[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]

 

MARCHER AVEC JÉSUS CHRIST

 

 

A été publié également sous le titre « Premier pas avec Jésus Christ » et « Douze lettres aux jeunes »

 

 

H. L. Heijkoop

 

Table des matières abrégée :

1     Faut-il se convertir ?

2     Pourquoi faut-il se convertir ?

3     Comment avoir la paix avec Dieu ?

4     Délivré de la puissance du péché

5     Élection et Prédestination : Que dit l’Écriture ?

6     Christ, notre Souverain Sacrificateur

7     La nouvelle naissance

8     Communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ

9     Christ notre Avocat

10      Sainteté

11      La valeur de la lecture de la Bible

12      Prier

13      Êtes-vous baptisés ?

14      La Cène

15      La Table du Seigneur

16      Adoration

17      Service

18      Notre position sur la terre — Dans le monde, mais pas du monde

 

 

 

Table des matières détaillée :

1     Faut-il se convertir ?

2     Pourquoi faut-il se convertir ?

2.1      L’homme est un pécheur

2.2      La conscience

2.3      Péchés inconscients

2.4      Qu’est-ce que le péché ?

2.5      Qu’est-ce que la conversion ?

3     Comment avoir la paix avec Dieu ?

3.1      Me suis-je assez repenti ?

3.2      La justice de Dieu

3.3      Justification

3.4      La résurrection, preuve de la justice de Dieu

3.5      Dieu savait qui nous étions

3.6      Nous avons la paix avec Dieu

3.7      Mais je n’ai pas la paix !

4     Délivré de la puissance du péché

4.1      L’état de l’homme

4.2      À l’image et selon la ressemblance de Dieu

4.3      À la ressemblance et selon l’image d’Adam

4.4      Le pardon des péchés n’est pas suffisant !

4.5      La réponse de Dieu

4.6      Le dernier Adam

4.7      Mort avec Christ

4.8      Expérience

4.9      Affranchissement

5     Élection et Prédestination : Que dit l’Écriture ?

5.1      Dieu a-t-il prédestiné des hommes à la perdition ?

5.1.1      Prédestination

5.1.2      La grâce n’est pas limitée aux Juifs

5.1.3      La semence d’Abraham

5.1.4      J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü

5.1.5      Dieu endurcit certains hommes !

5.1.6      Dieu est libre d’agir comme il le veut

5.1.7      Les vases de colère tout préparés pour la destruction

5.1.8      La parole de Dieu ne connaît pas la prédestination à la perdition

5.2      L’Élection : Comment puis-je savoir si je suis élu ?

5.2.1      Que dit l’Écriture de l’élection ?

5.2.2      Appelés, justifiés et glorifiés

5.2.3      Notre Dieu et notre Père

5.2.4      Saints et irréprochables devant Lui en amour

5.2.5      Pour nous adopter pour Lui

5.2.6      Le christianisme a un caractère éternel

6     Christ, notre Souverain Sacrificateur

6.1      Christ, notre souverain sacrificateur

6.2      Sacrificateur dans le ciel

6.3      Il a appris l’obéissance

6.4      Les tentations du diable

6.5      Sa sympathie dans les difficultés et les peines

7     La nouvelle naissance

7.1      Le Fils de l’homme qui est dans le ciel

7.2      La nature de l’homme

7.3      « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu »

7.4      Né de nouveau

7.5      « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé »

8     Communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ

8.1      Communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ

8.2      Dieu est lumière et il n’y a en lui aucunes ténèbres

9     Christ notre Avocat

9.1      Si un croyant pèche

9.2      Le jugement de soi-même est la seule manière de rétablir la communion

9.3      Péchés inconscients

9.4      Christ, notre avocat

9.5      Le lavage des pieds

9.6      Le reniement de Pierre

9.7      Restauration

10      Sainteté

10.1    Qu’est-ce que la sainteté ?

10.2    Sainteté de l’Esprit

10.3    Sainteté pratique

11      La valeur de la lecture de la Bible

11.1    la nouvelle naissance

11.2    La nourriture de la nouvelle vie

11.3    La parole de Dieu est notre guide

11.4    La Parole est notre arme

11.5    Le moyen de purification

11.6    Pierre de touche pour la pratique et la doctrine

11.7    Obéissance et soumission

12      Prier

12.1    Prier est le signe de la nouvelle naissance

12.2    Prier n’est pas réservé aux croyants expérimentés

12.3    L’assurance de l’exaucement

12.4    Que signifie prier au nom du Seigneur Jésus ?

12.5    Conditions de l’exaucement

12.6    Obstacles à l’exaucement

12.7    Prier selon sa volonté

12.8    Prier sans cesse

13      Êtes-vous baptisés ?

13.1    Que signifie le baptême ?

13.2    Baptisé pour le Seigneur Jésus crucifié

13.3    Le monde entier gît dans le méchant (1 Jean 5:19)

13.4    La croix de Christ

14      La Cène

14.1    L’institution de la Cène

14.2    La signification de la Cène

14.3    La mort du Seigneur

14.4    Quand et combien de fois faut-il prendre la Cène ?

14.5    Se juger soi-même

15      La Table du Seigneur

15.1    La communion du sang et du corps de Christ

15.2    Le corps mystique de Christ, l’Assemblée

15.3    La Cène est l’expression de l’unité du corps de Christ

15.4    Le caractère exclusif de la Cène

15.5    La Table du Seigneur

16      Adoration

16.1    Le vrai lieu de l’adoration

16.2    L’essence du christianisme

16.3    Le Père cherche des adorateurs

16.4    Adorer en esprit et en vérité

16.5    Où devons-nous adorer ?

17      Service

17.1    Il appelle ceux qu’il veut

17.2    Être avec Lui

17.3    Envoyé par Lui

17.4    Dépendance du Seigneur

18      Notre position sur la terre — Dans le monde, mais pas du monde

18.1    Notre position vis-à-vis du monde — Le croyant et les organisations religieuses

18.2    Notre position vis-à-vis du « camp »

 

 

1                    Faut-il se convertir ?

Cher ami,

La question que vous posez est de toute importance, et demande à être considérée avec soin ; aussi je veux y répondre tout de suite.

Vous m’écrivez que souvent, dans des entretiens personnels, comme aussi dans des réunions, on vous dit que vous devriez vous convertir ; mais vous n’en sentez pas la nécessité. Vous vous consacrez entièrement à votre travail, vous avez un foyer paisible, de chers amis ; vous espérez avoir bientôt une bonne position, et ensuite vous aimeriez voir quelque chose du monde. Vous êtes donc pleinement satisfait de vos circonstances — et, pour parler franchement — ces continuelles exhortations à vous convertir vous paraissent parfaitement superflues ; vous en avez par-dessus la tête.

Je vous comprends très bien. Il y a des personnes qui passent leur temps à s’occuper des affaires des autres, à donner de bons conseils et à dire que ce que vous faites n’est pas bien. S’entendre sans cesse répéter cela n’est certes pas agréable, d’autant moins que vous n’êtes pas certain que ces personnes n’aient pas raison.

Et pourtant c’est là le point crucial : ont-elles raison ou tort ? Devez-vous vous convertir, ou n’est-ce pas indispensable ? S’il s’agissait d’un détail, eh bien ! vous vous tireriez facilement d’affaire si par la suite il devait s’avérer que vous aviez tort. Et vous seriez sur vos gardes pour la fois suivante. Mais quant à la conversion il s’agit de savoir où vous passerez l’éternité. Et c’est tellement important, qu’il vous faut être au clair à ce sujet.

Avez-vous déjà pensé à l’éternité ? Je vous accorde que nous ne pourrons jamais comprendre ce qu’elle est avant d’y être. Mais il vaut bien la peine d’y penser une fois sérieusement, pour en avoir au moins une petite idée, n’est-ce pas ?

Une légende raconte qu’un jour, un roi voulut mettre à l’épreuve un jeune homme très intelligent. Il lui demanda : « Quelle est la durée de l’éternité ? »

Le jeune homme répondit : « Ô roi, dans un pays éloigné, il y a une très haute montagne, dont le sommet s’élève bien au-dessus des nuages. Cette montagne est en airain. Tous les cent ans, un petit oiseau vient y donner quelques coups de bec. Eh bien ! lorsque par ce moyen la montagne aura été usée au point qu’on ne puisse plus la voir, une seconde de l’éternité se sera écoulée ».

Cette réponse ne donne-t-elle pas une idée de l’infini de l’éternité ? Et pourtant elle n’est pas juste, parce que dans l’éternité il n’y a ni minute ni seconde. Là, mille ans comme un jour, mais aussi un jour comme mille ans (2 Pierre 3:8). L’éternité n’a pas de fin ; ainsi elle ne peut être mesurée.

Cette allégorie nous fait cependant entrevoir quelque chose du rapport entre la durée de notre vie terrestre et celle de l’éternité à venir. Que sont dix, cinquante, quatre-vingts ou même cent ans, en face de l’éternité ? N’importe-t-il pas alors de savoir où et comment nous la passerons ?

Cela me fait penser à une autre histoire. Vous savez qu’au moyen âge, la plupart des princes avaient des bouffons attachés à leur cour. C’était en général des hommes atteints de difformités, qui portaient des vêtements comiques et qui, par leurs plaisanteries et remarques stupides, devaient divertir leurs maîtres. C’était les clowns de ce temps-là.

Or une fois, un prince donna à son bouffon un bonnet de fou (bonnet pointu orné de clochettes) et un faux sceptre, le sacrant ainsi roi des bouffons, sous réserve de les remettre à celui qui se révélerait encore plus fou que lui.

Peu après, le prince tomba gravement malade. Le fou alla le voir et lui demanda s’il serait bientôt rétabli. Le prince répondit que d’après les médecins, il ne fallait pas s’attendre à une amélioration : il allait bientôt mourir.

« Eh bien ! » dit le fou : « vous avez sûrement fait vos préparatifs pour ce grand voyage, et veillé à ce que tout soit prêt pour vous accueillir ».

« Non », répondit le roi : « et c’est là ce qui est terrible ; je ne sais pas comment je serai reçu ».

« Mais ne saviez-vous donc pas qu’il vous faudrait un jour faire ce voyage ? »

« Je le savais bien, mais je ne m’en suis jamais occupé. Il y avait tant d’autres choses à faire ».

« Pourtant » continua le bouffon : « lorsque vous faisiez un voyage d’un jour, un héraut vous précédait et veillait à ce que vous trouviez de quoi manger, et boire, etc. Lorsque vous partiez pour plusieurs semaines, ou même plusieurs mois, tout était réglé longtemps à l’avance. Et quelques jours avant votre départ, plusieurs de vos serviteurs allaient tout préparer pour vous accueillir. Et pour ce grand voyage, dans ce lieu où vous resterez pour toujours, vous ne vous êtes pas du tout préparé ? Eh bien ! je vous rends le bonnet de fou et le sceptre, car je n’ai jamais été aussi fou ». Le bouffon n’avait-il pas raison ?

Vous êtes allé pendant plus de dix ans à l’école ; maintenant vous travaillez toute la journée et le soir vous étudiez encore pour améliorer votre position. Ainsi, pendant une vingtaine d’années, vous travaillez d’arrache-pied, pour gagner ensuite largement votre vie pendant une quarantaine d’années et pour vivre peut-être de votre retraite ou de vos économies pendant dix ans, ou, si vous parvenez à un âge avancé, pendant quelque vingt ans.

Que penseriez-vous de parents qui n’enverraient pas leurs enfants à l’école et ne leur feraient pas apprendre de métier, arguant : « qu’ils jouent tranquillement sans penser à l’avenir ! Lorsqu’ils auront atteint l’âge de pourvoir eux-mêmes à leurs besoins, ils sauront bien se débrouiller seuls » ?

Si donc vous prenez tant de peine et sacrifiez tant d’années de votre vie pour avoir de quoi vivre confortablement cinquante ou soixante ans au plus, n’êtes-vous pas inexcusable de ne pas penser à l’éternité et de ne pas vous occuper de cette question : Où passerai-je l’éternité ? D’autant plus que vous ne pouvez absolument pas savoir si vous obtiendrez une bonne place, si vous ne tomberez pas malade ou ne mourrez pas avant d’y parvenir. Mais vous savez parfaitement que l’éternité est devant vous. « Il est réservé aux hommes de mourir une fois. » Cette affirmation de la Bible (Hébreux 9:27) n’a encore jamais été mise en doute, pas même par les plus grands moqueurs et les athées les plus endurcis. Ils n’osent pas y toucher : on se moquerait d’eux ; car qui n’a pas encore vu la mort frapper dans son entourage ?

Mais comment continue ce verset ? « et après cela le jugement ». N’est-ce pas une folie impardonnable que de ne se préoccuper de rien et de laisser les choses suivre leur cours ? Certes, une fois vous verrez vous-même où vous passerez l’éternité. Mais... alors il n’y aura plus moyen de changer pour toute l’éternité. « À l’endroit où l’arbre sera tombé, là il sera » (Eccl. 11:3).

Vous direz peut-être : Rien ne presse ! J’ai de toute façon déjà tant à faire. Et vous ne voulez pas consacrer vos heures de détente à des sujets aussi sinistres que la mort. Vous croyez que vous aurez encore le temps de penser à ces choses lorsque vous serez un peu plus âgé, que vous aurez joui de la vie et que vous aurez davantage de loisirs.

Êtes-vous sûr de vivre encore cinquante ans ? ou trente ans ? ou seulement dix ? ou encore douze mois ? douze heures même ?

Je me souviens d’un commerçant, en Hollande, qui écoutait depuis le pas de la porte de son magasin une prédication donnée dans la rue. Celle-ci terminée, il se retira chez lui, s’assit sur une chaise — et l’instant d’après il était mort !

Et même si vous deviez vivre encore longtemps, voudriez-vous faire ce qui vous plaît tant que vous serez jeune et en bonne santé, et ne laisser à Dieu que le reste ? Si vous choisissez de vivre ainsi (et que vous restiez en vie), Dieu vous acceptera-t-il encore ?

Certes, « Dieu... veut que tous les hommes soient sauvés » (1 Tim. 2:4) ; à tous les hommes il dit : « Soyez réconciliés avec Dieu » (2 Cor. 5:20). Il a reçu le brigand de la croix et des milliers d’autres qui se sont tournés vers Lui sur leur lit de mort. J’ai connu une dame qui était âgée de quatre-vingt-cinq ans lorsqu’elle s’est convertie.

En Job 33, nous voyons que Dieu parle une fois, et deux fois à l’homme, et si celui-ci n’y prend pas garde, il « scelle l’instruction qu’il leur donne ».

Lorsque le Pharaon eut refusé plusieurs fois d’obéir, Dieu endurcit son cœur, de sorte qu’il ne put plus se convertir (Exode 11:10) .

Après l’enlèvement de l’Église, Dieu enverra à tous ceux qui auront entendu l’Évangile mais qui n’auront pas cru, « une énergie d’erreur... afin que tous ceux-là soient jugés qui n’ont pas cru la vérité » (2 Thess. 2:11, 12). Dieu peut aussi agir ainsi à votre égard si vous persistez à repousser son invitation à vous convertir. « Dieu donc, ayant passé par-dessus les temps de l’ignorance, ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent ; parce qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts » (Actes 17:30, 31).

Ne voulez-vous donc pas considérer la chose avec sérieux et venir maintenant à Dieu, pour Lui confesser vos péchés et Lui demander de vous recevoir ?

« Nous sommes donc ambassadeurs pour Christ, — Dieu, pour ainsi dire, exhortant par notre moyen ; NOUS SUPPLIONS pour Christ : Soyez réconciliés avec Dieu ! Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en Lui » (2 Cor. 5:20, 21).

« Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs » (Héb. 4:7) !

Avec mes affectueuses salutations.

H.L.H.

 

2                    Pourquoi faut-il se convertir ?

Chers amis,

Vous me demandez maintenant pourquoi il faut se convertir, et qu’est-ce en fait que  la conversion.

La réponse la plus simple à votre première question est celle-ci : parce que Dieu le dit ! Lorsque Dieu parle, il n’y a pas à répliquer. Nous sommes ses créatures, et comme telles, nous n’avons qu’à nous incliner et à obéir. « Toi, ô homme, qui es-tu, qui contestes contre Dieu ? La chose formée dira-t-elle à celui qui l’a formée : Pourquoi ... » (Rom. 9:20) ? Nous lisons en Actes 17:30, que « Dieu... ayant passé par-dessus les temps de l’ignorance, ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent ». Oui, il est parlé environ 80 fois de repentance (conversion) dans l’Ancien Testament, et environ 60 fois dans le Nouveau.

Mais Dieu nous montre aussi clairement dans sa Parole pourquoi il ordonne aux hommes de se repentir. « Il est patient envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3:9). En Actes 17, le motif de son commandement aux hommes de se repentir, c’est « qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée ». Le jour vient où tout homme devra rendre compte de sa vie à son Créateur. Et Dieu, qui connaît les hommes, dira alors, comme Juge : « Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3:23), Voilà pourquoi Dieu veut que l’homme se convertisse, « car cela est bon et agréable devant notre Dieu Sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (1 Tim. 2:3, 4).

La raison fondamentale pour laquelle Dieu ordonne aux hommes de se repentir c’est que l’homme n’a pas servi son Créateur, mais qu’il est un pécheur et qu’il recevra le juste jugement de Dieu.

 

2.1   L’homme est un pécheur

Quelle terrible vérité ! En fait bien des hommes n’y pensent pas et beaucoup même la nient. Mais sont-ils eux-mêmes persuadés de ce qu’ils disent ? Est-ce qu’un homme droit peut nier qu’il fait souvent des choses mauvaises ?

Plus d’une fois j’ai eu l’occasion de demander à ceux qui proclamaient hautement avoir toujours mené une vie honnête et n’avoir fait de tort à personne, si leur conscience ne leur avait jamais reproché aucune de leurs actions, de leurs paroles ou de leurs pensées. Et presque personne n’a eu l’audace de répondre que sa conscience ne l’avait jamais repris.

Un pécheur est un homme qui a péché. Il ne devient pas tel seulement après avoir fait beaucoup de choses mauvaises. Un seul péché suffit à faire d’un homme un pécheur.

Chacun peut le constater dans la vie de tous les jours. Personne ne dira : « Tel et tel n’est pas un assassin, car jusqu’à présent il n’a tué qu’une ou deux fois ». Mais lorsqu’il s’agit de sa relation avec Dieu, l’homme voudrait appliquer un autre barème, parce que, sinon, il doit se condamner lui-même.

 

2.2   La conscience

Dieu a donné à tout homme une conscience (Rom. 2:15), qui rend témoignage des choses mauvaises qu’il commet. Non pas que la conscience relève tout ce qui est mauvais. Notre conscience est influencée et façonnée par l’entourage dans lequel nous vivons. Mais elle parle toujours lorsque l’homme fait une chose estimée mauvaise par la société dans laquelle il a été élevé. Dieu a veillé à ce que tous les hommes, même ceux qui n’ont jamais entendu parler de Lui et qui ne connaissent pas sa Parole, soient avertis lorsqu’ils font consciemment ce qu’ils savent ne pas être bien, afin que tous soient amenés à réfléchir et à se convaincre qu’ils sont mauvais et coupables.

Si vous considérez votre vie, combien de péchés avez-vous déjà commis consciemment, délibérément ? Si même cela ne nous arrivait qu’une fois par jour, cela ferait déjà 365 fois par an et 3650 fois par tranche de dix ans de notre vie. En réalité, est-ce que cela n’a pas été beaucoup plus souvent ?

Est-ce que quelqu’un qui a commis tant de péchés peut affirmer ne pas être un pécheur ? Est-ce que le Dieu juste devrait acquitter une telle personne ?

Cela ne suffit-il pas déjà amplement à vous prouver que tout homme mérite le jugement et doit confesser devant Dieu qu’il a péché contre Lui et mérite la perdition éternelle ?

 

2.3   Péchés inconscients

Une autre question. L’homme n’est-il coupable que des péchés qu’il a commis tout à fait consciemment ? N’est-il pas aussi coupable lorsqu’il aurait pu savoir que sa manière d’agir n’était pas bonne ? Lorsqu’une loi a été transgressée, le juge ne déclarera-t-il pas coupable même celui qui assure qu’il ne connaissait pas la loi ? Il aurait pu la connaître puisqu’elle a été promulguée. D’où l’adage : « Nul n’est censé ignorer la loi ! » Lors de la fixation de la peine, le juge pourra tout au plus tenir compte de ce fait, s’il est établi que le transgresseur ne connaissait pas la loi. Un avocat qui enfreindrait des dispositions précises de la loi sera puni plus sévèrement qu’un profane qui agirait de même. Cependant, dans les deux cas, le juge les déclarera coupables.

Dans la parole de Dieu il y a le même principe : « si quelqu’un a péché, et a fait, à l’égard de l’un de tous les commandements de l’Éternel, ce qui ne doit pas se faire, et ne l’a pas su, il sera coupable, et portera son iniquité » (Lév. 5:17). Cela se comprend aisément. L’homme, qui, comme créature, est responsable devant son Créateur et qui devra lui rendre compte de ses actes, a-t-il le droit de décider lui-même en quoi il est coupable ou innocent ? C’est inconcevable ! Seul le Créateur, Celui qui a créé l’homme et lui a confié un mandat, a le droit de juger si sa créature a répondu à sa responsabilité. Dieu seul détermine ce qui est péché. Si nous voulons le savoir, il nous faut rechercher ses pensées.

La parole de Dieu est très claire à cet égard. En Genèse 1:28 et 2:15-17 nous trouvons le mandat que Dieu avait confié à l’homme. Il devait cultiver et garder le jardin d’Éden, dans la dépendance et dans l’obéissance à Dieu. Ce qui mettait cette obéissance à l’épreuve, c’était l’interdiction de manger de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Mais qu’a fait l’homme ? Dans la première occasion où il aurait pu manifester son obéissance et sa dépendance, il n’écouta pas Dieu, mais désobéit consciemment. Voilà le début. Trois mille ans plus tard, Dieu consignait dans sa Parole : « L’Éternel a regardé des cieux sur les fils des hommes, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui recherche Dieu : Ils se sont tous détournés, ils se sont tous ensemble corrompus ; il n’y a personne qui fasse le bien, non pas même un seul » (Ps. 14:2, 3). Et mille ans après, la parole de Dieu dit encore : « Il n’y a personne qui recherche Dieu ; ils se sont tous détournés, ils se sont tous ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas même un seul » (Rom. 3:11, 12). Le jugement de Dieu ne peut alors s’exprimer autrement que par ces paroles : « Tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu » (Rom. 3:23).

 

2.4   Qu’est-ce que le péché ?

Vous direz alors : « Nous devons bien admettre que nous faisons souvent des choses mauvaises, mais nous n’arrivons pas à concevoir qu’aucun homme n’ait jamais à aucun moment fait quelque chose de bon : il y a pourtant des personnes qui accomplissent de bonnes actions ; il suffit de penser à des hommes tels que ceux qui ont consacré leur vie à aider les autres. Et puis, lorsque je mange, ou bois, ou vais à l’école, ou encore me rends à mon travail, je ne fais pourtant rien de mal ».

En elles-mêmes, ces choses ne sont pas mauvaises, mais elles peuvent le devenir. Manger une pomme n’est pas mal ; mais l’enfant qui mange une pomme quand sa mère le lui a défendu, est désobéissant. Nous touchons là au fond de la question : « Qu’est-ce que le péché ? »

L’homme a été créé par Dieu et a reçu pour mandat de le servir. Tout ce que l’homme fait en contradiction avec la position et la tâche que Dieu lui a données, est péché. Nous trouvons ce principe en 1 Jean 3:4: « Le péché est l’iniquité [une marche sans loi] ». Tout acte dans lequel l’homme ne tient pas compte de l’autorité de Dieu sur sa créature, est péché.

Ainsi, manger, par exemple, est un péché si ce n’est pas fait dans la dépendance de Dieu. Le Seigneur Jésus ne voulait manger que si Dieu le lui disait (Matt. 4:4 ; voir aussi Jean 4:34). C’est la raison pour laquelle la Parole de Dieu dit : « Or tout ce qui n’est pas sur le principe de la foi est péché » (Rom. 14:23).

Que découvrons-nous dans notre vie pratique ? Lesquels de nos actes, de nos paroles, de nos pensées ont eu leur source dans l’obéissance à Dieu et ont été la réponse à cette question : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Ne sommes-nous pas amenés à la conclusion que tout ce que nous avons fait est péché ? Et quand on ne tient pas compte de Dieu, on s’éloigne toujours plus de lui.

C’est là aussi ce que dit la parole de Dieu : « Il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas même un seul » (Rom. 3:12).

« Toute l’imagination des pensées de son cœur » n’est « que méchanceté en tout temps » (Gen. 6:5). C’est la raison pour laquelle le Dieu juste doit juger tous les hommes. C’est la raison pour laquelle le Dieu miséricordieux appelle tous les hommes à se convertir, parce qu’il veut les sauver du terrible jugement qui les attend.

 

2.5   Qu’est-ce que la conversion ?

D’après 1 Thessaloniciens 1:9 on peut dire que l’idée de « se tourner » (faire demi-tour) se trouve comprise dans ce mot. Jusque-là les Thessaloniciens avaient eu leur vie centrée sur les idoles. Maintenant ils s’étaient « tournés » : détournés des idoles et tournés vers Dieu. Des passages tels que Actes 2:37, 38 ; 17:30, 31 ; Apocalypse 9:20, 21 ; etc., font voir qu’à cette pensée est liée celle d’un jugement de soi-même, d’une condamnation de sa vie et de ses actes, et cela devant Dieu.

Nous pouvons dire que se convertir, c’est s’approcher de Dieu, pour se juger devant Lui, en confessant ne pas avoir vécu dans la soumission à Dieu, et avoir eu par là une vie mauvaise et coupable. Cela implique que nous en sommes affligés.

Si le mot « conversion » n’est pas facile à expliquer, il ne présente pourtant aucune difficulté pour celui qui est venu dans la lumière de Dieu et a reconnu ce qu’il est devant Dieu, et le jugement qu’il mérite. Dieu regarde au cœur, à la conscience et non pas à l’intelligence. Le publicain disait seulement : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ! » Mais Dieu qui sonde les cœurs et qui discerne les pensées et les intentions du cœur (Héb. 4:12) savait ce que renfermaient ces paroles.

Non, ce ne sont pas les mots prononcés, mais c’est l’état de cœur dans lequel nous venons à Dieu qui détermine s’il y a eu « conversion ». Et maintenant, je vous demande : êtes-vous convertis ? Êtes-vous venus à Dieu avec vos péchés, votre culpabilité, Lui confessant votre état de perdition ?

Oh ! n’attendez pas ; faites-le aujourd’hui. Demain sera peut-être trop tard !

Avec mes cordiales salutations.

Votre ami H.L.H.

 

3                    Comment avoir la paix avec Dieu ?

Cher ami,

J’ai été bien réjoui d’apprendre que vous aviez reconnu être un pécheur perdu et qui aurait été perdu pour l’éternité, si vous aviez dû paraître comme tel devant Dieu. Vous avez aussi confessé vos péchés devant Dieu, mais vous n’avez pas la certitude qu’ils sont pardonnés. Et maintenant vous me demandez si peut-être vous ne vous êtes pas suffisamment repenti, si votre conversion n’a pas été assez profonde. Car il y a des jours où vous ne pensez pas du tout à ces choses, ou bien seulement avec indifférence.

Je vous comprends bien, car j’ai passé, moi aussi, par les mêmes exercices. Je savais depuis des années (et j’étais alors encore très jeune) que j’étais perdu. La journée, je n’y pensais pas beaucoup ; mais le soir, une fois couché, je commençais à avoir peur : « Si je mourais cette nuit, je serais perdu pour l’éternité ! » Je confessais alors de nouveau mes péchés devant Dieu et le priais de me les pardonner. Mais je n’étais jamais sûr qu’ils l’étaient. Un jour, ma sœur aînée me dit avoir trouvé la paix. Je lui demandai comment elle avait fait et le soir, j’essayai de procéder exactement de la même manière — sans résultat évidemment.

À l’âge de 17 ans, j’étais assis un soir sur le bord de mon lit. Découragé, je me disais : « Prier ne sert donc à rien. Voilà déjà tant d’années que je demande à Dieu de me sauver, et aucun changement ne s’est produit ».

À ce moment, Dieu plaça devant mon esprit la pensée suivante : Il est pourtant écrit : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Ne serait- ce pas vrai ? Bien sûr c’est vrai, car Dieu ne ment pas, pensai-je. Le Seigneur me montra alors clairement ce que cela signifiait pour moi. Cela signifiait que mes péchés avaient été pardonnés dès la 1ère fois où je les avais confessés avec droiture devant Dieu. À ce moment, la paix remplit mon cœur ou, plus exactement, ma conscience trouva le repos. Dès ce soir-là j’eus la certitude que mes péchés étaient pardonnés. Je n’en ai plus jamais douté, parce que Dieu l’a dit !

 

3.1   Me suis-je assez repenti ?

Pourquoi alors m’a-t-il fallu tant d’années avant d’avoir la paix ? Sans aucun doute, l’une des causes était que j’avais trop peu le sentiment de ma culpabilité et la conscience de ce qu’est le péché. Non pas que Dieu établisse un certain niveau et ne pardonne pas si la conscience que nous avons de nos péchés et si notre repentance n’atteignent pas ce niveau. Jamais aucun homme n’a eu, au moment de sa conversion, une repentance suffisante, une conviction de péchés assez profonde. Ce n’est qu’après la conversion que nous apprenons combien nous sommes mauvais en nous-mêmes.

Dieu veut cependant que nous ayons une conviction précise de notre état de perdition. Plus cette connaissance sera profonde, plus notre conversion sera totale ; plus nous comprendrons le jugement que nous méritions, plus la confession de nos péchés sera sincère, et plus profonds seront le repos et la paix que nous éprouverons ensuite. Aussi le Saint Esprit agit-il dans le cœur du pécheur et cherche à placer sa conscience dans la lumière de Dieu, pour l’amener à voir son état de perdition et la somme de ses péchés, et à comprendre un peu quel jugement doit prononcer sur lui un Dieu juste et saint.

Mais ce n’est pas là le cœur de la question. Le facteur décisif était que je regardais à moi et non pas à Dieu. Sa Parole ne me suffisait pas. Après avoir considéré mes péchés et avoir compris que j’avais failli en tout, j’aurais dû prêter l’oreille à la voix de Dieu. La parole de Dieu ne laisse aucun doute à ce sujet : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés ». Je cherchais l’assurance du pardon de mes péchés dans mon cœur et dans ma vie, au lieu de recevoir la parole de Dieu qui assure à celui qui confesse ses péchés qu’ils sont pardonnés.

 

3.2   La justice de Dieu

Dieu ne ressemble pas à un juge de ce monde, au cœur tendre, qui se laisserait fléchir et punirait moins sévèrement celui qui aura éveillé ses compassions, que celui qui n’aura pas su s’y prendre ; car l’amour et la grâce de Dieu ne peuvent jamais s’exercer à l’encontre de sa justice. C’est là ce qu’il y a de merveilleux dans l’évangile : le même Dieu qui exécutera un jour sa justice à l’égard de tous les pécheurs, montre aujourd’hui sa justice en pardonnant et en effaçant tous les péchés de ceux qui viennent à Lui par la foi au Seigneur Jésus. Car la justice de Dieu est révélée dans l’évangile sur le principe de la foi (Rom. 1:17). « Afin de montrer... sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus » (Rom. 3:26).

 

3.3   Justification

En fait, Dieu ne peut agir que justement, qu’en plein accord avec sa justice. Aussi l’homme aurait-il été irrémédiablement perdu, si le Seigneur Jésus n’avait pas accompli l’œuvre de la rédemption à Golgotha. L’amour de Dieu voulait sauver l’homme de la perdition éternelle ; mais c’était impossible, parce que sa justice exigeait la condamnation du pécheur. Et l’amour de Dieu ne peut en aucun cas se manifester en contradiction avec sa justice.

Alors s’est produite cette chose merveilleuse dont il nous est parlé en Hébreux 10, au Psaume 40, etc. La volonté de Dieu était « que tous les hommes soient sauvés » (1 Tim. 2:4). Le Seigneur Jésus devint homme et dit : « Voici, je viens... pour faire, ô Dieu, ta volonté ». Il est allé à la croix et a réglé là pour nous la question du péché. Là, il a été fait péché et le jugement de Dieu sur le péché s’abattit sur Lui ; et par ce jugement, la justice de Dieu a été pleinement satisfaite.

Mais ce n’est pas à cause de Lui-même que le Seigneur a porté ce jugement. Il était le Saint, le Juste, Celui qui n’avait pas connu le péché. Il a porté le péché comme Substitut de tous ceux qui, par la foi, le recevraient comme leur Sauveur.

Et maintenant, Dieu peut dire à tous les pécheurs : « Soyez réconciliés avec Dieu » (2 Cor. 5:20). Non seulement son amour, mais sa justice aussi exigent que tous ceux qui viennent à Lui par la foi au Seigneur Jésus, reçoivent le pardon.

 

3.4   La résurrection, preuve de la justice de Dieu

J’aimerais considérer ce point de vue d’un peu plus près. Le Seigneur Jésus est allé à la croix et a porté là, en son corps, tous les péchés de ceux qui l’ont reçu et le recevront encore (1 Pierre 2:24). Il a aussi été fait péché et, comme tel il a subi le jugement (2 Cor. 5:21 ; Rom. 8:3). « Les gages du péché, c’est la mort » (Rom. 6:23), un état d’éloignement de Dieu (Apoc. 20:14, 15). C’est là ce que le Seigneur Jésus a dû endurer sur la croix. Il a été abandonné de Dieu, pendant ces terribles heures de ténèbres ; et il est mort. Mais, sur la croix, il a pu dire : « C’est accompli ».

Le Seigneur pouvait-il rester dans le tombeau après avoir accompli l’œuvre de la rédemption ? La justice de Dieu, qui avait fait tomber sur Lui le jugement, exigeait maintenant qu’il sorte de la mort. L’œuvre était achevée ; le jugement de Dieu avait eu son plein effet, et la justice de Dieu était pleinement satisfaite. Aussi Dieu l’a ressuscité d’entre les morts (Éph. 1:20). C’est la preuve, aux yeux du monde et pour nous, que Dieu a accepté l’œuvre en substitution du Seigneur Jésus et a été satisfait (Jean 16:8, 10). Si le Seigneur n’était pas ressuscité, cela prouverait que l’œuvre n’était pas encore achevée. Et alors il n’y aurait pas de salut pour nous (1 Cor. 15:17, 18). La résurrection se trouve donc au centre de l’évangile et toute attaque contre cette vérité ruine l’évangile.

Ainsi nous lisons en Romains 4:25: « ... lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification ».

Nous sommes dans l’ère de la grâce. Dieu dit de tous les hommes : « ... tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ». Mais il dit également : « étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus, lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang » (Rom. 3:23-25).

Le message est « envers tous, et sur tous ceux qui croient » (Rom. 3:22). Seuls y ont part ceux qui acceptent le jugement divin qu’ils sont perdus et qui en même temps reçoivent par la foi le Seigneur Jésus.

Le Saint Esprit a donc agi dans votre cœur, vous amenant à reconnaître vos péchés et votre état de perdition. Vous êtes venu à Dieu et avez confessé devant Lui ce que vous êtes et ce que vous avez fait. Dieu a dirigé vos regards sur le Seigneur Jésus ; il vous a dit : « Il est mort pour les pécheurs ; si tu le reçois, je t’impute son œuvre ». Vous avez reçu le Seigneur Jésus. Il vous faut maintenant aussi croire que ce que Dieu dit est vrai et que, par conséquent, vos péchés sont pardonnés. Il ne s’agit pas de ce que vous ressentez, de vos sentiments, mais de ce que Dieu dit. C’est de cela seul que tout dépend. La nuit de la Pâque (Ex. 12), lorsque l’ange destructeur passait par toute l’Égypte, il ne s’arrêtait pas aux maisons sur lesquelles il voyait le sang. Peu importait que le premier-né ou ses proches le voient. Il leur suffisait de faire ce que Dieu avait dit pour que tout soit en ordre ; mais pour avoir la paix, il leur fallait croire qu’ils étaient à l’abri parce que Dieu l’avait dit.

Ce qui est merveilleux en tout cela, c’est que Dieu, lorsqu’il reçoit un pécheur, est glorifié à tous égards. Que sa miséricorde, sa grâce et son amour soient manifestés en cela, c’est évident ; mais ce n’est pas tout. Lorsqu’un pécheur vient à Dieu par la foi au Seigneur Jésus Christ, Dieu lui impute l’œuvre du Seigneur Jésus. Parce que le Seigneur Jésus a subi le plein jugement dû au péché, le pécheur peut dire : Dieu me voit sans un seul péché. Il n’y a pas un seul péché qui doive encore être jugé. Dieu est alors juste, en m’acquittant de tout jugement et en me justifiant. Ainsi la justice de Dieu est glorifiée, mais aussi sa vérité ; car Dieu a dit, dans sa Parole, qu’il voulait sauver le pécheur.

La signification de 1 Jean 1:9 devient alors très claire : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité ».

 

3.5   Dieu savait qui nous étions

Vous dites : « Mais je ne constate aucun changement. Je fais même beaucoup plus de choses mauvaises qu’auparavant ». J’admets sans difficulté que maintenant vous voyez beaucoup plus de péchés en vous qu’auparavant. Il ne peut pas en être autrement, parce que le Saint Esprit vous a ouvert les yeux. Mais Dieu savait déjà ce qu’il en était de vous lorsque vous êtes venu à Lui. Il connaissait votre cœur, votre vie, tous les péchés que vous aviez déjà commis et tous ceux que vous commettriez encore. Il en savait et sait infiniment plus que ce que vous parviendrez à connaître sur cette terre. « La bonté de notre Dieu Sauveur et son amour envers les hommes sont apparus » alors même que nous étions de ceux dont il est dit : « Nous étions, nous aussi, autrefois, insensés, désobéissants, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la malice et dans l’envie, haïssables, nous haïssant l’un l’autre » (Tite 3:3 et 4). « Christ, alors que nous étions encore sans force, au temps convenable, est mort pour des impies... Mais Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5:6, 8 ; 2 Cor. 5:20). « Étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu » (Rom. 5:10).

 

3.6   Nous avons la paix avec Dieu

Ainsi, bien que Dieu ait parfaitement su qui vous étiez, il a donné le Seigneur Jésus, afin que, par la foi en Lui, vous ayez la vie éternelle. Il a dit : Si vous vous approchez de moi par la foi au sang du Seigneur Jésus, vous serez justifié gratuitement (Rom. 3:23-25). Il a dit que si vous veniez ainsi à Lui, il vous acquitterait de tout péché, montrant ainsi sa justice. Cela prouve que depuis que vous êtes venu à Lui, confessant votre culpabilité, il n’a plus rien contre vous. De son côté, tout est en ordre. Avez-vous donc vous-même quelque chose contre Dieu ? Non. Vous êtes venu à Dieu, parce que vous avez reconnu que vous aviez besoin de son pardon.

Pourquoi alors n’avez-vous pas la paix ? Avoir la paix avec Dieu signifie pourtant bien qu’il ne reste plus rien à régler entre Dieu et moi : tout est en ordre. Dieu n’a plus rien contre vous : il vous a justifié parce que vous avez cru au Seigneur Jésus, et vous avez par conséquent part à la rédemption éternelle que le Seigneur a obtenue (Héb. 9:12 ; Rom. 5:1). Et vous n’avez plus rien contre Lui ; vous êtes réconcilié avec Dieu (2 Cor. 5:20). Vous avez donc la paix avec Dieu ! Nous lisons en Romains 5:1: « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu ! »

 

3.7   Mais je n’ai pas la paix !

Et pourtant vous dites : Je n’ai pas la paix ! C’est possible, parce que vous n’avez pas encore accepté que la paix a déjà été faite il y a longtemps. Le Seigneur Jésus a fait la paix. Il est notre paix. Et il nous annonce cette paix (Éph. 2:15, 14, 17). « ... Ayant fait la paix par le sang de sa croix » (Col. 1:20). Dès le moment où vous L’avez reçu, vous avez part à cette paix. Mais pour en jouir, il vous faut croire qu’il en est ainsi. Vous aurez la paix aussitôt que vous croirez que Dieu dit la vérité lorsqu’il affirme que le Seigneur Jésus a fait la paix sur la croix. Vous êtes semblable à ces soldats japonais sur une petite île de l’océan Pacifique qui, cinq ans après la fin de la guerre, vivaient comme s’ils étaient encore en guerre. Ils s’attendaient à des attaques de l’ennemi, etc., comme ils l’avaient fait durant la guerre et pourquoi ? Parce qu’ils croyaient que les hostilités continuaient. La réelle, la profonde raison de votre manque de paix c’est que vous ne recevez pas la parole de Dieu sans réserve. Et cela à votre grand préjudice. Mais plus encore : vous déshonorez grandement Dieu en ne croyant pas sa Parole. « Dieu n’est pas un homme, pour mentir » (Nomb. 23:19).

Dès que vous aurez cru Dieu sur ce point aussi, vous pourrez le remercier de tout ce qu’il vous a donné, de sa grâce magnifique. Et alors, vous éprouverez la paix dans votre cœur — pas avant. L’homme dit : « D’abord voir, ensuite croire ! » Dieu dit : « D’abord croire, ensuite voir ! »

Avec mes meilleures salutations.

Votre ami H. L. H.

 

4                    Délivré de la puissance du péché

Cher ami,

Vous avez donc trouvé le repos de votre conscience dans l’œuvre accomplie de Christ. Vous avez confessé vos péchés devant Dieu et avez cru ce que Dieu a dit du Seigneur Jésus et de son œuvre. Vous savez maintenant que vous ne viendrez pas en jugement et vous pouvez dire : « Son sang m’a lavé de tous mes péchés ! »

Vos paroles ne traduisent cependant pas une grande joie. Vous l’avez peut-être connue, mais en ce moment vous ne l’avez plus. Je n’ai pas besoin de vous demander ce qui est arrivé. Ma propre expérience me le dit et la parole de Dieu le confirme.

Vous êtes déçu de vous-même. Vous pensiez que votre vie serait toute différente maintenant que vous êtes converti et que votre conscience a trouvé la paix. Et vous êtes amené à constater le contraire. Les mêmes mauvaises pensées vous viennent encore à l’esprit. Votre caractère et ses défauts sont les mêmes qu’avant votre conversion. Vous vous fâchez et vous irritez aussi facilement qu’auparavant. Vous vous dites bien que cela ne devrait pas être (et vous avez raison) et que Dieu ne peut pas l’approuver. Vous-même vous ne le voulez pas non plus et vous cherchez à lutter. Mais en vain. Les choses vont de mal en pis. Parfois vous croyez qu’il y a un léger mieux, et voilà que bientôt cela se gâte tout à fait. Vous avez beaucoup prié afin que le Seigneur vous aide à triompher. Mais cela n’a servi à rien. Peut-être avez-vous expérimenté vous aussi ce que m’a dit une fois une croyante : « Plus je prie le matin, plus les choses vont mal pour moi ! »

Je connais cela pour l’avoir moi-même vécu. Les deux premières années qui suivirent celle où je trouvai le repos pour ma conscience, je me sentais si misérable que je n’osais parler à personne de ma conversion. Pendant ces années, plus d’une fois ma mère me dit : « il te faut te convertir ». Et je n’osais pas lui dire que je l’étais déjà. Il me semblait qu’elle ne pourrait pas me croire, en voyant comment je me comportais.

Comment expliquer cela ? Il n’est pourtant pas normal que la vie d’un enfant de Dieu ne soit pas transformée par la conversion ; qu’un croyant, bien qu’il ne le veuille pas, continue à pécher et en soit profondément malheureux.

Il y a deux causes à cet état de choses :

1. Nous ne connaissons ou ne saisissons pas la pleine signification de l’œuvre du Seigneur Jésus, telle que la parole de Dieu nous la révèle.

2. Ou, si nous connaissons quelque chose de cette vérité, nous ne nous l’approprions pas, ne la réalisons pas, parce que nous ne la recevons pas comme telle, simplement parce que la parole de Dieu le dit.

 

4.1   L’état de l’homme

Dans ma dernière lettre, je vous montrais d’après les premiers chapitres de l’épître aux Romains que tous les hommes ont péché et par conséquent sont coupables devant Dieu, mais aussi que tous ceux qui acceptent le Seigneur Jésus reçoivent le pardon de leurs péchés, oui, que Dieu les justifie. Aussi, tous ceux qui sont convertis peuvent dire : « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (Rom. 5:1).

Dieu est pour le coupable et a tout réglé pour lui, afin qu’il puisse être sauvé.

À partir de Romains 5:12, un nouveau sujet est développé. Il n’est plus parlé de nos péchés, c’est-à-dire de nos mauvaises actions, mais de notre état. Pourquoi l’homme ne fait-il rien d’autre que pécher ? Parce que sa nature, son cœur est mauvais. « Le cœur est trompeur par-dessus tout, et incurable ; qui le connaît ? » (Jér. 17:9). « Car du dedans du cœur des hommes, sortent les mauvaises pensées, les adultères, les fornications, les meurtres, les vols, la cupidité, les méchancetés, la fraude, l’impudicité, l’œil méchant, les injures, l’orgueil, la folie », dit le Seigneur Jésus (Marc 7:21). En Tite 3:3 l’apôtre Paul fait un portrait de notre état : « Car nous étions, nous aussi, autrefois, insensés, désobéissants, égarés, asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la malice et dans l’envie, haïssables, nous haïssant l’un l’autre ». Nous n’avons pas ici l’énumération de nos mauvaises actions, mais la description de nos sentiments, de notre état, de notre nature.

 

4.2   À l’image et selon la ressemblance de Dieu

Romains 5:12-21 nous donne à connaître pourquoi nous avons cette nature pécheresse : parce que nous sommes tous des descendants d’Adam.

Adam fut fait à l’image et selon la ressemblance de Dieu (Gen. 1:26 ; 5:1). « À l’image de Dieu » indique la position qu’il reçut dans la création. Comme administrateur de Dieu, il représentait Dieu sur la terre et comme tel, était le chef de la création terrestre. Malgré la chute et la confusion qui en est résultée, en dépit du grand changement qui s’est opéré, Adam — et l’homme en tant que son descendant — reste dans la création l’image de Dieu (1 Cor. 11:7).

« Selon la ressemblance de Dieu », indique la pureté et l’innocence d’Adam. Il y avait entente morale entre le Créateur et sa créature. Malheureusement cela ne dura pas longtemps. Adam transgressa le commandement de Dieu, perdit sa pureté et devint un pécheur coupable. Jamais il n’est dit d’Adam, après la chute, ou de ses descendants qu’ils soient à la ressemblance de Dieu. Cette expression n’est employée qu’en rapport avec ce que Dieu avait fait de l’homme lors de la création (Gen. 1:26 ; 5:1 ; Jacq. 3:9).

 

4.3   À la ressemblance et selon l’image d’Adam

Genèse 5 est très clair sur ce point. Au verset 1 nous lisons que Dieu fit l’homme à sa ressemblance. Mais au verset 3, lorsque Adam engendra un fils, ce fut à sa ressemblance, selon son image ; à la ressemblance d’un pécheur coupable, d’une créature tombée loin de Dieu. Ainsi, tout enfant qui naît est à sa naissance déjà un être pécheur, parce qu’il a la nature de ses parents.

Job a dit : « Qui est-ce qui tirera de l’impur un homme pur ? Pas un ! » (Job 14:4). Et David : « Voici, j’ai été enfanté dans l’iniquité, et dans le péché ma mère m’a conçu » (Ps. 51:5). En Romains 5:12-21, nous trouvons la conclusion tirée de cet état de choses : par la faute d’Adam, plusieurs sont morts, car par la faute d’un seul, la mort a régné (v. 15-17). Les conséquences de la faute d’Adam sont donc envers tous les hommes en condamnation (v. 18) et par la désobéissance d’Adam, tous ses descendants ont été placés dans la position de pécheurs (v. 19). En d’autres termes : l’état de tout homme, à sa naissance, est celui de son premier père, Adam, après la chute : un pécheur attendant la mort, chassé du jardin d’Eden et de la proximité de Dieu.

Il est donc parlé ici de l’état de l’homme et non pas des péchés qu’il a commis. Avant qu’un homme ait commis un seul péché, son état est le suivant : il est un pécheur, qui recevra la mort en jugement. Non pas qu’il soit coupable en naissant ; il ne deviendra coupable que plus tard, par ses actions, par les péchés qu’il commettra. En Apocalypse 20:12 nous voyons que les morts seront jugés selon leurs œuvres et non pas selon leur état. Et pourtant, l’état de l’homme le rend incapable de parvenir au ciel. Dieu ne peut supporter dans sa présence un homme ayant une nature pécheresse. Le Dieu saint doit éloigner à jamais de Lui l’homme possédant une telle nature. Dieu qui est Lumière et en qui il n’y a aucunes ténèbres (1 Jean 1:5), ne peut admettre aucunes ténèbres dans sa présence (Éph. 5:8). Il les jettera dans les ténèbres de dehors : « Là seront les pleurs et les grincements de dents » (Matt. 8:12 ; 22:13). Si donc le Seigneur Jésus n’avait pas accompli l’œuvre de la rédemption, aucun homme n’aurait pu entrer dans le ciel, pas même les enfants morts tout de suite après leur naissance et qui par conséquent n’ont pas commis un seul acte de péché.

 

4.4   Le pardon des péchés n’est pas suffisant !

Il ressort de ce qui vient d’être dit qu’il ne suffit pas d’avoir le pardon des péchés. Si le Seigneur avait porté tous mes péchés sur la croix, mais n’avait rien fait de plus pour moi, je ne serais certes plus jugé à cause de mes péchés et pourtant je serais perdu pour l’éternité. Dieu peut pardonner des péchés, mais il ne peut pas pardonner un mauvais état, une nature mauvaise et pécheresse. Dieu a donné à l’homme toutes les occasions possibles de montrer s’il y avait quelque chose de bon en lui. Ce fut le cas avant le déluge, alors que Dieu n’avait encore donné aucun commandement, aucune interdiction ; après le déluge, lorsque Dieu eut établi l’autorité pour réprimer le mal (Gen. 9:5, 6) ; et ensuite, lorsqu’il mit Israël à part, comme son peuple, lui donna ses commandements et ses ordonnances et, dans sa bonté, consentit à habiter au milieu de lui (Deut. 4:6-8). Puis il leur donna des juges, des prophètes et des rois. Il les éleva sous sa discipline. Finalement, il vint Lui-même, « Dieu... manifesté en chair », en grâce, sur la terre. « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (2 Cor. 5:19). Et que se passa-t-il ? « Il vint chez soi ; et les siens ne l’ont pas reçu » (Jean 1:11). « La lumière luit dans les ténèbres ; et les ténèbres ne l’ont pas comprise » (Jean 1:5). « Les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière » (Jean 3:19). Les hommes étaient tellement mauvais qu’ils allèrent même jusqu’à rejeter Dieu qui se révélait en grâce et à crucifier Jésus, « Dieu... manifesté en chair » (1 Tim. 3:16). La croix a clairement montré que l’homme est entièrement corrompu et mauvais et que Dieu ne peut rien faire d’autre avec lui que de le juger.

C’est pourquoi, en Jean 3, le Seigneur Jésus ne dit pas : « Si quelqu’un n’a pas ses péchés pardonnés, il ne peut voir le royaume de Dieu », mais il dit : « Si quelqu’un n’est né de nouveau.... »

 

4.5   La réponse de Dieu

Romains 5:12-21 nous donne la réponse divine à cette difficulté. Le premier homme, le premier Adam, a transmis la position qui est devenue sienne après sa chute à tous ceux qui appartiennent à sa famille (donc à tous les hommes par la naissance). Alors Dieu a placé sur la terre le Seigneur Jésus, comme le second homme, le dernier Adam (1 Cor. 15:45-47), afin qu’il donne la position qu’il s’est acquise par son œuvre (l’œuvre de la croix), à tous ceux qui sont unis à Lui. Cela nous amène à la question : De quelle sorte est cette position ?

Le Seigneur Jésus « a porté nos péchés en son corps sur le bois », sous le jugement de Dieu (1 Pierre 2:24). Mais ce n’est pas tout. Romains 8:3 dit que « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour le péché, a condamné le péché dans la chair ». Et en 2 Corinthiens 5:21, nous lisons : « Celui qui n’a pas connu le péché, il l’a fait péché pour nous, afin que nous devinssions justice de Dieu en lui ».

Ces deux passages ne nous parlent pas de nos péchés, de nos mauvaises actions, mais du péché, du principe du mal, de la source du péché, de notre mauvaise nature. Romains 8:3 parle de « chair de péché » et du « péché dans la chair ». Notre mauvaise nature est définie par ces expressions en Romains 5-8.

Dans ces passages, nous voyons donc que Dieu a fait le Seigneur Jésus péché, quand il était sur la croix. Là le Seigneur a non seulement porté nos péchés, il eut à prendre la place de notre nature pécheresse. Dieu a jugé celui qui n’avait pas connu le péché, comme s’il avait été un homme pécheur ayant une nature pécheresse. Dieu a jugé à la fois la nature pécheresse de l’homme et ses péchés (ses actions mauvaises) et le jugement des deux s’est abattu sur le Seigneur Jésus. Ainsi le Seigneur est mort et a été enseveli.

 

4.6   Le dernier Adam

Mais la puissance de Dieu l’a ressuscité d’entre les morts (Éph. 1:20), prouvant ainsi que sa justice est pleinement satisfaite, en ce qui concerne tant nos péchés que notre mauvaise nature. Le Seigneur Jésus est ressuscité et le jugement est passé. Il se tient maintenant devant Dieu dans une nouvelle position : comme Celui qui a parfaitement enduré le jugement sur les péchés et sur le péché, mais qui a été ressuscité par Dieu, comme preuve qu’il avait pleinement satisfait au jugement divin ; et maintenant, il vit une vie de résurrection. Voilà la position du Seigneur Jésus, comme le second homme, le dernier Adam, depuis qu’il est devenu chef de la nouvelle famille, la famille de Dieu.

Romains 5:12-21 nous dit que tous ceux qui sont identifiés avec Lui partagent cette position avec Lui. « La grâce de Dieu et le don ont abondé envers plusieurs, par la grâce qui est d’un seul homme, Jésus Christ » (v. 15). « Le don de grâce [vient] de plusieurs fautes, en justification » (v. 16). « Beaucoup plutôt ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils en vie par un seul, Jésus Christ » (v. 17). L’œuvre du Seigneur Jésus est suffisante pour la « justification de vie » et par son obéissance, nous avons été « constitués justes » (v. 18-19). La grâce règne « par la justice pour la vie éternelle » (v. 21). « Si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection » (Rom. 6:5). Éphésiens 2:6 va plus loin encore. Dieu nous a vivifiés ensemble avec le Christ, et nous a ressuscités ensemble, et nous a fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus.

Nous savons donc que l’œuvre du Seigneur Jésus signifie davantage pour nous que le seul pardon des péchés. Lorsqu’un pécheur vient à Dieu en confessant ses péchés, et dans la foi au Seigneur Jésus, Dieu lui donne une place dans la famille de Dieu ; il appartient au Seigneur Jésus. L’œuvre tout entière du Seigneur Jésus lui est imputée. Cela veut dire : le châtiment de ses péchés (actions pécheresses) a été porté sur la croix ; et par conséquent ceux-ci sont expiés. Mais sa nature pécheresse a aussi été jugée et est morte dans la mort du Seigneur Jésus, à la croix. Maintenant il participe de la vie de résurrection du Seigneur Jésus ; le dernier Adam (« un esprit vivifiant » : 1 Cor. 15:45 ) a soufflé en lui et lui a donné sa propre vie de résurrection (Jean 20:22). Il possède la vie éternelle, le Seigneur Jésus Lui-même comme sa vie (Jean 3:15, 16 ; 1 Jean 1:1, 2 ; 5:11-13, 20).

 

4.7   Mort avec Christ

Celui qui a compris cela ne cherche plus à s’améliorer. Il comprend qu’il ne peut pas améliorer ce que Dieu a déclaré irrémédiablement perdu. Mais il sait encore que, sur la croix, Dieu l’a fait mourir dans le Seigneur Jésus ; c’est ce qu’exprime le baptême. Il a été baptisé pour la mort du Seigneur Jésus, a été enseveli avec Lui par le baptême, pour la mort (Rom. 6:3, 4). (Cette vérité n’est-elle pas amoindrie, lorsque le baptême est administré par aspersion, et non par immersion ?) Il sait que Dieu ne le voit que dans sa nouvelle vie, une vie qui ne veut ni ne peut pécher. Et il se voit, lui aussi, tel : il se tient lui-même pour mort au péché, mais pour vivant à Dieu dans le Christ Jésus (Rom. 6:11). Il ne peut combattre contre le péché en lui, nulle part nous ne lisons que le chrétien ait à le faire ; au contraire, il doit se tenir pour mort au péché. (À noter ici que Hébreux 12:4 ne parle pas du péché demeurant en nous, mais du péché dans le monde qui nous est hostile). Certes, le péché qui se trouve en lui voudra se manifester. Il voudra montrer qu’il vit encore, mais le chrétien ne doit pas le permettre. Il ne doit pas lui prêter attention, mais il doit regarder au Seigneur Jésus. Lorsque le péché agit dans mon cœur et veut attirer mon attention sur lui, je ne dois pas prêter l’oreille, mais il me faut diriger mes pensées sur le Seigneur. Je ne penserai alors plus au péché. C’est lorsque nous fixons nos regards sur le Seigneur Jésus que la vie nouvelle peut se manifester en nous : « Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18).

Si je fais ainsi, le Saint Esprit qui habite en moi se charge du combat contre la chair (la nature pécheresse) (Gal. 5:17). Ce n’est pas à nous de lutter. « Tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus » (Rom. 6:11).

 

4.8   Expérience

Comment se fait-il alors que, comme je l’ai écrit au début de cette lettre, tant de croyants soupirent sous la puissance du péché ? Et qu’il n’y ait pas un seul croyant qui ne connaisse, de par sa propre expérience, cet état et le combat qui s’y rattache ? Je ne dis pas que ce combat doive durer pendant toute la vie du croyant. Le Seigneur en soit béni, il n’en est pas ainsi. Le Seigneur Jésus a vaincu Satan et le péché. Ainsi tous ceux qui ont leur part en Lui peuvent se tenir dans la liberté (Gal. 5:1, 13, 16) et vivre une vie de vainqueur (Rom. 8:1-4). Tous ceux qui réalisent pratiquement la position de Romains 8:1-11 sont délivrés de la puissance de Satan, du péché et de la mort. Le fruit de l’Esprit est trouvé en eux (Gal. 5:22) et la juste exigence de la loi sera accomplie en eux (Rom. 8:4).

Mais chacun connaît cette lutte, car ce n’est que par l’expérience que nous pouvons connaître l’affranchissement.

Lorsque quelqu’un se convertit, il voit ses péchés et en est occupé, parce que le jugement de Dieu est devant lui. Il reçoit la vie nouvelle et a une volonté renouvelée qui désire servir Dieu. Il recherche la volonté de Dieu et veut l’accomplir, comme une loi. Mais de cette manière il n’apprend qu’à connaître sa nature pécheresse, son état. Romains 7 nous décrit cette expérience.

Dans les quatre premiers versets, nous avons la doctrine, la position. Nous sommes morts quant à la loi et sommes unis à un autre, à Christ ressuscité. Les versets 5 et 6 introduisent l’expérience. La première constatation, c’est que la loi n’a aucune force. Elle est sainte, juste et bonne. Elle était « pour la vie », car « celui qui aura fait ces choses vivra ». Par expérience, cependant, je sais qu’elle m’apporte la mort, car, par le commandement, la convoitise est suscitée dans mon cœur ; or, la loi m’interdit de convoiter. Cela m’amène à la vraie connaissance de ma nature : « Je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien » (v. 18). Toutefois le fait que je veux le bien, mais que je pratique le mal que je hais (v. 15) me conduit à faire une différence entre le moi, ce moi qui veut pratiquer le bien, oui, qui prend plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur (v. 22) et la puissance en moi, le péché, qui fait que je pratique pourtant le mal (v. 20). J’en arrive alors à reconnaître que je suis captif du péché qui habite en moi. Je pèche : c’est une « loi du péché », une règle inflexible et je suis impuissant à cet égard. Je suis prisonnier de cette loi.

Le Saint Esprit m’amène alors à faire la terrible découverte de mon état désespéré, et je m’écrie : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? » (v. 24). Mais la parole de Dieu nous donne la réponse au verset 25: « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ».

 

4.9   Affranchissement

Je suis délivré de ce corps de mort ! Il a été condamné à la croix, en Christ (v. 3). « Je ne vis plus, moi, mais Christ vit en moi » (Gal. 2:20). Je suis « en Christ », dans la position même qu’il a prise après la résurrection. Il n’y a donc aucune condamnation pour moi (Rom. 8:1). Le Saint Esprit a produit en moi une nouvelle vie, qui ne pèche pas, plus encore, qui ne peut pas pécher, mais qui est en plein accord avec Celui qui l’a donnée (Jean 3:5, 6). De plus, le Saint Esprit habite en moi et il est la puissance qui permet à la nouvelle vie d’agir selon sa nature (1 Cor. 6:14 ; Jean 4:14 ; 7:38-39). C’est Lui également qui se charge du combat contre la chair (Gal. 5:17). Ainsi la loi (règle immuable) de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a affranchi de la loi du péché et de la mort (Rom. 8:2 ; comp. 7:23). Je ne suis plus dans la chair (dans la vieille nature), mais dans l’Esprit. Ma position sera donc caractérisée par la possession de la vie produite en moi par le Saint Esprit à la nouvelle naissance (Jean 3) et par l’habitation en moi du Saint Esprit Lui-même (Rom. 8:9). Cela implique que j’appartiens à Christ, donc que je suis un chrétien.

L’état normal du croyant c’est d’être libre — affranchi de Satan, du péché et de la mort ; affranchi pour servir Dieu — libre pour jouir d’une communion ininterrompue avec Dieu et avoir une joie parfaite (1 Jean 1:3, 4).

Veuille le Seigneur vous accorder, et m’accorder à moi aussi d’être toujours dans cet état normal.

Avec mes affectueuses salutations,

votre frère attaché dans le Seigneur Jésus

H.L.H.

 

5                    Élection et Prédestination : Que dit l’Écriture ?

5.1   Dieu a-t-il prédestiné des hommes à la perdition ?

Chers amis,

Vous avez été quelque peu troublés parce que quelqu’un a dit devant vous qu’on ne peut pas savoir, ici-bas sur la terre, si l’on est sauvé, parce qu’on ne sait pas si l’on est élu.

Vous auriez pu répondre très simplement par la Bible. La parole de Dieu dit : « Afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:16). Si donc Dieu dit la vérité, nous pouvons être assurés de notre salut. Personne ne niera que la parole de Dieu dit la vérité. J’ai demandé une fois à quelqu’un qui se posait la même question s’il croyait peut-être que l’apôtre Paul avait été auprès de Dieu et avait consulté le livre de ses conseils. Naturellement, il me répondit non. Je demandai alors : Comment donc peut-il écrire aux Thessaloniciens : « Sachant, frères aimés de Dieu, votre élection » ; et comment peut-il, dans toutes ses épîtres, nommer ceux auxquels il écrit saints ? Mon interlocuteur ne trouva pas de réponse, mais le jour suivant, il vint vers moi et me dit : « Maintenant moi aussi je sais que je suis sauvé ». En fait, la parole de Dieu parle très clairement d’une élection. Quel enfant de Dieu n’a-t-il encore jamais lu avec respect des passages comme Éphésiens 1:4, 5 ; Romains 8:29, 30 ; 1 Pierre 1:2 etc., et adoré ensuite son Dieu de lui avoir accordé une telle grâce ?

 

5.1.1       Prédestination

L’homme malheureusement ne s’en est pas tenu à ce que la parole de Dieu dit, mais s’est permis de pousser ses raisonnements plus loin pour tirer ce qu’il appelle des conclusions logiques. Le résultat s’est manifesté dans des déclarations qui sont en opposition avec la parole de Dieu et qui en réalité jettent du déshonneur sur son nom. La doctrine de la prédestination de tous les hommes est une caricature de l’image glorieuse que nous donne la parole de Dieu de l’élection.

Selon cette doctrine de la prédestination, Dieu aurait choisi quelques-uns pour le salut éternel, mais il aurait décidé, quant aux autres, de les rejeter ; cet enseignement se fonde sur Romains 9:8-23. Lisons ce passage et considérons-le.

 

5.1.2       La grâce n’est pas limitée aux Juifs

Dans les huit premiers chapitres de l’épître aux Romains, nous avons la description de la condition de l’homme et la réponse que Dieu y donne. L’homme est irrémédiablement perdu : « Il n’y a pas de différence, car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu — étant justifiés gratuitement par sa grâce » (Rom. 3:23, 24). Tous sont sauvés uniquement par la grâce, et cela n’est pas limité uniquement aux Juifs : la grâce est aussi envers les nations — ceux qui ne sont pas Juifs.

Mais les Juifs ne voulaient pas de cela. Ils avaient une place privilégiée et entendaient la conserver. Aussi leur grande inimitié se manifesta-t-elle plus particulièrement lorsque cet évangile fut annoncé aux païens ; voir par exemple : Actes 13:45-50 ; 15:1 ; 17:5 et 28:25-29.

Dans les chapitres 9 à 11 de l’épître aux Romains, l’apôtre s’occupe de la question suivante : comment concilier la position commune des Juifs et des païens, en ce qui concerne l’Évangile, avec la position particulière que les Juifs avaient reçue de Dieu ?

 

5.1.3       La semence d’Abraham

La première chose dont se réclamaient les Juifs c’était d’être la semence d’Abraham. « Bien », dit l’apôtre, « mais alors il vous faut aussi reconnaître Ismaël, car lui aussi était un fils d’Abraham ». Et même si l’on peut objecter que la mère d’Ismaël n’était qu’une esclave dont descendent les Arabes, il y a encore Ésaü. Jacob et Ésaü avaient un même père et une même mère et ils étaient jumeaux. Pourtant Ésaü, bien qu’étant l’aîné, ne fut pas l’ancêtre du peuple de Dieu. Non pas parce que Jacob était meilleur. Déjà avant leur naissance Dieu avait dit que le plus grand serait asservi au plus petit.

Ce n’était donc pas par droit que les Juifs avaient cette position privilégiée, mais en vertu de la libre puissance et de la libre grâce de Dieu. S’ils voulaient faire appel à leur droit, ils devaient alors aussi reconnaître les Arabes et les Édomites comme peuple de Dieu, et c’est précisément ce qu’ils ne voulaient pas. Mais s’ils n’étaient le peuple de Dieu qu’en vertu de l’œuvre de libre grâce et libre puissance de Dieu, est-ce que Dieu n’avait pas le droit d’étendre la bénédiction à d’autres aussi ?

Nous voyons donc qu’il ne s’agit pas, ici, d’une élection ou d’un rejet pour l’éternité, mais exclusivement d’une position privilégiée sur la terre.

 

5.1.4       J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü

Ces paroles de Romains 9:13 sont spécialement utilisées pour appuyer la doctrine du rejet. Mais c’est confondre les versets 12 et 13. Ce que nous lisons au verset 12, Dieu l’avait effectivement dit alors que les enfants n’étaient pas encore nés, mais non pas avant la fondation du monde, comme cela est dit de nous en Éphésiens 1:4.

Il s’agit ici d’une position terrestre, et Dieu prononça ces paroles peu avant la naissance des enfants (v. 10). Tandis que le verset 13 est une citation de Malachie 1:2, 3. C’est une déclaration que Dieu a faite à peu près 1400 ans après la mort de Jacob et d’Ésaü, une fois donc qu’il connaissait leur vie et la vie de leurs descendants. En Hébreux 12:16, 17 il est parlé d’Ésaü comme d’un fornicateur et d’un profane, qui pour un seul mets vendit son droit de premier-né et ne trouva pas lieu à la repentance. Est-il étonnant que Dieu dise d’un tel homme qu’il le hait : « Tu hais tous les ouvriers d’iniquité » (Ps. 5:5) ?

Nous en venons ensuite au verset 15. « Je ferai miséricorde à celui à qui je fais miséricorde, et j’aurai compassion de qui j’ai compassion ». C’est une citation d’Exode 33:19. Le peuple avait érigé le veau d’or et rejeté Dieu (Ex. 32:4). Il avait mérité le jugement (Ex. 32:10) ; mais Moïse pria pour lui. Dieu manifeste alors de nouveau sa grâce et épargne le peuple. Ces paroles donnent la preuve que Dieu se réserve le droit de déployer sa grâce alors même que le jugement est mérité. Qu’Israël fût le peuple de Dieu ne reposait donc que sur la grâce. Comment alors ce passage peut-il servir d’appui à la doctrine du rejet ? Le verset 15 établit fermement le principe de la grâce. Là où tous ont mérité le jugement, seule la miséricorde de Dieu peut encore indiquer une issue. À quoi servirait-il à un homme de ne plus pécher à partir d’aujourd’hui (si même il le pouvait !) ? Il n’en devrait pas moins subir le jugement pour les péchés commis jusqu’à ce moment-là.

 

5.1.5       Dieu endurcit certains hommes !

Le verset 17 est une citation d’Exode 9:16. Dieu dit au Pharaon qu’il endurcirait son cœur, afin de montrer en lui toute sa puissance. Mais il nous faut d’abord lire ce qui précède. En Exode 5:2 le Pharaon dit : « Qui est l’Éternel pour que j’écoute sa voix et que je laisse aller Israël ? » Et il fait peser le service sur le peuple (5:17). Malgré tous les signes et les jugements que Dieu envoya, il ne voulut pas se soumettre à la volonté de l’Éternel. C’est alors seulement que Dieu dit : Maintenant j’endurcirai ton cœur afin que tout le poids de mon jugement tombe sur toi.

L’Éternel, il est vrai, avait dit d’avance qu’il le ferait (Ex. 4:21), car il savait d’avance que le Pharaon n’obéirait pas. Il connaissait le cœur du Pharaon (3:19). Mais ce n’est qu’après avoir parlé plusieurs fois au Pharaon et avoir envoyé de nombreux signes et plaies, et après que le Pharaon eut chaque fois refusé de laisser aller le peuple, et bien plus, n’eut pas tenu sa parole d’innombrables fois, que l’Éternel endurcit son cœur (9:12). Et alors il lui adressa les paroles rapportées en Romains 9:17.

Que Dieu endurcisse parfois un cœur est une vérité très sérieuse. Il l’a fait pour le Pharaon. Il le fait quelquefois aujourd’hui encore. Et tout de suite après l’enlèvement de l’Assemblée, il le fera pour tous ceux qui ont entendu l’Évangile, mais ne l’ont pas reçu (2 Thess. 2:11). Cependant Dieu ne le fait jamais avant d’avoir donné à l’homme l’occasion de se convertir (Job 33:14-30). C’est quelque chose de bien différent de ce qu’enseigne la doctrine du rejet.

 

5.1.6       Dieu est libre d’agir comme il le veut

En Romains 9:19-21, la question est traitée d’une manière tout à fait générale. Dieu n’a-t-il pas le droit de faire avec sa créature ce qu’il veut ? Si Dieu voulait faire d’un homme un vase à honneur et d’un autre un vase à déshonneur, n’en a-t-il pas le droit ? Est-ce qu’une créature peut demander des comptes au Créateur ? Dieu, comme Créateur, a parfaitement le droit de faire ce qu’il veut de ses créatures. Il a le droit de gracier l’un et de destiner l’autre à la perdition éternelle. Mais Dieu n’a pas fait usage de ce dernier droit. Il est lumière et amour et il n’agit jamais en contradiction avec Lui-même.

Le verset 21 parle précisément de cela. C’est une allusion à Jérémie 19. Là, Dieu mentionne son droit de faire ce qu’il veut d’Israël. Le potier fait de l’argile un vase ; mais si le vase est gâté, il en fait un autre vase.

« Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant : Ne puis-je pas faire de vous comme fait ce potier, ô maison d’Israël ? dit l’Éternel. Voici, comme est l’argile dans la main du potier, ainsi êtes-vous, ô maison d’Israël ! » (Jér. 18:5, 6.)

Mais comment Dieu a-t-il fait usage de ce droit ? « Au moment où je parle au sujet d’une nation et au sujet d’un royaume, pour arracher, pour démolir, et pour détruire, si cette nation au sujet de laquelle j’ai parlé se détourne du mal qu’elle a fait, je me repentirai du mal que je pensais lui faire. Et au moment où je parle d’une nation et d’un royaume, pour bâtir et pour planter, si elle fait ce qui est mauvais à mes yeux, pour ne pas écouter ma voix, je me repentirai du bien que j’avais dit vouloir lui faire » (Jér. 18:7-10).

Si quelqu’un se détourne du mal, Dieu se repentira du jugement qu’il pensait faire tomber sur lui et agira en grâce.

Voilà comment Dieu fait usage de son libre pouvoir illimité, de sa souveraineté.

 

5.1.7       Les vases de colère tout préparés pour la destruction

C’est ce qu’enseignent les versets 22 et 23 de Romains 9, bien qu’ils soient souvent employés pour appuyer la doctrine du rejet. En réalité ils fournissent une preuve inébranlable contre cet enseignement.

Le verset 22 parle de « vases de colère, tout préparés pour la destruction ». Qui les a préparés ? Ce n’est pas dit ici. Mais d’après le contexte, il est très clair que ce n’est pas Dieu. Pourrait-on dire que Dieu les a supportés avec une grande patience, s’il les a Lui-même préparés pour la destruction ? Remarquez aussi ici la différence avec le verset 23, où il est bien indiqué que Dieu a préparé d’avance les vases de miséricorde. Il est clair que les vases de colère se sont préparés eux-mêmes : « Selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu » (Rom. 2:5).

 

5.1.8       La parole de Dieu ne connaît pas la prédestination à la perdition

Non, il n’y a pas la moindre preuve dans l’Écriture que Dieu aurait décidé la perdition pour certains, qu’il aurait déterminé que certains hommes seraient perdus pour l’éternité. Au contraire, une telle assertion est en contradiction avec la révélation que Dieu a donnée de Lui-même dans sa Parole.

Est-ce que « notre Dieu sauveur, qui veut que tous les hommes soient sauvés », et qui a donné son Fils unique, Jésus Christ, « en rançon pour tous », afin que tous puissent l’être, a destiné une partie de ces tous à ne pas y avoir part, mais à être perdus pour l’éternité ? Pensons seulement à des passages tels que Jean 3:16 ; Romains 3:22 et 1 Jean 2:2, et il y en a de nombreux autres.

Non, Dieu soit béni, il y a une élection, destinant de pauvres pécheurs à la gloire ; mais jamais la parole de Dieu ne parle d’une élection pour la perdition. Au contraire, la parole de Dieu dit : « Que celui qui veut prenne gratuitement de l’eau de la vie » (Apoc. 22:17), et « notre Dieu Sauveur... veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité » (l Tim. 2:4).

Et si nous n’arrivons pas à concilier ces deux choses : l’élection d’une partie, et l’invitation à venir adressée à tous, souvenons-nous que les pensées de Dieu sont élevées au-dessus de nos pensées (És. 55:9). Quel homme oserait prétendre être à même, par sa raison, de comprendre ou même de juger la sagesse et les voies de Dieu ? La foi reçoit ce qu’Abraham exprimait déjà : « Le juge de toute la terre ne fera-t-il pas ce qui est juste ? » (Gen. 18:25).

Avec mes affectueuses salutations.

Votre frère attaché dans le Seigneur Jésus

H. L. H.

 

5.2   L’Élection : Comment puis-je savoir si je suis élu ?

Maintenant se pose la question : Comment puis-je savoir si je suis élu ?

Remarquons tout d’abord que la parole de Dieu ne parle jamais de l’élection aux incrédules. L’Écriture présente aux inconvertis leur état de perdition et le jugement de Dieu, mais aussi l’appel de Dieu à la repentance et cela en plaçant devant eux le Seigneur Jésus et son œuvre ; afin qu’ils viennent à croire.

Lorsqu’ils sont convertis et croient au Seigneur Jésus, il leur est dit qu’ils sont élus. Comment peuvent-ils le savoir ? 1 Thessaloniciens 1:4-6 donne la réponse. L’apôtre écrit : « Sachant, frères aimés de Dieu, votre élection ». Puis il en donne la raison : « Car notre évangile n’est pas venu à vous en parole seulement, mais aussi en puissance, et dans l’Esprit Saint, et dans une grande plénitude d’assurance, ainsi que vous savez quels nous avons été parmi vous pour l’amour de vous. Et vous êtes devenus nos imitateurs et ceux du Seigneur, ayant reçu la parole, accompagnée de grandes tribulations, avec la joie de l’Esprit Saint ». Ils avaient reçu la Parole, et c’était là la preuve. Celui qui accepte l’Évangile, et qui obtient ainsi la paix avec Dieu, a la preuve de son élection.

 

5.2.1       Que dit l’Écriture de l’élection ?

Bien que de nombreux passages de la parole de Dieu parlent de l’élection (par exemple : 1 Pierre 1:2 ; 2 Tim. 1:9 ; Tite 1:2, etc.), nous trouvons la doctrine principalement en Romains 8:28-30 et en Éphésiens 1:3-14.

En Romains 8:29 et 30 nous lisons : « Car ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères. Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés ».

La première chose donc, c’est que Dieu a préconnu des personnes. Il n’est pas dit ici que Dieu ait connu leur état, leur manière de vivre, si elles se convertiraient, etc. ; non, il connaissait les individus. Éphésiens 1:4 nous dit que cette préconnaissance était d’ » avant » la fondation du monde, donc de toute éternité.

Ces personnes — pas une de moins — il les a prédestinées à être conformes à l’image de son Fils. Nous avons donc là l’élection. Avant que nous naissions, avant qu’Adam fût créé, oui, avant même la création du ciel et de la terre, dont nous parle Genèse 1:1, Dieu a pensé à nous et a décidé, dans ses conseils, que nous devions être conformes à l’image de son Fils. De Christ, la parole de Dieu dit : « qui est l’image du Dieu invisible » (Col. 1:15). Ici, nous lisons que nous serons conformes à son image. Il faut qu’il soit premier-né entre plusieurs frères. Et cependant, bien qu’il prenne la première place, nous lui serons semblables.

Nous ne voyons pas ici, évidemment, le Seigneur comme Fils éternel. Comme tel, il est le Dieu éternel, et il l’est Lui seul. Dans ce passage il est parlé de Lui comme du Fils de Dieu né sur la terre, de Celui qui a accompli l’œuvre de la croix et en qui tous les conseils de Dieu seront accomplis (Col. 1:19-21 ; Éph. 1:10, 20-23).

La source de nos bénédictions est mise ici en rapport avec le résultat final — l’éternité avant la création du ciel et de la terre avec l’éternité après la dissolution du ciel et de la terre ; le conseil du cœur de Dieu avec son parfait accomplissement, tel qu’il est présenté en 1 Jean 3:2: « Nous savons que quand Il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ». Nous serons manifestés comme fils de la résurrection (Luc 20:36), comme fils de Dieu, lorsqu’il « transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire » (Phil. 3:21).

 

5.2.2       Appelés, justifiés et glorifiés

Au verset 30, nous trouvons le lien entre les conseils de Dieu et le temps actuel. À notre naissance déjà nous tournions le dos à Dieu : nous étions pécheurs. Mais Dieu nous a appelés. Il ne s’agit pas ici d’un appel général de Dieu, ordonnant à tous les hommes de se repentir. Nous avons dans ce passage l’acte en création de Dieu, « qui... appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient » (Rom. 4:17). Ceux donc qu’il a appelés, il les a aussi justifiés.

Tout est vu ici du côté de Dieu et selon son conseil. Lorsque l’épître aux Romains fut écrite, tous les élus n’étaient pas encore effectivement appelés.

En fait, un très petit nombre seulement l’a été, car ici il est question de l’élection avant la fondation du monde, et il n’en est parlé qu’à l’Assemblée. Israël, de même que les croyants après l’enlèvement de l’Assemblée, sont élus dès la fondation du monde (Apoc. 13:8 ; 17:8 ; Matt. 25:34).

Maintenant tous ne sont en fait pas encore appelés. Ce ne sera le cas que peu avant l’enlèvement de l’Assemblée, car alors elle sera complète. Mais dans le conseil de Dieu, il est fermement établi qu’il en sera ainsi. Et c’est pourquoi dans le langage prophétique il en est parlé comme si c’était déjà accompli. Même la glorification est présentée comme déjà accomplie, bien que Romains 5:2 nomme la gloire de Dieu une espérance, et que le chapitre 8:11 dise que nos corps mortels doivent encore être vivifiés. Mais tout est fermement établi. Tout ce qui est nécessaire pour nous donner la position qui sera nôtre en vertu de l’élection de la grâce de Dieu sera accompli par Lui, sans que nous y participions en aucune manière. C’est là notre sûreté.

 

5.2.3       Notre Dieu et notre Père

Éphésiens 1 nous donne plus de détails. Au verset 3, Dieu est appelé « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ ». Comme homme, le Seigneur Jésus parle de « mon Dieu » (par exemple, Matt. 27:46). En tant que Fils de Dieu, Dieu est son Père (Jean 17:1 ; 5:17, 18 ; etc.). Après la résurrection, le Seigneur amène les siens dans cette même relation avec Dieu. « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20:17). Il y avait certes, et il y a une différence. Il ne dit pas « notre » Père et « notre » Dieu. Il reste le premier-né entre plusieurs frères. Et cependant, Dieu est devenu notre Dieu et notre Père dans le Seigneur Jésus.

En Éphésiens 1:4, 5, la position que nous avons reçue par élection porte le même caractère. Au verset 4 nous trouvons notre place devant Dieu comme Dieu ; au verset 5, notre place devant Dieu comme Père. Nous sommes élus en Christ pour pouvoir posséder cette position en perfection. Christ la possède en vertu de sa gloire personnelle et par ses droits personnels. Nous la recevons en Lui.

 

5.2.4       Saints et irréprochables devant Lui en amour

Le verset 4 dit : « Selon qu’il (Dieu) nous a élus en lui (Christ) avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et irréprochables devant Lui en amour ».

Ici, la nature divine est placée devant nous. Dieu est saint quant à son Être, irréprochable dans ses actes, et sa nature est amour (l Jean 1:5 et 4:8, 16). S’il voulait nous avoir dans sa présence, il fallait que nous correspondions à sa nature. Comment des hommes souillés par le péché pourraient-ils se tenir devant Dieu, devant Celui qui est trop saint pour voir le péché, et qui un jour jettera tout ce qui a à faire avec le péché dans l’étang de feu ? Aussi nous a-t-il élus pour que nous répondions à sa propre nature. Mais non seulement cela, nous devons et pouvons partager les sentiments de son cœur, les pensées d’un Dieu qui est amour. C’est pourquoi il est dit : « devant Lui en amour ».

Lorsque nous serons auprès de Lui, nous serons ainsi « saints et irréprochables devant Lui en amour ». Tout ce qui en nous rappelle encore le péché sera alors ôté ; toutes les faiblesses, les infirmités, les péchés. Nous n’aurons plus la chair en nous. Mais Dieu nous voit maintenant déjà ainsi. Il ne nous voit que dans notre nouvelle vie, celle que le Seigneur Jésus nous a donnée. « Créés dans le Christ Jésus pour les bonnes œuvres que Dieu a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles » (Éph. 2:10). « Car, par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10:14). « ... Comme il est, lui, nous sommes, nous aussi, dans ce monde » (1 Jean 4:17). Quelle grâce pour nous, par nature pauvres créatures pécheresses !

 

5.2.5       Pour nous adopter pour Lui

Mais ce n’est pas tout. Nous aurions pu recevoir tout ce dont il vient d’être parlé, et n’être placés devant Dieu que comme esclaves. Les anges aussi doivent correspondre à la gloire et à la sainteté de Dieu. Mais : « ... nous ayant prédestinés pour nous adopter pour lui par Jésus Christ » (v. 5). Nous avons ici une relation précise : la relation d’un père avec ses enfants et d’enfants avec leur père. Le Fils de Dieu, après sa résurrection, en vertu de son œuvre à la croix, nous a introduits dans sa propre position : il a fait de nous des enfants de Dieu. Ici, en Éphésiens 1, nous voyons que Dieu nous avait prédestinés à cela déjà avant la fondation du monde. Déjà alors Dieu avait décidé que nous devions avoir cette position. Et quels motifs avait-il pour le faire ? C’était : « selon le bon plaisir de sa volonté ». Seul son amour est à l’origine de toutes ces bénédictions.

 

5.2.6       Le christianisme a un caractère éternel

Mais il y a une conclusion encore plus importante à tirer de ces versets : Il nous a élus « en lui (Christ) avant la fondation du monde ». Cette élection est en dehors du temps, elle remonte avant que le temps n’ait commencé, et elle est pour l’éternité et non pas pour cette terre. Le verset 3 parle ensuite aussi de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes. Israël est le peuple choisi pour cette terre (Ex. 19:5 ; Lév. 25:2 et 23 ; Deut. 7:6). Mais en Matthieu 25:34 et suivants il est dit aux brebis également : « ... héritez du royaume qui vous est préparé dès la fondation du monde ». Ce sont donc des bénédictions terrestres (le royaume), et elles sont ainsi en relation avec « le temps » (dès la fondation du monde).

Cela fait ressortir la position spéciale qui est la nôtre. Nous appartenons à un système (le christianisme) et à un corps (l’Assemblée), qui sont en dehors du temps. Leur origine est avant la fondation du monde, lorsque Dieu les établit en Christ. Ils ne sont pas de ce monde (Jean 17:14 etc.) et subsisteront après que la figure de ce monde aura passé. Ils ont un caractère spirituel, éternel. Cela nous donne une intelligence claire du caractère du christianisme.

Aussi, dans les versets 3-5, n’est-il pas parlé de la responsabilité et de ses conséquences ; tout cela ayant commencé seulement après qu’Adam eut été créé et placé dans le jardin d’Eden, et devant prendre fin après le jugement devant le grand trône blanc (Apoc. 20).

Dans le jardin d’Eden, il y avait deux arbres : l’arbre de la connaissance du bien et du mal, qui parlait du principe de la responsabilité : « car, au jour que tu en mangeras, tu mourras certainement », et l’arbre de vie qui parle du principe de la vie. Adam avait mangé du fruit du premier arbre, et il ne pouvait plus manger du second, car il reçut, en punition, la mort.

À la croix, nous trouvons les deux arbres réunis. Le Seigneur Jésus prit sur Lui les conséquences de la responsabilité pour tous ceux qui croient, et, en tant que ressuscité, il leur donna en retour la vie. Il est l’arbre de vie.

Mais tout ce qui concerne la responsabilité a pris place « dans le temps », sur cette terre, et ne fait en aucune manière partie des conseils éternels de Dieu. Mais cela était nécessaire, c’est pourquoi l’élection eut lieu « en lui », en Christ, et tout le propos et le conseil de Dieu furent révélés après la croix, lorsque le dernier Adam fut devenu le chef de la nouvelle création, de la famille de Dieu. Quelle chose merveilleuse que de contempler la profondeur des pensées de Dieu et d’admirer leur sagesse ! Et nous pouvons aussi nous souvenir que nous étions les objets de ces pensées.

Avec mes affectueuses salutations.

Votre frère attaché dans l’amour de Dieu.

H. L. H.

 

6                    Christ, notre Souverain Sacrificateur

Chers amis,

Lorsque quelqu’un est parvenu à la connaissance de ce qu’un croyant possède, savoir :

·       que ses péchés sont pardonnés et qu’il a la paix avec Dieu,

·       qu’il a reçu par la nouvelle naissance une vie nouvelle, une nouvelle nature, une vie divine qui ne peut pas pécher,

·       que Dieu a jugé et ôté, sur la croix, cette nature pécheresse, de sorte que maintenant Dieu ne voit plus le croyant que dans sa nouvelle vie, et que par conséquent, il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus,

·       que le Saint Esprit habite en lui, donc qu’il est délivré de la puissance de Satan, du monde et du péché, délivré pour servir Dieu,

·       qu’il est rendu agréable dans le Bien-aimé et

·       qu’il peut maintenant déjà se glorifier dans l’espérance de la gloire de Dieu, parce qu’il sait qu’elle est prête pour lui,

 

il peut penser qu’il n’a besoin de rien de plus.

Eh bien ! pour ce qui en est de l’éternité et du ciel, c’est certain. Mais avec tout cela le croyant, sur la terre, a encore des besoins. Parce qu’il est un enfant de Dieu et un citoyen des cieux (Phil. 3:20), il est étranger sur la terre. Et parce qu’il se dirige vers le ciel, il est pèlerin. De plus, il est délivré de la puissance du diable et veut servir Dieu, car c’est là le désir de son cœur. Mais il se place ainsi en opposition totale avec le diable et les inconvertis. L’œuvre du diable est précisément de ne pas laisser l’homme obéir à Dieu. Il déploiera donc toute sa puissance et toute sa ruse pour amener le croyant à désobéir à Dieu, à pécher. Avec les incrédules, il n’a aucune peine. Ils ne veulent pas obéir à Dieu. Leur cœur veut pécher, et lorsqu’ils pèchent, ils sont satisfaits (Gen. 6:5 ; Marc 7:20-23 ; Rom. 3:10-12).

C’est là la base sur laquelle le monde agit, et sur laquelle les hommes habitent ensemble. Pour ne pas être dépendants de Dieu, et pour pouvoir agir selon leurs propres pensées, ils se sont unis (Gen. 9:1 et 11:4-9). Mais parce que les hommes ne peuvent pas être indépendants, ils ont pris le diable pour roi et, après avoir rejeté le Fils de Dieu, ils ont même fait du diable leur dieu (Jean 12:31 ; 2 Cor. 4:4).

 

Les aspirations du chrétien sont donc tout à fait à l’opposé de celles du monde. Aussi les incrédules ne peuvent-ils tenir le chrétien que pour un être ridicule et gênant, et n’avoir que de l’inimitié à son égard. En Jean 7:7, le Seigneur Jésus dit aux incrédules : « Le monde ne peut pas vous haïr ; mais il me hait, parce que moi je rends témoignage de lui, que ses œuvres sont mauvaises ». Mais, des croyants, il dit en Jean 17:14: « Le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde ». Et en Jean 16:33 il dit aux disciples : « Vous avez de la tribulation dans le monde ».

Le monde reconnaîtra seulement le chrétien qui ne se manifeste pas comme chrétien, mais qui a les mêmes aspirations que lui et se place ainsi pratiquement sous la domination de Satan. Mais c’est là de l’infidélité envers Dieu. Aujourd’hui on appellerait un tel chrétien un « collaborateur » (quelqu’un qui travaille avec l’ennemi).

C’est là que commence la lutte du chrétien. Satan cherche toujours à nouveau à l’amener à pécher. Il lui insuffle des pensées impures, pécheresses. Il lui fait voir des choses coupables. Il lui fait entendre des paroles impies et cherche à le conduire dans des endroits impurs. Et de plus il pousse le monde à montrer son hostilité. Tout cela fait souffrir le nouvel homme. La vieille nature (la nature qui ne demande pas mieux que de pécher, et avec laquelle Satan trouve suffisamment de points de contact) est encore dans le croyant. D’où le grand danger que Satan remporte la victoire et amène le chrétien à pécher.

Mais là aussi, l’amour de Dieu a pourvu à tout.

 

6.1   Christ, notre souverain sacrificateur

Ces choses nous sont présentées dans l’épître aux Hébreux. Nous y voyons le chrétien comme pèlerin et étranger. Il se dirige vers la gloire (11:40), car il a un « appel céleste » (3:1). Mais maintenant il est encore dans le désert, avec toutes les difficultés et les dangers qui s’y rattachent. Et alors le sacrificateur nous est présenté. Le Seigneur Jésus dans le ciel est le grand souverain sacrificateur, qui intercède pour nous auprès de Dieu en vue des dangers et des difficultés.

On admet communément que la sacrificature du Seigneur Jésus est en rapport avec nos péchés ; mais dans l’ensemble, ce n’est pas exact. Certes, le début de son intervention comme souverain sacrificateur était en relation avec nos péchés. Hébreux 2:17 dit : « Afin qu’il fût un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu, pour faire propitiation pour les péchés du peuple ». Mais le chapitre 10:12 nous dit : « Mais celui-ci, ayant offert un seul sacrifice pour les péchés, s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu ». Et au verset 14, nous lisons : « Car, par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés ».

L’épître aux Hébreux considère le croyant dans sa relation de créature vis-à-vis de Dieu. Le Seigneur Jésus ayant accompli à la croix une œuvre par laquelle Dieu est pleinement satisfait, la question des péchés est réglée pour toujours. Il a « obtenu une rédemption éternelle » (9:12). Le croyant est rendu parfait à perpétuité (10:14). Christ a été manifesté pour « l’abolition du péché par son sacrifice » (9:26).

Entre Dieu et les croyants la question des péchés n’est plus jamais soulevée. Aussi n’en est-il pas parlé davantage dans l’épître aux Hébreux. Les péchés qu’un croyant commet après sa conversion ne sont plus une question entre Dieu et sa créature, mais entre le Père et son enfant. C’est ce que nous trouvons dans la première épître de Jean.

 

6.2   Sacrificateur dans le ciel

Bien que l’office du Seigneur Jésus comme souverain sacrificateur ait eu lieu d’abord sur la terre, et cela, il est vrai, en relation avec les péchés, il ne porte cependant plus, maintenant, ce caractère.

Après avoir achevé l’œuvre, le Seigneur Jésus « s’est assis à perpétuité à la droite de Dieu » dans le ciel. « Car un tel souverain sacrificateur nous convenait... élevé plus haut que les cieux » (7:26). « Si donc il était sur la terre, il ne serait pas sacrificateur » (8:4).

Nous avons donc un sacrificateur dans les cieux, qui a tout réglé en ce qui concerne les péchés, et qui maintenant est « toujours vivant, pour intercéder » pour nous (7:25).

 

Qui est ce sacrificateur ? Hébreux 1 nous le dit : c’est le Fils de Dieu. Aussi peut-il toujours intercéder pour nous auprès de Dieu. Qui pourrait le faire, si ce n’est Dieu seul ? Mais pour pouvoir intercéder pour des hommes, il dut devenir homme. Hébreux 2 nous dit qu’il est devenu véritablement homme. Il est le Fils de l’homme. Il est un homme, et cela plus réellement qu’Adam, car il est « né de femme » (Gal. 4:4).

Quelle chose merveilleuse ! Dieu manifesté en chair ! « La Parole devint chair » (Jean 1:14). Lui, le Créateur du ciel et de la terre, Lui qui a créé les hommes, est devenu Lui-même un homme.

Hébreux 2 donne deux motifs pour lesquels le Seigneur Jésus est devenu homme. Les versets 14-17 nous disent qu’il devint homme pour accomplir l’œuvre d’expiation pour nos péchés et pour nous délivrer du pouvoir du diable et de la mort. Il devait être « un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur » (v. 17). Cela ne parle-t-il pas davantage encore à nos cœurs ?

Le Seigneur Jésus savait comment nous serions. Il connaissait les dangers et les difficultés qui seraient sur notre chemin. Aussi devint-il homme, et entra-t-il dans toutes nos circonstances afin d’apprendre à connaître, par expérience propre, toutes les difficultés, toute la souffrance, toutes les tentations, pour pouvoir nous assister dans la pleine connaissance de tout ce que nous aurions à surmonter.

 

6.3   Il a appris l’obéissance

Il sait ce que signifie pour nous obéir à Dieu, alors que nous vivons dans un entourage impie ! N’a-t-il pas appris l’obéissance (Héb. 5:8) ? Il n’avait jamais eu à obéir, car il était le Très-Haut, Dieu. Mais alors, comme homme sur la terre, il apprit ce qu’était l’obéissance. « Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne. Le Seigneur l’Éternel m’a ouvert l’oreille, et moi je n’ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière », dit-il en Ésaïe 50:4, 5. Mais il a aussi éprouvé ce que cela entraînait dans ce monde hostile à Dieu. « J’ai donné mon dos à ceux qui frappaient, et mes joues à ceux qui arrachaient le poil ; je n’ai pas caché ma face à l’opprobre et aux crachats » (v. 6). Il fut frappé parce qu’il disait la vérité (Jean 18:23). Qu’est-ce que cela a dû être pour Lui, le Dieu saint, de s’entendre dire : « Ne disons-nous pas bien que tu es un Samaritain, et que tu as un démon ? » (Jean 8:48-52) ! Mais il a aussi expérimenté la force de Dieu, qui tenait ferme : « Mais le Seigneur l’Éternel m’aidera : c’est pourquoi je ne serai pas confondu ; c’est pourquoi j’ai dressé ma face comme un caillou, et je sais que je ne serai pas confus. Celui qui me justifie est proche » (És. 50:7, 8).

Nous devons apprendre l’obéissance parce que nous sommes des créatures désobéissantes, pécheresses. Cet apprentissage, que nous avons à faire, il peut parfaitement le comprendre. Si, en raison de notre obéissance, les hommes se moquent de nous, se raillent, si peut-être même il en résulte pour nous un préjudice matériel ou quant à notre avenir professionnel, et d’une façon générale dans toutes nos circonstances terrestres, il peut pleinement sympathiser avec nous. Et, sympathisant pleinement il nous vient en aide (Héb. 2:18) et il intercède pour nous « afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun » (Héb. 4:16).

L’obéissance à Dieu implique que nous devions nous séparer de personnes ou de choses auxquelles notre cœur tient. Oui, ce sont peut-être des choses bonnes en elles-mêmes et que nous avons reçues de Lui. Il nous enlève ainsi parfois ceux que nous avons de plus chers sur la terre. Le Seigneur Jésus connaît tout par expérience propre. Peut-être faudra-t-il pour Lui obéir, quitter de chers amis, parce que nous ne pouvons pas marcher dans le même chemin qu’eux ; peut-être devrons-nous aussi abandonner notre champ de travail, ou même une œuvre spirituelle, que nous voulions faire pour le Seigneur et dont Lui-même nous avait chargés. Nous pouvons alors être assurés que le Seigneur Jésus connaît tout. Il s’est abaissé Lui-même et est devenu obéissant jusqu’à la mort, et à la mort de la croix (Phil. 2:8). À Gethsémané, il a lutté et supplié : « Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! » (Luc 22:42). Son âme sainte ne devait-elle pas reculer devant le chemin que lui prescrivait l’obéissance à Dieu ? Quel chemin que celui dans lequel le Saint « a porté nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pierre 2:24) et a été « fait péché pour nous » (2 Cor. 5:21) ; et où Dieu dut l’abandonner et faire tomber sur Lui notre châtiment (Matt. 27:46 ; Zach. 13:7 ; Rom. 8:3) ! Oui, il a marché dans un chemin d’obéissance tel qu’aucun enfant de Dieu n’aura jamais à le parcourir : nous ne serions jamais à même de le faire. Mais c’est pourquoi aussi il ne peut y avoir aucun sacrifice d’obéissance pour lequel notre souverain sacrificateur ne puisse connaître ce qui se passe dans notre cœur, comprendre notre combat. Mais parce qu’il a suivi ce chemin d’obéissance jusqu’au bout, et qu’il a pu dire : « Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (Luc 22:42), il sait aussi par expérience propre ce que Dieu est pour le cœur dans de telles circonstances, et quelle aide Dieu donne. Nous lisons encore : « Un ange du ciel lui apparut, le fortifiant » (Luc 22:43). C’est pourquoi il nous vient en aide, afin « que nous trouvions grâce pour avoir du secours au moment opportun » (Héb. 4:16).

 

6.4   Les tentations du diable

Lorsque Satan se présente avec ses tentations, combien cela afflige nos cœurs. Combien le nouvel homme en nous souffre, lorsque le diable suscite en nous des pensées impures, incite notre cœur à la désobéissance, multiplie sans répit ses attaques, détourne nos pensées pendant que nous lisons la Parole, éveille de mauvaises pensées dans notre cœur quand nous prions, ou dans les moments les plus élevés des réunions.

Le Seigneur Jésus a été tenté par Satan, comme personne d’autre ne l’a été. Il a été tenté pendant quarante jours (Luc 4:2). Satan a assailli de toute sa puissance et de toutes ses ruses Celui qui était pur et saint.

Depuis la chute, Satan n’avait eu aucune espèce de difficulté avec les hommes. Il trouvait dans le cœur pécheur (qui a son plaisir dans le péché) de l’homme déchu un puissant allié. « Toute l’imagination des pensées de son cœur » n’est « que méchanceté en tout temps » (Gen. 6:5).

Il n’en était pas ainsi d’Adam avant sa chute. Il avait été créé pur par Dieu. Pourtant, bien que Satan ne trouvât aucun point de contact dans le cœur d’Adam, une seule attaque suffit. Adam tomba et devint esclave de Satan.

En Jésus, un nouvel homme était sur la terre, un homme qui n’avait pas un cœur pécheur. Il « n’a pas connu le péché ». Satan dirigea aussi ses attaques sur cet homme, mais ici le combat se déroula différemment.

Adam fut attaqué dans le jardin d’Eden, où tout témoignait de la grandeur et de la bonté de Dieu. Le Seigneur Jésus, Lui, se trouvait dans le désert — le grand signe de la malédiction sur cette terre — où il n’y avait rien pour Lui. Là Satan déploya toute sa puissance et sa ruse, pour faire du Saint aussi un pécheur. Le combat dura quarante jours, durant lesquels Satan essaya toutes ses armes ; et il fut vaincu. Satan s’en alla, et non pas le Seigneur Jésus. Qui de nous peut dire les tentations que le Seigneur dut endurer ? Qui connaît toutes les ruses de Satan, tout l’arsenal du prince des ténèbres ? Seules les trois dernières tentations nous sont rapportées. Qu’est-ce que cela a dû être pour Celui qui était pur, saint, pour Celui qui « n’a pas connu le péché », d’avoir affaire avec toutes ces armes des ténèbres ? Combien son âme sainte a dû souffrir ! Combien donc il peut nous comprendre, sympathiser avec nous, lorsque Satan essaie ses ruses sur nous ! Peut-il y avoir pour nous une tentation que Satan n’ait pas aussi présentée au Seigneur Jésus ? Et c’est pourquoi le Seigneur Jésus peut nous aider. Il pria pour Pierre afin que sa foi ne défaille pas. « En ce qu’il a souffert lui-même, étant tenté, il est à même de secourir ceux qui sont tentés » (Héb. 2:18). « Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse sympathiser à nos infirmités, mais nous en avons un qui a été tenté en toutes choses comme nous, à part le péché » (Héb. 4:15).

 

6.5   Sa sympathie dans les difficultés et les peines

Lorsque des bien-aimés nous sont repris, qui connaît notre peine de cœur aussi bien que Lui, qui pleura à la tombe d’un ami ? Lorsque nous sommes seuls, qui a été plus seul que Lui, qui s’écrie : « Je veille, et je suis comme un passereau solitaire sur un toit » (Ps. 102:7) ? Lorsque des amis nous abandonnent, qui peut nous comprendre aussi bien que Lui, dont l’Écriture dit : « Tous le laissèrent et s’enfuirent » (Marc 14:50) ? Lorsque nous ne sommes pas compris, ou lorsque ceux auxquels nous parlons de nos difficultés ne montrent aucune sympathie, qui peut alors mieux nous comprendre que Lui, qui a été plus solitaire qu’aucun autre, et qui dut s’écrier : « J’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne » (Ps. 69:20) ? — Lorsqu’il dit à ses disciples qu’il serait livré cette nuit-là pour mourir pour eux, et que l’un d’entre eux le trahirait, il ne put que constater leur indifférence, eux qui se disputaient pour « savoir lequel d’entre eux serait estimé le plus grand » (Luc 22:19-24) — Quand nous avons besoin de lumière, qui peut nous aider comme Lui, dont il est dit à sept reprises dans l’évangile selon Luc qu’il s’en alla pour prier, oui, qu’il passait des nuits à prier, lorsqu’il avait des choses importantes à faire ?

Voilà notre souverain sacrificateur dans le ciel, où il est « toujours vivant pour intercéder » pour nous (Héb. 7:25). Il n’est Lui-même plus touché par aucune difficulté pour Lui-même ; pour Lui le combat est terminé. Mais par là même il peut se dépenser entièrement pour nous, avec toute la connaissance qu’il a acquise par son expérience propre dans les luttes et les besoins.

Si je rencontre des difficultés et si je suis déprimé en chemin, j’ai une aide : Christ qui intercède en ma faveur. Il intercède pour moi dans la pleine connaissance de la consolation qu’offre la grâce de Dieu, parce qu’il a appris à la connaître durant sa vie sur la terre, dans les mêmes circonstances. Il sait comment une âme est consolée dans ses difficultés ; il me donne tout et prie Dieu pour moi selon sa compréhension parfaite de mes besoins. Ai-je besoin de lumière, ai-je besoin de direction dans le chemin ? Dieu peut tout donner, je reçois tout ce qui est bon pour mes nécessités, et cela est uniquement dû au service de mon « médiateur », Christ.

Est-ce parce que je prie que je reçois tout cela ? Le Seigneur Jésus a prié pour Pierre avant que celui-ci sût quoi que ce soit de ce qui devait arriver. Non, son intercession envers nous ne dépend pas de notre prière. C’est sa grâce, dans son propre cœur, qui fait tout. Il nous en fait part pour que nous nous approchions « avec confiance du trône de la grâce, afin que nous recevions miséricorde et que nous trouvions grâce, pour avoir du secours au moment opportun » (Héb. 4:16).

Avec mes affectueuses salutations.

Votre ami H. L. H.

 

7                    La nouvelle naissance

Chers amis,

L’épître aux Romains (6 à 8) nous dit que les chrétiens sont morts avec Christ. La nature du vieil homme est si mauvaise que Dieu n’a plus qu’à la juger. C’est cela, avec la réponse divine qui y est donnée, que le Seigneur Jésus expose à Nicodème, en Jean 3.

Le sujet commence en fait au chapitre 2:23. Nous voyons là le Seigneur est à Jérusalem. Comme à la Pâque, pendant la fête, il fit des miracles, « plusieurs crurent en son nom, contemplant les miracles qu’il faisait ». Mais il est ajouté : « Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous les hommes, et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme ». Et lorsqu’au ch.3 un de ces hommes vint au Seigneur Jésus, le Seigneur prononça des paroles accablantes : « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ».

 

7.1   Le Fils de l’homme qui est dans le ciel

Dans les versets 11 et 13 du chapitre 3, le Seigneur montre qui il est, Lui. Il est le Fils de l’homme qui est dans le ciel. Nous trouvons ici le merveilleux mystère de sa Personne. Jean 1:1 nous dit qu’il est Dieu Lui-même, l’Éternel. Mais au verset 14 nous lisons : « La Parole devint chair, et habita au milieu de nous ». — « Dieu a été manifesté en chair » (1 Tim. 3:16). Dieu et l’homme en une Personne, quel mystère !

Le Seigneur Jésus est le Dieu éternel. Il s’est abaissé Lui-même et est devenu homme. Mais cela ne veut pas dire qu’il n’était plus Dieu. Ce serait impossible. Il a participé au sang et à la chair (Héb. 2:14) ; il est devenu véritablement homme (Gal. 4:4 ; 1 Tim. 2:5) ; mais Lui, qui était homme, était en même temps le Dieu éternel (Ésaïe 9:6). Petit enfant couché dans la crèche, il était en même temps le soutien et le conservateur de toutes choses. Lorsque fatigué du voyage, ayant faim et soif, il demandait un peu d’eau à la femme samaritaine, il se révélait comme le Tout-Puissant, Celui qui donne le Saint Esprit, et comme Celui qui sait tout, qui pouvait découvrir la vie de cette femme. Comme vrai homme, il dormait dans la barque, puis se levant, il reprit le vent et les vagues. En disant ces simples paroles : « C’est moi », les soldats tombaient à terre devant Lui. Mais peu après, ces hommes le liaient, Lui crachaient au visage et se moquaient de Lui.

Il pouvait dire : « Nous disons ce que nous connaissons » (Jean 3:11). Il savait, car Dieu seul sait, dans le vrai sens du mot « savoir ». Aucun homme n’avait jamais été dans le ciel. Personne ne pouvait donc parler des choses célestes. Mais Lui, le Fils de l’homme, était descendu du ciel. Oui, il était encore dans le ciel. Lors donc qu’il parlait des choses célestes, il parlait de ce qu’il avait vu et de ce qu’il voyait encore. Il parlait de ce qu’il connaissait ; car c’était son ciel et sa gloire. En Lui, Dieu et l’homme étaient unis ; car il était Dieu et homme en une Personne. C’est pourquoi à sa naissance les anges pouvaient dire : « Sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes » (Luc 2:14) ! Il connaissait Dieu et sa gloire, et Il connaissait aussi l’homme.

 

7.2   La nature de l’homme

En Jean 2:23-25 nous trouvons le jugement du Seigneur sur l’homme. Il avait affaire là non à des impies qui l’auraient rejeté en une inimitié ouverte. Ils le reconnaissaient, le respectaient ; ils avaient été convaincus par ses miracles qu’il était le Messie. Ils « croyaient en son nom ». Une lecture superficielle pourrait nous amener à penser qu’ils étaient de ces hommes dont il est dit au chapitre 1:12 qu’il leur a donné le droit d’être enfants de Dieu. Mais il est dit d’eux : « Jésus lui-même ne se fiait pas à eux, parce qu’il connaissait tous les hommes, et qu’il n’avait pas besoin que quelqu’un rendît témoignage au sujet de l’homme ; car lui-même connaissait ce qui était dans l’homme ».

Ces hommes étaient convaincus, mais non pas convertis, ni nés de nouveau. Ils croyaient en son nom ; mais ils ne l’avaient pas reçu (1:12). Ils avaient vu ses miracles ; leur intelligence et leurs sentiments avaient été convaincus par ce moyen qu’il était le Messie. Il y en avait beaucoup comme eux alors, et il y en a des millions aujourd’hui. Ils ne mettent pas en doute les vérités chrétiennes. Leur intelligence et leurs sentiments leur font éprouver ce qu’elles ont de logique et d’élevé et c’est ainsi qu’ils ont accepté le christianisme. L’homme naturel veut bien de cela ; car il est ainsi placé au-dessus de la vérité et au-dessus de Dieu. Il se flatte d’avoir jugé ce qui est juste. Il croit ce que son intelligence et (ou) ses sentiments ont reconnu bon.

Combien tout est différent lorsqu’une conscience est amenée dans la lumière de Dieu ! On voit alors son état de perdition et de culpabilité. On ne pense plus à juger Dieu ou ce qu’il a révélé. Il ne subsiste que le jugement de soi-même et la supplication : « Ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur ! »

Qu’une nouvelle naissance soit nécessaire pour des païens et des hommes qui vivent dans des péchés grossiers, l’homme naturel l’admet bien. Mais que chacun doive être né de nouveau, y compris les Juifs, oui même les pharisiens, même ceux qui étaient bien disposés à l’égard du Seigneur, qui croyaient en son nom, même Nicodème, un pharisien, un chef des Juifs, le docteur d’Israël, un homme qui rendait au Seigneur Jésus le plus grand honneur qui pût être fait à un homme, en disant : « Tu es un docteur venu de Dieu, car personne ne peut faire ces miracles que toi tu fais, si Dieu n’est avec lui », que même un tel homme dût être né de nouveau (v. 7) :  cela, l’homme naturel ne peut pas le comprendre. Mais celui qui le déclare est Celui qui dit ce qu’il connaît (v. 11) ; car il est le Dieu éternel. Qu’il n’exige pas cela de ses ennemis seulement, mais aussi de ceux qui le reconnaissent, cela ne fait-il pas connaître l’état de complète perdition de l’homme, la totale incapacité de l’homme naturel à s’approcher de Dieu ?

 

7.3   « Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu »

Le Seigneur parle ici du royaume tel qu’il était révélé en ce temps-là. Lorsque bientôt il sera manifesté en gloire, toute la terre le verra. Mais maintenant, dans ce que j’appellerai le caractère chrétien du royaume, tel qu’il nous est présenté dans tant de paraboles, nous avons un tout autre état.

Lorsque le Seigneur Jésus vint sur la terre, le royaume vint en Lui. Seuls ceux qui le reconnurent, ceux qui le virent tel qu’il était véritablement, comme le Fils de Dieu, virent le royaume. Ceux-là seuls étaient nés de nouveau.

N’avons-nous jamais été frappés de ce que les frères du Seigneur Jésus ne croyaient pas en Lui ? Oui, il est même dit en Marc 3:21: « Et ses proches, ayant entendu cela, sortirent pour se saisir de lui, car ils disaient : Il est hors de sens » (Voyez aussi Jean 7:5).

Ils connaissaient pourtant le Seigneur ! Ils avaient vu, pendant tant d’années à Nazareth, sa vie parfaite et sainte. De jour en jour, d’heure en heure. Marie et Joseph ne leur avaient-ils pas parlé de l’ange qui avait annoncé sa naissance et de toutes les choses merveilleuses qui, par exemple, nous sont décrites en Luc 2 ? N’avaient-ils pas entendu le témoignage de leur cousin, Jean le Baptiseur ? Ne voyaient-ils pas ses miracles ? Jean écrit : « Nous vîmes sa gloire, une gloire comme d’un fils unique de la part du Père » (Jean 1:14) ; et tandis que le ciel s’ouvrait sur Lui et que la voix divine Lui déclarait : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir » (Marc 1:11) ses proches disaient qu’il était hors de sens, et ils voulaient s’emparer de Lui. Quelle preuve à l’appui de la vérité des paroles du Seigneur Jésus : « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ».

 

7.4   Né de nouveau

Cela ne signifie pas ce que pense Nicodème, ou ce qui ressort de tant de philosophies et de fables païennes, qu’un homme âgé naît de nouveau comme un enfant ou est simplement transformé en un jeune homme. Un nouveau-né a la même nature que ses parents — elle n’est en rien meilleure. Seth, le fils d’Adam déchu, était à la ressemblance et selon l’image de son père pécheur (Gen. 5:3). Job dit : « Qui est-ce qui tirera de l’impur un homme pur ? Pas un » (Job 14:4) ! Et Romains 5:19 nous déclare que par la désobéissance d’Adam tous ses descendants ont été constitués pécheurs. « Ce qui est né de la chair est chair » (Jean 3:6). Nicodème fût-il né dix fois de la même façon que la première (de parents pécheurs), rien n’aurait été changé en ce qui concerne sa relation envers Dieu.

Un homme doit être de nouveau (*)(Jean 3:3), d’une manière tout à fait nouvelle, d’une nouvelle source de vie. Le Seigneur Jésus dit au verset 5 ce qu’est cette source de vie. « En vérité, en vérité, je te dis : Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». L’eau, dans l’Écriture, est l’image bien connue de la parole de Dieu, appliquée par le Saint Esprit aux hommes. Éphésiens 5:26 le dit expressément, de même que Jean 13:10 en rapport avec Jean 15:3 (il ne s’agit pas du baptême).

 

(*)Le mot grec employé ici « gennethei anôthen » (v. 3) n’est pas le même qu’en Tite 3:5, « palingenesia », où il est parlé de la régénération et du renouvellement de l’Esprit Saint.

 

L’eau purifie ce sur quoi elle est appliquée. La parole de Dieu, appliquée par le Saint Esprit, purifie les penchants, les pensées et les actes de l’homme. En même temps, l’Esprit produit par la Parole une vie nouvelle en l’homme, une vie tout à fait autre, qui ne porte pas le caractère de ses parents naturels, mais qui a le caractère de celui qui suscite la vie. « Ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jean 3:6).

Le fait que la nouvelle naissance a lieu par la parole de Dieu, se trouve confirmé maintes fois dans la Parole. Paul écrit aux Corinthiens : « Je vous ai engendrés dans le Christ Jésus par l’évangile » (l Cor. 4:15). En Jacques 1:18 nous lisons : « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité ». Pierre écrit : « Ayant purifié vos âmes par l’obéissance à la vérité... vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pierre 1:22, 23). En 1 Thessaloniciens 1:5, la Parole et le Saint Esprit sont nommés ensemble.

Le Seigneur parle de la nécessité d’être né de nouveau pour pouvoir voir le royaume et y entrer, car il s’adresse à Nicodème, un chef des Juifs. De la façon de s’exprimer du Seigneur on peut cependant tirer un principe général, comme c’est presque toujours le cas dans les écrits de Jean : dès la chute et jusqu’à la fin du monde, la nouvelle naissance est nécessaire pour entrer en relation avec Dieu.

 

7.5   « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé »

Lorsque, dès le verset 12, le Seigneur se met à parler des choses célestes, une autre nécessité vient au premier plan. Le Fils de l’homme qui est dans le ciel, connaît la gloire du ciel, la demeure de Celui qui « est lumière » et en qui il n’y a « aucunes ténèbres » (1 Jean 1:5). Si des hommes doivent entrer dans la gloire, il faut d’abord que la question du péché soit réglée. Dieu, qui a été tellement offensé par le péché de l’homme, doit ensuite être satisfait à l’égard du péché. L’homme doit être purifié de tout ce qui le rend incapable d’entrer dans la gloire de Dieu. Comment l’homme, mille fois plus pécheur qu’au moment où il fut chassé du paradis terrestre à cause de son péché, pourrait-il entrer dans le paradis céleste, dans la demeure de Dieu Lui-même ?

Cela ne pouvait être à moins que Celui qui était Dieu et homme en une Personne, n’accomplît une œuvre par laquelle tout ce qui était nécessaire, fût fait. « Il faut que le Fils de l’homme soit élevé [sur la croix] , afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jean 3:14, 15).

N’est-ce pas la chose la plus élevée que Dieu pouvait nous donner ?

Oh ! Beaucoup de choses sont encore liées à cela. Nous pouvons dire : « Abba, Père ! » parce que le Saint Esprit, avec la vie nouvelle en nous, rend témoignage que nous sommes enfants de Dieu (Rom. 8:15). Nous sommes cohéritiers de Christ et bientôt, nous régnerons avec Lui sur l’univers et exercerons le jugement (Rom. 8:17 ; Éph. 1:10, 11 ; 1 Cor. 6:2, 3, etc.). 1 Jean 3:1 nous place sur le même rang que le Seigneur Jésus, comme non connus du monde. Le verset 2 dit que quand il sera manifesté, nous Lui serons semblables, « car nous le verrons comme il est ». 1 Jean 4:17 dit que pour ce qui en est du jugement, nous sommes maintenant déjà sur cette terre, comme il est Lui dans le ciel. Le verset 19 déclare : « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier ». Oui, nous avons la nature divine, qui est amour. Nous sommes victorieux du monde (5:4). Et l’Écriture énumère ainsi encore beaucoup de choses.

Toutefois la communion avec le Père et avec le Fils n’est-elle pas la plus élevée de toutes (1 Jean 1:3) ? Et cela pour nous qui, selon les paroles du Seigneur Jésus en Jean 3, ne pouvions même pas voir le royaume terrestre ou y entrer, nous qui étions des pécheurs perdus, qui n’avions plus devant nous que la perdition éternelle, nous qui étions ennemis de Dieu et haïssables à ses yeux ; nous connaissons le Père et le Seigneur Jésus (1 Jean 5:20). Nous connaissons Dieu et le Seigneur Jésus non pas comme la créature connaît le Créateur, mais tels qu’ils sont en réalité. Oui, nous avons communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ et cela, non pas seulement lorsque nous serons dans le ciel ; non, maintenant déjà alors que sur la terre, extérieurement, rien ne nous distingue des hommes qui nous entourent et qui sont sous la puissance de Satan.

Lorsque nous comprenons cela, et que nous le réalisons pratiquement, notre joie n’est-elle pas alors complète ?

Avec mes affectueuses salutations.

H.L.H.

 

8                    Communion avec le Père et avec Son Fils Jésus Christ

Chers amis,

Nous avons vu que quiconque croit au Seigneur Jésus a reçu non seulement le pardon de ses péchés, mais aussi une vie toute nouvelle. Il est né de Dieu et possède par conséquent la vie divine, la nature divine (Jean 1:13 ; 2 Pierre 1:4). Cette vie dans sa forme la plus riche est appelée « la vie éternelle », et 1 Jean 5:20 dit du Seigneur Jésus : « Lui est le Dieu véritable et la vie éternelle ». Le Seigneur Jésus Lui-même est notre vie.

Ce fait a pour nous des conséquences infinies. Nous sommes rendus agréables « dans le Bien-aimé » (Éph. 1:6) et nous sommes « transportés dans le royaume du Fils » de l’amour du Père (Col. 1:13). Nous sommes donc devant Dieu dans toute l’acceptation de Celui que Dieu appelle « le Bien-aimé ». Mais la première épître de Jean va encore plus loin. Nous Lui sommes faits semblables. Le monde ne nous connaît pas, parce qu’il ne l’a pas connu (chap. 3:1). Nous sommes, dans ce monde, comme il est (maintenant dans le ciel, chap. 4:17). Nous Lui serons semblables, car nous le verrons comme il est (chap. 3:2). Comparez également le chapitre 4:12, 13 avec Jean 1:18. Et 1 Jean 5:20 dit : « Or nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable ». En fait tout est renfermé là.

À la création, Dieu a donné à Adam l’intelligence. C’est là que réside la différence entre l’homme et la bête. Mais l’intelligence de l’homme était terrestre et ne pouvait par conséquent comprendre que les choses terrestres. Bien que les anges appartiennent à un ordre de création plus élevé que les hommes, ils ne peuvent pas non plus connaître Dieu. Ce sont des serviteurs, puissants en force, toujours prêts à exécuter la volonté de Dieu ; mais ils désirent de regarder de près dans les choses qui nous ont été annoncées (l Pierre 1:12).

À des pécheurs perdus, ses ennemis, mais qui ont reçu le Seigneur Jésus, Dieu a maintenant donné son Fils comme nouvelle vie, et en Lui et par Lui, il leur a donné en même temps une intelligence par laquelle ils connaissent Dieu. Non seulement nous pouvons voir sa gloire manifestée, telle que le monde la verra bientôt, lorsque le Seigneur Jésus viendra sur la terre avec les nuées du ciel et que tout œil le verra, mais nous le verrons comme il est, non pas seulement comme il se manifeste. Oui, maintenant déjà nous pouvons comprendre ses pensées. Nous voyons sa gloire intrinsèque et notre cœur en est rempli. Nous avons des pensées et des sentiments communs avec Dieu. Il nous ouvre son cœur, il nous parle de ce dont son cœur est occupé, de ce dont il est rempli, et nous pouvons comprendre ses paroles et partager ses sentiments. Nous avons

 

8.1   Communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ

De quoi le cœur du Père est-il occupé ? N’est-ce pas du Fils et de toute la gloire de sa Personne et de son œuvre ? Lorsque le Fils était sur la terre, toute la plénitude (divine) s’est plu à habiter en Lui (Col. 1:19). Tant au début du ministère public du Seigneur (Luc 3:22) que presque à sa fin (Matt. 17:5), le Père dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j’ai trouvé mon plaisir ». Après cela vint l’œuvre de Golgotha.

Qu’a dû être cette œuvre pour le Père ! « À cause de ceci le Père m’aime, c’est que moi je laisse ma vie, afin que je la reprenne » (Jean 10:17). Le Père aime Celui qui alla volontairement à la croix, qui mourut pour glorifier le nom de Dieu et pour faire la volonté de Dieu ; Celui qui pour cela consentit à porter nos péchés en son corps sur le bois (1 Pierre 2:24) et qui, fait péché (2 Cor. 5:21), porta le jugement de Dieu et fut abandonné de Dieu, Celui qui en tout cela fut parfait : « Christ, qui, par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9:14).

Le Père nous dit : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé ». Et nous répondons : « Celui-ci est notre bien-aimé Sauveur ». Le Père dit : « Par amour pour moi (Ex. 21:5) il a enduré toutes les souffrances de Golgotha et a achevé l’œuvre », et nous répondons : « Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous » (Éph. 5:2) ; et, individuellement, je dis : le « Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal. 2:20).

Cette Personne glorieuse qui remplit le cœur du Père, remplit aussi mon cœur. Le Père nous montre la gloire du Fils et nous disons au Père tout ce que nous avons trouvé dans le Fils. C’est la communion : des sentiments communs, des intérêts communs, la même Personne, qui remplit le cœur de satisfaction et de joie.

N’en est-il pas exactement de même du Fils ? Il nous a révélé le Père. Nous l’avons entendu dire : « Abba, Père » (Marc 14:36) ! Et nous disons maintenant aussi : « Abba, Père » (Rom. 8:15).

N’est-ce pas là la chose la plus élevée, que de pouvoir comprendre, oui, connaître Dieu ? De pouvoir jouir non seulement de ses bénédictions et de toutes les choses divines, mais de Dieu Lui-même ? Et d’avoir en cela communion avec Dieu, le Père et le Fils ? Il n’y a rien de plus élevé. Réaliser cela rend le cœur parfaitement heureux dès ici-bas.

Aussi l’apôtre dit-il : « Nous vous écrivons ces choses, afin que votre joie soit accomplie » (1 Jean 1:4).

 

8.2   Dieu est lumière et il n’y a en lui aucunes ténèbres

Cette communion avec le Père et avec son Fils doit naturellement être en accord avec la nature de Dieu. Dieu est lumière. Il nous faut donc être dans la lumière pour avoir communion. Or nous étions autrefois ténèbres, mais maintenant nous sommes lumière dans le Seigneur (Éph. 5:8). Nous marchons dans la lumière et là, nous avons communion les uns avec les autres, le sang de Jésus Christ, le Fils de Dieu, étant le fondement de cette position qui est la nôtre, et la preuve de sa légitimité.

En 1 Jean 1:7 il ne s’agit pas de « comment » nous marchons, mais de «  » nous marchons. Lorsque nous parlons d’une marche en accord avec la lumière, il est clair que nous faisons allusion à notre marche pratique. Mais ici la question est de savoir nous marchons. Et tous ceux qui sont nés de nouveau, qui sont délivrés de la puissance des ténèbres, et sont « rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière » (Col. 1:12, 13), marchent dans la lumière. Le sang qui purifie de tout péché est la preuve que ma position légitime est là. Prenons une image : tant que j’ai les mains dans un seau d’eau de savon, elles ne peuvent pas être souillées. La puissance de l’eau de savon, qui a commencé par purifier mes mains, empêche qu’elles ne se salissent. Comment peuvent-elles se souiller, tant qu’elles se trouvent dans une eau qui a la propriété de purifier tout ce qui est sale ? De même la puissance du sang, qui règne dans la lumière, est la preuve que je suis en accord avec la lumière.

Mais cela ne change rien au fait que j’ai encore la vieille nature. Si je le nie et dis que je n’ai pas de péché, je me séduis moi-même, et la vérité n’est pas en moi ; et si je dis que je n’ai jamais fait de choses mauvaises, que je n’ai jamais péché, je fais Dieu menteur ; car Dieu a dit : « Tous ont péché » (Rom. 3:23).

En 1 Jean 1:10 il n’est pas écrit : « Si nous disons que nous ne péchons pas », mais : « Si nous disons que nous n’avons pas péché » ; le verbe est au passé. Jamais l’Écriture ne suppose, pour un croyant, la nécessité de pécher. Nous avons une nouvelle nature, qui ne peut pas pécher, et nous avons une puissance divine en nous, le Saint Esprit, qui nous rend capables de marcher selon la vie nouvelle. Notre marche est dans la lumière, où nous pouvons discerner clairement tout ce qui n’est pas en accord avec la lumière.

Malheureusement nous devons tous dire : « Car nous faillissons tous à plusieurs égards » (Jacq. 3:2). Mais il n’y a aucune excuse à cela.

Avec mes affectueuses salutations.

Votre ami H. L. H.

 

9                    Christ notre Avocat

Chers amis,

J’aimerais maintenant m’occuper du point suivant :

 

9.1   Si un croyant pèche

Lorsque nous, comme croyants, péchons, que se passe-t-il ? Cela peut-il changer notre position comme enfants de Dieu ? Sommes-nous alors éloignés de la présence de Dieu ?

Nous avons la réponse en Hébreux 9 et 10. Christ a obtenu une rédemption éternelle. « Car, par une seule offrande, il a rendu parfaits à perpétuité ceux qui sont sanctifiés » (Héb. 10:14). Notre relation de créatures envers Dieu est à jamais établie. Nous sommes amenés dans la relation d’enfants envers leur Père. Cette relation ne peut plus être changée par quoi que ce soit.

Est-ce qu’alors notre Père passe par-dessus les péchés de ses enfants ? Notre Père est le Dieu qui est lumière et en qui il n’y a aucunes ténèbres. Il a les yeux trop purs pour voir le mal, et il doit être sanctifié en ceux qui s’approchent de Lui. Il peut supporter les péchés des incrédules, oui, du monde impie, mais jamais les péchés de ses enfants. Comment Lui, le Saint, pourrait-il avoir communion avec le péché ou avec quelqu’un qui est souillé par le péché ? Aussi notre communion avec le Père et avec son Fils est-elle immédiatement interrompue par toute pensée pécheresse, toute parole pécheresse ou oiseuse, tout acte d’indépendance, donc de péché. La communion n’est pas rétablie avant que le péché ne soit ôté selon la pensée de Dieu : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1 Jean 1:9). Nous ne sommes purifiés que par la confession et le jugement de nous-mêmes.

 

9.2   Le jugement de soi-même est la seule manière de rétablir la communion

C’est un principe que nous trouvons dans toute l’Écriture, tant dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau. Considérons quelques exemples typiques de l’Ancien Testament. En Lévitique 4 et 5, en partie aussi dans les chapitres 6 et 7, nous avons les instructions données pour un Israélite qui avait péché. Il ne s’agit pas là d’un pécheur venant à la repentance, quoiqu’un évangéliste puisse très bien se servir de ces chapitres pour présenter les principes de l’évangile. Dans ces chapitres, Israël est vu comme un peuple qui, par le sacrifice du grand jour des propitiations (Lév. 16) est amené à Dieu et au milieu duquel Dieu habite en vertu de l’holocauste continuel (Ex. 29:38 à 46). Mais maintenant que ce peuple est amené dans la proximité de Dieu, comme peuple de Dieu, et qu’il peut se reposer dans l’assurance qu’il est rendu agréable dans le Bien-aimé (Éph. 1:6 ; Lév. 1 et 7:8) ; maintenant qu’il a reçu un objet pour son cœur pour la traversée du désert (l’offrande de gâteau, Lév. 2) et qu’il peut avoir communion avec Dieu, dans la participation et la jouissance du même objet (le sacrifice de prospérités, Lév. 3 et 7:11-34), la question de la souillure journalière doit être traitée.

Lévitique 5:1-4 place d’abord devant nous les trois grands groupes de souillures qui se présentent à nous dans la vie de tous les jours : verset 1, lorsqu’on omet de témoigner soit contre le mal, soit pour le bien. Une omission peut aussi être un péché. Le verset 2 parle de souillures résultant d’influences extérieures, de souillures provenant donc du fait que nous ne sommes pas véritablement séparés des choses de ce monde. Le verset 4 parle des conséquences du manque de sobriété et de maîtrise de soi, donc des souillures venant de notre propre cœur. Verset 15 : Lorsque quelqu’un porte atteinte aux choses que Dieu s’est réservées pour Lui-même. Enfin, dès le verset 20, il est encore question du vol ou de la rétention de ce qui appartient à autrui.

De quelle manière un Israélite pouvait-il être purifié lorsqu’il avait failli ? Le seul chemin est indiqué au chapitre 5:5, 6: « Et il arrivera, s’il est coupable en l’un de ces points-là, qu’il confessera ce en quoi il aura péché ; et il amènera à l’Éternel son sacrifice pour le délit ». D’autres choses pouvaient encore s’y ajouter (par exemple, on devait ajouter un cinquième à l’objet restitué, lorsqu’on avait pris quelque chose à l’Éternel ou à son frère, chapitre 5:6, 23, 24), mais le premier point, la condition fondamentale est : confesser le péché et apporter un sacrifice pour le délit.

Le jugement de soi-même — la déclaration de ses propres péchés, donc de son propre manquement est la condition indispensable à tout pardon et à toute restauration (voir par exemple 1 Cor. 11:31 et 1 Jean 1:9). Afin de nous amener à un véritable jugement de nous-mêmes — c’est-à-dire à juger non seulement l’acte commis, mais aussi notre état comme le fit David dans le Psaume 51:5-7 — Dieu dirige nos yeux sur la croix, pour que nous comprenions ce qu’est le péché. Non pas comme si le sang de Christ devait nous être appliqué à nouveau — cela a eu lieu une fois pour toutes — mais afin que nous soyons amenés à reconnaître combien affreux sont les péchés, celui que je viens de commettre aussi ; et cela quand nous considérons ce que le Seigneur a dû endurer pour nos péchés à la croix (sacrifice pour le délit). En Lévitique 1 à 7 nous n’avons pas la croix à proprement parler, mais le rappel de la croix. La croix proprement dite, comme fondement du fait que nous pouvons être dans la proximité de Dieu, nous la trouvons en Lévitique 16 et Exode 29.

Ce n’est qu’en considérant ce que le Seigneur Jésus a dû endurer à Golgotha pour nos péchés que nous apprenons à connaître combien odieux sont les péchés. Là il a dû être abandonné de Dieu, il a dû subir le jugement de Dieu et mourir, parce que « lui-même a porté nos péchés en son corps sur le bois » (l Pierre 2:24). Nous sommes alors amenés à un véritable jugement de nous-mêmes, à une vraie tristesse au sujet de ce que nous avons fait. Nous ne voulons plus jamais passer à la légère sur le péché ni oublier que la confession est l’unique voie pour la restauration et la communion avec Dieu ; la confession devant Dieu d’abord, mais aussi devant les hommes, pour autant qu’ils sont lésés.

 

9.3   Péchés inconscients

Une grosse difficulté se présente ici : souvent nous péchons sans en être du tout conscients, parfois même en pensant avoir fait quelque chose de bon. Mais l’ignorance ne nous rend pas innocents. « Si quelqu’un a péché, et a fait, à l’égard de l’un de tous les commandements de l’Éternel, ce qui ne doit pas se faire, et ne l’a pas su, il sera coupable, et portera son iniquité » (Lév. 5:17).

Aussi dans le Psaume 19 David demande-t-il : « Purifie-moi de mes fautes cachées ». Pour pouvoir confesser ses péchés, il nous faut donc d’abord y avoir été rendus attentifs. C’est pourquoi il est dit en Lévitique 4:23, 28: « On lui a fait connaître son péché ... ». Mais qui le fera, s’il s’agit de pensées ou de paroles et d’actes dont les autres ne savent rien ? Qui nous convaincra quand nous pensons être dans le vrai ? L’amour de Dieu a pourvu à cela aussi : « Mes enfants, je vous écris ces choses afin que vous ne péchiez pas ; et si quelqu’un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ, le juste » (1 Jean 2:1). Lisons avant tout bien ce verset et méditons-le.

 

9.4   Christ, notre avocat

Le mot grec « parakletos », traduit ici par « avocat », ne se trouve qu’en Jean 14 et 16 et dans notre passage. En Jean 14 et 16, où il est traduit par « Consolateur », il est appliqué au Saint Esprit.

Ce service d’avocat, le Seigneur Jésus l’exerce maintenant pour nous dans le ciel, non pas devant Dieu, car en ce qui concerne Dieu, notre cause a été parfaitement réglée sur la croix, mais devant le Père.

Dans l’une des lettres précédentes, nous avons vu que le Seigneur Jésus est notre souverain sacrificateur, qui intercède pour nous auprès de Dieu, quant à nos faiblesses et à nos circonstances sur la terre. Ici nous trouvons ce que le Seigneur Jésus est en rapport avec nos péchés quotidiens. Il est notre avocat auprès du Père, lorsque nous péchons. Il ne l’est pas seulement lorsque nous sommes affligés et confessons nos péchés. Au moment même où je pèche, il est l’avocat dans le ciel, celui qui me défend et défend mes intérêts auprès du Père.

Qui est cet avocat ? C’est Jésus Christ, le Juste. Il répond parfaitement à la justice du Père, et il est en même temps ma justice (1 Cor. 1:30) : Mais plus que cela. Il a accompli une œuvre qui est tellement parfaite, qu’il n’est pas seulement la propitiation pour nos péchés, mais aussi la propitiation pour le monde entier. Il est donc quant à sa Personne et quant à son œuvre parfaitement agréable devant le Père, et il l’est également comme mon avocat, lorsque j’ai péché.

Nous avons vu cependant dans ce qui précède qu’il y a pardon seulement après la confession. Aussi la seconde partie du service d’avocat du Seigneur Jésus consiste-t-elle à s’occuper de nous et à nous amener à la confession de nos fautes.

 

9.5   Le lavage des pieds

La nuit où le Seigneur fut livré, il montra ce qu’était ce service par un acte symbolique. Il voulait instituer la Cène, signe de la communion du Sauveur mort avec tous les membres du corps de Christ (1 Cor. 10:16, 17). Mais comment pouvait-il y avoir communion entre des disciples pratiquement souillés et un Seigneur, qui devait mourir précisément pour abolir le péché ? Cela ne pouvait signifier que le jugement pour les êtres souillés (l Cor. 11:26-32).

Aussi le Seigneur, dans la pleine conscience de ce qu’il était, et parce que son amour était extrême, un amour qui allait jusqu’à la fin, prit la position d’esclave et lava les pieds de ses disciples. Dieu se servit du manque d’intelligence de Pierre (qui ne discernait pas que tout ce que le Seigneur fait est bon et que, même si nous ne comprenons pas, nous avons toujours à nous incliner) pour nous donner clairement la signification du lavage des pieds. Les disciples étaient purs, car ils étaient entièrement lavés (baignés) (lors de la nouvelle naissance). Mais, pour avoir part avec Lui, pour vivre donc dans une communion pratique, ils devaient également être purifiés des souillures de la marche journalière (Jean 13:8-11).

 

9.6   Le reniement de Pierre

Les évangiles nous montrent, dans le cas de Pierre également, de quelle manière le Seigneur exerce ce service. Pierre avait perdu la communion pratique avec le Seigneur. Il n’y avait pas eu d’incident grossier, car lui-même ne le savait pas et personne ne l’y avait rendu attentif. Mais lorsque le Seigneur dit à ses disciples que tous seraient scandalisés en Lui, on voit que Pierre avait bonne opinion de lui, qu’il était convaincu que son amour et sa fidélité étaient supérieurs à ceux des autres. « Si tous étaient scandalisés en toi, moi, je ne serai jamais scandalisé en toi » (Matt. 26:33). Pierre n’aurait jamais pu dire cela s’il avait été véritablement en communion avec le Seigneur. Là la chair et l’orgueil n’ont point place. Le Seigneur se sert de ces paroles de Pierre pour l’avertir, mais aussi pour lui donner à connaître qu’il sait tout, afin que Pierre puisse s’en souvenir lorsqu’il l’aurait renié. Il pourrait alors être restauré par la pensée que le Seigneur avait tout su et ne l’avait pourtant pas rejeté, et avoir confiance que le Seigneur ne le rejetterait pas non plus maintenant. Quelle bonté et quelle grâce ! Quel amour !  Quels soins ! — Avant que Pierre eût péché, le Seigneur priait pour lui ; non pas cependant pour que Satan fût empêché de tenter Pierre. Pierre avait besoin de cette chute pour apprendre à se connaître. Les paroles douces et pleines d’amour du Seigneur n’avaient pas pu atteindre ce but, et même ce sérieux avertissement de la bouche du Seigneur n’eut aucun résultat (v. 34). Aussi le Seigneur ne demanda-t-il pas que la tentation soit épargnée à Pierre, mais que sa foi ne défaille pas. Pour le préserver d’un trop grand découragement, après la chute, le Seigneur lui confiait déjà un service pour le temps qui suivrait son retour.

Mais Pierre était tellement occupé de lui-même que rien ne pouvait atteindre sa conscience. Les paroles du Seigneur, adressées à lui personnellement : « Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi » (Matt. 26:40), l’ont sans doute peiné ; elles ne l’amenèrent cependant pas à se connaître lui-même ; et pas davantage le fait que lui aussi s’enfuit, laissant le Seigneur seul sous la puissance de l’ennemi (Matt. 26:56). Oui, même lorsqu’il renia le Seigneur, lorsqu’il commença à faire des imprécations et à jurer : « Je ne connais pas cet homme » (ce même Pierre qui avait dit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant »), même à ce moment Pierre ne revint pas à lui. Combien le cœur humain est corrompu !

Mais, ô amour merveilleux ! Dans le moment même où les soldats le frappaient, lui donnaient des soufflets et lui crachaient au visage (Matt. 26:67), le Seigneur se retourna et regarda Pierre. Ce regard, à ce moment, venant s’ajouter aux paroles du Seigneur Jésus que le chant du coq lui remit en mémoire, ouvrit les yeux à Pierre. « Et étant sorti dehors, il pleura amèrement ».

 

9.7   Restauration

Le service du Seigneur ne prenait cependant pas fin ici. Après sa résurrection, le Seigneur envoya aussitôt un message dans lequel il nomme expressément Pierre (Marc 16:7) et ensuite il eut une rencontre spéciale avec lui (Luc 24:34). Ce qui fut dit alors, l’Écriture ne nous le rapporte pas. Le Seigneur a pour chacun des siens des paroles particulières, destinées à celui-là seul. Mais ensuite nous trouvons la rencontre si douloureuse, mais si bénie pour Pierre, qui est décrite en Jean 21.

N’aurions-nous pas dit que cette humiliation publique de Pierre n’était plus nécessaire ? Lorsque nous nous y arrêtons, ne la trouvons-nous pas un peu dure ? Pierre était pourtant revenu à lui ! Il avait pleuré amèrement !

Mais Celui qui, à la connaissance parfaite du cœur humain joint un amour parfait pour les siens et le manifeste dans une sagesse parfaite, sait ce qui est vraiment le meilleur pour Pierre.

Lorsque Pierre s’est véritablement jugé lui-même, lorsqu’il condamne non plus seulement son acte, mais lui-même, lorsqu’il reconnaît que la toute-connaissance de Dieu est nécessaire pour découvrir, en lui, l’amour pour le Seigneur, alors le Seigneur peut le restaurer complètement et le charger d’être le berger de ses brebis, de paître ses agneaux et ses brebis.

C’est là le service du Seigneur comme notre avocat auprès du Père. Où serions-nous si nous ne l’avions pas Lui comme avocat ? Toute pensée pécheresse, toute parole oiseuse, tout acte d’indépendance interrompt la communion. Et celle-ci n’est rétablie que par la confession du mal et le jugement de soi.

Notre avocat prie pour moi avant que je pèche, afin que ma foi ne défaille pas. Il me parle par sa Parole pour m’amener à me juger moi-même avant de commettre un acte de péché. Il me regarde au bon moment et se sert de frères, de lectures, de circonstances, d’un coq même, lorsque c’est nécessaire, pour me rappeler ses paroles. Il me conduit au jugement de moi-même et à la confession, afin que la communion avec le Père et avec le Fils soit rétablie. Il est mon avocat auprès du Père. Il ne se repose pas avant de m’avoir tout à fait ramené et qu’une complète restauration ait eu lieu. Même maintenant, dans la gloire, il me sert et me lave les pieds, afin que je puisse avoir une part avec Lui et que, ici-bas déjà, ma joie soit accomplie.

Avec mes affectueuses salutations.

Votre ami H.L.H.

 

10               Sainteté

Chers amis,

Je veux maintenant m’entretenir encore avec vous de la sainteté ; mais il est nécessaire auparavant de chercher dans la parole de Dieu la signification de cette expression. Dans le langage courant, on entend généralement par saint, un homme sans péchés ni faiblesses ou tout au moins sans péchés ou faiblesses connus. Ainsi des croyants, induits en erreur par certaines doctrines en rapport avec la sanctification, prétendent être parvenus à la sainteté, parce qu’ils ne sont pas tombés dans des péchés manifestes.

À ce dernier point, Paul objecte en 1 Corinthiens 4:4: « Je n’ai rien sur ma conscience ; mais par là je ne suis pas justifié ». Et au Psaume 19:12 David demande à être purifié de ses fautes cachées. Voir également 1 Jean 3:20 et Lévitique 5. Lorsque le Seigneur viendra, il « mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et... manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu » (l Cor. 4:5). Que nous ne voyions plus aucune chose mauvaise en nous n’est pas du tout une preuve qu’il n’y a vraiment plus de mal. Mais chacun de nous ne voit-il pas beaucoup de choses mauvaises en lui lorsqu’il examine sa vie à la lumière de Dieu, selon la parole de Dieu ?

En outre, les Saintes Écritures nous montrent que la pureté et la sainteté ne sont pas la même chose. En Exode 28:38, il est parlé de l’iniquité des choses saintes, et en 1 Chroniques 23:28, de la purification des choses saintes. En Éphésiens 1:4 et en Colossiens 1:22, il est écrit : afin que nous soyons saints et irréprochables. La sainteté et la pureté sont donc nettement distinguées.

 

10.1                   Qu’est-ce que la sainteté ?

Si nous considérons les nombreux passages de l’Écriture où il est question de « saint » et de « sainteté », il apparaît clairement, je pense, que sainteté signifie séparation et, appliqué à nous, ce mot veut dire : séparation de tout ce avec quoi nous étions jusqu’alors liés, pour être consacrés à Dieu ; mais cela comporte aussi que nous portons les signes distinctifs de cette union avec Dieu et de cette consécration. Voir par exemple Nombres 6:1 -11. La mesure de la sainteté ne se trouve pas non plus en nous. « Nul n’est saint comme l’Éternel, car il n’y en a point d’autre que toi » (1 Sam. 2:2). « Car seul tu es saint » (Apoc. 15:4). « Soyez saints, car moi je suis saint » (1 Pierre 1:16). Le Seigneur seul est la mesure de la sainteté. Celui qui se mesure à lui-même est dans l’erreur, comme le dit l’Écriture : « Eux, se mesurant eux-mêmes par eux-mêmes, et se comparant eux-mêmes à eux-mêmes, ne sont pas intelligents » (2 Cor. 10:12). Et il est clair que seul Dieu peut juger à quel degré nous répondons à la mesure divine.

En Jean 17:17, le Seigneur Jésus demande : « Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité ». La vérité est ce que Dieu a révélé de Lui-même et de là ressort quelle est, ou quelle doit être, notre relation avec Lui. C’est pourquoi le Seigneur Jésus dit de Lui-même qu’il est la vérité (Jean 14:6). Il nous a fait connaître Dieu (Jean 1:18). De même aussi la parole de Dieu, dans laquelle Dieu s’est révélé, est la vérité.

Par la vérité — par ce que Dieu a révélé de Lui-même et de ses droits sur nous — nous sommes séparés de tout ce avec quoi nous étions jusqu’alors unis, pour appartenir à Dieu.

Dans l’Ancien Testament, nous ne trouvons pas encore la pleine révélation de Dieu. Il se révèle là comme l’Éternel, Celui qui avait, au milieu de son peuple, un temple terrestre, dans lequel il voulait habiter. Aussi, dans l’Ancien Testament, la sainteté est-elle en rapport avec cela. La montagne, la ville de Jérusalem, l’arche de l’alliance et le temple, les sacrificateurs, les lévites, oui, tout le peuple, les ustensiles du service, les sacrifices, etc., tout était sanctifié. Tout était en relation avec l’Éternel, comme Celui qui habitait au milieu de son peuple. « La sainteté sied à ta maison » (Ps. 93:5). « Je serai sanctifié en ceux qui s’approchent de moi » (Lév. 10:3).

Mais maintenant, Dieu a été pleinement révélé dans le Seigneur Jésus : Dieu manifesté en chair. Bien que le Seigneur fût véritablement homme, son service était toutefois caractérisé par le fait que Lui seul révélait Dieu. Mais lorsqu’il l’eut pleinement révélé à la croix, et qu’il eut par là même obtenu une rédemption éternelle, il ressuscita d’entre les morts et prit sa place à la droite de Dieu. Il fit cela comme homme — Jean 17:4, 5 nous le dit.

En tant que Dieu, il possédait la gloire éternelle avant que le monde fût. Mais maintenant, comme Celui qui avait achevé l’œuvre sur la croix à Golgotha et qui avait pleinement glorifié Dieu, il pouvait revendiquer cette gloire comme homme aussi. Maintenant il est assis, comme homme glorifié, à la droite de Dieu dans la gloire. Un homme dans le ciel.

Le propos éternel de Dieu était que nous soyons rendus conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères (Rom. 8:29). En Jean 17:17-19 le Seigneur Jésus dit : « Je me sanctifie moi-même pour eux ». Il se sépare Lui-même dans le ciel, pour être là entièrement pour Dieu, et il le fait « afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité ». Nous avons ici la mesure de notre sainteté et en même temps le moyen pour être sanctifiés. C’est Christ dans la gloire.

 

10.2                   Sainteté de l’Esprit

En lisant le Nouveau Testament, nous voyons qu’il est parlé de notre sainteté de deux manières. D’une part il est dit que nous sommes sanctifiés (1 Cor. 6:11 ; 2 Thess. 2:13 ; 1 Pierre 1:2, etc.). Aussi, dans de nombreux passages, sommes-nous nommés des saints (voir par exemple le commencement des épîtres). Cette sanctification a eu lieu par la nouvelle naissance. Le Saint Esprit nous a alors séparés du monde auquel nous appartenions, en nous donnant une vie nouvelle, la nature divine (Jean 3 ; 2 Pierre 1:4 ; Éph. 4:24). D’autre part, il est dit que nous avons à nous sanctifier pratiquement (Héb. 12:14 ; Éph. 5:25-27, etc.).

Ces deux aspects de la sainteté sont réunis en Apocalypse 22:11: « Que celui qui est saint soit sanctifié encore ».

Nous trouvons dans de nombreux passages l’application de ce principe. Comme nous l’avons vu en Romains 8:29, Dieu nous a prédestinés à être conformes à l’image de son Fils. Éphésiens 1:4, 5 exprime en d’autres termes la même pensée. 1 Corinthiens 15:49 dit : « Comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste » (le Seigneur Jésus). 1 Jean 3:2 indique quand cela sera pleinement accompli : « Nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ».

Dans d’autres passages en revanche, nous sommes déjà identifiés avec le Seigneur Jésus. En 1 Jean 3:1 le monde ne nous connaît pas parce qu’il ne l’a pas connu, et en 1 Jean 4:17,  il est dit que nous sommes, dans ce monde déjà, comme il est dans la gloire.

Cela s’explique par le fait que tout est fondé sur l’œuvre du Seigneur Jésus. De par notre position, nous possédons déjà tout (1 Cor. 1:30). Nous sommes séparés du monde par la nouvelle naissance et nous possédons la vie éternelle. Nous sommes rendus parfaits par une seule offrande et sommes justifiés devant Dieu. Nous sommes fils et héritiers de Dieu et, en Christ, nous sommes dans les lieux célestes (Éph. 2:6). Pour ce qui en est de notre âme, nous possédons donc tout ; mais notre corps ne participe pas encore à tout ; et la chair est encore là. C’est pourquoi notre état pratique ne correspond pas encore à la position dans laquelle nous avons été amenés en vertu de l’œuvre du Seigneur Jésus.

 

10.3                   Sainteté pratique

Toutes les exhortations tendent — et c’est là le but de tout ministère (Éph. 4:11-16 ; Col. 1:28) — à nous faire réaliser déjà maintenant ce que nous serons une fois plus tard en perfection. Et comment serons-nous ? Nous Lui serons semblables, à Lui l’homme glorifié dans le ciel. Il est donc aussi la mesure de notre marche pratique. C’est pourquoi il est dit : « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui est pur » (1 Jean 3:3 ; voir aussi 1 Thess. 3:12, 13).

Comment pouvons-nous pratiquement Lui ressembler davantage ? En nous y efforçant pratiquement ? En cherchant à transformer notre vie et à vivre plus saintement ? En Romains 7, nous voyons quelqu’un procéder ainsi. Le résultat est qu’il s’écrie : « Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort » (v. 24) ?

La parole de Dieu indique un meilleur chemin : « Or nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18).

En contemplant le Seigneur Jésus tel qu’il est maintenant, glorifié dans le ciel, en lisant tout ce qui est écrit de Lui dans la parole de Dieu et en méditant ces choses, notre vie est changée. Nous sommes alors transformés moralement à son image. Ce qui occupe notre cœur imprimera son sceau, sa marque, sur notre vie.

Il en est de même de la sainteté. Ce que nous serons une fois : semblables au Seigneur Jésus glorifié, est la mesure de notre sainteté. Le regard fixé sur Lui opère cette sanctification. La sainteté est, dans sa nature et dans son caractère, ce que nous représentons lorsque Christ est manifesté en nous.

Aussi le Seigneur Jésus dit-il : « Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité » (Jean 17:17-19). Maintenant déjà il est assis comme homme glorifié sur le trône de Dieu : « Saint, innocent, sans souillure, séparé des pécheurs, et élevé plus haut que les cieux » (Héb. 7:26), afin qu’en le contemplant Lui, nous soyons sanctifiés. La vérité, la parole de Dieu nous le décrit. Elle nous le présente dans la gloire de sa Personne, et notre cœur est rempli de sa perfection et de tout ce qui se rattache à Lui. Alors il n’y a plus de place dans le cœur pour le monde, et pour ce qui est du monde. De cette manière notre vie devient toujours plus conforme à la sienne et est de plus en plus séparée de tout ce qui est d’ici-bas, pour être consacrée à Dieu seul. C’est là la sainteté.

Dans ce chemin, il nous faut compter sur la fidélité de Dieu. « Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie — au seul Dieu, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles ! Amen » (Jude 24, 25 ; voir aussi Matt. 19:26) !

Avec mes affectueuses salutations.

Votre ami H. L. H.

 

11               La valeur de la lecture de la Bible

Chers amis,

J’aimerais maintenant vous demander si vous lisez régulièrement la Bible ? Et par là je n’entends pas seulement la lecture, lorsque toute la famille est réunie, ou peut-être lors du repas, mais la lecture dans la tranquillité, lorsque vous êtes seul. Il est extrêmement important que vous fassiez ainsi. Un croyant qui néglige cette lecture ne reste pas dans une communion intime avec le Seigneur et ne peut pas être véritablement heureux.

Jamais nous ne pourrons trop apprécier la valeur de la Bible, car elle est la Parole de Dieu. Par elle seule nous apprenons à connaître Dieu et ses pensées. Dieu s’est révélé dans l’Ancien Testament par la Parole qu’il prononça et qu’il fit écrire. Là il déclara qui il était, ce qu’il avait fait, ce qu’il ferait et comment l’homme devait le servir. Puis le Fils vint sur la terre et nous révéla Dieu (Jean 1:18). Mais c’est seulement par la Parole que nous connaissons tout ce qui concerne le Fils : sa naissance, sa vie et sa mort, ses paroles et ses actes. Et Dieu le Saint Esprit, qui est maintenant sur la terre et qui habite dans chaque croyant, nous révèle tout par la Parole. Aussi n’est-il pas normal qu’un croyant n’aime pas la Bible. Et sa croissance dans la grâce et la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ est étroitement liée à son amour pour la Parole et à l’emploi qu’il en fait.

Si nous lisons par exemple le Psaume 119 nous voyons comment chaque phase de la vie spirituelle du psalmiste est liée à la Parole. Nous voyons tout d’abord que la nouvelle vie,

 

11.1                   la nouvelle naissance

est opérée par la Parole (v. 93). « Jamais je n’oublierai tes préceptes, car par eux tu m’as fait vivre ». Voir encore les versets 25, 37, 40, 50, 88, 107, 116, 144, 149, 154, 156, 159 et 175. D’autres passages le disent aussi expressément : « De sa propre volonté, il nous a engendrés par la parole de la vérité... » (Jacques 1:18). « Vous qui êtes régénérés, non par une semence corruptible, mais par une semence incorruptible, par la vivante et permanente parole de Dieu » (1 Pierre 1:23). Le Seigneur le dit également en Jean 3: « Si quelqu’un n’est né d’eau et de l’Esprit, il ne peut entrer dans le royaume de Dieu ». Il ressort d’Éphésiens 5:26 et d’autres passages que l’eau, dans l’Écriture, est une image de la Parole, appliquée à l’homme par le Saint Esprit.

La parole de Dieu amène la conscience de l’homme pécheur dans la lumière de Dieu. Par là l’homme voit qui il est et il se juge lui-même en confessant ses péchés devant Dieu. C’est la repentance. Par ce jugement de soi-même le cœur de l’homme est purifié, et le Saint Esprit produit en lui par la Parole une vie nouvelle, divine.

Il ressort de ce qui précède que lorsque nous parlons à des incrédules pour leur apporter l’évangile, il nous faut connaître la parole de Dieu. Nos propres paroles n’amèneront jamais un homme à la conversion. Seule la parole de Dieu le peut : « Ainsi la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu » (Rom. 10:17). Mais la parole de Dieu est également

 

11.2                   La nourriture de la nouvelle vie

« Que tes paroles ont été douces à mon palais, plus que le miel à ma bouche » (Psaume 119:103) ! Elles sont plus précieuses que l’or et que beaucoup d’or fin, et plus douces que le miel et que ce qui distille des rayons de miel (Psaume 19:10). Le Seigneur Jésus dit : « L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Matthieu 4:4). Voir également Hébreux 5:12-14 et 1 Pierre 1:25 ; 2:2.

La nouvelle vie, qui a été produite par la Parole, a besoin d’une nourriture qui soit en accord avec cette vie. C’est le Seigneur Jésus, comme a) Sauveur mort (Jean 6:56), b) Celui qui a marché ici sur cette terre, Homme saint et véritable (Jean 6:33-35) et c) Seigneur glorifié dans le ciel, le blé du pays (Josué 5:11). Nous ne trouvons le Seigneur que dans la Parole. Dans l’Ancien Testament nous le voyons dans toutes les ombres ou types, et dans les révélations des prophètes. Dans le Nouveau Testament, il nous est pleinement révélé : dans sa vie ici-bas sur la terre (dans les Évangiles, dans les Actes et dans Épîtres) et comme Seigneur glorifié (dans les Actes, dans les Épîtres et dans l’Apocalypse).

Il n’est pas étonnant que la vie spirituelle de plusieurs soit faible et maladive, et qu’ils ne puissent supporter que du lait au lieu de nourriture solide (Hébreux 5:12-14), s’ils négligent les réunions de la semaine et les études de la Parole, et ne sondent pas régulièrement eux-mêmes la Parole.

Nous ne croissons, c’est-à-dire notre vie spirituelle ne peut être saine, que si nous la nourrissons régulièrement.

 

11.3                   La parole de Dieu est notre guide

« Comment un jeune homme rendra-t-il pure sa voie ? Ce sera en y prenant garde selon ta parole ». « J’ai caché ta parole dans mon cœur afin que je ne pèche pas contre toi ». « Ta parole est une lampe à mon pied, et une lumière à mon sentier » (Psaume 119:9, 11, 105).

L’Éternel dit à Josué : « Seulement fortifie-toi et sois très ferme, pour prendre garde à faire selon toute la loi que Moïse, mon serviteur, t’a commandée ; ne t’en écarte ni à droite ni à gauche, afin que tu prospères partout où tu iras. Que ce livre de la loi ne s’éloigne pas de ta bouche, et médite-le jour et nuit, afin que tu prennes garde à faire selon tout ce qui y est écrit ; car alors tu feras réussir tes voies, et alors tu prospéreras » (Josué 1:7-9).

En Actes 20:32, Paul, conscient des grands dangers qui guettent les anciens d’Éphèse, les recommande « à Dieu et à la parole de sa grâce ». À Timothée, il parle des « saintes lettres qui peuvent te rendre sage à salut » (2 Timothée 3:15).

Comment pourrions-nous savoir ce qu’est le péché, si nous ne connaissons pas la parole de Dieu ? L’ignorance n’exclut pas la culpabilité (Lévitique 5:17). Comment pourrions-nous savoir ce que nous devons faire et ce qui est selon les pensées de Dieu, si nous n’étudions pas sa Parole, dans laquelle il nous communique toutes choses ? Comment pourrions-nous savoir quelle décision prendre pour des choses précises, et dans quel chemin nous avons à marcher, si nous ne connaissons pas la Parole ?

« L’entrée de tes paroles illumine, donnant de l’intelligence aux simples ». « Tes commandements m’ont rendu plus sage que mes ennemis, car ils sont toujours avec moi. J’ai plus d’intelligence que tous ceux qui m’enseignent, parce que je médite tes préceptes. J’ai plus de sens que les anciens, parce que j’observe tes préceptes » (Psaume 119:130, 98-100).

 

11.4                   La Parole est notre arme

« L’épée de l’Esprit, qui est la parole de Dieu » (Éphésiens 6:17). « Et j’aurai de quoi répondre à celui qui m’outrage » (Psaume 119:42).

Combien le Seigneur Jésus a fait usage de cette épée ! À chacune des attaques de Satan il répondit par un : « Il est écrit » (Matthieu 4:4, 7, 10). Et ainsi Satan dut s’enfuir ; il n’avait aucune puissance contre la parole de Dieu.

Mais le Seigneur adressa également aux hommes ces paroles : « N’est-il pas écrit » (Jean 10:34) ? « Qu’est-ce donc que ceci qui est écrit » (Luc 20:17) ? etc. « La parole de Dieu est vivante et opérante, et plus pénétrante qu’aucune épée à deux tranchants, et atteignant jusqu’à la division de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; et elle discerne les pensées et les intentions du cœur. Et il n’y a aucune créature qui soit cachée devant lui, mais toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire » (Hébreux 4:12, 13).

C’est notre seule arme tant pour nous défendre contre Satan et le monde, que pour attaquer. Il ne nous faut jamais oublier que c’est la parole du Dieu vivant, et que par conséquent elle a de la puissance. Si nous nous en servons, cette puissance divine sera ressentie par tous ceux envers lesquels elle est utilisée. Même si la personne à laquelle nous nous adressons ne le reconnaît pas et reste extérieurement insensible et hostile, sa conscience la convainc cependant de la véracité de ce qui a été dit.

Alors que j’étais encore jeune, je l’ai expérimenté une fois très clairement. Je distribuais des traités dans un train, et un monsieur commença à discuter avec moi sur le christianisme. Je pris ma Bible et lus un passage qui contredisait ses affirmations. Lorsque je l’eus fait deux ou trois fois, il s’écria : « Monsieur, ce n’est pas avec la Bible, mais avec vous que je veux discuter ». Je lui répondis que je ne savais rien d’autre que ce qui était dans la Bible. Il essaya encore une ou deux fois, puis se détourna, mécontent et se mit à lire. Personne ne peut résister à la parole de Dieu.

À peu près à la même époque je fis une expérience semblable. Cette fois pourtant je ne pris pas ma Bible, mais commençai à discuter avec mon interlocuteur. Il ne me fallut pas longtemps pour constater que j’étais battu.

Il y a quelques années je me trouvais sur la plate-forme d’un train bondé ; un voyageur se plaignait des temps mauvais et affirmait que cela ne s’améliorerait jamais. J’intervins dans la discussion et dis que j’avais la certitude que des temps meilleurs viendraient et que je les vivrais. Puis je lui lus quelques passages. Il se moqua de moi, sur quoi je lus encore quelques versets sur l’état de l’homme et sur le salut en Christ. Il se détourna et se mit à parler avec quelqu’un d’autre. Un bon quart d’heure plus tard, il me pria de venir avec lui. Il m’attira dans un coin et, les larmes aux yeux, me demanda une Bible, car il désirait posséder lui aussi ce dont je lui avais lu quelque chose.

 

11.5                   Le moyen de purification

La parole de Dieu est également l’unique moyen par lequel nous pouvons être purifiés et sanctifiés. « Comme aussi le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré lui-même pour elle, afin qu’il la sanctifiât, en la purifiant par le lavage d’eau par la parole » (Éphésiens 5:25-27). « Sanctifie-les par la vérité ; ta parole est la vérité » (Jean 17:17).

C’est seulement par l’application constante de la parole de Dieu à notre marche et à nos voies que notre vie est purifiée et que nous sommes séparés de tout mal. Notre avocat auprès du Père lave nos pieds au moyen de la Parole (l Jean 2:2 ; Jean 13) ; mais nous avons la responsabilité de nous laisser laver les pieds.

« J’ai caché ta parole dans mon cœur, afin que je ne pèche pas contre toi » (Psaume 119:11). « Aussi ton serviteur est instruit par eux (les jugements de l’Éternel) ; il y a un grand salaire à les garder. Qui est-ce qui comprend ses erreurs » (Psaume 19:11,12) ?

La parole de Dieu est aussi l’unique

 

11.6                   Pierre de touche pour la pratique et la doctrine

« J’ai gardé tes préceptes et tes témoignages ; car toutes mes voies sont devant toi » (Psaumes 119:168). « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (Apocalypse 2 et 3). Dans l’Assemblée, tant en ce qui concerne la doctrine que dans la pratique, nous avons à tout examiner à la lumière de ce que l’Esprit dit aux assemblées, c’est-à-dire, de la parole de Dieu. « Que les prophètes parlent, deux ou trois, et que les autres jugent » (1 Corinthiens 14:29).

Mais il nous faut aussi éprouver par la parole de Dieu notre propre marche, nos propres opinions. Nos pensées propres n’ont absolument aucune valeur. Ce que dit la parole de Dieu est seul déterminant (voir par exemple Lévitique 5:14-19). En Actes 17:11 les Juifs de Bérée sont appelés plus nobles que ceux de Thessalonique, car ils examinaient les déclarations de l’apôtre Paul à la lumière de la parole de Dieu. En 1 Corinthiens 15:3-4, l’apôtre lui-même présente les Écritures comme la source de sa doctrine.

« Toute écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre » (2 Tim. 3:16-17).

 

11.7                   Obéissance et soumission

« Tu as commandé tes préceptes pour qu’on les garde soigneusement » (Psaume 119:4). « Il y a un grand salaire à les garder » (Ps. 19:11). « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15:10). « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui » (Jean 14:23). « Car c’est ici l’amour de Dieu, que nous gardions ses commandements, et ses commandements ne sont pas pénibles » (1 Jean 5:3).

Nous voyons là quelle valeur Dieu attribue à la connaissance de sa Parole et à l’obéissance à la Parole. Ne devrait-ce pas être tout naturel pour nous de demander : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? »

Le premier péché a été la désobéissance à la parole de Dieu. Oui, le péché c’est faire ou omettre quelque chose, sans penser à l’autorité de Dieu sur nous : le péché est l’iniquité (l Jean 3:4). Ainsi, tout ce que nous faisons, sans nous enquérir de la volonté de Dieu et sans nous y soumettre est péché.

Quelle vie d’obéissance ne voyons-nous pas dans le Seigneur Jésus ! Il est venu sur la terre pour faire la volonté de Dieu (Hébreux 10:7). Il dut pour cela apprendre l’obéissance (Hébreux 5:8) ; car obéir était pour Lui, le Dieu éternel, une chose inconnue. Mais sur la terre il put dire : « Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29). « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:24).

Qu’est-ce que cela a dû être pour Dieu de voir, dans un monde où les hommes n’agissaient que selon leur propre volonté, cet Homme qui, bien que sa volonté fût parfaite et divine, ne faisait que la volonté de Dieu.

Que sera-ce pour Dieu, s’il trouve maintenant aussi des hommes dont le désir et la joie sont de le servir et qui étudient avec zèle sa Parole, pour apprendre à le connaître Lui et sa volonté !

Quelle valeur pratique immense y a-t-il pour nous-mêmes à lire la Parole et à apprendre ainsi à le connaître ! Nos cœurs se réjouiront, parce que nous y voyons la gloire du Seigneur et aussi tout ce que l’amour de Dieu a préparé pour nous. Nous apprenons à la connaître toujours mieux et pouvons ainsi toujours mieux comprendre les pensées de Dieu ; en même temps, nous préparons des armes, que nous pourrons employer, tant pour nous défendre contre les attaques de Satan, que pour attaquer nous-mêmes, c’est-à-dire parler à quelqu’un du salut de son âme.

Que celui qui se plaint que sa mémoire est comme une passoire ne retenant rien sache que si la passoire ne peut pas retenir l’eau, elle n’en est pas moins nettoyée. L’eau emporte toutes les impuretés. Il en est de même de la parole de Dieu. Ne lisez pas seulement la Parole, méditez-la. Servez-vous aussi avec reconnaissance des bons écrits qui existent ; mais éprouvez toute chose à la lumière de la Parole elle-même. Ne permettez jamais à aucun exposé de prendre la place de la parole de Dieu ; ce serait une amère tromperie.

« Mon fils, si tu reçois mes paroles et que tu caches par devers toi mes commandements pour rendre ton oreille attentive à la sagesse, si tu inclines ton cœur à l’intelligence, si tu appelles le discernement, si tu adresses ta voix à l’intelligence, si tu la cherches comme de l’argent, et que tu la recherches comme des trésors cachés, alors tu comprendras la crainte de l’Éternel et tu trouveras la connaissance de Dieu » (Proverbes 2:1-5).

Avec mes affectueuses salutations.

H.L.H.

 

12               Prier

Chers amis,

Dans ma dernière lettre, j’ai attiré votre attention sur la lecture de la parole de Dieu. Maintenant je veux vous demander ce qu’il en est de votre vie de prière. Ces deux choses sont d’une importance inestimable, en particulier parce qu’elles sont étroitement unies l’une à l’autre. Si on lit seulement la parole de Dieu, mais qu’on néglige la prière, il s’ensuivra un froid orgueil et de la vanterie. Si l’on se contente de prier, mais qu’on omette la lecture de la Parole, il en résultera le fanatisme avec tout l’aveuglement qui y est toujours lié, car les pensées de Dieu ne sont pas discernées. Oui, le fait que la parole de Dieu n’est pas étudiée est la preuve que l’on n’a pas d’intérêt aux pensées de Dieu et à ses droits. C’est pourquoi dans de tels cas, la vie de prière sera dominée par la volonté propre, et le « moi » sera placé comme centre, aussi pieux que ce « moi » puisse se montrer, par exemple, dans son activité pleine de zèle dans l’évangélisation ou d’autres choses. Mais si la prière va de pair avec une lecture approfondie de la parole de Dieu, ce sera une grande bénédiction pour la vie spirituelle.

Dans les Écritures un accent très marqué est mis sur la prière. Le Seigneur Jésus a commencé son service par la prière (Luc 3:21). L’assemblée a été constituée et trois mille hommes furent convertis après dix jours de réunions de prières (Actes 1:13, 14), le grand travail parmi les païens commença en relation avec la prière (Actes 13:2, 3) et pareillement, l’introduction de l’Évangile en Europe est étroitement liée dans la parole de Dieu à la prière (Actes 16:9-13). Les douze apôtres se démirent d’une partie du travail qu’ils avaient accompli jusque-là, pour pouvoir persévérer dans la prière et dans le service de la Parole (Actes 6:4). Lorsque nous lisons les Actes des apôtres, il semble que Paul ne faisait que prêcher, et lorsque nous lisons les Épîtres, il semble qu’il n’ait rien fait d’autre que prier. Voir par exemple : Romains 1:9, 10 ; 1 Corinthiens 1:4 ; Éphésiens 1:16 ; 3:14 ; Philippiens 1:4 ; Colossiens 1:3, 9 ; 1 Thessaloniciens 1:2. Et la parole de Dieu nous dit à nous : « Priant par toutes sortes de prières et de supplications, en tout temps » (Éph. 6:18) et « Priez sans cesse » (1 Thess. 5:17). Et cela nous est répété dans de nombreux autres passages des Écritures.

 

12.1                   Prier est le signe de la nouvelle naissance

Prier n’est pas la même chose que « réciter une prière ». Des milliers de prières sont récitées tous les jours. Une fois même, on pouvait lire dans un journal américain relatant un service religieux : « Sa prière a été la plus harmonieuse qui ait jamais été prononcée devant une assemblée à Boston ». Cela rappelle ce que le Seigneur disait aux pharisiens : pour prétexte ils font de longues prières (Marc 12:40).

Seuls les vrais chrétiens peuvent prier véritablement. La prière est l’expression de la nouvelle vie, qui est de Dieu et qui connaît maintenant sa dépendance de Lui. Cela ne veut pas dire que Dieu n’entend jamais la prière d’un inconverti. Dieu entend le croassement des jeunes corbeaux et leur donne leur nourriture. Ainsi Dieu écoute parfois aussi la prière d’un incrédule, lorsque celui-ci est sincère dans sa prière. Pensons seulement à Genèse 21:17 et Jonas 1:14.

Mais bien que Paul, en tant que pharisien, ait prononcé des centaines de prières, et sans aucun doute avec sincérité, le Seigneur dit à Ananias, après que Paul eut été converti : « Voici, il prie ». C’était là la preuve de sa transformation, la preuve qu’il avait reçu une vie nouvelle, dépendante de Dieu.

La nouvelle vie est consciente de sa dépendance et l’exprime, exactement comme un enfant nouveau-né s’exprime parfois par des cris ou des sons incompréhensibles pour les adultes, et qui ne sont pas particulièrement beaux à entendre. Mais Dieu comprend les prières incohérentes et souvent insensées. Elles sont pour son cœur de Père le signe que la nouvelle vie est consciente de sa dépendance. Et selon la richesse de son amour de Père il « donne de bonnes choses » à celui qui prie.

 

12.2                   Prier n’est pas réservé aux croyants expérimentés

Oui, mais si de jeunes convertis ne savent pas encore comment prier et si leurs prières sont justes, ne feraient-ils pas mieux d’attendre ?

Les Thessaloniciens n’étaient convertis que depuis quelques mois, lorsque Paul leur écrivit sa première épître ; et pourtant il leur dit : « Priez sans cesse » (5:17). Oui, plus encore ! Lui, le grand apôtre, par la prédication duquel ils avaient été convertis et qui maintenant leur enseignait les pensées de Dieu appréciait la valeur de leurs prières : « Frères, priez pour nous » (5:25).

Cela nous donne à connaître la valeur de la prière et nous montre clairement combien Dieu l’estime. Pourrait-il y avoir des parents qui aimeraient que leurs enfants ne leur disent jamais rien et ne leur demandent rien, simplement parce qu’ils ne peuvent pas encore parler correctement et en outre parce qu’ils demandent parfois des choses que leurs parents ne peuvent pas leur donner, parce qu’elles leur sont nuisibles ? Ainsi Dieu est réjoui de voir ses enfants, nés de nouveau, s’approcher de Lui, dans la confiance en Lui, pour placer devant Lui toutes leurs difficultés. C’est sa joie de répondre aux prières, et si son amour ne peut pas répondre dans tous les cas, parce que cela serait préjudiciable pour celui qui demande, il donne pourtant la paix à son cœur. « Ne vous inquiétez de rien, mais, en toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ; et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4:6, 7).

 

12.3                   L’assurance de l’exaucement

Romains 8:31, 32 dit : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Celui même qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui ? » Et le Seigneur Jésus dit en Jean 16:26: « Le Père lui-même vous aime ».

Si le Dieu Tout-puissant est pour nous, qu’il nous aime, et qu’il veut tout nous donner, quelle puissance y a-t-il donc dans la prière !

Ce n’est cependant pas tout ! En Jean 14:13, 14, le Seigneur Jésus nous permet de prier en son nom, et il nous promet qu’il entendra la prière. En Jean 16:23 il ajoute : « Toutes les choses que vous demanderez au Père en mon nom, il vous les donnera ». Il n’y a donc aucune restriction, aucune incertitude.

Cela apparaît aussi clairement si nous considérons, dans l’Écriture, la vie du Seigneur Jésus. Au Psaume 109:4, le Seigneur Jésus dit que dans sa vie sur la terre, il s’est adonné à la prière. C’est ce qui le caractérisait. Il était véritablement Homme et la vraie humanité est dépendante de Dieu. Dieu le Créateur n’a pas créé l’homme comme un être indépendant, et parce que l’homme ne veut pas être dépendant de Dieu, il l’est du diable.

Dans le Seigneur Jésus nous trouvons l’Homme vrai et parfait et par conséquent aussi une dépendance parfaite. En Ésaïe 50:4, il dit de Dieu : « Il me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j’écoute comme ceux qu’on enseigne ». Dans les Évangiles, nous avons sa vie de prière.

Dans l’évangile selon Luc, le Seigneur nous est présenté en particulier comme vrai Homme, comme Fils de l’homme. Dans cet évangile nous voyons huit fois le Seigneur prier, et parfois, passer toute la nuit à prier (3:21 ; 5:16 ; 6:12 ; 9:18, 29 ; 11:1 ; 22:41 et 23:34). Sept fois nous le voyons prier pendant son service, avant la croix, et une fois alors qu’il va mourir, sur la croix. Il est merveilleux de considérer les circonstances dans lesquelles le Seigneur Jésus prie, car elles sont pleines d’enseignements importants pour nous, et notre cœur se remplit d’adoration ; mais je ne veux pas parler de cela maintenant. Je veux seulement rendre attentif au fait que le Seigneur Jésus, qui priait tellement, pouvait dire : « Or moi je savais que tu m’entends toujours » (Jean 11:42). Chacune de ses prières était entendue, et le Seigneur Jésus le savait par avance, même lorsqu’il s’agissait de ressusciter un mort qui était déjà depuis quatre jours dans le sépulcre.

Deux fois Dieu a rendu témoignage de Lui : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir » et les deux fois en relation avec le fait que le Seigneur priait (Luc 3:21, 22 et 9:35, comp. Matt. 17:5), et le Seigneur Jésus a dit : « Ma viande est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé, et d’accomplir son œuvre » (Jean 4:34) et « ... parce que moi, je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 8:29). Aussi Dieu pouvait-il exaucer chacune de ses prières, car tout ce qu’il demandait, répondait parfaitement aux pensées de Dieu et avait la gloire de Dieu comme but.

C’est pourquoi si nous prions au nom du Seigneur Jésus il est certain que nous sommes exaucés, car notre prière monte devant Dieu comme si c’était la prière du Seigneur Jésus Lui-même, et celle-ci est toujours exaucée.

 

12.4                   Que signifie prier au nom du Seigneur Jésus ?

Nous pouvons bien nous poser cette question maintenant que nous avons vu quelle conséquence a une telle prière. Cela signifie : prier Dieu au nom du Seigneur Jésus.

Est-ce à dire que nous devons terminer une prière dans laquelle nous demandons tout ce que nous pensons être nécessaire, par : « Au nom du Seigneur Jésus » ? Que la plupart du temps on pense et on agisse ainsi est certain, mais ce n’est pas juste pour autant.

Prier au nom du Seigneur Jésus signifie prier à sa place et par conséquent revêtu de son autorité et de ses droits. Aussi la prière doit porter le caractère de la prière du Seigneur Jésus.

Si quelqu’un se présente chez un libraire et lui demande une bible, au nom d’un tiers que le libraire connaît comme étant un croyant sérieux, celui-ci sera vite disposé à le croire. Mais s’il venait lui demander un jeu de cartes et quelques mauvais romans, il ne le croirait pas. Précisément parce que ce libraire connaît le croyant, il sait qu’il ne commande pas de telles choses et que, par conséquent, le client ne vient pas au nom de ce croyant.

Ainsi la prière au nom du Seigneur Jésus doit porter le caractère de la prière du Seigneur Lui-même. Il comporte d’abord une dépendance parfaite, puis, de telles prières n’ont pour but que la gloire de Dieu et, troisièmement, elles sont en accord parfait avec sa volonté.

 

12.5                   Conditions de l’exaucement

En Jean 15:7, le Seigneur dit : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait ».

Nous trouvons ici l’assurance la plus étendue que Dieu nous donne ce que nous demandons. Il n’y a pas d’exception. Peut-il y avoir davantage que « ce que vous voudrez » ? — « Vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait ».

Mais cette assurance fait suite à : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous ». Nous avons là la condition de l’exaucement assuré. Si nous demeurons dans le Seigneur Jésus, nous Lui deviendrons toujours plus conformes. Si ses paroles demeurent en nous, nos sentiments, les choses auxquelles nous attachons de la valeur, et ce que nous voulons, correspondront à ses sentiments, à ses intérêts et à sa volonté, et nous saurons que tout cela répond parfaitement à la volonté de Dieu. Aussi la même promesse est-elle donnée en Jean 16:23-27 : « Parce que vous m’avez aimé et que vous avez cru que moi je suis sorti d’auprès de Dieu ».

Hébreux 11:6 mentionne encore une condition : « Il faut que celui qui s’approche de Dieu croie ». « Mais qu’il demande avec foi, ne doutant nullement ; car celui qui doute est semblable au flot de la mer, agité par le vent et jeté çà et là ; or que cet homme-là ne pense pas qu’il recevra quoi que ce soit du Seigneur » (Jacq. 1:6-8).

Dieu répond à la foi. Comment peut-il exaucer une prière, lorsque celui qui demande n’a pas suffisamment confiance en Lui pour croire que Dieu le fera ?

En Matthieu 21:21-23 le Seigneur dit quelque chose de semblable. Il ajoute cependant qu’il doit y avoir la preuve de la foi.

Un acrobate traversait une fois les chutes du Niagara sur une corde. Il passa une deuxième fois avec une brouette, puis encore une fois avec un mannequin grandeur nature. Il demanda ensuite aux spectateurs s’ils croyaient qu’il pourrait traverser en portant un homme vivant ; tous s’écrièrent : oui. Mais lorsqu’il demanda un volontaire, personne n’eut le courage de s’avancer.

C’est pourquoi le Seigneur ne parle pas seulement de foi, mais aussi de la preuve de notre foi, manifestée lorsque nous disons à une montagne : « Ôte-toi et jette-toi dans la mer » (Matt. 21:21).

 

12.6                   Obstacles à l’exaucement

Comment se fait-il alors que tant de prières ne sont pas exaucées ? Les Écritures nous donnent plusieurs raisons.

Daniel 10 nous montre que des prières, bonnes en elles-mêmes, ne sont parfois pas exaucées, car Satan cherche de toute sa puissance à en empêcher l’exaucement. Il ne le peut pas jusqu’au bout ; mais, si Dieu le permet, il peut retarder l’exaucement immédiat. Et Dieu le permet quelquefois pour mettre à l’épreuve notre foi et notre patience.

Il peut cependant aussi y avoir des motifs en nous-mêmes, pour lesquels Dieu ne peut pas répondre à nos prières. En Ésaïe 59:2, il est dit à Israël : « Vos iniquités ont fait séparation entre vous et votre Dieu, et vos péchés ont fait qu’il a caché de vous sa face, pour ne pas écouter ». Le psalmiste dit : « Si j’avais regardé l’iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m’aurait pas écouté » (Ps. 66:18). En 1 Jean 3:21, 22 nous lisons : « Si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons de l’assurance envers Dieu ; et quoi que nous demandions, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements et que nous pratiquons les choses qui sont agréables devant Lui ».

L’Écriture énumère par leur nom plusieurs choses pour lesquelles notre cœur nous condamne et à cause desquelles nos prières ne sont pas exaucées.

En Marc 11:22-26 le manque de disposition à pardonner est nommé (voir aussi Éph. 4:32). Que nous puissions nous approcher de Dieu repose sur le fait que Dieu, en Christ, nous a pardonné tous nos péchés. Comment pouvons-nous avoir de l’assurance si nous ne pardonnons pas de tout notre cœur tout ce que d’autres nous ont fait ?

Jacques dit : « Vous demandez, et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, afin de le dépenser pour vos voluptés » (4:3). Si nous demandons à Dieu quelque chose qui doive satisfaire les convoitises de notre cœur, les désirs de la chair, comment Dieu peut-il nous donner de telles choses ? Dieu hait la chair et l’a condamnée à la croix (Rom. 8:3). Il nous appelle à nous tenir nous-mêmes pour morts au péché (Rom. 6:11) et à mortifier nos membres qui sont sur la terre (Col. 3:5-17). « Or ceux qui sont du Christ ont crucifié la chair avec les passions et les convoitises » (Gal. 5:24). Est-ce que demander ces choses n’est pas déjà la preuve que les paroles du Seigneur Jésus ne sont pas demeurées en nous (Jean 15:7) et que nos opinions sont en totale contradiction avec celles du Seigneur et avec les sentiments de Dieu ?

1 Pierre 3:1-7 énumère encore un autre motif. Les relations dans la vie familiale, entre mari et femme, entre parents et enfants, entre les enfants eux-mêmes, peuvent être telles que les prières sont interrompues. Comment pouvons-nous être assurés devant Dieu, lorsque tout n’est pas en ordre dans la famille, lorsqu’il subsiste des questions qui n’ont pas été réglées !

 

12.7                   Prier selon sa volonté

Oui, il nous faut d’abord nous juger nous-mêmes dans la lumière de Dieu, confesser tout ce qui n’est pas bon, devant le Seigneur, et s’il y a lieu, devant les hommes, et nous purifier ainsi dans le jugement de nous-mêmes. Alors nous aurons de l’assurance devant Dieu.

Mais pour être sûr de recevoir ce que nous demandons, il nous faut ensuite prier selon sa volonté. Et comment savons-nous quelle est la volonté de notre Père ? Il nous a communiqué ses pensées dans sa Parole, et si nous vivons dans une communion journalière avec Lui, nous apprendrons à connaître ses pensées dans sa Parole, par le Saint Esprit. Voilà pourquoi l’étude quotidienne de sa Parole est si importante. Comment Dieu peut-il exaucer une prière dans laquelle nous demandons quelque chose qu’il a déjà donné depuis longtemps ? Par exemple, l’effusion du Saint Esprit, alors que l’Écriture enseigne expressément que le Saint Esprit a été répandu et qu’il habite maintenant sur la terre, dans l’Assemblée comme tout et dans chaque croyant en particulier ! Ou la délivrance du péché qui habite en nous, alors que Dieu l’a jugé dans le Seigneur Jésus sur la croix (Rom. 8:3 ; 2 Cor. 5:21).

Par la Parole et dans la communion journalière avec le Seigneur, nous apprenons à connaître la volonté de Dieu. Et ainsi nous pouvons prier selon sa volonté et avoir la certitude que nos prières sont exaucées.

 

12.8                   Prier sans cesse

Mais alors, est-ce que seuls les croyants avancés, ceux qui ont étudié à fond la parole de Dieu, peuvent prier ?

Non, heureusement ! Est-ce que des parents diraient à leur enfant de ne plus rien leur demander avant d’avoir grandi, parce que celui-ci parle encore maladroitement et demande parfois des choses insensées ? Oh ! non. Ils sont contents que l’enfant vienne à eux avec ses demandes. C’est, pour eux, la preuve que l’enfant est persuadé qu’ils sont ses parents et que sans eux il ne peut pas se tirer d’affaire. Il montre qu’il a confiance en eux et que, même si c’est parfois inconscient, il compte sur leur amour et leurs soins.

Dieu, notre Père, écoute avec une joie profonde notre voix lorsque nous nous approchons de Lui. Nous sommes ses enfants. De Paul qui venait seulement de se convertir, le Seigneur dit : « Voici, il prie ». Aux Thessaloniciens qui eux aussi venaient juste de se convertir, il fait écrire par l’apôtre Paul : « Priez sans cesse ». Et ce grand apôtre, par la prédication duquel à cette époque déjà vraisemblablement des millions d’hommes étaient venus à la conversion, et qui avait eu des révélations particulières, par lesquelles Dieu lui avait communiqué tout son conseil, oui, lui qui avait été dans le troisième ciel, et avait entendu des paroles ineffables (2 Cor. 12:2-4), cet apôtre était tellement persuadé de la force des prières de ces jeunes convertis qu’il leur demandait : « Frères, priez pour nous » (l Thess. 5:17, 25). La preuve la plus évidente qu’un croyant progresse est sans aucun doute qu’il voit toujours plus clairement combien la prière est importante — oui, que sans la prière tout est sans valeur.

Dieu, notre Père, nous dit : « Exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces ». Et si peut-être nous Lui demandons quelque chose de déraisonnable, que son amour ne peut pas nous donner, il a cependant promis : « Et la paix de Dieu, laquelle surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Phil. 4:6, 7). Que le Seigneur nous accorde, à vous et à moi, de voir toujours davantage la valeur de la prière et de faire aussi toujours plus usage de notre infini privilège. Combien alors nos cœurs seront heureux, et quel témoignage présentera notre vie !

Avec mes affectueuses salutations.

Votre ami dans le Seigneur

H. L. H.

 

13               Êtes-vous baptisés ?

Chers amis,

Je voulais m’entretenir avec vous de la Cène, mais je pense maintenant à une question qui doit précéder ce sujet : Êtes-vous baptisés ?

C’est une question de toute importance. La parole de Dieu dit : « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé » (Marc 16:16a). Et, en 1 Pierre 3:21, il est dit en relation avec le baptême : « Or cet antitype vous sauve aussi maintenant ». En d’autres termes, dans ces passages, et ailleurs, il est parlé d’un salut qui est lié au baptême.

Cette pensée vous est sans doute étrangère et semble être en contradiction avec ce que je vous ai écrit précédemment au sujet de la nécessité de la repentance envers Dieu et de la foi au Seigneur Jésus Christ pour être sauvé. La difficulté vient de ce que la plupart du temps quand on parle de « salut », on pense seulement à « aller au ciel » ou « être converti et avoir le pardon de ses péchés ». Mais les Saintes Écritures lient également au mot « salut » une autre pensée. Cela apparaît très clairement en Actes 2:40: « Sauvez-vous de cette génération perverse ». Il est ici impossible de donner comme signification : « aller au ciel » ou « recevoir le pardon des péchés ».

Le baptême n’a rien à voir avec le fait d’aller au ciel. Notre relation éternelle avec Dieu, la position que nous aurons dans l’éternité, dépend de la confession de nos péchés devant Dieu et de notre foi au Seigneur Jésus. Le brigand sur la croix n’a jamais été baptisé et pourtant le Seigneur lui dit : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Et après lui, des milliers d’hommes ont été convertis sur leur lit de mort et sont allés au Seigneur Jésus sans avoir jamais été baptisés.

Mais quant à notre position sur la terre, le baptême a une signification de toute importance. Les Juifs qui avaient cru à la parole annoncée par Pierre le jour de la Pentecôte se sont séparés extérieurement par le baptême du peuple juif lequel, à cause du rejet de Christ, restait sous le jugement de Dieu. Ce jugement a été exécuté par les armées romaines sous Titus, en l’an 70 de notre ère. Mais la parole de Dieu s’applique aujourd’hui encore à son peuple. La colère du ciel va bientôt tomber sur ce monde coupable. Ceux qui croient et sont baptisés se dissocient de ce monde et de son jugement. Le baptême, en figure, nous sauve maintenant, comme nous le lisons en 1 Pierre 3:21.

 

13.1                   Que signifie le baptême ?

Le baptême était reconnu d’une manière générale parmi les Juifs. Par ce qui était appelé le baptême des prosélytes, un païen se séparait de son peuple et se joignait à Israël. Nous trouvons également cette pensée chez Jean le Baptiseur. Il annonçait que le jugement sur les Juifs était à la porte (Luc 3:7-9, 16-20). Ceux qui recevaient sa parole étaient baptisés et se séparaient de cette manière du peuple incrédule. Le Seigneur Jésus se fit baptiser pour s’identifier au Résidu croyant. Il entra par la porte dans la bergerie (Jean 10:1-3).

Nous trouvons cette même pensée très clairement exprimée dans ce qui est appelé le baptême chrétien.

Dans l’évangile selon Matthieu, le Seigneur est présenté comme le Roi d’Israël. Lorsqu’il envoya ses disciples prêcher (Matt. 10:5), il leur dit par conséquent : « Ne vous en allez pas sur le chemin des nations, et n’entrez dans aucune ville de Samaritains ; mais allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d’Israël ».

Israël rejeta son Roi. Alors le Seigneur dit que le « royaume des cieux », ne serait pas encore établi dans la gloire, mais qu’il serait seulement établi dans une forme provisoire, un royaume duquel le roi est absent et dans lequel l’ennemi a encore la puissance de déployer son activité (Matt. 13). En même temps, le Seigneur montre que le royaume ne doit plus maintenant être limité à Israël seul : « le champ, c’est le monde ». « Celui qui sème la bonne semence, c’est le Fils de l’homme » (v. 38, 37). Lorsque le Seigneur eut définitivement été rejeté et qu’il eut été crucifié, il rassembla ses disciples en Galilée, loin de Jérusalem. Là il leur donna la mission de prêcher dès lors l’évangile à toutes les nations. Tous ceux qui reçoivent cet évangile n’ont plus à être ajoutés à Israël, mais doivent être baptisés pour le nom du Père et du Fils et du Saint Esprit. Le royaume étant maintenant venu dans la Personne du Roi, la Trinité est parfaitement révélée, et ainsi il n’y a pas d’autre chemin que de venir à Dieu (la Trinité). Mais parce que sur la terre Dieu n’est connu que dans le Seigneur Jésus, l’Écriture dit à maintes reprises que les croyants sont baptisés pour son nom.

 

13.2                   Baptisé pour le Seigneur Jésus crucifié

1 Corinthiens 10:2 montre clairement ce que signifie « baptiser pour ». Cela veut dire être rattaché à quelqu’un, être placé dans la même position. Les Israélites ont été baptisés pour Moïse dans la nuée et dans la mer. De même nous sommes baptisés pour le nom du Seigneur Jésus (Actes 19:5, etc.). Mais nous ne sommes pas baptisés pour un Seigneur vivant, glorifié dans le ciel. Certes, nous sommes unis à ce Seigneur. Maintenant déjà nous pouvons avoir communion avec Lui et, dans l’éternité, nous partagerons sa gloire dans tout ce qu’il possédera en vertu de son œuvre à la croix.

Mais ce monde ne le connaît pas comme le Ressuscité, le Glorifié. Il l’a vu pour la dernière fois alors qu’il mourait sur la croix et était enseveli. Pour le monde, il est Celui qui a subi la mort ignominieuse de la croix et qui a été enseveli, Celui qu’il a mis à mort.

Eh bien ! nous avons reçu ce Crucifié. Dieu nous a amenés à reconnaître que le salut ne pouvait être trouvé qu’en son nom, le nom de cet homme rejeté (Actes 4:11, 12). Par Lui nous avons reçu le pardon des péchés et la vie éternelle. Nous partagerons éternellement avec Lui sa place dans la gloire. Nous voulons maintenant aussi partager avec Lui sa place sur la terre, la place du rejet.

Et cela répond à la pensée de Dieu : « Si du moins nous souffrons avec Lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec Lui » (Rom. 8:17).

 

13.3                   Le monde entier gît dans le méchant (1 Jean 5:19)

Dieu a créé Adam dans l’innocence et la pureté. Mais Adam n’obéit pas à Dieu et devint un pécheur. Ses descendants s’unirent pour devenir grands, pour être forts contre Dieu et pour rendre inefficace la malédiction sur cette terre. Caïn bâtit la première ville. Ses descendants furent des inventeurs, qui rendirent la vie plus agréable. Et finalement les hommes s’allièrent pour être grands et puissants (Gen. 11:4). C’est ainsi que se constitua le monde, la vie communautaire organisée des hommes. Dieu s’occupait de ce monde. Il l’avertit par Noé. Après le déluge, il établit un nouveau commencement sur la terre purifiée. Lorsque les hommes se détournèrent à nouveau de Lui et s’adonnèrent à l’idolâtrie, il appela Abraham, parla avec lui, sépara sa famille de tous les peuples, lui donna ses commandements et ses ordonnances, conclut une alliance avec lui et le conduisit dans son pays, dans le pays d’Emmanuel.

Nous connaissons le résultat. Les descendants d’Abraham aussi se détournèrent de Dieu, bien que Dieu leur parlât par sa discipline, ses juges, ses rois et ses prophètes.

Il envoya ensuite son Fils. Dieu voulait leur pardonner leurs péchés et leur offrait le Seigneur Jésus comme Réconciliateur : « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes » (2 Cor. 5:19). Mais au lieu d’accepter la main que lui tendait Dieu, le monde rejeta le Seigneur Jésus. « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous ». Sa condamnation était fondée sur le fait qu’il était le Fils de Dieu. Ils le crucifièrent et, ce qui augmente leur responsabilité, ils le mirent à mort ignominieusement.

À la croix tout le monde se ligua contre le Seigneur. Hérode et Pilate devinrent amis. Le souverain sacrificateur et les scribes, la puissance religieuse la plus élevée sur la terre, s’unirent à l’empire romain, la puissance civile et politique la plus grande. L’inscription sur la croix était rédigée dans les trois langues du monde d’alors. Dans leur lutte contre Dieu, ils étaient tous conduits par Satan.

Là, à la croix, l’état du monde fut pleinement manifesté ; pas seulement l’état de ceux qui étaient présents, mais aussi celui de toute la vie communautaire organisée des hommes. Tous les moyens dont disposait cette société furent employés dans la lutte contre Dieu.

Il n’y a maintenant plus de grâce pour le monde. Après la croix, Dieu n’a plus rien à offrir. Il ne reste pour lui que le jugement, et Dieu l’exécutera bientôt sans grâce. C’est ce que nous décrivent les chapitres 6 à 20 de l’Apocalypse.

Si Dieu n’exécute pas encore maintenant le jugement c’est parce qu’il offre encore la grâce à des individus. C’est à des individus qu’il ordonne de se repentir et qu’il dit : « Soyez réconciliés avec moi ! »

 

13.4                   La croix de Christ

À la croix, Dieu considérait le monde avec colère. Comment pouvait-il en être autrement face au mépris et à la honte dont les hommes accablaient son Fils. Sur la terre il y avait cependant un endroit sur lequel son regard pouvait s’abaisser avec amour et pleine satisfaction. C’était la croix, avec Celui qui y était cloué. Alors que le monde entier avec tous ceux qui lui appartenaient était assemblé contre Celui qui était sur la croix, Dieu a laissé voir, sans aucun doute possible, qu’il était du côté du Crucifié.

Telle est la situation, sur la terre, depuis la croix : d’un côté le monde qui a mis à mort Christ, et qui ne le connaît pas autrement que comme le Crucifié enseveli, et de l’autre côté la croix et ceux qui sont unis à elle. Dieu offre encore sa grâce à l’individu, mais uniquement par Jésus. Dieu l’a ressuscité d’entre les morts, et l’a fait Seigneur et Christ (Actes 2:36). Ce n’est que si l’on croit au Crucifié et qu’on le reçoit comme Seigneur qu’on est sauvé, c’est-à-dire délivré du jugement. « Mais nous, nous prêchons Christ crucifié, aux Juifs occasion de chute, aux nations folie, mais à ceux qui sont appelés, et Juifs et Grecs, Christ la puissance de Dieu et la sagesse de Dieu » (l Cor. 1:23, 24).

Vous avez donc maintenant reconnu le Seigneur Jésus comme le seul chemin par lequel un pécheur peut s’approcher de Dieu et recevoir le pardon des péchés. Vous l’avez aussi accepté comme votre Seigneur. Et vous serez éternellement unis à Lui, et participerez à tous les résultats glorieux de l’œuvre de la croix.

Mais qu’est-ce que cela signifie pour la vie sur la terre ? Cela veut dire que vous reconnaissez que le monde a agi injustement en crucifiant le Seigneur, plus même : que vous avez passé du camp du monde à celui du Seigneur Jésus, que vous appartenez à la famille de Dieu ; mais cela doit être manifesté publiquement. Il ne suffit pas de l’avoir fait dans son cœur. Il vous faut aussi extérieurement être séparés du monde. C’est pourquoi il ne suffisait pas à Israël de se mettre à l’abri du sang de l’agneau ; le peuple devait également sortir d’Égypte. Et c’est seulement après qu’il eut passé à travers la mer Rouge que la parole de Dieu dit qu’il est racheté. Et en 1 Corinthiens 10 nous avons vu que le passage à travers la mer Rouge sert d’image pour le baptême.

Ainsi, par le baptême, nous entrons dans la profession chrétienne, nous sommes placés publiquement du côté du Seigneur, qui a été rejeté et crucifié par le monde. C’est là la vraie confession de foi de l’homme, car c’est reconnaître Jésus crucifié comme Seigneur : le baptisé est placé de son côté, contre le monde. « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort » (Rom. 6:3) ?

Dieu, dans son gouvernement, nous voit alors comme sortis de ce monde placé sous le jugement, et amenés sous l’autorité d’un Seigneur qui est le Sauveur mort, qui a porté le jugement pour nous. C’est le terrain où il n’y a plus de jugement, mais au contraire la délivrance de la puissance du péché, du monde, de Satan et de la loi. C’est pourquoi Ananias dit à Saul : « Lève-toi et sois baptisé, et te lave de tes péchés, invoquant son nom » (Actes 22:16). Est-ce donc que Paul n’était pas alors lavé de ses péchés ? Pour ce qui en était de son salut éternel, pour Dieu, certainement. S’il était mort avant d’avoir été baptisé, il aurait sans aucun doute été au ciel. Ananias l’appelle frère. Mais, en ce qui concernait le gouvernement de Dieu ici sur la terre, ses péchés n’étaient pas encore ôtés. Extérieurement, Paul appartenait encore au monde qui est placé sous le jugement.

C’est pourquoi en 1 Pierre 3 il est dit que l’antitype de l’eau du déluge, le baptême, nous sauve maintenant. De même que, à travers l’eau du jugement, Noé passa du lieu du jugement au lieu de la faveur divine (la terre purifiée) (Gen. 8:21), nous aussi, par l’eau du baptême qui parle du jugement de Dieu sur le péché à la croix, nous passons ouvertement sous la seigneurie d’un Jésus mort, sur lequel le regard de Dieu se repose avec satisfaction. Aussi Pierre également, en Actes 2, dit : « Sauvez-vous de cette génération perverse. Ceux donc qui reçurent sa parole, furent baptisés ».

 

Une fois encore, je vous demande : êtes-vous baptisés ?

Si vous ne l’êtes pas, vous n’êtes pas encore ici bas un chrétien, car vous n’avez pas été introduits dans la profession chrétienne, cela de la seule manière que la parole de Dieu reconnaisse. Si vous avez appris à connaître le Seigneur Jésus comme Celui par la mort duquel vous avez reçu le pardon des péchés et la vie éternelle, Celui avec qui vous serez unis dans la gloire éternelle, ne voulez-vous pas ici-bas aussi Lui être associés publiquement ? Cela même si une telle place est méprisée et haïe par le monde ?

Dans ce qui vient d’être dit, je n’ai évidemment pas traité tous les côtés du baptême. Je n’ai pas non plus parlé du grand privilège des parents chrétiens de faire baptiser leurs enfants. Je me suis limité à la signification première, qui est bien la plus importante.

 

Avec mes affectueuses salutations.

Votre frère attaché dans le Seigneur Jésus

H. L. H.

 

14               La Cène

Chers amis,

Je veux maintenant vous parler un peu de la Cène.

Il est remarquable que les deux grandes institutions permanentes du christianisme, le baptême et la Cène, fassent toutes deux allusion à l’union avec un Seigneur mort. Comme nous l’avons vu, le baptême est en relation avec notre position extérieure dans ce monde. Il est donc absolument individuel. Même si trois mille âmes sont baptisées en même temps, comme en Actes 2, cela reste pour chacune d’elles une chose personnelle. La Cène, en revanche, bien que prise sur la terre, est en relation avec notre position intime comme corps de Christ. Aussi la communion est-elle ici une caractéristique importante. Une personne isolée qui prendrait du pain et du vin pour célébrer la Cène serait donc en totale contradiction avec la parole de Dieu. Aussi l’apôtre Paul, à qui a été confiée la mission spéciale de révéler la vérité de l’Assemblée et de son union avec Christ, dit alors : « Christ ne m’a pas envoyé baptiser » (l Corinthiens 1:17) bien que lui ait été baptisé et qu’il en ait aussi baptisé quelques autres. Mais dans cette même épître, il parle d’une révélation particulière qu’il a reçue du Seigneur sur la Cène (11:23) et il consacre deux chapitres à ce sujet.

Le côté individuel a, dans l’Écriture, une grande place. Chaque homme doit se convertir pour lui-même, doit venir personnellement à Dieu ; croire personnellement au Seigneur Jésus et à son sang et prendre personnellement la place de rejet avec le Seigneur crucifié (dans le baptême). Une des grandes erreurs de l’Église catholique est de nier le côté individuel et de faire de tout une affaire de l’Église (« hors de laquelle il n’y a point de salut »). Mais c’est aussi une des grandes erreurs du protestantisme de ne pas voir le côté de la communion : pour lui tout est individuel, chacun doit agir selon ses propres pensées avec ceux qui pensent comme lui. Cependant l’Écriture lie aussi à la communion de grandes bénédictions. Ce n’était pas par un pur hasard que les disciples étaient assemblés lorsque le Seigneur Jésus institua la Cène, cela répondait au principe de la Cène, dont le but est d’annoncer la mort du Seigneur, comme mémorial. Mais cela ne peut être fait que par le corps de Christ (l Corinthiens 10:16, 17). Toute prétention de la célébrer sans réserver une place à tout membre du corps de Christ, qui marche comme tel, détruit le caractère de la Cène du Seigneur. Lors de l’institution, le Seigneur a toujours parlé au pluriel, c’est-à-dire à tous les disciples à la fois, et nous trouvons la même chose en 1 Corinthiens 10 et 11, les seuls passages en dehors des Évangiles où il soit traité de la Cène.

 

14.1                   L’institution de la Cène

Matthieu 26, Marc 14 et Luc 22 nous en parlent. Les deux premiers passages nous montrent que la Cène fut instituée immédiatement après que le Seigneur eut parlé de la trahison de Judas et que celui-ci fut sorti. D’après Luc nous pourrions déduire que Judas ne s’en est allé qu’après la Cène. Luc ne donne cependant pas la suite chronologique. Dans son Évangile, tout est présenté selon l’ordre moral.

D’après tous les passages, on voit que le Seigneur institua la Cène à la fin du repas de la Pâque. La Pâque était le mémorial de l’agneau qui avait été égorgé une fois (Ex. 12), agneau par le sang duquel le peuple avait été mis à l’abri du jugement de Dieu. Maintenant, le moment était arrivé où le vrai agneau pascal devait être mis à mort (l Cor. 5:7), où son sang devait être versé pour plusieurs en rémission de péchés (Matt. 26:28). Le Seigneur Jésus savait qu’il serait pris cette nuit-là pour être crucifié. Il savait qu’il devrait porter nos péchés en son corps sur le bois (l Pierre 2:24) et qu’il devrait être fait péché pour nous (2 Cor. 5:21). Il savait que cela signifiait être abandonné de Dieu. Il connaissait tout le prix qu’il devrait payer pour notre salut. Et ce que cela représentait pour Lui, nous le voyons quelques heures plus tard à Gethsémané, lorsque Satan le plaça devant ses yeux, pour l’amener si possible, en cet instant encore, à désobéir.

En ces moments le Seigneur cherche la communion de ses amis. Un peu plus tard, à Gethsémané, il leur dira : « Demeurez ici et veillez avec moi ». Lorsqu’il les trouve dormant, il dit : « Ainsi, vous n’avez pas pu veiller une heure avec moi » (Matthieu 26:38-40) ? Et « la nuit qu’il fut livré », le Seigneur institua la Cène (l Corinthiens 11:23).

Pour les disciples, ce n’était pas une chose étrange. Comme pour le baptême, le Seigneur prend une coutume établie et lui donne une signification nouvelle et profonde, en la mettant en relation avec Lui-même et avec sa mort. D’après Jérémie 16:6-7 nous voyons que c’était une coutume juive d’avoir des repas de deuil au cours desquels on mangeait et on buvait en souvenir d’un bien-aimé mort. Dieu Lui-même n’avait-il pas aussi institué le repas de la Pâque comme souvenir de l’agneau égorgé et de la délivrance merveilleuse du jugement de Dieu ainsi que de la puissance du Pharaon et de l’Égypte, en vertu du sang de l’agneau ? Dans l’Ancien Testament, nous ne trouvons pas mention de coupe dans la célébration de la Pâque, mais le Seigneur l’ajoute (Luc 22:17). Lorsqu’il eut ainsi complété le type, il le mit de côté (Luc 22:18), et en conserva la forme pour la nouvelle institution qu’il allait établir. « Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi ; — de même la coupe aussi, après le souper ... » (v. 19, 20) .

 

14.2                   La signification de la Cène

« Faites ceci en mémoire de moi ». C’est donc un souvenir du Seigneur. Non pas de sa gloire avant qu’il devînt homme ou de sa marche sur la terre. Ni de sa crucifixion et de tout ce qu’il dut alors souffrir. « Car toutes les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur » (1 Corinthiens 11:26). Les symboles utilisés le confirment pleinement. Le pain qui, selon les paroles du Seigneur, représente son corps, il le donne rompu à ses disciples. Puis séparément, il donne le vin comme type de son sang. La séparation du corps et du sang parle d’elle-même d’un Sauveur mort.

C’est là la signification de la Cène. C’est un repas pris en commun en souvenir de Celui qui a été mort.

Combien les éléments utilisés sont simples. Y a-t-il quelque chose de plus commun que le pain que chacun mange quotidiennement ? Y a-t-il quelque chose de plus commun dans les pays du sud que le vin, qui est bu comme le sont le café et le thé dans d’autres pays ? Mais quelle signification le Seigneur n’a-t-il pas liée à ce repas !

C’est un vrai repas. Nous mangeons du pain et buvons du vin. Il est bon que nous en soyons conscients, afin que nous mangions et buvions véritablement et ne prenions pas seulement deux miettes de pain et une goutte de vin ! Le pain est du pain ordinaire et le vin du vin ordinaire, et ils le demeurent. Ils ne sont pas transformés par l’action de grâces rendue avant le pain et avant la coupe. D’après 1 Corinthiens 11:24 et Luc 22:19 nous voyons que le fait de bénir en Matthieu 26:26 et en Marc 14:22 signifie rendre grâces, louer. Cela apparaît aussi dans des passages tel Éphésiens 1:3, etc., où l’apôtre bénit Dieu. En Matthieu 14:19 aussi le Seigneur bénit, et personne ne voudra affirmer que les cinq pains et les deux poissons ne sont pas demeurés des pains et des poissons.

Cela est très important pour reconnaître que la doctrine de l’Église romaine de la transsubstantiation (selon laquelle, par les paroles liturgiques prononcées par le prêtre, le pain et le vin deviennent véritablement le corps et le sang du Seigneur) et la doctrine de l’Église luthérienne de la consubstantiation (Christ corporellement présent dans, avec et parmi le pain) sont en totale contradiction avec l’Écriture, et présentent dans leurs conséquences la négation de l’œuvre accomplie une fois pour toutes. À maintes reprises le Seigneur emploie des images en parlant de Lui. Il dit : « Moi je suis la porte des brebis » et « Moi, je suis le bon berger » (Jean 10). En Jean 14, il dit : « Moi, je suis le chemin, et la vérité, et la vie ». Il est parfaitement clair que le Seigneur emploie là des images.

 

14.3                   La mort du Seigneur

Qui peut comprendre la signification profonde de ces quelques mots ? Lui, le Seigneur, est allé dans la mort. Quel amour, quelle grâce, quelle miséricorde ! Quel conseil merveilleux de Dieu ! Le Prince de la vie, la source de la vie, mort et enseveli ! Quelle preuve qu’il a parfaitement pris notre place ! Il n’a pas seulement porté nos péchés en son corps, mais il a aussi été fait péché. Quels sentiments de reconnaissance et de louange, d’adoration ne s’éveillent-ils pas dans nos cœurs, lorsque nous le voyons ainsi ! Pour nous il est allé à la mort. Son amour pour nous était si grand qu’il a voulu payer ce prix pour notre salut. « L’amour est fort comme la mort, la jalousie, cruelle comme le shéol ; ses ardeurs sont des ardeurs de feu, une flamme de Jah. Beaucoup d’eaux ne peuvent éteindre l’amour, et des fleuves ne le submergent pas ; si un homme donnait tous les biens de sa maison pour l’amour, on l’aurait en un profond mépris » (Cantique des Cantiques 8:6, 7 ; voir aussi Psaume 69:1, 2).

Quelle obéissance envers Dieu ! Il préférait mourir (et de quelle mort), plutôt que de ne pas accomplir la volonté de Dieu. Quelle détermination, de vouloir prendre cette position qui l’a conduit « jusqu’à la mort, et à la mort de la croix ».

Aussi le Seigneur, comme un hôte, nous invite-t-il à venir à sa table, pour y annoncer sa mort, et cela en mémoire de Lui. Nous ne venons pas pour recevoir. La Cène n’est pas un sacrement (un moyen d’obtenir la grâce). Nulle part l’Écriture ne dit cela. [ On se sert en général de Jean 6 comme preuve que la Cène est un sacrement. Jean 6 ne parle cependant pas de la Cène, qui n’était alors pas encore instituée. Le Seigneur ne parle pas davantage de son corps et de la coupe, comme il le fait toujours pour la Cène, mais de sa chair et de son sang, ce qui est une toute autre pensée.]

Le Seigneur glorifié nous invite à sa table, afin que nous nous souvenions de sa mort, qu’il a soufferte il y a plus de 1900 ans. Dans l’éternité également nous le ferons. En Apocalypse 5, nous voyons l’Agneau dans le ciel « qui se tenait là, comme immolé », ainsi que le Seigneur l’a été une fois sur la terre. Et de même que, à la vue de l’Agneau immolé, la reconnaissance et l’adoration rempliront un jour le ciel, cela se produit maintenant ici-bas sur la terre, lorsque nous annonçons sa mort. Quand nous le contemplons, nos cœurs se réchauffent et se remplissent ; et dans nos cantiques, dans nos actions de grâces et dans les silences montent vers Lui nos sentiments de reconnaissance, de ferveur et d’adoration.

Nous ne pouvons évidemment nous rassembler pour le culte que comme chrétiens. Seuls peuvent prendre cette place ceux qui savent que leurs péchés sont pardonnés, et qu’ils ont la paix avec Dieu. Ils expriment par cette participation qu’ils ont communion avec Lui et qu’ils ont part à son œuvre (l Corinthiens 10:16). Est-ce que, à cette place précisément, toute inquiétude au sujet de ses péchés n’est pas une négation de l’œuvre parfaite par laquelle il a rendu parfaits à perpétuité les siens (Hébreux 10:14) ?

Il en résulte aussi qu’à cette place aucun don n’est en activité, mais que nous nous réunissons uniquement comme sacrificateurs, pour offrir des sacrifices de louanges et de reconnaissance, « le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Hébreux 13). Là, un apôtre vient comme un simple croyant ; là celui qui a une position de conducteur dans l’assemblée et celui qui a un grand don dans le service sont assemblés comme simples adorateurs au milieu d’adorateurs.

Avez-vous déjà entendu l’invitation du Seigneur et y avez-vous prêté l’oreille ?

 

14.4                   Quand et combien de fois faut-il prendre la Cène ?

Dans l’éternité, nous louerons et adorerons l’Agneau à toujours. Dans les bienheureux premiers temps de l’Assemblée, la Cène était prise tous les jours (Actes 2:46). Lorsque par la suite, les circonstances changèrent de sorte que les chrétiens ne purent plus se rassembler tous les jours, nous voyons qu’ils le firent chaque premier jour de la semaine. Dieu, qui veut nous donner à connaître en toutes choses Sa volonté, l’a relaté dans sa Parole pour que nous puissions le savoir. En Actes 20:7, nous lisons que les frères étaient assemblés pour rompre le pain. Ils n’étaient pas réunis pour entendre Paul, bien qu’il fût un apôtre. Ils étaient rassemblés pour un objet plus élevé ; dans cette réunion, Paul eut cependant aussi le temps de parler. La manière dont cela nous est rapporté nous permet de voir que c’était une habitude de se rassembler dans ce but.

Si nous avons quelque peu compris ce merveilleux privilège de pouvoir prendre cette place et de pouvoir exercer ce service : annoncer « la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne » ; et si nous avons entendu l’invitation de notre bien-aimé Seigneur, le « Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré pour moi », qui nous demande : « Faites ceci en mémoire de moi », est-ce qu’alors notre cœur ne désire pas le faire aussi souvent que possible ?

Et quel jour est plus approprié pour le faire que « le jour du Seigneur », le jour où il est ressuscité et où, deux semaines de suite, il se présenta au milieu de ses disciples assemblés (Jean 20) ?

 

14.5                   Se juger soi-même

Mais en rapport avec cela, la Parole nous exhorte au jugement de nous-mêmes, à nous éprouver nous-mêmes. Non pas pour examiner si nous sommes dignes de prendre cette place ; car tout chrétien comme tel en est digne. Douter de cela, c’est douter de la valeur de l’œuvre du Seigneur Jésus.

Il s’agit de savoir si nous prenons cette place d’une manière qui en est digne. S’il est vrai que la Cène est un repas, et que ce que nous y recevons est simplement du pain et du vin, il n’en demeure pas moins que c’est la Table du Seigneur, et que le Seigneur est Celui qui reçoit. Le pain rompu et le vin versé sont les signes de son corps donné et de son sang répandu pour nous. Il nous faut en être conscients lorsque nous nous approchons de ce lieu pour exercer ce service. Et c’est pourquoi l’examen de soi-même, le jugement de soi-même sont nécessaires. Tout ce qui n’est pas en communion avec cette place sainte entre toutes sur la terre, doit d’abord être enlevé dans le jugement de soi-même.

Les Corinthiens avaient oublié cela. Ils n’avaient pas « discerné » le corps du Seigneur, car ils agissaient comme si c’était leur propre repas. Aussi le Seigneur avait-il dû intervenir en discipline :

« C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu’un assez grand nombre dorment ». Si nous ne pensons pas à l’honneur dû au Seigneur, il le sauvegardera Lui-même. C’est une pensée sérieuse !

Avec mes cordiales salutations.

Votre frère attaché dans le Seigneur qui vient bientôt.

H.LH.

 

15               La Table du Seigneur

Chers amis,

Dans ma dernière lettre, nous avons vu ce que la parole de Dieu, dans les Évangiles et en 1 Corinthiens 11, nous dit de la Cène du Seigneur. Nous avons vu que c’était un repas en mémoire de la mort du Seigneur Jésus. J’aimerais maintenant parler d’un autre côté de la Cène, que nous trouvons en 1 Corinthiens 10 : la communion.

Dans la première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul répond à différentes questions qui lui avaient été posées. Ainsi, on lui avait demandé si un chrétien pouvait manger de la viande des bêtes qui avaient été offertes en sacrifice aux idoles. Il répond à cette question au chapitre 8, et poursuit le sujet au chapitre 10.

Il y avait à Corinthe des croyants qui raisonnaient de la manière suivante : Une idole n’est rien d’autre qu’un morceau de bois ou de pierre, aussi pouvons-nous tranquillement manger des choses sacrifiées aux idoles ; nous pouvons aller en toute quiétude dans le temple des idoles et manger là, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu, et par conséquent pas d’idoles. Il ne s’agit que d’une question de forme sans aucune importance quelconque. Nous pouvons donc manger, pour ne pas froisser les païens.

L’apôtre reconnaît qu’une idole n’est rien. Mais il attire leur attention sur le fait que derrière les idoles sont cachés les démons, comme Dieu l’a déjà dit en Deutéronome 32:17. En réalité, les sacrifices sont donc offerts aux démons. Or, tant pour les sacrifices païens que pour les sacrifices israélites, l’homme a communion avec l’autel sur lequel il offre ou duquel provient ce qu’il mange. On peut avoir part au mal que l’on ne fait pas soi-même. La vraie sagesse en de tels cas consiste à s’abstenir. C’est mésuser de la connaissance que de participer à des choses — ou de donner seulement l’apparence d’y participer — qui sont fausses, dans le domaine du culte. Il ne faut pas alléguer que le cœur ne participe pas à ce que l’homme fait extérieurement, non seulement c’est là un manque de droiture, mais c’est méconnaître que Christ est méprisé et ne pas prendre au sérieux les ruses de Satan. Le chrétien n’a-t-il pas été délivré de la puissance de Satan pour servir le Dieu vivant et vrai ? N’a-t-il pas été acheté à prix pour glorifier Dieu ?

Le Saint Esprit se sert de cela comme point de départ pour nous parler de la Cène et en présenter un côté que nous ne trouvons pas dans les Évangiles. Cet aspect ne pouvait pas y être présenté, car l’Assemblée n’existait pas encore et la doctrine de l’Assemblée n’avait pas encore été révélée.

L’importance de ce sujet ressort cependant du fait qu’il est traité d’abord, et ensuite seulement (chap. 11) nous avons la célébration de la Cène. L’ordre dans lequel les sujets sont présentés dans l’Écriture est toujours très significatif. Si l’on ne connaît pas l’enseignement de 1 Corinthiens 10:15-22, il est tout à fait impossible de célébrer la Cène de la bonne manière.

 

15.1                   La communion du sang et du corps de Christ

« Je parle comme à des personnes intelligentes : jugez vous-mêmes de ce que je dis. La coupe de bénédiction que nous bénissons, n’est-elle pas la communion du sang du Christ ? Le pain que nous rompons, n’est-il pas la communion du corps du Christ » (1 Cor. 10:15, 16) ?

L’Écriture en appelle d’abord à notre entendement spirituel. Nous avons reçu une nouvelle vie et l’onction du Saint (1 Jean 2:20) : le Saint Esprit qui nous conduira dans toute la vérité (Jean 16:13 ; 1 Cor. 2:9-15). La parole de Dieu suppose que chaque chrétien agit avec discernement, qu’il sait ce qu’il fait. Un chrétien qui fait ce qu’il ne comprend pas ou qui agit selon des impulsions aveugles est en totale contradiction avec l’esprit du christianisme.

Ainsi, celui qui participe à la Cène déclare qu’il a part à ce dont le pain et le vin sont le symbole : au corps et au sang du Seigneur Jésus. Mais ce n’est pas tout. Il est également uni à tous ceux qui ont la même part. Dans ces versets, communion signifie : participation commune à tous les droits et à tous les devoirs de la chose en question.

Le sang et le corps sont séparés l’un de l’autre. C’est donc le Sauveur mort qui nous est présenté. Dans ce passage le sang est nommé en premier contrairement à l’ordre dans lequel la Cène est célébrée, et cela parce que le sang du Seigneur Jésus est le fondement de tout.

Il y a donc une communion établie entre des hommes qui ont part au Sauveur mort. Ils participent à son sang ; quel privilège ! Nous sommes lavés dans son sang (Apoc. 1:5) ; rachetés (Éph. 1:7 ; 1 Pierre 1:19) ; justifiés (Rom. 5:9) ; sanctifiés (Héb. 13:12) ; achetés pour Dieu (Apoc. 5:9) ; approchés (Éph. 2:13). Son sang nous purifie de tout péché (1 Jean 1:7), et par son sang nous avons une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints (Héb. 10:19) ; par le sang de Christ, Dieu s’est acquis l’Assemblée (Actes 20:28).

L’expression « corps de Christ » se trouve en 1 Corinthiens 10:16 ; 12:27 et Éphésiens 4:12 comme désignant l’Assemblée. On la trouve encore en Romains 7:4 et Hébreux 10:10 ; dans ces passages, elle semble être en relation avec le fait que nous sommes morts avec Christ ; avec le fait qu’à la croix, l’homme selon la chair a trouvé sa fin. Tout ce que nous étions par nature a trouvé sa fin dans la mort de Christ. Voir Colossiens 1:21: « Vous qui étiez autrefois étrangers et ennemis quant à votre entendement, dans les mauvaises œuvres, il vous a toutefois maintenant réconciliés dans le corps de sa chair, par la mort ».

Il s’agit donc d’une communion d’hommes qui tous ont part aux glorieuses conséquences de l’œuvre du Seigneur Jésus, mais qui aussi sont morts avec Christ et qui maintenant, comme hommes nouveaux, sont unis ensemble. Bien que cette communion soit sur la terre, le « vieil homme », ce que nous sommes par nature, n’y a pas de place.

 

15.2                   Le corps mystique de Christ, l’Assemblée

« Car nous qui sommes plusieurs, sommes un seul pain, un seul corps, car nous participons tous à un seul et même pain » ou comme cela peut aussi être traduit : Parce que le pain est un, nous, qui sommes plusieurs, sommes un seul corps ; car nous participons tous à un seul et même pain (1 Cor. 10:17).

Nous trouvons ici clairement exprimé ce que nous avons déjà vu au verset 16. Tous ceux qui ont part au sang du Seigneur Jésus et à son corps donné pour nous sont en communion, constituent un corps. Dans ces versets, la doctrine du corps n’est pas davantage développée, car le sujet est ici la communion et le caractère exclusif de celle-ci. Au chapitre 12, dans l’épître aux Éphésiens et dans d’autres passages, il en est parlé en détail.

En 1 Corinthiens 12:13 il nous est montré comment cette communion est née. La base, le fondement est l’œuvre accomplie par le Seigneur Jésus à la croix. Mais elle est constituée par le baptême du Saint Esprit. L’Écriture nous dit clairement quand cela s’est produit. Jean le Baptiseur avait annoncé que le Seigneur Jésus baptiserait de l’Esprit Saint. En Actes 1:4, 5, le Seigneur Jésus dit aux apôtres qu’ils recevraient ce baptême dans peu de jours, et cela lorsque le Saint Esprit serait répandu.

L’Écriture parle de deux manières de l’Assemblée comme corps de Christ. Parfois, telle qu’elle est selon le conseil de Dieu, c’est-à-dire telle qu’elle sera un jour dans le ciel (Éph. 1:22). Elle est alors constituée de tous les croyants qui, au jour de la Pentecôte (Actes 2), ont été baptisés en un seul corps, et de tous ceux qui y sont ajoutés par la suite (Actes 2:47), jusqu’au moment où elle sera enlevée dans la gloire. À ce moment, pendant l’espace d’un clin d’œil, l’Assemblée tout entière sera complète sur la terre. Les morts en Christ seront ressuscités, et nous, les vivants, nous serons changés. Mais ce n’est qu’un court instant. Voir à cet égard 1 Thessaloniciens 4:15-17 et 1 Corinthiens 15:51-54.

En général — et toujours lorsqu’il est question de notre responsabilité, de notre marche sur la terre — l’Écriture considère l’Assemblée comme étant l’ensemble des croyants vivant sur la terre à un moment donné. Ceux qui s’en sont allés, qui se sont endormis dans le Seigneur, n’ont plus besoin d’exhortation. Ils ne sont plus sur la terre.

En 1 Corinthiens 12:27, le caractère du corps de Christ, vu sous cet angle, est présenté très explicitement. Il est dit aux Corinthiens : « Vous êtes le corps de Christ, et ses membres chacun en particulier ». Nous pourrions en déduire qu’ainsi les croyants en un certain lieu constituent le corps de Christ. Il y aurait alors autant de corps de Christ qu’il y a d’endroits où demeurent des croyants. D’après ce que nous avons vu en 1 Corinthiens 10:16, 17, il est évident qu’il ne peut pas en être ainsi. Le verset 28 le montre aussi clairement. Lorsqu’il y est parlé des dons que Dieu a donnés à l’Assemblée, les premiers nommés sont les apôtres ; et nous savons bien qu’ils n’étaient pas à Corinthe. L’Assemblée de Dieu à Corinthe n’était donc rien d’autre qu’une expression locale du seul corps, ce qu’on pouvait alors voir à Corinthe de la seule Assemblée, du corps de Christ.

Revenons maintenant à 1 Corinthiens 10:16.

 

15.3                   La Cène est l’expression de l’unité du corps de Christ

Nous avons vu que l’unité du corps est formée par le baptême du Saint Esprit ; non pas par conséquent par la participation à la Cène. S’il en était ainsi, seuls constitueraient l’Assemblée ceux qui participent à la Cène du Seigneur. C’est en contradiction absolue avec tout l’enseignement de l’Écriture ; et notre verset ne dit pas non plus cela.

De même que le Seigneur Jésus, lorsqu’il distribua le pain, dit : « Ceci est mon corps », donnant par là un signe visible, une présentation visible de son corps donné pour nous, de même l’Écriture ajoute ici que le pain et le vin sont des signes visibles, l’expression du corps mystique de Christ, de l’Assemblée. Celui qui boit le vin et qui mange le pain exprime qu’il est du nombre de ceux qui ont part à tous les glorieux résultats du sang versé du Seigneur Jésus et du sacrifice de son corps sur la croix. Il est un membre du corps de Christ. Ici donc, en rapport avec la Cène, l’Écriture nous enseigne ce que nous sommes, tandis qu’au chapitre 11 et dans les Évangiles, nous trouvons ce que nous faisons.

Nous ne prenons ainsi pas la Cène individuellement, mais ensemble, comme membres du seul corps. Il est toujours dit « nous », alors que dans le contexte il est chaque fois parlé de « je ». Nous exprimons par la fraction même du pain notre unité avec tous les membres du corps de Christ. Il est donc clair que tous les membres doivent pouvoir prendre la Cène — mais aussi, eux seuls. Lorsque des inconvertis sont admis, c’est-à-dire lorsque, par principe, des hommes sont admis sans que l’on soit sûr qu’ils sont des membres du corps de Christ, ce n’est pas la Cène du Seigneur, mais la cène du groupement d’hommes qui a institué ce repas. Il en va de même lorsqu’on refuse la participation à des croyants qui appartiennent pourtant au corps de Christ et auxquels on n’a rien à reprocher de ce que Dieu Lui-même tient pour un empêchement, par exemple une mauvaise marche, une fausse doctrine ou la relation avec des choses impures. Aussitôt que d’autres conditions sont posées (comme la reconnaissance de certaines vérités qui ne sont pas fondamentales), on fait de la Cène son propre repas et on la dépouille de son caractère de Cène du Seigneur, telle que l’Écriture la connaît.

L’Écriture, en revanche, indique très clairement le caractère de la Cène, comme nous l’avons vu. C’est le repas de communion du Seigneur avec tous les siens. Ceux qui participent à cette communion sont tous morts avec Christ. Ils sont des hommes nouveaux, ayant reçu une vie nouvelle que l’Écriture nomme « esprit » (Jean 3:6), et en qui le Saint Esprit habite. « Si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création : les choses vieilles sont passées ; voici, toutes choses sont faites nouvelles » (2 Cor. 5:17).

 

La Cène du Seigneur n’est donc pas célébrée selon le vieil homme. C’est la Cène du Seigneur, de Celui qui est mort et ressuscité et que Dieu a fait Seigneur et Christ (Actes 2:36). Le Seigneur ressuscité invite les siens à prendre son repas, comme ses invités. C’est Lui qui reçoit, et qui aussi est le seul qui a autorité. Un repas dans lequel cette place ne serait pas donnée au Seigneur, mais où les hommes régleraient tout, quant au principe, selon leurs propres pensées, un tel repas devrait-il être la Cène du Seigneur ?

 

15.4                   Le caractère exclusif de la Cène

Nous avons vu que seuls les vrais croyants peuvent participer à la Cène. D’autres passages, comme 1 Corinthiens 5 et 2 Jean, mentionnent certaines choses qui empêchent des hommes, reconnus comme de vrais croyants, d’y participer.

En 1 Corinthiens 10:18-22 le Saint Esprit met l’accent sur le fait que des relations profanes constituent un empêchement absolu, même si personnellement le croyant n’a eu aucune part au mal.

Nous avons vu qu’à Corinthe quelques frères avaient la pensée suivante : les idoles ne sont rien d’autre qu’un morceau de bois ou de métal, puisqu’il n’y a qu’un seul Dieu. Par conséquent cela ne fait rien que nous mangions des choses sacrifiées aux idoles ou que nous prenions un repas dans le temple des idoles.

L’Écriture démontre avec beaucoup de sérieux que de telles conclusions sont absolument fausses. D’une manière générale, les adorateurs ont part à quelque chose qui les distingue des autres hommes. Pour l’Assemblée, c’est le sang de Christ et le corps de Christ ; les croyants ne sauraient dès lors avoir communion avec ce qui serait incompatible avec ces signes de la mort de Christ. L’Écriture développe le sujet en partant des sacrifices israélites et païens. Le sacrifice de prospérités de Lévitique 3 et 7 est le  seul sacrifice dont tout Israélite pouvait manger. L’Écriture s’appuie donc sur ce sacrifice, et il est très remarquable que précisément cette offrande soit le type le plus parfait de la Cène et du culte de l’Assemblée qui y est lié.

C’était une offrande volontaire ; personne n’était obligé de l’offrir. Mais lorsqu’un Israélite avait le cœur rempli de louange et de reconnaissance (Lév. 7:11 et suivants) et voulait apporter un sacrifice, il y avait pour lui des instructions divines relativement à ce qu’il devait apporter pour être agréé de Dieu. Par-dessus tout, il était expressément spécifié il devait l’apporter : devant la face de l’Éternel, à l’entrée de la tente d’assignation, là où Dieu demeurait et où le peuple pouvait le rencontrer, à l’autel. Nous voyons combien le service est inséparable de l’autel, il est un avec lui. Il était fait aspersion du sang autour de l’autel (3:2). La graisse et les rognons étaient offerts sur l’autel, après que l’Israélite avait fait tournoyer la poitrine comme offrande tournoyée devant l’Éternel (7:29-31), et Dieu les nomme : mon pain (3:3-5, 11, 16 ; Nomb. 28:2). Le sacrificateur qui exerçait le service lors du sacrifice recevait l’épaule droite. Aaron et ses fils avaient la poitrine. Et celui qui avait apporté l’offrande pouvait manger la chair de son sacrifice avec tous ceux d’entre le peuple qui étaient purs.

En Lévitique 7:19-21, nous avons d’importantes instructions quant à l’impureté. La chair qui avait touché quelque chose d’impur devait être brûlée au feu. Dans le lieu où nous apportons l’offrande, il peut aussi y avoir quelque chose d’impur par quoi l’offrande, pure en elle-même, sera souillée et ne pourra plus être mangée. Mais il était aussi absolument interdit à la personne à laquelle une impureté était attachée de manger du sacrifice, et il en était de même d’une personne qui n’avait aucune impureté en elle, mais qui avait touché l’impureté d’autrui — consciemment ou inconsciemment. Voir également Nombres 19 et Lévitique 5:17. Le jugement est le même dans les deux cas, comme si toutes deux l’avaient fait : « Cette âme-là sera retranchée de ses peuples ». Quel jugement total de Dieu sur l’affirmation humaine : l’union avec une fausse doctrine ou un mal moral ne souille pas, si l’on n’a pas soi-même cette doctrine ou ce mal.

Au sujet de l’union avec l’autel nous trouvons plus encore. En Lévitique 7:15-18 nous lisons que la chair du sacrifice de prospérités ne pouvait être mangée que le jour où elle avait été présentée comme offrande à Dieu (sur l’autel). L’union avec l’autel ne pouvait pas être interrompue, afin que le caractère de sacrifice ne soit pas perdu. L’offrande volontaire ou l’offrande pour un vœu pouvait encore être mangée le lendemain, car il y a là une plus grande énergie et une plus grande consécration de cœur, de sorte que l’union avec l’autel dure plus longtemps. En Lévitique 17 nous trouvons l’interdiction absolue d’offrir un sacrifice de prospérités ailleurs qu’à l’entrée de la tente d’assignation, pour faire aspersion du sang sur l’autel, et pour y faire fumer la graisse. Celui qui passait outre devait être retranché.

Dans le Nouveau Testament, nous avons un langage encore plus clair. Le Seigneur Jésus dit en Matthieu 23:19 que l’autel sanctifie le don. Ainsi, non seulement l’autel est plus important que le don, mais le don reçoit son caractère par le fait qu’il entre en relation avec l’autel.

 

15.5                   La Table du Seigneur

L’autel sur lequel était offert le sacrifice de prospérités est appelé en Malachie 1:7, comme aussi en Ezéchiel 41:22, la « table de l’Éternel ». Dans les deux passages, nous voyons que « table » et « autel » s’appliquent à la même chose. L’expression « autel » fait plutôt allusion à l’offrande qui est placée dessus, tandis que « table » est en relation avec le repas et la communion qui y est liée. Le sacrifice de prospérités était un repas de communion de Dieu avec son peuple. Dieu recevait sa part. Aaron et sa maison (toujours un type de Christ et de l’Assemblée, vus comme une famille sacerdotale) recevaient leur part. Et tous ceux d’entre le peuple qui étaient purs recevaient leur part.

C’est ce que nous trouvons aussi dans le Nouveau Testament. Hébreux 13:10 dit : « Nous avons un autel dont ceux qui servent le tabernacle n’ont pas le droit de manger » (ce sont ceux qui appartiennent au judaïsme). En 1 Corinthiens 10:18-20 les mots « table » et « autel » sont aussi employés l’un pour l’autre.

Le Saint Esprit reprend l’appellation que lui-même avait donnée dans l’Ancien Testament à l’autel et la met en relation avec la Cène du Seigneur et avec le caractère de communion de ce repas.

Quelles expressions : « Table du Seigneur », « Cène du Seigneur » ! C’est sa Table, à laquelle il invite les siens à célébrer avec Lui son repas. Il n’est évidemment pas question ici de la table matérielle sur laquelle sont posés le pain et le vin. C’est la Table du Seigneur mort et ressuscité, où il invite les siens, qui sont morts avec Lui, à manger avec Lui. C’est une Table spirituelle, le lieu dans sa maison spirituelle où il invite les siens à venir à Lui, et où ils peuvent être près de Lui. C’est là qu’est la Cène.

Est-ce que quelqu’un pourrait encore douter qu’à la « Table du Seigneur » il n’y en a qu’un seul qui a l’autorité ? Qu’un seul peut décider qui peut participer à cette table ? Qu’un seul peut dire comment le service doit être exercé ? Qu’un seul décide qui doit être employé pour le service ? Le Seigneur seul doit décider de tout et Lui seul veut tout diriger par son Esprit. Aucun homme n’a quoi que ce soit à dire, aucun homme n’a quoi que ce soit à faire, à moins que le Seigneur ne veuille l’employer.

Ici précisément le Saint Esprit met l’accent sur le caractère exclusif de la Cène. On ne peut pas participer à la Table du Seigneur et à la table des démons. L’amour est jaloux. Le Seigneur aime tant les siens qu’il est allé pour eux à la mort, la mort de la croix, sous le jugement de Dieu. Il aime tant les siens que maintenant il est toujours vivant pour intercéder pour eux (Héb. 7:25). Il les aime tant qu’il a préparé un lieu, sa Table, où il les invite à venir à Lui pour prendre son repas. Il ne peut admettre aucune indifférence à l’égard de Lui-même, à l’égard des droits de son amour, et de sa sainte communion. Il a délivré les siens de la puissance de Satan et du monde. Il a été fait péché pour eux, afin que l’homme selon la chair soit amené à sa fin, sous le jugement d’un Dieu juste et saint. Comment pourrait-il alors tolérer pour les siens des relations avec Satan ou le monde, avec les principes de l’homme naturel ? Et par-dessus tout en ce lieu, où ils sont chez Lui, pour se souvenir de sa merveilleuse œuvre d’amour, du don de Lui-même à la croix ; où tout cela est placé devant eux lorsqu’il leur donne le pain rompu et le vin versé en leur disant : Ceci est mon sang, qui est versé pour vous. Ceci est mon corps, qui est donné pour vous ; faites ceci en mémoire de moi !

Est-ce qu’un cœur qui l’aime peut rester indifférent à ses droits, en ce lieu ? Peut-il agir sans demander avec prière : « Seigneur que veux-tu que je fasse ? Où est le lieu auquel tu m’invites ? Où est ta Table, où je peux célébrer ta Cène ? »

Cependant, si un enfant de Dieu peut agir ainsi, le Seigneur reste le même. Il refuse d’avoir communion à sa Table avec ceux qui, quant à ses droits, sont indifférents. « Celui qui n’est pas avec moi, est contre moi » (Matt. 12:30).

« Provoquons-nous le Seigneur à jalousie ? Sommes-nous plus forts que lui » (1 Cor. 10:22) ?

Avez-vous déjà pris votre place à la Table du Seigneur, le seul endroit où la Cène du Seigneur est célébrée ?

 

Avec mes affectueuses salutations.

Votre frère attaché dans l’amour de notre Seigneur

H. L. H.

 

16               Adoration

Chers amis,

Maintenant que nous nous sommes entretenus, dans les lettres précédentes, de la Cène, j’aimerais vous écrire quelque chose au sujet de l’adoration. Elle est certes très étroitement liée à la Cène, mais ce n’est cependant pas la même chose. La célébration de la Cène, telle que l’Écriture nous la présente, conduit à l’adoration, mais n’est pas elle-même l’adoration.

Qu’est-ce que l’adoration ? Nous pouvons peut-être la définir comme étant l’hommage rendu à Dieu en vertu de ce qu’il est en Lui-même et pour ceux qui l’adorent. Le mot hébreu le plus souvent employé pour « adoration » dans l’Ancien Testament, signifie « se prosterner ». Nous le trouvons par exemple en Genèse 18:2. Le mot grec revenant souvent dans le Nouveau Testament : « proskuneo » désigne un « acte de respect », tant à l’égard de Dieu qu’à l’égard des hommes.

Il est clair que c’est le devoir de toute créature intelligente d’adorer Dieu. Les anges l’adorent (Néh. 9:6). Ses saints l’adorent. Dans l’évangile éternel les hommes sont invités à donner gloire à Dieu et à Lui rendre hommage (Apoc. 14:7). Et bientôt tout sur la terre se prosternera devant Lui (Soph. 2:11 ; Zach. 14:16 ; Ps. 86:9, etc.).

Mais si les anges se prosternent devant Dieu en vérité, car ils savent qui il est, les hommes qui ne sont pas nés de nouveau se prosterneront bientôt devant Lui, ayant fait l’expérience de sa puissance dans les jugements ou dans le désir de jouir de la vie sous la domination du Seigneur Jésus. Mais cette adoration extérieure n’est pas tout ce que Dieu demande de l’homme. Il veut l’adoration du cœur, l’hommage produit par des sentiments d’amour de l’homme pour Dieu. Eh bien ! Dieu nous a parlé de cela, et sa Parole nous enseigne sur le caractère, la puissance et la vraie place de l’adoration. En Jean 4:19-20  par exemple, le Seigneur en parle dans des expressions simples et claires.

 

16.1                   Le vrai lieu de l’adoration

La femme samaritaine dit au Seigneur : « Seigneur, je vois que tu es un prophète. Nos pères ont adoré sur cette montagne-ci, et vous, vous dites qu’à Jérusalem est le lieu où il faut adorer ». (Jean 4:19-20).

Semblable à tant de personnes de nos jours, elle ne recherche que les pensées des hommes. « Vous dites ». Elle ne dit pas un mot de la volonté de Dieu dans cette affaire. Il ne lui vient même pas à l’esprit de demander si le Seigneur n’a pas donné à connaître sa pensée et s’il n’a pas peut-être choisi un lieu ou un autre. N’a-t-il pas expressément indiqué Jérusalem ? David l’apprit lorsque Dieu accepta son sacrifice dans l’aire d’Ornan (1 Chron. 21:28). Salomon connaissait le choix de Dieu quand il commença à bâtir le temple (2 Chron. 3:1). Après que ce roi eut achevé la construction, Dieu lui donna l’assurance qu’il avait agi justement et que son nom serait là à jamais (2 Chron. 7:16).

La femme était manifestement tout à fait ignorante quant aux déclarations positives de l’Écriture. Mais à qui en était la faute ? La position qui était la sienne dès sa naissance et par sa naissance explique peut-être son ignorance. Ce n’était cependant pas une excuse. Elle se réclamait de sa relation avec le Dieu de Jacob, mais elle ne savait pas, ni ne recherchait s’il avait révélé ses pensées à ce sujet.

Elle pouvait en appeler à ce que « nos pères » avaient fait. Pendant des siècles le temple sur la montagne de Garizim avait été le centre de l’adoration des Samaritains ; mais ce fait ne pouvait en aucune manière justifier la prétention de ce temple à être le vrai lieu de l’adoration. Certes la femme marchait dans les traces de ses pères en adorant comme eux l’avaient fait. Pourtant la question subsistait : « Est-ce là le lieu choisi par Dieu pour que son peuple s’approche de Lui et Lui apporte l’adoration ? » Une seule déclaration de la parole de Dieu : « Ainsi dit l’Éternel » démolit toutes ses pensées, ses arguments et ses sentiments.

Plus encore : À supposer qu’elle était véritablement ignorante quant à la révélation concernant Jérusalem, est-ce que son adoration, rendue dans l’ignorance sur la montagne de Garizim, devait être acceptée par Dieu ? Il y avait sans doute beaucoup de Samaritains qui étaient honnêtement persuadés qu’ils adoraient de la bonne manière. Mais une telle adoration était-elle pour autant acceptable devant Dieu ? Est-ce que la conscience de l’homme est au-dessus des déclarations de la parole de Dieu ? En aucun cas ! Le Seigneur Jésus rejette par conséquent expressément les prétentions de la femme samaritaine : « Vous, vous adorez, vous ne savez quoi ; nous, nous savons ce que nous adorons ; car le salut vient des Juifs ».

Trois choses sont placées devant nos yeux dans cette déclaration :

1. Il est dangereux, et aussi mauvais, de faire d’un sujet sur lequel Dieu nous a communiqué ses pensées, une chose sur laquelle l’homme peut avoir sa propre opinion.

2. Adorer Dieu comme l’ont fait nos pères n’est nullement une garantie que nous le faisons de la bonne manière.

3. Même si nous agissons en toute bonne conscience, ce n’est pas un motif pour Dieu d’accepter ce que nous faisons. Ce que Dieu a dit est la seule chose qui compte lorsqu’une question se soulève. Le simple devoir des enfants de Dieu est d’aligner leurs pensées sur les pensées de Dieu. « Si quelqu’un a péché, et a fait, à l’égard de l’un de tous les commandements de l’Éternel, ce qui ne doit pas se faire, et ne l’a pas su, il sera coupable, et portera son iniquité » (Lév. 5:17).

Le Seigneur ne parle plus de Jérusalem. Il présente d’une façon claire et évidente la vérité pour donner ensuite à connaître quelque chose de nouveau.

Sous la loi, Jérusalem était, de par l’autorité divine, le lieu de l’adoration. Mais ensuite, le Fils de Dieu était venu sur la terre. « Dieu a été manifesté en chair » (l Tim. 3:16). « Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18). « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler » (Matt. 11:27). — Est-ce que cela devrait être sans influence sur l’adoration rendue à Dieu par les hommes ? L’adoration n’est-elle pas fondée sur la connaissance de Dieu ?

 

16.2                   L’essence du christianisme

En Jean 4:10, le Seigneur Jésus donne déjà à connaître en quelques mots le caractère propre de la nouvelle économie : le temps de l’Assemblée [= l’Église].

« Si tu connaissais le don de Dieu, et qui est celui qui te dit : Donne-moi à boire, toi, tu lui eusses demandé, et il t’eût donné de l’eau vive ».

« Le don de Dieu ! » — Nous trouvons ici la pleine révélation de Dieu. Sous la loi, Dieu n’était pas connu comme Celui qui donne. Il était Celui qui exigeait ! Il exigeait que les hommes le servent, et il donnait sa bénédiction sur la base de l’obéissance à ses commandements. Il demeurait dans l’obscurité profonde (Deut. 4:11 ; 5:22, 23 ; Ps. 18:12) ; c’est-à-dire qu’il ne se révélait pas, mais cachait son Être véritable. Non pas que la loi fût mauvaise ; au contraire elle est sainte, juste et bonne. Mais l’homme était pécheur. Et plus l’accent était mis sur les justes exigences de la loi, plus les péchés des hommes devenaient évidents. S’il était vrai, comme l’affirment certains, que la loi est l’image de Dieu, l’homme serait irrémédiablement perdu et abandonné. Mais ce n’est pas la vérité. La loi — bien qu’étant de Dieu — n’est pas Dieu Lui-même, ni l’image de Dieu. Elle n’est que la mesure morale indiquant comment un homme pécheur doit se conduire devant Dieu.

Dieu est lumière et Dieu est amour. Lorsque l’homme gît au plus profond de sa misère, Dieu donne librement et parfaitement. Celui qui a pleinement révélé Dieu sur la terre, a dit une fois : « Il est plus heureux de donner que de recevoir » (Actes 20:35). Dieu manquerait-il à ce que Lui-même qualifie de « plus heureux » ?

Sous la loi — si celle-ci n’avait pas été transgressée — Dieu aurait été Celui qui reçoit. Mais dans l’Évangile, il est toujours Celui qui donne. Et plus encore : Il a donné ce qu’il avait de meilleur et cela à des êtres qui n’avaient rien mérité d’autre que la perdition éternelle.

Dans l’épître aux Hébreux, la position d’un Israélite sous la loi est mise en contraste avec celle d’un chrétien. Pour l’Israélite, le chemin des lieux saints [= le sanctuaire de Dieu, le lieu où on a accès en Sa présence ] n’était pas encore manifesté (9:8). Les sacrifices qui étaient offerts, ne pouvaient pas ôter les péchés (9:9 ; 10:4, 11). Le souverain sacrificateur était enveloppé d’infirmité et devait aussi offrir des sacrifices pour ses propres péchés (5:3).

Le chrétien est rendu parfait à perpétuité (10:14) et a une conscience purifiée (9:14). Il a ainsi une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints [dans le ciel ; Hébreux 4:14 et 6:19-20 ] , le voile étant déchiré et le chemin à Dieu ouvert. Il a un grand sacrificateur établi sur la maison de Dieu, qui est consommé pour l’éternité (10:19-22 ; 7:28). Dieu est Celui qui donne !

Mais tout cela ne fut possible que par la gloire et l’abaissement du Fils de Dieu, qui est venu sur la terre et qui a tout enduré pour des pécheurs ennemis. La femme ne le connaissait pas ; tout au plus voyait-elle en Lui un aimable Juif ; mais elle ne pensait nullement que c’était le Seigneur Lui-même, le Dieu du ciel et de la terre, le Fils unique qui est dans le sein du Père. Si elle l’avait tant soit peu saisi, elle lui aurait demandé et il lui aurait donné de l’eau vive. Selon Jean 7:39, l’eau vive est une image du Saint Esprit qui habite dans les croyants.

Nous avons donc ici la grâce de Dieu, comme la source de tout, puis la gloire de la Personne du Fils et sa présence dans un abaissement profond parmi les hommes sur la terre.

Enfin nous avons le Fils Lui-même, qui en vertu de sa propre gloire, donne aux âmes assoiffées de l’eau vive : le Saint Esprit. Ces choses constituent le fondement nécessaire de l’adoration chrétienne.

 

16.3                   Le Père cherche des adorateurs

« Adorer le Père » — Cela a dû frapper la femme comme étant quelque chose de tout à fait nouveau ! Israël était le fils de Dieu, son premier-né (Ex. 4:22), les fils de l’Éternel, leur Dieu (Deut. 14:1) ; Dieu était le père d’Israël, et Éphraïm était son premier-né (Jér. 31:9). Mais jamais ils n’avaient adoré Dieu comme Père ; car « Personne ne connaît le Père, si ce n’est le Fils, et celui à qui le Fils voudra le révéler » (Matt. 11:27). C’est là une partie intégrante de l’adoration chrétienne : connaître Dieu dans sa relation comme Père avec son peuple, celui-ci l’adorant comme tel. Mais cette révélation est une chose personnelle : « Celui à qui le Fils voudra le révéler ».

Celui qui a cette connaissance l’a donc par le Fils. « Le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l’a fait connaître » (Jean 1:18). Après avoir accompli son œuvre, il a introduit les siens dans sa propre relation avec le Père : « Je monte vers mon Père et votre Père ». Et c’est déjà la part du plus jeune croyant. Aux petits enfants dans la foi, l’apôtre dit : « Je vous écris, petits enfants, parce que vous connaissez le Père » (1 Jean 2:13 ; comp. Jean 17:2, 3).

Le Père cherche des adorateurs. Quelle grâce ! En Israël, tout mâle devait aller trois fois l’an à Jérusalem, pour y adorer (Deut. 16:16). Pendant le millénium, toutes les nations de la terre devront monter d’année en année à Jérusalem pour adorer.

Celui qui ne le fera pas sera puni (Zach. 14:16-19). Mais le Père cherche de vrais adorateurs ; des adorateurs pour qui ce n’est pas une forme extérieure, mais une affaire de cœur. Quelle valeur a pour nous ce que le Père cherche ?

 

16.4                   Adorer en esprit et en vérité

« Mais l’heure vient, et elle est maintenant, que les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; car aussi le Père en cherche de tels qui l’adorent. Dieu est esprit, et il faut que ceux qui l’adorent, l’adorent en esprit et en vérité » (Jean 4:23, 24).

Nous trouvons ici le caractère de l’adoration chrétienne. La vraie adoration n’est pas un culte formel, terrestre ; elle correspond à ce que Dieu est et suppose par conséquent que Dieu est pleinement révélé.

Aucun incrédule ne peut adorer de cette manière ! Car par la nouvelle naissance seulement nous avons reçu la nouvelle vie, que l’Écriture nomme « esprit ». « Ce qui est né de la chair est chair ; et ce qui est né de l’Esprit est esprit » (Jean 3:6 ; Rom. 8:16). C’est une adoration spirituelle, selon le nouvel homme, en accord avec ce que Dieu est.

Des croyants peuvent cependant aussi ne pas être spirituels. L’apôtre Paul ne pouvait pas parler avec les Corinthiens comme avec des hommes spirituels, car ils étaient charnels. Ils n’étaient pas « dans la chair » ; cela ils l’étaient avant leur conversion. Mais quoique étant nés de nouveau, possédant donc la nouvelle vie, qui est « esprit », ils marchaient et pensaient d’une manière charnelle, c’est-à-dire comme l’homme animal pense.

Le culte d’Israël était terrestre, naturel. Il était rendu dans un lieu géographique précis, dans un temple magnifique. Ce service était réglé jusque dans les plus petits détails, et l’homme, revêtu de vêtements précieux et avec l’accompagnement d’une merveilleuse musique, pouvait apporter ce que la terre offrait de meilleur et de plus élevé. Il n’y avait là rien de spirituel. Il n’était même pas posé comme condition que le sacrificateur, le chantre ou celui qui apportait une offrande, devait être né de nouveau. Mais tout cela avait été institué ainsi par Dieu Lui-même, car c’était le culte d’un peuple terrestre rendu à un Dieu qui ne s’était pas révélé à lui, mais qui se cachait dans l’obscurité.

À la croix, cependant, Dieu a mis fin à l’homme naturel. Nous qui sommes nés de nouveau, qui avons cru au Seigneur Jésus, sommes morts avec Christ (Rom. 6:8). Nous avons à marcher selon la nouvelle vie que le Saint Esprit a produite en nous par la nouvelle naissance. Et le Saint Esprit qui habite en nous est la puissance divine qui nous rend capables de le faire.

Ainsi notre adoration doit être spirituelle. C’est une nécessité morale, de laquelle nous ne pouvons être libérés. Comme le Seigneur Jésus l’a clairement exprimé au verset 24, le Saint Esprit est la puissance de toute vraie adoration chrétienne.

En parfait accord avec cela, aucune forme, aucune cérémonie n’est prescrite pour notre adoration. C’est d’autant plus remarquable que pour les Israélites tout était réglé jusque dans les moindres détails. Nous ne connaissons même pas les paroles de l’action de grâces que le Seigneur rendit, lors de l’institution de la Cène. Nous n’avons aucune description d’un apôtre rompant le pain. Les termes d’aucun cantique chanté aux jours des apôtres ne nous ont été conservés. Nous avons uniquement à rendre culte par l’Esprit Saint (Phil. 3:3). Si nous revenons aux formes de l’Ancien Testament pour y adapter l’adoration chrétienne, nous perdons le caractère propre du christianisme, c’est-à-dire l’adoration par l’Esprit de Dieu.

L’adoration ne doit cependant pas seulement être « en esprit », mais aussi « en vérité ». « Qu’est-ce que la vérité ? » a demandé Pilate. Il ne savait pas que Celui qu’il voyait devant lui, couronné d’épines, était la vérité. La vérité est ce que Dieu a révélé de Lui-même, et c’est le Fils qui a révélé Dieu !

Dans un certain sens, Israël a aussi adoré en vérité ; car son culte correspondait à la révélation de Dieu donnée à cette époque, comme l’Éternel. Mais maintenant Dieu est pleinement révélé, car « Dieu... manifesté en chair » a été sur la terre. Et par une grâce infinie, nous le connaissons. « Nous savons que le Fils de Dieu est venu, et il nous a donné une intelligence afin que nous connaissions le Véritable » (1 Jean 5:20).

Il y a certes une croissance dans la connaissance de la vérité. L’Esprit de Dieu agit en nous, pour nous conduire dans toute la vérité. Mais la différence de connaissance qui existe de ce fait entre des croyants est infiniment petite comparativement à celle qu’il y a entre quelqu’un qui n’est pas né de nouveau et le plus jeune des croyants. L’homme comme tel, comme incrédule, est absolument incapable de connaître Dieu. (Il  n’est en cela pas plus à même qu’un animal de comprendre la science ou la philosophie). Par la nouvelle naissance nous avons reçu une vie qui est esprit et par laquelle nous sommes en mesure de connaître Dieu. C’est la « nature divine » (2 Pierre 1:4). Et dans cette nouvelle vie agit l’Esprit Saint qui habite en nous, et qui aussi est la puissance divine qui met cette vie nouvelle en relation avec Dieu Lui-même (Jean 4:14). Aux petits enfants en Christ il est dit : « Vous avez l’onction de la part du Saint et vous connaissez toutes choses. Je ne vous ai pas écrit parce que vous ne connaissez pas la vérité, mais parce que vous la connaissez » (l Jean 2:20, 21).

Ainsi nous pouvons nous approcher de Dieu notre Père. Par la puissance du Saint Esprit qui amène notre nouvelle vie en relation avec Dieu Lui-même, nous le voyons et nous jouissons de Lui. Pouvons-nous voir Dieu, comme il est, sans être remplis d’admiration et sans éprouver le besoin de l’exprimer devant Lui ? Tout enfant de Dieu qui ne s’est pas arrêté aux bénédictions reçues, mais a levé les yeux vers Celui qui donne, sait par expérience que c’est impossible. La gloire du Père, comme la gloire du Fils, est si grande que nos cœurs sont trop petits pour comprendre ce que nous en voyons. Et nous sommes encore bien moins à même de l’exprimer par des paroles. Mais nous adorons « en esprit », aussi l’adoration n’est pas dans nos paroles, mais dans les sentiments spirituels qui montent de nos cœurs.

Il reste encore une question :

 

16.5                   Où devons-nous adorer ?

Sans doute, tout croyant doit adorer personnellement. Comment pouvons-nous considérer l’œuvre du Seigneur Jésus, et l’amour, la grâce du Père, sans remercier et louer ? Mais toutes ces choses, nous les partageons avec tous les enfants de Dieu. Est-ce que cela ne conduit pas tout naturellement à l’adoration en commun ?

Et quand sommes-nous à cet égard le plus poussés à l’adoration, si ce n’est lorsque nous sommes réunis pour annoncer la mort du Seigneur Jésus et recevoir de sa main le pain rompu et le vin versé ? Nous le voyons alors dans la perfection de son œuvre et de son amour. La contemplation de l’Agneau immolé nous amènera, dans le ciel, à le célébrer et à l’adorer (Apoc. 5). Et sur la terre aussi, il en est de même.

Oui, nous nous réunissons pour annoncer sa mort. La célébration de la Cène n’est pas en elle-même le culte. Mais si ceux qui prennent la Cène sont spirituels, ils ne peuvent faire autre chose que rendre grâces et adorer. Alors seulement la célébration de la Cène devient un culte.

Est-ce qu’une seule personne peut vraiment apporter une adoration digne de Dieu ? Adam, avant la chute, pouvait remercier Dieu pour sa bonté. Mais maintenant, Dieu est parfaitement révélé dans le Seigneur Jésus. Si une adoration qui atteint une telle hauteur était rendue par une seule personne, cela supposerait chez cette dernière un degré de spiritualité qui la mettrait presque au même rang que Celui qu’elle adore.

En 1 Corinthiens 14, nous trouvons l’adoration liée à l’Assemblée [= l’Église] . Nous apprenons là selon quel principe et par qui Dieu est adoré maintenant. C’est un complément important à notre connaissance de la volonté de Dieu. Nous voyons que chanter, rendre grâces et louer ont constitué dès le début les éléments de l’adoration. Nous voyons aussi que cela ne dépendait pas d’une seule personne, mais de l’ordre et de l’action de Dieu dans l’Assemblée. Voir en particulier les versets 12-17. Le Seigneur attribue de la valeur à l’adoration intelligente de son peuple.

Les siens se réunissent avec la confiance que le Seigneur est le seul qui a de l’autorité au milieu d’eux et qui peut décider qui il veut employer. Le Seigneur exerce cette autorité par le Saint Esprit qui habite dans l’Assemblée. Ce qui importe n’est pas qu’un seul homme, ou dix, ou vingt exercent le service, mais que le Saint Esprit ait la liberté d’employer qui il veut, qu’il puisse et veuille en employer un, cinq, dix ou plus encore.

Connaissez-vous personnellement, par expérience, cette adoration ? Ce n’est pas une question d’intelligence ! Comme nous l’avons vu, c’est la réponse de cœurs occupés du Père, qui a donné son Fils unique pour eux afin qu’il meure sur la croix, et du Sauveur, le Fils de Dieu, qui les a aimés et s’est livré Lui-même pour eux.

Avec mes affectueuses salutations.

H.L.H.

 

17               Service

Chers amis,

La vie d’un chrétien consiste à prendre et à donner. Elle doit être comme un réservoir dans lequel d’un côté l’eau peut arriver et de l’autre côté s’écouler. Un chrétien qui reçoit seulement, mais ne donne jamais, deviendra un mystique rêveur (un dévot mystérieux et sentimental). À l’inverse, un chrétien qui sera occupé à donner au point de ne pas trouver de temps pour recevoir lui-même, fera spirituellement faillite.

Dans une des lettres précédentes, j’ai déjà mentionné que tout service doit avoir son point de départ « aux pieds du Seigneur Jésus », où nous pouvons l’écouter et avoir communion avec Lui. Nous l’avons vu en particulier chez Marie, en ce qui concerne l’adoration (Luc 10 et Jean 12) . Elle put, au bon moment, oindre les pieds du Seigneur Jésus avec le parfum de nard de grand prix, parce que si souvent elle avait été assise à ses pieds et qu’ainsi elle connaissait sa Personne et ses pensées. Et de Marthe, nous voyons aussi qu’elle le servit (Jean 12), après avoir reçu de Lui, alors qu’elle était soucieuse auparavant (Luc 10 et Jean 11).

Dans ces deux images, nous trouvons les deux côtés du service chrétien. En Marie, nous avons ce qui est fait en vue du Seigneur, de Dieu ; et en Marthe, ce qui est fait en vue des hommes. Ainsi, nous lisons en 1 Pierre 2 que nous sommes « une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ ». Et ensuite, que nous sommes « une sacrificature royale » pour que nous annoncions les vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière. C’est de ce second aspect du service que nous voulons nous occuper un peu. Nous avons déjà considéré le premier en relation avec la Cène et l’adoration.

Un important principe des Saintes Écritures est que tout service doit être accompli de la part du Seigneur, et dans la responsabilité envers Lui. Pour tous ceux qui réfléchissent, c’est une chose tout à fait claire. Un serviteur de Dieu transmet aux hommes un message de Dieu. Il faut alors que Dieu appelle Lui-même ses serviteurs et qu’il leur donne les dons dont ils ont besoin ! Éphésiens 4:7-12, en relation avec le Psaume 68:18, nous montre que le Seigneur monté en haut a reçu ces dons et qu’il les distribue aux siens. Et tous les autres passages qui traitent ce point, le confirment.

 

17.1                   Il appelle ceux qu’il veut

« Et il monte sur une montagne, et il appelle ceux qu’il voulait ; et ils vinrent à lui ; et il en établit douze pour être avec lui, et pour les envoyer prêcher » (Marc 3:13, 14). Il est question dans ce passage, de l’appel des douze apôtres. Nous ne pouvons pas comparer la mission qu’ils reçoivent avec celle que le Seigneur confie maintenant à ses serviteurs. Selon Matthieu 10, ils ne devaient prêcher qu’à des Juifs. Après que le Seigneur eut été rejeté par Israël et qu’il eut accompli l’œuvre de la rédemption sur la croix, il leur confia, en Marc 16:15, une nouvelle mission : d’aller dans tout le monde. Mais les principes de son appel demeurent les mêmes.

Nous trouvons, en Marc 3:13, 14, trois choses importantes. Premièrement : Le Seigneur appelle ceux qu’il veut. Deuxièmement : Il les appelle pour qu’ils soient avec Lui. Troisièmement : Il les envoie pour prêcher.

Le premier point est le principe mentionné plus haut. Le Seigneur appelle ses ouvriers selon sa propre et libre volonté. À Jérémie, il dit : « Avant que je te formasse dans le ventre de ta mère, je t’ai connu, et avant que tu sortisses de son sein, je t’ai sanctifié, je t’ai établi prophète pour les nations » (Jér. 1:5). De Jean le Baptiseur, selon le même principe, la même chose fut prédite par un ange du Seigneur, en Luc 1:13-17. Et Paul écrit de lui-même : « Mais quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonçasse parmi les nations ... » (Gal. 1:15, 16).

Aucun homme, aucun serviteur de Dieu, ni même l’Assemblée, n’ont quoi que ce soit à faire avec l’appel des ouvriers du Seigneur. Le Seigneur s’est expressément réservé ce droit. Et comme nous l’avons lu en Jérémie et dans l’épître aux Galates, la préparation pour ces appels commence avant la naissance déjà et se poursuit jusqu’à ce que, après la conversion, le Seigneur l’exprime.

 

17.2                   Être avec Lui

À quoi le Seigneur appelle-t-il ? Nous appelle-t-il tout de suite après la conversion pour faire un grand travail ? Il appelle « pour être avec Lui ». Une condition indispensable pour un vrai serviteur est d’avoir d’abord été avec Lui et d’avoir été instruit ainsi par Lui. Un long temps s’était écoulé entre Marc 3:13 et Marc 6:7 où le Seigneur envoya ses disciples. Et lorsqu’ils eurent accompli leur mission spéciale, le Seigneur les prit de nouveau seuls avec Lui. Aucun service ne peut être véritablement béni si le serviteur ne vient pas de la présence du Seigneur et ne retourne pas là après le service. Faisons-nous comme les apôtres : « Et les apôtres se rassemblent auprès de Jésus ; et ils lui racontèrent tout : et tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné ». Combien cela a dû être béni et riche en enseignements pour eux d’être pris à l’écart par le Seigneur pour qu’il puisse parler tranquillement avec eux de « tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné ». Si nous recherchions davantage cela, notre service ne serait-il pas plus richement béni ?

Nous ne pouvons plus maintenant être corporellement avec le Seigneur, comme l’étaient les disciples, mais nous le pouvons bien spirituellement. En Jean 14:21 il est écrit : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime ; et celui qui m’aime, sera aimé de mon Père ; et moi je l’aimerai, et je me manifesterai à  lui ». Et le verset 23 poursuit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui ».

Nous prouvons notre amour pour le Seigneur en ce que nous gardons ses commandements. Voir aussi 1 Jean 5:3. Quelle contradiction lorsque quelqu’un affirme aimer le Seigneur, mais agit tranquillement en opposition avec les commandements du Seigneur !

Le verset 23 va cependant plus loin encore. Si quelqu’un aime véritablement le Seigneur, il ne se contentera pas de faire seulement ce que le Seigneur commande expressément. Un souhait du Seigneur lui suffit. L’amour s’applique à Lui être agréable. Dans le Nouveau Testament, nous ne trouvons pas beaucoup de commandements formels. Mais le Seigneur révèle ses pensées dans sa Parole, s’attendant à ce que cela suffise aux siens pour agir en conséquence. Et là où cela se trouve, le Père et le Fils viennent pour faire leur demeure chez une telle personne. Ainsi, nous pouvons maintenant aussi être avec Lui. C’est indispensable pour être véritablement préparés par Lui pour le service qu’il veut nous faire accomplir.

 

17.3                   Envoyé par Lui

En Marc 6:7, le Seigneur envoie les disciples. Il les a enseignés, et ainsi ils sont prêts pour le service qu’il leur a confié. Au jugement des hommes, il n’en était pas ainsi. Ils voyaient dans les apôtres « des hommes illettrés et du commun » (Actes 4:13). Et selon la mesure humaine c’est ce qu’ils étaient. Ils n’avaient pas étudié la théologie d’alors. Ils ne savaient pas comment les différents rabbins interprétaient la Bible. Le Seigneur les avait directement retirés de l’activité qu’ils avaient eue jusqu’alors. Mais ils avaient été avec Lui. Et cela, même leurs ennemis le reconnaissaient (Actes 4:13). C’est pourquoi le Seigneur pouvait les employer au service le plus important qui fût. Par la prédication de Pierre, trois mille hommes furent convertis en un jour. Leur doctrine et leur communion étaient le fondement de l’œuvre nouvelle que Dieu commençait ce jour-là : l’établissement de l’Assemblée du Dieu vivant (Actes 2:42).

Ce n’était pas qu’avant ce jour ils n’aient rien fait. Dès le premier jour où ils avaient été avec le Seigneur, il avait quelque chose à leur confier. Mais ils n’étaient que des aides, de simples exécutants. Ils partageaient la peine et l’inimitié à cause de l’évangile (Marc 3). Ils ramaient lorsque le Seigneur voulait passer à l’autre rive (Marc 4:35-41), etc.

Dès le premier jour de notre conversion le Seigneur veut nous employer, si nous sommes avec Lui. Il y a toujours quelque chose à faire, si nous voulons travailler avec le Seigneur. Nous pouvons distribuer des traités, inviter à des réunions d’évangélisation et d’édification ; nous pouvons aider à préparer ces réunions, etc. Si nous voulons faire quelque chose, le Seigneur nous donnera toujours du travail. Mais cela suppose que nous sommes prêts à faire tout ce qu’il nous confie. Il ne faut pas nous attendre à recevoir du Seigneur tout de suite, dès le début, de grandes missions.

En Matthieu 25, le Seigneur donne à ses esclaves, « à chacun selon sa propre capacité ». Il est à remarquer que ce n’est pas l’esclave qui a reçu cinq talents, ni celui qui en a reçu deux, mais celui qui n’en a reçu qu’un, qui ne fait rien et qui est appelé par le Seigneur un méchant et paresseux esclave. Parce que cet esclave ne fait pas valoir ce seul talent, il lui est ôté, et est donné à celui qui avait travaillé dur avec les talents qui lui avaient été confiés. De cette manière, ce dernier reçoit plus encore. Plus nous sommes zélés dans les petites choses dont le Seigneur nous charge (c’est-à-dire qu’il place devant nous), plus rapidement aussi il peut nous en confier de plus grandes, du moins, si nous accomplissons ces petits travaux véritablement dans la dépendance et dans l’obéissance envers Lui.

Il y a bien des années dans une région montagneuse d’Amérique, vivait une jeune servante, très simple, qui n’avait suivi l’école que trois mois. Elle gagnait quatre dollars et elle les donnait : un pour le local, un pour la mission, et les deux derniers à son père qui était pauvre et avait une grande famille à nourrir. De toute la région, c’était elle qui donnait le plus. Le soir et jusque tard dans la nuit, elle faisait du travail supplémentaire pour gagner de l’argent pour ses propres vêtements. Un serviteur de Dieu visita cet endroit. Les possibilités de logement étant rares, la jeune fille mit sa chambre à sa disposition. Sur la table, il y avait sa Bible, annotée à presque toutes les pages. Mais ce qui frappa le plus ce serviteur, fut une remarque à Marc 16:15 : « Allez dans tout le monde, et prêchez l’évangile à toute la création ». En grosses lettres claires, elle avait écrit : « Oh ! si je pouvais le faire ! ».

Le lendemain il lui en parla ; mais elle se mit à pleurer si fort qu’il ne put en tirer aucune parole. Plus tard il apprit son histoire. Elle s’était convertie à l’âge de quatorze ans. Une fois qu’elle était rentrée à la maison, elle avait trouvé un papier sur lequel était écrit : « L’appel de la Chine pour l’Évangile ! » Personne ne savait d’où venait ce papier. Mais dès ce moment, ses pensées avaient été centrées sur la Chine. Pendant dix ans elle avait demandé jour par jour au Seigneur de l’envoyer en Chine. Puis depuis peu de temps un changement s’était opéré en elle. Elle en était venue à la conclusion qu’elle s’était trompée et que le Seigneur ne l’avait pas destinée à être une missionnaire en Chine, mais à être une missionnaire dans la maison. Dès lors, sa prière avait été : « Accorde-moi d’être de bon cœur une missionnaire pour toi dans la maison ». Et le Seigneur avait exaucé sa prière.

Pendant dix ans, elle avait recherché les grandes choses, sans toutefois négliger les petites. L’offrande de son salaire en témoignait. Mais elle avait été maintenant amenée à faire de bon cœur  les toutes petites choses : à être un témoin du Seigneur dans le cercle restreint d’une fille de cuisine. Et alors seulement le Seigneur put l’employer pour une œuvre très bénie en Chine ! Car ce serviteur de Dieu eut la certitude que le Seigneur l’avait envoyé dans ce village précisément pour aider cette jeune fille. Et enfin elle partit en Chine. « Celui qui est fidèle dans ce qui est très petit, est fidèle aussi dans ce qui est grand » (Luc 6:10).

 

17.4                   Dépendance du Seigneur

Nous avons vu que les serviteurs du Seigneur sont appelés par Lui-même, selon sa propre volonté, et aussi qu’ils sont envoyés par Lui seul. Mais ce n’est pas tout ! Le service doit également être exercé dans la dépendance du Seigneur. « Il y a diversité de services, et le même Seigneur » (1 Cor. 12:5). Les esclaves de Matthieu 25 doivent rendre des comptes et se justifier devant le Seigneur. En Marc 6, les disciples vinrent et « lui racontèrent tout : et tout ce qu’ils avaient fait, et tout ce qu’ils avaient enseigné » (voir 1 Cor. 3:10 ; 4:5).

Pour pouvoir répondre à cette responsabilité, nous avons reçu le Saint Esprit. Celui-ci veut nous conduire en toutes choses, afin que nous ne fassions jamais notre propre volonté (Gal. 5:17). C’est très particulièrement le cas pour le « service » (Phil. 3:3 ; voir aussi Actes 16:6-10). « Mais le seul et même Esprit opère toutes ces choses, distribuant à chacun en particulier comme il lui plaît » (l Cor. 12:11). Nous sommes donc conduits dans notre service par le Saint Esprit. Mais nous accomplissons le service dans la dépendance du Seigneur et dans la responsabilité envers le Seigneur.

C’est d’une extrême importance. D’abord cela nous donne une grande assurance. Si un croyant regarde à lui-même, il n’a aucune assurance pour faire quoi que ce soit. Il voit en lui tant de faiblesse, souvent tant de perversion, qu’il n’a pas le courage de faire quelque chose. Même s’il sait très bien qu’il a reçu un don du Seigneur et qu’il est appelé par Lui, il est profondément conscient qu’il ne peut donner aucune bénédiction. Jamais aucun pécheur n’a été amené à la repentance par les paroles d’un homme, et un croyant ne peut pas davantage être béni par des paroles humaines. Comment quelqu’un peut-il savoir quels sont les besoins des hommes auxquels ou pour lesquels il parle ?

Si, en revanche, nous sommes employés par le Saint Esprit, il s’ensuivra toujours une bénédiction. Il connaît les besoins du moment et comment il peut y être répondu. Il donne à ceux qu’il emploie des paroles spirituelles, pour communiquer des choses spirituelles (l Cor. 2:13).

C’est en même temps une grande responsabilité. Nous avons à prêter une grande attention à la direction du Saint Esprit, afin qu’il puisse employer qui il veut. Car il n’y en a qu’un seul qui a la liberté de nous diriger, nous personnellement, et de conduire le service dans les Assemblées. Penser que nous pouvons décider qui, dans les Assemblées, fait le service, est en contradiction absolue avec les Saintes Écritures ; en réalité, c’est mépriser la présence du Saint Esprit. Et ce n’est guère mieux de dire que tous peuvent participer au service, ou de limiter ce droit à une personne ou à quelques-uns. Le Saint Esprit seul a le droit de décider qui il veut employer. Et cela signifie que notre devoir est d’être prêts, dans les réunions, à être employés par Lui, s’il le veut.

Il est clair que, dans les réunions où l’on parle publiquement, le Saint Esprit emploie les dons que le Seigneur a donnés à cet effet. Il a toutefois le droit aussi d’utiliser un don moindre, même si de grands dons sont présents. Pour ce qui en est de prier et rendre grâces ou d’indiquer un cantique, il n’y a pas de dons. Ce que les hommes appellent parfois un don de prière est en général une manifestation de la chair. Pour prier et rendre grâces le Saint Esprit peut employer tous ceux dont l’état spirituel est tel qu’ils peuvent être employés.

Quelle responsabilité alors pour chacun de nous, pour les plus jeunes comme pour les plus âgés, d’être dans les réunions tels que le Saint Esprit puisse nous employer et — s’il veut nous employer — tels que nous nous laissions employer.

Votre frère attaché dans le service du Seigneur

H.L.H.

 

18               Notre position sur la terre — Dans le monde, mais pas du monde

Chers amis,

Dans une des lettres précédentes, notre position comme croyants devant Dieu vous a été présentée. J’aimerais maintenant attirer votre attention sur notre position ici sur la terre. Nous verrons que celle-ci aussi est liée à Christ. Car de même que nous avons été rendus conformes à Christ pour pouvoir nous tenir devant Dieu, nous sommes aussi identifiés à Christ devant le monde. En d’autres termes : nous sommes placés ici dans sa position, de la même manière que nous sommes en Lui devant Dieu. Ce sera pour nous d’un grand profit de garder toujours à la mémoire cette vérité.

Lorsqu’il est question de notre position ici sur la terre, il y a deux aspects qui l’un et l’autre sont très importants. Le premier est en relation avec le monde et le second, avec le « camp », c’est-à-dire la chrétienté organisée qui dans cette économie a pris la place du judaïsme comme témoignage pour Dieu (voir Rom. 11 et comparer avec Matt. 13).

 

18.1                   Notre position vis-à-vis du monde — Le croyant et les organisations religieuses

Le Seigneur Jésus dit aux Juifs : « Vous êtes d’en bas ; moi, je suis d’en haut : vous êtes de ce monde ; moi, je ne suis pas de ce monde » (Jean 8:23). Plus tard, alors qu’il recommandait les siens à son Père, il dit : « Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde » (Jean 17:16). Et dans les versets 14 à 19, il amène véritablement ses disciples dans sa propre position vis-à-vis du monde, de même que dans les versets précédents (6-13) il les a placés dans sa propre position vis-à-vis du Père. Ils prennent sa position dans ce monde parce que — remarquez le bien — ils ne sont pas du monde, comme Lui n’est pas du monde. Car, étant nés de nouveau, ils n’appartiennent plus au monde. Dès lors, à maintes reprises, il répète qu’ils seraient haïs et persécutés, comme Lui l’était. C’est pourquoi il dit, par exemple : « Si le monde vous hait, sachez qu’il m’a haï avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui serait sien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, mais que moi je vous ai choisis du monde, à cause de cela le monde vous hait. Souvenez-vous de la parole que moi je vous ai dite : L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre » (Jean 15:18-20). L’apôtre Jean montre aussi le contraste absolu existant entre les croyants et le monde lorsqu’il dit : « Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier gît dans le méchant » (1 Jean 5:19).

Mais il y a plus encore que ce que ces importants passages nous font voir. Chaque croyant est considéré par Dieu comme mort et ressuscité avec Christ (Rom. 6 ; Col. 3:1-3). Par la mort et la résurrection de Christ, il est donc, aux yeux de Dieu, parfait, placé hors de ce monde, de même qu’Israël fut conduit hors d’Égypte à travers la mer Rouge. Il n’est cependant plus « du monde » bien qu’il y soit envoyé (Jean 17:18) pour vivre au milieu du monde pour Christ. C’est pourquoi Paul pouvait dire, alors qu’il travaillait pour Christ dans le monde : « Mais qu’il ne m’arrive pas à moi de me glorifier, sinon en la croix de notre Seigneur Jésus Christ, par laquelle le monde m’est crucifié, et moi au monde » (Gal. 6:14). Il voyait, dans la croix de Christ, que le monde était déjà jugé (Jean 12:31), et en appliquant la croix à lui-même, il se considérait comme mort — crucifié au monde — de sorte qu’il y avait entre eux deux une séparation comme la mort seule peut en provoquer.

L’Apocalypse nous apporte un autre témoignage : le monde où nous sommes court vers le jugement de Dieu et vers sa perte. Les hommes vont aller vers toujours plus de blasphèmes (Apoc.16:9, 11, 21). L’exhortation retentit : « Sortez du milieu d’elle [Babylone], mon peuple, pour que vous ne participiez pas à ses péchés » (Apoc.18:4).

Le croyant qui veut chercher à améliorer le monde et son fonctionnement et son organisation se heurte nécessairement au fait que la démocratie ne cherche qu’à faire ce qui plait aux hommes et non pas à Dieu, et les principes divins sont entièrement mis de côté.

Si nous résumons ce que nous avons lu, nous voyons que le chrétien, bien qu’étant dans le monde, n’est pas du monde. Il n’est pas du monde, dans le même sens que Christ n’était pas du monde. Il appartient à un nouvel ordre ; car « si quelqu’un est en Christ, c’est une nouvelle création » (2 Cor. 5:17). Il est, comme nous l’avons vu, absolument sorti du monde, par la mort et la résurrection de Christ. Il doit par conséquent s’en tenir complètement séparé. Il ne convient pas qu’il se conforme au monde (Gal. 1:4 ; Rom. 12:2). Dans son esprit, ses habitudes, sa conduite, ses actes, il doit donner à connaître qu’il n’est pas de ce monde. Plus encore, par l’application de la croix à lui-même, il doit se tenir lui-même pour crucifié au monde ; il ne peut alors plus y avoir aucun attrait, aucune force d’attraction entre deux choses ainsi jugées.

Comprenons bien cette séparation du monde : Il ne s’agit pas de se retirer du monde comme ont fait les moines, et sur ce point l’Écriture est formelle : « Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde ... je les ai envoyés dans le monde » (Jean 17:15, 18). Pourtant quant à leur caractère moral et à leur vie pratique, les vrais croyants se démarqueront pour vivre comme Christ et porter ses caractères, ne vivant pas selon les principes et les mœurs du monde.

Encore un point : un chrétien est dans le monde à la place de Christ. C’est-à-dire qu’il est pour Christ et comme Christ dans ce monde. Il doit donc rendre témoignage de Christ et marcher comme Christ a marché (Phil. 2:15 ; 1 Jean 2:6) et il doit s’attendre à être traité comme Christ l’a été. Non pas que nous devions être crucifiés comme Lui ! Mais, si nous sommes fidèles, nous rencontrerons dans le monde la même opposition que Lui. Dans la mesure où nous serons fidèles dans notre marche à sa suite nous serons persécutés. Si les croyants font actuellement peu l’expérience de la haine c’est qu’ils ne sont pas séparés du monde. Si la persécution ne prend plus, dans les pays occidentaux, la forme violente qu’elle a eu autrefois (mais cela reprendra selon Apoc.11:7-8), il n’en reste pas moins qu’on supporte de moins en moins tout ce qui est vrai christianisme. Tout ce qui est vrai christianisme est méprisé et combattu. Les media s’acharnent actuellement à détruire tout ce qui est civilisation judéo-chrétienne.

Je ne puis m’empêcher d’attirer sérieusement votre attention sur la nécessité de rompre tout lien qui vous unit moralement au monde. Il n’est pas nécessaire d’être très clairvoyant pour remarquer que l’esprit du monde, la conformité au monde gagnent rapidement l’Église ou Assemblée de Dieu. Combien c’est déshonorant, combien c’est douloureux pour Celui autour duquel nous sommes rassemblés pour annoncer sa mort ! Quelle exhortation pour tous les saints à s’humilier devant Dieu, et à demander avec prière la grâce de vivre plus pour Lui, d’être davantage séparés, afin que le monde lui-même voie que nous appartenons à Celui qu’il a rejeté, mis dehors et crucifié.

Combien peu d’entre nous sont animés de l’esprit de Paul qui désirait connaître « la communion de ses souffrances », pour être rendu conforme à sa mort, alors qu’il contemplait un Christ glorifié, objet de son cœur et but de son espérance.

Veuille le Seigneur nous donner à nous et à tous les bien-aimés saints une plus grande mesure de cette consécration au Seigneur et de cette séparation totale du monde dont le Seigneur lui-même nous a donné l’exemple.

 

18.2                   Notre position vis-à-vis du « camp »

Dans l’épître aux Hébreux, nous lisons : « Car les corps des animaux dont le sang est porté, pour le péché, dans les lieux saints, par le souverain sacrificateur, sont brûlés hors du camp. C’est pourquoi aussi Jésus, afin qu’il sanctifiât le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre » (Héb. 13:11-13).

Deux choses apparaissent très clairement dans ce passage :

1. Le sang de certains sacrifices pour le péché était porté dans les lieux saints.

Il s’agissait de sacrifices correspondant à la situation où il fallait restaurer ou maintenir la communion avec l’ensemble du peuple de Dieu, alors que cette communion  avait été rompue : péché du Souverain Sacrificateur (Lévitique 4:3, 5, 6) ou de l’ensemble de l’assemblée du peuple d’Israël (Lévitique 4:13, 16, 17) ou cérémonie de la fête des propitiations (appelée aujourd’hui Yom-Kippour ; Lévitique 16:14, 15)

2. Les corps des animaux offerts en rapport avec ces sacrifices étaient brûlés hors du camp (Lévitique 4:12, 21 ; 16:27, 28).

L’apôtre applique ces versets aux Hébreux qui souffraient extrêmement dans un monde qui les rejetait  et les faisait souffrir (Hébreux 10:32-39). Ils avaient à s’en détacher, y compris se détacher de tout le système judaïque et de toute la religion juive, bien qu’elle ait été donnée de Dieu par Moïse. Pour ces croyants hébreux, c’était une épreuve particulièrement difficile, parce qu’ils semblaient perdre tous les privilèges de cette religion donnée de Dieu. La substance de toute l’épître aux Hébreux est de montrer à ces croyants qu’ils trouvaient en Christ dans le christianisme quelque chose de plus élevé et plus précieux, dont le système judaïque et l’Ancien Testament n’étaient que des types. Il fallait sortir du judaïsme (qui allait tomber sous le jugement de Dieu ; destruction de Jérusalem par Titus en l’an 70) représenté par le camp juif. Cette exhortation de cette épître n’était en fait que l’application des types donnés auparavant dans l’Ancien testament. Le camp juif était bien initialement le centre de bénédiction avec la présence de Dieu au milieu de lui (Nombres 2:1-2), mais cette présence avait été perdue dans certaines circonstances (Exode 33 ; péché du veau d’or), soit par les circonstances spéciales du péché de l’ensemble ou du péché de celui qui représentait le peuple (Lévitique 4).  Dans ces diverses circonstances, Dieu n’avait plus sa place au milieu du camp d’Israël, ce qui est illustré par ce sacrifice brûlé hors du camp, et non pas sur l’autel situé normalement au milieu du camp. Ce camp d’où Dieu était rejeté et exclu, illustre le caractère de toutes les religions de forme, qui se bornent à suivre des rites sans que la réalité de la vie divine dans les cœurs soit présente.

De la même manière, Christ a souffert hors de la ville de Jérusalem (Jean 19:20), et Christ n’ayant plus sa place dans le système judaïque, le croyant ne pouvait que suivre son Seigneur.

L’apôtre montre que Christ est le vrai antitype de ces sacrifices.

Nous voyons toutefois là aussi les deux aspects de la position du croyant — sa place devant Dieu dans les lieux saints où le sang a été porté ; et sa place sur la terre, hors du camp, où Christ a souffert. Comme cela a déjà été dit, de même que nous sommes en Christ devant Dieu, identifiés à Lui et revêtus de toute la valeur de sa propre acceptation, nous sommes aussi identifiés à Lui sur la terre, dans sa honte et son rejet. La place du croyant sur la terre est par conséquent hors du « camp ». C’est ce que dit l’auteur de l’épître : « Ainsi donc, sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre ».

« Qu’est-ce que le camp ? » Il ressort clairement du passage qui vient d’être lu qu’il s’agissait là du judaïsme.

À quoi correspond-il maintenant ? Le judaïsme était de Dieu et avait sur la terre la position d’un témoignage pour Lui. Le judaïsme a failli et après le rejet définitif de Christ lors de la prédication des apôtres, il a été mis de côté et le christianisme a pris sa place, comme nous l’enseigne Romains 11. Le camp est maintenant la chrétienté organisée, l’église extérieurement professante. Le caractère commun du judaïsme du temps de l’épître aux Hébreux et de la chrétienté organisée actuelle, est d’être une religion de rites animée par l’esprit de l’homme, sans que la réalité de la vie divine dans les cœurs soit présente.

Vous demanderez alors peut-être encore : « Pourquoi sommes-nous engagés à sortir hors du camp ? » À cause de son manquement absolu comme témoignage pour Dieu. « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées » (Apoc. 2:11, etc.). C’est notre sécurité, mais aussi notre responsabilité d’examiner à la lumière de la Parole écrite de Dieu tout ce qui élève la prétention d’être de Dieu, alors que ce n’est que le fruit de l’activité et de l’esprit de l’homme. Si nous examinons les diverses dénominations (églises de multitude, confessions, ou sectes) de cette manière, elles nous apparaissent dans leur désobéissance et leur fausseté. Aussi ne reste-t-il rien d’autre à faire, pour un croyant qui veut agir selon les pensées de Dieu, qu’à prendre sa place « hors » de tout cela, dans la séparation de toute la confusion et de toutes les erreurs de ces jours mauvais, avec tous ceux qui, dans l’obéissance à sa Parole, sont assemblés simplement au nom du Seigneur Jésus (Matt. 18:20).

Exode 33 est riche en enseignements à cet égard. Lorsque Moïse descendit de la montagne (Ex. 32), il vit que tout le peuple était tombé dans l’idolâtrie. Après être retourné pour intercéder pour le peuple, il revint avec une mauvaise nouvelle pour lui. Il « prit une tente, et la tendit pour lui hors du camp, et il l’appela la tente d’assignation ; et il arriva que tous ceux qui cherchaient l’Éternel sortirent vers la tente d’assignation qui était hors du camp » (Ex. 33:7). Moïse agit de cette manière en présence du peuple coupable, parce qu’il connaissait les pensées de Dieu. Nous trouvons dans ce récit une image morale de notre époque. Et j’aimerais la recommander à votre attention toute spéciale.

J’en ai maintenant suffisamment écrit pour que vous compreniez la position du croyant sur la terre. Nous avons vu d’une part la séparation du monde, et de l’autre, la place hors du « camp ». Prendre cette position nous vaudra d’être haïs par les uns, méprisés par les autres. Mais s’il en est ainsi, nous serons toujours plus semblables à notre bien-aimé Seigneur. C’est là porter « son opprobre » selon l’expression de l’épître aux Hébreux.

Puissions-nous ne pas craindre l’un et ne pas avoir honte de l’autre. Au contraire nous voulons nous réjouir d’avoir été estimés dignes de souffrir des opprobres pour son nom (Actes 5:41).

Avec mes affectueuses salutations.

Votre frère attaché dans le service du Seigneur.

E.D.