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L’ÉPITRE AUX GALATES

Frank Binford Hole

Texte de Bible-notes

 

Table des matières abrégée :

1        Introduction

2        CHAPITRE 1

3        CHAPITRE 2

4        CHAPITRE 3

5        CHAPITRE 4

6        CHAPITRE 5

7        CHAPITRE 6

 

Table des matières détaillée :

1        Introduction

2        CHAPITRE 1

2.1      Les salutations : v. 1-5

2.1.1        L’apostolat de Paul reçu directement de Dieu

2.1.2        Les destinataires de l’épître

2.1.3        La base de la foi chrétienne

2.2      L’évangile de Paul : v. 6-12

2.2.1        L’étonnement de l’apôtre

2.2.2        Un jugement solennel prononcé par Paul

2.2.3        Le désir d’être « esclave de Christ »

2.2.4        L’évangile reçu « par révélation de Jésus Christ »

2.3      Le témoignage personnel de l’apôtre : v. 13-24

2.3.1        La conduite de Paul dans le judaïsme avant sa conversion

2.3.2        « Il plut à Dieu… de révéler son Fils en moi »

2.3.3        Le début de la marche chrétienne de l’apôtre

3        CHAPITRE 2

3.1      La deuxième visite de Paul à Jérusalem : v. 1-10

3.1.1        La montée de Paul à Jérusalem

3.1.2        Les entretiens de Paul avec les autres apôtres

3.2      La troisième rencontre de Paul avec Pierre : v. 11-16

3.2.1        La dissimulation de Pierre

3.2.2        La base de la justification : la foi en Jésus Christ

3.3      La justification par la foi : v. 17-21

3.3.1        Une pensée fausse, reniant le fondement de la conversion

3.3.2        La vérité de l’évangile

4        CHAPITRE 3

4.1      La grâce et la Loi : v. 1-5

4.1.1        La folie des Galates

4.1.2        Comment l’Esprit avait-il été reçu ?

4.1.3        L’action de l’Esprit de Dieu parmi les Galates

4.2      La foi d’Abraham sans la Loi : v. 6-9

4.2.1        Abraham justifié par la foi

4.2.2        L’introduction des croyants dans la bénédiction d’Abraham

4.3      La malédiction de la Loi : v. 10-14

4.3.1        Les hommes placés sous la malédiction par la Loi

4.3.2        « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi »

4.4      La Loi et la promesse : v. 15-18

4.4.1        L’alliance ne peut être annulée

4.4.2        La promesse prime sur la Loi

4.5      La Loi, conducteur jusqu’à Christ : v. 19-29

4.5.1        La raison d’être de la Loi

4.5.2        La Loi est-elle en opposition avec la promesse ?

4.5.3        « La foi étant venue, nous ne sommes plus sous un conducteur »

4.5.4        « Vous avez revêtu Christ »

4.5.5        « Vous êtes un dans le Christ Jésus »

4.5.6        « Vous êtes de Christ »

5        CHAPITRE 4

5.1      L’homme sous la Loi ou sous la grâce ? : v. 1-11

5.1.1        Israël sous la Loi

5.1.2        1. 2 Le rachat et l’adoption

5.2      Un sérieux appel de Paul aux Galates : v. 12-20

5.2.1        La supplication de l’apôtre

5.2.2        Le rappel de la conduite passée des Galates

5.2.3        Deux sortes de zèle

5.2.4        Sollicitude et perplexité de Paul au sujet des Galates

5.3      Agar et Sara, figure des deux alliances : v. 21-31

5.3.1        Une scène du Pentateuque et sa signification symbolique

5.3.2        « Vous êtes enfants de promesse »

6        CHAPITRE 5

6.1      La liberté chrétienne : v. 1-15

6.1.1        « Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant »

6.1.2        Déchoir de la grâce

6.1.3        « La foi opérant par l’amour »

6.1.4        Les entraves à la liberté chrétienne

6.1.5        La liberté vécue

6.2      La chair et l’Esprit : v. 16-21

6.2.1        « Marchez par l’Esprit »

6.2.2        Les « œuvres de la chair » et le « fruit de l’Esprit »

6.2.3        « Crucifier la chair »

6.2.4        « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit »

7        CHAPITRE 6

7.1      Utiliser les ressources de la grâce : v. 1-10

7.1.1        Relever son frère

7.1.2        Porter les charges les uns des autres

7.1.3        Soutenir les serviteurs de Dieu

7.1.4        Semer « pour la chair » ou « pour l’Esprit »

7.1.5        Ne pas se lasser en faisant le bien

7.2      Conclusion : v. 11-18

7.2.1        Un avertissement de l’apôtre

7.2.2        L’exemple de Paul

7.2.3        Dernier message

 

 

 

1        Introduction

Dans son épître aux Galates, l’apôtre Paul a moins pour but d’exposer que de défendre l’évangile. Les fauteurs de trouble qui avaient sévi en Galatie étaient manifestement des Juifs qui, tout en professant leur conversion au christianisme, étaient plus zélés pour la Loi que pour Christ. C’étaient des hommes de la même trempe que ceux qui sont mentionnés en Actes 15:1, 5.

Nous trouvons aussi dans d’autres épîtres des allusions à leur activité malsaine. Par exemple, ils avaient obtenu un certain succès parmi les Corinthiens. Il y a quelques allusions discrètes à eux dans la première épître ; et dans la seconde, au chapitre 11, l’apôtre les condamne ouvertement. C’étaient bien des Juifs (voir 1:22), mais l’apôtre ne les considère pas comme de vrais chrétiens (cf. v. 13 et 14). Les chrétiens de Colosses, dans l’épître qui leur est adressée, sont mis en garde contre les séductions de ces gens-là (2:14-23), et l’apôtre en touche même un mot aux fidèles Philippiens, lorsqu’il écrit : « Prenez garde aux mauvais ouvriers, prenez garde à la concision » (3:2).

Pourtant, leur plus grand succès a certainement été auprès des Galates, un peuple au tempérament changeant. Les « assemblées de la Galatie » avaient largement accepté les idées que ces hommes répandaient, ne réalisant guère qu’elles sapaient les bases de l’évangile qui leur était parvenu par la bouche de Paul lui-même. C’est ce que l’apôtre leur montre dans cette épître. En conséquence, il met l’accent sur les caractères de l’évangile qui mettent à découvert les erreurs contenues dans ces idées nouvelles. Il leur montre qu’ils avaient été entraînés à abandonner le terrain de la grâce, en ce qui concerne leurs pensées et leur état spirituel. La gravité de cet égarement explique le langage réservé et le ton sévère de cette épître.

 

2        CHAPITRE 1

2.1        Les salutations : v. 1-5

2.1.1        L’apostolat de Paul reçu directement de Dieu

En commençant sa lettre, Paul présente son apostolat, et souligne qu’il l’a reçu directement de Dieu. Il ne lui avait pas été transmis par un homme, pas même par les douze qui avaient été choisis avant lui. Les hommes n’en étaient pas la source, ni le canal par lequel il l’avait reçu. Dieu en était la source, et il lui avait été transmis par Jésus Christ. Ainsi, l’apôtre avait une pleine autorité que n’avaient pas les docteurs judaïsant ; ceux-ci, qui avaient amené le trouble, pouvaient tout au plus prétendre être les émissaires des frères de Jérusalem. En outre, ainsi qu’il le relève, tous les frères qui étaient avec lui au moment où il écrivait la lettre s’associaient avec ce qui y était écrit. Il y avait tout le poids possible derrière ses déclarations.

 

2.1.2        Les destinataires de l’épître

On remarque que Paul n’écrit pas ici à une seule assemblée de chrétiens, mais aux assemblées de la province de Galatie, qui avaient manifestement toutes été affectées de la même manière. L’évangile leur était parvenu par l’œuvre de Paul ainsi que les versets 11 à 15 du chapitre 4 le laissent entendre. Ils l’avaient accueilli à bras ouverts et avaient paru lui être très attachés. Des miracles avaient été opérés parmi eux (3:5) ; cela avait été une période merveilleuse. Aucune opposition ne paraît avoir eu lieu ; personne n’avait malmené Paul. Pourtant, dans les Actes, tout cela est passé sous silence. Il est seulement dit qu’ils « traversèrent... le pays de Galatie » (16:6) et que plus tard, Paul « traversa... le pays de Galatie... fortifiant tous les disciples » (18:23).

Tout cela est significatif. C’est manifestement une période où le travail s’est fait en surface - où le sol était rocailleux. Gardons-nous bien de déprécier le travail de semeur. Tout semblait magnifique ; pourtant le Saint Esprit connaissait dès le début ce qui se trouvait sous la surface ; et lorsque Luc a été inspiré pour écrire son second traité, cette période apparemment merveilleuse en Galatie est rapportée de façon extrêmement succincte.

 

2.1.3        La base de la foi chrétienne

Dans les salutations qui ouvrent l’épître, le Seigneur Jésus est présenté d’une manière très remarquable. Il « s’est donné lui-même pour nos péchés », mais c’était dans le but de nous « retirer du présent siècle mauvais » (v. 3).

En parcourant cette épître, nous verrons comment la Loi, la chair et le monde vont toujours ensemble. La Loi a été donnée pour mettre un frein à la chair, et ainsi pour faire du monde ce qu’il devrait être. En réalité, elle n’a rien fait de cela, mais elle a révélé la chair et le monde dans leurs vrais caractères. D’un autre côté nous allons voir que la grâce de l’évangile introduit la foi et l’Esprit, et qu’elle délivre du monde, qui est considéré comme déjà condamné.

Le « présent siècle » ici, c’est le « monde » ou le « train de ce monde ». C’est le système du monde plutôt que les gens qui le composent. C’est un système très présent aujourd’hui, mais il est jugé et condamné ; c’est pourquoi Dieu veut que nous en soyons délivrés et c’est dans ce but que le Seigneur Jésus est mort pour nous.

 

2.2        L’évangile de Paul : v. 6-12

2.2.1        L’étonnement de l’apôtre

Au verset 6, Paul aborde directement le sujet principal de sa lettre. L’évangile qu’il avait prêché aux Galates les avait placés dans la grâce de Christ, et maintenant ils s’étaient tournés vers un enseignement différent, qui n’était pas un évangile du tout. L’apôtre exprime son étonnement en face de cette folie. Nous pouvons ressentir, en lisant ces paroles solennelles, la brûlante indignation qui le remplissait. Ces croyants s’attachaient à « un évangile différent », qui n’en était « pas un autre ». Ils imaginaient peut-être qu’ils avaient reçu une version revue et améliorée de l’ancien enseignement. Mais ce n’était pas le cas. C’était un enseignement radicalement différent et faux.

 

2.2.2        Un jugement solennel prononcé par Paul

Au verset 8, Paul envisage l’hypothèse dans laquelle lui-même pervertirait de cette façon l’évangile de Dieu, ou même qu’un ange venu du ciel le fasse – non un ange déchu, mais un ange venant de la présence de Dieu. Sur lui-même comme sur l’ange, il prononce alors solennellement la malédiction de Dieu. Puis, comme s’il prévoyait que certains vont le trouver extrême dans sa condamnation et l’en reprendre, il répète sa malédiction en l’accentuant encore. Il est clair que ni lui ni un ange venu du ciel n’allaient pervertir l’évangile, mais certains hommes l’avaient fait parmi les Galates ! C’est pourquoi il dit : « si quelqu’un... » (v. 9).

Si certaines personnes pensent qu’on a simplement ici un accès de mauvaise humeur contre des prédicateurs concurrents, qu’elles considèrent ce qui est impliqué dans cette affaire ! Elles verront bien vite que la malédiction prononcée est une malédiction de Dieu appuyée de tout le poids de son autorité.

Qu’est-ce donc qui était impliqué ici ? Pour répondre, donnons une illustration. Pensez-vous qu’une personne qui, en cachette, verse du poison dans le verre de quelqu’un mérite d’être condamnée. Très certainement ! Alors, d’après vous, que mérite quelqu’un qui verse, au plus profond de la nuit, un tonneau entier de poison dans la réserve d’eau potable d’une ville ? Vous n’avez pas de mots assez forts pour exprimer l’horreur que vous inspire une telle action. Or ici, nous trouvons des hommes qui pervertissaient le message qui est la seule source de salut et de vie spirituelle pour un monde perdu. Quel est le langage que peut employer l’Esprit de Dieu pour exprimer son horreur d’une telle action ? Il ne peut que prononcer la solennelle malédiction de Dieu.

Vous remarquerez que ces hommes ne contredisaient pas l’évangile mais le pervertissaient. Pour une seule personne qui contredit ouvertement l’évangile, vous en trouverez beaucoup qui le pervertissent. Adroitement, ils y font le changement subtil qui falsifie entièrement son vrai caractère. Soyons sur nos gardes.

 

2.2.3        Le désir d’être « esclave de Christ »

Le motif réel qui se cachait derrière les enseignements de ces gens était le désir de plaire à l’homme. C’est ce que nous découvre le verset 10. Plus loin dans l’épître, nous verrons qu’ils voulaient se glorifier dans la chair et s’attacher les Galates comme disciples. Ils désiraient plaire aux hommes, afin que ceux-ci, satisfaits, les suivent et deviennent leurs disciples. Ainsi, à l’arrière-plan de tout cela, il y avait le but de s’exalter soi-même.

En contraste avec eux, l’apôtre Paul était le vrai serviteur de Christ. Il cherchait à plaire à Christ et non aux hommes. Ceux-ci pouvaient le blâmer ou le louer, ce n’était pas très important pour lui ; peu lui importait en effet l’avis des autres, et c’était également vrai quant au jugement des autres apôtres, ainsi que nous le verrons dans le chapitre suivant. Paul avait reçu directement du Seigneur l’évangile qu’il prêchait, et cela l’élevait bien au-dessus des opinions humaines.

 

2.2.4        L’évangile reçu « par révélation de Jésus Christ »

Aucun prédicateur aujourd’hui ne peut se prévaloir de la position de Paul. Il serait entièrement déplacé d’adopter le même ton d’autorité que lui. L’évangile nous a été prêché par des hommes. La Parole de Dieu n’est pas venue de nous ; elle est venue à nous (voir 1 Cor. 14:36). Pour cette raison, nous faisons bien d’écouter avec soumission ce que nos frères ont à dire, même lorsqu’ils jugent nécessaire de nous reprendre. Mais de toute manière, la cour d’appel finale est la Parole de Dieu.

Soyons aussi attentifs à ne pas avoir comme but de plaire aux hommes. L’évangile même que nous avons reçu, et que peut-être nous prêchons, devrait nous préserver de cela, car il « n’est pas selon l’homme », comme le dit le verset 11. Il est vrai que s’il nous est parvenu sous une forme défectueuse ou mutilée, nous pouvons bien ne pas avoir réalisé son vrai caractère. Mais c’était le caractère de l’évangile que Paul prêchait : l’homme n’en était pas la source. L’homme n’était pas non plus le moyen de communication par lequel Paul l’avait reçu. Il l’avait reçu par une révélation directe du Seigneur Jésus. Il le tenait directement de Dieu, tout comme son apostolat, ainsi que nous l’avons vu au verset 1. En conséquence, cet évangile avait le sceau de Dieu, et non celui des hommes.

L’évangile a donc pour trait caractéristique d’être « selon Dieu » et non « selon l’homme ». Ce qui est selon l’homme honore l’homme, le flatte, le glorifie. L’évangile déclare à l’homme la triste vérité à son sujet, mais il glorifie Dieu et accomplit ses plans.

Nous avons donc entre nos mains un test efficace pour discerner si ce que nous entendons comme évangile est réellement « l’évangile » ! On entend dire, par exemple : « Oh ! j’aime écouter tel et tel ; il parle bien ; il a du bon sens. Il a confiance en l’humanité ; cela nous redonne de l’espoir et de la satisfaction, dans ce monde plein de mécontentement ». Un message qui a ce caractère est complètement « selon l’homme », et par conséquent agréable à l’homme naturel. Mais ce n’est pas l’évangile de Dieu.

À première vue, il pourrait sembler que ce que Paul dit ici est en contradiction avec ce qu’il déclare dans le dernier verset de 1 Corinthiens 10. Mais si on lit ce chapitre entier, ainsi que celui qui le précède, on voit que là, son but est d’encourager les chrétiens à avoir le plus possible d’égards et de soins pour leurs frères plus faibles, et pour tous les hommes. Ainsi, ils doivent éviter tout ce qui pourrait blesser et chercher le profit de tous. Ici, par contre, il est question de la vérité de l’évangile. Il faut résister énergiquement à tout ce qui tendrait à l’altérer, ou à lui enlever quoi que ce soit pour plaire aux hommes. À cet égard, aucun compromis ne peut être accepté.

 

2.3        Le témoignage personnel de l’apôtre : v. 13-24

Depuis le verset 13 jusqu’à la fin du chapitre, l’apôtre raconte une partie de son histoire. Il le fait manifestement dans le but de confirmer ce qu’il vient d’affirmer au verset 12.

 

2.3.1        La conduite de Paul dans le judaïsme avant sa conversion

Premièrement, Paul rappelle ce qui le caractérisait lorsqu’il n’était pas converti. Sa vie avait uni un grand zèle pour les traditions juives, un avancement dans le judaïsme dépassant celui de ses contemporains, à une détermination farouche à persécuter l’assemblée de Dieu.

À deux reprises dans les versets 13 et 14, l’apôtre parle du « judaïsme ». C’est très significatif, car les Galates étaient tombés dans le piège qui consistait à essayer d’amener l’esprit de cette religion dans l’évangile. Paul désirait qu’ils réalisent que bien loin d’être un complément à l’évangile, le judaïsme lui était hostile. Lui-même en avait été absolument retiré par sa conversion.

 

2.3.2         « Il plut à Dieu… de révéler son Fils en moi »

Trois étapes de l’histoire de Paul sont clairement mises ici en évidence pour nous : 

●         premièrement, Dieu l’a mis à part avant sa naissance.

●         deuxièmement, il a été appelé par la grâce de l’évangile.

●         troisièmement, Dieu a révélé son Fils en lui, afin que celui-ci puisse être le thème de son témoignage parmi les nations.

 

Bien que Paul ait été Hébreu de naissance, il avait autant besoin d’être mis à part que s’il avait été un païen ; il a été séparé du judaïsme - un point très important pour les Galates. De plus, il a été mis à part pour le service de Dieu, service dont le caractère a été déterminé, pour lui, par la nature de la révélation qu’il a reçue.

C’était la révélation du Fils de Dieu et pas seulement celle du Messie d’Israël. Le Seigneur Jésus était les deux, bien sûr, mais c’est sous le premier de ces caractères qu’il est apparu à Paul. C’est ainsi qu’il lui est apparu depuis la gloire. Depuis ce grand événement sur le chemin de Damas, Paul a su que ce Jésus de Nazareth qu’il avait méprisé était le Fils de Dieu. Et ceci n’est pas seulement une chose qui lui fut révélée, mais qui fut révélée en lui.

L’utilisation de la préposition « en » indique que la révélation faite a été profonde et efficace en Paul. Si vous allez dans un observatoire, on vous permettra peut-être de regarder la lune à travers un grand télescope. Vous percevrez les merveilles de sa surface, de ses montagnes, de ses cratères. Pourtant, bien que révélées à votre œil, ces choses ne seront pas dans votre œil, car au moment où vous le retirerez du télescope, tout disparaîtra. Mais si l’astronome fixe un appareil photographique à l’extrémité du télescope, y met une plaque sensible pendant le temps convenable et fait subir à celle-ci les traitements chimiques nécessaires, une image apparaît sur la plaque. Ce qui était seulement révélé à l’œil est maintenant révélé dans la plaque et cela, de manière définitive. Il en était ainsi pour Paul. Le Fils de Dieu dans la gloire avait produit une impression permanente en Paul, et ainsi il était capable de le prêcher comme quelqu’un qu’il connaissait, et non seulement comme quelqu’un dont il connaissait quelque chose.

C’était cela qui caractérisait le service et le ministère – uniques - de l’apôtre Paul ; c’était aussi ce qui, dès le début, l’avait élevé au-dessus de la dépendance des autres hommes, même des plus distingués d’entre eux. C’est pour cela qu’il n’avait pas eu besoin d’aller à Jérusalem immédiatement après sa conversion.

 

2.3.3        Le début de la marche chrétienne de l’apôtre

Trois ans s’étaient écoulés avant que Paul ne voie l’un de ceux qui étaient apôtres avant lui. Même alors, il n’avait vu que Pierre et Jacques, et pour une courte période.

En Actes 9, il n’est pas fait mention de sa visite en Arabie ; de sorte que l’on ne peut faire que des suppositions quant au moment où elle a eu lieu. Elle se situe très probablement entre les versets 22 et 23 de ce chapitre. Ainsi, l’épisode de sa fuite de Damas, dévalé dans une corbeille par-dessus la muraille (Act. 9:25), aurait eu lieu après son retour d’Arabie. S’il en est ainsi, sa visite à Pierre a eu lieu juste après cet événement. Quoi qu’il en soit, l’apôtre insiste sur l’exactitude de ce qu’il écrit aux Galates. Il souligne le fait que les assemblées de Judée n’avaient appris sa conversion que par ouï-dire, et qu’elles glorifiaient Dieu pour la grâce et la puissance qui avaient transformé en un serviteur de Dieu le violent persécuteur qui les avait fait souffrir.

Soulignons que tous ces détails historiques sont donnés pour nous faire réaliser que l’évangile dont Paul était le héraut lui était parvenu directement du Seigneur.

 

3        CHAPITRE 2

Au début du chapitre (v. 1-10), l’apôtre rappelle ce qui s’était passé lors de sa deuxième visite à Jérusalem après sa conversion. Puis il raconte un incident qui s’était passé à Antioche, peu de temps après sa deuxième visite à Jérusalem ; cet incident avait une portée directe sur le point qui était en cause avec les Galates.

 

3.1        La deuxième visite de Paul à Jérusalem : v. 1-10

3.1.1        La montée de Paul à Jérusalem

La première visite à Jérusalem avait eu lieu trois ans après sa conversion (1:18), et la seconde quatorze ans plus tard (2:1). Cette dernière est manifestement l’événement au sujet duquel Actes 15 nous fournit d’abondantes informations. Il sera utile de lire attentivement ce passage avant d’aller plus loin. Il contient plusieurs détails intéressants.

Actes 15 commence en nous disant que « quelques-uns, étant descendus de Judée » jusqu’à Antioche, enseignaient que la circoncision était nécessaire pour être sauvé. Remarquons qu’ils ne sont pas appelés des « frères ». En Galates 2, Paul les nomme sans hésitation « des faux frères, furtivement introduits » (v. 4). Ainsi, très tôt, des inconvertis se sont glissés parmi les croyants, malgré la vigilance et le soin des apôtres. C’est une chose triste que de telles personnes puissent s’introduire furtivement en dépit des précautions prises. Et c’en est une plus triste encore lorsque des principes laissant la porte ouverte à de telles personnes sont enseignés et pratiqués.

Dans les Actes, nous lisons qu’ils « résolurent » que Paul, Barnabas et d’autres feraient une visite à Jérusalem. Mais ici, Paul nous dévoile l’arrière-plan de cette scène et nous apprend qu’il y est monté « selon une révélation » (v. 2). La tentation pouvait être grande pour lui de rencontrer et de vaincre ces faux frères à Antioche, mais le Seigneur lui avait révélé qu’il devait interrompre les controverses et amener la discussion à Jérusalem, où les vues de ses opposants étaient encore plus fortement défendues. C’était un déplacement hardi, mais une démarche qui, dans la sagesse de Dieu, préservait l’unité dans l’Église. Le résultat de son obéissance à cette révélation, c’est que le problème fut réglé contre les affirmations de ces faux frères, à l’endroit même où ils comptaient le plus de sympathisants. Si ce problème avait été réglé à Antioche, parmi les Gentils, le danger d’une division aurait été grand.

En Actes 15, il est simplement dit que « quelques autres d’entre eux » monteraient avec Paul et Barnabas à Jérusalem. Galates 2 nous apprend que parmi ces « quelques autres » se trouvait Tite, un Grec. Le problème était ainsi soulevé sous sa forme la plus aiguë. Mais l’apôtre n’avait voulu faire aucune concession à ses opposants. Il ne voulait absolument pas se soumettre à eux. C’est pourquoi Tite ne fut pas contraint à être circoncis (v. 3).

En contraste, la manière d’agir de Paul avec Timothée est d’autant plus remarquable (Act. 16:1-3). Ainsi nous voyons que des choses auxquelles il faut vigoureusement résister dans certaines circonstances doivent être acceptées dans d’autres. Dans le cas de Tite, la circoncision aurait eu pour but d’établir un principe qui sapait les bases mêmes de l’évangile. Dans le cas de Timothée, aucun principe de ce genre n’était en jeu. La question avait été entièrement réglée. Paul a circoncis Timothée, dont la mère était juive et le père grec, pour que son service puisse s’exercer aussi bien parmi les Juifs que parmi les nations, afin qu’il puisse « gagner les Juifs » (1 Cor. 9:20). Pour Paul lui-même, pour les Corinthiens - et pour nous aussi- la circoncision et l’incirconcision ne sont « rien » (1 Cor. 7:19).

Il est possible que nous voyions un serviteur de Christ agir de la même manière aujourd’hui. Ne soyons pas pressés de l’accuser d’inconséquence. Il agit peut-être avec un discernement divin dans des cas où nous n’avons pas discerné de différence. L’apôtre parle de « la liberté que nous avons dans le Christ Jésus » (v. 4). C’était cette liberté qui le conduisait à refuser la circoncision là où elle impliquait un asservissement à la Loi, mais à la pratiquer, un ou deux ans après, lorsqu’elle n’impliquait aucune question de principe.

 

3.1.2        Les entretiens de Paul avec les autres apôtres

Paul a profité de sa visite à Jérusalem pour exposer aux autres apôtres l’évangile qu’il prêchait parmi les nations. Bien qu’il l’ait reçu directement du Seigneur, il éprouvait le besoin de leur présenter ce qu’il avait compris de la révélation. Les apôtres les plus instruits, ainsi que les anciens de Jérusalem, n’eurent rien à objecter. Au contraire, ils reconnurent que Paul avait été clairement appelé de Dieu pour apporter l’évangile parmi les nations, alors que Pierre avait reçu une mission semblable parmi les Juifs. Ainsi Jacques, Céphas et Jean - considérés tous les trois comme « des colonnes » (v. 9) - ayant reconnu la grâce qui avait été donnée à Paul, exprimèrent une pleine communion et une entière solidarité avec lui dans son œuvre.

Ce fait avait une incidence directe sur le problème qui concernait les Galates. Si les hommes qui avaient fait du mauvais travail en Galatie attaquaient Paul comme étant un « parvenu » ne possédant aucune autorité, ce dernier pouvait faire valoir qu’il avait reçu son message du Seigneur par une révélation de première main. Son autorité était ainsi établie. D’autre part, s’ils l’attaquaient comme un homme agissant de sa propre autorité et se mettant en opposition avec ceux qui étaient apôtres avant lui, il pouvait rétablir la vérité en rappelant que Jacques, Pierre et Jean lui avaient témoigné une pleine confiance et avaient exprimé leur communion avec lui après un entretien minutieux.

 

3.2        La troisième rencontre de Paul avec Pierre : v. 11-16

Il restait à montrer qu’il y avait eu « un moment » où Pierre lui-même avait quelque peu cédé à l’influence d’hommes semblables à ceux qui s’opposaient maintenant à Paul. Celui-ci raconte alors comment il avait résisté à Pierre et pour quelles raisons il l’avait fait. 

 

3.2.1        La dissimulation de Pierre

Le livre des Actes ne mentionne pas la visite de Pierre à Antioche, mais il est évident qu’elle a eu lieu après la décision du concile de Jérusalem rapporté au chapitre 15. Lors de cette rencontre, Pierre avait présenté des arguments en faveur de la réception des Gentils convertis, précisant que la loi de Moïse ne devait pas leur être imposée. Il avait alors parlé de la Loi comme étant « un joug que ni nos pères ni nous n’avons pu porter » (Act. 15:10). Mais à Antioche, lorsque quelques-uns étaient venus d’auprès de Jacques, avec des vues strictes quant à la valeur de la circoncision, Pierre n’avait plus voulu manger avec les croyants des nations et s’était retiré d’eux. Son exemple avait eu un grand poids et d’autres l’avaient suivi - y compris Barnabas, qui auparavant s’était tenu aux côtés de Paul (v. 2, 12).

Pour certains, sans doute, cela pouvait sembler être une affaire insignifiante, une simple erreur sur laquelle on pouvait fermer les yeux, un caprice duquel on pouvait sourire. Pour Paul, c’était bien différent. Il discernait que, sous la question apparemment anodine de la manière dont Pierre prenait sa nourriture, des principes très importants étaient en question, et que l’attitude de Pierre n’était pas droite « selon la vérité de l’évangile » (v. 14a).

Que Dieu nous donne à tous de saisir ce qui nous est enseigné ici de façon si sérieuse ! L’éloignement de la vérité, même le plus grave, nous est souvent présenté sous le couvert de circonstances insignifiantes et innocentes. Plusieurs d’entre nous auraient peut-être été tentés de s’exclamer : « Oh ! Paul, tu es trop exigeant ! Comme il est difficile de te plaire ! Pourquoi faire toute une histoire avec un petit détail ? Si cela fait plaisir à Pierre de ne manger qu’avec des Juifs, pourquoi ne pas le laisser faire ? Pourquoi provoquer des chicanes et troubler la paix à Antioche ? ». Nous ignorons souvent les plans de Satan. Il essaie de nous détourner de la vérité par des choses en apparence inoffensives. C’est sur un très petit tronçon que le train dévie de la voie principale pour s’engager sur une voie de traverse.

L’idée que l’Église était en paix et libre de toute controverse durant la période apostolique n’a pas de fondement dans l’Écriture. Depuis le commencement, la vérité a dû être conquise et maintenue à travers des conflits - la plupart internes, et non avec le monde. Il serait illusoire d’espérer aujourd’hui une absence de conflits et de problèmes ! Les occasions ne manquent pas dans lesquelles le seul moyen d’obtenir la paix est de faire des compromis. Celui qui a du discernement et qui réalise la nécessité d’élever la voix pour protester doit s’attendre à être accusé de manquer de charité.

Cependant, s’il nous arrive d’être dans une situation où nous nous sentons moralement obligés de protester, demandons instamment à Dieu de nous donner de le faire de la même manière que Paul. « Quand je vis... je dis à Céphas » (v. 14b). Notre tendance naturelle est d’exprimer nos reproches aux oreilles de tout le monde sauf à celles du coupable lui-même ! En Marc 2, lorsque les pharisiens trouvent à redire à la façon de faire de Jésus, ils se plaignent auprès des disciples (v. 16), et lorsqu’il s’agit du comportement des disciples, ils se plaignent au Seigneur (v. 23, 24). Nous ferions bien d’avoir pour règle, lorsqu’une répréhension est nécessaire, de la faire directement à la personne concernée, plutôt que derrière son dos.

Paul la fit « devant tous » : la raison en est que le manquement de Pierre avait déjà affecté plusieurs personnes et que l’affaire était devenue publique. Dans la plupart des cas, il serait faux de faire d’abord une répréhension publique. Il y a beaucoup de manquements et de difficultés qui ne sont pas connus de tous ; s’ils sont traités fidèlement, dans un esprit de grâce, en privé avec la personne concernée, ils pourront bien ne jamais devenir publics ! Ainsi beaucoup de trouble et de sujets de scandale seront évités. Mais un manquement public doit être traité publiquement.

Paul a commencé sa répréhension en posant à Pierre une question concernant sa façon de faire précédente, et le changement soudain qui s’était produit. Pierre avait abandonné les coutumes juives pour vivre plus librement, comme les nations (voir Act. 10:28). Comment pouvait-il maintenant abandonner cette position d’une manière qui équivalait à dire que, finalement, les nations devaient vivre comme les Juifs ? C’est la question que nous trouvons au verset 14.

 

3.2.2        La base de la justification : la foi en Jésus Christ

Aux versets 15 et 16, une affirmation de l’apôtre fait suite à la question du verset 14. Dans ce qu’il dit ici, Paul peut lier Pierre à lui-même sans que celui-ci puisse objecter quoi que ce soit. « Nous qui, par nature, sommes Juifs », nous avons reconnu que la justification n’est pas obtenue par « des œuvres de loi, ni autrement que par la foi en Jésus Christ ». Ainsi, nous nous sommes tournés de la Loi vers Christ et avons été justifiés par Lui.

 

3.3        La justification par la foi : v. 17-21

3.3.1        Une pensée fausse, reniant le fondement de la conversion

Une nouvelle question est posée au verset 17. S’il est vrai, comme l’attitude de Pierre semble le suggérer, que même lorsque nous nous tenons devant Dieu dans toute la valeur de l’œuvre de Christ, nous avons encore besoin de quelque chose pour compléter notre justification - comme d’observer la loi ou les coutumes juives - cela ne jette-t-il pas du discrédit sur l’œuvre de Christ ? Paul présente cette question dans un langage extrêmement vigoureux : Christ serait-il alors « au service du péché », plutôt qu’à celui de la justification ? Poser une telle question, c’est y répondre. C’est pourquoi l’apôtre ajoute aussitôt : « Absolument pas ! » (v. 18a).

Au verset 18b, nous trouvons une seconde affirmation, une affirmation qui a dû avoir l’effet d’un coup de massue sur la conscience de Pierre. Non seulement son action pouvait conduire à la conclusion que Christ était au service du péché, mais elle était aussi visiblement de nature à reconstruire le mur mitoyen de clôture entre les Juifs et les Gentils croyants (voir Éph. 2:14). Or l’évangile avait détruit ce mur et Pierre lui-même l’avait fait par sa prise de position dans la maison de Corneille. Où que se trouve ce qui était juste, Pierre se trompait dans l’une ou l’autre de ces deux actions. S’il avait raison maintenant, il s’était trompé auparavant. S’il avait eu raison auparavant, il se trompait maintenant. Il était convaincu comme étant lui-même un « transgresseur ».

En fait, il avait tort maintenant. Auparavant, il avait agi, instruit par Dieu dans une vision. Maintenant, il agissait de façon impulsive, gouverné par la crainte des hommes.

Dans ces quelques mots sortis des lèvres de Paul, l’Esprit de Dieu nous révèle la vraie portée de l’action de Pierre, même si elle pouvait paraître innocente à beaucoup. Seulement deux questions et deux affirmations de la part de Paul ; mais quels effets elles eurent ! Elles détruisirent la fausse position dans laquelle Pierre s’était placé.

Mais l’Esprit de Dieu ne se contente pas de cela. Il conduit Paul à proclamer immédiatement ensuite la vraie position chrétienne. 

 

3.3.2        La vérité de l’évangile

L’apôtre Paul avait discerné d’emblée que Pierre et ceux qui le suivaient « ne marchaient pas droit, selon la vérité de l’évangile » (v. 14). Il présente alors très clairement, et en très peu de mots, la vérité de l’évangile. Il ne la présente pas sous forme de doctrine, mais comme une expérience - sa propre expérience. Maintenant il ne dit plus « nous » mais « je », mot qui apparaît constamment dans les versets 19 et 20.

Dans les Actes, nous trouvons des exemples frappants de la prédication de l’évangile par la bouche de Paul. En Romains 1 à 8, nous avons l’exposition de l’évangile par sa plume. En Galates 1, nous avons la défense de l’évangile - par la présentation de ses traits caractéristiques. Ici nous allons considérer la vérité de l’évangile.

Dans ces derniers versets du chapitre 2, Paul parle pour lui seul. Précédemment (v. 15-17), il avait dit « nous », puisqu’il parlait de la vérité généralement acceptée par les chrétiens, y compris Pierre. Mais maintenant, il en vient à une vérité que l’action de Pierre avait mise en cause ; il ne peut donc plus supposer que Pierre la reconnaisse sans réserve. Pourtant c’était la vérité et Paul, qui en jouit et réalise sa puissance, peut la présenter de manière personnelle et expérimentale.

À ce moment, Pierre avait la Loi devant lui : il vivait « à la Loi ». Mais moi, dit Paul en substance, j’ai Dieu et non pas la Loi devant moi, et je vis « à Dieu ». Combien Dieu, qui a donné la Loi - et qui s’est révélé en Christ - est plus grand que la Loi qu’Il a donnée ! Mais qu’est-ce qui a libéré Paul de la Loi à laquelle il était auparavant lié - aussi bien que Pierre ? C’est la mort. Il est « mort à la loi » (v. 19) et ceci par l’action de la loi !

Pourtant, il est bel et bien en vie, puisqu’il peut s’opposer à Pierre. Comment donc est-il « mort à la Loi » ? Et que signifie cette expression ? La réponse à ces deux questions se trouve dans la merveilleuse affirmation : « Je suis crucifié avec Christ » (v. 20).

Ici, nous voyons Paul se saisir de la vérité de l’évangile et lui donner une application éminemment personnelle. Le Seigneur Jésus, dans sa mort, non seulement a été notre substitut en portant nos péchés, mais Il s’est aussi entièrement identifié avec nous dans notre état de péché, ayant été « fait péché pour nous », bien que n’ayant pas lui-même connu le péché (2 Cor. 5:21). Ceci a eu lieu d’une façon si vraie et si réelle que l’une des choses que nous devons connaître - comme étant un élément de base de la doctrine chrétienne - est que « notre vieil homme a été crucifié avec lui » (Rom. 6:6). La crucifixion de Christ est par conséquent la crucifixion de tout ce que nous étions comme enfants d’Adam déchus. Ici nous trouvons comment Paul s’approprie personnellement cela. Et puisqu’il est crucifié avec Christ, il est « mort à la Loi » (v. 19).

La crucifixion de Christ n’est pas seulement l’action commise par des hommes méchants. D’un point de vue divin, elle est - dans son essence même - l’action de Dieu par laquelle Christ a été fait péché pour nous et dans laquelle Il a porté pour nous la « malédiction de la Loi » (3:13). En mourant sous la malédiction de la Loi, Christ est mort « par la Loi » et, comme étant crucifié avec Christ, Paul pouvait dire qu’il était mort à la Loi « par la Loi » afin de vivre à Dieu.

La force de ce passage sublime peut nous devenir claire si nous considérons les cinq prépositions employées :

●         « à » indique le but en vue : vivre à Dieu, c’est vivre avec Dieu comme but de l’existence.

●         « avec » indique l’identification ou l’association : nous sommes crucifiés avec Christ en raison de l’identification complète réalisée dans sa mort pour nous ; en conséquence, sa mort est notre mort ; nous sommes morts avec lui.

●         « en » - « Christ vit en moi » - indique le caractère de notre vie : bien que crucifiés, nous vivons. Nous sommes toujours des personnes vivantes sur la terre, mais nous ne vivons plus selon l’ancien caractère de vie. Nous vivons une vie d’un nouvel ordre ; une vie dont le caractère, résumé en un mot, est Christ. Saul de Tarse avait été crucifié avec Christ. Pourtant l’homme connu comme Saul de Tarse était toujours en vie. Toujours en vie, mais avec un caractère complètement différent. En le considérant, on ne voyait pas s’exprimer le caractère de « Saul de Tarse » mais celui de « Christ ». En accord avec cela, il n’a pas gardé son ancien nom, mais, peu après sa conversion, il a été connu sous le nom de Paul, ce qui signifie « petit ». Il fallait qu’il soit petit à ses yeux pour que Christ vive en lui.

●         « dans » - « dans la foi » - place devant nous l’objet qui dirigeait l’âme de Paul et rendait possible le nouveau caractère de sa vie. Bientôt, quand la vie que nous vivons dans la chair - c’est-à-dire dans nos corps mortels - sera achevée, nous vivrons dans la vue du Fils de Dieu. En attendant, nous vivons dans la foi en Lui. Si la foi est active en nous, Il deviendra une brillante et vivante réalité pour nos âmes. Plus Il est devant nous objectivement, comme l’objet merveilleux qui remplit et satisfait nos cœurs, plus Il sera vu en nous subjectivement.

 

Le « grand sceau » du Ministre de la Justice est certainement un objet remarquable. Mais si vous désirez le voir, il vous sera sans doute impossible d’y avoir accès. On vous dira peut-être : nous ne pouvons pas vous laisser voir le sceau lui-même, mais regardez la cire apposée sur ce document officiel. Là vous voyez virtuellement le sceau, il s’agit de l’empreinte qu’il a laissée. La cire à cacheter a été marquée par la pression du sceau. Ainsi vous voyez le sceau subjectivement, bien que vous ne puissiez pas le voir objectivement. Ceci illustre le passage que nous considérons, et nous montre comment d’autres peuvent voir Christ vivre en nous, s’il est l’Objet qui remplit nos âmes.

●         « pour » -  « il s’est livré lui-même pour moi » - exprime la substitution. Ce mot nous révèle ce qui était la puissance contraignante et motivante de la vie merveilleuse de Paul. L’amour du Fils de Dieu l’étreignait ; cet amour s’était manifesté en ce que Christ avait donné sa vie en sacrifice pour lui, comme substitut.

 

Nous pouvons résumer ce sujet comme suit. Le cœur de Paul était rempli de l’amour du Fils de Dieu qui était mort pour lui. Non seulement il avait compris son identification avec Christ dans sa mort, mais il l’avait acceptée de cœur dans tout ce qu’elle impliquait. Dans le Fils de Dieu élevé dans la gloire, il avait trouvé l’objet qui satisfaisait son cœur. Par conséquent, la sentence de mort s’appliquait à tout ce qu’il était par nature, et Christ vivait en lui et caractérisait sa vie. Ainsi, Dieu lui-même, tel qu’Il s’est révélé en Christ, était devenu le but suprême de son existence.

Voilà ce qu’il en était de Paul. En est-il de même pour nous ? Le fait que notre vieil homme a été crucifié est tout aussi vrai pour nous que pour lui. Nous sommes morts avec Christ exactement comme lui, si nous sommes réellement des croyants. Mais avons-nous saisi cela dans notre expérience, comme Paul l’avait fait ? Est-ce pour nous seulement une affaire de doctrine chrétienne - aussi important qu’elle puisse être à sa place -, ou est-ce aussi une affaire d’expérience spirituelle qui transforme et ennoblit nos vies ? Il est à craindre que la plupart d’entre nous, nous ne le réalisions que d’une manière bien petite. Pour quelle raison ? Peut-être parce que nous avons été peu captivés par la réalité de l’immense amour de Christ et avons peu apprécié la merveille de son sacrifice pour nous. Notre conviction quant à l’horreur de notre culpabilité pourrait ne pas avoir été très profonde, et ainsi notre conversion avoir été assez superficielle. Si nous examinons les choses à leur source, l’explication se trouve peut-être simplement là.

Si la flamme de notre amour est ravivée dans nos cœurs, il y aura des progrès dans la bonne direction.

Les derniers mots de l’apôtre, dans le dernier verset du chapitre, signifient que la position que Pierre avait prise était de nature à annuler la grâce de Dieu. Son attitude tendait à conclure qu’après tout la justice pourrait être « par la Loi ». Alors Christ serait mort « pour rien ». Quelle conclusion aberrante ! Pourtant c’était la conclusion logique, avant l’intervention de Paul.

 

4        CHAPITRE 3

4.1        La grâce et la Loi : v. 1-5

4.1.1        La folie des Galates

Le moment est maintenant venu pour l’apôtre d’adresser aux Galates un appel très précis.

Il les appelle « insensés », car ils n’avaient pas eu l’intelligence spirituelle suffisante pour discerner où les faux docteurs les conduisaient. Ils avaient été comme ensorcelés et sous le charme des séducteurs. Ils avaient été menés tout près de l’horrible conclusion que Christ était mort pour rien - que sa mort n’avait été en fait qu’une immense erreur. Ils étaient au bord de ce précipice, et le raisonnement serré de l’apôtre venait leur révéler le danger en jetant comme un éclair de lumière au milieu de leurs ténèbres.

Leur folie était d’autant plus marquée qu’ils avaient une fois bénéficié d’une prédication fidèle, leur présentant Christ crucifié. Paul lui-même les avait évangélisés. Parmi les Galates comme parmi les Corinthiens, la croix avait été son grand sujet. Jésus Christ leur avait été dépeint, comme s’il avait été crucifié sous leurs yeux mêmes.

 

4.1.2        Comment l’Esprit avait-il été reçu ?

De plus, comme résultat de leur réception de la parole de la croix apportée par Paul, les Galates avaient reçu le Saint Esprit (v. 2). Or de quelle manière et sur quelle base l’avaient-ils reçu ? Sur la base « des œuvres de loi » ou sur celle de « la foi qui écoute » (v. 2) ? Il n’y avait qu’une réponse possible à cette question. Et Paul savait très bien que les Galates n’allaient pas répondre : Nous avons reçu l’Esprit sur le principe des œuvres de loi.

C’est pourquoi il ne s’arrête pas pour répondre mais continue directement, au verset 3, en posant d’autres questions qui découlent de la précédente. Ayant reçu l’Esprit par la foi qui écoute, allaient-ils être rendus parfaits « par la chair » ? Dieu commence-t-Il avec nous sur la base d’un certain principe, puis amène-t-Il des choses à bien sur la base d’un autre principe, opposé au premier ? Les hommes sont assez versatiles pour faire de tels changements lorsque leurs plans échouent. Mais Dieu n’est pas versatile. Il n’arrive jamais que ses plans échouent et qu’Il doive les changer. Les Galates étaient insensés, mais l’étaient-ils au point d’imaginer cela ? Etaient-ils disposés à changer ainsi de cap et à rejeter comme étant sans valeur ce qu’ils avaient auparavant retenu et ce qu’ils avaient accepté, de sorte que toutes leurs souffrances pour Christ devaient être considérées comme vaines et inutiles (v. 4) ? La simple lecture de ces questions nous fait sentir leur portée écrasante.

Pourquoi l’apôtre parle-t-il de « la chair » ? Premièrement parce qu’elle est particulièrement opposée à l’Esprit, et deuxièmement parce qu’elle est liée à la Loi.

La chair complète le groupe de quatre explicité dans les versets 2 et 3 :

§  -La foi et l’Esprit sont étroitement liés. L’Esprit est reçu comme le résultat de la foi, et Il est la puissance de la vie nouvelle que nous avons en Christ.

§  -La Loi et la chair sont également liées. La Loi a été donnée pour que la chair l’accomplisse, si elle en était capable, et l’expérience a montré qu’elle ne l’était pas. La Loi a été incapable de mettre un frein efficace aux penchants de la chair, car la chair « ne se soumet pas à la loi de Dieu ; en effet, elle ne le peut même pas » (Rom. 8:7).

 

Pourtant les Galates étaient tentés de se tourner de l’Esprit tout-puissant vers la chair, qui, bien que puissante pour faire le mal, est totalement incapable de faire le bien. C’était vraiment un comportement insensé !

 

4.1.3        L’action de l’Esprit de Dieu parmi les Galates

Au verset 5, l’apôtre répète la question du verset 2 mais sous une autre forme. Au verset 2, la question concernait les Galates. Comment avaient-ils reçu l’Esprit ? Ici, elle le concerne lui-même. De quelle manière et sur la base de quel principe avait-il travaillé lorsqu’il était venu leur apporter le message de l’évangile ? Des miracles avaient été opérés au milieu d’eux, et ils avaient reçu l’Esprit de Dieu après avoir cru à l’évangile. Tout cela était-il sur la base des œuvres ou de la foi ? À nouveau, l’apôtre ne s’arrête pas sur la réponse, sachant bien qu’il n’y en a qu’une à donner. Et il aborde d’emblée l’exemple d’Abraham pour amener les Galates à réaliser que, bien avant l’institution de la Loi, Dieu avait établi la foi comme le moyen de bénédiction de l’homme.

 

4.2        La foi d’Abraham sans la Loi : v. 6-9

4.2.1        Abraham justifié par la foi

En fait, c’est dès le commencement que la foi est le moyen de la bénédiction. Le chapitre 11 de l’épître aux Hébreux nous l’enseigne de façon éloquente. Et dans l’Ancien Testament, c’est par l’exemple d’Abraham que cela est clairement mis en lumière. « Il crut l’Eternel ; et il lui compta cela à justice » (Gen. 15:6). Ce verset est cité ici ainsi qu’en Romains 4:3 et en Jacques 2:23. Abraham était le père de la race juive, qui avait le signe extérieur de la circoncision, mais il était aussi, dans un sens profond et spirituel, « le père de tous ceux qui croient » (Rom. 4:11).

Les docteurs « judaïsants » avaient essayé de persuader les Galates d’adopter la circoncision, pour se placer de cette manière dans une sorte de position juive, en devenant extérieurement des enfants d’Abraham. En comparaison de la position des Israélites de naissance, cela n’aurait été qu’une faible imitation. Et surtout, s’ils étaient « sur le principe de la foi », c’est-à-dire des croyants, ils étaient enfants d’Abraham dans le sens le plus profond (v. 7).

 

4.2.2        L’introduction des croyants dans la bénédiction d’Abraham

Chaque croyant est un enfant d’Abraham dans un sens spirituel ; de plus, comme le verset 9 nous le montre, chaque croyant est introduit dans la bénédiction d’Abraham. Le verset 8 indique en quoi elle consistait. Ce n’était pas seulement sa bénédiction personnelle, mais le fait qu’en lui toutes les nations seraient bénies. Non seulement il serait considéré comme juste devant Dieu et jouirait des bénédictions liées à cette justice, mais des myriades d’entre les nations jouiraient d’une faveur similaire qui leur serait conférée en lui.

Mais pourquoi en Abraham ? Comment est-ce possible ? Il est utile de lire les passages de la Genèse qui l’expliquent. La première fois que la promesse de la bénédiction a été faite au patriarche, c’est lorsqu’il a entendu pour la première fois l’appel de Dieu (Gen. 12:3). Puis cette promesse a été confirmée au chapitre 18:18. Ensuite, au chapitre 22:16-18, la promesse a été complétée. Nous découvrons là que son accomplissement sera réalisé par sa « descendance » - « qui est Christ », comme le dit le verset 16 de Galates 3. Plus tard, la promesse a été confirmée à Isaac et à Jacob (Gen. 26:4 ; 28:14) ; et dans les deux cas, « la semence » est mentionnée. Une fois introduite, la descendance n’est jamais omise ; car en réalité, tout dépend de Christ pour l’accomplissement de la promesse.

Ainsi la bénédiction était en Abraham uniquement parce que Christ, selon la chair, descend du patriarche. Les Juifs se glorifiaient en Abraham comme s’il était en lui-même d’une importance suprême ! Les Galates, quant à eux, avaient été tentés de s’associer avec Abraham en adoptant son alliance de circoncision. Or ce qui avait une réelle valeur ne résidait pas en Abraham, mais en Christ. Et la circoncision même, qui devait les unir extérieurement à Abraham, les coupait virtuellement de Christ (voir 5:1) - en qui l’on trouve tout, non pas extérieurement mais intérieurement et d’une manière vitale.

Dès le commencement, Dieu prévoyait de bénir les nations par la foi. Ce n’est pas une chose à laquelle il a pensé plus tard. Quelle grâce dans son dessein ! Et quel encouragement pour nous de le connaître ! Dieu a appelé Abraham hors de nations tombées dans la corruption, afin de pouvoir, en dépit de toutes les défections qui ont marqué son peuple, préserver une descendance sainte de laquelle pourrait surgir, au moment opportun, Celui dans lequel toutes les nations seraient bénies, ainsi qu’Abraham lui-même. Par conséquent, c’est sur le principe de la foi que les nations doivent être bénies, comme Abraham l’a été, et non sur le principe d’œuvres de loi !

Dieu est omniscient. Il prévoit tout ce qu’il fera, en dépit des événements qui peuvent intervenir. Ici pourtant, cette omniscience est attribuée à l’Écriture. C’est un fait très remarquable. La Parole de Dieu est de Lui, elle vient de Lui, et ainsi elle est si proche de Lui qu’elle est identifiée à Lui. Que les hommes soient prudents quant à la manière dont ils la traitent ! Certains la nient et la ridiculisent ouvertement ; d’autres prétendent l’honorer et pourtant la corrompent. Les uns et les autres auront finalement affaire en jugement avec le Dieu dont elle est la Parole. Malheur à eux !

L’Écriture elle-même le prévoit et annonce à l’avance la ruine de ces hommes.

Ce troisième chapitre est rempli de contrastes du début à la fin. D’un côté, nous avons la Loi et les œuvres qu’elle demandait, la chair à laquelle les exigences de la Loi s’adressaient, et la malédiction qui devait s’abattre sur elle lorsqu’il s’avérait que les exigences de la Loi n’étaient pas respectées. De l’autre côté nous trouvons la foi de l’évangile, l’Esprit qui a été donné, et les bénédictions que Dieu a accordées. Nous avons parlé de contrastes, mais en réalité il n’y a qu’un contraste, avec différents aspects.

 

4.3        La malédiction de la Loi : v. 10-14

L’Esprit et la chair sont mis en contraste au verset 3. Au verset 10, nous trouvons la malédiction de la Loi en contraste avec la bénédiction du croyant Abraham.

 

4.3.1        Les hommes placés sous la malédiction par la Loi

La malédiction était prononcée contre quiconque ne persévérait pas dans toutes les choses que la Loi exigeait. Personne n’a pu persévérer ; et par conséquent tous ceux qui étaient placés sous la Loi sont devenus des objets de malédiction. Si quelqu’un était « sur le principe des œuvres de Loi » - c’est-à-dire si sa relation avec Dieu dépendait de sa réponse aux exigences de la Loi - c’était suffisant pour qu’il se place sous la malédiction. L’homme étant ce qu’il est, celui qui se tient devant Dieu sur ce principe est perdu.

Les Juifs, qui avaient la Loi, ne semblent pas avoir réalisé cela. Au contraire, ils considéraient la Loi comme le moyen de leur « justification » ! Se satisfaisant d’une obéissance superficielle à certaines de ses exigences, ils « cherchaient à établir leur propre justice » comme Paul l’exprime en Romains 10:3. En agissant ainsi, ils se trompaient complètement, car, dans leurs propres Écritures, il était écrit : « le juste vivra de foi » (v. 11 ; Hab. 2:4). Or la Loi n’est pas basée sur le principe de la foi, mais sur celui des œuvres. L’ensemble du sujet peut se résumer ainsi : par la Loi les hommes sont sous la malédiction et meurent ; par la foi, les hommes sont « justifiés » et vivent !

 

4.3.2        « Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi »

La malédiction prononcée par la Loi était une sentence parfaitement juste. Le Juif, ayant été placé sous la Loi, sans se montrer capable de l’accomplir, était sous sa malédiction ; et celle-ci devait être subie judiciairement pour qu’il en soit délivré. Or cette malédiction a été portée par Christ dans sa mort ; ainsi, le Juif croyant est racheté de cette malédiction. Aux jours de Moïse, une malédiction particulière avait été prononcée sur le transgresseur qui mourait en étant pendu à un bois. Dans les temps anciens, beaucoup ont dû se demander, en lisant Deutéronome 21:23, pourquoi la malédiction était ainsi liée à une mort sur un « bois » plutôt qu’à une autre mort, telle que par lapidation ou par l’épée. Maintenant, nous le savons. Au temps convenable, le Rédempteur a dû porter la malédiction pour d’autres, honorant ainsi la Loi en étant pendu au bois. C’est encore un exemple où nous voyons que l’Écriture avait tout « prévu » !

Cependant la malédiction a été portée pour ouvrir la porte à la bénédiction. C’est ce que nous dit le verset 14, en présentant la bénédiction de deux manières. Premièrement il y a « la bénédiction d’Abraham » - la justice acquise. Deuxièmement il y a le don de l’Esprit - une bénédiction qui surpasse tout ce qui avait été accordé à Abraham. Voilà la merveille de l’œuvre de Christ : la justice divine repose sur ceux des nations qui croient, autant que sur les croyants qui sont enfants d’Abraham selon la chair. Tous ceux qui croient sont, dans un sens spirituel, les enfants d’Abraham (v. 7).

À l’époque de l’Ancien Testament, l’Esprit avait été promis (par exemple en Joël 2:28-29). Aujourd’hui, nous qui croyons, soit Juifs soit Gentils, nous recevons l’Esprit. Ainsi, par la foi, nous anticipons la bénédiction qui sera parfaitement goûtée dans la période millénaire.

Pour le moment toutefois, l’apôtre ne continue pas à traiter le sujet du Saint Esprit. Quand nous aborderons le chapitre 4, nous apprendrons quelque chose quant à la signification de son habitation en nous ; et au chapitre 5, nous aurons un développement au sujet de ses opérations.

Notre chapitre poursuit le sujet de la Loi et de la place qu’elle occupe dans les voies de Dieu. Il nous amène à comprendre quelle est la vraie position chrétienne - ainsi qu’elle est présentée dans les premiers versets du chapitre 4 - ce qui constitue le thème central de l’épître. Mais tout d’abord, certaines difficultés sont élucidées. L’apôtre aborde des objections provenant d’une vue erronée du rôle de la Loi, des idées que retenaient les docteurs judaïsants et qu’ils insufflaient sans doute dans l’esprit des Galates.

 

4.4        La Loi et la promesse : v. 15-18

L’apôtre traite une première objection dans ces versets. Dans l’esprit de beaucoup, l’alliance de la Loi avait complètement relégué dans l’ombre l’alliance de la promesse faite avec Abraham. Mais, comme nous venons de le voir, l’alliance de la Loi amène inéluctablement la malédiction. La bénédiction ne peut être atteinte que par l’alliance de la promesse, qui a son point culminant en Christ. La bénédiction ne peut provenir en partie de la Loi et en partie de la promesse (v. 18). L’héritage de la bénédiction, s’il est par la Loi, ne peut être la promesse, et inversement. Or le fait est que cet héritage est basé sur la promesse.

 

4.4.1        L’alliance ne peut être annulée

La Loi n’était-elle pas une sorte de « révision » ou de « complément » du testament original ? Absolument pas, car « quand une alliance est confirmée, personne ne l’annule ou n’y ajoute » (v. 15). C’est une vieille ruse des gens malhonnêtes de provoquer le rejet d’un document qu’ils n’aiment pas, en y introduisant un codicille qui contredit tellement la disposition principale que le tout n’a plus aucune valeur sûre. Cela n’est pas permis parmi les hommes, et il est inconcevable que l’alliance de promesse de Dieu soit inférieure aux documents humains ! La Loi, qui n’a été donnée que 430 ans plus tard, ne l’a pas annulée. Elle n’était pas une addition qui modifiait sa merveilleuse simplicité. Ce n’était nullement son intention.

 

4.4.2        La promesse prime sur la Loi

Le verset 16 mérite une mention particulière, non seulement parce qu’il déclare d’une manière indubitable que dès le commencement l’alliance avait en vue Christ et son œuvre rédemptrice, mais aussi en raison de la manière remarquable selon laquelle l’apôtre argumente au sujet de ce que l’Ancien Testament avait prononcé. Conduit par l’Esprit, il s’appuie sur le fait que le mot « descendance » est au singulier et non au pluriel. Cela met en évidence la plénitude de l’inspiration de ce qui a été écrit auparavant.

L’argumentation de Paul dans ces versets étant acceptée, une nouvelle difficulté peut monter à l’esprit. Si la Loi, donnée plus de 400 ans après Abraham, n’a pas d’effets sur l’alliance précédente, si elle ne l’annule pas et ne la modifie pas, ne semble-t-elle pas manquer de but précis ? Quelqu’un pourrait objecter qu’une telle doctrine laisse la Loi vide de but et de signification, et donner l’impression de poser une question embarrassante en demandant simplement : « Pourquoi donc la Loi » ?

C’est exactement la question par laquelle commence le verset 19.

 

4.5        La Loi, conducteur jusqu’à Christ : v. 19-29

4.5.1        La raison d’être de la Loi

« Pourquoi donc la Loi ? » (v. 19a). La réponse, très brève, semble comporter deux éléments.

●         Premièrement, la Loi a été donnée pour que les péchés des hommes deviennent, lorsqu’ils la violent, des transgressions bien définies. Ce point est davantage développé en Romains 5:13.

●         Deuxièmement, la Loi avait un but particulier en relation avec Israël, en attendant la venue de Christ : elle montrait combien les Israélites avaient besoin de Lui. Elle avait été ordonnée par des anges, et par un médiateur humain, Moïse. Or la présence d’un médiateur sous-entend qu’il y a deux parties. Dieu est l’une de ces parties ; qui est l’autre ? C’est l’homme. Et comme le contrat dépendait du comportement de l’homme, tout a très vite failli.

 

En convaincant les hommes de transgression de façon précise, la Loi a fait une œuvre extrêmement importante. Qu’est-ce qui est juste, qu’est-ce qui est faux ? Qu’est-ce que Dieu demande de l’homme ? Avant que la Loi soit donnée, il y avait une certaine connaissance à ce sujet ; la conscience était également à l’œuvre (Rom. 2:14-15). Mais lorsque la Loi arriva, toute imprécision s’évanouit ; pour tous ceux qui étaient sous la Loi, le prétexte d’ignorance disparut complètement ; il n’y avait plus l’ombre d’une excuse possible. Quant à nous, qui ne sommes pas Israélites, nous n’avons jamais été formellement placés sous la Loi. Mais, de fait, nous la connaissons et cela nous soumet au jugement de Dieu d’une manière et dans une mesure inconnues aux personnes n’ayant pas cette connaissance. Alors, prenons garde !

 

4.5.2        La Loi est-elle en opposition avec la promesse ?

Au verset 21, une autre question est soulevée, découlant de la précédente. Certains pourraient conclure que si la Loi n’est pas un complément à l’alliance de la promesse, elle se trouve forcément en opposition avec celle-ci. Or ce n’est absolument pas vrai. Si Dieu avait voulu amener l’homme à la justice par la Loi, il aurait doté la Loi de la puissance de donner la vie. Elle instruisait, demandait, exigeait, menaçait et, lorsqu’elle avait été enfreinte, condamnait à mort le transgresseur. Pourtant rien de tout cela n’était et ne pouvait être efficace. Ce qui était absolument nécessaire était de donner à l’homme une nouvelle vie, dans laquelle il lui serait aussi naturel d’accomplir la Loi que précédemment de l’enfreindre. Cela, la Loi ne pouvait pas le faire ; au contraire elle a prouvé que nous étions tous sous le péché, révélant ainsi notre besoin de ce qui a été introduit par Christ.

Ainsi la Loi n’est nullement en opposition, mais s’allie harmonieusement, avec tout le reste du merveilleux dessein de Dieu ! 

 

4.5.3        « La foi étant venue, nous ne sommes plus sous un conducteur »

Jusqu’à ce que Christ vienne, la Loi a joué le rôle d’instituteur ou de tuteur, en maintenant un certain contrôle. Le verset 24 ne signifie pas que la Loi amène à Christ, mais qu’elle a exercé son contrôle comme tuteur jusqu’à ce que Christ vienne. Lorsque Christ est apparu, un nouvel ordre de choses a été établi, et pour nous, la justification est sur le principe de la foi et non pas sur celui des œuvres.

Au verset 23, le nouvel ordre de choses qui devait venir est appelé « la foi ». Et au verset 25, nous trouvons l’expression : « la foi étant venue ». Il est clair que la foi existait déjà chez les saints de l’Ancien Testament, comme nous le montre Hébreux 11 et le passage d’Habakuk cité au verset 11 de notre chapitre. Toutefois, lorsque Christ est venu, la foi en Lui a été révélée et la foi a été publiquement reconnue comme le moyen, le seul, par lequel l’homme peut recevoir de Dieu la bénédiction. C’est dans ce sens que la foi est « venue », et sa venue a inauguré une ère entièrement nouvelle.

Par la foi dans le Christ Jésus, nous avons été introduits dans la position privilégiée de « fils de Dieu » (v. 26). Les croyants sous la Loi étaient comme des enfants « mineurs », sous la tutelle d’un instituteur. Le croyant de l’époque actuelle est comme un enfant ayant atteint sa majorité ; laissant la situation de tutelle derrière lui, il prend sa place comme fils dans la maison de son père. Cette pensée merveilleuse, la pensée maîtresse de cette épître, est plus largement développée dans les premiers versets du chapitre 4. Mais avant d’y arriver, l’apôtre expose trois faits importants dans les trois derniers versets du chapitre 3.

 

4.5.4        « Vous avez revêtu Christ »

Par notre baptême nous avons, quant à notre profession, revêtu Christ. Si nous avions été circoncis, nous aurions revêtu le judaïsme, et nous nous serions ainsi engagés à accomplir toute la loi en vue de notre justification. Si nous avions été baptisés du baptême de Jean, nous aurions revêtu la robe de la repentance en vue de croire en Celui qui devait venir après lui. Mais si - comme c’est le cas - nous avons été baptisés pour Christ, nous avons revêtu Christ pour que soit pratiquement manifestée en nous la vie de Christ, présentée dans le chapitre 5 comme étant « le fruit de l’Esprit ». Comme fils de Dieu, jouissant maintenant de la liberté de la maison, nous revêtons Christ par lequel nous avons été rendus capables de nous trouver là.

 

4.5.5         « Vous êtes un dans le Christ Jésus »

De plus nous sommes « dans le Christ Jésus » et par conséquent nous sommes tous « un » (v. 28). Toutes les distinctions sont ôtées, qu’elles soient nationales, sociales ou naturelles. Quand nous arriverons au dernier chapitre, nous trouverons que, dans le Christ Jésus, il y a une nouvelle création, et que celle-ci entraîne la disparition de toutes les distinctions appartenant à l’ancienne création. L’œuvre de cette nouvelle création a déjà eu son effet dans nos âmes, mais pas encore dans nos corps. C’est pourquoi, actuellement, nous ne pouvons pas envisager cette disparition des distinctions humaines de façon absolue. Pour cela nous devons attendre d’être revêtus de nos corps glorieux à la venue du Seigneur. Pourtant, dès maintenant, nous sommes dans le Christ Jésus, et nous pouvons apprendre à nous voir les uns les autres en dehors et au-dessus de ces distinctions.

Remarquons que ce qui est enseigné ici, c’est l’abolition de ces choses dans le Christ Jésus, et non pas dans l’assemblée. Nous disons cela pour mettre en garde contre des idées erronées. Par exemple, dans l’assemblée, la distinction entre homme et femme est maintenue de façon très définie, comme 1 Corinthiens 14:34, 35 le montre clairement.

 

4.5.6        « Vous êtes de Christ »

Nous avons déjà rencontré trois choses qui caractérisent le croyant d’aujourd’hui en contraste avec le croyant d’avant la venue de Christ. Nous sommes « fils de Dieu » ; nous avons « revêtu Christ » ; nous sommes « dans le Christ Jésus ». Le dernier verset du chapitre nous présente une quatrième chose : nous sommes « de Christ ». Lui appartenant, nous sommes la semence d’Abraham, dans un sens spirituel. Par conséquent, nous sommes héritiers, non selon la Loi, mais selon la promesse.

 

5        CHAPITRE 4

5.1        L’homme sous la Loi ou sous la grâce ? : v. 1-11

5.1.1        Israël sous la Loi

Les premiers versets du chapitre 4 reprennent les pensées qui ont occupé la dernière partie du chapitre 3 et les résument de façon incisive. Pour les illustrer, l’apôtre se réfère aux coutumes qui étaient en usage dans les familles nobles d’alors - et qui, en quelque mesure, sont encore la règle dans de tels milieux. L’héritier d’une propriété, aussi longtemps qu’il est enfant, est soumis à des contraintes comme le sont les esclaves. Des tuteurs et des administrateurs le maintiennent dans ce qui peut lui paraître un esclavage. Il doit faire ce qu’on lui dit, sans en savoir la raison. On ne peut pas encore lui accorder la pleine liberté dans la maison et dans la propriété de son père, son caractère et son intelligence étant insuffisamment développés. Mais le père sait quand cela doit intervenir, et il fixe le moment où le fils, ayant atteint l’âge voulu, jouira de ses privilèges et endossera les responsabilités de la vie.

C’était la situation des croyants autrefois, lorsqu’ils étaient sous la Loi. Elle était comme leur tuteur. Même s’ils étaient des enfants, ils étaient traités comme des esclaves ; et c’était juste. Cela n’avait rien à voir avec leur distinction individuelle comme saints de Dieu, mais se liait à la « dispensation » dans laquelle ils vivaient. Aucun de ceux qui sont nés durant cette période n’a été plus grand que Jean le baptiseur, mais comme le Seigneur le dit, « le plus petit dans le royaume est plus grand que lui » (Matt. 11:11). À cette époque, Dieu n’avait pas encore été pleinement révélé, la rédemption n’avait pas encore été accomplie, et l’Esprit n’avait pas encore été donné. Jusqu’à ce que ces trois grands événements se réalisent, les conditions n’étaient pas remplies pour que les croyants arrivent à leur majorité. Tous les trois se sont réalisés lorsque le Fils de Dieu a paru sur la scène.

Lorsqu’Il est venu, les croyants passèrent de la tutelle de la Loi, dont l’autorité s’exerçait selon les « éléments » ou les « principes » du monde, à l’autorité de l’Esprit de Dieu, qui s’exerce selon les principes de la grâce, selon les principes de Dieu.

Pour beaucoup d’entre nous aujourd’hui, une difficulté vient du fait que nous avons été élevés de manière peu exigeante. Par conséquent, nous ne connaissons que peu les traitements « durs » du vieux maître de la justice. Si nos consciences avaient été placées plus pleinement sous les justes réprimandes et sous la condamnation de la Loi, nous ressentirions plus fortement l’immense libération que nous a apportée la venue du Fils de Dieu !

 

5.1.2        1. 2 Le rachat et l’adoption

La venue de Christ marque le début d’une nouvelle ère dans les relations de Dieu avec les hommes. Les éléments qui caractérisent l’inauguration de cette nouvelle époque nous sont détaillés dans les versets 4 à 6.

●         Premièrement, le Fils de Dieu a été envoyé, « né de femme ». Ces mots montrent son incarnation ; nous avons la garantie qu’Il était un homme, dans la pleine acception du terme.

●         Deuxièmement, il peut être dit de lui qu’il est « né sous la Loi ». Lorsqu’Il est venu, les soins de Dieu étaient focalisés sur les Juifs : un peuple qui avait une relation extérieure avec Lui et était responsable parce qu’il était sous la Loi. Le Fils de Dieu est venu parmi eux, assumant toutes les responsabilités auxquelles ils avaient entièrement manqué.

●         Troisièmement, il a accompli la rédemption de ceux qui étaient sous la Loi, en les délivrant des exigences de celle-ci, afin de les placer dans une nouvelle position (v. 5).

●         Quatrièmement, délivrés de la Loi, nous recevons l’adoption comme fils. Cette merveilleuse position relativement à Dieu nous est accordée comme un libre don, en accord avec ses conseils éternels.

●         -Cinquièmement, ayant fait de nous ses fils, Dieu nous a donné « l’Esprit de son Fils », afin que nous soyons capables d’entrer dans la réalisation et la jouissance de cette nouvelle relation, et de répondre à Dieu comme à notre Père. Par l’Esprit qui nous a été donné, nous crions : « Abba, Père ! » (v. 6).

 

Ayant brièvement résumé ces versets remarquables, arrêtons-nous encore sur quelques-uns des points importants qu’ils contiennent.

Le rachat dont il est parlé au verset 5 va plus loin que celui que nous avons trouvé au verset 13 du chapitre 3. Nous aurions pu être rachetés de la malédiction de la Loi tout en étant laissés sous la Loi, dans la position d’esclave ! C’est un fait glorieux que le croyant est racheté non seulement de la malédiction, mais aussi de la servitude de la Loi qui infligeait à juste titre la malédiction dès qu’elle était violée. Ainsi nous sommes dans la liberté de l’adoption et ne sommes plus dans la condition d’esclave sous l’autorité d’un précepteur.

Remarquez également le passage du « nous » au « vous » dans les versets 5 et 6. Les Juifs seuls avaient été dans la servitude de la Loi ; ainsi, être rachetés de cette servitude s’appliquait aux Juifs, en particulier à Paul. C’est pourquoi il dit : « nous ». Mais la position de fils, dans laquelle les chrétiens sont placés, est la part de tous : qu’ils soient Juifs ou Gentils. D’où le changement en « vous ». La merveille, c’est que ceux qui étaient autrefois des Gentils corrompus et éloignés de Dieu puissent être maintenant des fils, et qu’ils puissent répondre à l’amour de Dieu le Père par l’Esprit qui leur a été donné.

Ce n’est pas l’Esprit du Fils de Dieu qui nous donne la position de fils. Elle nous appartient comme résultat du propos et du don de Dieu sur la base de la rédemption. L’Esprit nous donne d’avoir conscience de cette relation et de pouvoir y répondre.

Au verset 7, l’apôtre applique cette merveilleuse relation à chacun de nous en particulier. L’adoption est une bénédiction individuelle qui lui fait dire : « tu es... fils » ; et en outre, l’héritage est aussi une chose individuelle. Chacun d’entre nous est « héritier... par Dieu ». Ceci nous montre que lorsque l’apôtre a utilisé « l’héritier » pour illustrer son sujet, au verset 1, il a choisi une image qui décrit exactement et littéralement la réalité. Telle est la grâce merveilleuse de Dieu envers nous croyants, soit Juifs, soit Gentils. Combien peu nous l’avons comprise !

Prenons le temps de nous arrêter et de méditer sur cette vérité. Il s’agit d’un fait établi et affirmé sans aucune réserve. Les Galates n’en jouissaient pas. En fait, ils se comportaient comme s’ils étaient esclaves et non pas fils ; pourtant l’apôtre ne dit pas : « de sorte que tu ne devrais plus être esclave, mais fils », mais « de sorte que tu n’es plus esclave, mais fils ». Notre relation ne dépend pas de la compréhension que nous avons de la position qui est la nôtre, ni de la réponse que nous y donnons, ni même d’un comportement qui soit en accord avec elle. Bien plutôt, notre comportement découle de notre relation, lorsque celle-ci est comprise et que nous y sommes sensibles. Ne nous lassons pas de nous redire : je suis un fils... un héritier de Dieu. Laissons cette merveilleuse vérité pénétrer notre cœur.

Lorsque nous aurons vraiment saisi ce fait, nous serons capables de comprendre ce que Paul ressentait lorsqu’il écrivait les versets 8 et 9. Les Galates avaient été autrefois esclaves, non pas de la Loi, bien sûr, mais des faux dieux. Et maintenant, ayant été amenés à connaître Dieu, ayant été amenés par Dieu dans cette position merveilleuse, comment était-il possible qu’ils se tournent de nouveau vers le vieux principe qui consiste à se tenir devant Dieu sur le terrain de ses propres mérites - ou plutôt de ses propres manquements ?

Le principe de la loi de Moïse était que chacun se tenait devant Dieu sur la base de ses propres actions. C’est également le principe premier de toutes les fausses religions ; et les Galates avaient été dans cette situation lorsqu’ils étaient païens. En se tournant maintenant vers le judaïsme, ils retombaient dans les anciens principes, qui n’étaient que « faibles et misérables ». Quels adjectifs éloquents ! « Faibles », parce que par ces principes l’homme ne pouvait rien accomplir de bon. « Misérables », parce qu’ils laissent l’homme dépourvu de tout mérite et de toute excuse. Et si nous désirons réaliser à quel point ils sont faibles et misérables, il nous faut les voir en contraste avec les principes de l’évangile et avec leurs résultats : faire de nous des fils et des héritiers.

Au verset 10, l’apôtre donne un exemple de ce à quoi il a fait allusion, lorsqu’il a parlé de leur retour à des principes légaux. Ils observaient des fêtes et des coutumes juives. Cela pouvait paraître insignifiant, mais c’était une indication de la direction qu’ils prenaient. Paul craignait qu’il n’y ait en eux un manque de réalité - que leur profession d’avoir accepté l’évangile ne soit pas vraiment sincère - et qu’alors, ce soit en vain qu’il s’était tant dépensé pour eux !

Cette triste pensée conduit directement l’apôtre au touchant appel des versets 12 à 20.

 

5.2        Un sérieux appel de Paul aux Galates : v. 12-20

5.2.1        La supplication de l’apôtre

Tout d’abord l’apôtre supplie les Galates d’être comme lui en ce qui concerne leurs expériences et leur état spirituel, puisque lui et eux étaient sur le même pied quant à leur place devant Dieu. Ils avaient été adoptés de la même manière que lui, et par conséquent ils avaient tous à marcher pareillement dans la liberté de fils. Il n’y avait pas là de difficulté d’ordre personnel. L’apôtre ne nourrissait pas à leur égard le sentiment d’une blessure personnelle.

 

5.2.2        Le rappel de la conduite passée des Galates

Paul est conduit à rappeler l’accueil chaleureux que lui avaient réservé les Galates lorsqu’il était venu pour la première fois parmi eux avec le message de l’évangile. Il souffrait à cette époque d’une infirmité physique sérieuse. Sa vue, semble-t-il, était particulièrement atteinte. En lisant Actes 16:6, on voit que sa première visite en Galatie se place au début de son deuxième voyage missionnaire. Sa lapidation presque jusqu’à la mort avait eu lieu tout à la fin de son premier voyage (14:19). Il est possible qu’il y ait un lien entre ces deux événements et que la « tentation » qui était « en sa chair » résultait des mauvais traitements qu’il avait subis, et qu’elle s’identifie, à « l’écharde pour la chair » de 2 Corinthiens 12:7 ? Quoi qu’il en soit, Paul était arrivé parmi eux avec une plénitude de puissance et ils l’avaient reçu avec une grande joie. Et maintenant, il semblait qu’en leur disant la vérité, il était devenu leur ennemi !

 

5.2.3        Deux sortes de zèle

En fait, les docteurs judaïsants qui s’étaient introduits parmi les Galates avaient pour but premier de détériorer les relations entre les Galates et Paul, leur père spirituel, et d’en faire leurs propres disciples ! Au verset 17, l’apôtre démasque en peu de mots leur objectif réel. Ils étaient très zélés à l’égard des Galates, mais non pas de la bonne manière. Ils s’efforçaient de les exclure de toute communication avec l’apôtre, afin de les attirer après eux et d’en faire leurs zélés adhérents. Par contre, ce que Paul désirait, c’était qu’ils soient toujours zélés pour le bien, et cela autant lorsqu’il était absent que lorsqu’il était présent parmi eux.

 

5.2.4        Sollicitude et perplexité de Paul au sujet des Galates

Cependant, du fait de l’état des choses, l’apôtre ne pouvait qu’être en perplexité à l’égard des Galates. La première fois qu’il les avait visités, cela avait été avec de grands exercices et un grand travail de cœur. Il ne s’était pas prêché lui-même, mais avait prêché le Christ Jésus comme Seigneur ; et leur naissance spirituelle n’était intervenue que lorsque Christ avait été formé en eux. Paul avait travaillé afin que, comme fruit de la lumière de l’évangile, Christ soit formé en eux. Alors les douleurs liées à leur enfantement s’étaient achevées.

Mais les judaïsants étaient arrivés ! Et à la place de Christ, ces hommes avec leurs sabbats, leurs nouvelles lunes et leur circoncision, semblaient s’imposer parmi les Galates. Il n’est pas étonnant que Paul, dans son ardente affection pour ceux qu’il aimait comme ses enfants, ressente à nouveau les douleurs de l’enfantement et soit en perplexité à leur sujet. Dans une telle situation, il voudrait être auprès d’eux, plutôt que d’être à distance et d’être obligé de communiquer par écrit. Il pourrait alors juger exactement de leur état et changer - du moins l’espérait-il - de langage ; il pourrait leur parler pour leur instruction, ou leur répréhension, même avec sévérité s’il le fallait.

Mais, puisque les Galates paraissent très décidés à se placer sous la Loi, ils devraient au moins être disposés à écouter ce qu’elle disait. Ainsi, du verset 22 à la fin du chapitre, l’apôtre attire leur attention sur la signification allégorique d’un fait dans la vie d’Abraham.

 

5.3        Agar et Sara, figure des deux alliances : v. 21-31

5.3.1        Une scène du Pentateuque et sa signification symbolique

Abraham était le grand exemple de la foi et de la promesse, comme nous l’avons vu dans le chapitre 3. Pourtant, avant de recevoir par la foi l’enfant de la promesse, il a eu, par les œuvres de la chair, un enfant d’Agar. Ismaël est né « selon la chair » tandis qu’Isaac est né « par la promesse ». Ce récit a une portée allégorique. D’une part, Agar et son fils sont pour nous une image de Sinaï, où a été proclamé le système de la Loi qui a amené l’esclavage. Ils représentent aussi « la Jérusalem de maintenant » (v. 25), c’est-à-dire le peuple juif qui, tout en étant sous la Loi, se trouve en fait dans un état d’incrédulité. D’autre part, le chrétien est dans la position de l’enfant de la promesse et est lié à la « Jérusalem d’en haut », qui est libre.

Un Juif orthodoxe, dans sa fierté, aurait pu très justement se vanter d’être un vrai fils d’Isaac selon la chair. Mais dans un sens spirituel, il n’était qu’un fils d’Ismaël, asservi au précepteur. Bien sûr, le régime lié au précepteur est venu le premier ; l’accomplissement de la promesse n’est venu que plus tard ; il s’est réalisé par la venue du Fils de Dieu sur la terre. Mais cela ne fait que confirmer le type, car Ismaël est né avant Isaac. Et le type a encore été confirmé par le fait que les Juifs orgueilleux ont persécuté les humbles chrétiens (v. 29).

La vérité de l’allégorie est aussi appuyée par les paroles d’Esaïe 54:1, où nous voyons qu’Israël sera plus fécond au jour de sa désolation qu’il ne l’a jamais été lorsqu’il était reconnu comme étant en relation avec l’Eternel. Ce fait est la conséquence immédiate de la merveilleuse vérité révélée au chapitre 53 du même livre. C’est le résultat de la venue du Messie souffrant ; ce n’est pas celui de l’obéissance à la Loi !

Quand la Loi a été promulguée au Sinaï, personne n’a chanté de joie. Très vite, des protestations se sont fait entendre, demandant que de telles paroles ne soient plus adressées au peuple (Ex. 20:19). Mais lorsque Esaïe dévoile devant nous la merveilleuse histoire de Christ qui souffre et qui ressuscite pour des péchés qui ne sont pas les siens, le premier mot qui suit est : « Exulte ! ». L’esclavage est terminé, la liberté est arrivée !

 

5.3.2         « Vous êtes enfants de promesse »

Autrefois il y avait un conflit inévitable entre Ismaël et Isaac, tout comme il y en a un dans l’époque chrétienne entre un judaïsant et un croyant qui se tient dans la liberté de la grâce de Dieu. Mais ce n’est pas ce conflit qui décide de la question, ni même la persécution de « celui qui était né selon l’Esprit » par « celui qui était né selon la chair » (v. 29). Ce qui tranche la question, c’est la voix de Dieu. Et cette voix nous parvient par les Écritures.

« Que dit l’Écriture ? » (v. 30a). Telle est la question décisive. La réponse est : « Le fils de la servante n’héritera pas avec le fils de la femme libre » (v. 30b ; Gen. 21:10). L’esclave est chassé en faveur du fils. Celui qui voudrait se tenir devant Dieu sur le principe de la Loi tombe. Celui qui s’y tient dans la plénitude de la grâce reste debout.

Quelle joie pour nous si nous pouvons dire en vérité : « Nous ne sommes pas enfants de la servante, mais de la femme libre » ! Alors nous nous tenons en Christ et Christ lui-même est « formé » en nous. Nous sommes dans la liberté de fils et c’est là la vraie liberté.

 

6        CHAPITRE 5

6.1        La liberté chrétienne : v. 1-15

6.1.1        « Christ nous a placés dans la liberté en nous affranchissant »

Le premier verset du chapitre résume en quelques mots la pensée principale de l’épître. Christ nous a placés dans une merveilleuse liberté, et nous devons nous tenir fermement dans celle-ci, refusant d’être de nouveau retenus dans l’esclavage.

Rappelons la portée et le caractère de cette liberté dans laquelle nous avons été placés :

●         premièrement nous avons été affranchis de la Loi comme fondement de notre justification devant Dieu. Cela a été précédemment établi au verset 16 du chapitre 2:nous sommes « justifiés sur la base de la foi en Christ ».

●         ensuite nous avons été affranchis de la Loi comme base de notre relation avec Dieu. Nous avons reçu « l’adoption » - la position de fils - ayant été rachetés de dessous la Loi. Nous trouvons cela au verset 5 du chapitre 4.

●         par conséquent, en troisième lieu, nous sommes affranchis de la Loi comme règle de conduite et norme de notre vie. Nous l’avons vu dans le passage allant du verset 23 du chapitre 3 au verset 7 du chapitre 4. Aussi longtemps que les enfants de Dieu étaient dans la position d’esclaves, leur règle de conduite était la Loi. Maintenant, comme des fils adultes dans la maison de leur père, possédant l’Esprit du Fils de Dieu, nous avons une norme plus élevée que la loi de Moïse - à savoir la « loi du Christ » (voir 6:2).

 

Ainsi, la liberté dans laquelle nous sommes amenés est l’affranchissement complet qui nous a été donné parce que nous sommes fils de Dieu. C’est la liberté dont parle le Seigneur Jésus lorsqu’il dit : « Si donc le Fils vous affranchit, vous serez réellement libres » (Jean 8:36).

 

6.1.2        Déchoir de la grâce

Affranchis par Christ, nous ne sommes plus comme des esclaves, dont la conduite est très justement ordonnée par des règlements de maison. Cependant, si nous nous replaçons dans cette position, soit dans nos pensées, soit dans notre comportement, nous nous enchaînons tristement. Alors, nous sommes véritablement « déchus de la grâce », comme le dit le verset 4.

Ces mots sont parfois compris comme voulant dire : « tombés de la main de grâce de Dieu » et n’ayant plus le salut. Mais la phrase se rapporte à ce qui a lieu dans la conscience, non à ce qui est vrai devant Dieu. Le verset commence par les mots : « Vous vous êtes séparés de tout le bénéfice qu’il y a dans le Christ ». En réalité, c’est-à-dire aux yeux de Dieu, l’immense bénéfice qu’il y a dans le Christ est inaltérable. Mais dans l’expérience et dans la conscience de ces croyants, ce bénéfice avait disparu. S’ils se considéraient comme justifiés sur le principe de la Loi, Christ était manifestement désavoué dans leurs pensées. Ils étaient descendus du principe divin et élevé de la grâce au niveau bien inférieur de la Loi. Or une telle descente est tellement marquée et précipitée qu’elle peut bien être qualifiée de chute.

Déchoir de la grâce n’est pas difficile. Combien parmi ceux qui professent être des croyants en sont coupables aujourd’hui ! Sommes-nous tous au clair à ce sujet ? Nous tenons-nous fermement dans la liberté de la grâce dans tous nos rapports avec Dieu ?

Aux versets 2 et 3, Paul fait de nouveau allusion au sujet de la circoncision, puisqu’elle était utilisée comme un test. C’était le fer de lance des attaques des adversaires de la liberté chrétienne. Pour beaucoup, cela semblait être un sujet de moindre importance ; néanmoins, il était bien suffisant pour établir le principe. La Loi forme un tout. Si l’on en retient un seul détail, elle doit être retenue dans tous les autres. Ceci s’accorde entièrement avec ce que Jacques écrit : « Quiconque gardera toute la Loi et trébuchera sur un seul point est coupable sur tous » (Jac. 2:10). C’est-à-dire : si la Loi est violée sur un seul détail, elle l’est complètement. Les deux affirmations, concordent ; elles nous montrent que la Loi ne peut être prise « pièce par pièce ». C’est un tout. Une toute petite pierre lancée contre une grande vitre produit une vitre cassée, aussi bien qu’une énorme pierre qui la ferait voler en éclats. Ou, pour prendre une autre image, la Loi est comme une chaîne constituée de plusieurs maillons. Qu’un seul chaînon ou plusieurs d’entre eux soient cassés, c’est une chaîne brisée. Et réciproquement, si un bateau est attaché à un seul anneau d’une chaîne, il est en fait attaché à tous les autres, et il peut être dirigé par une traction sur n’importe quel anneau de la chaîne. C’est le principe que Paul veut faire comprendre ici.

Remarquez maintenant le contraste entre le « vous » du verset 4 et le « nous » du verset 5. Le « vous » désigne tous ceux qui, parmi les Galates, abandonnaient dans leurs pensées la position dans laquelle la grâce les avait placés. Le « nous », c’est l’ensemble des croyants qui se tiennent fermement sur le terrain de la grâce de l’évangile. C’est le « nous » chrétien, si l’on peut dire. Le verset 5 décrit la position propre du croyant : non pas ici sa position privilégiée devant Dieu comme fils, mais sa position de liberté pendant qu’il est laissé dans le monde. Cette position constitue un contraste marqué avec tout ce que les Juifs ont connu.

 

6.1.3        « La foi opérant par l’amour »

Notre position est une position d’attente. Nous n’attendons pas la justice, comme le faisaient les Juifs qui, sous la Loi, cherchaient constamment « à établir leur propre justice » sans jamais y parvenir. Nous avons déjà reçu la justice, c’est un fait établi dans l’évangile, et nous n’attendons que l’espérance qui s’y rapporte. « L’espérance de la justice » (v. 5), c’est la gloire (voir Rom. 5:2). Maintenant, nous attendons la gloire, par l’Esprit qui nous a été donné et sur le principe de la foi - non pas sur le principe des œuvres de loi.

N’est-ce pas une position de liberté merveilleuse ? Plus nous aurons expérimenté la corvée ingrate et désespérante que constitue la recherche de la justice par des efforts pour garder la Loi, plus nous apprécierons cette liberté. Et nous verrons que « la foi opérant par l’amour » est, dans le Christ Jésus, la seule chose qui compte (v. 6).

 

6.1.4        Les entraves à la liberté chrétienne

Autrefois, les Galates avaient été de bons coureurs ; maintenant ils étaient entravés et n’obéissaient plus à la vérité. Remarquez que « la vérité » n’est pas quelque chose qu’on ait seulement à apprécier, analyser et comprendre ; on doit lui obéir. Sommes-nous des fils de Dieu ? Alors comportons-nous comme tels. Avons-nous dépassé le stade de « l’assujettissement » au précepteur ? Alors ne réglons plus nos vies d’après une base légale. Sommes-nous crucifiés avec Christ ? Alors ne cherchons plus à vivre en vue de nous-mêmes, mais de telle façon que Christ vive en nous. Chaque bribe de vérité que nous apprenons doit avoir son expression pratique en nous. Elle demande notre obéissance.

Or les Galates ne se détournaient pas seulement de l’obéissance à la vérité, mais de la vérité elle-même. On les avait persuadés d’embrasser des idées nouvelles qui ne venaient pas du Dieu qui les avait appelés. Ils devaient se souvenir que les idées et les doctrines peuvent avoir le même effet que du levain. Ils se flattaient peut-être de n’avoir embrassé que quelques éléments mineurs du judaïsme, mais par là ils risquaient d’être peu à peu complètement judaïsés.

La déclaration du verset 9 se trouve également en 1 Corinthiens 5:6. Elle présente la nature intrinsèque du levain. Dans le cas des Corinthiens, elle s’applique à un problème de conduite et de morale ; ici, à un problème de doctrine. En substance, c’était « le levain des pharisiens » qui menaçait les Galates, alors que ce qui menaçait les Corinthiens ressemblait plutôt au levain des sadducéens et des hérodiens. Mais, en pensant au Seigneur et à son œuvre de grâce dans les cœurs, l’apôtre avait confiance que sa lettre de réprimande et de redressement aurait son effet sur les Galates, et que les mauvais ouvriers qui les avaient troublés et avaient perverti leur pensées auraient finalement affaire à Dieu pour être jugés.

 

6.1.5        La liberté vécue

Dans les versets 11 à 15, Paul confirme son appel apostolique par quelques considérations supplémentaires. Il n’était pas un prédicateur de la circoncision. S’il l’avait été, il aurait échappé à la persécution. Le « scandale de la croix » consiste dans le fait qu’elle ne met aucun honneur sur l’homme ; en fait, elle le condamne entièrement. La circoncision, par contre, suppose qu’il y a quelque possibilité de « mérite » en l’homme ; que, de cette manière, sa chair pourra être rendue utile à Dieu. Ce qui est vrai de la circoncision est vrai aussi de n’importe quel autre rite accompli avec l’idée qu’il y a quelque valeur en lui. Cela explique pourquoi l’homme aime pareillement les rites et les ordonnances. Ils produisent en lui un sentiment confortable d’autosatisfaction. La croix met l’homme entièrement de côté. C’est pourquoi elle est un « scandale ».

L’apôtre désirait ardemment la vraie liberté pour les Galates ! Il pouvait même souhaiter que ceux qui étaient tant zélés pour la mutilation de la circoncision se retranchent complètement (v. 12), c’est-à-dire « se mutilent » tout à fait ! La liberté, fait-il remarquer, n’est pas une autorisation à pécher, mais le chemin ouvert pour aimer et servir. Or l’amour avait toujours été le but de la loi de Moïse. Mais, tout en se glorifiant dans la Loi, les Galates se mordaient et se dévoraient les uns les autres (v. 15) au lieu de s’aimer et de se servir. Il en est toujours ainsi. Le légalisme conduit à l’opposé de l’amour. Les Galates devaient bien prendre garde : leur poursuite de la sainteté par la Loi risquait de n’avoir pour misérable résultat que de se consumer l’un l’autre dans les disputes et les critiques. Ils voulaient éviter le scandale de la croix, mais tombaient manifestement dans le scandale produit par leur conduite indigne. Avec tristesse, nous devons remarquer que cette situation résume l’histoire de la chrétienté. Dans la mesure où le scandale de la croix a été refusé et évité, le scandale des divisions et des inconduites a augmenté.

Les Galates, cependant, auraient pu dire à Paul : Tu nous as montré clairement et définitivement que nos pensées quant à la poursuite de la sainteté par la Loi sont fausses ; mais alors, qu’est-ce qui est juste ? Tu as démoli ce que nous disions, mais toi que dis-tu ? La réponse débute au verset 16:« Or je dis : Marchez par l’Esprit ».

 

6.2        La chair et l’Esprit : v. 16-21

6.2.1        « Marchez par l’Esprit »

Marcher est l’une des premières et des plus fondamentales actions de l’homme. C’est le symbole de son activité. « Marcher par l’Esprit » signifie agir - en pensée, en paroles ou en action - par l’énergie de l’Esprit qui nous a été donné. L’Esprit du Fils de Dieu, que nous avons reçu parce que nous sommes fils de Dieu, doit diriger toutes nos activités. C’est là le chemin de la liberté. Or cette liberté est à l’opposé du laisser-aller, car en marchant par l’Esprit, il nous est impossible d’accomplir les convoitises de la chair. L’action de cette puissance « supérieure » nous élève hors de la portée de la puissance moindre.

La chair n’est pas changée pour autant, et le verset 17 le souligne. Sa nature, ses désirs et son action restent les mêmes : toujours contraires à l’Esprit de Dieu. Mais, si nous marchons par l’Esprit, l’Esprit l’emporte sur la chair, et nous ne pratiquons pas les choses qu’autrement nous ferions. Et si nous sommes « conduits par l’Esprit », nous ne pouvons pas être en même temps sous la conduite du précepteur - de la Loi (v.18) !

Au verset 16 donc, l’Esprit est présenté comme la nouvelle puissance dans le croyant, ce qui lui donne l’énergie nécessaire. Au verset 18, il est le nouveau conducteur qui prend le croyant par la main et le dirige dans la volonté de Dieu. En Romains 8:14, l’Esprit est aussi présenté dans cette fonction. Les fils sont conduits par l’Esprit. Les esclaves sont conduits par le précepteur.

 

6.2.2        Les « œuvres de la chair » et le « fruit de l’Esprit »

Le contraste absolu entre la chair et l’Esprit est mis en évidence par les résultats entièrement opposés de chacun d’eux. Les versets 19 à 21 nous donnent le catalogue effrayant des « œuvres de la chair », tandis que les versets 22 et 23 présentent la grappe magnifique du « fruit de l’Esprit ». Les premières sont entièrement sous la condamnation de Dieu et doivent être exclues de son royaume. Le second est pleinement approuvé de Dieu, de sorte qu’aucune loi ne peut y trouver un défaut. Dans la première liste, nous trouvons les caractères hideux de la famille d’Adam déchu ; dans l’autre, le caractère de Christ.

Remarquez le contraste entre « les œuvres » et « le fruit ». La terre est remplie du vacarme des œuvres de l’homme. Leur confusion et leur turbulence sont visibles partout. Mais « le fruit » mûrit en silence, même dans la nature. Pendant l’été, personne n’est distrait par le bruit du fruit qui mûrit dans les vergers. La merveille de sa croissance se fait sans bruit. Il en est de même du fruit de l’Esprit. Remarquez que c’est « le fruit » et non pas « les fruits » ; la raison en est que ces magnifiques caractéristiques morales sont vues comme formant une seule grappe. Les « neuf » découlent toutes d’une même source : l’Esprit de Dieu.

Ces admirables traits de caractère rempliront bientôt le royaume de Dieu, alors que les œuvres bruyantes de la chair en seront totalement exclues. Aucun vrai chrétien n’est caractérisé par ces œuvres de la chair, bien que, malheureusement, un vrai chrétien puisse tomber dans le piège de l’une ou de l’autre, et n’en être retiré que grâce à l’intercession de Christ et au prix de bien des souffrances de tous ordres.

 

6.2.3        « Crucifier la chair »

Ceux qui appartiennent à Christ sont vus ici comme étant parvenus à un jugement clair du mal dans la chair ; ils l’ont crucifiée en ratifiant de cœur, dans leur propre conscience et dans leur jugement, la sentence prononcée contre elle par Dieu à la croix.

Demandons-nous si nous en sommes réellement arrivés là ; ce qui est l’attitude normale du chrétien. Avons-nous placé catégoriquement la sentence de mort sur la chair ? Avons-nous crucifié celle-ci avec les passions et les convoitises ? Comme chrétiens, c’est ce que nous professons avoir fait ; mais sommes-nous au niveau de notre profession ? Question très sérieuse, à laquelle chacun doit répondre pour lui-même. Laissons à notre conscience le temps d’y réfléchir.

 

6.2.4        « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi par l’Esprit »

Ce qui est certain, c’est que nous vivons par l’Esprit et non par la chair. Alors, marchons par l’Esprit. Notre marche doit être en accord avec notre vie. Un oiseau ne peut pas avoir sa vie dans l’air et toutes ses activités sous l’eau. Un poisson ne peut pas avoir sa vie dans l’eau et ses activités sur terre ferme. Les chrétiens ne peuvent pas avoir leur vie par l’Esprit et leurs activités dans la chair !

Dans le dernier verset du chapitre, l’apôtre fournit aux Galates une indication supplémentaire du fait qu’il savait bien où menait leur fausse poursuite de la sainteté. Si nous tombons dans ce piège, les mêmes tristes effets seront vus en nous.

C’est seulement par l’Esprit de Dieu que nous pourrons reproduire, même dans une faible mesure, le merveilleux caractère de Christ.

 

7        CHAPITRE 6

7.1        Utiliser les ressources de la grâce : v. 1-10

7.1.1        Relever son frère

Il y a un contraste marqué entre le verset 21 du chapitre 5 et le verset 1 du chapitre 6. Le premier considère ceux qui sont caractérisés par la pratique du mal. L’autre parle d’un homme qui « s’est laissé surprendre par quelque faute ». Ceux qui sont caractérisés par le mal n’entreront jamais dans le royaume de Dieu, tandis que celui qui a été surpris par le mal doit être redressé. Il s’agit ici d’un vrai croyant.

L’appel à relever une telle personne est adressé à ceux qui sont « spirituels ». Ils ne devaient pas être nombreux parmi les Galates, si l’on s’en réfère au dernier verset du chapitre 5. Ce n’est pas dans un esprit de vaine gloire que l’on peut s’approcher utilement d’un frère tombé. On ne ferait que provoquer tout ce qu’il y a de pire en lui. Par contre, si on s’approche de lui « dans un esprit de douceur », on l’aidera. Retenons bien que l’esprit de douceur accompagne nécessairement la spiritualité. On ne rencontre que trop souvent, hélas ! une apparente spiritualité alliée à un autoritarisme qui est exactement le contraire de la douceur. Un homme vraiment spirituel est quelqu’un qui est dominé et dirigé par l’Esprit de Dieu qui habite en lui. Il est caractérisé par « la douceur et la bonté du Christ » (2 Cor. 10:1). Mais il n’est lui-même pas à l’abri du danger de céder à une tentation et de tomber. Tout en relevant quelqu’un d’autre, il doit donc bien prendre garde à lui-même.

 

7.1.2        Porter les charges les uns des autres

Le verset 2 est une exhortation de portée plus générale, qui s’applique à chacun de nous. Nous devons accomplir la loi du Christ - qui, en un mot, est l’amour - et « porter les charges les uns des autres ». Très souvent, le frère qui est tombé portait des charges dont nous n’avions aucune idée. Si nous avions marché dans l’obéissance au « commandement nouveau » de Jean 13:34, nous aurions pu contribuer à les lui rendre moins lourdes.

Et pourquoi donc n’accomplissons-nous pas la « loi du Christ » ? Ce qui nous en empêche, bien souvent, c’est que nous pensons être quelque chose ou quelqu’un. Et alors, nous nous croyons trop grands et trop importants pour soulever les charges des autres. Lorsqu’il en est ainsi, nous nous trompons nous-mêmes. Nous ne sommes « rien », nous dit le verset 3. Un homme n’est jamais si inutile que lorsqu’il s’imagine être quelqu’un - et surtout quelqu’un de « spirituel ».

Nous avons besoin de sobriété de pensée. Il nous faut être disposé à voir les choses en face, et éprouver notre propre œuvre. Si nous le faisons, nous abandonnerons bien vite la haute pensée de nous-mêmes que nous avions peut-être nourrie. Et si vraiment il subsiste quelque chose de valable après l’examen, nous pouvons nous en réjouir relativement au Seigneur et l’en remercier dans le sentiment de sa grâce envers nous, et non relativement à ce que nous pourrions être dans l’estime des autres. Car chacun doit porter le fardeau de sa propre responsabilité individuelle devant Dieu. Il n’y a aucune contradiction entre les versets 2 et 5. Au verset 2, le mot « charges » se rapporte aux exercices et aux épreuves qui nous assaillent. Au verset 5, le mot « fardeau » se rapporte à la responsabilité devant Dieu, qui demeure sur chacun de nous et que personne ne peut porter à la place d’un autre sinon Christ.

 

7.1.3        Soutenir les serviteurs de Dieu

Au verset 6, l’apôtre passe à la responsabilité particulière de ceux qui sont enseignés dans la Parole. Ils doivent être disposés à aider par des « biens temporels » ceux qui les enseignent.

Par nature, nous sommes des créatures égoïstes. Nous sommes contents de recevoir, mais trop économes quand il s’agit de donner. L’avertissement solennel des versets 7 et 8 a été écrit à ce sujet. Il nous est clairement dit que notre prospérité spirituelle en dépend. Et comme nous sommes très ingénieux pour trouver d’abondantes raisons de ne pas donner mais de garder autant que possible pour nous-mêmes, l’apôtre commence son avertissement par les mots : « Ne vous y trompez pas ». Il est facile de se séduire soi-même.

Le principe qu’il pose dans ces versets est sans aucun doute vrai d’une manière générale. Mais ici, il est en rapport avec le fait de donner ; et nous sommes avertis que notre moisson sera inévitablement en rapport avec nos semailles. C’est vrai pour ce qui concerne la quantité, ainsi que le montre 2 Corinthiens 9:6. Ici il s’agit plutôt de la qualité, ou plus exactement de la sorte ou de l’espèce de semence ; ce que nous semons, c’est aussi ce que nous moissonnerons.

 

7.1.4        Semer « pour la chair » ou « pour l’Esprit »

Semer pour la chair, c’est la nourrir, elle et ses désirs. Semer pour l’Esprit, c’est lui accorder la place qui lui appartient et être à sa disposition pour son service. Dans le premier cas, on moissonne la corruption ; dans le second, la vie éternelle. La corruption vient de la chair ; la vie éternelle, de l’Esprit. Dans les deux cas, c’est le résultat naturel de ce qui a été semé. On obtient un champ de chardons lorsqu’on sème des chardons et un champ de blé lorsqu’on sème du blé.

Si nous laissions nos vies être éclairées par cette lumière, elles nous apparaîtraient bien différentes. Plusieurs choses qui nous semblent étranges et arbitraires nous apparaîtraient parfaitement normales : elles sont exactement ce que nous aurions pu attendre comme résultat de nos actions. Nous nous demandons pourquoi c’est à nous qu’arrive tel et tel événement, alors qu’il aurait été étonnant qu’il ne nous arrive pas. Heureux sommes-nous lorsque nos semailles ont été telles qu’une abondante récolte en  « vie éternelle » commence à apparaître.

Personne ne peut semer pour l’Esprit sinon celui qui a l’Esprit, c’est-à-dire un vrai croyant. Ayant l’Esprit et ayant la vie éternelle dans le sens de Jean 5:24, nous moissonnons la vie éternelle comme conséquence naturelle de la culture des choses de l’Esprit de Dieu. En cultivant les choses de l’Esprit, nous nous approprions toutes ces bénédictions, ces relations, cette communion avec le Père et avec le Fils, qui constituent la vie d’un point de vue pratique et expérimental, et nous en jouissons.

Nous trouvons ici une réponse aux plaintes si souvent formulées concernant notre faiblesse spirituelle ou notre manque de vitalité, de joie et de puissance dans les choses de Dieu. Nous ne faisons que peu de progrès et nous nous demandons pourquoi. Bien souvent, nous avons entendu soulever ce problème, quelquefois même d’une manière qui laisse entendre que Dieu distribue ses faveurs de façon aléatoire ou que tout est très mystérieux dans sa façon d’agir !

La difficulté s’efface si l’on se pose la question : Qu’est-ce que je cultive ? Je n’obtiendrai jamais de figues si je sème des chardons, ni ne moissonnerai la vie éternelle si je ne sème pas pour l’Esprit. Hélas ! très souvent nous dissipons notre énergie. Nous ne semons pas forcément des choses mauvaises, mais des choses inutiles et superflues. Nous ne sommes pas comme l’apôtre qui pouvait dire : « Je fais une chose » (Phil. 3:13), et se concentrait constamment sur la seule grande chose qui avait de l’importance.

Peut-être de jeunes croyants nous demanderont-ils d’être plus pratiques et de parler plus précisément de choses concrètes. Nous leur répondons : Enlevez de votre vie ces « amusements » soi-disant innocents, ces « frivolités » sans aucun profit, ces petits « passe-temps » qui ne servent à rien et ne conduisent nulle part ! Remplissez vos cœurs, vos pensées et votre temps de la parole de Dieu et de la prière ; consacrez-vous de cœur au service du Seigneur Jésus. Dans peu de temps, les premiers fruits apparaîtront aux yeux de tous.

Vous remarquerez sans doute que nous sommes de nouveau parvenus au sujet traité au verset 16 du chapitre 5, mais ici nous sommes menés un pas plus loin. Là c’était le côté négatif : ne pas accomplir la convoitise de la chair. Ici, c’est le côté positif : moissonner la vie éternelle.

 

7.1.5        Ne pas se lasser en faisant le bien

La moisson n’arrive pas immédiatement après que la semence a été semée. Il faut de la patience, comme le dit le verset 9. Nous moissonnerons « en temps voulu » ; et Dieu seul est juge pour décider quand ce temps sera. Mais il est certain qu’il arrivera. Genèse 8:22 est vrai aussi dans un sens figuré : « les semailles et la moisson... ne cesseront pas ».

Comme nous l’avons déjà fait remarquer, toute cette importante vérité est présentée pour encourager les Galates à la générosité, et nous avec eux. C’est à cela que l’apôtre revient au verset 10. Nous devons donner et faire du bien à tous, tout en accordant la priorité à la « maison de la foi ». Par la création, nous sommes liés à tous les hommes. Par la rédemption et ses résultats, nous faisons partie de la maison de la foi. La première est naturelle, la seconde, spirituelle ; et celle qui est spirituelle doit avoir la préséance sur celle qui est naturelle.

 

7.2        Conclusion : v. 11-18

Au verset 11, l’apôtre souligne l’importance de la lettre qu’il vient d’écrire. Certaines traductions comportent : « quelle longue lettre », d’autres : « avec quelles grosses lettres ». Si c’est la première expression qui est juste, cela indique qu’au lieu d’utiliser l’un de ses aides pour écrire la lettre, Paul l’a écrite entièrement de sa propre main. Autrement, cela signifie qu’à cet endroit de la lettre, c’est lui qui a pris la plume pour ajouter les lignes finales de sa propre main, en écrivant en très grands caractères à cause de sa vue probablement. Quoi qu’il en soit, son but est de donner plus de force à ses propos, lorsqu’il commence sa conclusion.

 

7.2.1        Un avertissement de l’apôtre

Au verset 12, Paul écrit un dernier mot au sujet de ceux qui obligeaient les Galates à être circoncis. Il démasque encore une fois leur but réel, qui était d’avoir une belle apparence dans la chair et d’échapper à la persécution entraînée par la croix de Christ. Ce n’était pas une accusation en l’air qu’il prononçait contre eux. Au verset 13, il l’appuie en déclarant que ces hommes, tout en imposant la circoncision aux Galates comme signe de soumission à la Loi, ne gardaient eux-mêmes pas la Loi. De cette façon, ils se démasquaient. Ils ne voulaient que se glorifier dans des signes charnels et se conformer ainsi à l’esprit du monde.

 

7.2.2        L’exemple de Paul

En contraste avec cela, Paul déclare quelle était sa propre position à ce sujet. Il ne se glorifiait pas en la chair, mais « en la croix de notre Seigneur Jésus Christ » (v. 14). Or celle-ci avait mis la sentence du jugement de Dieu sur la chair et sur le monde. L’apôtre parle de la croix dans son application à lui-même par rapport au monde. La crucifixion n’était pas simplement la mort, mais une mort honteuse. C’est comme s’il disait : « Dans la mort de Christ, le monde a été exécuté à mes yeux, et j’ai été exécuté aux yeux du monde. Je mets le monde au rebut comme une chose honteuse et il me met au rebut comme une chose honteuse ». Et ce qui est bien remarquable, c’est que Paul s’en glorifiait ! La croix de Christ ne le rendait nullement déprimé ni abattu.

Comment cela était-il possible ? Il connaissait la valeur de la croix et il avait maintenant devant les yeux la nouvelle création de laquelle elle est la base. En vertu de la croix, il pouvait être trouvé dans le Christ Jésus ; c’est là qu’est la nouvelle création ; et là, ni la circoncision ni l’incirconcision n’ont de valeur.

Paul marchait « selon cette règle » (v. 16) - la règle de la croix et de la nouvelle création. Telle est la marche normale de tout chrétien. La croix a éliminé tout ce qui est mauvais et offensant pour Dieu, que ce soit le péché, Satan, la chair ou le monde. La nouvelle création introduit tout ce qui est de Dieu et dans le Christ Jésus. Nous chrétiens, nous appartenons à cette nouvelle création et devons donc marcher selon cette règle. Que la paix et la miséricorde soient sur tous ceux-ci, ainsi que sur l’Israël de Dieu (le vrai Israël) - qui se trouve actuellement inclus dans l’Église de Dieu ! L’apôtre s’exprime ainsi, pensons-nous, pour confondre les docteurs judaïsants qui soutenaient un faux enseignement.

Dans ce verset 16, nous trouvons la « marche » du croyant pour la dernière fois dans l’épître. Nous avons vu la marche « selon la vérité de l’évangile » et la marche « par l’Esprit ». Ici nous apprenons que nous devons marcher selon la règle de la nouvelle création. Quelle norme élevée ! Mais pas trop élevée, puisque nous avons déjà été introduits dans cette nouvelle création dans le Christ Jésus, bien que nous soyons encore dans nos corps et que la chair soit encore en nous. De nouveau nous voyons comment tout ce que Dieu a déjà réalisé pour nous doit exercer son influence dans nos vies.

 

7.2.3        Dernier message

L’épître se termine d’une manière assez tranchante, comme elle avait commencé, d’ailleurs. Dans les deux derniers versets, on remarque une certaine réserve. Paul avait ses détracteurs, il le savait bien. Ces gens l’environnaient en foule, faisant toutes sortes d’insinuations hostiles, mettant même en question son apostolat. Il les écarte péremptoirement, ainsi que leurs objections. Les Romains avaient la coutume de marquer leurs esclaves au fer chaud pour éviter toute discussion quant à leur appartenance. Paul s’estimait marqué aussi. Il était l’esclave de Christ sans aucun doute possible. Il portait en son corps de multiples cicatrices, les « marques » du Seigneur Jésus ; c’étaient celles qu’avaient laissées les coups de fouet et la lapidation qu’il avait endurés à son service. On ne pouvait pas en dire autant des avocats de la circoncision, bien installés sans doute dans leur confort. Ils n’avaient probablement rien souffert. Ils ne savaient qu’en pousser d’autres à infliger des souffrances à tous ceux qui marchaient dans les traces de Paul, qui lui-même suivait celles de Christ.

Quant aux Galates, ils n’étaient pas les instigateurs du mal, mais ses victimes. Paul cherchait leur délivrance dans la grâce du Seigneur Jésus. Si sa grâce était avec leur esprit, tout irait bien.

Quel est, pour nous aussi, la conclusion de tout l’enseignement de cette épître ?  - « Ne soyez pas égarés par des doctrines diverses et étrangères, car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce » (Héb. 13:9).