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Henri Rossier — Courtes méditations

 

 

La Nuit, l’Aube et le Jour — Psaume 22

H. Rossier — Courtes méditations — n°4

ME 1921 p. 229-231

Le Psaume 22° décrit les trois phases d’une journée symbolique, remplie par la personne et l’oeuvre de notre bien-aimé Sauveur. La première phase est la nuit, vers. 1-21 ; la seconde est l’aurore, vers. 21-24 ; la troisième le plein midi, vers. 25-31.

Dans la première partie nous voyons le Christ, l’homme saint du Ps 16, l’homme juste du Ps. 17, abandonné de son Dieu, du Dieu saint (*) dans lequel il avait mis sa confiance. La nuit la plus épaisse s’est étendue sur le monde (Matt. 27:45) ; cet homme, l’homme parfait est comme rejeté dans les ténèbres du dehors. Devenu un pauvre être sans défense, il est accablé sous la souffrance la plus terrible, si aiguë que son coeur est comme de la cire, fondu au dedans de ses entrailles, et que son anéantissement ressemble à la poussière même de la mort. — Et cependant pas un instant sa confiance ne l’abandonne. Délivre-moi, s’écrie-t-il, au sein même de la détresse. «Délivre mon âme de l’épée», de l’épée du jugement brandie contre lui par la main de Dieu lui-même (Zach. 13:7). «Délivre mon unique de la patte du chien», de la troupe des hommes brutaux et violents, sans pitié, sans honte, sans pudeur, ameutés contre lui. «Sauve-moi de la gueule du lion», de Satan lui-même qui cherche à le dévorer. Tel est le tableau de l’expiation. Un seul Être pouvait comprendre et sonder cet abîme dans toute son horreur : Celui auquel s’adresse un de nos Cantiques en ces termes :

 

Tu souffris, ô Jésus, Sauveur, Agneau, Victime ;

Ton regard infini sonda l’immense abîme,

Et ton coeur infini, sous ce poids d’un moment,

Porta l’éternité de notre châtiment.

(*) Le mot El, le Dieu fort en sainteté (différent d’Élohim le Dieu créateur) qui revient continuellement dans les Psaumes, est fort souvent prononcé par Christ homme (voyez v. 1, 3, 10).

Il meurt, il a succombé entre les cornes des buffles. Mais son Dieu lui répond, non pour le sauver de la mort, mais du sein de la mort, pour le tirer, en résurrection, hors de la mort. La rédemption est accomplie, la nuit est terminée, l’aurore se lève à l’horizon (v. 21-24).

Quel contraste ! Devant nos yeux s’ouvre un paysage merveilleux ! Le ciel est sans nuages, d’une fraîcheur à nulle autre pareille, d’une pureté absolue ; la terre est éclairée par la splendeur de l’aurore. «J’annoncerai ton nom à mes frères». C’est le ciel ! Le premier-né d’une famille céleste se présente avec elle dans le ciel devant son Dieu qui est leur Dieu, devant son Père qui est leur Père. «Je te louerai au milieu de l’Assemblée» ; Il s’associe aussi avec cette famille sur la terre pour entonner le Cantique de délivrance que lui seul connaît en entier, lui, le Ressuscité d’entre les morts ! Sa voix trouve un écho dans le coeur et dans la bouche de tous ses bien-aimés.

Et voici maintenant le soleil qui se lève (v. 25-31), un jour sans nuages, le soleil de justice avec la santé dans ses ailes ! La terre est inondée de sa gloire comme le fond de la mer des eaux qui la recouvrent. Une fête nouvelle est célébrée. C’est la fête des tabernacles, la seule qui soit appelée l’assemblée solennelle, la fête du huitième jour, la grande congrégation (Lévit. 23:36 ; Ps. 40:9-10). Son peuple l’a reconnu, les familles des nations se prosternent devant lui. Sa louange s’élève de siècle en siècle de la terre jusqu’au ciel !

Cependant il y a mille fois plus de fraîcheur dans l’étoile brillante du matin, dans le lever du jour, dans le triomphe de la grâce pour introduire la gloire céleste, que dans le plein jour, dans le triomphe de la justice pour établir la gloire terrestre millénaire !