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« QUAND VOS ENFANTS VOUS DIRONT... »

 

Monard Jacques-André

ME 1992 p. 353-360

Table des matières :

1      Que signifie pour vous ce service ? (Exode 12:26)

2      Qu’est-ce que ceci ? (Exode 13:14)

3      Que sont... les statuts et les ordonnances... que l’Éternel… vous a commandés ? (Deut. 6:20)

4      Que signifient pour vous ces pierres ? (Josué 4:6)

 

1         Que signifie pour vous ce service ? (Exode 12:26)

Le quatorzième jour du premier mois de chaque année, les Israélites fidèles célébraient la Pâque. Dans chaque famille, un agneau était égorgé, et on aspergeait de son sang le linteau et les poteaux de la porte de la maison. L’agneau était rôti au feu, puis mangé avec des pains sans levain et des herbes amères. On le mangeait à la hâte, les reins ceints, des sandales aux pieds et un bâton à la main.

Une telle cérémonie était bien propre à faire naître des questions dans l’esprit des enfants. Les parents pouvaient alors expliquer, d’abord qu’ils agissaient selon une prescription formelle de Dieu — et non selon une tradition —, et en outre que c’était le souvenir d’un événement d’une importance capitale pour leur peuple. En ce jour-là, l’Éternel avait visité toutes les maisons du pays d’Égypte, où le peuple était en esclavage, afin de frapper tous les premiers-nés. Mais lorsqu’il voyait le sang sur une porte, signe de la foi et de l’obéissance de ceux qui étaient dans la maison, il passait par-dessus. Le premier-né était épargné. Le mot « pâque » traduit un mot hébreu qui désigne « l’action de passer par-dessus » (Ex. 12:11, note).

Cette scène terrible a une signification typique bien connue. Elle nous parle du jugement que le Dieu saint et juste doit exercer sur le pécheur. Mais elle montre en même temps que Dieu fournit un moyen d’échapper à ce jugement. Christ, l’Agneau de Dieu, s’est offert en sacrifice. Et ceux qui, par la foi, ont saisi la valeur du sang de Christ sont à l’abri du jugement de Dieu. Christ est mort à leur place. Ils sont sauvés.

« Et quand vos enfants vous diront : Que signifie pour vous ce service ? il arrivera que vous direz... » (v. 26). La question des enfants israélites pouvait avoir le caractère incisif marqué par les deux mots : « pour vous ». Non seulement : que signifie ce service ? mais : que signifie-t-il pour vous ? La question sonde le cœur. S’agit-il simplement d’un rite ou d’une tradition ancestrale, ou bien cela a-t-il pour vous une importance de premier ordre ?

Quelle signification la mort de Christ a-t-elle pour vous ? L’avez-vous reçue par la foi comme l’unique moyen d’être sauvé ? Et, si c’est le cas, quelle valeur a pour vous le rappel de cette mort par le pain et la coupe auxquels Il nous invite à participer, à sa table, chaque premier jour de la semaine ? « Faites ceci en mémoire de moi », a-t-il dit à ses disciples la nuit où il fut livré (Luc 22:19).

 

2         Qu’est-ce que ceci ? (Exode 13:14)

Les événements qui s’étaient passés en Égypte lors de la destruction des premiers-nés et de la délivrance d’Israël avaient une importance telle que Dieu prit soin que leur souvenir soit perpétué de génération en génération : « Tu raconteras ces choses à ton fils » (13:8). La Pâque, célébrée annuellement, était l’un de ces rappels.

Mais il y en avait d’autres. À chaque naissance d’un premier-né, que ce soit chez les hommes ou chez les bêtes, Dieu voulait un rappel solennel des droits qu’il avait acquis sur tous ceux qui avaient été épargnés du jugement. « Sanctifie-moi tout premier-né,... tant des hommes que des bêtes ; il est à moi » (13:2).

Voici, par exemple, une brebis qui mettait bas son premier agneau. Celui-ci devait être offert à l’Éternel. Ou voilà une ânesse qui mettait au monde son premier ânon. Comme un tel animal ne pouvait être présenté à Dieu en sacrifice, on devait lui briser la nuque. Si on voulait l’épargner, on pouvait offrir à l’Éternel, à sa place, un agneau ou un chevreau (13:13). Cette même offrande devait être faite par les parents lors de la naissance de leur fils premier-né.

Les Israélites qui respectaient le commandement divin acceptaient ainsi de renoncer souvent à une pièce de bétail, ce qui ne manquait sans doute pas d’étonner leurs enfants. « Quand ton fils t’interrogera à l’avenir, disant : Qu’est-ce que ceci ? alors tu lui diras : À main forte l’Éternel nous a fait sortir d’Égypte, de la maison de servitude. Et il arriva, quand le Pharaon s’obstinait à ne pas nous laisser aller, que l’Éternel tua tous les premiers-nés dans le pays d’Égypte, depuis le premier-né des hommes jusqu’au premier-né des bêtes ; c’est pourquoi je sacrifie à l’Éternel tout ce qui ouvre la matrice, les mâles, et je rachète tout premier-né de mes fils » (v. 14, 15).

Cette institution divine donnée à Israël nous enseigne, nous, chrétiens. Tout comme les premiers-nés, ceux que Dieu a épargnés du jugement sont à lui. Ils lui appartiennent. Ce sont des rachetés. « Et vous n’êtes pas à vous-mêmes ; car vous avez été achetés à prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps » (1 Cor. 6:19, 20). « Je vous exhorte donc, frères... à présenter vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui est votre service intelligent » (Rom. 12:1).

Comment le privilège d’appartenir à Dieu — âme, corps, biens, temps — est-il réalisé dans nos vies pratiques ? L’est-il d’une manière qui suscite les questions de nos enfants ? Peuvent-ils voir que nous reconnaissons, et avec joie, les droits de Celui qui « nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous » ?

 

3         Que sont... les statuts et les ordonnances... que l’Éternel… vous a commandés ? (Deut. 6:20)

Le chapitre 6 du Deutéronome nous introduit dans la sphère de la piété familiale.

Tout d’abord vient une recommandation aux parents : « Ces paroles, que je te commande aujourd’hui, seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils, et tu en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras » (v. 6, 7). Avant toutes choses, pour être en mesure d’enseigner la parole de Dieu à ses enfants, il faut l’avoir sur son cœur, c’est-à-dire l’aimer. Ensuite, remarquons le mot « inculquer ». La parole de Dieu ne doit pas seulement être enseignée. Mais, par tous les moyens qui sont à leur disposition — exemple, encouragement, répréhension, prière... — les parents ont à la faire pénétrer dans le cœur de leurs enfants. Ce passage nous frappe en ce qu’il ne mentionne pas moins de quatre occasions journalières dans lesquelles les principes divins devaient être inculqués. Les Israélites ne disposaient évidemment pas de Bibles permettant une lecture en famille, et la plupart ne savaient pas lire, mais chaque circonstance de la journée, du matin au soir, dans la maison ou au dehors, pouvait être l’occasion de rappeler la pensée de Dieu. Et en effet, sa Parole s’applique à la vie pratique, aux mille détails de la vie de tous les jours.

La suite du chapitre nous montre des enfants intéressés par l’enseignement divin. « Quand ton fils t’interrogera à l’avenir, disant : Que sont les témoignages, et les statuts et les ordonnances que l’Éternel, notre Dieu, vous a commandés ? alors tu diras à ton fils... » (v. 20). Quelle bénédiction si les enfants des Israélites — et après eux les enfants des chrétiens — cultivent cette disposition d’esprit ! Qu’est-ce que Dieu a commandé ? Quelle est la pensée de Dieu sur ceci ? Que dit l’Écriture à ce sujet ? Et quand les enfants questionnent, il faut que les parents puissent répondre, qu’ils sachent mettre les âmes de leurs enfants en contact direct avec la parole de Dieu. Mais comment la connaissons-nous ?

Le chapitre se termine par la réponse que les parents devaient faire à la belle question du verset 20. Plus encore que les statuts et les ordonnances à garder, c’est l’œuvre de Dieu qui est mise en évidence, son œuvre en délivrance et en rédemption ! (v. 21-23). C’est là le fondement de tout l’enseignement. Lorsque Dieu est véritablement connu comme le Dieu Sauveur et que le cœur est rempli de gratitude envers lui, ses droits sur nous sont facilement reconnus. « Et ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jean 5:3).

Timothée avait bénéficié de l’enseignement de sa mère et de sa grand-mère et, dès son enfance, connaissait « les saintes lettres » (2 Tim. 1:5 ; 3:15). « Demeure dans les choses que tu as apprises et dont tu as été pleinement convaincu », lui dit son père spirituel (3:14). Il s’agit en effet d’être pleinement convaincu, et qu’est-ce qui pourrait donner cette pleine conviction, sinon l’Écriture inspirée de Dieu ? (3:16).

 

4         Que signifient pour vous ces pierres ? (Josué 4:6)

Après sa délivrance d’Égypte, marquée par les deux grands événements de la Pâque et de la traversée de la mer Rouge, le peuple d’Israël dut, par sa faute, errer pendant quarante ans dans le désert. Son entrée dans le pays promis fut l’occasion d’un merveilleux déploiement de la puissance de Dieu. Il fallait traverser le Jourdain. Et Dieu voulut que son peuple le traverse « au temps de la moisson », époque à laquelle « il regorge par-dessus tous ses bords » (Jos. 3:15). L’arche, portée par les sacrificateurs, alla la première ; et le peuple suivit. Lorsque les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche entrèrent dans le Jourdain, « les eaux qui descendaient d’en haut s’arrêtèrent » et « elles s’élevèrent en un monceau, très loin » tandis que « celles qui descendaient... s’écoulèrent complètement » (v. 16). Et tout le peuple passa à sec.

Les lois de la nature ne furent pas respectées ce jour-là ! Mais la nature obéit à son Créateur, dans une circonstance extraordinaire, aussi facilement qu’elle obéit aux lois ordinaires qu’Il a établies.

La traversée du Jourdain est le troisième grand événement qui marque la délivrance d’Israël hors d’Égypte. Souvenons-nous que le but de Dieu n’était pas seulement de faire sortir son peuple du pays où il était esclave. Il voulait l’introduire dans le pays qu’il lui avait promis, un pays ruisselant de lait et de miel. Le passage du Jourdain complète donc glorieusement les délivrances qui avaient eu lieu quarante ans auparavant.

Le salut collectif et terrestre d’Israël — le fait qu’il est racheté et amené à Dieu pour être béni — est l’image du salut individuel et éternel de l’homme. Grâce au sang de Christ dont la foi s’approprie la valeur, l’homme est délivré du jugement de Dieu dû au pécheur (cela correspond à la Pâque) ; il est délivré de la puissance de Satan et de ses instruments (cela correspond au passage de la mer Rouge, où le Pharaon et son armée furent anéantis) ; et il est introduit dans une plénitude de bénédictions spirituelles, près de Dieu et en relation avec lui (cela correspond à la traversée du Jourdain). Les épîtres de Paul développent ces différents aspects de notre « si grand salut ».

La traversée du Jourdain était pour Israël l’entrée en possession du pays de la promesse. Dans les faits qui caractérisent cette traversée, nous pouvons trouver une remarquable instruction concernant notre entrée en jouissance de la plénitude de notre salut actuel. (En disant cela, nous n’oublions pas que notre salut ne sera complet et achevé que dans la gloire du ciel).

Le Jourdain est une figure de la mort, et l’arche est une figure de Christ. L’arche pénètre d’abord dans le Jourdain, tandis que le peuple ne la suit qu’à distance. Christ est entré seul dans la mort, et il l’a vaincue. Les siens bénéficient du chemin qu’il leur a ouvert. Sur eux, la mort n’a plus de pouvoir. Ils arrivent sains et saufs au-delà de la mort.

Le récit de Josué mentionne deux monuments de douze pierres — chaque fois une pierre par tribu. L’un d’eux est érigé dans le lit du Jourdain, « à la place où s’étaient tenus les pieds des sacrificateurs qui portaient l’arche » (4:9). L’autre est construit sur la rive occidentale du Jourdain, à Guilgal (4:20). Il est fait de pierres prises « du milieu du Jourdain » (4:8). Dans les deux cas, ces douze pierres représentent Israël. Le premier monument est recouvert par l’eau lorsque la rivière a repris son cours normal. Le second reste visible et pourra à l’avenir susciter les questions des enfants des Israélites (4:21).

Nous avons là une image très expressive d’un aspect du salut qui n’est pas aussi connu que le pardon des péchés et la justification par la foi. L’Écriture nous enseigne que nous sommes « morts avec Christ » (Col. 2:20), que « nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort », et que « notre vieil homme a été crucifié avec lui » (Rom. 6:5, 6). C’est ce que représente le monument dressé dans le fond du Jourdain. Et l’Écriture nous enseigne aussi que nous sommes « ressuscités avec le Christ » (Col. 3:1), que Dieu « nous a vivifiés ensemble avec le Christ,… nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus » (Éph. 2:5, 6). C’est ce dont nous parle le monument érigé sur la rive du Jourdain, après la traversée.

Merveille de la grâce, de la puissance et de la sagesse de Dieu ! Devant Dieu, le racheté n’est plus dans sa condition naturelle d’enfant d’Adam. Il n’est plus « en Adam », il est « en Christ ». Ce qu’il était par nature a pris fin à la croix. C’est chose faite. Notre vieil homme a été crucifié avec Christ. Dieu le voit ainsi. Acceptons par la foi ce que Dieu dit, et tenons-nous nous-mêmes « pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6:11). Ce n’est pas une affaire d’expérience, mais de foi.

Par notre conversion, notre position devant Dieu est entièrement changée. Enfants d’Adam, nous étions les objets du déplaisir et du jugement de Dieu. Mais Christ a non seulement « porté nos péchés » (1 Pierre 2:24), il a été « fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21). Il a répondu devant Dieu non seulement de ce que nous avions fait, mais de ce que nous étions. Il a laissé dans la tombe non seulement nos péchés, mais toute notre condition naturelle. Notre vieux « moi » peut être oublié. Dieu nous voit maintenant « dans le Christ Jésus » (Rom. 8:1), « en Christ » (2 Cor. 5:17). C’est en lui que nous sommes. Nous sommes entièrement acceptés de Dieu parce que Christ est accepté. Nous sommes agréables à Dieu parce que Christ lui est agréable (Éph. 1:6). Quelle sécurité, quelle gloire, quelle joie !

« Que signifient pour vous ces pierres ? » Les enfants israélites qui posaient cette question à leurs parents pouvaient, au mieux, être instruits quant à l’intervention miraculeuse de Dieu lors de l’entrée du peuple dans le pays de Canaan. Mais transposons la question sur le plan chrétien : Que signifie pour vous « être mort avec Christ » et « être ressuscité avec Christ » ? Est-ce un inépuisable sujet de soulagement, de joie, de force, de reconnaissance ?

L’apôtre Paul jouissait particulièrement de ces choses. Avec quelle chaleur il s’exclame : « Je suis crucifié avec Christ ; et je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi ; — et ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20). Que Dieu nous aide à entrer davantage dans la compréhension et dans la jouissance de ces choses ! Et qu’il nous accorde de ne pas soigner, cultiver, ménager ou honorer le vieil homme qu’il a crucifié !