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L’ATTENTE ACTUELLE de l’ÉGLISE

et
PROPHÉTIES qui ÉTABLISSENT la VÉRITÉ du

RETOUR PERSONNEL du SAUVEUR,

exposées en ONZE SOIRÉES à Genève (1840)

 

J. N. DARBY

Note générale de Bibliquest : le mot économie est fréquemment utilisé dans le sens de dispensation ; il dérive du mot grec oikonomia, traduit ailleurs par administration

 

TABLE DES MATIÈRES

       Soirée : 2 Pierre 1 — Introduction

       Soirée : Éphésiens 1 — L’Église et sa gloire

       Soirée : Actes 1 — Seconde venue de Christ

       Soirée : Luc 20:27-44 — Première résurrection ou Résurrection des justes

       Soirée : Daniel 2 — Progrès du mal sur la terre

       Soirée : Daniel 7:15-28 — Les deux caractères du mal : Apostasie ecclésiastique et apostasie civile

       Soirée : Psaume 82 — Jugement des nations, qui deviennent l’héritage de Christ et de l’Église

       Soirée : Romains 11:21 — Promesses absolues de bénédictions terrestres faites à Israël

       Soirée : Ézéchiel 37 — Bénédictions terrestres faites à Israël (Suite)

10°     Soirée : Ésaïe 1 — Bénédictions terrestres faites à Israël (Suite)

11°     Soirée : Apocalypse 12 — Résumé et Conclusion

 

 

*      *      *

 

 

Sixième Soirée : Daniel 7:15-28 — Les deux caractères du mal : Apostasie ecclésiastique et apostasie civile

 

Jusqu’à présent, chers amis, nous n’avons parlé que du bonheur qui appartient à l’Église, sauf que, dans notre dernière soirée, nous avons retracé les progrès que fera le mal sur la terre jusqu’à la fin. Ce mal présente un double caractère, sur lequel je me propose de dire encore ici quelques mots, attendu que les relations qui existent entre la puissance du mal et les jugements qui l’attendent, intéressent spécialement les enfants de Dieu. Quand le mal est venu à son comble, Dieu le détruit.

Les versets que j’ai lus en commençant sont l’interprétation que l’ange donne à Daniel de la vision que ce prophète a eue des Bêtes ; et, comme il arrive toujours dans l’interprétation des prophéties symboliques, ils renferment plusieurs traits nouveaux. Ici, par exemple, dans l’explication donnée à Daniel, est ajouté tout ce qui arrivera aux saints ; mais, enfin, ce que j’ai lu de Dan. 7:15-28, et le chapitre entier se rapportent à la Bête qui s’exalte, et s’élève contre le Dieu Tout-puissant.

J’ai dit, chers amis, qu’il y a deux caractères du mal qui se développent sur la terre : le premier, c’est l’apostasie ecclésiastique et le second, l’apostasie de la puissance civile elle-même.

Premièrement, l’état d’apostasie de l’Église vue dans sa responsabilité extérieure ; il est arrivé. Quant au principe de son existence, il y en aura une manifestation plus ouverte plus tard. De l’autre côté, la puissance civile s’élèvera contre Celui à qui appartient le gouvernement, contre Christ que Dieu établira Roi sur la terre. C’est par la quatrième Bête (empire romain) que cette révolte arrivera.

Avant d’entrer directement dans notre sujet d’aujourd’hui, je désire faire quelques remarques sur Matt. 25, sur lequel nous reviendrons quand nous parlerons des nations ; car tous les peuples de la terre qui existeront à la fin des temps, seront ou soumis à Christ, et par conséquent sauvés, ou en rébellion, et par conséquent détruits. Mais, pour lever des doutes quant au sujet de ce chapitre, il faut en dire quelques mots. On croit ordinairement que le jugement dont il s’agit dans ce chapitre est le jugement dernier, le jugement général : on se trompe. C’est le jugement des nations vivantes, sur cette terre, et non pas celui des morts ; aussi, n’en ai-je pas parlé quand nous traitions de la résurrection des morts. Dans ce chapitre de Matthieu, je le répète, il n’est pas du tout question de la résurrection : il s’agit du jugement des gentils. On voit, dans le 24° et le 25° chapitre, le jugement des Juifs, ce qui arrivera aux Juifs ; puis ce qui arrivera aux croyants ; puis, ce qui arrivera aux gentils. C’est le jugement des vivants, et non pas celui des morts.

Je dis que c’est le jugement des vivants. C’est ce qu’on lit : Il rassemblera toutes les nations et il les séparera comme un berger sépare les brebis d’avec les chèvres. Ce qui a donné lieu de croire qu’il s’agit du jugement des morts, c’est qu’il est dit que les méchants s’en iront dans les tourments éternels, et les justes, dans la vie éternelle. Mais cela veut dire seulement que le jugement des vivants sera final comme le sera celui des morts. Certainement, quand Dieu juge les vivants, son jugement envoie les uns aux peines éternelles, et les autres à la vie éternelle. Le jugement des vivants est aussi certain que celui des morts. Nous pourrons en parler en son lieu.

Dans notre dernière soirée, j’ai parlé principalement de l’ivraie et de l’apostasie ecclésiastique, des progrès du mal en rapport avec la révélation, et de ce qui est arrivé dans la sphère de l’Église en tant que sur la terre. Maintenant nous avons à voir l’apostasie de la puissance civile sous sa forme extérieure, et le jugement qui la frappera de la part de Dieu ; car sa colère tombera sur cette puissance civile. Si le mal ecclésiastique a quelque peu disparu à la fin, sous le rapport d’une puissance séculière et de sa forme extérieure, et si le mal civil s’est exalté, le mal ecclésiastique n’en reste pas moins vivace ; seulement, il n’a pas la suprématie : voilà la différence. En d’autres termes, ce n’est nullement que la puissance ecclésiastique s’améliore ; seulement, elle ne s’exerce pas de la même manière, et son influence n’en est que plus pernicieuse. Ce n’est plus une puissance ecclésiastique disposant du bras séculier, qui est montée sur la Bête, et qui la domine ; aussi, a-t-elle un caractère plus mystérieux, et par conséquent plus dangereux. L’influence occulte de cette puissance continue, mais elle est privée de son éclat extérieur ; car, par leur orgueil, les hommes, préparant les voies au fils de perdition, s’élèvent maintenant et se coalisent contre Dieu.

Quoique le mal ecclésiastique soit toujours le pire, cependant, comme nous venons de le dire, l’apostasie civile elle-même aura lieu et se manifestera. Vous savez que toute puissance civile est de Dieu ; or, de même que l’Église perd son caractère par sa révolte contre Dieu, le gouvernement civil aussi se trouve en état de révolte ou d’apostasie quand, au lieu d’être soumis à Dieu, il s’élève contre Dieu qui lui avait communiqué son autorité.

L’Esprit de Dieu étant la vraie force de l’Église, la révolte de l’Église commence quand, au lieu d’être assujettie à Christ, elle n’obéit qu’à la volonté et à la puissance de l’homme, s’appuie sur l’homme, et renonce à la vérité pour suivre le mensonge. Christ est le chef ; le Saint Esprit est l’unique force par le moyen de laquelle l’Église agit, et, quand l’Église n’est pas dirigée par le Saint Esprit, et n’est pas, dans ce sens, véritablement assujettie à Christ, la chrétienté est moralement apostate. Eh bien, la puissance civile se trouvera, à la fin de l’économie actuelle, dans ce même état de révolte, et il faut rappeler que l’apostasie dans l’ordre civil est quelque chose de beaucoup plus extérieur et de beaucoup plus saillant que dans l’Église. Cela aura lieu au sein de la chrétienté, et, à ce qu’il paraît même, le mal ecclésiastique en sera la source et le principal moteur. C’est ce qui s’est toujours vu. Lorsque Absalom était en révolte contre David, il avait un conseiller, Akhitophel (2 Sam. 15). La source première de cette rébellion était sans doute Satan, mais c’était toujours Akhitophel qui dirigeait la conjuration contre le roi. Lorsque les enfants d’Israël, Dathan et Abiram, se révoltèrent contre Moïse, on appela cela la révolte du lévite Coré, qui les avait séduits. De même, Dieu accuse les sacrificateurs et les prophètes, dans le royaume de Juda, de l’iniquité du peuple, parce que ce sont leurs mauvais conseils que la puissance civile a suivis. Et voilà ce qui est arrivé dans la chrétienté, c’est-à-dire que ceux qui auraient dû édifier l’Église, être la sagesse de Dieu, rappeler au gouvernement ses devoirs devant Dieu, étant eux-mêmes en révolte contre Dieu, ont caché la vérité, ont pris une forme qui a séduit le monde, et entraîné la puissance civile dans les mêmes égarements.

Il y aura une révolte de cette dernière, mais la puissance ecclésiastique en sera l’âme.

Que voyons-nous à Armagédon ? Un faux prophète qui tombe avec la Bête. Depuis le commencement jusqu’à la fin, toujours il y a une Bête, et, avec la Bête, le faux prophète ; c’est l’un ou l’autre qui dirige le mal ; mais, à la fin, la Bête prend le dessus, pouvant agir plus librement et plus directement ; aussi, est-ce la Bête qui se trouve enfin l’objet direct du jugement. C’est là ce que nous dit le 7° chapitre de Daniel.

Dès le moment que la Bête, ou la puissance civile de la quatrième monarchie, se mettra en révolte contre Dieu, cette monarchie se trouvera en relation avec les Juifs, et c’est ce qui nous ramène à l’histoire de ce peuple. Vous savez, chers amis, que, lorsque la quatrième Bête parut sur la scène de ce monde, il y avait des Juifs à Jérusalem ; vous savez que Christ a été présenté comme Roi des Juifs à la quatrième Bête, devant Ponce Pilate ; qu’il a été rejeté dans ce caractère de Roi des Juifs, qu’il ne perdra jamais. À la fin des temps, le même fait se reproduira : les Juifs, rétablis dans leur terre, sans être convertis, se trouveront en relation avec la quatrième Bête ; il y aura des saints parmi eux, et cette quatrième Bête, et particulièrement celui qui la représentera en Palestine, s’exaltant contre Dieu, se mettra en opposition directe aux droits de Christ comme Roi des Juifs. Cette opposition à Christ s’élèvera, il est vrai, beaucoup plus haut qu’autrefois ; car elle s’arrogera les droits de Christ comme Roi des Juifs, et c’est alors que Christ, venant du ciel, la détruira avec l’Antichrist, prendra le résidu des Juifs comme son peuple terrestre, et mettra toutes les nations sous ses pieds.

Ce que je viens de dire vous fait comprendre qu’il y a beaucoup de choses qui s’appliquent aux saints, c’est-à-dire au résidu fidèle d’entre les Juifs, et non pas à l’Église. Par exemple, nous savons que, durant le temps de l’apostasie ecclésiastique, il y a eu bien des persécutions contre les fidèles ; mais, dans les derniers temps, quand il sera question de la persécution des saints, elle s’exercera contre le résidu des Juifs, dont le sang sera répandu comme de l’eau.

Si l’on prend l’histoire de la Bête d’une manière très générale, même dès l’époque de Tibère Auguste et des autres empereurs ; si l’on prend la Bête même, non sous son caractère païen, mais comme étant sous l’influence du christianisme corrompu dans le moyen âge, on voit qu’il y a eu, à cette époque aussi, des persécutions contre les saints, et l’on peut dire qu’alors aussi les saints ont été mis à mort. Mais, quand on vient au moment où la puissance civile lèvera ouvertement l’étendard de la révolte, au moment où ces faits prophétiques se réaliseront pleinement, c’est sur les Juifs que tomberont les persécutions. Dès qu’il s’agit des droits de Christ comme Roi des Juifs, ce sont les Juifs qui apparaissent sur la scène, parce que les Juifs sont le peuple terrestre de Dieu. Mais qu’en sera-t-il alors de l’Église ? Elle sera entièrement hors de la scène lors de ces dernières persécutions.

Avant que nous citions les chapitres de l’Écriture qui traitent du Méchant, c’est-à-dire de la puissance civile apostate, substituée à la puissance ecclésiastique apostate, insistons encore sur ce principe, c’est qu’il n’est point vrai que la révolte de la puissance ecclésiastique soit moins fâcheuse parce qu’elle n’a pas la suprématie. Comme nous l’avons déjà remarqué, c’est cette puissance, au contraire, qui est le conseiller secret de tout le mal. Le seul changement qu’il y ait, c’est que la puissance ecclésiastique cesse d’avoir, extérieurement, la prépondérance ; et c’est ce qui a induit en erreur. Parce qu’on ne l’a regardée que des yeux de la chair, et qu’on a vu qu’elle ne pouvait pas déposer des rois, on a cru que toute cette puissance ecclésiastique avait absolument disparu. On n’a pas fait attention à ce que les enfants de Dieu doivent voir dans la parole de Dieu, c’est-à-dire que son existence morale survivrait à la destruction de son influence politique, et que c’était précisément elle qui conduirait la puissance politique proprement dite à la révolte contre Dieu, et enfin à sa destruction. Je ne veux pas dire que ce ne soit pas la volonté de l’homme qui, de sa propre force, conduise la Bête à sa perte ; je crois qu’il en est bien ainsi ; mais, en attendant, c’est l’apostasie ecclésiastique qui s’est arrogé la puissance de Dieu, ou qui a fermé la porte à la manifestation de la volonté de Dieu, et par ses corruptions et ses machinations, entraîne les habitants de la terre à reconnaître et à adorer la Bête.

J’en viens aux passages qui se rapportent à ce que nous venons de dire :

D’abord, la fin du chapitre 7 de Daniel, où est la quatrième Bête ; ensuite, Apoc. 16, et spécialement 17, où se trouvent deux choses tout à fait différentes, la grande prostituée, ou Babylone, et la Bête. Dans le chapitre 17, c’est la femme vêtue de pourpre (puissance dont l’élément principal est ecclésiastique) ; elle était montée sur la Bête (puissance civile). Après cela, «les dix cornes... haïront la prostituée (puissance ecclésiastique) et la rendront déserte et nue, et mangeront sa chair et la brûleront au feu ; car Dieu a mis dans leurs coeurs... de donner leur royaume à la Bête».

Examinons maintenant les passages qui concernent les sources du mal, et plus particulièrement de celui de cette puissance qui est en révolte contre Dieu, de la quatrième monarchie, et voyons la forme que revêtira la révolte.

Le chapitre 12 de l’Apocalypse montre la source de cette puissance : le grand dragon roux. Nous y sommes comme admis dans les coulisses de la scène, et nous voyons aussi la puissance de Satan désirant détruire Celui qui doit gouverner toutes les nations avec un sceptre de fer, Christ ; et, en Christ et avec Christ, l’Église. C’est proprement la puissance de Satan, et le grand combat. La parole de Dieu met en contraste le Père et le monde, la chair et l’Esprit, Satan et le Fils de Dieu ; ici, c’est le grand dragon, ou Satan, qui veut dévorer Celui qui doit gouverner les nations avec un sceptre de fer ; mais c’est dans le ciel que nous le voyons. Ensuite, v. 9, il en est chassé, événement qui n’a pas encore eu lieu.

Ici naît pour quelques esprits une difficulté. Parce que Satan est chassé de la conscience, ce qui est vrai (*), on s’imagine qu’il est chassé du ciel. Il est parfaitement vrai que Satan n’a pas de pouvoir sur notre conscience, si nous avons compris la valeur du sang de Christ ; il est vrai aussi, bien que nos consciences soient purifiées, que Christ intercède dans le ciel, où Satan accuse les enfants de Dieu. Nous voyons, Éph. 6:12, que les malices spirituelles sont dans les lieux célestes ; il y aura donc une bataille dans le ciel, bataille qui sera l’effet non d’un acte d’intercession ou de sacrificature, mais de puissance ; qui se livrera peut-être par le moyen des anges, mais qui sera toujours une oeuvre de puissance. En même temps, bien que Satan doive être précipité du ciel, il le sera sur la terre ; mais il ne sera pas encore lié dans l’abîme, et les fruits de sa malice ne seront pas encore à leur terme ; aussi, descendra-t-il «en grande fureur, sachant qu’il a peu de temps».

(*) C’est dire que son pouvoir d’accusation est annulé par la vertu du sang et de l’oeuvre de Jésus Christ.

Satan, précipité du ciel sur la terre, y agira par l’intermédiaire de l’empire romain. Apoc. 13 décrit ce qui apparaîtra sur la scène quant aux moyens providentiels par lesquels il assurera son pouvoir sur la terre. «Je vis monter de la mer une Bête qui avait dix cornes et sept têtes (*)». Voilà les instruments terrestres. Cette Bête réunira les caractères des trois autres Bêtes.

(*) Il est à remarquer que le Dragon a ses couronnes sur ses têtes ; la Bête du 13° chapitre les a sur les cornes. Il n’en est pas question sur la Bête dans sa toute dernière forme.

Nous voyons ici la puissance du Dragon s’établir dans l’empire romain, la Bête à sept têtes et dix cornes.

«Je vis l’une de ses têtes comme frappée à mort», c’est-à-dire une des formes gouvernementales de l’empire romain ruinée. Mais enfin la plaie mortelle est guérie, et la forme détruite, rétablie. De plus, si nous comparons les caractères et les actes de la petite corne de la même Bête de Daniel, nous verrons que la petite corne, c’est-à-dire cette petite corne de Daniel «qui proférait de grandes choses», et qui détruisait trois des dix cornes, nous verrons qu’elle imprime tout son caractère à la Bête elle-même ; elle devient son expression morale devant Dieu ; ainsi, nous pouvons dire, par exemple, que Napoléon était l’empire français, parce qu’il représentait toute la force de l’empire. Cette Bête sera la puissance civile, l’empire romain apostat, ou en révolte ouverte contre Dieu.

Mais il y a aussi une autre Bête (qui n’est pas l’empire romain), qui exerçait la puissance de la première devant elle.

Versets 11- 14 : «Et je vis... Et elle séduit ceux qui habitent sur la terre». Voici quelque chose qui ressemble à la puissance de Christ, et qui plus tard au milieu des Juifs revêtira la forme du christianisme ; mais, comme le comprend l’apôtre, c’est Satan.

C’est donc la seconde Bête qui séduira les habitants de la terre, et qui fera qu’ils suivront la première, c’est-à-dire la puissance civile, l’empire romain.

Et la Bête avait reçu un coup mortel. C’est ce qui est arrivé à la forme impériale ancienne de l’empire romain ; mais la plaie doit être entièrement guérie. Nous voyons ici que la Bête perd son caractère impérial pendant un temps, et que sa plaie est ensuite guérie, et c’est quand elle est ainsi rétablie que, dans toute la terre étonnée, on va après elle.

On reverra donc encore sur la terre la Bête impériale, et, dans toute la terre, on sera dans l’admiration. Mais nous avons aussi vu que la seconde Bête, par les grands prodiges qu’elle fait, séduit les habitants de la terre. Eh bien, cette seconde Bête paraîtra, à la fin, sous le caractère non d’une Bête, mais d’un faux prophète, c’est-à-dire que toute sa puissance séculière sera perdue. Ce ne sera plus une Bête ravisseuse et dévorante ; ce caractère sera entièrement effacé, et l’on verra le faux prophète (*), que l’on reconnaîtra pour la seconde Bête, à la parfaite ressemblance de son caractère : en somme le personnage qui a fait les choses que la seconde Bête a faites, mais qui paraît sous cette nouvelle forme (comp. Apoc. 13:14, avec 19:20).

(*) Le faux prophète n’est pas Mahomet. C’est la seconde Bête qui a exercé toute la puissance de la première Bête devant elle ; or, Mahomet ne l’a pas exercée.

Si nous prenons le côté moral des événements déjà accomplis, nous savons qui a exercé toute la puissance en présence de la puissance civile ; mais il y a encore une puissance séductrice, qui fera des prodiges de toute espèce, et qui séduira les habitants de la terre.

Nous verrons plus tard la suite de tout cela. En attendant, résumons ce que nous avons dit. Le 12° chapitre nous présente le Dragon dans le ciel comme l’origine, la cause première de toute cette révolte ; le 13° nous montre, comme agent providentiel visible, l’empire romain sous la forme impériale. Cette Bête a été blessée à mort, mais sa plaie mortelle est guérie ; il y a aussi en sa présence une autre puissance qui séduit les habitants de la terre, et c’est quand la plaie de la première Bête est guérie, que tout le monde est dans l’admiration, et va après elle. Ajoutez ici la circonstance du 19° chapitre, c’est que la seconde Bête cesse d’en être une, et apparaît à la fin comme faux prophète.

Dans le chapitre 17, il y a une description de la première Bête, qui nous fournit d’autres particularités la concernant. Versets 7 et 8 : «Et l’ange me dit : Pourquoi es-tu étonné ? Je te dirai, moi, le mystère de la femme et de la Bête qui la porte, qui a les sept têtes et les dix cornes. La Bête que tu as vue était, et n’est pas, et va monter de l’abîme et aller à la perdition ; et ceux qui habitent sur la terre, dont les noms ne sont pas écrits dès la fondation du monde au livre de vie, s’étonneront, en voyant la Bête, — qu’elle était, et qu’elle n’est pas, et qu’elle sera présente».

Elle «va monter de l’abîme», c’est-à-dire devient positivement la puissance de Satan à la fin ; et c’est précisément ce qui arrivera quand Satan, étant chassé du ciel, événement qui aura lieu quand l’Église aura été enlevée dans le ciel, sera en grande fureur sur la terre. Alors, sous son influence, la Bête (l’empire romain) qui a été, et n’est pas, et qui est présente, reprend sa force et sa forme, c’est-à-dire que la puissance civile, au lieu d’être soumise à Dieu, prend entièrement le caractère de Satan, et se signale, après lui et à son instigation, par une révolte ouverte contre la puissance de Dieu.

Pour chercher toutes les marques auxquelles on peut reconnaître cette dernière forme de la puissance de la Bête, il faut attendre que la tête impériale de l’empire romain, le huitième roi d’Apoc. 17:11, fasse son apparition dans le monde, et c’est ce qui doit arriver pour sa ruine.

Quand l’empire romain existait autrefois sous sa forme païenne, il n’y avait pas dix rois ; mais, quand cette Bête existera de nouveau (souvenons-nous toujours que c’est l’empire romain), dix rois lui donneront leur puissance ; ce ne sont pas dix rois qui la remplacent. De plus, c’est après avoir été détruite qu’elle existera de nouveau, c’est-à-dire que ce n’est pas le Bête païenne, ce n’est pas l’histoire du pré-moyen âge, où certains rois barbares (si même on en peut trouver dix) ont remplacé l’empire. Mais qui «sera présente» ; c’est-à-dire que la plaie mortelle sera guérie, et que la Bête impériale reparaîtra.

Les dix rois «donnent leur puissance... à la Bête», c’est-à-dire qu’il y aura un chef impérial, ou empereur, et dix rois qui lui donneront leur puissance ; les royaumes continueront d’exister, mais ce sera une confédération de royaumes, comme nous avons vu sous Napoléon les royaumes d’Espagne, de Hollande, de Westphalie, etc. Ce n’est que pour m’expliquer que j’y fais allusion.

Il y a eu la Bête, il a pu y avoir dix rois, mais jamais dix rois donnant leur puissance à la Bête qui n’était pas, et qui existait de nouveau.

«Les sept têtes sont sept montagnes». C’est toujours l’empire romain. «Ce sont aussi sept rois : cinq sont tombés ; l’un est», savoir la tête impériale qui existait du temps de Jean ; «l’autre n’est pas encore venu, et, quand il sera venu, il faut qu’il demeure un peu de temps. Et la Bête qui était et qui n’est pas, est, elle aussi, un huitième» roi (parce que les sept sont passés) ; «et elle est d’entre les sept, et elle s’en va à la perdition», c’est-à-dire qu’il y aura une huitième tête, une tête particulière, qui réunira toute la puissance de la Bête, qui sera la Bête même, et qui, tout en étant une tête à part, est une des sept. C’est la tête impériale, mais sous une forme nouvelle ; car il y a dix rois qui donneront leur puissance à cette huitième Bête, et c’est dans cette forme qu’elle ira à sa ruine. C’est justement ici que l’avènement de Christ et de l’Église se lie avec le sujet que nous traitons (Apoc. 19, et 2 Thess. 2).

Je dois encore vous citer Dan. 11:36-45 : «Le roi agira selon son bon plaisir ...» (comp. avec 2 Thess. 2:3, 4 et suiv.). Nous voyons dans Dan. 11, que ce n’est plus une question de suprématie ecclésiastique ; il s’agit dans ce chapitre de guerres entre puissances civiles en Orient. Avec le verset 36 commence l’histoire de l’Antichrist, du roi «qui agira selon son bon plaisir», comme nous avons vu la petite corne faire également sa volonté, et qui enfin, après divers incidents, va à Jérusalem et y trouve sa fin. C’est un roi comme un autre, un roi de la terre, mais exerçant sa puissance dans la terre sainte. Il n’est pas question de la forme du christianisme, celle-ci avait précédé l’apparition du Méchant dans les Thessaloniciens ; on voit que le roi a tout à fait dépassé les questions ecclésiastiques ; c’est un roi de cette terre qui se trouve en butte aux attaques du roi du Midi et du roi du Nord.

Une remarque sur 2 Thess. 2, pour notre consolation au milieu de ce triste concours d’événements. «Or nous vous prions, frères, dit l’apôtre, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui, de ne pas vous laisser... troubler». Ceux qui aiment la vérité échapperont entièrement à cette énergie d’erreur, à laquelle, au contraire, seront livrés, par le jugement de Dieu, ceux qui n’ont pas reçu l’amour de la vérité, et qui ont pris plaisir à l’iniquité. Voilà le mal qui vient, et il importe que le monde en soit averti, parce que quelques-uns peuvent en être salutairement effrayés, et conduits à penser à la vérité de Dieu. Et pourquoi cela est-il annoncé aux enfants de Dieu ? C’est afin qu’ils en retirent la plus grande consolation, et qu’ils soient détachés de tout ce qui entraîne à cette fin même. Je dis que nous ne nous trouverons pas compris dans cette catastrophe, mais que, prévenus des jugements qui auront lieu à ce dénouement terrible, nous sommes conduits à nous détacher, dès maintenant, des causes qui l’attirent par leur nature et par la justice de Dieu.

L’apôtre, dans l’assemblée des Thessaloniciens, avait beaucoup parlé de ces choses, et leur avait enseigné à attendre la venue du Sauveur. Or, qu’est-ce que Satan avait fait ? Il avait tâché d’épouvanter les fidèles, en leur disant que le jour du Seigneur était là. Non, dit l’apôtre ; je vous conjure par la présence du Seigneur et par notre rassemblement auprès de lui, qui doit précéder ce jour-là, je vous conjure de ne pas vous laisser troubler comme si nous y étions déjà. Ce jour viendra sur le Méchant, et non pas sur vous, puisque vous serez déjà montés vers Christ, et que vous l’accompagnerez personnellement dans ce grand jour où il reviendra.

Le jour est là, disaient les séducteurs, le jour est arrivé. Non, répond l’apôtre, ce jour ne viendra pas que vous, fidèles, n’ayez été d’abord enlevés dans les nuées, et que le Méchant n’ait été révélé.

Ces consolations sont confirmées dans le second passage cité : Cet homme qui viendra «en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité».

J’ajouterai seulement que nous avons dans ce chapitre la description du caractère moral, de l’iniquité du Méchant sans frein et du pouvoir de Satan. Dans le 11° chapitre de Daniel, nous avons le tableau du caractère extérieur du Méchant.

Ce soir, chers amis, j’ai cherché à vous exposer quelque chose qui est probablement un peu en dehors de votre manière de considérer ces sujets ; j’ai tâché de faire ressortir la distinction et l’union à la fois de la puissance civile et de la puissance ecclésiastique, ainsi que la distinction et l’union à la fois de la révolte ecclésiastique et de la révolte civile. Les deux choses sont étroitement liées, puisque nous voyons que la seconde Bête exerce toute la puissance de la première Bête devant elle, et que le faux prophète, qui est cette seconde Bête, se trouve jeté dans l’étang de feu avec la première.

Nous remarquons aussi que ce fait se lie avec celui de la présence des Juifs à Jérusalem, au voisinage de laquelle la Bête trouvera sa fin, événement qui terminera la présente économie, en manifestant la puissance de Christ sur la terre ; ce qui nous amènera à voir l’union de Christ avec le résidu des Juifs, et, à la suite de cela, la mise de toutes les nations sous son sceptre.

Nous n’avons parlé que de la quatrième Bête.

Il y a deux points dignes de remarque dans l’histoire d’Israël : premièrement, les nations qui se trouvaient liguées contre Israël, quand ce peuple était reconnu de Dieu, et, secondement, les nations qui l’ont emmené en captivité. Jusqu’ici, ce n’est que de ce qui est appelé «les temps des gentils» [Luc 21:24] que nous avons parlé, cette période pendant laquelle le royaume s’est trouvé transféré des Juifs aux gentils, c’est-à-dire aux quatre Bêtes de Daniel. Ézéchiel, lui, parle des nations avant ces quatre Bêtes et après, mais jamais des «temps des gentils» mêmes.

C’est pendant la période qui embrasse l’histoire de ces quatre Bêtes, que prend place la chrétienté, et qu’a lieu la révolte morale. La puissance ecclésiastique, nous l’avons vu, a servi d’instrument pour amener un tel résultat. Elle s’est mise à la place de Dieu, ôtant la foi et en même temps dégoûtant la raison : elle a mis de côté la religion naturelle en prétextant les droits de la révélation, et cela pour corrompre et perdre cette révélation même, de sorte que les hommes n’eussent point d’autre objet qu’eux-mêmes. Cette puissance, ayant joué un tel rôle dans le drame d’iniquité perpétré par l’ennemi de nos âmes et de notre Seigneur, succombera elle-même à la malice et à la violence de la volonté humaine qu’elle a émancipée. Aussi incapable, par ses prétentions à la religion, de servir ouvertement Satan qu’elle le sera de servir Dieu avec sincérité, incapable, en un mot, de vérité, elle deviendra la lâche conseillère d’une iniquité dont elle ne peut pas se constituer l’acteur. Elle provoquera des crimes qu’elle n’ose pas consommer, et dont la puissance civile deviendra le chef et l’exécuteur. Chers amis, quand la conscience naturelle est plus droite que les formes religieuses, c’en est fait de l’Église : elle est près de sa chute, et le chandelier sera ôté là où elle aura été l’instrument de plus d’iniquité que le monde n’en saurait imaginer ; car, comme il a été dit, la corruption de ce qu’il y a de plus excellent est la pire des corruptions. Quant à l’Antichrist proprement dit, il niera que Jésus soit le Christ, il reniera le Père et le Fils (1 Jean 2:22) ; il ne confessera pas Jésus Christ venu en chair (2 Jean 7) ; il reniera tout : le Père et le Fils, Jésus le Messie, Jésus venu comme vrai homme. Voilà son caractère, ses actes, sa forme, la source de sa puissance. Voilà ce qui lui conférera le trône. Nous l’avons déjà vu, ce sera une espèce d’imitation satanique de ce que Dieu a fait : le Père a donné le trône au Fils, et l’Esprit agit selon la puissance du Fils dans l’Église devant Lui ; de même le Dragon (Satan) donnera son trône à la Bête, et une grande autorité, et la seconde Bête (puissance spirituelle, vrai Antichrist et faux prophète) exercera toute la puissance de cette dernière (puissance civile) devant elle (Apoc. 13:12).

Le jugement décidera, chers amis, dans un tel état de choses. Que Dieu nous rende attentifs au vrai caractère et à la fin de l’orgueil de l’homme. La force de sa volonté peut employer et mettre en usage tous les moyens que Dieu lui a départis, et ils sont grands ; et les résultats, aussi longtemps que Dieu le laisse agir dans sa patience, seront grands aussi ; mais c’est l’homme qui en sera le centre ; le sentiment de sa responsabilité envers Dieu n’y entre pour rien ; Dieu est en réalité déshonoré et dégradé ; le but le plus élevé, le plus digne que l’homme puisse se proposer, Dieu lui-même, manque dans tout cela. Au reste, chers amis, c’est le même principe et la même source de péché depuis le commencement jusqu’à la fin. L’homme agissant par sa propre volonté pour satisfaire ses convoitises, avide de connaissances pour lui-même, s’exaltant jusqu’à Dieu, désobéissant et, par conséquent, agissant sous l’influence et par l’énergie de Satan, tel est le caractère de l’Antichrist, telle est l’histoire d’Adam dans sa première chute, son premier péché.

C’est le commencement et la consommation du même mal, dont l’évidence en même temps que le contraste a paru dans la mort de notre bien-aimé et parfait Sauveur, qui en a fait pour nous l’expiation. Que son nom de grâce et de gloire soit éternellement béni, et qu’il grave ces choses dans vos coeurs ! Il préservera assurément son Église de tous ces malheurs qui menacent le monde, car son Église est unie à Lui.