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Ne t’irrite pas à cause de ceux qui font le mal

J. A. Monard

ME 2009 p. 321-328

Table des matières :

1      Ne t’irrite pas (Ps. 37:1-11)

2      Ayez en horreur le mal

3      Pardonner

4      Surmonter le mal par le bien

5      Témoignage chrétien devant les hommes du monde

6      Si ton frère pèche, reprends-le

7      Ramener un croyant qui s’égare

8      Enseigner avec douceur les opposants

9      Des soins actifs... mais jusqu’à quand ?

 

 

Quelle est notre attitude, et quelle doit être notre attitude comme chrétiens, en face du mal qui nous entoure de toutes parts ?

 

1         Ne t’irrite pas (Ps. 37:1-11)

« Ne t’irrite pas à cause de ceux qui font le mal, ne sois pas jaloux de ceux qui pratiquent l’iniquité ; car bientôt, comme l’herbe, ils seront fauchés, et, comme l’herbe verte, ils se faneront » (v. 1, 2). Ces paroles s’adressent d’abord à Israël dans le temps où David les a écrites. Mais le psaume considère le jugement des méchants comme très proche (« bientôt » au v. 2, « encore un peu de temps » au v. 10). Ceux qui font le mal vont être « fauchés », « retranchés » de la terre et « ils ne seront plus », tandis que ceux qui craignent Dieu « posséderont le pays » et connaîtront « une abondance de paix » (v. 9, 10, 11, 22, 29, 34). Ceci concerne tout particulièrement le résidu juif du temps de la fin, juste avant le Millénium (cf. Matt. 5:5 ; 25:34). En attendant le jour où la justice sera établie sur la terre, le fidèle est exhorté à se confier en l’Éternel et à demeurer tranquille, appuyé sur son Dieu (v. 3, 5, 7). Même s’il est lésé quant à ses droits, tout sera mis en ordre au jour où le Messie viendra pour rendre à chacun selon sa conduite (Matt. 16:27 ; cf. Rom. 2:6).

Les exhortations du psaume 37 sont aussi pour nous, bien que nous appartenions à une autre époque. Le mal qui se commet autour de nous, ou sous nos yeux, pourrait souvent nous irriter, mais cette irritation n’est pas selon Dieu. La vue du mal est une souffrance pour le chrétien qui vit en communion avec Dieu, mais la Parole nous dit que « l’amour ne s’irrite pas » (1 Cor. 13:5). Le Seigneur, qui nous a laissé un modèle afin que nous suivions ses traces, ne rendait pas d’outrage lorsqu’on l’outrageait, « mais se remettait à celui qui juge justement » (1 Pierre 2:23).

Plusieurs passages du Nouveau Testament mentionnent le jugement qui atteindra ceux qui auront fait le mal, et l’existence de ce jugement donne au croyant qui subit des injustices une certaine tranquillité d’esprit. Il sait que Dieu est juste et qu’il rendra à chacun selon ses œuvres. Calomnié quant à la substance de son enseignement, l’apôtre Paul dit, en parlant de ceux qui s’opposaient à lui : « desquels le jugement est juste » (Rom. 3:8). Faisant allusion aux Juifs qui le persécutaient et l’empêchaient d’annoncer l’évangile aux nations, il dit : « Mais la colère est venue sur eux au dernier terme » (1 Thess. 2:16). Parlant d’Alexandre, l’ouvrier en cuivre — un homme qui s’était égaré du chemin de la foi, avait montré beaucoup de méchanceté envers Paul et s’était fort opposé à son enseignement — l’apôtre dit : « Le Seigneur lui rendra selon ses œuvres » (2 Tim. 4:14).

Cependant, nous allons voir que le Nouveau Testament nous conduit beaucoup plus loin que ce psaume quant à notre attitude vis-à-vis de « ceux qui font le mal ». Nous avons en particulier un service à remplir envers eux, et un témoignage à rendre devant eux, en vue de leur bien.

 

2         Ayez en horreur le mal

L’Ancien Testament nous dit que « la crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal » (Prov. 8:13), et prononce le malheur sur « ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal » (És. 5:20). Le Nouveau Testament, malgré la pleine révélation de la grâce de Dieu qu’il nous apporte, ne révoque en rien cet enseignement. Au contraire, il nous dit : « Ayez en horreur le mal » (Rom. 12:9) et nous exhorte à avoir « les sens exercés à discerner le bien et le mal » (Héb. 5:14).

En aucun cas, un service envers ceux qui sont dans un mauvais chemin ne doit nous conduire à excuser ou à minimiser le mal. Mais la conscience de toutes les choses mauvaises qui peuvent si facilement germer dans notre propre cœur devrait conditionner notre attitude lorsque nous avons à nous occuper du mal autour de nous. Le Seigneur Jésus a prononcé des paroles très solennelles à ce sujet, notamment lorsqu’il a parlé de la paille et de la poutre (Matt. 7:3-5).

La vue du mal peut produire en nous une juste indignation. Et si même celle-ci devait se manifester sous forme de « colère », souvenons-nous qu’il est écrit : « Que le soleil ne se couche pas sur votre irritation ! » (Éph. 4:26 ; cf. v. 31).

 

3         Pardonner

S’il s’agit de torts que nous avons subis, que ce soit de la part d’un croyant ou d’un homme du monde, nous avons à pardonner (Matt. 6:14, 15 ; 18:35). Le Seigneur Jésus nous a laissé l’exemple suprême. Au moment où on l’a crucifié, il a demandé à Dieu : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34). L’apôtre Paul nous invite à nous revêtir de miséricorde, de bonté, d’humilité et de douceur, et à nous pardonner les uns aux autres comme aussi le Christ nous a pardonnés (Col. 3:12, 13).

 

4         Surmonter le mal par le bien

Dans le Sermon sur la montagne, le Seigneur fait de nombreuses déclarations qui dépassent de beaucoup ce qui avait été prescrit à Israël. Jésus dit par exemple : « Ne résistez pas au mal ; mais si quelqu’un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l’autre ; et à celui qui veut plaider contre toi et t’ôter ta tunique, laisse-lui encore le manteau ». « Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous font du tort et vous persécutent » (Matt. 5:39, 40, 44). Il s’agit donc, non d’attendre paisiblement que le jugement divin atteigne ceux qui font le mal, mais de chercher leur bien.

L’apôtre Paul parle aussi de cela dans les exhortations pratiques de l’épître aux Romains : « Bénissez ceux qui vous persécutent ; bénissez et ne maudissez pas » (12:14). Il rappelle que la vengeance n’appartient qu’à Dieu et que nous n’avons jamais à rendre le mal pour le mal (v. 17, 19). « Ne sois pas surmonté par le mal, mais surmonte le mal par le bien » (v. 21).

Dans ce passage, l’apôtre cite le livre des Proverbes : « Si donc ton ennemi a faim, donne-lui à manger ; s’il a soif, donne-lui à boire ; car en faisant cela tu entasseras des charbons de feu sur sa tête » (v. 20 ; cf. Prov. 25:21, 22). Le bien rendu à celui qui fait le mal augmente sa responsabilité et aggrave son jugement s’il persévère dans le mal. C’est la signification de ce verset. Mais il est vrai aussi que la douceur et l’absence de l’esprit de vengeance sont un témoignage qui peut contribuer au salut de ceux qui sont loin de Dieu.

 

5         Témoignage chrétien devant les hommes du monde

L’apôtre Pierre exhorte les croyants à avoir « une conduite honnête parmi les nations ». Pourquoi ? — « afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ils glorifient Dieu au jour de la visitation, à cause de vos bonnes œuvres qu’ils observent » (1 Pierre 2:12). Ces incrédules méprisent et calomnient les croyants. Mais le témoignage pratique des disciples de Jésus peut les amener un jour à glorifier Dieu.

Le même apôtre encourage les femmes croyantes à avoir une conduite irréprochable envers leurs maris, « afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la Parole, ils soient gagnés sans la Parole, par la conduite de leurs femmes » (3:1).

 

6         Si ton frère pèche, reprends-le

Dans l’évangile de Luc, le Seigneur dit : « Si ton frère pèche, reprends-le, et s’il se repent, pardonne-lui ; et si sept fois le jour il pèche contre toi, et que sept fois il retourne à toi, disant : Je me repens, tu lui pardonneras » (17:3, 4). En ce qui me concerne moi-même et les torts qui me sont faits, le Seigneur me demande un pardon inconditionnel et sans limite (cf. passages déjà cités : Matt. 6:14, 15 ; 18:35). Mais il y a un autre aspect des choses : c’est l’état spirituel de mon frère. S’il a péché, sa relation pratique avec Dieu est compromise, et pas seulement notre relation fraternelle. Bien que ce service soit très difficile (parce que nous avons toujours tendance à répondre à la chair par la chair), le Seigneur me demande de reprendre mon frère. Et s’il se repent, il faut que je l’assure de mon pardon.

D’après l’enseignement général du Seigneur et l’exemple qu’il nous a donné, nous avons à pardonner dans notre cœur avant même que notre frère se soit repenti. C’est aussi l’exemple que montre Étienne quand il dit : « Seigneur, ne leur impute point ce péché » (Act. 7:60). De même, parlant des croyants qui l’avaient abandonné lors de sa première défense — dans un moment particulièrement dangereux et difficile — l’apôtre Paul écrit : « Que cela ne leur soit pas imputé ! » (2 Tim. 4:16). Il leur avait pardonné dans son cœur.

Dans l’évangile de Matthieu, le Seigneur dit : « Si ton frère pèche contre toi, va, reprends-le, entre toi et lui seul ; s’il t’écoute, tu as gagné ton frère » (Matt. 18:15). Si mon frère a péché contre moi, le service qui m’est demandé n’est pas simplement de l’amener à reconnaître ses torts, mais de « gagner » mon frère. Il s’agit de rétablir une relation fraternelle perturbée. Mais le résultat de ce service est perdu d’avance si je n’ai pas d’abord reconnu mes propres torts envers mon frère.

Dans la première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul fait mention de graves dissensions entre frères. Il les exhorte à supporter les injustices et à se laisser faire tort (1 Cor. 6:7). Et il ajoute aussitôt : « Mais vous, vous faites des injustices et vous faites tort, et cela à vos frères » (v. 8). Combien souvent ceux qui pensaient avoir été victimes d’injustices avaient commis eux-mêmes des injustices ou fait tort à leurs frères !

 

7         Ramener un croyant qui s’égare

« Frères, quand même un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel homme dans un esprit de douceur, prenant garde à toi-même, de peur que toi aussi tu ne sois tenté » (Gal. 6:1). Combien nécessaire est ce service ! Il y a des frères plus particulièrement qualifiés pour cela, ceux qui ont reçu un don de « pasteur » — c’est-à-dire de berger — ou qui assument la fonction d’anciens ou de surveillants. Mais nous devrions tous nous sentir concernés, et avoir à cœur d’exercer humblement, dans l’environnement où Dieu nous a placés, un service d’aide envers ceux qui s’égarent ou sont en danger de s’écarter. « Mes frères, si quelqu’un parmi vous s’égare de la vérité, et que quelqu’un le ramène, qu’il sache que celui qui aura ramené un pécheur de l’égarement de son chemin, sauvera une âme de la mort et couvrira une multitude de péchés » (Jacq. 5:19, 20).

Dans le cas grave d’un croyant dont la conduite est caractérisée par le mal, l’assemblée doit exercer la discipline qui convient, c’est-à-dire exclure celui qui porte le caractère de « méchant ». Cette discipline a non seulement le but de purifier l’assemblée, elle a aussi celui de ramener le coupable (voir 1 Cor. 5 et 2 Cor. 2:5-8).

 

8         Enseigner avec douceur les opposants

L’apôtre Paul adresse à Timothée une exhortation en rapport avec des hommes qui s’opposent à la saine doctrine : « Il ne faut pas que l’esclave du Seigneur conteste, mais qu’il soit doux envers tous, propre à enseigner, ayant du support ; enseignant avec douceur les opposants, attendant si Dieu, peut-être, ne leur donnera pas la repentance pour reconnaître la vérité, et s’ils ne se réveilleront pas du piège du diable, par qui ils ont été pris, pour faire sa volonté » (2 Tim. 2:24-26). Ce devoir de patience et de douceur n’ôte évidemment rien à l’exhortation donnée un peu plus haut : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur » (v. 19).

 

9         Des soins actifs... mais jusqu’à quand ?

Notre première tâche, en face d’un homme qui fait le mal, est de chercher à l’amener à la repentance, ou à le ramener au Seigneur. Mais dans certains cas, Dieu peut nous faire comprendre que tout ce qui pouvait être fait a été fait, et qu’il n’est pas opportun de poursuivre. Citons quelques exemples. Lorsqu’il a été manifeste que les chefs religieux des Juifs ne voulaient pas de Jésus, lui-même a dit : « Laissez-les ; ce sont des aveugles, conducteurs d’aveugles » (Matt. 15:14). Paul ordonne à Timothée, au sujet de personnes qui égaraient des chrétiens : « Détourne-toi de telles gens » (2 Tim. 3:5). À propos de conducteurs qui n’apportent pas la doctrine du Christ, l’apôtre Jean écrit : « Ne le recevez pas dans votre maison et ne le saluez pas » (2 Jean 10). Dieu dit au prophète Jérémie, au moment où le peuple d’Israël a montré ouvertement sa rébellion et a refusé d’écouter les appels à la repentance : « Ne prie pas pour ce peuple » et « Qu’ils reviennent vers toi, mais toi ne retourne pas vers eux » (Jér. 7:16 ; 15:19).

Mais ne nous pressons pas d’arriver à une telle conclusion. Elle ne peut être juste que dans des cas très particuliers. L’attitude appropriée vis-à-vis de personnes qui sont dans un mauvais chemin nécessite un grand exercice devant le Seigneur et une grande dépendance de lui. Les cas sont multiples, et ce ne sont pas des règles qui peuvent nous guider. Il s’agit de discerner la pensée du Seigneur, avec amour et humilité, dans chaque cas concret placé devant nous.

« Or nous vous exhortons, frères : avertissez les déréglés, consolez ceux qui sont découragés, venez en aide aux faibles, usez de patience envers tous » (1 Thess. 5:14).