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Épître aux Colossiens

 

F. B. Hole

 

Table des matières abrégée :

1     Chapitre 1

2     Chapitre 2

3     Chapitre 3

4     Chapitre 4

 

 

Table des matières détaillée :

1     Chapitre 1

1.1      Ch. 1:1-2

1.2      Ch. 1:3-5

1.3      Ch. 1:5-6

1.4      Ch. 1:7

1.5      Ch. 1:9

1.6      Ch. 1:10a

1.7      Ch. 1:10b-11

1.8      Ch. 1:12

1.9      Ch. 1:13

1.10     Ch. 1:14

1.11     Ch. 1:15-17

1.12     Ch. 1:18

1.13     Ch. 1:19-22

1.13.1      Ch. 1:19-20a

1.13.2      Ch. 1:20b

1.13.3      Ch. 1:20c

1.13.4      Ch. 1:21

1.13.5      Ch. 1:22a

1.13.6      Ch. 1:22b

1.14     Ch. 1:23

1.15     Ch. 1:24

1.16     Ch. 1:25

1.17     Ch. 1:26-29

2     Chapitre 2

2.1      Ch. 2:1-3

2.2      Ch. 2:4

2.3      Ch. 2:5

2.4      Ch. 2:6-7

2.5      Ch. 2:8-23

2.5.1       Ch. 2:8

2.5.2       Ch. 2:8b-10

2.5.3       Ch. 2:11

2.5.4       Ch. 2:12

2.5.5       Ch. 2:13

2.5.6       Ch. 2:14

2.5.7       Ch. 2:15

2.5.8       Ch. 2:16-17

2.5.9       Ch. 2:18-19

2.5.10      Ch. 2:20-21

2.5.11      Ch. 2:22-23

3     Chapitre 3

3.1      Ch. 3:1-4

3.2      Ch. 3:5-7

3.3      Ch. 3:8-11

3.4      Ch. 3:12-15

3.4.1       Ch. 3:12

3.4.2       Ch. 3:13-14

3.4.3       Ch. 3:15

3.5      Ch. 3:16-17

3.5.1       Ch. 3:16

3.5.2       Ch. 3:17

3.6      Ch. 3:18-25

4     Chapitre 4

4.1      Ch. 4:1

4.2      Ch. 4:2-6

4.3      Ch. 4:7-9

4.4      Ch. 4:10-11

4.5      Ch. 4:12-16

4.6      Ch. 4:17-18

 

1                        Chapitre 1

Les croyants de Colosses étaient bien plus avancés que les Galates quant à leur état spirituel. En parcourant l’épître, nous verrons certains sujets importants sur lesquels l’apôtre Paul devait exprimer un avertissement ; cependant, pour le principal, ils avaient fait de vrais progrès et l’apôtre pouvait parler de leur « ordre » et de la « fermeté » de leur foi en Christ (2:5). Ils formaient un heureux contraste à la fois avec les Corinthiens et les Galates, les premiers étant caractérisés par le désordre et les second par le détournement de la foi de Christ.

 

1.1   Ch. 1:1-2

C’est à cause de cela, sans aucun doute, que l’apôtre s’adresse à eux en tant que fidèles frères et en tant que saints. Tous les croyants peuvent bien être qualifiés de frères saints, car tous sont « saints », c’est-à-dire « mis à part pour Dieu ». Mais est-il possible de s’adresser à nous tous comme à des frères fidèles ? Marchons-nous tous dans la foi et dans la fidélité ? Prenons ces questions à cœur car un croyant infidèle ne pourra guère apprécier, ni même comprendre la vérité développée dans cette épître.

Comme souvent dans ses épîtres, l’apôtre commence par assurer les Colossiens de ses prières pour eux. S’il est nécessaire d’adresser des paroles d’avertissement et de correction, cela a beaucoup plus de puissance et est beaucoup mieux accepté si cela vient de lèvres qui ont l’habitude de s’appliquer à prier pour nous. Les prières de l’apôtre étaient mêlées d’actions de grâces, les deux ayant pour origine ce qu’il avait entendu à leur sujet, car comme on le voit au v. 1 du ch. 2, il ne les avait jamais vu face à face. Il avait reçu des nouvelles de leur foi en Christ et de leur amour pour tous les saints.

Ces deux choses, aussi simples et élémentaires qu’elles paraissent, sont de la plus grande importance. Elles indiquent de manière définie et certaine la possession de la nature divine (voir 1 Jean 3:14 ; 5:1). Un inconverti peut bien s’attacher ici ou là à un croyant individuel qui lui a tapé dans l’œil, mais il n’aimera pas « tous les saints ». Cela dépasse les possibilités de quiconque, sauf de celui qui est né de Dieu.

 

1.2   Ch. 1:3-5

Ce n’est pas avant le v. 9 que l’apôtre les informe du fardeau qu’il avait en prière pour eux. Il commence par leur parler de ce pourquoi il rendait grâce. « Nous rendons grâce … à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux » (1:3-4). Il est fait allusion à cette espérance au cours de l’épître (1:27 ; 3:4), mais elle n’est pas développée en détail car ils la connaissaient bien. Ils en avaient reçu la nouvelle quand la parole de l’évangile était parvenue à leurs oreilles au commencement. Ceci nous fait comprendre que ceux qui prêchent l’évangile doivent faire attention à ne pas seulement insister sur son effet présent en délivrance de la puissance du péché, mais aussi sur son effet final : l’introduction du croyant dans la gloire. Bien sûr ce serait aussi une erreur de prêcher l’effet final sans insister sur l’effet présent.

 

1.3   Ch. 1:5-6

L’évangile dans ces jours-là avait dépassé les limites étroites de la Palestine et était parvenu dans tout le monde. Il avait atteint les Colossiens, qui faisaient partie des nations [ou : Gentils], et par conséquent ils connaissaient la grâce de Dieu en vérité. La grâce de Dieu nous rend-elle négligents ou indifférents ? Non pas, elle agit en sens inverse, elle suscite du fruit : « La parole de la vérité de l’évangile … qui porte du fruit et croit, comme aussi parmi vous ». La croissance et le fruit porté sont tous les deux des preuves de vitalité. Il n’y a ni stagnation ni déclin là où l’évangile est réellement reçu.

 

1.4   Ch. 1:7

Il ressort du v. 7 qu’Épaphras avait été le serviteur de Christ qui leur avait apporté la lumière. C’est de ses lèvres, qu’ils avaient appris la bonne nouvelle de la grâce de Dieu et l’espérance de la gloire. Le v. 8 montre ensuite qu’il avait voyagé à Rome et avait fait connaître à Paul ce que Dieu avait opéré parmi les Colossiens, et la profondeur et la sincérité de leur amour chrétien. Nous pouvons voir à quel point Paul l’estimait ; il en parle comme d’un fidèle serviteur de Christ, et à la fin de l’épître nous apprenons combien il se dévouait vraiment pour le bien spirituel des Colossiens.

 

1.5   Ch. 1:9

Le rapport apporté par Épaphras n’avait pas seulement amené Paul à rendre grâces, comme nous l’avons vu, mais il le contraignait aussi à des prières constantes pour eux. Au v. 9 il commence de leur dire ce pourquoi il priait à leur sujet. Sa prière peut être résumée sous quatre rubriques :

1.      Il désirait qu’ils soient remplis de la connaissance de la volonté de Dieu, de telle sorte

2.      qu’ils marchent d’une manière digne du Seigneur et lui plaisent à tous égards, en sorte

3.      qu’ils soient fortifiés pour supporter les souffrances avec joie, et

4.      qu’ils soient pleins d’un esprit d’action de grâces et de louange.

 

Voyons ces points un peu plus en détail.

La volonté de Dieu est de tout gouverner pour nous ; c’est pourquoi la connaissance de Sa volonté vient nécessairement en premier lieu. Le mot utilisé ici pour connaissance est un mot très fort qui signifie en réalité une pleine connaissance, et c’est de cette pleine connaissance qu’ils devaient être remplis. L’apôtre ne se serait satisfait de rien moins que cela. Il fallait que la volonté de Dieu occupe toutes leurs pensées et remplisse leur horizon. Ce niveau requis va vraiment très loin, mais la norme divine et l’objectif divin sont absolument et toujours immensément élevés.

En outre notre connaissance doit être en toute intelligence spirituelle, c’est-à-dire une intelligence acquise par l’Esprit de Dieu et non pas un simple processus intellectuel. Il est possible d’acquérir des informations sur la Bible, comme on s’informe sur l’histoire et la géographie, et cela peut permettre d’être capables d’analyser et exposer l’Écriture ; et malgré tout cela, on peut rester entièrement étranger à sa portée expérimentale et à sa puissance. Il faut aussi que notre connaissance soit en toute sagesse. L’homme sage est celui qui est capable d’un sain jugement pour appliquer sa connaissance aux circonstances devant lesquelles il se trouve. Ainsi ce que l’apôtre désire pour les Colossiens et pour nous, c’est que nous acquérions une pleine connaissance de la volonté de Dieu par l’enseignement du Saint Esprit, car c’est de cette manière que nous serons gouvernés par ce que nous savons, et que nous serons capables d’appliquer notre connaissance aux détails pratiques au milieu des circonstances embrouillées qui nous environnent.

 

1.6   Ch. 1:10a

Or c’est là ce qui nous rend capable de marcher d’une manière digne du Seigneur, pour lui plaire à tous égards. Rien n’est plus triste que de voir un croyant distrait par les circonstances, rempli d’incertitude, vacillant de ci et de là. Quel encouragement au contraire quand un croyant est comme un navire secoué par des vents violents, soufflant parfois dans tous les sens, et pourtant gardant un cap bien stable, parce que le matelot à une bonne intelligence de la navigation et de la carte maritime, et qu’il a la sagesse non seulement de tirer ses observations du soleil, mais aussi de les appliquer au lieu où il se trouve et à sa direction. Chez une telle personne il y a une netteté et une certitude qui glorifient Dieu. On trouve un exemple de tout ce dont nous parlons en une mesure incomparable chez l’apôtre Paul. Il suffit de lire Philippiens 3 pour s’en rendre compte.

Cette marche digne du Seigneur et lui plaisant à tous égards, est la base nécessaire pour que du fruit soit porté. Il y a une distinction entre le « fruit de l’Esprit » dont il est parlé en Gal. 5:22-23 et porter du fruit selon notre verset 10. En Galates c’est le fruit produit dans une marche ayant le caractère chrétien ; ici, il s’agit de porter du fruit sous forme de bonnes œuvres. Le premier est le fondement du second, mais les deux sont nécessaires. Les bonnes œuvres sont le résultat nécessaire d’un caractère formé réellement selon Christ. Les bonnes œuvres sont des œuvres qui expriment la vie divine et le caractère divin chez le chrétien, et qui sont selon la Parole de Dieu. Nous devons être caractérisés par toute bonne œuvre.

 

1.7   Ch. 1:10b-11

Dans tout ceci, il n’y a rien de définitif tant que nous sommes sur la terre, comme le montre la fin du v. 10 : même ayant la connaissance de Sa volonté, nous avons à croître dans la connaissance de Dieu, ou « par la pleine connaissance de Dieu ». Non seulement nous croissons en elle, mais nous croissons par elle, car plus nous connaissons Dieu expérimentalement, plus notre stature spirituelle croit, et plus nous sommes « fortifiés en toute force » comme l’indique le v. 11.

Le langage de ce verset 11 est très fort. Il est parlé de « toute force », de « la puissance de Sa gloire », de « toute patience ». Nous pouvons bien être surpris, et poser la question : est-il possible que des créatures faibles et défaillantes comme nous soient fortifiées à ce degré extraordinaire ? Il en est bien ainsi. La puissance de la gloire est capable de Lui assujettir toutes choses, comme l’indique Phil. 3:21 ; elle peut donc nous assujettir et nous fortifier maintenant. Mais dans quel but ?

La réponse à cette question est encore plus étonnante : c’est en vue de ce que nous soyons capables de supporter toutes les épreuves du chemin, non seulement avec une grande patience, mais aussi avec joie. Nous aurions pensé naturellement que cette force extraordinaire conférée aurait eu pour but d’accomplir des exploits extraordinaires au service de Dieu, ou d’agir comme Élie ou Paul. Mais non, c’est en vue de souffrances, supportées avec patience et avec joie. Réfléchissons un peu, et nous comprendrons que ceci est totalement contraire à notre nature.

Le monde connaît et admire l’attitude d’esprit qui consiste à « sourire et endurer ». On fait l’éloge de celui qui fait face à l’adversité avec gaieté, même si sa gaieté n’est basée que sur une sorte de fatalisme et un refus de considérer le lendemain. Le croyant qui a grandi dans la connaissance de Dieu et qui est fortifié, peut être plongé dans la souffrance, mais au lieu d’être consumé par le désir d’en sortir, il endure avec patience ; au lieu de murmurer contre les voies divines, non seulement il y acquiesce, mais il est joyeux. Joyeux, notons-le bien, ce n’est pas simplement gai. Sa joie s’épanche régulièrement, comme coulent des eaux calmes et profondes. Mais voilà que la puissance pour cela est selon la puissance de Sa gloire. Cette gloire existe aujourd’hui, et elle va être manifestée très bientôt, en sorte que dès maintenant il est possible pour nous de nous « réjouir d’une joie ineffable et glorieuse ». Lire 1 Pierre 1:6-9 qui illustre bien notre sujet.

 

1.8   Ch. 1:12

Le saint qui est joyeux se met naturellement à rendre grâces et à louer. C’est pourquoi le v. 12 découle du v. 11. Nous rendons grâces à Dieu comme Père, car c’est dans ce caractère que nous Le connaissons, et qu’Il a opéré envers nous pour accomplir Son propos d’amour. Nous rendons grâces pour ce qu’Il a fait. Les sujets d’actions de grâces se suivent selon une échelle descendante, partant de Son propos et allant vers la satisfaction de nos besoins, laquelle était nécessaire pour que Son propos soit accompli.

« Rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière ». Ce n’est pas « seront rendus capables » ni « sont en train d’être rendus capables », mais « sont [déjà] rendus capables ». Nous qui avons cru, nous sommes rendus capables d’avoir part à la gloire céleste, capables d’avoir cette part dans la lumière de la présence de Dieu que tous les saints de la dispensation présente partageront. Nous pouvons être bien peu capables de réaliser ce que signifie cet héritage [ce lot des saints], mais nous avons une pleine assurance d’avoir été rendus par le Père capables d’y avoir part. Être rendus convenables et capables, c’est notre part déjà maintenant, bien que l’héritage soit futur.

 

1.9   Ch. 1:13

Pour que nous soyons rendus capables, il nous fallait une délivrance. Dans l’état d’inconverti, nous étions sous le pouvoir des ténèbres. Les ténèbres ici, désignent Satan et ses œuvres, de même que le mot « lumière » vient d’être utilisé pour décrire la présence de Dieu. Nous avons été délivrés du royaume de Satan pour être transportés dans un royaume d’un caractère infiniment plus élevé et meilleur, le royaume du « Fils de Son amour », ou de « Son cher Fils ». En étant mis sous le pouvoir du bien parfait, nous sommes délivrés de la puissance du mal.

À plusieurs reprises dans le Nouveau Testament, il nous est rappelé qu’en croyant, nous sommes amenés sous l’autorité divine. Il est parlé du royaume de Dieu, et du royaume des cieux dans l’évangile de Matthieu, du fait que Jésus, le roi de Dieu, est assis dans les cieux, en sorte qu’Il exerce un pouvoir céleste sur la terre. On trouve encore d’autres expressions pour qualifier le royaume, mais aucune n’exprime autant la proximité et les affections que celle que nous avons ici. Le mot « royaume » peut avoir une connotation un peu rude à nos oreilles, mais il n’y a rien de rude dans le « royaume du Fils de l’amour du Père ». Certes cela parle d’autorité, mais c’est l’autorité de l’amour parfait, tous ses décrets en étant imprégnés.

Ne regimbons jamais contre l’autorité. Le fait est que nous ne pouvons faire sans elle, et que nous n’avons jamais été destinés à cela. Au commencement, quand l’homme a commencé à regimber contre l’autorité de Dieu, il est tombé instantanément sous le pouvoir ténébreux du diable. Il n’a jamais été l’intention de Dieu que l’homme soit laissé sans aucun contrôle. Si maintenant nous sommes délivrés du pouvoir de Satan, c’est parce que nous sommes amenés dans la soumission au Fils de l’amour de Dieu. Le joug de Satan est un fardeau de la pire espèce. Ceux qui sont sous ce joug sont comme le démoniaque, qui avait sa demeure dans les sépulcres, criant toujours et se meurtrissant avec des pierres. Le joug du Seigneur Jésus — Il nous l’a dit — est aisé et Son fardeau est léger. Passer de l’un à l’autre est bien un transport, mais quel transport !

 

1.10                      Ch. 1:14

Ce transport [du pouvoir des ténèbres jusqu’au royaume du Fils de l’amour du Père] a été effectué dans la puissance de l’œuvre de rédemption à la croix. Ce n’est que par la rédemption que nous pouvions être dégagés d’une manière juste de l’esclavage du pouvoir des ténèbres. Nous avons été ramenés à Dieu par le sang, et par ce même sang versé, nos péchés ont été ôtés, en sorte qu’ils sont tous pardonnés. Il n’est pas possible de se réjouir d’être ramené à Dieu en dehors du pardon de tous nos péchés, qui faisaient autrefois obstacle entre Dieu et nous.

Bien que la glorieuse vérité des v. 12 à 14 soit affirmée d’une manière descendante en partant du côté de Dieu, c’est d’une manière ascendante (le sens inverse) que nous, de notre côté, nous entrons dans la connaissance et la jouissance de cette vérité. Nous commençons nécessairement par le pardon de nos péchés. Puis alors, entrant dans la pensée plus vaste de la rédemption, nous commençons à apprécier le grand transport effectué, et le fait d’avoir été rendus parfaitement capables d’avoir part à la gloire, comme étant en Christ. Plus nous entrons en toutes ces choses, plus nos cœurs et nos bouches sont remplis d’actions de grâces envers le Père qui est la source de tout.

 

1.11                      Ch. 1:15-17

Mais si le Père est la source de tout, le Fils de Son amour est le canal par lequel tout découle vers nous — Celui qui a tout mis à exécution malgré l’immense prix que cela Lui a coûté. La rédemption nous a atteint par Son sang, et quand nous découvrons QUI EST Celui qui a versé Son sang, nos pensées sur ce sujet sont grandement élargies. C’est pourquoi aux v. 15 à 17, il nous est donné un aperçu de Sa splendeur en rapport avec la création. C’est un passage inégalé tant quant au caractère sublime des pensées exprimées, qu’à la puissance active avec laquelle ces pensées sont exprimées aussi brièvement qu’il est possible. Il y a une combinaison de sublime, de puissance active et de concision.

Deux termes du v. 15 exigent une remarque. La force du sens du mot « image », c’est « représentant ». Le Dieu invisible est représenté exactement en Lui, chose impossible si Lui-même n’était Dieu. Certains tendent à hésiter légèrement devant cette interprétation à cause du second terme de ce verset exigeant une remarque. Dans le terme « premier-né », ils insistent trop, dans leurs pensées, sur la seconde partie de ce terme (« né »). « Il est  » disent-ils. Mais le terme de « premier-né » a aussi un sens figuré à côté de son sens premier, comme dans le Psaume 89:27 et dans Jér. 31:9 ; il signifie alors celui qui prend la place suprême comme détenant les droits du premier-né. C’est le sens dans lequel ce terme est utilisé dans notre passage. Le Seigneur Jésus s’est avancé, non seulement comme représentant de tout ce que Dieu est, mais aussi comme Celui ayant la pré-éminence sur toute la création. Toute la gloire et les droits de la création Lui ont été dévolus, pour la simple raison qu’Il est le Créateur, comme le déclare le v. 16.

Au tout premier verset de la Bible, la création est attribuée à Dieu, et il est remarquable que le mot qui y est utilisé pour désigner Dieu est au pluriel (Elohim). C’est d’autant plus remarquable que la langue hébreue ne dispose pas seulement du singulier et du pluriel, mais elle a aussi un autre moyen d’exprimer la multiplicité, le « duel » qui signifie qu’il y a deux éléments, et deux seulement. Les mots au pluriel désignent donc des éléments au nombre de trois ou plus, et quand nous arrivons au Nouveau Testament, nous trouvons qu’il y a trois Personnes dans la Déité. Nous découvrons aussi que, parmi ces trois Personnes, la création est toujours attribuée au Fils.

C’est le cas ici. Ce grand fait est affirmé de trois manières au v. 16, avec l’utilisation de trois prépositions différentes dans, par et pour. Dans notre version, la première et la deuxième prépositions sont traduites par par. Mais littéralement c’est dans. Or en notes de la version J.N. Darby (version française de 1872 ou version anglaise), on trouve que la première préposition (par, dans la version française) est εν et signifie la puissance intrinsèque [dans la puissance de la personne duquel ont été créées toutes choses]. Il était Celui dont la puissance intrinsèque caractérisait la création. Celle-ci existe comme Sa créature. Ces notes de traduction indiquent aussi que la deuxième préposition est δια (par, dans la version française) et elle désigne la puissance instrumentale (Il était l’Instrument actif). Et la troisième préposition est εις (pour, dans la version française) et elle indique le but, la fin, pour lesquels la création existe. Les prépositions εν, δια, εις désignent donc respectivement la Puissance intrinsèque, l’Instrument actif et le but final.

Notez aussi la manière complète dont la création est décrite dans ce passage. Les cieux aussi bien que la terre sont envisagés, les choses visibles aussi bien que les choses invisibles ; et il est parlé des puissances spirituelles et invisibles comme se trouvant sous quatre chefs [ou : têtes]. Nous ne savons ce qui distingue réellement les trônes, les seigneuries, les principautés et les autorités, mais nous savons qu’elles doivent toutes leur existence au Seigneur Jésus. Deux fois dans ce seul verset, il est affirmé qu’Il est le Créateur de « toutes choses ». En conséquence Il est avant (c’est une question de temps) et devant (c’est une question de position) toutes choses ; et toutes choses subsistent par Lui (1:17). Les étoiles poursuivent leur course, mais elles ne le font que parce que Lui les dirige.

 

1.12                      Ch. 1:18

Il n’est pas difficile de voir le Créateur entré au milieu de Sa propre création en devenant homme. Il se tient forcément dans la création comme Chef et Premier-né. Mais au v. 18, nous trouvons qu’Il est aussi Chef et Premier-né, mais sous un autre rapport. Il est le Chef [ou : Tête] du corps, de l’assemblée, et l’assemblée est l’œuvre de Dieu en création nouvelle. Il est le Premier-né d’entre les morts, c’est-à-dire qu’Il détient les droits suprêmes dans le monde de la résurrection. En conséquence Il a la première place en toutes choses et dans tous les domaines.

Quelle glorieuse vérité que celle-ci ! Quelle merveille de Le connaître comme Premier-né de ces deux manières, à la fois en relation avec la première création et avec la nouvelle création ! Seulement, notre relation avec Lui dans le cadre de la nouvelle création est beaucoup plus intime qu’elle n’aurait jamais pu être dans le cadre de la première création. Dans toute création Il est bien sûr la Tête (*), au sens de Chef, et c’est dans ce sens qu’Il est parlé de Lui comme « le chef de tout homme » en 1 Cor. 11:3. Pour l’église, Il est Chef ou Tête dans un autre sens, selon l’illustration du corps humain. Une union organique et vitale existe entre la tête et les autres membres du corps, et c’est exactement ainsi qu’une union vitale existe entre Christ et Ses membres dans la nouvelle création.

(*) Note du traducteur : le mot « tête » en anglais signifie tout aussi bien « chef ». Mais il y a quand même deux mots pour « chef », l’un correspondant au mot « chef » en français, et l’autre est le mot « tête ».

 

En outre, Il est « le commencement ». Il existait au commencement, comme cela nous est dit ailleurs, mais c’est autre chose. Ici Il est le commencement, et ce commencement est en rapport avec la résurrection comme le montre le reste du verset. La résurrection du Seigneur Jésus a été le nouveau commencement pour Dieu. Tout ce que Dieu fait aujourd’hui, Il le fait en rapport avec Christ en résurrection. Tous nos liens avec Lui sont sur ce pied-là. Considérons soigneusement ce point-là avec prière, car à moins de le saisir par l’intelligence spirituelle, nous n’arriverons pas à apprécier la vraie nature du christianisme.

 

1.13                      Ch. 1:19-22

1.13.1    Ch. 1:19-20a

En Christ ressuscité, nous trouvons le nouveau commencement de Dieu, mais notons l’importante vérité qui suit dans les versets 19 à 22. Il fallait que toutes les dettes contractées en rapport avec l’ancienne création soient entièrement réglées. Il arrive que des gens sans scrupules se lancent dans des affaires, contractent de lourdes dettes, puis cessent leur activité sans même tenter de régler ces dettes. Ils s’en vont alors ailleurs, et recommencent à lancer de nouvelles affaires ! De telles pratiques sont universellement condamnées. Dieu agit toujours selon une justice stricte. Par Sa mort, le Seigneur Jésus a réglé tout ce qui tenait au péché de l’homme dans l’ancienne création. Ensuite, dans Sa résurrection, Dieu a commencé la nouvelle création

 

1.13.2    Ch. 1:20b

Le v. 19 nous dit que toute la plénitude de la Déité s’est plu à habiter dans le Fils quand Il s’est avancé pour faire Son œuvre puissante, et la Déité visait de faire la paix si efficacement par le sang de Sa croix, que la base serait posée pour la réconciliation de toutes choses. Or nous pouvons bien ajouter que ce que la Déité vise, Elle l’accomplit toujours.

Le résultat du péché a été que l’homme est tombé dans un état d’inimitié contre Dieu, à la suite de quoi la terre a été remplie de conflits, de confusion et de désordre. Dans la mort de Christ, il s’est opéré judiciairement un nettoyage par le moyen du jugement tombant sur ce qui avait créé tout le trouble. Une fois les éléments perturbateurs enlevés, la paix pouvait prendre place. La paix étant établie, la réconciliation peut avoir lieu.

La paix a donc été faite. Personne n’a « à faire sa [leur] paix avec Dieu ». Personne ne pouvait non plus faire la paix avec Dieu, même s’il en avait eu l’obligation. Christ est Celui qui fait la paix. Il l’a faite, non pas par Sa vie d’une beauté et d’une perfection uniques, mais par Sa mort. Il faut bien sûr que nous jouissions de la paix, et c’est ce dont il est parlé en Rom. 5:1 : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ». Par la foi, nous avons la paix dans nos cœurs, et quelle est merveilleuse cette paix ! Mais ici, le point mis en relief est que la paix a été faite à la croix. La seule base possible pour une paix dont nous jouissons intérieurement, est la paix faite en dehors de nous quand le sang de la croix a été versé.

 

1.13.3    Ch. 1:20c

La paix ayant été faite, la réconciliation de toutes choses va venir. Ne pensons pas que cela signifie le salut de tous, car des précisions sont ajoutées immédiatement dans le membre de phrase qui suit : le « toutes choses » est limité aux « choses qui sont sur la terre ou aux choses qui sont dans les cieux ». S’il est question de ployer le genou devant le Seigneur Jésus, il est ajouté les « choses qui sont sous la terre » (*), mais elles ne sont pas incluses ici. Le monde des perdus devra se soumettre. Ils seront brisés mais non pas réconciliés.

(*) Note du traducteur : les « choses qui sont sous la terre » sont mentionnées en Phil. 2:10 dans la version autorisée du roi Jacques. Ceci est traduit par « êtres infernaux » dans la version J.N. Darby.

 

1.13.4    Ch. 1:21

Il est parfaitement évident que la réconciliation n’a pas encore eu lieu en ce qui concerne les choses sur la terre. Pourtant les croyants sont déjà réconciliés comme l’indique le v. 21 ; et dans ce verset, nous trouvons un mot qui nous aide à comprendre ce que signifie réellement la réconciliation, un mot qui décrit l’état diamétralement opposé à la réconciliation : l’aliénation, ou le fait d’être étranger.

Des maux multiples ont enveloppé l’humanité comme résultat de l’entrée du péché. Non seulement nous sommes devenus coupables, mais nous sommes sous un terrible esclavage. Et non seulement nous sommes dans l’esclavage, mais nous sommes devenus entièrement étrangers vis-à-vis de Dieu en qui résident tous nos espoirs. Nous avions besoin de justification en rapport avec notre culpabilité. Nous avions besoin de rédemption en rapport avec notre esclavage. Et parce que nous sommes si entièrement étrangers vis-à-vis de Dieu, nous avions besoins de réconciliation. L’aliénation (ou fait d’être étranger), notons-le, est à imputer entièrement de notre côté. L’inimitié existait dans nos pensées à l’égard de Dieu, mais non pas dans les pensées de Dieu à notre égard ; or l’inimitié et l’aliénation s’expriment dans des mauvaises œuvres. C’est pourquoi nous pouvons dire qu’il y a un sens selon lequel Dieu avait besoin de réconciliation, mais nous, nous en avions besoin sur deux plans.

 

1.13.5    Ch. 1:22a

La réconciliation a été effectuée « par la mort », celle de Christ. Sa mort est la base stable sur laquelle la réconciliation repose, qu’il y en ait besoin du côté de Dieu ou du nôtre. Cependant nous avions besoin de plus que cela. Nous avions besoin de l’œuvre puissante dans nos cœurs par laquelle l’inimitié devait en être balayée pour toujours. Comme résultat de tout cela, Dieu abaisse Ses regards sur nous, comme étant en Christ, avec plaisir et délices ; tandis que nous, sensibles à Sa faveur, nous levons les yeux vers Lui en Lui répondant par les affections.

 

1.13.6    Ch. 1:22b

Dieu ne trouve tout Son délice que dans ce qui est parfait. Mais alors l’effet de la mort de Christ est que nous puissions être présentés « saints et irréprochables et irrépréhensibles devant Lui ». Nous sommes débarrassés de tout ce qui s’attachait à nous auparavant en tant qu’enfants déchus d’Adam, car le jugement de tout ce que nous étions a été exécuté « dans le corps de Sa chair, par la mort ». Cette même mort de Christ fournit la base pour la réconciliation à venir de toutes choses dans les cieux et sur la terre.

Quelle glorieuse perspective que celle-ci ! Il y a des choses dans les cieux qui ont été touchées et souillées par le péché, et il faut qu’elles soient réconciliées, bien que les anges qui ont péché ont été jetés en bas pour l’enfer, et ne relèvent donc pas de cette réconciliation. Tout sur la terre a fait naufrage. Pourtant un jour viendra où tout, dans ces deux sphères, sera amené en harmonie complète avec la volonté de Dieu, et jouira pour toujours de l’éclat du soleil de Sa faveur, répondant à Son amour à tous égards. Nous pouvons bien crier : Seigneur, hâte ce jour ! Nous pouvons bien méditer profondément sur de pareils thèmes, car plus nous le ferons, plus nous entreverrons la merveille de la mort de Christ.

 

1.14                      Ch. 1:23

Tout ce qui vient d’être considéré suppose bien sûr que nous sommes vraiment et réellement du Seigneur ; d’où le « si » du v. 23. Il y en a beaucoup qui, à l’ouïe de l’évangile, professent croire, et pourtant, ultérieurement, abandonnent entièrement ce qu’ils ont professé. Ils ne « demeurent pas dans la foi, fondés et fermes », ils sont « détournés de l’espérance de l’évangile », montrant par là que sa racine ne se trouvait pas en eux. L’expression « Il vous a maintenant réconciliés » ne s’applique pas à eux.

L’apôtre insiste à nouveau dans ce verset sur l’immense portée de l’évangile, prêché dans « toute la création qui est sous le ciel », juste comme au v. 6 il est parvenu « dans tout le monde ». Le point mis ici en relief n’est pas, bien sûr, qu’il a été effectivement prêché à toute créature, mais que la sphère de son action n’est rien moins que toute créature. Paul avait été fait ministre de cet évangile. Un autre ministère, celui de l’assemblée, est indiqué au v. 25.

 

1.15                      Ch. 1:24

L’apôtre introduit le sujet de son second ministère en faisant référence à ses souffrances. Il était en prison, alors qu’il écrivait, et il parle de ses souffrances comme étant « les afflictions du Christ ». C’était leur caractère. Elles étaient certainement des afflictions pour Christ, mais le point mis ici en relief semble être qu’elles étaient, dans leur caractère, des afflictions de Christ, de la même sorte que celles qu’Il a endurées dans Son merveilleux chemin sur la terre, quoique bien moindres dans leur degré. Inutile de dire que le Seigneur a été absolument seul dans Ses souffrances expiatoires dans Sa mort. Ce n’est pas à ces souffrances qu’il est fait allusion ici.

Les souffrances qui déferlaient sur la chair de Paul étaient endurées pour toute l’assemblée, et cette assemblée est le corps de Christ. Par son emprisonnement, l’apôtre remplissait la coupe de ses afflictions, en faveur de l’église au sens le plus large — c’est-à-dire non seulement pour l’église existant sur la terre de son temps, mais pour l’église à travers tous les âges jusqu’à la fin de son histoire terrestre, y compris nous-mêmes. Il souffrait pour que la vérité quant à l’église soit établie de manière abondante et claire, et de ses souffrances sont sorties ces épîtres immortelles qui nous instruisent aujourd’hui. De cette manière, son ministère quant à l’église nous est rendu disponible, à nous aujourd’hui.

 

1.16                      Ch. 1:25

Une « dispensation » ou « administration » lui avait été donnée par Dieu pour « compléter » Sa Parole. Cela ne veut pas dire que Paul avait à écrire les dernières paroles de l’Écriture, car nous savons que c’est Jean qui l’a fait. Cela signifie que la révélation du mystère auquel il est fait allusion dans les versets qui suivent, lui était confiée, et que quand cela était donné à connaître, le dernier chaînon de la révélation était ajouté ; le cercle de la vérité révélée était complet.

 

1.17                      Ch. 1:26-29

Dans l’Écriture, un « mystère » ne signifie pas quelque chose de mystérieux ou d’incompréhensible, mais simplement quelque chose tenu secret ou caché jusqu’alors, ou en tout cas connu seulement de certains initiés. Le mystère dont il est parlé ici avait été entièrement caché auparavant, et il n’était manifesté aux saints de Dieu que maintenant. Il concernait Christ et l’église, et plus particulièrement l’introduction des Gentils dans un corps unique. Ce côté du mystère est plus précisément développé dans l’épître aux Éphésiens. Au v. 27 de notre chapitre, il est dit qu’il s’agit de « Christ en vous, l’espérance de la gloire ». Lisez bien ce verset, et vous verrez que le « vous » signifie « vous les Gentils ». Auparavant Dieu avait demeuré un peu de temps au milieu d’Israël, puis le Messie était apparu à son tour pour une brève période parmi les Juifs dans le pays, — mais que Christ soit trouvé maintenant chez les Gentils était quelque chose d’entièrement nouveau et sans précédent. C’était une garantie de la gloire à venir, car Christ sera tout en tous dans ce jour-là.

Il n’est pas facile pour nous de nous rendre compte à quel point cette doctrine paraissait révolutionnaire quand elle a commencé à être annoncée. Elle mettait entièrement de côté la position spéciale et exclusive des Juifs, et c’était là son scandale majeur à leurs yeux, suscitant une opposition furieuse. Le maintien de cette doctrine était ce qui avait provoqué l’emprisonnement et de pareilles souffrances pour Paul.

D’un autre côté Paul savait la grande importance de cette vérité comme étant celle caractéristique de la présente dispensation. Toute dispensation de Dieu a une vérité qui la caractérise, et voilà la vérité qui caractérise la présente dispensation. Ce n’est qu’en étant instruit en elle que nous pourrons être « parfaits » ou « complets » en Christ. C’est pourquoi l’apôtre travaillait puissamment à faire connaître cette vérité selon l’opération de l’Esprit de Dieu en lui.

 

2                        Chapitre 2

2.1   Ch. 2:1-3

Non seulement Paul travaillait à enseigner cette grande vérité, mais il travaillait aussi dans la prière, d’autant plus maintenant que les murs de prison restreignaient son activité précédente. Ses prières étaient si intenses, qu’il les décrit comme un combat. Dans ce combat, il était spécialement axé en faveur de ceux dont il n’avait jamais vu le visage, comme les Colossiens, les Laodicéens et d’autres. Il désirait qu’ils arrivent à la pleine connaissance de ce secret, et que leurs cœurs soient unis ensemble dans ce processus, car c’est dans la pleine connaissance que réside la pleine certitude d’intelligence.

En Héb. 10 il est parlé de la « pleine assurance de foi », la foi qui prend simplement Dieu au mot. C’est quelque chose par quoi nous avons le droit de commencer notre carrière de croyant. La pleine certitude d’intelligence marque la maturité de l’intelligence spirituelle. En entrant dans l’intelligence du mystère, le dernier secteur du cercle de vérité se met en place, et l’ensemble devient intelligible et lumineux ; l’immensité et la merveille du schéma divin se mettent à luire devant nous, et une certitude absolument merveilleuse prend possession de nos cœurs.

Nous ne pouvons pas quitter le v. 2 sans noter l’expression « leurs cœurs… étant unis ensemble dans l’amour ». Dans le mystère de Dieu, tous les trésors de la sagesse et de la connaissance sont cachés, et grâce à la pleine connaissance de ce mystère, la pleine certitude d’intelligence est obtenue, mais c’est quand l’amour divin règne parmi les saints que la pleine connaissance du mystère devient une chose simple. Un croyant isolé d’avec la compagnie des autres chrétiens peut étudier sa Bible dans la dépendance des enseignements de l’Esprit et arriver à très bien saisir mentalement ce mystère, mais il ne peut pas le saisir expérimentalement. Nous ne le comprenons jamais pleinement tant que nous n’avons pas quelque expérience de ce qu’il signifie.

C’est là la raison, sans doute, pour laquelle le mystère est si peu compris aujourd’hui. La vraie église de Dieu est si tristement divisée qu’il y a très peu de réalisation d’être unis ensemble dans l’amour. Nous ne pouvons porter remède à l’état de division de l’église, mais nous pouvons marcher dans l’amour à l’égard des autres saints dans la mesure où nous les connaissons ; et dans la mesure où nous le ferons, nos cœurs seront élargis pour embrasser cette vérité, et nous nous mettrons à notre place dans le corps de Christ, au lieu de penser (comme tant de chrétiens le font presque exclusivement) à avoir une place dans quelque corps de chrétiens ou quelque organisation de dénomination.

 

2.2   Ch. 2:4

Au premier siècle, les chrétiens n’avaient pas à faire face à des difficultés provenant de l’état de division de l’église, mais il y avait quand même des difficultés comme l’indique le v. 4. Des gens allaient déjà ça et là et séduisaient les croyants. Notons spécialement qu’ils le faisaient par « des discours spécieux ». Une manière de parler polie, élégante et persuasive, c’est l’outil majeur des séducteurs. Il n’arrive que trop souvent que des gens simples et sans méfiance disent, à propos de tel propagandiste : « oh, ce qu’il dit doit être tout à fait juste, car il est si agréable à entendre parler ! » — alors qu’en fouillant un peu plus, on s’aperçoit qu’il n’y a pas plus éloigné du « tout à fait juste ».

L’apôtre se met à les avertir plus en détail quant à ces séducteurs dont l’enseignement risquait de les détourner entièrement de toute intelligence du mystère. Mais avant de le faire, il reconnaît avec beaucoup de joie le bien qui a marqué les Colossiens, et il les exhorte à continuer à faire des progrès dans la bonne direction.

 

2.3   Ch. 2:5

Le bien qui les caractérisait, nous l’avons au v. 5. En premier lieu, ils étaient en ordre. Cela formait un heureux contraste avec les Corinthiens qui étaient dans un état de grand désordre. Évidemment, ils s’étaient soumis aux instructions apostoliques tant dans leur vie d’assemblée que dans leurs vies privées. En second lieu, il y avait de la fermeté dans leur foi. Ils étaient comme des soldats qui ont résisté fermement au choc de la bataille. Tous les assauts contre leur foi avaient échoué.

 

2.4   Ch. 2:6-7

Les v. 6 et 7 indiquent que le meilleur moyen de se préserver du mal est de progresser dans la bonne direction. Ayant reçu Christ comme leur Seigneur, ils avaient à « marcher en Lui », c’est-à-dire à mettre en pratique ce qu’ils connaissaient de Lui et de Sa volonté. Une fois enracinés en Lui, ils avaient à être édifiés en Lui, et à être ainsi fermement établis dans la vraie foi de manière à être comme des récipients qui en seraient pleins à ras bord, débordant de louange et d’actions de grâces. Notons tous bien que c’est quand notre connaissance de la vérité se manifeste dans la pratique d’une part, et dans notre louange d’autre part, que nous sommes alors réellement établis en elle.

 

2.5   Ch. 2:8-23

Mais quand une attaque de front échoue, l’ennemi essaie d’attaquer par côté. Ce qui ne peut être accompli par des négations ouvertes et effrontées, peut être obtenu par des insinuations subtiles, des soustractions sournoises, ou mieux encore, des ajouts apparemment inoffensifs à la foi de Christ — des additions qui annulent néanmoins beaucoup de ce qui est vital. Telle a toujours été le plan du diable, et l’œil vigilant de Paul voyait des signes de dangers chez les Colossiens de ce côté-là. En conséquence le reste du chapitre s’occupe d’avertir sérieusement et dans l’amour, en joignant des développements de la vérité conçus pour les fortifier contre les dangers.

Les avertissements de l’apôtre semblent pouvoir être rangés en trois classes, comme il ressort des v. 8, 16 et 18 qui commencent chacun par une mise en garde contre les activités des hommes. Ces activités s’exercent dans différentes directions, toutes opposées à la vérité. En premier lieu, le danger vient de la philosophie, en second lieu du judaïsme, et en troisième lieu de la superstition. Ces trois dangers sont terriblement actifs et puissants aujourd’hui, spécialement le premier et le troisième.

 

2.5.1        Ch. 2:8

« Faire de vous sa proie » décrit ce qui arrive si, au lieu de faire des progrès dans la foi de Christ, on se soumet aux enseignements des philosophes. C’est une manière forte de s’exprimer, mais nullement trop forte. Les grecs de l’ancien monde étaient de grands philosophes ; ils ne connaissaient aucune révélation de Dieu, en l’absence de quoi ils faisaient travailler leurs esprits sur les problèmes que posent l’homme et l’univers. Le résultat était que leurs enseignements n’étaient que des tromperies creuses structurées d’après l’homme et son petit monde.

Au temps de Paul encore, on trouvait des gens qui voulaient accommoder la doctrine chrétienne à la philosophie grecque, ce qui équivalait virtuellement à la destruction de la foi. De nos jours, il se passe le même genre de choses. Certes la philosophie d’aujourd’hui diffère à bien des égards de celle de l’ancien monde, mais deux aspects terribles la caractérisent : d’abord elle poursuit ses investigations et ses spéculations, non pas en ignorant toute révélation de Dieu, mais en rejetant ce qu’on leur a fait connaître de cette révélation ; secondement et bien trop souvent, elle s’empare d’expressions utilisées dans la révélation de Dieu, la Bible, puis elle les vide du sens qu’elles y ont, et y substitue un autre sens adapté aux buts qu’elle poursuit. Quel processus trompeur ! Quand l’apôtre associait la philosophie et les vaines déceptions, c’est bien en prophète qu’il écrivait.

 

2.5.2        Ch. 2:8b-10

Les enseignements philosophiques anciens ou modernes sont prétendus venir compléter les enseignements simples de l’évangile et nous conduire vers une connaissance plus parfaite. En réalité ils détruisent l’évangile. Christ est le test pour tout enseignement. Est-il selon Christ ? — tel est le test ; et pourquoi Christ est-Il le test ? Parce que toute la plénitude de la Déité habite en Lui, et que nous sommes « accomplis » en Lui, ou « complets » ou « remplis » en Lui. Inutile de chercher quoi que ce soit en dehors de Lui.

Les versets 1:19 et 2:9 se ressemblent beaucoup, sauf que le premier se rapporte à ce qui était vrai de Lui aux jours où Il séjournait sur la terre, tandis que ce qui est déclaré ici est vrai de Lui aujourd’hui. On ne peut guère imaginer une affirmation plus forte de Sa déité, et pourtant, en disant « corporellement », elle implique clairement qu’Il est encore un Homme. Si nous sommes enracinés et édifiés et accomplis (ou : remplis) dans un homme tel que Lui, c’est manifestement une grande folie de se détourner vers les raisonnements philosophiques de pauvres petits cerveaux humains qui vont être, sous peu, mangés par les vers.

 

2.5.3        Ch. 2:11

Le verset 11 ajoute une autre considération importante. Nous sommes circoncis en Lui, aussi bien que complets (ou : accomplis) en Lui. Or la circoncision est une coupure, un retranchement complet. La circoncision a été Son retranchement par la mort. Dans Sa mort, Il s’est dépouillé de toute relation avec l’ancien ordre de choses ; Il est mort au péché, et est vivant à Dieu comme l’exprime Romains 6:10. Une circoncision spirituelle, « qui n’a pas été faite de main » nous a été appliquée par le moyen de Sa mort, qui, pour nous, a été « le dépouillement du corps de la chair » [non pas « du corps des péchés de la chair » comme dit le Texte Reçu]. La mort s’est interposée entre nous et la chair, et par conséquent nous sommes retranchés (ou : coupés) des enseignements de l’homme et du monde.

 

2.5.4        Ch. 2:12

Si le verset 11 parle de mort, le v. 12 place devant nous l’ensevelissement et la résurrection. L’ensevelissement est l’achèvement de la mort, et l’entérine. Ce qui va à la corruption doit être ôté de la vue. Nous sommes ensevelis dans le baptême, notons-le. En nous soumettant à cette ordonnance, nous allons à nos propres funérailles. Mais nous allons à l’ensevelissement en vue de la résurrection, car nous sommes ressuscité avec le Christ par la foi en ce que Dieu a fait en Le ressuscitant d’entre les morts. Ces deux versets nous instruisent sur la vraie force de la mort et de la résurrection de Christ et aussi de notre baptême — ce que Dieu voit en eux. Or nous avons le droit de voir en eux ce que Dieu y voit. L’application de tout ceci vient plus loin dans l’épître.

 

2.5.5        Ch. 2:13

Avec le v. 13, nous passons de ce qui a été accompli en Christ à quelque chose d’accompli en nous. Quant à notre état spirituel, nous étions morts ; morts dans nos péchés (ce que nous avions fait), morts dans l’incirconcision de notre chair (ce que nous étions). Mais maintenant nous sommes vivifiés (rendus vivants) ensemble avec Christ, notre vie nouvelle étant du même ordre que la Sienne. La résurrection nous met dans un monde nouveau, et la vivification nous dote d’une vie nouvelle. Toutefois, ni l’un ni l’autre ne nous délivrent de la culpabilité de nos péchés. Pourtant, nous sommes acquittés. Toutes nos fautes sont pardonnées. Mais cela nous ramène à la croix.

 

2.5.6        Ch. 2:14

La croix a vraiment effacé nos péchés, mais elle a fait plus que cela : elle a effacé tout le système d’ordonnances légales qui était contre nous. La loi n’a pas été effacée : bien loin de là, elle a été justifiée et magnifiée dans la mort de Christ. D’un autre côté, nous sommes morts dans Sa mort par rapport à la condition sous la loi, et nous sommes maintenant sous la grâce, tout l’ancien système d’ordonnances — dont le v. 16 donne des échantillons — étant mis de côté. Le langage du v. 14 mérite un peu d’explication. Le mot traduit par « effacé » est un mot utilisé pour l’annulation d’un décret de loi. Le mot « obligation » désigne un écrit (ou obligation) auquel on est soumis par sa signature. Paul utilise des termes figurés et très parlant. Nous sommes tenus nous-mêmes par notre signature aux ordonnances juives, mais le document a été annulé par la mort de Christ. En ce qui nous concerne, il a été cloué à la croix quand Christ y a été cloué. Par ces expressions, Paul avait plus particulièrement en vue les Juifs.

 

2.5.7        Ch. 2:15

La croix est vue encore sous un autre jour au v. 15, en sorte que nous la trouvons là présentée sous trois rapports, qu’on peut résumer de la manière suivante :

v. 11 : la croix en rapport avec nous-mêmes, en particulier la chair

v. 14 : la croix en rapport avec les ordonnances légales

v. 15 : la croix en rapport avec les forces spirituelles du mal.

Quelles que soient ces puissances spirituelles, en partant de Satan en tête et en descendant, le triomphe divin a été manifesté dans la croix. À première vue, elle semblait être le triomphe des puissances du mal ; mais c’était en réalité leur défaite. Ceci étant, nous voyons que ce dont parle le v. 10 à propos du Seigneur Jésus comme étant « le chef de toute principauté et autorité », c’est quelque chose de vrai non seulement sur la base de la création, mais aussi sur la base de ce qu’Il a accompli à la croix.

La vérité de la croix telle que présentée au v. 11 se réfère spécialement à ce qui précédait, c’est-à-dire l’avertissement quant au piège de la philosophie. Aujourd’hui nous devons parler de piège non seulement à propos de la philosophie, mais à propos du rationalisme — le culte de l’intellect humain et des raisonnements humains. Nous discernons immédiatement dans la croix notre circoncision — notre retranchement — un balayage complet du rationalisme et d’une quelconque autorité qu’il posséderait sur nous. Il ne nous influence plus.

 

2.5.8        Ch. 2:16-17

La croix telle que présentée au v. 14 est la base de l’avertissement lancé au v. 16, comme l’indique le mot « donc ». Il y avait beaucoup de judaïsants enthousiastes qui voulaient les réprimander quant à leur observation ou non-observation des ordonnances, mais ils n’avaient pas à s’en émouvoir, ni à faire attention à eux. Cinq classes d’ordonnances sont mentionnées spécifiquement, celles relatives au manger, au boire, aux jours de fêtes, aux nouvelles lunes et aux sabbats. Ces choses sont toutes des ombres des choses à venir, comme nous le dit aussi l’épître aux Hébreux, mais le corps — c’est-à-dire la substance — est du Christ.

Si quelqu’un s’avisait de demander en quoi ces choses nous concernent aujourd’hui dans la mesure où il n’y a présentement plus de parti judaïsant actif à l’œuvre dans l’église, la réponse est que ces choses sont encore tout à fait d’actualité. La raison pour laquelle il n’y a plus beaucoup de judaïsants actifs aujourd’hui, est que l’église professante a si largement judaïsé pendant tant de siècles. Mais n’avez-vous jamais rencontré des adventistes du septième jour ? Si oui, grâces à Dieu ; mais si vous en avez rencontré, notez spécialement à quel point l’Écriture contredit leur propagande, dont le fer de lance est leur insistance sur le sabbat juif. Ils vous jugeront sur le sabbat, si vous les laissez faire. Le terme utilisé au v. 16 n’est pas « jours de sabbat », mais plutôt « sabbats », ce qui recouvre les sabbats en tout genre, que ce soit des sabbats de jours ou d’années.

Le sabbat comme ordonnance légale juive est mis de côté, mais bien sûr, cela ne touche pas le fait qu’un jour sur sept a été mis à part par Dieu depuis la création comme jour de repos. C’est une grâce de la part de Dieu que nous faisons bien d’estimer très haut.

 

2.5.9        Ch. 2:18-19

Nous arrivons au v. 18 avec ce qu’on peut appeler le piège ritualiste. Nous verrons facilement que c’est un piège si nous revenons à la vérité de la croix telle que présentée au v. 15. Les seuls anges qui désirent avoir notre hommage, sont les mauvais anges. Les saints anges refusent toujours l’hommage des humains, n’attribuant l’hommage qu’à Dieu. Voyez par exemple Apoc. 19:10 et 22:9. De plus, les anges profanes ont été dépouillés et vaincus à la croix : qui donc voudrait leur rendre culte ? Combien la croix jette de la lumière sur ces sujets ! quelle délivrance elle opère !

Il y a une autre considération très puissante. Chacun de nous a droit, comme membre du corps, à « tenir ferme la Tête » [ou : « chef »]. Nous maintenons par là un contact intime et rempli d’adoration avec Lui. La figure du corps humain est évidemment dans la pensée de l’Esprit, et la tête est considérée comme le siège de toute l’alimentation du corps. L’alimentation et l’accroissement nous arrivent par l’intermédiaire des « jointures et des liens », mais tout vient de la tête.

Il est de la plus haute importance que nous nous emparions de notre privilège et que nous apprenions ce que signifie tenir ferme la Tête. Une fois que nous l’avons appris, nous sommes à l’abri des séductions du ritualisme. Si quelqu’un m’accorde le droit d’entrer en la présence d’un vrai potentat, et que j’aie le privilège de m’entretenir avec lui, vous ne me verrez pas présenter mes requêtes à l’un de ses valets, ni m’attendre à recevoir quelque chose d’eux. Le valet peut être quelqu’un de distingué, et splendide à voir avec son uniforme bardé d’or, mais vous ne me verrez pas lui rendre hommage.

Certains soutiendront peut-être qu’en rendant hommage au valet, on montrerait au moins à quel point l’on est humble. Mais est-ce la procédure mise en place ? Pas du tout ! Après tout, ce ne serait que faire sa propre volonté, et la propre volonté est diamétralement opposée à l’humilité. Cela peut servir d’illustration à ce qui est dit au v. 18.

Les anges ont été cachés de nos yeux à dessein pour que nous ne leur donnions pas la place qui revient à Dieu. Ils font partie des choses qu’on n’a pas vues. Leurs prétendus adorateurs sont enflés par les pensées de la chair. Le début du v. 18 (« que personne ne vous frustre du prix du combat, faisant sa volonté propre dans l’humilité et dans le culte des anges ») rend toute la position très claire. Ce comportement vis-à-vis des anges a une apparence de grande humilité, mais c’est en réalité de la propre volonté, laquelle est extrêmement haïssable pour Dieu. Ceux qui en sont la proie peuvent bien être de vrais croyants, mais étant détournés frauduleusement de Christ, ils perdent leur prix.

Le fait que le croyant soit identifié avec Christ dans Sa mort et Sa résurrection, a déjà été placé devant nous aux v. 11 et 12. Il nous faut voir maintenant que ce n’est pas une simple notion doctrinale, quelque chose n’existant qu’en théorie. C’est un FAIT, et un fait destiné à exercer une influence très puissante sur nos vies.

 

2.5.10    Ch. 2:20-21

Au v. 20 nous avons l’expression « morts avec Christ » et au v. 1 du ch. 3 l’expression « ressuscités avec Christ ». L’identification est si complète que Sa mort a été notre mort, et Sa résurrection a été notre résurrection. On peut cependant remarquer que dans les deux cas il y a un « si ». C’est vrai, mais ce n’est pas un si exprimant le doute ; c’est un si constituant le point de départ d’un argument. Si ceci est vrai, alors il y a cela. Il a la force de « du fait que ». Certaines choses nous incombent du fait que nous sommes morts avec Christ ; et d’autres choses doivent nous caractériser du fait que nous sommes ressuscités avec Christ.

Du fait que nous sommes morts avec Christ, nos vrais intérêts résident clairement en dehors du monde et des éléments du monde. Étant morts vis-à-vis du système du monde, nous ne pouvons pas agir comme si nous y vivions. Tel est l’argument du v. 20. Le monde, et particulièrement le monde religieux, a de nombreuses ordonnances concernant l’usage et le non-usage de choses matérielles périssables. Selon ces ordonnances, nous ne devrions pas prendre ni goûter ni toucher ceci ou cela. Mais si nous comprenons réellement notre identification avec Christ dans Sa mort, nous nous trouverons en dehors du monde régi par les ordonnances, et cela règle bien sûr pour nous tout ce genre de questions d’une manière tout à fait décisive. Beaucoup d’ordonnances en rapport avec la loi de Moïse avaient été données pour faire plier les hommes dans la chair ; mais elles n’ont aucune valeur vis-à-vis de gens qui sont morts avec Christ.

 

2.5.11    Ch. 2:22-23

Mais le point mis ici en relief n’est pas tellement en rapport avec les ordonnances juives, mais plutôt en rapport avec celles qui sont « selon les commandements et les enseignements des hommes », c’est-à-dire des ordonnances qui n’ont jamais eu le sceau d’aucune approbation divine. Ce sont de telles ordonnances que le ritualisme (*) impose à ses dévots.

 

(*) Note du traducteur : le ritualisme est un mouvement qui s’est développé en Angleterre au 19ème siècle, poussant à des pratiques religieuses rituelles et cérémonielles.

 

Les parenthèses et les tirets figurant dans la version J.N. Darby aux v. 21 à 23 rendent le sens plus clair. Les mots entre tirets au v. 21 [ne prends pas, ne goûte pas, ne touche pas] sont un exemple d’ordonnances que l’apôtre avait à l’esprit. Les mots entre parenthèses au v. 23 nous disent certains caractères de ces ordonnances. Elles ont une apparence de sagesse, étant marquées par une « dévotion volontaire » et de l’humilité et de la négligence pour le corps, ne lui rendant pas l’honneur qui lui est dû. En ôtant ce qui est entre parenthèses, il reste les mots « selon les commandements et les enseignements des hommes… pour la satisfaction de la chair ».

Quelle condamnation minutieuse du ritualisme ! Toutes ces ordonnances élaborées peuvent sembler être un hommage rendu volontairement et avec une grande humilité. L’ascétisme qui s’y rattache paraît très humble. L’habillement, la ceinture de corde, la nourriture pauvre, les jeûnes, la négligence du corps peuvent donner une apparence de grande sainteté, merveilleuse ; mais le fait est que tout cela n’est que selon des enseignements purement humains, et ne fait que travailler à donner de la satisfaction à la chair. Dans le vrai christianisme, la chair est désavouée et refusée. Dans le ritualisme, elle est favorisée et récompensée. Voilà la condamnation du ritualisme.

 

3                        Chapitre 3

3.1   Ch. 3:1-4

La contrepartie de notre identification avec Christ dans Sa mort, est notre identification avec Lui dans Sa résurrection. L’effet de l’une est de nous détacher du monde de l’homme, de la sagesse de l’homme, de la religion de l’homme. L’effet de l’autre est de nous mettre en contact avec le monde de Dieu, et avec tout ce qui s’y trouve. Les quatre premiers versets du ch. 3 déploient l’état de bénédiction dans lequel nous sommes introduits.

Il y a des choses qui trouvent leur centre en Christ assis dans la gloire céleste. Il y a des « choses qui sont en haut », c’est-à-dire des choses qui sont célestes dans leur caractère. Ce sont celles sur lesquelles nos pensées et nos affections doivent être fixées, et non pas sur les choses terrestres. Dans le temps actuel, Christ n’est pas ici-bas, manifesté, — Il est caché en Dieu. Or Il est notre vie, et toutes les sources cachées de notre vie sont par conséquent cachées avec Lui en Dieu. Le jour approche où Il sera manifesté, et alors nous serons manifestés avec Lui en gloire. En ce jour-là, il sera tout à fait clair où se trouve notre vie réelle.

Hélas ! ce n’est pas aussi clair aujourd’hui. Pourtant notre vie se trouve maintenant exactement là où elle sera alors. C’est ce qui rend cette vérité tellement pratique. Le non-croyant vit et se meut et a toutes ses pensées aux « choses qui sont sur la terre » — c’est inévitable. En tant que créature déchue, aliénée de [faite étrangère à] Dieu, il ne connaît rien d’autre. Il y a un très grand danger à être absorbé par les choses de la terre. D’où la nécessité de ces exhortations.

Le fait est que nous avons une sphère de vie entièrement nouvelle. Nos intérêts sont centrés à la droite de Dieu, et non pas dans nos foyers, ou nos affaires, aussi importantes que soient ces choses à leur place pour nous fournir des occasions d’accomplir la volonté de Dieu. Nous fixons nos pensées sur les choses d’en haut, non pas en nous relaxant dans un fauteuil et en nous adonnant à de l’imagination rêveuse ou mystique sur les choses qui pourraient se trouver dans le ciel, mais plutôt en fixant nos pensées sur Christ par excellence, et en cherchant en tout la poursuite des intérêts des Cieux. L’ambassadeur britannique à Paris fixe ses pensées sur les choses britanniques en recherchant les intérêts britanniques dans les circonstances françaises, et non pas en s’asseyant tout le temps pour essayer de se rappeler les scènes de la vie britannique.

En tant que ressuscités avec Christ, nous sommes élevés dans Ses intérêts célestes, et nous sommes autorisés à les rechercher tant que nous sommes encore sur la terre. Quelle position d’extraordinaire élévation, que celle-ci ! Combien peu nous allons ça et là comme des ressuscités avec Christ, placés dans un autre domaine de choses, un domaine céleste ! Combien nos pensées sont entravées par les choses terrestres !

 

3.2   Ch. 3:5-7

L’apôtre reconnaissait combien les empêchements sont grands et nombreux, et c’est pourquoi il nous exhorte à mortifier certaines choses. Les « membres qui sont sur la terre » dont il parle au v. 5 ne sont bien sûr pas les membres physiques de nos corps. Le terme est utilisé sous forme de métaphore pour indiquer certains aspects moraux, ou plutôt immoraux, de la nature terrestre qui nous caractérisait plus ou moins au temps où nous étions inconvertis. Nous avons maintenant des intérêts célestes et c’est pourquoi ces aspects purement terrestres doivent être mortifiés, c’est-à-dire mis à mort.

Mis à mort est une expression forte et énergique. Notre tendance est de parler de ces choses, et quelquefois de jouer avec elles, et de pourvoir à leurs besoins. Pourtant notre sécurité réside dans une action du genre plutôt brutal. L’épée à la main, pour ainsi dire, nous avons à nous occuper d’elles sans la moindre idée de les épargner. Nous devrions plutôt nous en occuper selon la manière dont Samuel tailla Agag en pièces devant l’Éternel.

 

3.3   Ch. 3:8-11

Mais il y a d’autres choses que celles spécifiées au v. 5 et avec lesquelles nous avons à en finir ; ce sont celles mentionnées aux v. 8 et 9. Il ne s’agit plus de « mortifier », mais d’« ôter ». Autrefois nous vivions enveloppés de ces choses comme dans un vêtement. Quand les gens nous regardaient, c’est ce qu’ils voyaient. Mais il ne faut plus les voir. Le vêtement laid qui nous caractérisait autrefois ne doit plus être visible. Il faut revêtir un autre vêtement comme nous allons le voir quand nous en serons au v. 12.

Notez combien les choses mentionnées aux v. 8 et 9 ont à faire avec nos langues, et par conséquent avec nos cœurs qui s’expriment par elles. Les péchés de langue sont terriblement communs, même parmi les chrétiens. Nous connaissons tous le genre de mots provoqués par la colère, le courroux et la méchanceté. Un vrai croyant blasphèmerait-il ? Peut-être pas, mais combien on se laisse aller facilement à parler de Dieu et des choses divines de manière légère et irrespectueuse ! Combien facilement nos bouches expriment des choses inconvenantes, même si on ne va pas jusqu’à des « paroles honteuses » ! Et que dire du mensonge ? on trouve encore des Ananias et des Saphira. Et nous pouvons aller plus loin : nous affirmons que tous ceux d’entre nous qui possèdent une conscience sensible savent très bien qu’il n’est pas facile de s’en tenir à la vérité absolue et rigide dans tout ce qui sort de nos bouches.

Pourtant, la vérité nous incombe parce que nous avons dépouillé le vieil homme et que nous avons revêtu le nouvel homme. C’est ce que nous avons fait lors de notre conversion, et les exhortations à dépouiller (ou : renoncer) et à revêtir des versets 8 et 12 sont basées là-dessus. La conversion veut dire que nous avons appris à juger, condamner et refuser le vieil état de l’homme et son caractère, et à revêtir le nouvel homme qui est la création de Dieu et qui participe à Son caractère. Nous ne disons pas du tout que, lors de notre conversion, nous comprenions ces choses et que nous les réalisions, mais nous disons, à la lumière de cette Écriture, qu’en réalité c’est ce qui était impliqué dans notre conversion, et qu’il est grand temps que nous le comprenions et le réalisions effectivement.

Dans ce nouvel homme, les distinctions du monde n’existent simplement pas, qu’elles soient nationales, religieuses, culturelles ou sociales. Christ est tout et en tous ceux qui ont revêtu l’homme, car le nouvel homme est la reproduction de Lui-même.

Il n’est pas facile de saisir ce qu’est au juste le vieil homme et ce qu’est le nouvel homme, et encore moins facile de l’expliquer. Dans ces deux expressions, nous avons un certain caractère d’homme personnifié. Dans l’un vous avez le caractère d’Adam, dans l’autre Christ. Seulement ce n’est pas juste de l’idéalisme, mais un réel passage de l’un à l’autre. L’ordre adamique est jugé et nous en avons fini avec lui, et nous avons revêtu Christ, et par conséquent le caractère de Sa vie. Cependant nous ne revêtons pas juste comme quelqu’un endosse un nouveau manteau, mais plutôt comme un oiseau prend son nouveau plumage après la mue. Le caractère nouveau croît naturellement à partir de la vie nouvelle que nous avons en Christ.

 

3.4   Ch. 3:12-15

3.4.1        Ch. 3:12

Au v. 12 à 15, nous avons le portrait du caractère que nous avons à revêtir. C’est juste l’opposé des choses que nous avons à dépouiller selon les v. 8 et 9. Nous avons à dépouiller les caractéristiques du vieil homme parce que nous avons dépouillé le vieil homme. Nous avons à revêtir les caractéristiques du nouvel homme, parce nous avons revêtu le nouvel homme. Ce que nous devons être dépend entièrement de ce que nous sommes. Nous sommes les élus de Dieu (si nous sommes effectivement croyants), saints et bien-aimés de Dieu. De ceci découle ce que nous devons être. La grâce opère toujours ainsi : d’abord ce que nous sommes, ensuite ce que nous devons être.

 

3.4.2        Ch. 3:13-14

Dans ces versets CHRIST est mis en évidence. C’est Son caractère que nous avons à porter. S’il faut établir une norme quant au pardon que nous avons à accorder aux autres, c’est « comme Christ vous a pardonné ». La paix qui doit régner dans nos cœurs, c’est « la paix du Christ » — non pas la « paix de Dieu » comme dit le Texte Reçu.

Avons-nous jamais entendu un chrétien ayant un sujet de plainte (v. 13) contre un autre ? — jamais entendu de plainte ! — pourquoi l’atmosphère est-elle si souvent envahie de plaintes ? Il serait plutôt difficile de rencontrer un groupe de chrétien n’en ayant pas ! Or regardez ce qui nous est enjoint en rapport avec de telles plaintes : le support et le pardon, et ceci d’après le modèle de Christ Lui-même. Pour ceci, nous avons besoin des vertus mentionnées au v. 12 : être humbles d’esprit, débonnaires et longanimes, aussi bien que de l’amour que le v. 14 nous enjoint. L’amour est le lien de la perfection, car c’est la nature même de Dieu.

 

3.4.3        Ch. 3:15

La paix de Christ est celle dont Il a parlé dans la chambre haute la nuit avant de souffrir. « Je vous donne Ma paix », a-t-Il dit (Jean 14:27). C’est le repos du cœur et de l’esprit qui résultent d’une parfaite confiance dans l’amour du Père et d’une parfaite soumission à la volonté du Père. Dans notre chapitre il nous est rappelé que nous sommes appelés à cette paix en un seul corps. Par conséquent la paix règne dans tous nos cœurs, une atmosphère de paix pénètre tout le corps. Les derniers mots du verset 15 « et soyez reconnaissants » sont significatifs.

Les hommes de ce siècle sont particulièrement marqués par l’ingratitude (voir 2 Tim. 3:2). Ils ne voient la main de Dieu en rien, et s’il arrive que les choses tournent bien pour eux, ils se bornent à dire « c’était ma chance ». C’est notre privilège de voir la main de Dieu en toutes choses, et, marchant dans Sa crainte, de suivre la trace de Ses voies à notre égard dans un esprit reconnaissant.

 

3.5   Ch. 3:16-17

3.5.1        Ch. 3:16

La « paix du Christ » est suivie par la « parole du Christ » au v. 16. Sa parole nous donne toutes les directions dont nous avons besoin et il faut qu’elle demeure en nous, qu’elle ait son habitation dans nos cœurs, et, qui plus est, qu’elle habite en nous richement. Nos cœurs et nos pensées doivent en être remplis en toute sagesse. Non seulement nous avons à la connaître, mais aussi à savoir comment l’appliquer à tous les problèmes de la vie qui se présentent à nous. Et nous avons à être tellement remplis de cette parole, qu’elle déborde de nous, et que nous nous la communiquions l’un l’autre. Dans nos relations réciproques de tous les jours, nous pouvons nous instruire l’un l’autre dans ce qu’est Sa volonté, et nous avertir l’un l’autre contre tout ce qui pourrait nous écarter de cette volonté.

Nous devons en outre être marqués par des louanges et des cantiques. Toutefois nos hymnes et nos cantiques doivent avoir un caractère spirituel, et être tels que le Seigneur soit l’objet qu’ils placent devant nous — ils doivent être « au Seigneur » (Éph. 5:19 ; à Dieu, ici). De plus nous avons à veiller soigneusement à notre état spirituel même quand nous chantons. Nos chants doivent être avec un esprit de grâce dans nos cœurs. Chanter ce qui vient d’un esprit de rigolade ne vaut rien. Quand le cœur est rempli de l’esprit de grâce, nous pouvons alors chanter d’une manière qui plaise à Dieu.

 

3.5.2        Ch. 3:17

Finalement tous les actes et tous les détails de nos vies doivent être sous le contrôle du Seigneur, et par conséquent ils doivent être faits en Son nom et dans l’esprit de rendre grâces. Cette parole de grande portée termine ces instructions plus générales. Le verset suivant commence à s’occuper de choses d’une manière plus détaillée.

 

3.6   Ch. 3:18-25

Il vaut la peine de noter que les instructions de cette épître ne se bornent pas à poser des principes généraux, mais s’abaissent à des détails très pratiques et généraux. On aurait pu supposer que, s’agissant de croyants à l’esprit spirituel comme les Éphésiens et les Colossiens, il n’aurait pas été nécessaire d’aller au-delà des principes, et qu’il aurait été possible sans danger de les laisser trouver eux-mêmes toutes les applications nécessaires. Or c’est justement dans ces deux épîtres que nous trouvons plein de détails sur la conduite qui convient aux diverses relations de la vie. Il nous est dit exactement comment nous avons à nous comporter, dans la pleine lumière du christianisme.

Nous ne pouvons traverser ce monde sans avoir des relations nombreuses et variées avec les autres créatures comme nous. La plupart de ce qui nous éprouve et nous met à l’épreuve, nous atteint en rapport avec ces relations, et c’est pourquoi la manière d’agir de Dieu est de nous laisser, après la conversion, dans ces même relations anciennes, — en nous enseignant comment les vivre dans la lumière et la puissances apportées par la connaissance de Christ. La tâche qui nous a été attribuée n’est pas de redresser le monde. C’est le Seigneur Lui-même qui le fera effectivement et rapidement quand Il s’occupera du jugement. Nous sommes laissés pour rendre un témoignage effectif à ce qui est juste en agissant nous-mêmes de manière juste.

Bien que les relations de la vie soient nombreuses et variées quant aux détails, elles peuvent, croyons-nous, être classées en trois classes que nous trouvons dans les versets qui sont devant nous (3:18 à 4:1). Il y a d’abord les relations du mariage ; en second lieu celles de la famille, qui découlent de la relation de mariage ; en troisième lieu, celles qu’on peut qualifier de relations professionnelles, qui découlent du décret selon lequel travailler durement est la part de l’homme comme résultat de la chute.

L’organisation de la vie dans ce monde, selon Dieu, est basée sur le mariage. Si nous lisons Matt. 19, nous verrons que le Seigneur développe successivement la vérité sur le mariage, puis sur les enfants, puis sur ce qu’on possède. Notre passage des Colossiens traite du mariage, des enfants et du travail, dans cet ordre. Nous osons dire qu’il n’a JAMAIS été plus important pour le chrétien de vivre ces relations d’une manière chrétienne, car jamais ces institutions chrétiennes n’ont été attaquées plus violemment qu’aujourd’hui. Comme il s’agit de remparts pour ce qui est bien, le diable cherche à les détruire, et toutes les armes sont bonnes pour cela, depuis le « modernisme » avec toutes ses apparences d’érudition et de raffinement, jusqu’à certaines formes de « communisme » pratiquant « l’amour libre », amenant les enfants à rôder partout en bandes, ou encourageant les travailleurs à détruire la propriété privée, et les excitant à se plaindre des salaires et de la nourriture qualifiés de misérables. Remarquons en passant combien, sans aucun doute, « modernisme » et ces formes de « communisme » ne sont que des phases alternatives d’un même grand mouvement inspiré par le diable. Les mêmes principes de bases sont communs aux deux.

Dans toutes nos relations, deux parties sont impliquées. C’est le cas ici. La relation de mariage est abordée pour les femmes et les maris, la relation de famille pour les enfants et les parents, la relation professionnelle pour les serviteurs et les maîtres. Chacune de ces relations, instituée de Dieu, implique que l’une des parties mène et l’autre est soumise. De plus il n’est pas laissé place pour la négociation ou des arrangements entre individus variés entrant dans cette relation. C’est une question réglée par la Parole de Dieu.

Dans chacun des trois cas, l’apôtre s’adresse en premier à ceux qui ont la place de soumission. La soumission convient à la femme, l’obéissance aux enfants. Dans le cas du serviteur, il faut non seulement l’obéissance, mais l’empressement et l’intégrité. Le plus frappant à propos de l’exhortation donnée à chacun des cas est la manière où tout est fait comme devant le Seigneur. Ceci élève le sujet sur le plan le plus haut. La femme est soumise, mais c’est « dans le Seigneur ». Ceci implique que la première raison de sa soumission est que c’est l’ordre donné par le Seigneur. Sa soumission à son mari exprime sa soumission au Seigneur. Il faut espérer bien sûr que son mari a un caractère tel que lui être soumis n’est pas une dure épreuve, mais un plaisir. Mais même s’il en était autrement, elle resterait encore soumise, considérant que c’est l’être au Seigneur.

Le même principe s’applique aux enfants et aux serviteurs. Ils ont à considérer ce qui plait au Seigneur. Il faut se rappeler que les serviteurs envisagés ici étaient pratiquement des esclaves ; ils n’avaient que peu ou pas de profit personnel dans tout leur travail. Pourtant, ils avaient à travailler exactement comme si c’était pour le Seigneur. En effet, ils travaillaient pour Lui, et c’est de Ses mains qu’ils recevraient finalement la récompense de leur travail, même si, ayant un maître hargneux, ils n’en recevaient jamais autant qu’un « merci ». Vous servez le Seigneur Christ » dit l’apôtre.

Rappelons-nous que la soumission n’implique pas nécessairement l’infériorité, mais elle implique la reconnaissance pieuse de l’ordre divinement établi.

En outre, les dispositions divines ne sont jamais déséquilibrées. S’il y a une parole pour instruire et pour diriger ceux qui ont la place de soumission, il y a pareillement une parole pour ceux qui dirigent. Dans chaque cas, le Saint Esprit met le doigt sur le point faible. Le mari est exhorté à aimer ; l’amour simplement naturel peut facilement se tourner en aigreur, mais cela ne saurait arriver quand son amour est le reflet de l’amour divin. Si le mari est marqué par l’amour, la femme n’aura pas de peine à être soumise.

Les pères n’ont pas non plus à provoquer ou à vexer leurs enfants. La discipline est nécessaire et bonne, mais si elle n’est pas contrôlée par l’amour, elle peut facilement devenir excessive et vexatoire, et de là, décourager totalement l’enfant.

 

4                        Chapitre 4

4.1   Ch. 4:1

Dans le troisième cas, la pensée principale n’est pas celle de l’amour, mais de la justice. Tout maître chrétien doit continuellement se demander au sujet de ses serviteurs : « qu’est-ce qui est juste ? qu’est-ce qui est équitable ? » Et en outre, il doit se rappeler qu’il est lui-même un serviteur avec un Maître dans les cieux, un Maître qui a établi que « de la mesure dont vous mesurerez, il vous sera mesuré ».

Nous avons ainsi six instructions qui, si on leur obéissait, seraient un grand pas en avant pour faire le ciel sur la terre. Les discordes familiales ou professionnelles seraient des choses du passé ! mais le point important ici, c’est que nous, croyants, nous anticipions la bénédiction du jour millénaire, et que nous accomplissions la volonté de Dieu dans nos multiples relations, attendant le jour où la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme au ciel.

 

4.2   Ch. 4:2-6

Les v. 2 à 6 nous ramènent à des exhortations plus générales, d’abord en ce qui concerne la prière, puis en ce qui concerne les relations du croyant avec les inconvertis.

Nous avons à prier, et non seulement cela, mais nous avons à persévérer dans la prière, et à veiller à voir comment Dieu agit afin de ne pas manquer les réponses qu’Il fait à nos requêtes, ni à manquer de Lui rendre grâces pour la grâce reçue. En outre il ne faut pas que nos prières soient à titre principal de nature personnelle, voire égoïste. Paul insistait pour que les Colossiens intercèdent en sa faveur, afin qu’il annonce le « mystère de Christ » auquel il a fait allusion dans cette épître. Il désirait qu’ils soient des intercesseurs pour l’œuvre de Dieu, et qu’ainsi ils prennent part au combat qui s’y rapporte.

Nous sommes très, très faibles aujourd’hui en matière de prières. La vie moderne est organisée sur le principe de la hâte, et la prière est trop souvent désertée. Et qu’en est-il de la persévérance dans la prière ? Quand nous désirons profondément quelque chose, nous persévérons, mais nous sommes si souvent des créatures dont les désirs sont tellement creux ! Nos sympathies sont attirées pour tel sujet, et nous nous joignons à des prières pour — et on s’en tient là ! nous oublions vite, et il n’y a pas de persévérance.

Au v. 5 il est parlé des inconvertis comme étant « ceux de dehors ». Il y a ceux qui sont à l’intérieur du cercle chrétien, et ceux en dehors. Il est très important d’être corrects dans nos relations avec ceux de dehors. Nous sommes placés comme témoins à leur égard. D’abord notre comportement général à leur égard doit être marqué par la sagesse. Ceci étant, nous sommes sûrs d’avoir des opportunités de témoignage que nous avons à saisir comme elles se présentent.

Cependant, saisir une occasion est une chose, s’en servir pour le mieux en est une autre. On déplore souvent des paroles qui ne conviennent pas, — plus souvent même que pas de paroles du tout. Nos paroles doivent être toujours dans un esprit de grâce. Il ne faut pas jamais s’abaisser à faire des remarques malveillantes ou acerbes ou blessantes. Cependant, nos paroles, tout en étant pleines de grâce, n’ont pas pour but de plaire aux gens. Il faut qu’elles soient assaisonnées de ce que le sel représente : le piquant de la vérité. Dans notre Seigneur, il y avait la grâce et la vérité, et il faut qu’elles caractérisent ceux qui sont Siens, et qu’elles caractérisent pareillement leurs paroles.

Le niveau exigé ici est très élevé. Nous sommes loin d’y atteindre. Pourtant, dans nos pensées, n’abaissons pas la norme divine. Maintenons-la dans toute sa hauteur, comme elle a été vue en Christ, et faisons nos efforts vers elle.

 

4.3   Ch. 4:7-9

Avec le v. 7 commencent les messages finaux et les salutations. Ils sont intéressants à beaucoup d’égards. Tychique dont l’apôtre parle si chaudement était évidemment le porteur de la lettre aux Colossiens. Onésime, appelé « le fidèle et bien-aimé frère » était l’esclave évadé dont traite l’épître à Philémon. Qu’est-ce qui peut, sinon la grâce de Dieu, changer un esclave manquant à ses engagements et en fuite, en un fidèle et bien-aimé frère en Christ ? Ainsi Tychique voyageait ensemble avec Onésime vers Colosses, le premier portant la lettre (l’épître) aux Colossiens et le second la lettre (l’épître) à Philémon. Philémon n’apparaît pas dans notre chapitre, et c’est normal vu qu’il y avait une lettre spéciale pour lui. Archippe, par contre, apparaît dans les deux lettres.

 

4.4   Ch. 4:10-11

Lorsqu’il écrivait la lettre, Paul avait avec lui Aristarque, Marc et Juste. Il pouvait parler d’eux en terme élogieux comme des ouvriers du royaume qui lui étaient en consolation. Il est extrêmement encourageant de trouver Marc de cette manière, car l’aperçu qu’en donne le livre des Actes n’était guère prometteur. Cela montre comment quelqu’un qui avait failli au commencement de son service a pourtant été rétabli jusqu’à devenir pleinement utile, au point même qu’il est devenu l’écrivain du second évangile, lequel dépeint spécialement le Seigneur comme le parfait Serviteur. Cela illustre comment la puissance de Dieu peut finalement nous rendre très fort précisément là où nous étions le plus faible au commencement.

 

4.5   Ch. 4:12-16

Épaphras aussi était avec Paul, mais il était « l’un de vôtres », c’est-à-dire un Colossien, et non pas quelqu’un « de la circoncision ». Il était séparé des siens tout en gardant un grand zèle pour eux, et combattait avec ferveur en leur faveur. Ce combat s’accomplissait dans la prière.

La prière, voyez-vous, est un combat, ou plutôt, elle peut être un combat. Épaphras l’exerçait au point que c’était un vrai combat pour lui, et même un combat continuel, car Paul rend témoignage que c’est ce qu’il pratiquait toujours. Bien qu’éloigné de ses amis, Épaphras était engagé dans un réel combat de prières en leur faveur, l’objet de ces prières étant qu’ils puissent demeurer parfaits et bien assurés dans la volonté de Dieu.

C’est beaucoup d’avoir une pleine connaissance de la volonté de Dieu ; l’apôtre le désirait pour les Colossiens au ch. 1 v. 9. C’est encore mieux de demeurer parfait et bien assuré dans cette volonté. Y demeurer implique qu’on y est soumis et qu’elle nous caractérise selon ce qui est dit en 1:10. Il est évident que les désirs et les prières d’ Épaphras pour les saints à Colosses et dans les environs concordaient exactement avec les prières de Paul pour eux.

Laodicée était dans les environs. Elle est mentionnée en 2:1 et trois fois dans ce chapitre 4. Ce nom a une triste résonance à cause de ce que le Seigneur doit dire à cette église en Apoc. 3:14-22. Malgré les prières et le combat en leur faveur d’un Paul et d’un Épaphras, malgré ces lettres apostoliques ayant circulé au milieu d’eux, cette église est tombée au plus bas niveau. L’épître « venant des Laodicéens » était sans aucun doute une épître justement en train de circuler à ce moment-là d’assemblée à assemblée.

Cette épître aux Colossiens et aux Laodicéens fait exactement ressortir la vérité qui aurait préservé les Laodicéens s’ils en avaient tenu compte. Elle met en relief la gloire de Christ, la Tête [Chef] de Son église. Elle les exhorte à « tenir ferme le Chef ». Hélas ! ils n’en ont pas tenu compte, et l’épître qui leur a été envoyée de Patmos montre qu’ils étaient suprêmement satisfaits d’eux-mêmes, et Christ, leur Chef, était entièrement dehors, à la porte.

Quant à la chair, nous ne sommes pas meilleurs qu’eux. Prenons à cœur l’avertissement que ces épîtres nous fournissent.

 

4.6   Ch. 4:17-18

Et acceptons aussi l’avertissement donné à Archippe comme s’appliquant à nous. Le Seigneur vous a-t-Il donné un service ? Alors faites bien attention à l’accomplir, aussi insignifiant qu’il puisse paraître. Ne pas accomplir un service, c’est de la paresse, et celle-ci ouvre immédiatement la porte au déclin et au désastre spirituel.

Rien ne peut nous préserver que la grâce : c’est la parole finale de cette épître.