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Henri Rossier — Courtes méditations

 

La Marche — Actes 3:4

H. Rossier — Courtes méditations — n°40 [36]

ME 1923 p. 297-299

Je suis toujours plus frappé du grand nombre d’enfants, appartenant à des familles chrétiennes, dont on ne peut mettre en doute qu’ils connaissent le Seigneur, mais chez lesquels ne se manifeste aucun besoin de Lui rendre un témoignage public. Ils se contentent d’être corrects dans leur conduite, de ne pas prendre part aux divertissements du monde où ils savent que leurs parents ne se rendraient pas, de ne pas se laisser entraîner dans des voies qui renieraient l’enseignement scripturaire dont les principes leur ont été inculqués dès leur tendre jeunesse... et ils s’en tiennent là.

En admettant qu’il n’y ait pas à discuter sur la réalité de leur vie ou de leurs convictions chrétiennes, qu’est-ce donc qui leur manque ? Une chose essentielle sans laquelle on ne peut prétendre à porter le nom de chrétien. Cette chose essentielle est la marche.

Que dirait-on d’un enfant qui à sept ans (je m’exprime par un chiffre symbolique) n’aurait pas encore fait un seul pas ? Avec quelle angoisse ses parents, pendant ces sept ans qui étaient pour eux d’interminables années, n’ont-ils pas attendu quelque manifestation de vie dans les membres jusqu’ici inertes de leur enfant ? En toute autre chose ce jeune être semble normal, sa vue est bonne, son intelligence développée ; il entend, parle, lit, écrit, s’occupe de ses mains, comme tout autre enfant. Seulement il ne se tient pas debout et ne marche pas !

Faut-il conclure à une paralysie des membres inférieurs qui laissera ce pauvre être impotent toute sa vie ? Quelle perte immense pour lui, quel chagrin profond pour ceux qui l’entourent ! N’y a-t-il donc pas d’espoir ? Y a-t-il chez lui une simple indolence qui craint l’effort ? Serait-ce, peut-être, que, ne voulant pas rompre avec les objets qu’il aime et dont il s’est entouré, il reculerait devant l’obligation de se mettre, par l’activité extérieure, en contact avec de nouveaux objets qui ne l’attirent pas, et regretterait ceux qui l’entourent dans sa chambre d’infirme, et qu’il a disposés autour de lui, depuis tant d’années selon son goût ?

Hélas ! quel qu’en soit le motif, un pareil état est une perte immense pour celui qui s’en contente, et un grand chagrin pour ses parents qui voient un membre de leur famille empêché de déployer autour de lui une activité normale et réduit à ne s’occuper que de lui-même au lieu de vivre pour les autres !

Si, continuant à parler en figure, nous admettons, non plus une coupable et condamnable indolence, mais l’incapacité totale de se mouvoir, supposant l’absence de vie dans un point de cet organisme, que faut-il pour rendre ce malade capable de marcher ?

Deux choses : un médecin et un remède. Or l’un et l’autre sont à la disposition de telles âmes. «Veux-tu être guéri ?» dit le médecin. «Je n’ai personne», répond le malade. Voilà le besoin créé ! «Lève-toi, prends ton petit lit et marche», réplique le médecin. Une seule parole appliquée en puissance à son état, voilà le remède trouvé ! Le malade qui avait perdu courage, marche maintenant et peut par là constater lui-même qu’il est guéri (Jean 5:6-11).

Souvent, quelle ineffable grâce de Dieu, l’existence d’un besoin n’est pas même nécessaire. On s’attend, comme le mendiant à la belle porte du temple, à recevoir quelque aumône (Act. 3). Cela n’a aucun rapport avec l’état d’un pauvre être boiteux dès le sein de sa mère et qui n’a pas même l’idée de la possibilité d’une guérison. Le voilà, mis en rapport immédiat avec la parole de Dieu. Cette parole lui apporte un nom : «Jésus Christ le Nazaréen». Du côté de Dieu, une seule chose était nécessaire, la grâce et la puissance contenues dans le nom de Jésus. Au mendiant, une seule chose est demandée : de «regarder ceux qui lui parlent». Il les regarde attentivement. Soyez certain que si, sur le conseil des apôtres, les yeux de votre âme sont fixés attentivement sur le Christ révélé dans la parole de Dieu, vous serez rendus capables de «marcher, de sauter et de louer Dieu !»