de Dieu est la révélation de ce qu’il est : c’est là ce qui fait le fondement de la confiance. Le nom de l’Éternel, le nom du Dieu de l’alliance, sera célébré quand le peuple retournera au lieu où il est en relation avec lui.

13               [Psaume 55]

Le Ps. 55 est une description effrayante de la méchanceté dans Jérusalem. Celui qui parle est hors de la ville, mais il a fait l’expérience de cette méchanceté par la trahison de ses plus chers amis. Dieu est sa ressource : l’Éternel sauvera. Il regarde en arrière, je pense, vers tout ce dont il a fait l’expérience à Jérusalem. Jour et nuit la méchanceté faisait le tour de ses murailles ; la méchanceté, la tromperie et la fraude étaient au milieu d’elle, et ne s’éloignaient pas de ses places. Il se serait volontiers enfui loin de tout cela. L’ennemi est au-dehors, le méchant au-dedans ; ils accusent le juste de méchanceté et l’ont en parfaite haine ; mais ce qui lui est le plus dur, c’est la perfidie sans coeur de ceux du dedans, de ceux avec lesquels il avait été de compagnie à la maison de Dieu. Toutefois sa confiance est en Dieu, car où chercherait-il du secours ailleurs ?

14               [Psaume 56]

Ps. 56. Ce Psaume est l’expression du sentiment de l’ardente et infatigable inimitié des méchants, mais Dieu recueille les larmes de l’homme pieux. Dieu est reconnu comme le Très-Haut : son titre en rapport avec la promesse, non pas avec l’alliance. Son nom d’alliance est l’Éternel, et ici le résidu est loin de Jérusalem : — mais la parole de Dieu est une sûre retraite. Elle apporte la vérité de Dieu à l’âme comme fondement de sa confiance, et renferme toutes les expressions de sa bonté, de ses voies, de sa fidélité, et aussi de son intérêt pour son peuple. C’est pourquoi le fidèle n’a aucune crainte de l’homme (vers. 11). L’âme du juste était délivrée de la mort ; il s’était échappé et avait fui, et maintenant il s’attend à Dieu pour qu’il garde ses pieds de broncher afin qu’il marche devant Lui dans la lumière des vivants. Comme expression des sentiments de celui qui, chassé de Jérusalem, est éprouvé, et qui échappe, ce Psaume a une place bien distincte au milieu des autres : il a en vue, particulièrement, le mal et la marche au milieu du mal de celui dont les pieds sont gardés parce qu’il s’appuie sur la Parole.

15               [Psaume 57]

Le Ps. 57, quoique s’adressant à Dieu dans le même esprit, au milieu des mêmes circonstances, et sous le même nom, est davantage l’expression de la confiance en Dieu comme refuge du fidèle. Les ailes de Dieu sont un abri jusqu’à ce que les calamités soient passées, et le fidèle attend sa complète délivrance de l’intervention glorieuse de Dieu qui mettra fin à son affliction. Dieu a envoyé des cieux et a sauvé (vers. 3). C’est pourquoi la fin de ce Psaume est plus triomphante que celle du précédent. «Je te célébrerai parmi les peuple, ô Seigneur! je chanterai tes louanges parmi les peuplades ; car ta bonté est grande jusqu’aux cieux, et ta vérité jusqu’aux nues» (vers. 9, 10). Le fidèle attend que Dieu s’élève publiquement au-dessus des cieux et que sa gloire soit au-dessus de toute la terre. Il n’y avait point de secours sur la terre auquel il pût s’attendre ; mais il est ainsi rejeté plus complètement sur Dieu, et amené par là à une confiance plus entière en sa protection et en la manifestation finale de sa puissance pour le délivrer. Il en est toujours de même. Le Dieu Très-Haut «a envoyé des cieux !» Combien ceci dirige en haut les regards du résidu et le lie à une délivrance céleste. Ensuite, l’Éternel est loué.

16               [Psaume 58]

Ps. 58. Toute justice se tait en Israël. Les méchants étaient méchants et rien d’autre. L’homme pieux attend que le jugement tombe sur eux, car «si l’on use de grâce envers le méchant il n’apprend pas la justice ; dans le pays de la droiture, il fait le mal» (És. 26: 10). C’est des mêmes hommes que David dit qu’on ne les prend pas avec la main, mais que l’homme qui les touche se munit d’un fer ou d’un bois de lance (2 Sam. 23: 6, 7). C’est pourquoi le juste attend le jugement, comme le seul moyen possible d’ôter le mal, selon le propre jugement de Dieu, car il avait montré une patience parfaite à l’égard des méchants, mais lorsque la main de Dieu lui-même est élevée contre eux, ils ne voient point (Ésaïe 26: 11). La vengeance pour la délivrance viendra, «et l’homme dira : Certainement, il y a un fruit pour le juste, certainement il y a un Dieu qui juge sur la terre» (v. 11). «Lorsque tes jugements sont sur la terre, les habitants du monde apprennent la justice» (És. 26: 9). Ces terribles événements établissent le gouvernement et le juste jugement de Dieu sur la terre. La grâce nous a tirés hors du monde, nous chrétiens ; nous ne sommes pas du monde, comme Christ n’était pas du monde. Quant à notre délivrance, même du milieu des souffrances, Christ viendra et nous retirera hors du mal, en sorte que nous n’avons en aucune manière à chercher la destruction de nos ennemis ; mais, pour le résidu persécuté, il n’y a pas d’autre délivrance que par cette destruction : c’est pour eux la seule délivrance promise, qui en même temps, établit le gouvernement de Dieu sur la terre.

17               [Psaume 59]

Le Ps. 59 envisage plutôt les ennemis extérieurs. La même méchanceté se retrouve chez eux, mais la force du pouvoir humain est avec elle ; il faudra qu’ils passent sous le jugement eux aussi, afin que la méchanceté soit ôtée. Ce n’était pas le péché d’Israël contre les Gentils qui avait attiré sur le peuple l’oppression de leur part (bien que Dieu puisse châtier le peuple parce qu’il a péché contre Lui, en sorte que Dieu soit justifié) ; c’est pourquoi le résidu fidèle attend l’intervention de l’Éternel pour juger ces ennemis, et Lui jugera toutes les nations. Elles ne sont pas détruites, mais dispersées ; toutefois, pratiquement, comme puissance, elles sont consumées, et beaucoup d’entre elles sont mises à mort. Ce Psaume ne fait aucune mention d’un rétablissement de la bénédiction ; il s’agit ici de jugement, et d’un jugement qui se continue et n’est pas terminé. Ce jugement des ennemis orgueilleux et méchants sera poursuivi: quoique dans leur rage ils s’élèvent jusqu’au comble de la méchanceté, ils seront retranchés et consumés. Toutes les nations passeront sous ce jugement, mais particulièrement, je pense, la puissance apostate poussée par Satan, partiellement peut-être le roi du chap. 8 de Daniel. On remarquera que, dès que la position du peuple est envisagée en contraste avec les nations, le nom de l’Éternel est introduit. L’invocation personnelle est faite encore au nom de Dieu car le peuple est encore loin de Jérusalem (voyez vers. 3, 5, 8 pour le nom de l’Éternel ; et les vers: 1, 9, 10, 17 pour l’invocation personnelle). Le résultat de l’intervention de Dieu, c’est que Dieu domine en Jacob jusqu’aux bouts de la terre. Les versets 14 et 15 sont, je pense, une sorte de défi : que les nations entourent la ville comme des chiens affamés, le croyant chantera la puissance de Jéhovah ! La scène se passe à la fin de la tribulation.

Ce Psaume nous fait connaître une autre phase de la relation d’Israël avec le Messie, et nous montre comment David devint entre les mains de Dieu un instrument propre à dire les souffrances du Messie et du résidu. «Ne les tue pas, de peur que mon peuple ne l’oublie» (*) (vers. 11) : ce n’est pas le langage du roi, comme tel, mais celui de l’Éternel. Le seul cas où cette expression : «mon peuple», soit employée, se trouve en 2 Sam. 22: 44 et au Ps. 18: 43, où c’est Christ qui parle. Mais lorsque Christ est né, il est appelé Jésus, car il sauvera son peuple de leurs péchés (Matt. 1:21). Jésus a été la manifestation personnelle de ce qui était dit de l’Éternel: dans toutes leurs afflictions, il a été affligé, comme Ésaïe nous le montre au chapitre 63. C’est l’Éternel qui «apprend la langue des savants», selon És. 50 ; en sorte que là où les paroles : «mon peuple» ne sortent pas directement de la bouche de l’Éternel, ce qui arrive fréquemment, elles sont l’expression des sentiments de Christ s’associant en sympathie aux souffrances d’Israël, mais selon l’amour de l’Éternel pour son peuple. Ce sont ses sympathies comme homme, sans doute, car comment eût-il pu souffrir autrement ; mais cependant celles de l’Éternel lui permettent de sympathiser parfaitement aux souffrances d’Israël. Ainsi il pleure sur Jérusalem, disant : «Combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants !» Mais c’était l’Éternel. C’est pourquoi, bien qu’il puisse dire «notre bouclier» parce qu’en grâce il prend place au milieu des enfants, cependant, en disant : «notre», il donne à la requête toute la valeur et l’excellence de sa propre personne. Le «je» et le «moi» peuvent être souvent l’expression des sentiments de quelqu’un des fidèles du résidu, mais quand nous rencontrons des expressions comme celle-ci «mon peuple», nous nous trouvons, cela est bien clair, en présence d’un personnage qui est dans une autre position. Il ne s’agit pas de David seulement, qui dit toujours, comme Moise, à l’Éternel : «ton peuple», ce qui est parfaitement à sa place, mais il s’agit de quelqu’un qui, dans quelque affliction que ce fût, pouvait dire comme l’Éternel, — prophétiquement : — «mon peuple», entrer dans toutes leurs afflictions, et demander avec justice que Dieu intervînt en jugement. — Je pense que, quoique les ennemis soient ici les nations, l’intimité de ces nations avec les méchants d’entre les Juifs et leur alliance avec eux ressortent clairement de ce passage, comme en És. 66 : ils sont fondus ensemble en un seul système et dans une même condition de méchanceté.

(*) Quand David, par l’Esprit, a employé cette expression il n’était pas encore roi, en fait. Mais l’esprit de Christ en lui, parlait par anticipation, et évidemment en vue d’une autre époque. Remarquez aussi qu’ici, les désirs de la foi embrassent tout Israël quoique aucune délivrance, même celle des Juifs, ne fût encore accomplie.

18               [Psaume 60]

Au Ps. 60, le résidu reconnaît que Dieu l’a rejeté ; son seul espoir est que Dieu se retournera de nouveau vers lui. C’est ici ce qui constitue la justice d’Israël comme nation : nulle recherche d’un autre secours, nul esprit de rébellion ; mais l’acceptation de la punition de leur iniquité. Aussi Dieu a placé sa bannière en Israël ; il est leur Jéhovah-Nissi. Ils regardent maintenant vers lui, et la fin du Psaume nous montre Dieu, affirmant son droit au pays de la promesse. La victoire sera donnée à Israël par lui.

19               [Psaume 61]

Ps. 61. Le caractère principal de tous ces Psaumes, c’est la confiance en Dieu alors que tout est contre l’homme pieux. Plus les circonstances sont contraires, plus la confiance est absolue, mais Christ brille au travers de tout, prenant la place du juste sous la dépendance de Dieu. Il est vraisemblable qu’un grand nombre des Psaumes de ce livre ont été composés par David quand il fuyait devant Absalom. Cette confiance qui fait appel à Dieu est exprimée spécialement dans le Ps. 61. Nous n’avons pas ici une requête du juste contre ses ennemis, mais le juste succombant sous le poids du sentiment qu’il est rejeté, le juste criant à Dieu du bout de la terre, le coeur accablé par un déluge de maux, et attendant que Dieu le conduise sur un rocher trop haut pour lui, afin de le délivrer. Sa confiance est alors rétablie. Il se confie en un Dieu connu, quelles que soient ses souffrances du moment. Le vers. 5 est l’expression de la certitude présente qu’il a d’avoir été entendu. Ses voeux sont parvenus jusqu’aux oreilles de Dieu ; — une pleine bénédiction repose sur lui et sous cette bénédiction il acquittera ses voeux. Au vers. 6, il est évidemment question de David, quant à l’occasion, mais nos regards sont dirigés, je pense, vers quelqu’un de plus grand que David et vers la vie dans laquelle il est entré à perpétuité comme homme. Quoique le résidu pieux soit loin de Jérusalem, succombant sous le poids de l’affliction de son âme, le fait que le roi s’est trouvé dans la même position, encouragera les fidèles et affermira leurs coeurs ; son cantique deviendra le leur, et, qu’il l’ait chanté lui-même, sera leur consolation, lorsqu’ils auraient pu être accablés sous le désespoir. Bien que le fait que le résidu est chassé de Jérusalem soit l’occasion de notre Psaume, et soit senti par les fidèles, ce Psaume n’a pas en vue la méchanceté, mais la faiblesse de la nature, quand le coeur de l’homme est prêt à succomber.

20               [Psaume 62]

Le Ps. 62 est encore davantage l’expression de la confiance. Ce n’est plus le cri d’un coeur accablé, mais le regard s’élève librement en haut, en sorte que le coeur est en paix. L’âme s’attend à Dieu; elle n’a rien que lui, mais elle ne désire rien d’autre ; elle attend, et dit aussi : «Jusques à quand ?» (vers. 3). Dieu interviendra certainement au temps convenable ; alors on connaîtra à qui la puissance appartient. Ce Psaume est l’expression des sentiments personnels de chacun des saints du résidu. Jusques à quand vous jetterez-vous sur un homme ?» Quel est le but de ceux qui consultent ensemble contre lui... ? Pourquoi le haïssent-ils et cherchent-ils traîtreusement à le précipiter de son élévation, du lieu de bénédiction dans lequel Dieu a placé les fidèles en Israël ? Mais tout ceci, je n’en doute pas, a une application particulière à Christ comme à Celui qui a été réellement dans cette position et contre lequel ils ont mis en oeuvre toute leur méchanceté pour le faire déchoir de son élévation. C’est lui aussi qui invite le peuple (juif) à mettre sa confiance en Dieu, à répandre son coeur devant Lui, et qui, se plaçant avec les fidèles dans cette position, ne trouve pas seulement pour lui-même son refuge en Dieu, mais peut dire : «Dieu est notre refuge» (vers. 7, 8). En disant «mon refuge», il nous montre qu’il possédait réellement cette retraite ; mais ces «maskilim» (les intelligents, et pardessus tout, lui, le vrai intelligent) en instruiront plusieurs et en amèneront plusieurs à la justice (*). Les peuples sont invités à ne pas mettre leur confiance en ceux qui sont grands et usent d’oppression et de rapine, mais à Celui à qui appartient la force et auprès de qui est la bonté. Ils peuvent se confier en Lui comme en un Dieu de justice et vivre justement, n’étant pas séduits par la prospérité des méchants, car Adonaï «rendra à chacun selon son oeuvre». C’est le désir qu’ont les méchants de jeter par terre les pauvres du troupeau qui est l’occasion de ce Psaume, parce qu’après tout, les méchants ont le sentiment que l’excellence de Dieu est avec ceux-ci et avec Christ particulièrement. Mais il est aussi l’expression de la foi du fidèle et un avertissement pour le peuple de se confier en Dieu et non pas dans les grands de la terre. Ceux-ci sont élevés sur la terre, mais la vraie grandeur de la part de Dieu est avec Christ, et avec ceux qui marchent ainsi dans la crainte de Dieu et l’obéissance à la voix de son serviteur.

(*) Comp. Dan. 12: 3 et És. 53, où il faut lire, non pas : justifiera, mais «enseignera la justice à plusieurs, et lui il portera leurs iniquités.

21               [Psaume 63]

Ps. 63. Si le Ps. 61 était le cri d’angoisse, et l’encouragement à s’abandonner à lui, le Ps. 63 nous présente le désir du fidèle, toujours chassé et éloigné du sanctuaire — (quant à nous, nous pouvons parler ainsi du ciel, car nous y avons vu, par la foi, la force et la gloire), — mais ayant pour portion, par la foi en la gratuité elle-même, des chants de louange, même dans le désert, avec de la moelle et de la graisse pour se rassasier. C’est un Psaume admirable à ce point de vue, parce qu’il nous montre comment la connaissance de Dieu engendre la louange dans l’âme, pour tous les temps. — Deux choses sont mises en avant : d’abord, parce que la bonté de Dieu est meilleure que la vie, les lèvres du fidèle le loueront, quoique la vie dans le désert soit une vie de douleur ; ensuite, parce que Dieu a été son secours, il chantera de joie à l’ombre de ses ailes. Le vers. 8 nous en montre le résultat pratique : l’âme du fidèle s’est attachée étroitement à Dieu et sa droite l’a soutenue. Elle désire voir sa force et sa gloire (comme elle l’avait contemplé dans le lieu saint) ; elle est rassasiée comme de moelle et de graisse, et se réjouit ainsi, même dans les veilles de la nuit, lorsque loin des excitations du monde, elle est livrée à elle-même. Ceux qui cherchent la vie du juste pour la détruire, s’en iront dans le hadès, mais le roi se réjouira en Dieu. Ceux qui confessent son nom s’en glorifieront, mais la bouche de ceux qui parlent faussement et se sont détournés de lui, sera fermée. C’est encore le roi qui parle et le Psaume s’applique à Christ lui-même beaucoup plus qu’au résidu. Quant à lui il a désiré voir la gloire de laquelle il était descendu ; pour le Juif cette gloire était dans le temple ; pour nous, elle nous a été révélée en Christ, et nous la voyons, par la foi, dans le lieu saint où il est entré.

Il y a une différence entre ce Psaume et le Ps. 84 : dans ce dernier, nous trouvons le désir de retourner de nouveau dans le sanctuaire pour le visiter ; au Ps. 63, c’est la soif de Dieu lui-même ; là, les tabernacles de l’Éternel, d’un Dieu d’alliance, sont aimables ; ici, Dieu lui-même est un rassasiement de joie lorsqu’il n’y a point de tabernacles à visiter. Ceci est d’un profond intérêt moral (*).

(*) Pour Christ et pour le nouvel homme, le monde est un désert n’ayant rien pour rafraîchir l’âme ; mais la gratuité de Dieu étant meilleure que la vie, nous pouvons le louer pendant notre vie et notre âme peut être rassasiée comme de moelle et de graisse. Le saint n’est pas dans le sanctuaire, mais il a vu Dieu là et son désir est vers Dieu lui-même. Christ pouvait dire cela littéralement. Et nous, nous avons vu le Père en Lui.

22               [Psaume 64]

Le Ps. 64 parle principalement de l’incessante et artificieuse inimitié de l’ennemi, et fait requête à Dieu : «Dieu tirera sa flèche contre eux» (vers. 7). Ce jugement aura pour conséquence que tous les hommes craindront, raconteront les actes de Dieu et considéreront son oeuvre. Alors, car le jugement sera venu, le juste se réjouira en l’Éternel : son nom d’alliance est maintenant mentionné, le jugement ayant ôté la puissance du mal. Ceux qui sont droits de coeur se glorifieront : le jugement introduit ainsi le millénium.

23               [Psaumes 65 à 67]

Les Ps. 65 à 67 nous présentent la pleine et joyeuse confiance du fidèle qui sait être entendu, et compte sur la bénédiction, quoiqu’il n’y soit pas encore actuellement placé, tandis que jusqu’ici nous nous sommes trouvés en présence de la puissance du mal ou des supplications adressées à Dieu par ceux qui s’attendent à lui.

24               [Psaume 65]

Néanmoins les portes de la louange ne sont pas encore ouvertes au Ps. 65 ; la louange se tait dans Sion, mais pas à toujours, car les voeux seront accomplis. En attendant, si la louange se tait encore, Dieu écoute les prières et toute chair viendra jusqu’à lui. Il y a pleine confiance ! Quant à l’état actuel du peuple et du résidu — le résidu seul, au fait, a conscience de sa position, — les iniquités ont prévalu contre eux ; mais la confiance demeure inébranlable, Dieu en fera la purification. Bienheureux est l’homme qu’Élohim a choisi, — car tout est grâce, — et qu’il aura fait habiter dans ses parvis : ils seront rassasiés des biens de sa maison; ils en ont l’assurance et leurs coeurs sont satisfaits. Au vers. 5, il est fait mention du jugement qui intervient en faveur du résidu pour introduire la bénédiction: «des choses terribles de justice». La fin du Psaume célèbre les bénédictions de la terre quand Dieu interviendra ainsi en faveur de son peuple. Les fidèles, qui portaient encore le fruit de leurs péchés hors de Sion, sont amenés maintenant à ses portes, et, encore que la louange se taise dans Sion, sont prêts pour cette louange. Dieu n’a qu’à intervenir en jugement et en délivrance ; alors la louange s’éveillera. Élohim fera ces choses, lui qui seul bénit et gouverne toute la terre.

25               [Psaume 66]

Le Ps. 66 célèbre cette intervention de Dieu en justice. Les hommes sont invités à contempler les oeuvres de Dieu (vers. 5), de ce même Dieu qui a autrefois délivré Israël de l’Égypte (vers. 6). Le vers. 8 invite tous les peuples qui ont été mis en relation avec Dieu, à bénir le Dieu du résidu, c’est-à-dire d’Israël. Les fidèles avaient eu à traverser toutes sortes d’afflictions et d’oppression afin d’être éprouvés comme l’argent (v. 9-12) ; maintenant ils viendront à lui et le loueront. Ils avaient crié à lui, ils avaient été droits, ils avaient été exaucés et avaient trouvé grâce ; leur prière n’avait point été rejetée et la bonté de Dieu ne s’était point détournée d’eux. C’est ainsi qu’après les souffrances (souffrances qu’ils reconnaissent maintenant comme le fruit des voies et de la main puissante de Dieu envers eux), il s’est élevé une lumière pour les justes, dans l’obscurité ; ils peuvent acquitter les voeux faits au temps de leur détresse, et dire à d’autres la bienheureuse et assurée délivrance du Seigneur qui prend soin des justes et a, en vérité, entendu leur cri. Toutefois, c’est une délivrance par des actes terribles de justice de la part de Dieu, manifestant son intervention en jugement dans le gouvernement de ce monde. Nous voyons ici, comme dans beaucoup d’autres Psaumes, et bien qu’un passereau ne tombe pas en terre sans sa volonté, que c’est dans le résidu juif que Dieu manifeste son gouvernement du monde, de même que c’est de ce résidu, comme le montrera le Psaume suivant, que découle la bénédiction de la terre.

26               [Psaume 67]

Le Ps. 67 termine cette courte série de Psaumes en exprimant l’attente de la bénédiction du résidu, non pas seulement comme la juste et miséricordieuse réponse à la requête des fidèles, mais comme le moyen de répandre la connaissance de Dieu par toute la terre. «Que Dieu use de grâce envers nous,... pour que ta voie soit connue sur la terre» ; ainsi tous les peuples célébreront Dieu et la terre sera jugée et gouvernée avec droiture. Elle donnera son fruit, la bénédiction de Dieu sera sur elle, et, comme Dieu du résidu pieux qui s’est confié en lui, il bénira les fidèles. Le résultat est résumé dans le dernier verset : «Dieu nous bénira et tous les bouts de la terre le craindront», car la repentance d’Israël est le moyen de bénédiction, une vie d’entre les morts pour le monde (Rom. 11: 15).

27               [Psaume 68]

Ps. 68. Ce Psaume fait suite aux précédents, car il célèbre l’introduction d’Israël dans la position que ceux-ci nous ont dépeinte ; mais il a un caractère particulier et forme un tout en lui-même. Il rappelle tout d’abord les paroles que Moïse prononçait au départ de l’arche, lorsque le camp d’Israël s’ébranlait dans le désert sous la conduite de Dieu, la nuée s’élevant et marchant devant lui. Il en est de même maintenant. Dieu prend place devant son peuple. Le Psaume s’ouvre avec une grande majesté : «Que Dieu se lève, que ses ennemis soient dispersés» ; comme de la cire devant le feu, les méchants périront devant lui. Que les justes se réjouissent et exultent en sa présence et qu’ils tressaillent de joie, car il apparaîtra pour la confusion du fort qui s’oppose à lui, et pour la gloire du pauvre qui marche dans la justice. Ceci met clairement en relief l’intention de notre Psaume ; mais, si nous lisons plus loin, nous y trouvons de plus un magnifique développement du caractère de Celui qui intervient ainsi : il est le Père des orphelins, le juge des veuves ; il fait habiter en famille ceux qui étaient seuls, mais les rebelles demeurent dans une terre aride. Le jugement est la vraie et miséricordieuse délivrance du Dieu bienheureux, et maintenant son peuple peut chanter sa gratuité. Ensuite, l’histoire du peuple est rappelée (vers. 7) ; tel Dieu a été lorsqu’il le tira d’Égypte. Au Sinaï, la terre trembla à cause de sa présence, mais il fit tomber sur son héritage une pluie rafraîchissante; il rétablit son peuple fatigué, lorsqu’il eut préparé ses biens pour l’affligé. Maintenant, des faits présents disaient ces choses plus puissamment encore au coeur des fidèles : «Le Seigneur donna la parole : grande fut la foule des femmes (des filles d’Israël) qui répandirent la bonne nouvelle» (vers. 11). Les rois se sont enfuis en hâte. Quelle subite et complète délivrance ! Celle qui demeurait dans la maison, la femme la plus paisible, partage le butin, car le Seigneur a opéré. Alors Israël apparaît dans toute sa beauté, bien qu’il eût été dans la pauvreté et la misère (*) : Au milieu de toutes les prétentions et de toutes les luttes des nations, la volonté de Dieu jette un défi à ces prétentions de la puissance humaine : «Pourquoi, montagnes à plusieurs sommets, regardez-vous avec jalousie la montagne que Dieu a désirée ?» Sion était la montagne de Dieu et l’Éternel veut y demeurer pour toujours. Il a dispersé les rois pour l’amour de ses saints et Il veut demeurer au milieu de ceux-ci. Mais d’où vient cette grande délivrance ? Le Seigneur est monté en haut, il a reçu des dons comme homme et pour les hommes, — même pour Israël, le rebelle, dont il est maintenant question, afin que Jah habitât au milieu de ce peuple : c’est pourquoi il célèbre le Dieu de sa délivrance, car son Dieu est un Dieu de salut, et avec quelle puissance de vérité et d’expérience Christ n’a-t-il pas rendu témoignage à cela! Mais ils étaient toujours des hommes mortels sur la terre. Leur délivrance était terrestre et temporelle, quoiqu’elle fût la délivrance de saints; mais lui serait toujours leur conducteur, même jusque dans la mort, — il détruirait les méchants ! La vraie cause de toute cette explosion de joie, de cette exultation dont le coeur est trop plein pour en parler plus tranquillement, est ensuite indiquée: Israël est rétabli en puissance, ses ennemis sont détruits, l’ordre magnifique de son temple est restauré ; les tribus y montent, les rois apportent des présents. Dieu a ordonné sa force, et le peuple compte sur Dieu pour maintenir ce qu’il a opéré (vers. 28). Puis vient l’assujettissement de tous les ennemis et de tous les puissants. Des princes viendront d’Égypte, et Cush étendra ses mains vers Dieu. Tous les royaumes de la terre sont invités à chanter les louanges du Seigneur. La force est à Dieu, mais sa majesté, ce en quoi il est glorifié, est sur Israël, et, dans les nuées, du lieu de sa demeure en puissance, sa force veille sur son peuple. C’est la pleine restauration de la bénédiction et de la gloire d’Israël, et plus même que la restauration, — tout cela, en conséquence de l’exaltation du Seigneur, afin qu’il reçoive des dons comme homme. Mais dans cette intervention de Dieu en puissance de jugement pour la bénédiction du résidu, en jetant par terre tout pouvoir humain et toute arrogance de la volonté de l’homme quand Dieu se lève devant son peuple terrestre et disperse ses ennemis, il y a à relever des détails de la plus grande importance : Premièrement, nous trouvons le nom de «Seigneur» (Adonaï). Le nom de «Jah» se trouve bien dans les versets 4 et 18, mais c’est toujours du «Seigneur» qu’il est parlé. Ce n’est pas le nom d’alliance, quoique Jah le rappelle, mais un nom qui implique la puissance en exercice. Il s’agit de seigneurie et d’une seigneurie divine. Je crois que c’est ce que nous trouvons chez Thomas quand il dit : «Mon Seigneur et mon Dieu». C’est autre chose que : «Dis à mes frères : Je monte vers mon Père et votre Père». C’est Dieu, mais manifesté en puissance comme Seigneur, ainsi qu’au Ps. 2 : «le Seigneur s’en moquera». Seulement là il n’est pas encore redescendu, tandis qu’ici son ascension est envisagée comme ayant eu lieu. Ce n’est pas Dieu, comme tel, qui donne, mais Celui qui est Seigneur est monté et a reçu des dons comme homme et dans l’homme. Il les a reçus dans son caractère adamique (dernier Adam) ayant emmené captive la captivité (Actes 2: 33-36). Il est ici l’homme monté en haut, quoiqu’il soit beaucoup plus, et, ayant reçu les dons comme Tête humaine glorifiée, il les distribue (voir Éph. 4), mais bien que, comme homme, ce soit pour l’homme et dans l’homme, il s’y a joute encore un caractère spécial : «même pour les rebelles, afin que Jah, Dieu, ait une demeure». Ici, le résidu, l’Israël de notre Psaume, apparaît. L’apôtre ne cite pas cette dernière partie, mais s’arrête au fait que les dons sont reçus par Lui pour l’homme. Dans le Psaume suivant, nous trouverons son humiliation — (quel contraste !) — mais combien elle est loin d’être moins glorieuse ou d’un moins grand intérêt pour le coeur qui a appris et sait qui Il est !

(*) La force de l’expression employée au verset 13 est controversée, mais je ne doute pas qu’elle ne s’applique aux étables des moutons et du bétail.

28               [Psaume 69]

Ps. 69. L’état d’âme dont ce Psaume est l’expression demande la plus grande attention et un patient examen. Jusqu’ici, nous avons eu toujours le résidu d’Israël devant nous, ou Christ lui-même associé à ce résidu : il en est de même au Ps. 69. Celui qui parle est David tout d’abord, sans doute, mais en réalité un plus grand que lui. L’état qui y est décrit est celui de quelqu’un qui est dans la plus grande détresse, enfoncé dans une boue profonde ; il a à peser devant Dieu la folie et les fautes qui sont l’occasion de ce triste état. Il est environné de nombreux et puissants ennemis qui le haïssent sans cause. Quoi qu’il en soit des péchés qu’il envisage, lui, personnellement, a été fidèle ; le zèle même de la maison de Dieu l’a dévoré, et il souffre l’opprobre pour l’amour du Dieu d’Israël. C’est pourquoi il demande que son état ne soit pas une pierre d’achoppement pour d’autres, lorqu’ils verront qu’un tel fidèle a été plongé dans l’angoisse et la détresse les plus extrêmes. Cependant il n’est pas abandonné de Dieu; bien au contraire, sa prière s’adresse à Dieu en un temps agréé ; il s’attend à être exaucé selon la grandeur de Sa bonté et la vérité de Son salut. Ses ennemis sont le sujet de sa plainte, cependant il se voit lui-même frappé de Dieu et placé au milieu de ceux que Dieu a blessés (vers. 26). Son désir est la vengeance contre ces hommes : ce n’est pas le témoignage de la grâce.

Tout cela répond parfaitement à la condition du fidèle au milieu du résidu d’Israël : il reconnaît ses péchés, — tous les péchés de son peuple ; cependant il souffre l’opprobre et une inimitié sans cause pour l’amour du Dieu d’Israël ; plus il est fidèle, plus il souffre. Cependant la foi lui fait savoir qu’il prie le Dieu d’Israël en un temps agréé (c’est le caractère des derniers Psaumes que nous venons de parcourir), mais il est dans la détresse la plus profonde ; ses yeux se consument pendant qu’il attend son Dieu. Son intérêt pour Israël, sa soumission aux outrages, font de lui le sujet de leur mépris. Il demande la destruction de ses adversaires et de ses persécuteurs qui n’ont point de pitié, qui n’en veulent point, assuré que le Seigneur écoute les pauvres et ne méprise pas ses prisonniers. Toute la création est invitée à le célébrer, car Dieu sauvera Sion et bâtira les villes de Juda, afin qu’ils y habitent et qu’ils les possèdent ; la semence de ses serviteurs l’héritera et ceux qui aiment son nom y demeureront. Tout ceci est exactement la position et le sentiment du résidu fidèle — les maskilim. Mais au verset 21 et même au 9°, quoique ce dernier soit d’une application plus générale, nous trouvons ce qui a été littéralement accompli en Christ. L’emploi que fait l’épître aux Romains du verset 22, nous amène à la même conclusion ; c’est aussi à Christ que plusieurs autres versets trouvent leur application la plus parfaite, tout en étant applicables à d’autres personnes. Qu’on le remarque bien cependant : dans ce Psaume, Christ ne parle en aucune manière comme abandonné de Dieu. Aussi, quoique ce soit à la vie de Christ qu’il se rapporte, et que cela puisse s’étendre jusqu’aux souffrances de la croix, on n’y trouve, comme nous l’avons vu, aucune allusion à la grâce et à la miséricorde qui en découlent. Ce sont les souffrances de la part de l’homme qui nous sont présentées dans ce Psaume, et non point l’abandon de Dieu : aussi n’annonce-t-il point la grâce en vertu de la justice, mais il appelle le jugement sur l’homme. Cependant les péchés y sont confessés devant Dieu, et celui qui endure les persécutions est quelqu’un que Dieu a frappé. C’est à cause de cela qu’il m’est impossible de ne pas voir, dans ce Psaume, Christ entrant de coeur et de pensée, — après sa vie juste, à cause de laquelle il a souffert l’opprobre (et dont il fait le récit en rapport avec les grands principes qui l’ont dirigée), dans les maux et la détresse qu’Israël avait attirés sur lui selon les lois du gouvernement de Dieu. Il ne s’agit point toutefois ni d’abandon, ni de rejet, car c’était la part de Christ seul, comme portant le péché, et en faisant l’expiation. Cependant Israël est battu de Dieu et blessé par Lui, et Christ y est entré selon les sympathies de son coeur, parce que, bien que ce ne soit pas le sujet généralement traité dans ce Psaume, il a été battu de Dieu dans le sens le plus élevé et le plus absolu. La persécution par les Juifs est le grand sujet présenté ici ; mais la personne persécutée était frappée de Dieu et sentait ce qu’il y avait de terrible dans la méchanceté qui n’avait qu’insulte et outrage pour Celui que l’amour et le dévouement avaient amené à prendre cette coupe amère que nous avions remplie de nos péchés. Christ était frappé de Dieu sur la croix et sentait profondément l’opprobre et la honte qui lui échurent là.

Quant aux fautes rappelées dans le vers. 5 (*), je pense qu’elles sont en rapport avec le gouvernement de Dieu en Israël : le fait que c’est Dieu qui frappe, y est bien mis en saillie, mais la puissance expiatoire de ce fait n’est nullement le sujet de ce Psaume. C’est pourquoi il fait appel au jugement ; ce n’est point le fruit de l’expiation (comparez le Ps. 22). Mais pour cette même raison, ce Psaume nous fait plus pleinement comprendre toutes les souffrances personnelles de Christ, en omettant celles dans lesquelles il demeure absolument et entièrement seul dans son oeuvre de propitiation et d’expiation. — Ne nous eût-il été révélé que cette portion de ses souffrances, elle est d’une grandeur telle qu’elle aurait éclipsé toutes celles à travers lesquelles il eut à passer personnellement comme homme en ces jours-là. Dieu en soit béni, ce que nous trouvons dans ce Psaume, c’est ce qui accompagnait le grand fait qu’il fut battu de Dieu.

(*) De plus, comme nous l’avons déjà remarqué, l’identification avec la victime et la confession des péchés sur sa tête, n’étaient en aucun cas l’acte de l’expiation. C’était simplement l’indication de ce qui devait être expié.

29               [Psaume 70]

Le Ps. 70 est l’expression du désir de l’Esprit de Christ, en rapport avec les souffrances qu’il a endurées de la part de l’homme, mais avec la forme que ce désir prendra chez le résidu au dernier jour : Que ses ennemis soient confondus, eux qui disent : ha ! ha ! — comme ils le firent quand il était sur la croix ; — que ceux qui cherchent l’Éternel s’égaient et se réjouissent en Lui, et que ceux qui aiment son salut — en d’autres termes, ceux qui jouissent de ce salut — disent continuellement : Magnifié soit Dieu ! En ce qui le concerne, il est satisfait, à cause de cela, d’être affligé et pauvre comme homme sur la terre, et de ne pas avoir d’autre part jusqu’à la fin. Il se confie en l’Éternel qui est son secours et son libérateur, et sait qu’Il interviendra. Il lui demande de ne point tarder. Ce langage peut se trouver, sans doute, dans la bouche d’un saint quelconque du résidu, mais il résume parfaitement le principe d’après lequel l’Esprit de Christ parle, dans les saints, lorsque Christ s’associe personnellement à leurs tribulations: par là, il nous fournit une clef pour l’intelligence de ces Psaumes. On remarquera que le nom d’alliance : «l’Éternel», est introduit à partir du vers. 13 du Ps. 69.

30               [Psaume 71]

Le Ps. 71, composé, je le suppose, ainsi que plusieurs autres Psaumes de ce livre, pendant la fuite de David lors de la révolte d’Absalon, présente, à mon avis, le résumé de toutes les voies de Dieu envers Israël depuis le commencement de son histoire ; il célèbre les soins fidèles de ce Dieu de bonté et de compassion et lui adresse une instante requête pour qu’il n’abandonne pas maintenant son peuple. Je ne doute point que Christ n’entre ici, comme toujours, en esprit dans tous ces sentiments (voir le vers. 11), mais l’expression que nous en trouvons ici ne saurait s’appliquer à Christ personnellement. Vers la fin de sa vie, il connut à la vérité des épreuves exactement semblables, seulement elles étaient plus profondes, et n’avaient été amenées sur lui par aucune faute; ici, les expressions de notre Psaume s’appliquent aux anciens temps de l’histoire du peuple, que la grâce fidèle du Saint d’Israël fera remonter comme des lieux profonds de la terre.

31               [Psaume 72]

Avec le Ps. 72 nous arrivons, non aux souffrances et aux combats de David, mais au parfait établissement du règne de paix et de la bénédiction royale. Le Psaume nous présente le Fils de David, source et garant des bénédictions millénaires ; il est d’ailleurs si clair, qu’il ne me semble pas demander beaucoup d’explications. Nous y trouvons le roi à qui Dieu donne ses jugements et qui est en même temps le fils du roi, le fils de David, dans son règne de justice et de paix, comme Salomon ou Melchisédec. Son royaume s’étend aussi loin que s’étendait la promesse, mais tous les rois du dehors doivent se prosterner devant lui. Des bénédictions de toute sorte accompagnent ce règne de justice. La déclaration qu’on priera pour lui continuellement, montre simplement que les bénédictions dont on jouira par son moyen porteront les coeurs à désirer et à demander la continuation de sa gloire et de sa puissance. Je pense que, tout en ayant trait littéralement à Salomon, cela s’applique aussi à Christ, régnant comme vrai homme sur la terre. Le verset 17 prouve, selon moi, qu’il ne faut point voir dans ces prières l’indice de quelque incertitude touchant la durée du roi, mais bien les effets de son gouvernement sur les coeurs de tous ceux sur lesquels il règne. Je pense qu’il y aura à Jérusalem un prince de la maison de David, mais le Psaume me paraît aller plus loin que lui.

 

Ici se termine le second livre. Il nous a montré les fidèles chassés hors de Jérusalem, la détresse qu’ils éprouvent, et la confiance qui les anime dans cette position, tout cela finissant par la certitude et la ferme espérance de leur rétablissement. Nous y avons vu ensuite la délivrance apportée par le Messie, son humiliation préalable, sa personne glorieuse, mais dans l’humiliation, mise en lumière, et enfin le gouvernement royal de l’homme établi en Israël. Cela met fin aux voies de Dieu envers le résidu, envisagé comme séparé du reste de la nation.