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Henri Rossier — Courtes méditations
H. Rossier — Courtes méditations — n°18
ME 1922 p. 165-168
Le nom de Jésus que nous rencontrons dans ces trois passages est l’humble nom d’homme de notre Seigneur, celui qu’il a reçu en entrant dans le monde (Luc 1:31), sous lequel il s’est anéanti jusqu’à la mort de la croix, mais devant lequel il faudra que tout genou se ploie, jusqu’à ceux des réprouvés. Pour nous, ce nom de Jésus est un nom d’intimité, jamais de familiarité, même quand «il n’a pas honte de nous appeler ses frères», car ce serait méconnaître étrangement son caractère divin et sa dignité suprême que de l’appeler «notre frère».
Dans le premier de ces passages (2:9) il est dit : «Nous voyons Jésus». Nous n’y sommes pas invités, mais pour nous, le voir est un fait. Nous ne le voyons sans doute pas avec les yeux de la chair, mais avec ceux de l’Esprit et, malgré cela, c’est une vue réelle. Nous le suivons en Esprit, lui que nous avons «vu de nos yeux» ici-bas, — lui qui a été fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort — jusque dans les lieux célestes où nous le voyons maintenant couronné de gloire et d’honneur. Nous le verrons plus tard de nos propres yeux, quand il sera venu nous prendre et que nous lui serons semblables ; notre vue actuelle n’en est pas moins une réalité car la foi est la démonstration des choses qu’on ne voit pas.
Il n’est pas dit ici que nous voyions autre chose que lui, alors même que c’est dans le ciel que nous le voyons couronné de gloire et d’honneur. L’apôtre Jean, quand, en esprit, il y monte par la porte ouverte, voit beaucoup de choses, et n’est pas en danger de leur donner une place prépondérante parce qu’elles se concentrent toutes sur l’Agneau qui en est le centre et le point culminant ; mais nous, étant encore sur la terre, nous sommes gardés de toute distraction en n’ayant devant les yeux que Jésus, dans la gloire dont il est couronné. Toute vaine spéculation disparaît devant cette vue. Quand nous serons en réalité là-haut, comme Jean y fut en esprit, rien de ce que nous verrons ne sera capable de détourner nos yeux parfaits de l’objet capital, en donnant aux objets accessoires une valeur qui diminuerait celle de Jésus.
Dans le second passage (3:1) nous sommes invités à considérer Jésus. Considérer un objet, c’est le regarder avec soin sous ses faces diverses, et deux de ces faces, propres à l’épître aux Hébreux, sont présentées à notre attention, afin que nous en connaissions toute la valeur. La première nous montre Jésus comme l’apôtre de notre confession, de notre appel céleste, la seconde comme notre souverain sacrificateur. L’apôtre de l’appel terrestre d’Israël était Moïse, son souverain sacrificateur, Aaron. Ces deux caractères se réunissent en Jésus pour conduire le peuple de Dieu vers la Canaan céleste, à travers le désert de ce monde. Comme apôtre de notre confession, il nous a annoncé «le grand salut», la nouvelle d’une rédemption accomplie qui nous donne le droit d’hériter de la gloire. C’est vers cet héritage qu’il nous conduit. Comme souverain sacrificateur, non seulement il nous a ouvert l’accès au trône de la grâce, dans le sanctuaire, mais il s’occupe à nous secourir en sympathisant à nos infirmités, et il est capable de sauver jusqu’au bout ceux qui s’approchent de Dieu par Lui (7:25). Quand nous le considérons, quelle assurance cela nous donne ! Le salut dont nous devons hériter nous est acquis, l’aide et le secours pour l’atteindre ne peuvent nous manquer, car notre Melchisédec a une sacrificature qui ne se transmet point.
Dans le troisième passage (12:2), il nous est dit : «fixant les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi». Nous sommes souvent accablés par la longueur de l’effort. À mesure que nous avançons, l’arène semble s’étendre à perte de vue. Ne pourrions-nous nous arrêter un instant pour nous distraire de la fatigue, et reprendre la course après nous être restaurés ? Imprudents ! «Ne savez-vous pas que ceux qui courent dans la lice courent tous, mais un seul remporte le prix ? Courez de telle manière que vous le remportiez» (1 Cor. 9:24). Bien d’autres sont autour de vous, témoins des avantages d’une vie de foi, en des promesses non accomplies, en un but non encore atteint. Mais ce n’est pas à ces témoins souvent fautifs, toujours fragiles que nous sommes exhortés à regarder. L’apôtre nous dit de détourner nos regards de tout autre objet pour les fixer sur Jésus seul. A-t-il jamais manqué de patience ? S’est-il jamais arrêté dans sa course ? Non, il l’a poursuivie jusqu’au bout sans aucune défaillance, et il est arrivé au but. «Il est maintenant assis à la droite de Dieu». Rien ne l’a arrêté, ni la contradiction des pécheurs, ni la croix, ni la honte, mais il a atteint le but proposé, la joie qui était devant lui, la joie d’avoir glorifié le Père, d’avoir accompli l’oeuvre de salut, d’avoir acquis son Épouse. Fixez les yeux sur Jésus ! Il est «le chef de la foi» ; il a marché à la tête de nous tous pour atteindre ce but que nous atteindrons à sa suite ; il est le «consommateur de la foi» car jusqu’à aujourd’hui lui seul est parvenu à cette «consommation».
Qu’il nous soit donné à tous de réaliser ces choses ; de voir Jésus par la foi ; de nous exhorter les uns les autres à le considérer, de fixer les yeux sur lui sans les détourner sur d’autres objets. Là est notre bonheur et notre force. Heureux ceux dont la force est en Lui ; ils marcheront de force en force ! Le but est près d’être atteint ; Sion, la montagne de la grâce royale sera bientôt gravie et nous pourrons nous reposer là où Il se repose lui-même en nous attendant !