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Henri Rossier — Courtes méditations

 

 

La COMMUNION, BASE du TÉMOIGNAGE — Apoc. 3:20

H. Rossier — Courtes méditations — n°39 [35]

ME 1923 p. 241-244

Les titres que prend le Seigneur en s’adressant aux sept églises de l’Apocalypse sont comme le reflet de ce qu’il a à blâmer et parfois à louer dans chacune de ces églises. De fait, ces titres ne sont élogieux que deux fois : dans l’épître à Smyrne et dans celle à Philadelphie ; je veux dire que, dans ces deux cas l’état de l’assemblée correspond aux caractères que le Seigneur prend vis-à-vis d’elle. À Smyrne il est «le premier et le dernier, qui a été mort et qui a repris vie», quand l’Assemblée est encouragée à être fidèle jusqu’à la mort dans les persécutions, pour obtenir la couronne de vie. À Philadelphie il est le Saint et le Véritable qui a la clef de David, la puissance, quand l’Assemblée a peu de force, a gardé la parole du Véritable et n’a pas renié le nom du Saint. Dans les cinq autres épîtres, et d’une manière toute particulière dans la dernière, celle à Laodicée dont nous venons de lire un verset, les titres du Seigneur forment le contraste le plus absolu et expriment le jugement le plus complet sur l’état moral de chaque assemblée.

Nous ne pouvons nous dissimuler qu’à mesure que nous avançons vers l’apostasie finale, dernière période de la chrétienté représentée par Laodicée, le témoignage collectif des saints, si impressionnant au commencement des Actes, quand le don du Saint Esprit à la Pentecôte avait formé les croyants en un seul corps sur la terre, s’est perdu de plus en plus. Or c’est précisément après l’abandon de ce témoignage initial par le mélange de l’Église avec le monde, que sont écrites les épîtres aux sept assemblées. Néanmoins, un témoignage collectif se retrouve à Philadelphie, lorsque Sardes, l’église issue de la Réformation, n’a plus que le nom de vivre, mais est morte. Hélas ! Philadelphie, à son tour, a aussi perdu ce caractère collectif, en tant qu’elle donnait pour ainsi dire son nom à une période distincte de l’histoire de l’Église responsable, et nous assistons bien plutôt aujourd’hui à l’état de «tiédeur» de Laodicée qui précède le moment où elle sera «vomie de la bouche» du Seigneur, comme un objet qui excite son dégoût.

 

En parlant ainsi nous ne voulons nullement dire que, si ces divers états de l’Église se suivent historiquement, ils ne puissent coexister dans une mesure. Nous ne doutons pas que les quatre dernières églises : Thyatire (le catholicisme), Sardes (le protestantisme), Philadelphie (un réveil du témoignage collectif chez les fidèles de nos jours), et Laodicée (la tiédeur générale et l’abandon final de ce témoignage) n’existent jusqu’à la fin (comme l’attestent les chap. 2:26-28 et 3:11), avec leurs caractères respectifs, seulement c’est surtout de leur succession historique que l’Esprit de Dieu se propose de nous entretenir dans ce livre prophétique.

 

Revenons maintenant à Laodicée. Tout témoignage à Christ (car c’est Lui qui est le seul objet du témoignage chrétien) y est complètement absent et, chose encore plus aggravante, il est remplacé par le témoignage que Laodicée se rend à elle-même. Que dit-elle en effet ? «Je suis riche et je n’ai besoin de rien». L’exaltation du vieil homme, les mérites de l’ancienne créature, dont Dieu n’avait pu faire autre chose, après l’avoir éprouvée de toute manière depuis la chute, que de la condamner définitivement en la clouant à la croix, sont venus remplacer à Laodicée Celui qui est déclaré, en résurrection, «le commencement de la création de Dieu». Cette condamnation absolue du vieil homme, la nécessité d’une nouvelle naissance, d’une nouvelle création, y sont entièrement ignorées. Au milieu de ce naufrage définitif, Christ reste seul comme «le témoin fidèle et véritable». Cherchez un témoignage collectif au milieu de cet abandon radical de la vérité, vous n’en trouverez pas même une trace. Cherchez un témoignage individuel, vous le trouvez dans la personne du «témoin fidèle et véritable». Où se tient-il, ce témoin ? À la porte. C’est la seule place qui lui convienne, la seule qu’il ait choisie. Oui, mais chose infiniment précieuse, c’est de là qu’il fait appel à la piété individuelle. Il frappe à la porte ; il parle. La brebis entend la voix du bon Berger et lui ouvre. Il entre ; il vient faire domicile chez celui qui le reçoit. Bien plus encore, il dit : «Je souperai avec lui et lui avec moi». Ces paroles sont l’expression de la communion individuelle la plus complète entre Christ et le fidèle, entre le fidèle et Christ. Elles assimilent le croyant isolé au témoignage de Philadelphie elle-même, dont le caractère, malgré sa grande faiblesse, est avant tout la communion avec le Saint et le véritable. Cette communion fait du saint isolé à Laodicée un témoin à son tour.

Tout en regrettant les temps heureux d’autrefois où, dans l’Église naissante, tous les croyants, avaient communion les uns avec les autres (1 Jean 1:3-4), le croyant d’aujourd’hui ne se plaint, ni ne se lamente. Il trouve dans le souper avec le Seigneur une communion plus précieuse, plus intime que celle de Philadelphie, si même la communion avec les saints venait à lui manquer totalement ; ce qui, grâce à Dieu, n’est pas le cas et ne le sera jamais tant que la venue du Seigneur n’aura pas enlevé tous ses bien-aimés auprès de lui, sans qu’il en manque aucun !