[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
Être conduit par l’Esprit
J.-A. Monard
ME 2008 p. 263-269
: Marques de la conduite par l'Esprit : ce qu'on voit extérieurement et ce qui se passe intérieurement.
Table des matières :
1 Être conduit par l’Esprit — sur un plan général
2 Un mystère profond : l’Esprit et l’esprit
4 L’opération de l’Esprit et la responsabilité de l’ouvrier
5 Continuité dans les cantiques, les prières et les lectures de la Parole
Un jeune frère demande : Comment peut-on savoir que le Saint Esprit nous conduit, lorsqu’il s’agit de se lever pour présenter la Parole dans l’assemblée ?
Essayons de faire un peu le tour de cette question difficile mais essentielle.
Selon l’enseignement du Nouveau Testament, nous avons à être conduits par l’Esprit dans toute notre vie, et non seulement quant à l’action dans l’assemblée. Bien sûr que, lorsque nous sommes réunis en assemblée dans la présence du Seigneur, il est encore plus sérieux d’agir juste. Une bénédiction pour tous doit résulter de la présence du Seigneur et de l’action de son Esprit. Mais le principe de la direction de l’Esprit est le même dans la vie de tous les jours et dans la vie d’assemblée. Nous avons peut-être trop tendance à penser à la direction de l’Esprit dans l’assemblée et à oublier ce qui concerne nos vies entières.
L’union du Saint Esprit avec l’esprit du croyant est un mystère profond. « Celui qui est uni au Seigneur est un seul esprit avec lui » (1 Cor. 6:17), est-il dit dans le même passage que : « Votre corps est le temple du Saint Esprit » (v. 19). Nous ne percevons pas la voix du Saint Esprit comme une voix distincte de celle de notre propre esprit. Dans certains cas, cette direction du Saint Esprit peut être ressentie comme une conviction. Mais le Seigneur peut permettre que les choses nous soient moins claires. Dans tous les cas, il faut que nous agissions avec crainte et tremblement, dans le sentiment de notre faiblesse et de notre indignité, mais sur un principe de foi (cf. Rom. 12:3, 6).
Nous ne sommes pas appelés à évaluer nous-mêmes notre action, et à conclure après coup que nous avons agi par l’Esprit, ou que nous ne l’avons pas fait. On ressent très mal les propos d’un frère qui lit un passage et qui fait une déclaration du genre : l’Esprit m’a conduit à lire ceci. Il est dit : « Que les autres jugent » (1 Cor. 14:29). Et encore faut-il que ces « autres » aient du discernement spirituel.
Il peut arriver que nous soyons tremblants non seulement quand nous sommes debout, mais encore après, quand nous nous sommes rassis. Mais cela nous met à notre place. Et le Seigneur nous donne parfois, lorsqu’il le juge bon et par le moyen qu’il juge opportun, les encouragements dont nous avons besoin. Sachons distinguer entre un encouragement venant de lui et une flatterie humaine.
Un aspect des choses, c’est donc l’opération et l’intervention divines par le moyen d’ouvriers humains. Ceci nous échappe en grande partie et nous devons être très réservés dans nos jugements, que ce soit à l’égard des autres ou de nous-mêmes. Mais l’autre aspect des choses, sur lequel toute notre attention doit se porter, c’est ce qui relève de notre responsabilité. Or l’action du Saint Esprit est nécessairement en plein accord
· avec l’enseignement de l’Écriture et
· avec la sagesse spirituelle.
Le premier point devrait être une évidence pour chacun. La révélation de Dieu dans sa Parole est complète et il n’y a rien à y ajouter. De plus, nous pouvons être certains que Dieu ne se contredit jamais. Le Saint Esprit ne peut conduire à quelque chose qui soit en contradiction avec la Parole écrite.
Quant au second point, on peut bien donner quelques exemples, mais il faut se garder d’en faire des règles.
Si un frère qui a reçu un don pour présenter la Parole est une fois en visite dans une assemblée, il est en général bien indiqué qu’il se lève. Donc que les frères du lieu soient réservés et que lui-même sente sa responsabilité d’apporter quelque chose.
Si, dans une assemblée, un frère a déjà présenté la Parole une ou plusieurs fois dans un passé récent, il est sage qu’il laisse autant que possible la place à d’autres.
Si un frère a le sentiment que, parmi les autres frères présents, aucun n’est disposé à se lever ou n’est en mesure de présenter la Parole, il n’est pas indiqué d’infliger à l’assistance un silence interminable. Mais attention ! On peut se tromper grandement en estimant que ses frères sont incapables d’édifier l’assemblée. Il faut toujours se souvenir qu’elle peut être édifiée par cinq paroles (1 Cor. 14:19). Et elle a besoin d’une diversité de ministères.
De façon générale, s’il y a une certaine suite dans les pensées exprimées par nos cantiques, nos prières et nos lectures, cela montre une communion pratique entre les frères qui agissent, et c’est précieux. Cela peut même être le témoignage que l’Esprit conduit les différentes actions. Mais ce n’en est pas une preuve, parce que l’esprit humain est capable aussi de fournir un enchaînement de pensées.
Il faut se garder de faire d’une telle continuité une règle. Si un frère est exercé devant le Seigneur pour présenter à l’assemblée un passage biblique dont il a lui-même joui, il ne serait pas juste qu’il se laisse arrêter par le seul fait que le cantique qui vient d’être chanté semble conduire l’action dans une autre direction. Dans les réunions de prières, quand quelques requêtes consécutives forment une suite, c’est heureux, mais il est normal qu’on passe ensuite à des sujets différents. Dans le livre des Proverbes (et ailleurs), on trouve souvent un groupe de versets qui font une suite. Puis il y a un changement de sujet.
Quoi qu’il en soit, nous avons besoin d’être conduits par l’Esprit aussi bien dans les prières et l’indication des cantiques que dans la lecture de la Parole.
Les silences peuvent avoir une grande utilité. Il ne faut pas en avoir trop peur. Les sœurs qui sont spirituelles utilisent ce temps pour prier, et non à s’impatienter. Et n’avons-nous pas fait l’expérience que Dieu utilise ces silences pour préparer les cœurs à recevoir quelque chose — ou peut-être pour nous secouer tous ? Certains frères, notamment de jeunes frères ou des frères de nature craintive, ne se lèveront jamais s’il n’y a pas eu un long moment de silence. Alors on peut considérer les silences comme un élément de la formation de ministères utiles.
Il serait très regrettable, pour ne pas dire catastrophique, que des frères prennent l’habitude de rompre les silences par une action dès que ceux-ci dépassent une longueur de x minutes. Quelle serait alors la valeur de cette action ?
Quelle est la forme, et quel est le degré de la préparation qui convient pour la présentation de la Parole en assemblée ? Ce qui paraît certain, c’est qu’un discours préparé jusque dans les détails et récité en assemblée est incompatible avec la direction de l’Esprit. Celle-ci implique une disponibilité de l’instrument employé et une docilité pour faire ce que le Seigneur montre sur le moment.
On donne quelquefois l’image du pharmacien qui doit avoir ses tiroirs bien remplis pour faire face aux divers besoins qui se présentent. Dans cette perspective, la préparation consiste à remplir ses tiroirs.
Mais les frères sont différents les uns des autres et chacun doit avoir affaire au Seigneur pour se préparer. Certains frères ont dans leur esprit et dans leur cœur plusieurs sujets qu’ils ont étudiés dans un passé récent, et s’attendent au Seigneur pour savoir lequel sera opportun pour l’assemblée s’ils sont appelés à se lever. D’autres frères recherchent une préparation plus générale, simplement une préparation de leur cœur et de leur esprit. D’autres enfin refusent par principe toute forme de préparation, mais ils s’exposent à deux dangers : 1° le confinement à un très petit nombre de sujets qu’ils connaissent bien, et 2° l’improvisation, qui peut conduire à des commentaires erronés de la Parole.
La plupart des frères qui enseignent l’assemblée de façon utile peuvent rendre témoignage qu’ils ne présentent pas en assemblée un sujet qui n’a pas occupé leurs pensées dans les semaines, ou dans les mois, qui viennent de s’écouler. Et à cet égard il faut faire la différence entre la situation d’un jeune frère qui découvre les richesses des Écritures et celle d’un frère plus âgé qui a eu le temps de se pencher de nombreuses fois sur beaucoup de passages.
Ici de nouveau, il y a deux aspects des choses, celui de Dieu et le nôtre. D’une part, Dieu fait à son assemblée les dons qui lui sont nécessaires, distribuant à chacun comme il lui plaît. D’autre part, nous sommes invités à désirer — et même à désirer avec ardeur — des dons de grâce plus grands, pour l’édification de l’assemblée (1 Cor. 12:31 ; 14:1, 12, 39). Il est évident que ces dons ne peuvent être accordés qu’à des frères qui se nourrissent de la Parole. La capacité de la présenter de façon opportune ne peut pas être donnée à des frères qui ne la connaissent que très peu. Il y a donc notre responsabilité d’étudier la Parole, en nous laissant enseigner et former par elle, et il y a la souveraineté de Dieu qui distribue les dons comme il lui plaît.
Si nous avons reçu quelque chose, nous sommes responsables de le faire valoir pour le Seigneur, et non pour notre propre gloire. Paul exhorte Timothée à ne pas négliger le don de grâce de Dieu qui était en lui.
Mais ici encore, ne cherchons pas trop à évaluer ce que nous avons reçu. Normalement, un don — dans le sens de la capacité d’exercer un service que le Seigneur a confié — doit croître avec les années, selon les expériences faites avec lui. Si nous sentons notre responsabilité d’apporter quelque chose à l’assemblée pour son édification, faisons-le en regardant au Seigneur et à l’assemblée, plutôt qu’à notre don. Moins nous regardons à nous-mêmes, mieux cela vaut.