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Le BAPTÊME

 

 

par J.N. Darby

 

Table des matières :

1     Le Baptême : Le Jourdain ou la mer Rouge ?

2     La mer Rouge

3     Issue certaine ou incertaine ?

4     Le Baptême : Point de départ de la course dans le monde

5     Les Baptême dans les épîtres - Vue rapide

5.1      Romains

5.2      Éphésiens

5.3      Colossiens

6     Le Jourdain comme type — Accès aux lieux célestes

7     Le Baptême correspond à la mer Rouge, non pas au Jourdain

8     Le Baptême dans les épîtres : vue plus détaillée

8.1      Romains

8.2      1 Corinthiens

8.3      Colossiens

8.4      Éphésiens

9     Ce que le type du Jourdain a de plus que celui de la mer Rouge

10     Position en Christ et marche sur la terre

11     La Baptême ne préserve pas de tomber — Distinction entre l’église (vrais croyants) et la profession chrétienne

12     Les origines du Baptême

13     Ce que signifient : «être sauvé» - le salut

 

 

Les sous-titres ont été ajoutés par Bibliquest ; Notes and Comments, vol. 2, p. 140-153,

 

1                    Le Baptême : Le Jourdain ou la mer Rouge ?

Le baptême n’est jamais figuré par le Jourdain, mais par la mer Rouge. Il nous amène là où nous trouvons la nourriture et la boisson spirituelles, et c’est dans le désert que nous les trouvons. En Canaan, il n’y en a plus, la manne cesse, et le peuple mange le vieux blé du pays. Près du Jourdain, nous sommes tout près du ciel, et le passage du Jourdain nous y conduit. Le baptême ne nous amène pas à la jouissance des privilèges célestes, mais à la jouissance des provisions que Dieu nous donne pour le chemin terrestre, la délivrance du monde gouverné par Satan ne nous introduisant pas dans le lieu de l’habitation de Dieu.

 

2                    La mer Rouge

Ce sujet demande à être développé plus longuement. Le sang exprime le jugement de Dieu contre les pécheurs, qui constituent pourtant son peuple, alors qu’ils sont encore en Égypte. À travers bien des épreuves, ils parviennent à la mer Rouge, où ils sont délivrés de leur ancienne condition. Leur rédemption est complète ; elle est même une figure de la délivrance finale, puisque les Égyptiens sont détruits. Mais, bien que la délivrance soit complète et qu’ils soient conduits jusqu’à Dieu, ils restent dans le monde, alors même qu’il est jugé. Le monde reste pour eux un désert, bien qu’ils y trouvent la manne, l’eau, les grappes de raisin et la direction pour suivre leur chemin. Il ne s’agit pas là d’une position céleste, mais de la position propre à Israël ou, par analogie, de celle de l’église sur la terre (bien qu’elle ait une espérance céleste).

Après le passage de la mer Rouge, c’est Mara, la manne, les cailles, l’eau du rocher, Amalek, autant de scènes du désert ; puis la fête de Jéthro avec Aaron et Moïse, et le retour de Séphora. Cette vie dans le désert est la conséquence immédiate du passage de la mer Rouge. Le chant du cantique de Moïse exprime que nous sommes conduits à Dieu, que les ennemis seront aussi tranquilles qu’une pierre, et que nous nous dirigeons vers le lieu où les mains de Dieu ont établi son habitation. Ils furent baptisés pour Moïse, mais Moïse lui-même n’est jamais entré en Canaan. Le désert est la place où la responsabilité de l’homme est mise à l’épreuve jusqu’à son arrivée en Canaan ; c’est la figure présentée par 1 Cor. 10:1-13. Ils ne furent pas baptisés pour Moïse dans le Jourdain.

 

3                    Issue certaine ou incertaine ?

Bien que la rédemption soit complète, les personnes sorties hors de la mer Rouge sont désormais elles-mêmes responsables de persévérer jusqu’au but. Cela suppose qu’elles pourraient ne pas atteindre le but du voyage. Les ressources de la grâce les garderont, si leur foi est réelle, mais leur bénédiction est conditionnelle : «si», comme en Colossiens 1, en Hébreux ou en 1 Cor. 9 et 10. La position extérieure est bien fondée sur la mort de Christ, sur une entière délivrance, mais elle est mise à l’épreuve en chaque individu. Cette mise à l’épreuve apparaît même dans les Colossiens, mais non pas toutefois dans les Éphésiens, où il n’est question du baptême qu’en relation avec la profession de la foi et la seigneurie de Christ. L’épître aux Éphésiens parle du combat, du gouvernement, de l’armure de Dieu qui rend capable de tenir ferme au mauvais jour, mais non d’un voyage dont l’issue est incertaine, bien que je sois sûr de tomber si je ne compte que sur moi-même ; et même si cela arrivait, je serais assuré d’être porté par un Autre. Tout, dans cette épître, est absolument ferme, et c’est sur cette base que le croyant est mis à l’épreuve.

 

4                    Le Baptême : Point de départ de la course dans le monde

Le baptême se place sur le terrain de la rédemption par la mort de Christ, et pas seulement de la protection du jugement par le sang sur les poteaux. Par le baptême, je vais plus loin : je suis amené à avoir part à («être baptisé pour») Sa mort, extérieurement, et de là je suis appelé à marcher en nouveauté de vie. Je me tiens moi-même pour mort, si je suis vrai, si bien que je suis alors identifié à Lui dans la ressemblance de sa résurrection. Je suis appelé à me tenir moi-même pour mort au péché et pour vivant à Dieu en Lui. Je commence ma course dans ce monde sur le terrain béni de la rédemption, responsable de me tenir moi-même pour mort au péché (*) et vivant à Dieu, et pour me présenter à Dieu comme vivant d’entre les morts. Et quel privilège béni de traverser un tel monde, libre par la rédemption, pour vivre pour Dieu et le servir ! L’Esprit de Dieu m’est donné, et si cela est réel, cela finira certainement bien.

 

(*) Ceci cependant est une réalité pour les chrétiens sur la base de l’intelligence spirituelle qu’ils possèdent. Le baptême les associe seulement avec la mort de Christ, extérieurement ; ils doivent alors se tenir pour morts au péché. Mais il n’est pas parlé d’être crucifié avec Christ tel que nous le trouvons ailleurs («je suis crucifié») : ce fait est possible seulement quand la foi est réelle.

 

5                    Les Baptême dans les épîtres - Vue rapide

5.1   Romains

Romains 6 va plus loin encore : il présente la mort de Christ comme la mort pour le péché, et nous applique l’état de l’homme Christ Jésus, homme sans péché, mort et ressuscité. Nous sommes aussi baptisés pour Sa mort, pour avoir une part en elle ; nous sommes vivants à Dieu dans le Christ Jésus ressuscité (donc vivants à Christ ressuscité  — non pas vivants à la loi), le péché ne régnant plus sur nous. L’homme dans la chair était vivant, il est passé dans la mort, avec Christ, et il est identifié à Lui dans la ressemblance de sa résurrection pour marcher en nouveauté de vie. Mais on ne trouve pas de résurrection avec Lui à proprement parler.

5.2   Éphésiens

L’épître aux Éphésiens considère la chose d’une manière tout à fait différente : elle ne parle du baptême, au chap. 4, que comme signe extérieur d’une profession, en contraste avec l’unité du corps. Dans ce passage, nous n’avons pas à mourir, ni ne sommes morts parce que nous vivions dans le péché, mais nous étions morts dans nos péchés et nous sommes vivifiés ensemble avec Lui, ressuscités ensemble, assis ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus. C’est pourquoi cette épître ne parle pas de notre justification, mais d’une nouvelle création ; nous sommes ce que Dieu fait de nous en Christ, son Artisan : nous étions morts, Christ est venu en grâce ici-bas pour nous, accomplissant l’oeuvre de la rédemption, ôtant le péché, et nous introduisant avec Lui dans une nouvelle position.

5.3   Colossiens

La doctrine de l’épître aux Colossiens se situe entre celle de l’épître aux Romains et celle de l’épître aux Éphésiens. Une espérance est conservée dans les cieux (1:23 ; 1:27). Nous sommes ressuscités avec Lui (non pas seulement une nouvelle création), pardonnés de toutes nos fautes et appelés à avoir nos affections en haut où Christ est assis (cela ne signifie pas être en Lui, puisque notre vie est cachée avec Lui là-haut : 3:1-3). Christ est notre vie, Il est en nous, nous sommes parfaits en Lui (en Lui, non parce que nous sommes assis dans des places célestes, mais parce que nous sommes parfaits). Nous sommes morts, ressuscités avec Lui, mais encore sur la terre, non pas seulement délivrés de notre ancien état, mais participant au nouvel état parce que nous avons la vie du ciel, où Il est assis. Il n’est pas question de l’union réalisée dans le corps par le Saint Esprit, mais de vie. Il est question du caractère de la vie, de la vie de Christ et en Christ dans les cieux, mais non d’union : nous siégeons là en Lui par le Saint Esprit.

 

6                    Le Jourdain comme type — Accès aux lieux célestes

À la mer Rouge, Dieu délivre et sauve son peuple ; il juge aussi le mal manifesté par les hommes. Dans les deux cas, il agit dans ce monde. Mais au Jourdain, l’homme responsable dans ce monde, pieux ou impie, disparaît. Nous devions assumer notre condition de responsabilité, et maintenant nous rencontrons la mort. Les pierres du mémorial sont dans le Jourdain. Mais nous rencontrons la mort dans le lieu même de la mort, parce que nous étions loin de Dieu. Non seulement nous subissions le jugement que Dieu avait prononcé, mais nous étions loin, abandonnés de Dieu. L’Arche vint ici-bas, elle nous tira hors de la mort, à travers la mort, et nous introduisit dans les cieux où Christ est allé après avoir glorifié Dieu. Moïse est une figure de la responsabilité légale : il vit dans le monde, meurt et n’a d’autre relation avec le pays qu’une vision lointaine, comme un homme mort, hors du monde, contemplerait les choses qui y sont ; il n’est pas une nouvelle création. Ici, Christ n’est pas vu versant son sang, ni comme le Rédempteur au lieu même du jugement. Il prend la place de l’homme à travers la mort, y étant entré, et nous associant à Lui, la traversée du désert étant terminée, c’est-à-dire la vie ici-bas, et nous introduisant dans les lieux célestes en Lui. Le symbole du baptême n’a rien à faire avec cela. La signification du baptême, dans les Colossiens, implique notre résurrection avec Christ par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité, mais nous place sur la terre où nous éprouvons nos affections et vivons notre espérance, appelés à être bientôt dans les cieux, mais étant encore sur la terre. Notre union à Christ par le Saint Esprit n’est pas figurée par le baptême.

L’épître aux Romains donne une conclusion : vivre dans l’obéissance et la droiture ici-bas. Celle aux Colossiens présente une autre conséquence de notre position : vivre en esprit dans les cieux. Celle aux Éphésiens constate que nous sommes assis dans les lieux célestes. Ce qui est toujours en vue, c’est la présence et la puissance de Christ qui opère en nous sur la terre pour faire de nous des instruments de Dieu ici-bas.

En un mot, le Jourdain est la mort qui sépare du monde ceux qui le traversent et leur ouvre l’accès des lieux célestes qu’ils partagent avec un Christ glorifié. La mer Rouge est la mort qui rachète, délivre, et engage à vivre pour Dieu dans ce monde, et les «si» demeurent. La mer Rouge délivre et engage la responsabilité de celui qui vit dans ce monde ; s’il a la vie, il atteindra le but. Le Jourdain est la mort à tout cela et l’entrée en Canaan pour être uni à Christ.

 

7                    Le Baptême correspond à la mer Rouge, non pas au Jourdain

Le baptême correspond au passage de la mer Rouge, non du Jourdain, en incluant la pensée supplémentaire de la résurrection, nos péchés étant laissés derrière nous : «nous ayant pardonné toutes nos fautes» (Col. 2:13). Je marchais dans mes péchés, quand je vivais en eux ; maintenant j’ai dépouillé le vieil homme et revêtu le nouveau. C’est un acte individuel, la réception intérieure d’une profession : «un seul Seigneur, une seule foi» (Éph. 4:5). Il n’est pas question de conflit avec les puissances spirituelles de méchanceté ni de la conquête de Canaan. En Égypte, il y avait des esclaves, non des combattants ; en Canaan, il y a les hôtes du Seigneur. Dans le désert, les Israélites sont avec Dieu pour leur bien ; en Canaan, ils sont en face de Satan pour Dieu. Par conséquent, la signification du baptême va plus loin dans les Colossiens que dans les Romains, mais ne nous place pourtant jamais au-dessus du corps de Christ, ni dans le corps, ni dans l’unité du corps. Le baptême sauve, si nous lavons nos péchés en Lui, et si nous allons dans la mort en Lui, et Col. 2 ajoute que nous sommes ressuscités ; c’est donc un acte individuel. L’assemblée n’est pas appelée à mourir. Elle est première-née dans la nouvelle création, et quand nous sommes ressuscités dans le baptême, c’est par la foi en Dieu et par la résurrection de Jésus Christ ; mais ce n’est pas l’entrée dans les lieux célestes. Il n’y avait pas d’arche dans la mer Rouge, ni de pierres dressées en son milieu ou tirées d’elle pour être un mémorial. De même, Paul n’a pas été envoyé pour baptiser, et, sans abroger le baptême évidemment, nous appelle avec soin, tels que nous sommes, baptisés ou non ; mais il a reçu une révélation au sujet de la cène, qui est le symbole de l’unité du corps pour ceux qui y participent.

 

8                    Le Baptême dans les épîtres : vue plus détaillée

J’ai ajouté ici ou là quelques notes pour bien m’expliquer sur le baptême et la nature des épîtres. Il est clair que le baptême, bien qu’il parle aussi de la résurrection en présentant Christ comme notre vie, ne nous sort jamais de ce monde, mais nous place dans une position de responsabilité, comme il est écrit : «afin que… nous marchions en nouveauté de vie» (Rom. 6:4).

Dans l’épître aux Colossiens, il est écrit : «si du moins vous demeurez dans la foi, fondés et fermes» (Col. 1:23). De là la force de l’avertissement dans 1 Cor. 10:2, 5 : «… tous ils ont été baptisés… Mais Dieu n’a point pris plaisir en la plupart d’entre eux». Nous sommes appelés à marcher dans ce monde comme morts et vivant de nouveau, étant dans le désert, mais le baptême ne va pas plus loin. De là vient l’expression concernant l’église visible extérieurement : «un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême» (Éph. 4:5). Et nous avons une bonne conscience par la résurrection : «Lève-toi et sois baptisé, et te lave de tes péchés, invoquant son nom» (Act. 22:16) ; nous sommes reçus parmi le peuple de Dieu responsable dans ce monde, comme les ouvriers dans la vigne. Le désert, le monde, est un endroit où les résultats servent de test. Les promesses de la foi sont sûres, nous sommes faits compagnons de Christ, «si» — dans cet aspect des choses — nous regardons à Lui, étant dans ce monde, dans un désert. Cela n’enlève rien au plein réconfort de la promesse et de la fidélité de Dieu envers la foi, mais c’est le caractère des épîtres aux Colossiens, aux Hébreux et de Pierre.

8.1   Romains

L’épître aux Romains présente un caractère particulier. Elle décrit le terrain sur lequel se trouve l’individu, l’origine et la nature de cette place. Elle ne traite pas de la profession chrétienne, sauf dans quelques exhortations, mais de la nature des choses et de leur réelle valeur. Quant au baptême, elle exprime son vrai caractère, la mort au péché : nous avons été baptisés pour la mort de Christ. En face du péché, je dois me tenir moi-même comme un homme mort : j’en ai fini avec lui. Dans le baptême, j’abandonne ce que je suis. Cela implique que Christ est mort et ressuscité, fondement de notre justification (chap. 3 et 4). Christ a accompli son travail. Notre profession est d’aller dans la mort pour avoir une part en elle pour ne plus vivre dans le péché. Dans le baptême, il n’y a allusion ni à l’église, ni au corps, ni à la maison, ni à la profession chrétienne (sinon en exhortations), mais on y trouve l’expression de la place individuelle du croyant.

8.2   1 Corinthiens

La première épître aux Corinthiens s’adresse à «tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre seigneur Jésus Christ» (1:2), ceux-ci étant supposés sincères et placés dans la position de saints, et cependant la question de leur sincérité est posée. Le problème de la position et de sa réalisation publique est examiné au chap. 10. Il est parlé du corps au chap. 12. Il est question de la profession responsable — «saints appelés, avec tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre seigneur Jésus Christ» — au chap. 1. Il est parlé du sage architecte, mais aussi de la possibilité de trouver du bois, du foin, du chaume, et des corrupteurs, au chap. 3, et du résultat, le mélange des matériaux bons et mauvais, avec l’espérance que tout sera bien à la fin, mais avec un sérieux avertissement pour le présent. De même, les épîtres de Pierre et aux Hébreux font la distinction entre les individus qui persévèrent et ceux qui retournent en arrière, bien qu’il ne soit pas question de l’église. L’épître aux Corinthiens présente le développement de l’église sur la terre. L’église est d’abord telle qu’il la veut, mais son édification dépend aussi de la responsabilité et du travail de l’homme ici-bas. Nous ne trouvons pas dans cette épître les conséquences futures de ce travail, comme nous les trouvons dans les épîtres aux Thessaloniciens, à Timothée et ailleurs. Rom. 11 parle de l’arbre de la promesse, mais n’expose pas la doctrine de l’église. Mais 1 Cor. 3 parle du bois, du foin, du chaume comme éléments constitutifs de l’édifice de Dieu sur la terre à côté du travail de Dieu : «vous êtes…», «Dieu a placé… dans l’assemblée…» (3:9, 16 ; 12:28).

8.3   Colossiens

Les Colossiens vont plus loin que la doctrine de la justification exposée dans les Romains, et de son application dans la conduite individuelle. «Le baptême, dans lequel aussi vous avez été ressuscités ensemble par la foi en l’opération de Dieu qui l’a ressuscité d’entre les morts» (Col. 2:12). Les Romains font allusion au fait que nous sommes ensevelis, et les Éphésiens au fait que nous sommes «morts…, vivifiés ensemble avec le Christ» (2:5). Mais en Colossiens, nous sommes pardonnés et vivifiés, non pas unis à lui ni assis dans les lieux célestes. Cette vérité est seulement entrevue : le saint est mort et ressuscité avec Christ, regarde en haut où Christ est assis, et sa vie est cachée avec Lui en Dieu là-haut. (Dans ce passage, il n’est pas question du Saint Esprit. Or c’est lui qui forme le corps et l’unit à Christ). Notre vie est avec Christ dans les cieux, d’où il sera manifesté, et nous aussi avec lui en gloire. L’union avec lui, la rencontre avec lui et le fait d’être pour toujours avec lui ne sont pas envisagés ici. La vérité du corps et de la tête est sous-entendue, mais le message au chrétien est : «vous êtes morts», «vous avez été ressuscités», «cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis». Cela suppose que nous sommes avec lui avant qu’il n’apparaisse en gloire, sinon nous ne pourrions pas apparaître avec lui en gloire, mais ce point n’est pas traité ici. Sur ce sujet, les Colossiens vont un peu plus loin que les Romains. L’exhortation ne dit pas : «Sois baptisé pour la mort, toi, pécheur vivant, afin de te tenir maintenant pour mort et de marcher dans ce monde en nouveauté de vie», mais : «étant ensevelis avec lui dans la mort, ressuscités avec lui, étant pardonnés, regardez où Christ, qui est votre vie, est assis». «Ensevelis» signifie, ici, que les croyants en ont complètement fini avec leur ancienne condition de pécheurs, et qu’ils réalisent ce fait qu’ils sont ressuscités ensemble par la foi, par l’opération même de Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts. C’est aussi ce qui est envisagé dans les Romains, mais avec en plus la responsabilité de la marche. Il s’agit, en Colossiens, d’une explication donnée à des chrétiens authentiques sur la nature de leur véritable position, non par profession mais par la foi, en contraste avec les formes et les ordonnances. Il n’est pas dit : «baptisés pour», mais : «ressuscités ensemble avec». Toutes leurs fautes étant pardonnées, ils sont des «saints et fidèles frères en Christ» (Col. 1:2).

L’épître aux Romains donne l’explication du baptême en relation avec la vie passée et la responsabilité individuelle présente. L’épître aux Corinthiens présente le baptême en relation avec le corps des professants dans ce monde, Christ étant le Seigneur. L’épître aux Colossiens en donne la signification en fonction de la place occupée par les fidèles en Christ, en contraste avec les ordonnances. Les Colossiens réalisent la circoncision dans sa vraie puissance, et pas seulement symboliquement, tout comme le baptême qui leur a montré qu’ils sont morts, ensevelis et ressuscités (c’est-à-dire sortis de leur ensevelissement) par la foi en l’opération de Dieu dans la résurrection de Christ, afin qu’ils aient leurs affections, non dans ce qui est dans le monde, mais dans ce qui est dans les cieux où Christ, leur vie, se trouve (*). Toutefois ceci est l’extrême limite de la portée du baptême ; dans ce passage, il n’est pas question d’être assis ensemble avec lui à la droite de Dieu par la foi.

 

(*) En Col. 2:12, j’ai appliqué le grec «en ho» («en qui», ou «dans lequel», expression applicable à une personne ou à une chose) au baptême. Il n’y a aucun doute que «autô… en ho» («avec lui… en qui») soit le sujet principal de la phrase, mais les deux utilisations du mot «ensemble» («étant ensevelis ensemble en lui» ou «ensevelis avec lui», et «vous avez été ressuscités ensemble par la foi») semblent indiquer une relation beaucoup plus forte. Par ailleurs «dans lequel vous avez été ressuscités ensemble en lui» aurait été une construction forcée, si «dans lequel» désignait le Christ. De plus, l’expression «étant ensevelis avec lui dans le baptême» exprime bien les deux côtés : «avec lui» (Christ), et «dans lequel» (le baptême).

8.4   Éphésiens

L’épître aux Éphésiens, bien que proche de l’épître aux Colossiens, présente un enseignement différent. Elle ne mentionne pas ce à quoi un pécheur encore vivant meurt, mais rappelle qu’un pécheur mort est créé de nouveau ; c’est l’ouvrage de Dieu. Elle ne fait pas mention du fait de mourir au péché, ni du baptême, sinon en relation avec la foi de la profession chrétienne et la seigneurie de Christ. Le corps, l’Esprit et l’espérance vont ensemble parce que «nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Cor. 12:13), et nous abondons en espérance par sa puissance : c’est notre commune profession. Dans l’épître aux Colossiens, il n’est pas question de justification, mais nous sommes accomplis en lui et nous avons à regarder en haut. L’épître aux Éphésiens ne parle pas non plus de justification, mais nous invite à réaliser que nous sommes assis en Christ dans les lieux célestes, que nous avons à croître en toutes choses jusqu’à lui, «à la mesure de la stature de la plénitude du Christ», et que nous avons à manifester les caractères de Dieu, lumière et amour, selon le modèle que nous avons en Christ. Naturellement, comme nous ne sommes pas exhortés à mourir à quoi que ce soit, le sujet du baptême n’est pas développé. En quelque sorte, son application est déjà passée.

 

9                    Ce que le type du Jourdain a de plus que celui de la mer Rouge

La mer Rouge, dans un sens, ne connut d’autre résultat que Canaan. Ainsi en est-il de la rédemption : la terre promise, c’est pour Israël une réalité, et pour nous c’est le type du ciel. Ainsi en Exode 3 et 6, il n’est pas parlé du désert : Canaan est le propos de Dieu et le désert en est seulement le chemin. Dans ce sens, la mer Rouge et le Jourdain ont une signification semblable et, quant à la terre, le jugement est complet à la mer Rouge. Mais leur signification est très différente si nous considérons les pensées et les voies de Dieu envers nous et en nous. À la mer Rouge, il n’y a pas d’arche, les plantes des pieds des sacrificateurs n’ont pas à se poser dans les eaux, il n’y a pas l’expérience de la mort, même si elle a perdu son pouvoir. À la mer Rouge, Dieu délivre en puissance : sa verge frappe les eaux et le peuple est délivré. C’est la rédemption : les Israélites sont portés sur des ailes d’aigle et conduits à Dieu, conduits par sa puissance à la demeure de sa sainteté comme un peuple racheté et ils échappent à leur condition d’esclavage. À travers le Jourdain, ils entrent sur le terrain de la promesse. L’arche va devant eux, Christ entre dans la mort et, avec une puissance divine, il en ressort à sec, et nous passons de l’autre côté. C’est un pas que nous n’avons pas franchi de nos propres pieds et la nature ne peut pas le faire : «Tu ne peux pas me suivre maintenant, mais tu me suivras plus tard» (Jean 13:36). Nous en avons fini avec le désert comme avec l’Égypte, avec la manne, avec la nuée pour nous guider, avec les conditions du désert ; le Jourdain nous place dans la position de l’épître aux Éphésiens. Ce n’est pas encore l’union avec Christ, mais nous occupons des places célestes, ce que nous pouvons réaliser par l’union en Christ par le baptême du Saint Esprit. Nous faisons alors l’expérience d’Éphésiens 6:12.

L’épître aux Colossiens, comme je l’ai dit, reconnaît la réalité du désert pour que nous soyons «accomplis en lui». Elle nous parle aussi de la circoncision du Christ et de nous en lui comme «ceux qui sont dans le Christ Jésus» (Rom. 8:1), mais elle nous expose aux expériences du désert. Dans l’épître aux Éphésiens, bien que nos privilèges nous soient présentés comme l’objet d’un désir, celui de réaliser la présence de Christ dans nos coeurs par la foi et de résister au diable grâce à l’armure de Dieu, toutefois il n’y a pas de «si» quant à notre position : nous ne sommes pas ressuscités par le baptême, mais plutôt ressuscités ensemble et assis ensemble, comme Dieu a ressuscité Christ, «à cause de son grand amour dont il nous a aimés». Il n’y a pas de «si», car l’Esprit nous a scellés pour le jour de la rédemption.

En somme, le baptême nous introduit sur le terrain de la foi et de la rédemption, par la mort et la résurrection, dans une position de responsabilité. Ainsi en 1 Corinthiens 10, on peut prêcher la vérité, avoir les sacrements (*), et être rejeté et tomber dans le désert.

 

(*) Il ne s’agit pas des sept sacrements de l’église catholique (baptême, cène, confirmation, repentance, ordination, mariage, extrême-onction), mais d’un geste public témoignant de l’adhésion  à une vérité scripturaire. Dans ce sens, nous en trouvons deux dans la Parole : le baptême et la cène (NdT).

10               Position en Christ et marche sur la terre

Le don de la vie éternelle et le sceau de l’Esprit nous conduisent à la conscience d’être en Christ, unis à Lui-même dès maintenant, assis dans des places célestes, attendant d’être bientôt avec Lui portant son image. Nous sommes pleinement assurés par la foi d’être «en Christ», et d’occuper présentement une place éternelle. Nous avons la vie éternelle, une rédemption éternelle, nous sommes héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ. De fait, nous sommes ici-bas sur la terre, détenteurs d’une foi et d’une espérance, pour y poursuivre notre séjour vers les choses que nous espérons ; nous sommes dans le désert sur le pied de la rédemption et de la responsabilité pour en quelque manière atteindre le repos (Héb. 4:1). Nous avons à persévérer dans les promesses auxquelles la foi se confie, dans la puissance qui nous garde par la foi pour l’héritage conservé pour nous, tout en ayant à traverser, à marcher par la foi, à persévérer, à atteindre, sans retourner à la perdition, bien que le croyant soit gardé : «Celui qui a commencé en vous une bonne oeuvre, l’achèvera jusqu’au jour de Jésus Christ» (Phil. 1:6) ; nous savons que nous avons été préconnus par Jésus Christ pour que nous puissions connaître à l’avance le résultat en gloire de son oeuvre envers nous. Ce résultat, nous n’en bénéficions pas encore, mais il donne un sens utile à notre traversée du désert. En cela, l’épître aux Philippiens est le modèle de la marche pratique. Mais tout est terrestre, même le jugement à la mer Rouge, en contraste avec le Jourdain qui débouche sur Canaan, le combat, la puissance et le gouvernement : Jéricho, Guilgal, la Pâque et le vieux blé.

Le Jourdain est, en un sens, une répétition de la mer Rouge. Dans les deux cas, c’est la mort comme en Rom. 3:20. La mer Rouge offre la possibilité d’une réconciliation (Rom. 5:11). Mais le Jourdain présente la mort et la résurrection avec Christ pour entrer dans la position et la puissance d’un Christ glorifié (Rom. 5:12 à 8, 39).

 

11               La Baptême ne préserve pas de tomber — Distinction entre l’église (vrais croyants) et la profession chrétienne

L’épître aux Corinthiens est extrêmement importante, parce qu’elle nous présente ensemble la profession chrétienne et la vraie église : l’assemblée de Dieu formée de tous ceux qui invoquent le nom du Seigneur (un seul Seigneur, une seule foi), et l’assemblée comme corps. Elle nous présente aussi un sacrement extérieur, le baptême, qui ne préservait ni les Corinthiens ni les Hébreux de tomber. De fait l’édifice de Dieu peut être construit avec du bois, du foin et du chaume. C’est l’église sur la terre, supposée telle avec tous ses privilèges, mais responsable : «Affermissez-vous jusqu’à la fin» (1 Cor. 1:8 ; 16:13). Les Corinthiens étaient des hommes charnels, bien qu’ils ne fussent pas supposés être dans leur état naturel dans la vie de Dieu. C’est pourquoi ils sont invités à prendre garde, comme au chapitre 10 : «Vous êtes l’édifice de Dieu» (1 Cor. 3:9), mais il peut renfermer du bois et du foin. Ils formaient le temple de Dieu, même si ce temple peut être corrompu. Leurs corps sont les membres de Christ, les temples du Saint Esprit, mais l’apôtre est prêt à livrer l’un d’entre eux à Satan. Il peut écrire : «Celui qui est faible… périra», et «… pour ne pas être une occasion de chute pour mon frère» par l’usage de la viande (1 Cor. 8:11, 13). Toutefois le Seigneur gardera sûrement les siens. Il nous a tous appelés pour le même but (1:7-9), et si les chrétiens à Corinthe aussi étaient appelés ainsi, c’était bien pour être éprouvés dans ce monde et remporter le prix : «Courez de telle manière que vous le remportiez» (9:24). Au chapitre 10 apparaît le professant réprouvé, la chute malgré les sacrements, et, au chap. 11, l’invitation à la vigilance contre le mal et à la soumission personnelle, malgré la participation à la profession et aux privilèges des sacrements (comp. l’olivier en Rom. 11). En 1 Cor. 11, ils sont considérés comme un corps : «Nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde» (11:32). «Et si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui» (12:26). L’unité me semble être traitée après le chap. 10:15. Mais même là, les hommes peuvent avoir des dons et de la puissance, et n’être rien. Le chap. 15 est un sujet en lui-même. Tout ceci est très important comme instruction pour l’église, et mériterait d’être considéré en détail, mais le principe est clair.

Éphésiens 4:4 correspond à 1 Cor. 12 et Éphésiens 4:5 à 1 Cor. 1:2. Sous un certain aspect, l’épître aux Colossiens est plus proche de celle aux Romains que l’épître aux Éphésiens, parce que, dans les Colossiens, nous mourons alors que nous sommes vivants ; nous sommes ensevelis pour la mort. En Éph. 2:1, nous sommes morts et Christ prend place dans la mort et nous unit à Lui ; c’est notre position en Lui, et non pas en espérance seulement. Cela correspond plus au Jourdain qu’à Canaan et à Josué, qui représentent pourtant cette union. Mais Christ vient dans la mort, détruit son pouvoir, et de là résulte l’association avec Christ là où il se trouve. Ce n’est pas notre espérance pendant que notre vie est cachée avec le Christ, mais nous sommes assis dans les lieux célestes en Lui.

Dans les Colossiens, nous sommes ressuscités avec Lui, mais l’apôtre s’arrête là. C’est pourquoi les caractères qui appartiennent à Lui seul sont mis en évidence, dans les chapitres 1 et 2 en particulier : «Il est le premier-né d’entre les morts». Et si nous sommes ressuscités, ce n’est pas une question d’union ou de position mais de foi dans l’opération de Dieu qui a ressuscité Christ. C’est la vie, non pas, comme cela a déjà été dit, l’action du Saint Esprit. Nous ne sommes vus ni «assis dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (Éph. 2:6), ni «vivifiés ensemble avec (litt.: dans) le Christ» (Éph. 2:5).

Le contraste entre l’adresse de la première épître aux Corinthiens et celle aux Éphésiens me semble marqué par l’intention de l’Esprit. L’épître aux Éphésiens s’adresse aux «saints et fidèles» et Dieu a donné Christ pour être «chef sur toutes choses à l’assemblée». Dans la nouvelle création, les uns et les autres, Juifs et nations, sont en Lui ; la maison de Dieu est une, substituée par Dieu au judaïsme, formée par Dieu, vue dans sa condition dernière et présente. Au chapitre 4, nous avons, soit dit en passant, les trois unités de l’Esprit et du corps, du Seigneur et de la profession, du Dieu et Père de tous au-dessus de tout et en nous tous. En 1 Corinthiens, l’assemblée locale est liée à la profession chrétienne et forme un ensemble mélangé : «tous ceux qui en tout lieu invoquent le nom de notre seigneur Jésus Christ» ; il s’agit de la profession chrétienne extérieure en général. Au chap. 12, en relation avec les dons, leur exercice et l’opération du seul Esprit ici-bas, nous trouvons l’assemblée vue comme corps de Christ, et l’assemblée locale représentant, sur la terre, cette assemblée qui est le corps de Christ.

La question que l’on peut se poser est de savoir si «l’assemblée de Dieu…, saints appelés» ne doit pas être distinguée de «tous ceux qui…». Il ne fait aucun doute que l’assemblée peut être une chose mélangée, mais elle est évoquée comme représentant l’assemblée de Dieu tout entière. Les «tous ceux qui» forment l’ensemble de la profession chrétienne. Cette considération donne une grande importance à l’enseignement du chap. 12. L’apôtre y fait une première allusion au chap. 10:15, et le chap. 12 contient l’enseignement complet. Le chap. 10, en présentant les sacrements comme des ordonnances extérieures, suggère la possibilité que ceux qui y prennent part soient perdus. C’est le caractère de cette épître, nous l’avons vu : la responsabilité de l’église sur la terre. Mais la responsabilité implique l’intelligence des vérités exprimées (10:15, 17), soit la communion du corps du Christ, de ceux qui forment un seul corps, dépendant tous d’une même tête. Cette vérité est bien connue, mais elle donne sa vraie valeur à notre position, c’est-à-dire à la position de l’église dans ce monde. Le chap. 10:1-14 présente les sacrements extérieurs (le baptême et la cène) et la jouissance de certains privilèges (comp. Rom. 11:17, bien qu’il ne s’agisse pas là de l’église, mais le principe est le même — Rom. 11:5) ; puis les versets 14 à 17 font appel à la compréhension de l’homme sage.

 

12               Les origines du Baptême

Il y a, je crois, une progression dans l’enseignement du baptême, mais son instruction reste plutôt obscure en tant qu’institution chrétienne. Jean le baptiseur prêchait le baptême de repentance ; il préparait le chemin en invitant ses frères à croire en Celui qui venait après lui. Son rôle était de retirer la nation du terrain sur lequel elle se tenait, et de l’appeler à la repentance, et, en fait, de former un résidu propre à recevoir Christ. La rémission des péchés était le but recherché par ceux qui étaient baptisés. Il prêchait la repentance, ils étaient baptisés pour cela, et étaient ainsi prêts à recevoir le Messie, le Fils de l’homme qui avait le pouvoir sur la terre même de pardonner les péchés. Mais quand Pierre prêche, il prêche Jésus rejeté et exalté, fait Seigneur et Christ, et non la repentance ; quand ils sont saisis de componction, il leur dit : «repentez-vous», mais le baptême était en rémission de péchés, parce que l’oeuvre qui procurait cette rémission était pleinement accomplie. Ils étaient baptisés en rémission des péchés. La repentance était toujours exigée de l’homme. Jean appelait à la repentance, c’était sa mission, mais la rémission devait venir après.

Le baptême de Jean était donc le baptême de repentance ; le baptême chrétien est un baptême en rémission des péchés. Paul a reçu un nouveau mandat. Il n’a pas été appelé à travailler au milieu d’un peuple connu, pour en tirer des âmes pour la repentance et la rémission, et les séparer de la génération perverse. Paul prend l’homme tel qu’il est (sans désavouer les privilèges des Juifs) et le conduit dans la lumière de la présence de Dieu. Il ne dépendait ni des hommes, ni du peuple, ni des Gentils vers lesquels il était envoyé ; il n’appartenait à personne, sinon à un Christ glorifié, envoyé pour ouvrir les yeux des hommes et pour les engager à se tourner des ténèbres à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu, pour recevoir la rémission de leurs péchés et une part avec ceux qui sont sanctifiés, par la foi en Jésus (Act. 26:15-18). Il n’est pas envoyé pour baptiser, mais pour appeler en tout lieu les hommes à se repentir et à se tourner vers Dieu ; c’est l’essentiel de son travail. Sa mission ne consiste pas dans la rémission proprement dite (le jugement de soi-même, de ses inconséquences en relation avec la position occupée, les avantages offerts à la loi, Christ présenté à Israël), mais dans un changement complet, dans la délivrance de la cécité et du pouvoir de Satan, pour accéder à la lumière et à Dieu, en vue d’obtenir la rémission de leurs péchés et une part, par la foi en Christ, avec ceux qui sont sanctifiés. C’est ce service qu’il accomplit d’abord à Damas, puis en Judée, et enfin au milieu des Gentils, pour appeler les hommes à se repentir et à se tourner vers Dieu. Le témoignage rendu au milieu des Gentils, c’est celui d’un état tout nouveau où le baptême n’a aucune part, pas plus que dans la mission de Jean. Paul appelle, mais il n’est pas envoyé pour baptiser. Il baptise parfois, mais nous trouvons dans l’Écriture l’usage du baptême plus que l’ordre de baptiser.

Le commandement de baptiser a été donné aux apôtres à l’intention des Gentils seuls, sans mention de la repentance ni de la rémission. C’était l’ordre de faire disciples toutes les nations en les baptisant et les enseignant ensuite. Luc fait bien allusion à la repentance et à la rémission des péchés, mais pas au baptême. Marc dit expressément : «Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé» (16:16) parce que, s’il refusait le baptême, il refusait d’être un chrétien qui considère le baptême comme vraiment significatif. Il ne fait aucun doute que ceux qui recevaient la Parole étaient baptisés, même les Gentils. Cela est historiquement clair, mais le baptême chrétien prenait une autre signification. Cette mission n’était pas formellement destinée à un Juif, mais introduite par habitude juive et par l’autorité du Saint Esprit, selon la pratique de Jean le baptiseur, puis des apôtres, et de tous les croyants. D’abord, le baptême était pratiqué pour la repentance en vue de la rémission, ensuite pour la rémission et la réception du Saint Esprit, puis la mission s’élargit : tous ceux qui étaient baptisés pour Christ (tous, je suppose, mais je prends le fait dans son principe) étaient baptisés pour Sa mort, placés dans la ressemblance de sa mort, pour revêtir Christ. Il n’est question ni de Juif ni de Gentil ni de rien de tel. Le baptême continue encore aujourd’hui, sous la forme seulement d’une action personnelle qui ne fait pas explicitement partie de la mission confiée aux apôtres (Marc 16:15), mais y étant incluse. Marc en souligne la pratique, non comme un ordre auquel on obéit, mais comme un signe extérieur de la profession chrétienne : revêtir Christ. Je ne pense pas que Paul n’ait jamais commandé à personne d’être baptisé, mais les chrétiens l’étaient et il baptisa aussi lui-même.

 

13               Ce que signifient : «être sauvé» - le salut

Le salut est essentiellement la résurrection à travers la mort de Christ. Nul doute que, selon les conseils de Dieu, les ressuscités soient placés dans les lieux célestes. Mais la résurrection est un nouvel état : «Il nous a vivifiés ensemble avec le Christ (vous êtes sauvés par la grâce)» (Éph. 2:5) ; et alors vient l’accomplissement de ces conseils. Ainsi dans les Romains nous sommes justifiés et présentés comme fruit de sa justice à Dieu. Et le Seigneur de dire : «Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu».

Les conseils de Dieu nous placent individuellement dans les lieux célestes et, en plus, comme membres du corps de Christ ; et le Juif et le Gentil sont ressuscités ensemble, et cela implique de fait l’unité du corps. Mais quand nous sommes vus comme vivifiés ensemble avec Christ, nous sommes envisagés comme étant morts dans nos péchés et vivifiés : c’est une nouvelle création, une place complètement nouvelle ; c’est le salut. L’épître aux Romains retourne plus loin en arrière : en Christ nous sommes morts au péché. L’épître aux Colossiens développe tout cela en pratique, mais celle aux Romains développe la vie et la nature : nous étions morts et nous sommes maintenant vivants par Christ et affranchis du péché. Mais le fait d’être en Christ et dans le corps de Christ, bien qu’étant reconnu comme vérité chrétienne, ne fait pas partie de l’enseignement de cette épître où le pécheur est justifié par l’effusion du sang et la résurrection de Christ. Les Colossiens et les Éphésiens présentent une nouvelle création qui implique les conseils de Dieu en justice. La résurrection de Christ apparaît en justification de vie, dans les Romains, et en vivification avec Christ, dans les Colossiens et les Éphésiens. La résurrection avec Lui, dans les Colossiens, implique, comme partie intégrante du même plan et résultat du même travail, notre position de bénédiction dans les lieux célestes et dans le corps de Christ.

La résurrection, après la mort effective de Christ, nous purifie et nous place dans une nouvelle position, dans une nouvelle vie. Elle nous sauve. Nous sommes morts au péché, vivants à Dieu.

L’essence de cette vérité réside dans le terme «zôopoîéô» (faire vivre, vivifier) :

[exemples : — «Dieu … qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient» (Rom. 4:17). — «Celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi» (Rom. 8:11)].

Quand il s’agit de la résurrection, le terme employé est «égéïrô» (réveiller, ressusciter), ou «anastasis ék tôn nékrôn» (résurrection d’entre les morts) :

[exemples : — «Celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification» (Rom. 4:24-25 ; 1 Cor. 15:20). — «… son Fils,… déterminé Fils de Dieu… par la résurrection des morts» (Rom. 1:3-4 ; 1 Pi. 1:3)].

Le terme «suzôopoïéô» (vivifier ensemble avec) implique notre état actuel d’hommes vivifiés introduits dans la même gloire [exemples : — Col. 2:13 ; Éph. 2:5].

Quant au terme «sunégéïrô» (ressusciter ensemble avec), il se trouve en Col. 2:12, précisément en relation étroite avec le baptême.

Il est à noter, quant au baptême, que baptiser au nom de Jésus est :

— «én tô onomati» [litt.: «dans le nom de» (Act. 10:48)],

— «épi tô onomati» [litt.: «sur le nom de», «au nom de» (Act. 2:38)].

Mais baptiser pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, c’est «éïs to onoma» [litt.: «vers le nom de», «pour le nom de» (Matt. 28:19 (*) )]. C’est la seule différence de termes entre le baptême au nom de Jésus ou au nom du Père. Il se trouve pourtant une exception en Act. 8:16 où, bien qu’il s’agisse du seigneur Jésus, c’est l’expression «éïs to onoma» qui est employée.

 

(*) «éïs to onoma» est l’expression la plus fréquemment employée pour le baptême (Rom. 6:1-4 ; Matt. 28:19 ;  Act. 19:3 ; 1 Cor. 10:2…) (NdT).