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Consolation et encouragement
Consolations en rapport avec le deuil d’un croyant
Série 299/1 à 8 éditée par H. Guignard, Vevey
2 Ce qu’on apprend dans l’épreuve
5 Est-on heureux après la mort ?
6 L’espérance du chrétien n’est pas la mort — 2 Corinthiens 5
7 Ceux qui sont du Christ à sa venue
G. V. Wigram (Fragments de lettres)
Il nous semble parfois avoir beaucoup de grâce et d’énergie ; cependant, quand vient l’épreuve, nous constatons que tout cela disparaît vite, emporté comme la balle par le vent. Nous sommes ainsi amenés à apprendre des leçons humiliantes.
Je suis sûr que quelques-uns d’entre nous sont disposés à regarder à la mort en Adam plutôt qu’à la vie en Christ ; à la ruine et aux maux qui sont entrés dans ce monde par le premier homme, plutôt qu’à la délivrance introduite par le second homme.
Nous portons en nous ce qui se rapporte à la fois à la corruption et à la gloire. Lazare, le pauvre, en est une illustration. Il fut un temps, pour lui, où assis à la porte d’un riche, des chiens léchaient ses ulcères ; mais, plus tard, par les anges, il fut transporté en haut dans des scènes glorieuses. Cette pensée est encourageante ; elle nous aide à détacher nos regards de ce qui est corruptible pour les porter sur ce qui est glorieux. Certains parmi nous sont tentés de ne s’occuper que de ce qui se rapporte à la corruption et ne s’occupent que rarement de ce qui est glorieux.
Mais Jésus ressuscité appelle notre attention et c’est vers lui que se tournent les regards de la foi.
* * *
On aime à parler ensemble de Celui qui nous unit les uns aux autres.
C’est si triste quand le cœur est indifférent et froid ; son incapacité à comprendre, son manque de vie, sa distance de l’atmosphère du Bien-aimé, hélas ! tout cela est connu et réalisé chaque jour. Nous donnons peu libre cours à l’Esprit dans le secret de nos âmes. Je crains que nous nous soyons un peu hâtés à ne saisir que la connaissance, sans que l’âme en ait été affectée. Mieux vaut que le cœur soit frappé par une seule vérité que si l’esprit est occupé de beaucoup de vérités.
Quelle joie inexprimable que rien ne pourra interrompre ! La pensée de chaque membre de cette innombrable compagnie sera qu’il appartient à Christ. « Je suis à mon bien-aimé et son désir se porte vers moi ».
Le fait d’être à Christ sera alors une source de joie profonde et sans mélange, mais ne devrait-il pas en être ainsi maintenant ? L’objet absorbant de leur vision céleste par l’Esprit, ce sera Christ ; être toujours avec lui, le voir, jeter leurs couronnes à ses pieds, lui rendre le profond hommage de leurs cœurs, dans un même accord, disant et chantant : « Tu es digne... car tu as été immolé et tu as acheté pour Dieu par ton sang, de toute tribu, et langue, et peuple, et nation ; et tu les as faits rois et sacrificateurs pour notre Dieu ».
La puissance de la résurrection de Christ sera appliqué aux corps de ses saints ; ils seront ressuscités parce que lui a été ressuscité, parce qu’ils ont sa vie et que l’Esprit habite en eux ; ils seront présentés dans la perfection de cette vie, dans son plein triomphe sur la mort et sur celui qui en avait le pouvoir ; ils seront ressuscités, non pour le jugement (qui est passé pour eux, puisque Christ l’a porté à leur place), mais parce qu’ils sont à Christ.
Christ ressuscité est les prémices et le gage de cette abondante moisson.
Il était la première gerbe présentée à l’Éternel, le modèle et le gage de la moisson qui sera alors recueillie dans le grenier de Dieu ; ils seront ressuscités et présentés avec lui dans la gloire. Lui-même est l’expression de la gloire, et c’est en lui qu’ils sont. Leur poussière sera ranimée par la vie divine ; la faiblesse sera transformée en puissance ; la corruption en incorruptibilité ; le déshonneur en gloire ; le corps naturel en un corps spirituel qui portera l’empreinte du céleste comme il aura porté l’image du terrestre.
Où est, ô mort, ton aiguillon ? Il est disparu !
Où est, ô sépulcre, ta victoire ? Le sépulcre est vaincu.
Le triomphe est entier, complet, éternel. Satan est écrasé pour toujours sous les pieds des saints.
Ils paraîtront devant le tribunal de Christ pour recevoir les récompenses du royaume, mais ils y paraîtront comme des saints glorifiés. Ils ne porteront aucune tache de péché ; la malédiction aura été ôtée jusqu’à la dernière trace ; l’opprobre de l’Égypte ne sera plus. La mort de l’Agneau immolé sera un sujet de méditation à la lumière de la gloire et dans la présence de Dieu.
Il se peut que la terre poursuive sa course et le monde ses projets, comme il en fut quand la lumière fut obscurcie par les ténèbres de la croix ; la religion du monde aussi pourra continuer, avec des fins où Dieu n’entre pour rien, jusqu’à ce que le jugement rompe le charme de l’illusion et mette fin au rêve. Alors, les hommes se réveilleront en présence de la terrible réalité : ils tomberont entre les mains du Dieu vivant.
La lumière de Dieu aura trouvé sa propre sphère afin d’y réfléchir l’éclat particulier de chacun. Tous brilleront dans le firmament et resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père, étant avec celui qui est le soleil et le centre du système céleste qu’aucun nuage d’incrédulité ou de doute ne viendra obscurcir. Ils seront avec Christ dans ses mouvements relatifs aux conseils de Dieu concernant soit les cieux en haut, soit la terre en bas. En présence de sa gloire, ils seront irréprochables et se réjouiront. Puis, lorsque Christ prendra sa grande puissance dans son règne, portant le sceptre d’une juste suprématie sur une terre jugée et renouvelée, ils seront avec lui.
Quand le royaume prendra fin et qu’il le remettra au Père, il habitera avec eux. Dans le nouveau ciel et la nouvelle terre, sera la demeure de la justice. Les saints seront avec lui. Ils sont la portion présente et éternelle de Christ ; leur place est « toujours avec le Seigneur ». Que ce soit dans le royaume, ou dans le nouveau ciel et la nouvelle terre, ils jouiront du repos de Dieu en perfection et rendront témoignage à sa gloire dans la sphère d’exaltation où la grâce les aura placés, sphère pour laquelle la grâce les aura formés.
* * *
Notre espérance n’est ni le jugement, ni le royaume en puissance ; ce n’est pas non plus la restauration d’Israël ou la délivrance de la création actuellement dans la servitude (chacune de ces choses étant vraie à sa place) ; mais nous attendons du ciel le Fils de Dieu. Il vient, non seulement pour accomplir la prophétie, mais afin d’accomplir la promesse : « Je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi ; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:3). Voilà ce qu’attend le croyant. La restauration d’Israël, comme la délivrance de la création, tout doit attendre qu’aient été enlevés « ceux qui sont de Christ, à sa venue ».
Lorsque le Seigneur Jésus aura rassemblé les siens auprès de lui dans le ciel, il assurera l’accomplissement de sa parole prophétique à l’égard de la terre et délivrera la création, l’introduisant dans la liberté de la rédemption.
Une telle perspective est bien de nature à toucher le cœur et les affections. Cette écriture bien connue est digne d’être présente à l’homme intérieur : « Voici, je viens bientôt ». Oui, il vient, afin d’entrer en possession de ce qu’il a acheté à prix et de s’entourer des trophées de l’amour rédempteur.
La volonté du Père sera pleinement accomplie dans la résurrection et dans la glorification de ceux qui en étaient les objets ; c’est dans ce but qu’ils ont été sauvés. Nos besoins n’étaient pas la cause initiale ; Dieu est glorifié dans la rédemption qu’il a accomplie, et les objets de son amour sont préparés pour la gloire qui les attend. Ils seront dans la pure lumière sans nuage de la justice divine, et s’y sentiront à l’aise. Ils sont revêtus de la robe de la justice divine ; c’est la robe qui convient à cette occasion.
Dieu, se reposant dans le plaisir de l’amour tout-puissant, les accueillera. Sa présence immédiate sera leur repos. Dieu et l’Agneau seront leur lumière et leur temple ; il habitera au milieu d’eux ; ils seront son peuple et lui sera leur Dieu.
Quelle merveilleuse perspective ! La seule anticipation d’une telle espérance élève nos esprits au-dessus des nuages et de la brume de la terre, mais il nous faut des cœurs purifiés pour que les rayons de cette gloire puissent y pénétrer et y répandre leur lumière.
Rien ne devrait être toléré qui ne soit en harmonie avec cette scène de sainteté, rien qui soit de nature à obscurcir cette vision ou à la rendre confuse à nos affections. Ainsi le Saint Esprit nous conduira à nous occuper de notre être intérieur pour le débarrasser de tout ce qui le corrompt, et pour y laisser pénétrer la lumière d’un nouveau ciel qui l’illumine de sa gloire.
Oh ! que la position de ceux qui se sont tournés des idoles vers Dieu pour servir le Dieu vivant et vrai, soit d’attendre du ciel son Fils, ayant l’œil simple, le cœur purifié, le bâton en main, les reins ceints, prêts pour le moment où se fera entendre le cri, prêts, sans avoir rien à laisser qui pourrait retarder notre enlèvement ou qui ne s’accorderait pas avec ce désir : « Amen, viens, Seigneur Jésus ! » (Apoc. 22:30).
G. V. Wigram
Quand le croyant a la conscience libérée par la foi en un Seigneur ressuscité et exalté, quand il a la joie que donne l’Esprit de Dieu à un homme céleste qui est un fils de Dieu, ayant la vie éternelle, il concentre son cœur et son esprit sur la personne du Seigneur Jésus Christ lui-même, en face de la maladie ou du toucher glacé du corps qui vient de périr.
Toutefois, nous voici en présence d’une bière où est déposé le corps d’un saint âgé et dévoué, qui a joui de l’amour du Seigneur, qui a aimé les siens, mais qui n’est plus. Il est parti, pour être avec le Seigneur Jésus.
Le Seigneur n’a-t-il pas le droit d’avoir ses saints avec lui ? A-t-il devancé les conseils de Dieu, en rappelant celui-ci à lui ? Non. Nous pouvons citer ici ses propres paroles ; il disait : « Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vais à mon Père, car mon Père est plus grand que moi ». Elles sont vraies aussi dans notre cas. N’avons-nous aucun amour pour ceux qui partent ? Ne nous réjouissons-nous pas de les savoir heureux, même si cela nous coûte quelques privations ? C’est notre volonté propre, notre égoïsme, qui oublie la joie de Dieu, la joie de Christ en voyant arriver en sa présence une âme qui nous a quittés et c’est ce qui nous empêche de penser à ce qu’elle a gagné.
Dieu est un Dieu jaloux. Il désire que votre cœur trouve sa satisfaction en Christ au milieu des vicissitudes de cette vie. Il veut que vous pensiez à lui, et à la joie qu’il a avec ceux qui se sont endormis en lui. Il veut que vous appreniez à avoir des pensées et des sentiments en accord avec la sphère dont Christ est le centre.
Que puis-je vous dire sur la félicité de celui qui est parti ? Je ne puis que vous poser une autre question : Que savez-vous du bonheur qu’il y a d’être avec le Seigneur ? Si le moi, si l’égoïsme remplissent votre cœur, ils trouvent leur aliment dans le monde ; si vous êtes pleins de vous-mêmes, de vos répugnances comme de ce que vous aimez, de vos gains comme de vos pertes, vous ne profiterez guère de la pensée du bonheur de ceux qui sont « absents du corps » et « présents avec le Seigneur ». Cela ne satisfera pas votre égoïsme. Que connaissait le brigand au sujet du paradis ? Rien, probablement ; mais il avait trouvé celui qui n’avait pas de semblable. La foi lui avait révélé le Seigneur ; elle avait ouvert son cœur à la sainteté, à la confession, à la confiance en son Juge, à la douceur d’un Sauveur dont on ne se sépare jamais : « Tu seras avec Moi ». Avec lui ! C’était suffisant.
Cela nous conduit à la mesure de notre appréciation et de notre connaissance du Seigneur Jésus Christ. Ceux qui le connaissent, font beaucoup de cas de lui, se réjouissent à la pensée d’être avec lui, car, pour un saint, rien ne vaut la présence du Seigneur.
* * *
Un des grands résultats de la douleur et du deuil est celui de jeter un voile sur les choses présentes pour nous amener en face des choses éternelles. Nous sommes étonnés de voir combien nous y étions étrangers, car savoir ce que nous avons par la foi en Christ et le pratiquer journellement, sont deux choses bien distinctes. Je sais que, par la foi en Christ, je suis à lui pour l’éternité ; son Père devient mon Père ; l’Esprit est un Consolateur. Par la foi, j’ai le ciel et j’ai l’éternité. Mais hélas ! être ainsi béni en le sachant, et l’être en agissant en conséquence, sont deux conditions bien différentes, d’autant plus qu’un langage théorique a été appris et employé.
Lorsque les chagrins et le deuil surviennent, les choses présentes s’évanouissent pour un temps et font place aux choses éternelles qui deviennent substantielles à nos esprits. L’objet de votre affection est parti pour le ciel, pour être avec Dieu, avec Christ. Ici-bas, une place est vide ; les eaux rafraîchissantes ont tari ; vous êtes laissé seul, mais votre esprit, par grâce, suit en haut celle que vous aimiez. Peut-être qu’à ce moment vous vous apercevez combien peu vous connaissiez le Dieu vers qui elle est allée, le Sauveur qu’elle a rejoint, comme aussi l’état dans lequel elle se trouve actuellement, — combien peu vous aviez été en rapport avec la source de laquelle vous obtenez la grâce en même temps que l’épreuve.
Que de fois dans de tels moments, ai-je appris que je n’avais pas vécu à la gloire de Dieu et que « voici je viens pour faire ta volonté » n’avait pas été le principe de ma conduite ! Dieu m’était alors étranger ; je l’avais négligé et, en pratique, j’avais vécu sans lui. Satan profite de notre ignorance de nous-mêmes pour nous inspirer des pensées dures à l’égard de Dieu et même peut-être des paroles contre lui, si nous ne reconnaissons pas ce que nous sommes et n’attribuons nos épreuves au fait d’avoir vécu loin de lui.
Il est clair que Dieu est parfait en sagesse, en amour, en puissance, en bonté ; c’est moi, son enfant, qui ne suis pas dans la lumière de ses plans et de sa sagesse, qui pense que j’aurais pu agir bien mieux qu’il ne l’a fait lui-même. Ce qu’il m’avait donné, il me l’a probablement retiré pour m’éviter quelque tentation, comme celle d’Ézéchias, et alors je me suis aperçu que je m’étais occupé bien plus des dons de Dieu que de Dieu lui-même. J’avais fait comme Job. Pauvre Job ! L’ignorance de lui-même l’avait conduit à prendre Dieu pour Satan et Satan pour Dieu, et j’ai connu la même leçon que lui. Si je n’avais vu la dureté de mon propre cœur, j’aurais trouvé que Dieu était dur ; si j’avais vécu à quelque distance de lui, si je n’avais pas confessé que l’égoïsme d’une humanité déchue m’avait conduit, moi, un saint, à marcher comme si un voile était étendu entre Dieu et moi, ici-bas, j’aurais eu l’impression que les cieux étaient d’airain et que c’était Dieu qui les avait rendus ainsi. Je ne m’étais pas reposé sur les bras divins selon l’Esprit ; j’avais à confesser cela ou à laisser Satan me suggérer que le bras de Dieu s’était levé contre moi. Il y avait deux alternatives : ou bien j’avais oublié Dieu, ou bien Dieu m’avait oublié.
Mais l’amour divin qui nous a tout donné en Christ insiste pour que Christ soit tout pour nous. Son amour, comme celui du Père, ne sera satisfait que lorsqu’il sera, lui seul, la joie et la portion de nos cœurs. Ces leçons nous brisent pour permettre à Dieu et à Christ d’entrer dans nos âmes.
* * *
Il se peut que votre cœur soit amené à passer par toutes sortes de difficultés, pour que vous appreniez ce qu’il possède en Christ, pour que vous sachiez ce qu’il en est d’être en rapport avec celui qui vous aime. Le connaissez-vous comme celui qui s’occupe de tout ce qui vous concerne ? La pensée qu’il nous suit ainsi devrait nous empêcher d’être surmontés par les difficultés qui surgissent, et nous faire écrier : Se peut-il que Christ sur le trône de Dieu m’appartienne, à moi, pauvre faible créature !
Paul trouvait que l’amour de Christ était personnel ; oui, c’était un amour personnel qui faisait pencher Jean sur le sein de Jésus ; c’était un amour personnel qui avait poussé la femme à laver les pieds du Sauveur avec ses larmes, et il y en a encore sur cette terre qui comprennent ce qu’est la puissance de l’amour.
Quand nous voyons les défaillances de saints tels que Pierre et Paul, nous pensons combien l’homme, dans son état le meilleur, est peu de choses ; mais quelle bénédiction inexprimable d’avoir affaire à un Dieu qui ne fait jamais défaut !
Je sais que lorsque je quitterai cette terre, Dieu me prendra à lui, et de ce pauvre corps il fera un corps de gloire semblable à celui de l’Homme ressuscité, assis à sa droite.
Quoi qu’il arrive, nous avons les bras éternels au-dessous de nous.
* * *
Les saints qui nous ont quittés ne jouissent pas encore d’une bénédiction complète, bien qu’ils aient fait un pas immense en avant.
La position des croyants n’est pas changée par la mort : ils attendaient ici-bas, et ils attendent encore, présents auprès du Seigneur glorieux. Dans le cas d’Étienne, nous voyons le Seigneur recevoir immédiatement l’esprit de son serviteur ; il en est de même pour tous les bien-aimés qui se sont endormis en Jésus. C’est là un adoucissement pour le coeur qui souffre du vide qui s’est fait et qui ressent le brisement que laisse le départ de ceux qui s’en sont allés. C’est une chose cruelle et humiliante que la mort, en ce qu’elle met fin à tous les arrangements et brise toutes les affections naturelles. Mais il y a d’autre part la conscience de la sympathie tout entière de Jésus, quand la mort s’est approchée d’eux.
Si j’ai Christ, qu’importe si mon cœur se brise ? Il aime un cœur brisé. Il prend souci de nous, plus qu’une mère de son enfant ; chacune des pulsations de notre cœur lui est connue. Il est beau de voir comment il sait vous montrer qu’il est souverainement capable de donner le repos et cette paix qui surpasse toute intelligence. Si votre cœur est brisé, il l’a fait pour mieux vous préparer à la place qu’il vous réserve. Pour ceux qui trouvent leur appui dans l’amour de Christ, il y a un repos parfait, une paix divine que Satan ne peut pas ébranler. Vous vous étonnerez d’éprouver cette paix, et, en présence de ce qui frappe ou détruit vos plus chères espérances, vous serez en état de dire : « Je rends grâces à Dieu ».
La pensée que le Seigneur vient est à la fois une immense consolation et une vraie puissance dans la vie pratique ; si elle était constamment devant nos cœurs, nous ne succomberions pas, comme il nous arrive trop souvent, sous la fatigue et les difficultés du chemin. Christ peut venir cette nuit ; il se peut aussi que nous ayons à passer par des jours de souffrance et de persécutions avant qu’il vienne ; mais, sachant qu’il viendra nous chercher et qu’en attendant, sa main nous soutient, supportons les épreuves qui nous sont dispensées pendant que nous sommes dans le corps de notre abaissement. Si je sais compter sur l’amour de Christ pendant tout le chemin, je serai en état de faire face à toutes les difficultés. L’amour qui le fait venir nous chercher et qui sera manifesté alors, nous est déjà connu aujourd’hui.
Une marque éclatante de son amour, c’est qu’il viendra lui-même nous chercher, pour nous introduire dans la maison de son Père.
C. H. Mackintosh.
Il peut sembler que le Nouveau Testament ne fait guère mention de l’état de l’esprit, depuis le moment où il quitte le corps jusqu’au matin de la résurrection. Cependant, par un examen plus attentif, on est frappé de tout ce qui en est dit. Il est vrai que seulement quatre passages peuvent précisément s’appliquer à cet intervalle intéressant ; par contre, oh ! que de pensées bénies sont contenues dans ces quatre passages ! Si le lecteur veut bien les examiner avec moi, pendant quelques instants, il constatera que ce sujet est présenté, dans son application, à quatre phases distinctes de la vie chrétienne ; il verra l’esprit du racheté passer, de quatre conditions distinctes, dans la présence de Christ. Dans un cas, il le verra partir simplement comme un pécheur sauvé par grâce ; dans un autre cas, il assistera à son exode comme martyr ; ensuite, il entendra les gémissements d’un esprit chargé, désirant être « absent du corps » et « présent avec le Seigneur » ; enfin, il remarquera les ardentes aspirations d’un ouvrier désirant être dans le repos, jouissant toujours de la présence du Maître.
Je citerai d’abord :
« Et l’un des malfaiteurs qui étaient pendus l’injuriait, disant : N’es-tu pas le Christ, toi ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi. Mais l’autre, répondant, le reprit, disant : Et tu ne crains pas Dieu, toi, car tu es sous le même jugement ? Et pour nous, nous y sommes justement ; car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons commises : mais celui-ci n’a rien fait qui ne se dût faire. Et il disait à Jésus : Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume. Et Jésus lui dit : En vérité, je te dis : Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».
Je n’ai pas la pensée, en ce moment, de m’arrêter longuement, sur ce passage intéressant pour exposer en détail son riche enseignement évangélique. Je le signale simplement afin que le lecteur puisse avoir clairement devant lui le témoignage des saintes Écritures. Nous voyons ici une personne qui entra au paradis sous le simple caractère de pécheur sauvé par grâce. En ce même jour, au matin, il était un malfaiteur condamné ; dans le cours du jour, il était un blasphémateur et un railleur ; avant la chute du jour, il était un esprit racheté au ciel : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Conduit à se rejeter sur Christ, comme pécheur justement condamné, il allait au ciel, avec Christ, comme un racheté par le sang de Jésus. Il ne fut pas appelé à porter une couronne de martyr ; il ne lui fut pas permis non plus d’avoir une longue course chrétienne. Pécheur sauvé par grâce, il fut aussi rendu capable, par grâce, de rendre témoignage à l’humanité sans péché de notre Seigneur bien-aimé, au moment même où les grands conducteurs religieux du peuple l’avaient abandonné au pouvoir séculier comme un malfaiteur.
En outre, il a été conduit à le reconnaître comme Seigneur et à parler de son royaume à venir, alors qu’à vue humaine, il n’était pas possible de discerner quelque trace de seigneurie ou de royauté. Confesser Christ rejeté par le monde, c’est là une œuvre de premier ordre qui répand le plus agréable parfum. Le brigand mourant reconnut Christ, quand un monde hostile l’avait rejeté et quand ses disciples frappés de terreur l’avaient abandonné : « Seigneur », dit-il, « souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton royaume ». Elle fut douce, cette parole, pour le cœur du Sauveur mourant, et plus douce encore la réponse pénétrant dans le cœur du brigand mourant : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Elle dépassait de beaucoup l’attente du brigand. Plein de grâce, le Sauveur était prêt à faire infiniment plus que tout ce que le brigand pouvait demander ou penser. Il désirait que Jésus se souvienne de lui au temps du royaume. Le Sauveur dit : Tu seras avec moi aujourd’hui. Aussi, quand les soldats romains, pour se décharger de leurs fonctions brutales, vinrent rompre les jambes de ce racheté mourant, il pouvait, avec un calme profond, les regarder venir et penser : Ah ! ces hommes viennent pour m’envoyer directement au paradis.
Le ciel est beaucoup plus près que nous ne le supposons parfois. C’est le lieu d’où viennent des rayons bénis sur la scène triste et morne que nous traversons. Être avec Jésus, en compagnie de Celui « qui m’a aimé et s’est livré lui-même pour moi », quelle assurance ! On n’a pas besoin de demander où se trouve le ciel, de quelle nature est ce lieu, ou quelles en sont les occupations. — « Avec Jésus », telle est la réponse à chacune de ces questions et à beaucoup d’autres semblables. Là, les affections d’un cœur de Père sont éprouvées dans toute leur pureté et dans toute leur force ; là, brille l’amour d’un Époux dans toute son intensité ; là se goûte la fraîcheur, la puissance, la sympathie de celui qui nous appelle ses amis. C’est là que le brigand allait, passant de la croix au paradis.
Nous pouvons bien nous demander : Qu’est-ce que cela a dû être, pour lui, que de se trouver là ? En effet, le brigand a laissé derrière lui ce pauvre corps, jusqu’au matin où il ressuscitera en incorruptibilité, en gloire et en puissance. Avec tous ceux qui se sont endormis par Jésus, il attend cet heureux moment. Toutefois, il est bien vrai que Jésus lui dit : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ». Quelle pensée ! De la croix ignominieuse d’un malfaiteur, il allait dans le paradis de Dieu ; d’une scène de blasphème, de moquerie, de cruauté, il allait dans la présence de Jésus. Heureux sort, pour un brigand mourant, ne dépendant d’aucun de ses mérites, mais seulement du précieux sacrifice de Christ qui, « avec son propre sang, est entré une fois pour toutes dans les lieux saints » ! C’est ainsi qu’il prit le brigand auprès de lui.
Je citerai maintenant, dans le livre des Actes des apôtres, le second passage qui se rapporte à notre sujet (chap. 7:59, 60) :
« Ils lapidaient Étienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit. Et s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : Seigneur, ne leur impute point ce péché. Et quand il eut dit cela, il s’endormit ».
Ce cas est celui d’un martyr, le premier de la noble armée de ceux qui ont laissé leur vie pour le nom de Jésus. Étienne n’était pas seulement un pécheur sauvé par grâce, mais aussi il souffrait pour la cause de Christ, et il souffrit jusqu’à la mort. Du milieu des pierres lancées par ses persécuteurs, il s’en alla dans la présence de son Seigneur, qui lui-même, peu de temps auparavant, avait quitté cette terre, prêt à recevoir maintenant l’esprit de son serviteur martyrisé. Quel échange, pour Étienne ! Quel contraste !
Ne manquons pas de remarquer qu’Étienne fut favorisé d’une vue frappante de la scène dans laquelle il était sur le point d’entrer : « Mais lui, étant plein de l’Esprit Saint et ayant les yeux attachés sur le ciel, vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu ; et il dit : Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu ». Perspective merveilleuse ! Pour Étienne, le ciel ne devait pas être un endroit étrange. « Le Fils de l’homme » y était ; ainsi, il allait s’y sentir tout à fait à l’aise. Le brigand voyait Jésus cloué sur la croix à côté de lui ; mais Étienne le voyait en haut, au ciel, devant lui. Il ne le voyait pas mourant, mais ressuscité et glorifié, couronné de gloire et d’honneur, à la droite de la Majesté dans les hauts lieux.
Ainsi donc, si le brigand pouvait penser au paradis comme étant la demeure de Celui qui fut cloué sur la croix, Étienne pouvait le considérer comme la demeure de Celui qui était entré avant lui dans la gloire. C’était le même lieu et le même Jésus pour l’un et l’autre. Ce n’était pas pour eux une région vague ou éloignée, mais l’heureuse demeure de Jésus crucifié et glorifié.
Le malfaiteur mourant pouvait le considérer d’un point de vue, et le martyr mourant pouvait le considérer d’un autre point de vue ; mais, pour tous les deux, c’était la même demeure attrayante et bienheureuse. Le martyr, aussi bien que le malfaiteur ont laissé leur pauvre corps dans la poussière jusqu’au matin de la résurrection, et ils attendent également ce moment béni ; mais depuis lors, leur esprit est avec Jésus, avec le Seigneur, depuis environ dix-neuf cents ans. Combien ces dix-neuf siècles ont été heureux, pour eux ! Pas un nuage, pas une ombre, pas la moindre interruption à leur communion ! Condition d’attente, mais condition de parfait repos ! Pas de conflit, pas de péché, pas de douleur, pas de changement !
Pour eux, cela est passé à toujours. Ils n’ont rien de plus assuré, que ce que nous avons ; mais ils ont tout d’une manière plus heureuse que nous.
Il y a quelque chose de particulièrement attrayant, dans la pensée du repos ininterrompu dont l’esprit jouit en présence de Jésus, jadis crucifié, maintenant glorifié. En avoir fini avec un monde de péché, d’égoïsme et de douleur, — en avoir fini avec les ballottements continuels et avec les variations d’une nature corrompue, — en avoir fini avec les pièges et les ruses d’un ennemi subtil, pour être à jamais dans le repos du sein de Jésus, — quelle profonde béatitude au-delà de toute expression ! Oh ! puisse l’esprit désirer la goûter !
Cette pensée nous conduit normalement au troisième texte, dans la seconde épître aux Corinthiens (chap. 5:4-8) :
« Car aussi nous qui sommes dans la tente, nous gémissons étant chargés ; non pas que nous désirions d’être dépouillés, mais nous désirons d’être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie. Or celui qui nous a formés à cela même, c’est Dieu, qui nous a aussi donné les arrhes de l’Esprit. Nous avons donc toujours confiance, et nous savons qu’étant présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur, car nous marchons par la foi, non par la vue ; nous avons, dis-je, de la confiance, et nous aimons mieux être absents du corps et être présents avec le Seigneur ».
Nous avons maintenant le cas de croyants qui gémissent, étant chargés, dans une tente qui se détruit, et qui désirent s’en aller ; ils n’ont pas pour perspective et pour espérance d’être dépouillés (que personne ne suppose cela !) mais ils attendent le moment où ils seront revêtus d’un corps glorifié semblable au corps de Jésus. En d’autres termes, ils attendent la glorieuse apparition du Fils, qui vient des cieux. N’est-il pas beaucoup plus heureux d’attendre le jour de gloire dans le sein de notre Seigneur bien-aimé, que de l’attendre dans ce monde triste et sombre ? C’est pourquoi l’apôtre dit : « Nous aimons mieux être absents du corps et être présents avec le Seigneur.
Le moment qui, pour l’inconverti, est la mort avec toutes ses terreurs, est pour le croyant la mise de côté complète de tout ce qui empêche la communion avec Christ ; il est alors débarrassé de tout ce qui est mortel. Quand les soldats romains rompirent les jambes des deux brigands, ils envoyèrent l’un auprès de Jésus, et l’autre dans le lieu où il n’y a pas d’espoir. Il importe donc que chacun de nous possède la confiance que, dans le cas du croyant, être « absents du corps », c’est être « présents avec le Seigneur ». Mais, d’autre part, épouvantable et terrible au delà, de toute expression, est la condition de ceux qui, absents du corps, doivent être présents avec le diable et ses anges.
Nous trouverons notre dernière citation dans l’épître aux Philippiens (chap. 1:21-23) :
« Car pour moi, vivre c’est Christ ; et mourir, un gain ; mais si je dois vivre dans la chair, il en vaut bien la peine ; et ce que je dois choisir, je n’en sais rien ; mais je suis pressé des deux côtés, ayant le désir de déloger et d’être avec Christ, car cela est de beaucoup meilleur ».
Ici, un serviteur laborieux élève ses regards, du milieu de ses champs de travail, et il exprime son désir ardent de s’en aller dans la présence de son Maître. Il est dans l’alternative : son esprit désire partir, mais il jette un regard d’affection sur ceux qui éprouveraient si douloureusement sa perte ; en pensant à eux, il arrête son désir. « Il est plus nécessaire à cause de vous », dit-il aux Philippiens, « que je demeure dans la chair. Et ayant cette confiance, je sais que je demeurerai et que je resterai avec vous tous pour l’avancement et la joie de votre foi ». Quel dévouement ! Il aspire à être avec Christ ; mais il est nécessaire qu’il reste avec eux, et il est prêt à rester. En ce qui le concernait personnellement, partir était « de beaucoup meilleur » ; mais pour ce qui concernait les autres, rester était « plus nécessaire ». Plein de l’esprit de Christ, il était prêt à se sacrifier pour leur profit.
Maintenant, si le lecteur veut bien grouper ces quatre écritures, il n’aura pas seulement devant sa pensée ce que donne le Nouveau Testament au sujet de ceux qui sont partis dans la foi de Christ, mais il verra aussi que le Saint Esprit présente le sujet de manière à faire face aux diverses conditions dans lesquelles un chrétien peut se trouver. En Luc 23, on voit une personne sauvée, prise immédiatement au paradis. En Actes 7, on voit quelqu’un à qui il fut permis de souffrir le martyre pour le nom de Jésus. En 2 Corinthiens 5, on voit un chrétien qui gémit, qui est chargé, qui désire mettre de côté sa tente pour être présent avec le Seigneur. En Philippiens 1, on voit un serviteur laborieux, entouré de ses gerbes précieuses, regardant vers son Maître et aspirant à trouver sa place à ses pieds.
Ce grand sujet, si intéressant, est tout à fait complet. Que le lecteur veuille bien noter soigneusement qu’il n’y a pas la moindre idée que l’âme soit dans un état de sommeil tandis que le corps est dans le tombeau. Lors même que nous n’aurions pas cette parfaite évidence des Écritures sur ce sujet, cette idée étrange porterait avec elle-même sa propre réfutation ; qui pourrait admettre quelque chose d’aussi monstrueux que la notion d’un esprit endormi ? Ah ! non ; le Seigneur Jésus n’a pas dit au brigand : Aujourd’hui tu t’endormiras. Étienne n’a pas recommandé son esprit au sommeil, mais à son Seigneur. L’apôtre ne dit pas : Nous aimons mieux nous endormir, — ni : Ayant le désir de m’endormir ! (*)
(*) Cette expression « dormir » au « s’endormir » employée plusieurs fois dans l’Écriture (Jean 21 ; 1 Thess. 4, etc.), s’applique au corps dont elle fait entrevoir le réveil, c’est-à-dire la résurrection. Éd.
Dieu soit béni ! sa parole nous enseigne très clairement que, si c’est en accord avec sa sainte volonté que nous quittions ce monde avant la venue de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ, notre place sera avec lui-même, en haut, là où le péché et la douleur sont inconnus, pour y jouir de la communion non interrompue de Celui qui nous a aimés et nous a lavés de nos péchés dans son sang, attendant le moment où « la trompette sonnera et les morts seront ressuscités incorruptibles, et nous, nous serons changés ».
J. N. Darby.
Pour l’incrédule il n’y a rien de plus terrible que la mort. Elle est à juste titre nommée dans les Écritures « le roi des terreurs ». C’est la fin judiciaire du premier Adam. Ce n’est pas seulement la fin de la nature animale, quoique cela soit vrai ; mais plus on la considère en rapport avec la nature morale de l’homme, plus elle devient terrible. Tout ce que l’homme possède, son chez soi, ses pensées, tout son être actif est terminé et a péri pour toujours : « Son esprit sort... ses desseins périssent » (Ps. 146:4). L’homme y trouve la fin de toute espérance, de tout projet, de toute pensée, de tout conseil ; le ressort est brisé. L’existence en laquelle il se mouvait n’est plus. La scène bruyante, dans laquelle a été toute sa vie, ne le connaît plus. Lui-même s’éteint et disparaît. Personne n’a plus rien affaire à lui ; sa nature a succombé, n’ayant pas eu la force de résister à ce tyran auquel elle appartient et qui revendique maintenant ses terribles droits.
Mais ceci est loin d’être tout. L’homme, en vie dans ce monde, s’affaisse dans la mort. Pourquoi ? Parce que le péché est entré ; avec le péché, la conscience ; encore plus — avec le péché, le jugement de Dieu. La mort en est l’expression et le témoignage, gages du péché, terreur pour la conscience, pouvoir de Satan sur l’homme (car Satan a le pouvoir de la mort).
Dieu ne peut-il pas nous aider en cela ? Hélas ! c’est son propre jugement sur le péché. La mort semble n’être qu’une preuve que le péché ne passe pas inaperçu ; c’est la terreur et le fléau de la conscience comme témoin du jugement divin, — officier de justice pour le criminel et preuve de sa culpabilité en présence du jugement à venir. Comment ne serait-elle pas terrible ? C’est le sceau qui est placé sur la chute, la ruine et la condamnation du premier Adam. Il ne peut pas subsister comme un homme vivant devant Dieu. La mort est écrite sur lui, pécheur qui ne peut se délivrer. Coupable et condamné, son jugement va arriver.
Mais Christ est intervenu ; il est entré dans la mort. Ô merveilleuse vérité ! le Prince de la vie y est entré. Qu’est-ce donc que la mort, pour le croyant ? Remarquons le plein effet de cette merveilleuse intervention de Dieu. Nous avons vu que la mort est la fin de l’homme, le pouvoir de Satan, le jugement de Dieu, les gages du péché. Mais tout cela est en rapport avec le premier Adam, qui est sous la sentence de la mort et du jugement à cause du péché. Nous avons vu le double caractère de la mort : elle est d’abord la cessation de la vie, de la force vitale ; ensuite elle est un témoignage au jugement de Dieu et y conduit. Christ a été fait péché pour nous ; il a subi la mort, et l’a traversée comme étant le pouvoir de Satan et le jugement de Dieu. Par Christ, la mort, dans tous ses aspects, a été annulée avec ses causes.
Le jugement de Dieu a été pleinement porté par Christ avant l’arrivée du jour de jugement. La mort, comme étant les gages du péché, a été subie. Elle a complètement perdu son pouvoir comme cause de terreur pour l’âme du croyant. La mort physique peut arriver ; toutefois Christ a parfaitement détruit son pouvoir, si bien que ce n’est pas nécessairement le cas : « Nous ne nous endormirons pas tous, mais nous serons tous changés ». « Nous désirons, non d’être dépouillés, mais d’être revêtus, afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie ». Telle est la puissance de la vie en Christ.
Mais ce n’est pas seulement que la mort disparaît. « La mort est à nous », est-il écrit, comme « toutes choses sont à nous ». Puisque le Sauveur y est entré pour moi, la mort et le jugement sont devenus mon salut. Le péché, dont la mort est les gages, a été annulé par la mort même ; le jugement a été porté par Christ dans sa mort, et celle-ci n’est plus une terreur pour mon âme. Elle est la preuve la plus bénie et la plus sûre de l’amour, car Christ y est entré ; elle n’est donc plus un indice de colère. Je suis délivré du pouvoir de la loi, car elle n’a pouvoir sur l’homme que durant sa vie ; mais en Christ je suis déjà mort à la loi. Dieu a répondu au péché par la mort et le jugement. En un mot, Christ, celui qui était sans péché, étant venu en ressemblance de chair de péché et pour le péché, mon entière condition comme étant dans le premier Adam a été jugée de telle manière que toutes les conséquences du péché ont été satisfaites en justice. Par la mort du vieil homme, le pouvoir de Satan, le péché, le jugement, la mortalité même (qui sont en rapport avec l’homme pécheur) sont passés et terminés pour toujours. Je vis maintenant dans la présence de Dieu en Celui qui est ressuscité après avoir mis fin à tout ce qui appartenait à mon état précédent. Dieu a jugé le vieil homme, avec tous les fruits et les conséquences du péché en Celui qui prit tout sur lui, qui en porta même les conséquences naturelles, qui passa sous toute la puissance de la mort comme étant dans la main de Satan. La mort m’a délivré pour toujours de tout ce qui appartenait au vieil homme et de tout ce qui l’attendait.
D’abord, la condamnation et le jugement sont entièrement passés, s’il s’agit de l’acceptation de l’âme. La terrible épreuve est terminée, mais par l’œuvre d’un autre, de sorte que je suis délivré de toute crainte selon la justice de Dieu. La mer Rouge qui détruisit les Égyptiens formait un mur, à droite et à gauche, aux Israélites, sur le chemin de la sûreté pour sortir d’Égypte ; le salut de Dieu était là. L’Égypte et son pouvoir d’oppression furent laissés derrière eux. C’est ainsi que la mort devient la délivrance et le salut pour nous.
Et puis, qu’est-elle devenue en réalité pour nous ? Dans la puissance de la résurrection de Christ nous sommes vivifiés. Celui qui traversa la mort sous le jugement, étant ressuscité, est devenu ma vie. J’en ai fini avec la vie du vieil homme ; je possède celle du nouvel homme. Je me tiens comme mort ; ainsi il n’est jamais dit que nous devons mourir au péché. Le vieil homme ne meurt pas et ne veut pas mourir ; le nouvel homme n’a pas de péché auquel il doit mourir. Nous sommes estimés comme étant morts, et exhortés à nous tenir comme morts. En Romains 6:11, il est dit : « De même, vous aussi, tenez-vous vous mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus ». En Colossiens 3:3, nous lisons : « Vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu » ; puis il nous est dit de mortifier nos membres qui sont sur la terre, dans la puissance de cette nouvelle vie et du Saint Esprit qui demeure en nous. Je possède donc le droit de me tenir pour mort.
La mort est pour moi un gain, si vraiment je possède les désirs du nouvel homme. Quelle délivrance ! Quelle puissance ! Ce qu’est la mort pour la foi, c’est la délivrance du vieil homme pécheur qui nous accable, en qui, sur le pied de la responsabilité, j’étais perdu et incapable de me rencontrer avec Dieu. Selon l’apôtre Paul, « quand nous étions dans la chair, les passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort » (Rom. 7:5). Mais plus loin (Rom. 8:9) il dit : « Or vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous ». La chair n’est pas notre position devant Dieu ; nous avons reconnu que, dans la chair, nous étions perdus et ruinés. C’était la condition du premier Adam, et nous y étions. La loi appliquait la mort et le jugement à cet état de choses ; or je n’y suis plus.
Ainsi il est dit, au sujet des ordonnances : « Si vous êtes morts avec Christ aux éléments du monde, pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde êtes-vous assujettis à des ordonnances ? » Pour la foi, nous sommes morts, pas vivants dans le monde. Ainsi, tout ce qui nous aide à réaliser l’épreuve, la souffrance et la douleur est un gain. Ces exercices nous donnent à réaliser dans nos âmes que nous sommes morts. « En toutes ces choses est la vie de mon Esprit » ; il est dégagé et délivré de l’influence accablante du vieil homme. Ces douleurs et ces brèches dans la vie sont moralement les détails de la mort. Mais la mort de qui ? Celle du vieil homme.
En effet, si la mort nous atteint, de quoi est-elle la mort ? De ce qui est mortel, de l’homme naturel. Est-ce que la vie nouvelle, la vie ressuscitée peut mourir ? Non ; elle a passé par la mort en Christ, et ne peut mourir. Elle est de Christ ; ainsi en mourant le chrétien laisse la mort derrière lui. Il abandonne ce qui est mortel. On est absent du corps et présent avec le Seigneur. La vie était jadis en rapport avec ce qui est mortel ; mais elle ne l’est plus. Nous délogeons pour être avec Christ ; nous serons « revêtus » par la puissance de Dieu. Le vieil homme, Dieu en soit béni, ne peut ressusciter ; Dieu vivifiera nos corps mortels à cause de son Esprit qui habite en nous. La vie de Christ sera manifestée dans un corps glorieux. Nous serons rendus conformes à l’image du Fils de Dieu, afin qu’il soit le Premier-né entre plusieurs frères. C’est le fruit de la vie divine ; mais, en attendant, la mort même sera toujours une délivrance pour nous, parce qu’avoir une vie nouvelle, c’est être débarrassé du vieil homme qui empêche et arrête notre chemin. C’est être avec Christ. Combien la pensée en est douce et fortifiante ! Quand nous aurons compris la différence entre le vieil homme et le nouvel homme, la réalité de la nouvelle vie que nous avons reçue en Christ, alors la mort du vieil homme sera connue, et nous sentirons que c’est un gain vrai et réel. Sans doute, le moment choisi par Dieu est le meilleur, car lui seul sait ce dont nous avons besoin comme discipline et comme exercice afin de former nos âmes pour lui ; et peut-être nous conservera-t-il pour que nous connaissions la puissance de cette vie en Christ, de sorte que la mortalité soit absorbée par la vie sans que nous mourions.
Mais si la mort est la cessation du vieil homme, ce n’est que la cessation du péché, des empêchements et de la peine. Nous en aurons fini avec le vieil homme, en qui nous étions coupables devant Dieu, et cela avec justice, parce que Christ est mort pour nous. Nous en avons fini, puisque nous vivons dans la puissance du nouvel homme. Voilà ce qu’est la mort pour le croyant. Déloger « pour être avec Christ », cela est « de beaucoup meilleur ».
Qui ne voudrait « mourir » pour un tel « gain » ?
La rédemption nous donne le repos et la paix dans la présence de Dieu ; ainsi nous sommes appelés à marcher avec lui. Ce n’est pas de la présomption ; c’est la foi. Il serait présomptueux de croire que nous pourrions être sauvés autrement.
Le caractère de notre vie est une dépendance constante de la puissance divine. Si nous sommes « dans la tribulation de toute manière, mais sans être réduits à l’étroit » (2 Cor. 4), c’est parce que la puissance de Dieu nous soutient. Mais alors je dois me tenir pour mort à ma vieille condition, et pour vivant d’une vie nouvelle en Christ. Portant toujours dans le corps, la mort de Jésus, afin que la vie aussi de Jésus soit manifestée dans notre corps (2 Cor. 4:10).
Dans le cas de Paul, il ne fut pas permis à la mort d’interrompre la puissance de la vie divine, et ainsi elle continuait sans entrave. Cet état est heureux, et nous devons le connaître selon notre mesure. Quand la vie est en activité elle s’appuie sur son objet ; car le caractère de la vie est celui de la simple dépendance et de l’obéissance parfaite. L’obéissance de Christ diffère entièrement de nos pensées, qui très souvent impliquent une volonté opposée à Dieu, et aussi supposent souvent bien des choses dont nous devons nous abstenir, comme aussi bien des droits auxquels il faut céder. Mais pour Christ, le motif était toujours la volonté du Père, le seul motif de tout ce qu’il faisait et pour lequel il souffrait. Ainsi, le motif de notre conduite, en tant que nous sommes de nouvelles créatures, c’est la volonté de Dieu.
C’est un fait important, que les saintes Écritures ne nous disent jamais de mourir au péché, car nous ne pourrions jamais le faire. Mais l’Écriture me dit que je suis mort, mort avec Christ, et c’est là que se trouve la liberté chrétienne. Je commence par la mort avec Christ. Je ne pourrais pas mourir au péché puisque le péché est le caractère de toute ma vie hors de Christ.
Désormais, je possède une vie toute nouvelle ; je vis en Christ. Sans doute, il faut mortifier la chair, mais c’est seulement dans la puissance de cette nouvelle vie que je puis le faire, et les voies de Dieu envers nous, nous aident à l’accomplir. Si nous nous contemplons nous-mêmes, ce n’est pas la foi ; nous ne pouvons pas même voir la vie que nous possédons, tellement elle est troublée. Mais quand je contemple Christ, l’Objet de la foi, je la vois clairement — l’amour, la joie, la patience et l’obéissance. Nous participons de cette vie, comme Christ a dit : « Parce que moi je vis, vous vivrez aussi ». « Dieu nous a donné la vie éternelle ; et cette vie est dans son Fils ». Ainsi nous acquérons la confiance en lui, et puis sa perfection qui brille comme la lumière nous montre toutes nos inconséquences ; plus je les vois à la lumière de la perfection de Christ, mieux cela vaut.
Dans la puissance de cette vie nous sommes pratiquement morts, et nous voyons notre domicile qui est du ciel (2 Cor. 5:2). Cela nous fait gémir ; mais pourquoi gémir ? Parce que nous avons vu et goûté la gloire du Seigneur Jésus Christ, et que nous n’y sommes pas encore personnellement. Le gémissement n’est pas causé par le désappointement, mais par un fervent désir, « désirant avec ardeur d’avoir revêtu notre domicile qui est du ciel ». Jusqu’à présent nous ne possédons pas cette gloire, mais nous la désirons ; car la foi se repose sur le pied de notre participation à la délivrance qui a été accomplie pour nous. Ainsi il n’y a pas de chrétien, tant faible soit-il, qui ne doive être porté à désirer la gloire à laquelle il a été prédestiné. Il est vrai pour tout croyant que « Celui qui nous a formés à cela même, c’est Dieu, qui nous a aussi donné les arrhes de l’Esprit » ; mais ne pensons pas que les arrhes de l’Esprit soient les arrhes de l’amour de Dieu. Ce sont les arrhes de l’héritage, de la gloire, comme il est dit : « Auquel aussi ayant cru, vous avez été scellés du Saint Esprit de la promesse, qui est les arrhes de notre héritage, pour la rédemption de la possession acquise, à la louange de sa gloire » (Éph. 1:13, 14).
Ce que Dieu a fait pour nous sauver ; il l’a fait parfaitement. Il nous a aimés parfaitement, et à cause de cela nous avons toute assurance au jour du jugement.
Christ aussi, en la présence duquel nous allons et devant le tribunal duquel nous devons comparaître, s’est donné pour nous, comme dit l’apôtre Paul : « Qui m’a aimé et s’est donné lui-même pour moi ». Il n’a pas seulement donné sa vie, ou sa parole, — il a tout donné, ses affections, son cœur, tout ce qu’il était. Toute pensée et bénédiction que nous avons en lui, c’est lui qui l’a donnée. Car, bien que nous soyons les sujets de la rédemption, celui qui l’a opérée y a son éternel intérêt : « Il verra du travail de son âme et sera satisfait ».
Il n’y a aucune hésitation ou crainte chez l’apôtre Paul, lorsqu’il dit : « Il faut que nous soyons tous manifestés devant le tribunal du Christ ». La foi réalise cette manifestation devant Dieu comme une chose présente et cela est très utile à l’âme. Cela donne de l’activité à la conscience ; oui, c’est une chose très nécessaire dans notre marche journalière avec Dieu et devant les hommes. La conscience de Paul était toujours en activité. Il s’exerçait jour et nuit pour avoir une conscience sans reproche devant Dieu et devant les hommes. Sa conscience était purifiée, mais en même temps active et exercée ; et elle est manifestée à Dieu.
Il se peut qu’il n’y ait pas de mal extérieur, et que cependant il existe en tous nos cœurs des choses que nous connaissons et que nous permettons, qui ne sont pas Christ en nous. Mais il faut que nous soyons manifestés devant le tribunal de Christ. Tout est grâce, mais son action actuelle, c’est d’exercer la conscience ; l’effet présent de la grâce est d’éclairer la conscience. Ayant le salut en Christ, vus comme étant en lui et justes en lui, par conséquent ayant la paix de la conscience et le repos du cœur, nous pouvons nous juger nous-mêmes dans la lumière qui manifeste tout. Que le Seigneur nous délivre de toute réserve dans nos pauvres cœurs !
Il y a la puissance de vie en Christ qui nous rend capables de triompher sur le péché et la mort et de vivre non pour nous-mêmes, mais pour Celui qui nous a aimés, qui est mort pour nous et qui est assis à la droite de Dieu. Déjà nous sommes ressuscités en lui, et nous devons être manifestés avec lui en gloire. Nous ne devons donc permettre aucune chose qui nous occuperait au lieu de Christ, aucune folie, aucune importance de soi, aucune mauvaise disposition, ni même les soucis de cette vie. Tout ce qui attristerait le Saint Esprit de Dieu obscurcirait la vue, et la puissance ne serait plus. Il est dit du Bon Berger, qu’il restaure notre âme (Ps. 23) ; ainsi nos cœurs ne devraient pas se contenter de marcher loin du Seigneur, ou dans un état qui ne supporterait pas d’être manifesté par la lumière.
Quand la vie est active, elle réagit sur son objet ; tant que nous nous occupons d’un objet en dehors de nous, nous sommes délivrés de nous-mêmes. Cela est vrai même quant aux choses naturelles.
C’est une pensée infiniment précieuse pour nous, une profonde consolation, une joie ineffable, que de pouvoir contempler Christ et dire qu’il est notre vie. La mort n’a pas de pouvoir sur la vie de Christ. La puissance divine, agissant en vie, engloutit la mort et nous donne la pleine délivrance des effets du péché. La même puissance divine qui a ressuscité Christ d’entre les morts, opère maintenant en nous et nous ressuscitera par Jésus.
J. N. Darby (Extrait d’une lettre)
Quant à votre question, si l’on est pleinement heureux après la mort, je tiens beaucoup à vous mettre au clair là-dessus. Je crois comprendre votre pensée. — Il est clair que l’espérance du chrétien, l’espérance de l’église, est la venue du Seigneur. Et même individuellement, ce ne sera qu’à ce moment-là que je recevrai mon corps glorieux. L’œuvre de la rédemption ne s’arrêtera pas jusqu’à ce que nos corps mortels soient vivifiés par la puissance de la résurrection (Rom. 8:11). Alors s’effectuera, finalement, la réponse à la grande question de Rom. 7 : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? » Je dis finalement, parce qu’en principe la chose est faite, nous nous tenons pour morts et ressuscités. Mais de fait nous sommes ici-bas dans ce corps d’humiliation, mais aussi nous marchons dans la vie, ayant la résurrection de Christ pour point de départ, et notre résurrection personnelle consommera notre rédemption personnelle (voyez Rom. 8:11 et 23 ; 1 Cor. 15:51-58 ; 2 Cor. 4:14 ; 5:1-5 ; Phil. 3:20-21 ; Éph. 4:30 ; 1 Thess. 4:15-18, etc.). Voilà qui est assez clair comme étant l’espérance chrétienne proprement dite [Résurrection des morts et transmutation des vivants à la venue du Seigneur].
Quant à notre état après la mort, voici ce qui en est : Nous sommes dans la vie, cette vie a succédé à la mort ; celle-ci n’est plus du tout devant nous, elle est derrière. Nous avons la vie, cette vie ne peut se discontinuer, ni se terminer, c’est la vie éternelle. J’ai dit que cette vie a succédé à la mort qui est derrière ; mais cette mort a été la mort de la vie qui a précédé. Cette vie-là n’existe plus (Gal. 2:20). — Cette mort de la vie d’Adam est donc un gain, et comme telle elle est à nous (1 Cor. 2:22), elle nous délivre. La chose a eu lieu en principe à la croix, et nous sommes exhortés à en faire l’application pratique (Col. 3:5). Par cette application pratique, en nous tenant pour morts, nous sommes délivrés graduellement de ce qui entrave l’activité de notre nouvelle vie. C’est donc un gain de mourir chaque jour (1 Cor. 15:31), de porter toujours dans le corps la mort du Seigneur Jésus (2 Cor. 4:10).
Nous sommes en communion avec Dieu et avec Jésus par le fait que nous avons la vie, et plus nous réalisons la mort, plus cette communion est intime, les entraves étant mortifiées. Si donc la mort est un gain pratiquement, combien plus quand nous en finissons définitivement avec ce qui est mortel, qui entrave et fait gémir ? Quel débarras d’en finir avec le corps d’humiliation et la chair qu’il contient. — Et si ici-bas nous pouvons déjà jouir intimement de notre Sauveur, qu’est-ce donc quand nous sommes absents du corps pour être avec Lui, sinon la jouissance pleine et entière, sans entrave, de notre relation personnelle avec ce précieux Sauveur ? Oui, être avec Christ est beaucoup meilleur que de demeurer dans ce corps et dans ce monde. Être avec le Seigneur, quelle réjouissante pensée ! Que peut-il nous arriver de meilleur, personnellement, que de déloger pour être avec Christ ? — Je dis personnellement, parce que collectivement, nous attendons la gloire, nos corps glorieux semblables à Jésus. Nous jouirons aussi les uns des autres dans cette gloire, nous serons consommés dans l’unité et dans la gloire (Jean 17:22-23). Nous serons couronnés si nous avons marché avec le Seigneur, si nous avons aimé son avènement (2 Tim. 4:18). Mais cela ne fait pas déprécier le gain immense qu’il y a, personnellement, d’attendre la gloire en étant auprès du Seigneur sans entraves ; ou de l’attendre ici-bas dans le combat. Cependant si nous servons Christ, il vaut la peine de rester ici-bas (Phil. 1:21). Quelle belle part nous avons : Vivre, c’est Christ ; mourir un gain. Je crois que l’ennemi profite du manque d’affranchissement de beaucoup de chrétiens pour leur faire craindre la mort, de sorte qu’ils sont tentés de préférer la transmutation, parce qu’ils ont frayeur de la mort (comp. Hébreux 2:14-15) et c’est pour combattre cela qu’il est bon d’insister sur la vérité, que mourir est un gain. Et j’y vois même un privilège qui est à apprécier. Paul, en Phil. 3, désire être rendu conforme à la mort de Christ, son Seigneur, pourvu qu’il atteigne Christ glorieux, qu’il parvienne à la résurrection d’entre les morts ; peu lui importe le chemin pour y arriver : s’il faut même qu’il passe par la mort comme Christ y a passé, il est content. Avez-vous pensé à ce privilège de parvenir à la gloire, personnellement par le même chemin que Christ, c’est-à-dire en passant par la mort (positivement quant au corps) et ensuite par la résurrection ? Mais il y a encore ceci : Si l’on a marché avec le Seigneur, si l’on est manifesté à Dieu, de manière qu’au moment du départ il n’y ait rien à régler, l’on a fait à ce moment-là une expérience de ce qu’est Jésus, que l’on ne peut pas faire ni comprendre, sans y passer ; et après cette dernière précieuse expérience, l’on se trouve vers Lui. Quoi de plus doux et de plus désirable personnellement ? En tout ceci je fais la part des souffrances physiques qui précèdent ordinairement la mort, et des circonstances qui l’accompagnent pour ceux qui restent ; mais j’insiste sur le privilège personnel qu’il y a dans le fait en lui-même pour celui qui y passe, comme étant un gain de bien des manières. Quel bonheur d’être la propriété du Seigneur, de n’avoir rien à choisir ni à préférer, mais de s’en remettre à sa volonté en sécurité, sachant que nul ne vit pour soi-même et nul ne meurt pour soi-même, mais que soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes du Seigneur (Rom. 14:7-8). Oui, il vaut la peine de rester ici-bas pour le Seigneur : de quelle importance est notre carrière chrétienne, pour lui et pour nous ! Il demande lui-même au Père, en Jean 17, que nous ne soyons pas ôtés du monde, mais que nous soyons gardés du mal : car il y a des délogements qui, au lieu d’être un privilège, sont une discipline (voyez Actes 5:1-11 ; 1 Jean 5:16-17 ; 1 Cor. 11:30-32), quoiqu’il reste vrai en tous cas qu’être absent du corps, c’est être avec le Seigneur. Mais considérez le langage du bienheureux apôtre Paul en 2 Tim. 4:6-8 ; voilà un bel exemple de l’espèce de délogement dont je parle comme étant un privilège. Oui, quand on peut dire que l’on a achevé la course, que l’on a gardé la foi, que l’on sait d’où l’on vient et où l’on va, quoi de plus doux que de s’en aller vers Jésus, et d’attendre là la gloire et les couronnes, en jouissant pleinement de notre relation personnelle avec Jésus.
Je désire bien que vous compreniez qu’en tout ceci, je n’ai pas la moindre pensée d’affaiblir la gloire positive de la transmutation, comme étant une conséquence glorieuse de la victoire qui a été remportée sur la mort, de manière que, pour nous, le fait physique est réduit à la question de peut-être (comp. Jean 11:24-26). Mais mon but est de combattre la tendance générale chez les chrétiens mal affranchis, de faire de la transmutation une spéculation, parce que l’on a encore frayeur de la mort. Hélas ! souvent cette frayeur de la mort est une preuve que l’on n’a pas beaucoup réalisé la vie en se tenant pour mort. Quelle sécurité de pouvoir s’en remettre simplement à ce que Dieu a décidé pour nous, et de comprendre que toute notre affaire, pendant que nous sommes présents dans le corps, est de nous efforcer d’être agréables au Seigneur (2 Cor. 5:9-10).
« Pour moi, vivre, c’est Christ », que ce soit la devise de tous tes rachetés ; que chacun d’eux le dise, et que tous sachent l’accomplir.
J. N. Darby
L’espérance du chrétien n’est pas la mort. Il n’attend pas d’être dépouillé, mais d’être revêtu, « afin que ce qui est mortel soit absorbé par la vie ». Le chrétien n’est pas sûr d’être dépouillé (c’est-à-dire de mourir). Le propos de Dieu n’est rien moins que de nous rendre conformes à l’image de Christ (Rom. 8). Notre propre espérance est de voir Jésus comme il est et de lui être semblables. C’est la puissance de la vie divine, qui nous rendra conformes à Christ, le Chef : voilà notre attente, et voilà à quoi il nous a formés.
Nous avons une espérance même dans la mort, mais ce n’est pas la mort qui est notre espérance. Nous possédons ce qui est plus qu’une espérance : nous avons la vie, une vie que la mort ne peut toucher ; elle la met en liberté.
Quand la mort arrive, elle brise tout ce qui est de la nature ; elle est terrible ; toute pensée humaine est confondue, il ne reste rien à quoi se fier, car tout ce qui est de la nature est détruit.
Encore, c’est la puissance de Satan que personne ne saurait contrôler. Dieu a le pouvoir de la vie, mais s’il avait mis en question la puissance de Satan, dans la mort, il aurait annulé sa propre sentence. Il faut que la mort arrive pour rompre les liens de la nature et pour amener toutes les terreurs en rapport avec Satan. Il faut que la sentence soit exécutée par Dieu lui-même. Puis il y a le jugement après la mort. « Il est réservé aux hommes de mourir une fois, et après cela, le jugement ». Mais qu’est-ce que le jugement ? Si je meurs et que Dieu me fasse entrer en jugement, je serai condamné, parce que c’est le péché qui m’a conduit là.
« La mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché ». Je ne parle pas ici de la délivrance. Dans tous les sens, la mort est une chose terrible : outre la crainte naturelle qu’en a même l’animal, il y a là une terreur, car tous les liens y sont rompus. La puissance de Satan, qui mène au jugement, ne peut rien apporter, sinon la condamnation au péché.
La mort est aussi ce que Dieu a mis comme sceau sur l’homme et aucun moyen humain ne peut l’arrêter. Elle se présente, en se moquant cruellement de l’homme, au milieu de tout prétendu progrès duquel il se vante. En tout cela, nous voyons ce qu’est la mort en elle-même, comme étant les gages du péché.
Mais on peut l’envisager sous un autre aspect. Dieu s’en est occupé et a pleinement délivré de la mort les croyants ; maintenant le plus beau moment dans la vie d’un chrétien est à sa mort. Elle lui donne une belle perspective de l’avenir, entièrement par Christ. « Si un est mort pour tous, tous donc sont morts ». « Afin que, par la mort, il rendît impuissant celui qui avait le pouvoir de la mort, c’est-à-dire le diable, et qu’il délivrât ceux qui, par la crainte de la mort, étaient, pendant toute leur vie, assujettis à la servitude ». Cette sainte vérité est simple en elle-même et nous est rendue familière : le Fils de Dieu (dont il est dit qu’il ne pouvait être retenu par la mort) y est entré, il l’a subie et il est ressuscité. Le dernier Adam est entré dans la mort, ayant pris la place même du premier Adam.
Nous étions alors sous le péché, sous le jugement et la colère ; or Christ a été sous toutes ces conséquences du péché. N’est-il pas vrai que Dieu a mesuré le péché ? Oui. N’en connaissait-il pas les conséquences ? Oui, il les connaissait, mais il n’a pas épargné son propre Fils ; il l’a livré pour nous (Rom. 8:32). Christ ne savait-il pas tout ce que sont la mort et le jugement ? Oui ; il s’y est soumis, dans le parfait amour de son cœur, pour accomplir la volonté de Dieu. À la pensée de boire la coupe, son agonie fut telle, que les gouttes de son sang découlaient sur la terre. La pensée du péché, de la mort et du jugement le faisait reculer devant la coupe, mais il l’a bue. Le pouvoir de la mort n’y était plus, car ceux qui vinrent à sa rencontre reculèrent et tombèrent sur leurs faces. Il aurait pu s’en aller à ce moment-là, mais il n’a pas voulu le faire. Il s’est offert librement ; ses disciples pouvaient s’en aller, parce que lui-même se tenait à la brèche. Ainsi, il prit la coupe du jugement en subissant la peine du péché ; ce n’était plus avec Satan qu’il avait à faire, comme en Gethsémané, mais avec Dieu. Sur la croix il cria : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il a bu la coupe jusqu’à la lie, sur la croix, puis il est mort. Son corps fut enseveli ; mais le pouvoir de Satan était vaincu, lorsque Jésus dit : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Il rendit son esprit, en attendant la résurrection. Il descendit jusque dans la mort et se chargea de tout : du péché, du pouvoir de Satan, de la colère divine. Il fut « fait péché pour nous ». Il mourut une fois pour toutes au péché.
Ainsi, comprenant ce qu’était la mort pour Christ, nous pourrons comprendre ce qu’elle est pour nous. C’est la colère sans fin pour ceux qui sont dans l’état naturel ; mais il ne reste aucune colère, aucun péché pour le croyant. Est-ce que Dieu jugerait le péché qu’il a annulé ? Non, il n’en reste pas une trace. Dieu a condamné le péché dans la chair et Christ a aboli le péché par son sacrifice. La force de tout consiste dans le fait que Christ a été « fait péché », parce qu’il n’avait pas de péché en lui. Il souffrit, le Juste pour les injustes (1 Pierre 3:4). Le péché dans la chair a été condamné. Cela a été fait, une fois pour toutes ; maintenant, Jésus ressuscité vit dans la gloire, et il n’est plus question du péché. « Christ ayant été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l’attendent ». Il viendra pour nous conduire à la gloire, sans qu’il soit question du péché.
Il n’y avait pas de péché en Jésus ; mais il y en a en nous. Le péché est aboli pour toujours. Le Seigneur ressuscité est au-dessus de toutes les conséquences de la mort, le péché étant aboli. La vie qu’il a assumée est « selon la puissance d’une vie impérissable ». Nous avons la nouvelle vie en lui, car nous avons été nés de l’Esprit ; l’apôtre Paul dit : « Ce que je vis maintenant, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu » (Gal. 2:20).
Que faut-il dire du vieil homme ? Puisque nous avons cette nouvelle vie, nous pouvons tenir le vieil homme comme mort. Nous avons été baptisés pour la mort de Christ. Il a fallu que le grain de blé mourût (Jean 12) ; la mort a terminé tous nos rapports avec l’état des choses selon la nature. La loi nous a causé la mort ; l’effet de la loi, lorsque nous en connaissons la force, c’est de nous avoir mis à mort ; mais nous avons la vie en Christ. L’Écriture ne nous dit pas que nous devons mourir au péché : mais que nous sommes morts, que nous devons nous « tenir pour morts ». « Pourquoi, comme si vous étiez encore en vie dans le monde, établissez-vous des ordonnances ? » (Col. 2:20). Le vieil homme est antagoniste quant à sa volonté ; mais nous sommes morts à lui ; nous en avons fini avec ce qui nous empêchait de nous approcher de Dieu. N’est-ce pas qu’on en a fini avec ce à quoi on est mort ? Littéralement, quand la mort viendra, nous en aurons fini avec ce qui est mortel. La mortalité sera engloutie par la vie. La vieille nature est une écharde dont je serai content d’être délivré ; elle est mortelle, corrompue, maintenant sous le pouvoir de Satan à cause du péché. Mais alors, cette corruption et cette mortalité n’y seront plus. Quand le corps mortel sera mort, je n’aurai plus rien à faire avec la mort ou la vieille nature.
Mais que faut-il dire de la nouvelle nature ? En avons-nous fini avec elle ? Nullement. Par la mort, la nouvelle nature s’approche de l’éternel repos où les affections seront complètement libres. Dans la mort nous en aurons fini avec la vieille nature, avec le premier Adam, et nous jouirons davantage du second Homme. C’est ce qui est « beaucoup meilleur », en Philippiens 1:23.
Si je meurs, je serai délivré de la mortalité. « Nous avons donc toujours confiance et nous savons qu’étant présents dans le corps, nous sommes absents du Seigneur ». Mais de qui s’agit-il ici ? Il s’agit du nouvel homme. Il sera absent du corps, présent avec le Seigneur. Ainsi, quitter ce pauvre corps mortel pour être avec Christ est un gain positif. Il sera encore plus précieux d’être dans la gloire avec Christ, complet en lui de toutes manières ; mais déjà, mourir est un gain.
Quelle a été la pensée de Jésus à propos de la gloire ? Il dit au brigand : « Aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis », et aux disciples : « Si vous m’aviez aimé, vous vous seriez réjouis de ce que je m’en vais au Père ». En Christ il y avait la parfaite connaissance du gain. Étienne, était-il moins heureux en mourant ? Il dit : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ». En mourant, on laisse en arrière le vieil homme, pour s’en aller, afin d’être avec Christ. C’est un gain positif, d’en avoir fini avec la mortalité, déjà par la foi, et bientôt en réalité.
Puis, il y a le fait de mourir chaque jour (1 Cor. 15:31). C’est toujours un gain positif, et spirituel. La douleur arrive et rompt les liens naturels, mais c’est en bénédiction. La chair est matée ; si la volonté y résiste c’est mauvais, mais nous devons sentir l’épreuve. Pierre n’aimait pas la pensée de la croix, car sa chair n’était pas encore assez humiliée pour correspondre à la révélation qu’il avait reçue de Dieu. Il faut toujours un procédé pour briser la volonté, soit en secret avec Dieu, soit par la discipline.
En elle-même, la mort n’est que le dépouillement de ce qui est mortel et le passage de l’âme à la lumière, dans la présence de Jésus. On laisse ce qui est souillé et en désordre. Quelle joie pour nous ! Plus tard, le corps se retrouvera en puissance et en gloire incorruptible et immortelle. Pour cela, nous n’avons qu’à attendre un peu.
La connaissance de l’amour de Dieu, qui a pénétré le domaine de la mort, a illuminé toutes les ténèbres de ses plus heureux rayons. Ainsi les ténèbres même servent à nous montrer combien il est consolant de posséder une telle lumière. Il ne reste rien au cœur que la lumière ; les ténèbres disparaissent devant elle.
Nous sommes dans un monde de douleur ; plus nous le connaissons, plus nous cherchons à nous tenir près du Seigneur. Ce n’est pas que quelques-unes de nos épreuves ne soient des châtiments du Seigneur ; nous savons qu’elles le sont souvent à ceux qui lui sont les plus chers, comme nous le voyons dans le cas de Job. Dans toutes ces épreuves, il y a la leçon de la grâce à apprendre. Christ était parfait ; mais lui-même a voulu entrer dans les douleurs des autres, des douleurs qui résultaient de leurs fautes et de leurs folies ; car, grâces soient rendues à Dieu ! les sympathies de Jésus sont parfaites.
Il a souffert pour la justice, il a porté nos péchés ; outre cela, il a pris sa place, en grâce, parmi ceux du résidu pieux en Israël pour entrer dans tout ce qu’ils sentiraient sous la main divine qui les châtiait à cause du péché ; il le ressentait comme aucun autre ne pouvait le faire. Sa sympathie est tout aussi parfaite maintenant, quoiqu’il ne passe pas à travers les douleurs dont il a fait l’expérience.
Puis, ce n’est qu’en ce qui doit être brisé ou corrigé, que nous souffrons ; quand Christ est avec nous, lorsque le cœur est en douleur, nous jouissons d’un bonheur sans fin, tout en nous trouvant dans l’épreuve. Ce n’est que quand la volonté se mêle à la douleur, qu’il y a de l’amertume, c’est-à-dire quelque peine où le Seigneur ne se trouve pas. Mais le coup qui nous atteint est ce dont nous avons besoin.
Son but est dicté par son amour.
Il y a en nous, même chez les plus sincères, une quantité de choses que nous ne connaissons pas, qui ne sont pas soumises à la volonté de Dieu, des choses qui travaillent et se manifestent d’une manière inattendue. Dieu nous prend en main dans sa puissance et combien de liens il rompt d’un seul coup ! Un système entier d’affections est atteint ; nous sentons que la mort a sa place et sa part en elles. Je n’ai jamais vu une famille qui ne fût changée après la première mort qui y entra ; le cercle n’était plus entier ; une brèche y avait été faite. Ce qui appartenait à l’ensemble des affections et de la vie de ce monde, a été trouvé mortel ; il a été atteint dans sa nature même. Le cours de la vie continuait ; le flot s’était fermé sur ce qui avait été jeté ; mais la mort s’était rencontrée avec les affections qui appartiennent à ce monde. La mort est entrée là où nous vivons, où vit notre volonté ; lorsque la volonté est brisée, elle est brisée en tout. Nous apprenons à nous appuyer sur ce qui ne peut être brisé ; non que nous perdions nos affections, mais nous apprenons à les entretenir plutôt avec Christ qu’avec la volonté de notre propre nature, car maintenant la nature doit mourir comme le péché. Christ ne cause jamais une brèche sans intervenir pour attacher l’âme et le cœur davantage à lui-même. Il vaut la peine d’expérimenter la douleur et l’affliction, afin de pouvoir apprendre une parcelle de plus de son amour et de ce qu’il est lui-même. Il n’y a rien de semblable ; nul n’est comme lui, et la joie de le connaître est permanente.
Outre cela, il se produit par ce moyen une œuvre utile dans nos cœurs, davantage de capacité pour connaître sa communion et pour en jouir en l’expérimentant. La capacité de trouver ses délices en Dieu, de comprendre ses voies, se développe ; ainsi, l’on apprend à estimer ce qui répond au cœur de Dieu. On devient capable de trouver sa joie dans les choses excellentes. Nous ne savons pas encore combien sont grandes les choses auxquelles nous sommes appelés. Puissent les saints les connaître davantage, car nous sommes appelés à la communion avec Dieu et à sa joie !
Quelques-uns en jouissent ici-bas ; en ce cas, tout ce qui est de la nature et de la propre volonté est exclu. Souvent les saints, sans toutefois déshonorer le Seigneur, vivent dans ce qui est naturel. C’est alors que le Seigneur s’occupe d’eux « pour détourner l’homme de ce qu’il fait ; et il cache l’orgueil à l’homme » (Job 33:17).
Combien il nous est profitable que les voies divines nous soient cachées ! Combien elles sont utiles pour nous conduire à la présence de Dieu, quels que soient les moyens dont il se sert pour nous toucher, car il connaît nos cœurs et il sait comment les atteindre. Grande est sa grâce, et nombreux sont ses soins journaliers. « Il ne retire pas ses yeux de dessus le juste » (Job 36:7). Quelle faveur précieuse d’avoir affaire à un tel Dieu ! Il fait tout en amour. Quand l’orage sera complètement passé, la splendeur pour laquelle il nous prépare, brillera sans nuage, et tout proviendra de Lui que nous avons connu dans tous ses tendres soins. Dans la splendeur même de la cité céleste, il est dit : « La gloire de Dieu l’a illuminée et l’Agneau est sa lampe ». Nous serons avec le Fils, avec Jésus, jouissant avec lui et comme lui de la clarté et de la faveur divines qui brillent sur lui. Combien précieux est l’amour de Jésus qui nous a amenés là pour être toujours avec lui ! Nous y sommes en vertu de son amour, et bientôt nous en aurons la pleine jouissance auprès de lui.
Je vous recommande avec instance de profiter de ces moments où l’impression et l’effet actuel de l’épreuve sont forts, de vous placer devant Dieu, pour recueillir tout le fruit de ses voies et de sa tendre grâce. C’est un moment où il sonde le cœur et lui manifeste en même temps son amour.
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La mort n’est pas un accident qui ar rive sans la volonté de Dieu ; elle n’a plus de pouvoir sur nous, car Jésus ressuscité en possède les clefs. Comme il est précieux de savoir qu’il a remporté une victoire complète sur la mort et sur tout ce qui nous était contraire ; de sorte qu’il y a pour nous une entière délivrance de tous nos ennemis. Nous avons été délivrés, sauf pour ce qui concerne le corps, de la sphère où le péché règne et nous avons été transportés dans le royaume où brille la splendeur de la face divine, là où il n’y a que lumière et amour, là où Dieu remplit tout selon la faveur qu’il déploie envers Christ.
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Tant que nous serons ici-bas, les deuils briseront des liens et nous feront sentir ce qu’est le désert.
Le premier Adam appartenait au paradis terrestre ; tout fut perdu. Les liens de la vie d’ici-bas, ceux que Dieu a formés et qu’il trouve à leur place, demeurent ; mais, la mort est entrée et le Saint Esprit est la puissance qui nous détache de tout pour nous lier à ce qui est invisible, à Christ dans le ciel et à l’amour du Père. Nous y arrivons quelquefois par un grand coup, d’autres fois peu à peu ; mais Dieu travaille dans les siens, car il leur a préparé une cité et leur a déjà donné le droit de bourgeoisie céleste.
Sans doute, nous avons nos peines ; mais nous possédons un Seigneur qui est fidèle, qui est plein d’amour, qui veut nous bénir. Nous pouvons compter sur lui. Puis, viendra le repos, rempli de la connaissance de ses joies, car il verra du travail de son âme et sera satisfait. Si, par grâce, nous avons quelque petite part avec lui dans ses souffrances, nous partagerons sa joie, lorsque nous serons en haut, pour toujours. Présentement, c’est la croix que nous connaissons bien peu, mais notre perspective, c’est lui-même, et la joie, et la gloire avec lui.
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Je ne crois pas qu’il y ait plus de sentiment dans la douleur que dans la sympathie ; cela est différent, évidemment ; mais, au tombeau de Lazare, le sentiment de la mort, chez le Seigneur, était bien plus profond, je crois, que chez Marthe et Marie ; ce n’était pas exactement la perte de Lazare qui affligeait le cœur du Seigneur ; c’était plutôt tout ce que la mort comprenait pour le cœur humain.
Combien il est merveilleux de voir que le vainqueur de la mort soit lui-même descendu dans la mort pour nous ! Combien il était parfait ! Or il est celui qui comble chaque vide ; en lui nous ne perdons rien.
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Nous ne sommes qu’en passage ici-bas ; bientôt cessera notre pèlerinage. Quelle grâce, lorsque toute trace de ce qui, d’une manière ou de l’autre, nous a retenus attachés à ce monde de misère et de mal, aura disparu pour toujours ! Alors nous nous trouverons dans la pleine lumière où tout est parfait.
J.G. Bellett
Quelle scène de gloire indescriptible ce sera, quand le Seigneur lui-même descendra pour rassembler ses rachetés dans le lieu qu’il leur a préparé !
Ce sera un moment de suprême plaisir, quand le Seigneur lui-même, — avec un cri de commandement, avec une voix d’archange, et avec la trompette de Dieu, — descendra du ciel et qu’en un instant, en un clin d’œil, ses saints endormis seront ressuscités, les saints vivants étant changés, tous ensemble ravis dans les nuées à la rencontre du Seigneur en l’air. Ainsi, nous serons toujours avec le Seigneur (1 Thess. 4).
Des myriades de rachetés seront là, dans des corps de gloire, remplis de la vie divine, les saints qui, jadis, dans la foi en une promesse, étaient adorateurs, pèlerins, étrangers, ceux dont la foi eut le témoignage des cavernes et des trous de la terre, desquels le monde n’était pas digne, les anciens et les justes, morts dans la foi ; tous ceux qui n’ont pas reçu les choses promises seront là.
Abraham, Isaac et Jacob, — Noé, Daniel et Job — Moïse et Élie, — Abel et les nombreux martyrs, — Aaron et les sacrificateurs de l’Éternel, — Samuel et les prophètes de l’Éternel, — David et les hommes de foi qui se sont assis sur son trône, — tous ceux qui, pour Dieu, ont une valeur, les justes consommés, seront dans cette scène qu’ils auront attendue avec foi.
Enlevés ensemble, tous les rachetés de Christ prendront place dans leur gloire respective, « chacun dans son propre rang », étoile différente d’une autre étoile en gloire, mais reflétant l’image de Jésus. Oui, tous y seront, jusqu’au dernier « né de nouveau ».
Il y aura des places dans le royaume, des positions de gouvernement sur les tribus d’Israël, des demeures dans la maison du Père, des trônes entourant le trône de Dieu.
Tous connaîtront comme ils ont été connus et ils se connaîtront l’un l’autre, chacun étant connu de tous.
Peut-être n’êtes-vous pas aussi sensible que je ne le suis à cet égard. Votre isolement a ses privations ; mais il a aussi ses nombreux et saints avantages.
Nous avons encore le grand privilège de présenter la précieuse parole de Dieu, et si ce n’était la rivalité de sentiments naturels déchus, la joie de telles occupations serait sans mélange. Mais, oh ! la vanité, la lutte, le désordre que la chair apporte !
Que le Seigneur soit avec vous ! Les nuages au-dessus de Job devenaient de plus en plus épais ; il les considérait pleins de pluie, de vent, de tonnerre ; finalement ils furent remplis de bénédiction pour lui quand les troupeaux qui avaient été dispersés furent remplacés par de plus grands et quand, pour les enfants qui avaient été tués, il reçut de plus beaux enfants.
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Je suis bien assuré que ce jour de visitation est pour vous loin de ce que la nature désirerait, votre cœur étant touché dans ses plus tendres affections.
Les ténèbres qui nous enveloppent sont de plus en plus épaisses ; les abominations se multiplient, et l’état de détournement de ceux qui doivent être à jamais avec le Seigneur est si apparemment sans remède ici-bas, qu’il nous est précieux de voir nos bien-aimés détachés de tout cela.
En esprit nous pouvons avoir une plus heureuse communion avec ceux qui ne sont plus qu’avec ceux qui restent, car la foi les voit, délivrés de tout nuage, délivrés de tout ce qui les empêchait ici-bas, se reposant auprès de Jésus et attendant le jour de gloire.
« Seigneur Jésus, reçois mon esprit », disait Étienne, — précieuses paroles d’un serviteur qui suivait son Seigneur lequel avait dit, quelques temps auparavant : « Père, entre tes mains je remets mon esprit ». Une multitude qu’on ne peut dénombrer est déjà réunie, ayant réalisé qu’il est « de beaucoup meilleur » de déloger pour être avec Christ.
Le Seigneur vous bénisse, ma bien chère sœur ! Si vous êtes appelée à faire le voyage plus solitaire que vous ne vous l’étiez proposé et à connaître des peines que vous n’aviez pas prévues, puisse sa main reposer sur vous ! Il nous donnera bientôt lui-même l’interprétation de ses voies providentielles ; ses promesses sont notre soutien et notre réconfort. Rien n’est excessif, dans les descriptions divines. L’esprit de révélation est sûrement au-dessous et non au-dessus de ce qui est, quoique les promesses soient « très grandes et précieuses » (2 Pierre 1:4) ; oui, la réalité sera probablement selon la confession de la reine de Shéba : « On ne m’avait pas rapporté la moitié de la grandeur de ta sagesse : tu surpasses la rumeur que j’en ai entendue » (2 Chron. 9:6).
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Le Seigneur vous expliquera tout, comme autrefois « en particulier il interprétait tout à ses disciples » (Marc 4:34). Ce fut le cas pour Job ; quand il parvint à la fin, il trouva que tout allait bien. L’Éternel ne s’était pas trompé ; il fut même justifié dans les pensées de Job en présence du feu, du vent et des Chaldéens.
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Il a plu au Seigneur de vous visiter de nouveau. Bien des fois il vous a visitée, chère sœur. Mais vous pouvez considérer que ce sont les visites d’un ami qui voudrait être plus près de vous. Certainement, elles sont pénibles, pour la nature. C’est la manière d’agir de celui qui vous aime et qui ne permettrait pas qu’il y ait d’interruption à l’action de son amour, ni la moindre tache sur le caractère de sa grâce inépuisable et parfaite.
Les ouvriers dans la vigne (Matth. 20) pensaient qu’ils pouvaient faire varier le caractère de leur maître. Il avait traité avec eux d’une manière telle qu’ils n’avaient rien à réclamer de plus. Mais ils ne tardèrent pas à exposer leurs réclamations de sorte que le maître de la vigne dut mettre en évidence qu’ils avaient tort et qu’ils n’étaient pas du tout en accord avec lui.
Combien est douce la lumière, quand nous sommes conduits à discerner les voies du Seigneur ! Nous pensons quelquefois que sa manière de faire est contraire au sentiment naturel que nous pourrions avoir de la justice et de la bonté, — comme, par exemple, dans le cas d’un ouvrier qui a travaillé seulement une heure et qui reçoit comme celui qui a travaillé onze heures. En effet, qu’est-ce qui pourrait sembler plus injuste ? Oui, il y a des voies qui sont absolument inexplicables. Tout ce que nous avons à faire, c’est d’attendre ; le moment viendra où Lui-même donnera l’interprétation de toutes choses. Il montrera qu’il n’a pas eu tort, qu’il a agi en grâce ; il fera comprendre que s’il y a eu des objections quant à ses voies, les objections venaient d’une source morale souillée dans le cœur de l’accusateur lui-même.
L’ensemble de cette parabole, de Matthieu 20, est bien encourageant. Par des exercices d’âmes, avec simplicité et foi, il est bon d’avoir ses pensées affermies par un tel témoignage.
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Que le Seigneur soit avec vous et rafraîchisse votre esprit ! Puissiez-vous vous reposer simplement sur le fondement de la foi, sûr et ferme, fondement posé par la main du Dieu qui a fait son alliance avec vous.
Ce qui nous rafraîchira, bien-aimés, ce n’est pas un effort de l’âme pour connaître les joies du Saint Esprit, mais c’est le repos précieux de la foi avec les perspectives heureuses de l’espérance, lesquelles sont édifiées sur la foi.
Il y a, dans un sens profond et heureux, plus de communion avec ceux qui sont partis qu’avec ceux qui restent auprès de nous ; je me souviens avoir entendu cette remarque de la bouche d’une chère sœur, il y a quelques années. Elle parlait ainsi, en faisant allusion à son cher fils qui s’était endormi dans le Seigneur. Oui, nous les voyons seulement sous leurs beautés dans le Christ Jésus. Rien ne nous gêne pour penser à eux ; nous les voyons là-haut en esprit. Ils se sont confiés à Christ et ils attendent auprès de leur Sauveur bien-aimé que vienne la consommation de sa joie et de leur joie.
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Que n’ai-je des entrailles plus sensibles pour apporter à mon frère estimé tout l’encouragement d’une profonde communion dans son épreuve ! Dites-lui que je me souviens de lui en tout amour. Dites-lui également que je sais quelque chose des voies du Dieu bienheureux à mon égard, en ce moment même. Au milieu de nos exercices, nous pouvons les uns et les autres nous confier en lui et le bénir. Il aime à nous tirer d’une atmosphère artificielle, pour nous placer dans une atmosphère de réalité, pour nous parler directement, pour nous donner des gages et des consolations, tandis que tant de circonstances se dressent contre nous.
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« Quand il donne la tranquillité, qui troublera ? » (Job 34:29). Combien je désire le réaliser !
J’ai entendu parler d’un homme pieux qui avait été pendant longtemps sous l’épreuve et qui disait : Pendant ces sept derniers mois, je n’ai pas eu même cinq minutes où j’ai été mal à l’aise. Expérience heureuse et vivante de la réalité de cette belle déclaration du livre de Job !
Dans notre conduite comme saints et pendant notre voyage, si on veut jouir pleinement du repos du cœur, il n’est pas suffisant d’avoir une bonne conscience. Il est bien vrai que sans bonne conscience il ne pourrait y avoir de repos. Mais nous avons besoin que la lumière, la grâce, l’énergie spirituelle nous maintiennent dans le courant des pensées de Dieu, afin que nos activités soient celles qui conviennent à la maison de Dieu et au peuple de Dieu (or c’est là qu’est notre place).
En même temps, je crois que nous pouvons confesser au trône de la grâce la manière dont nous manquons de saisir les voies de l’Esprit, avec un cœur bien moins affligé que si nous avions à présenter des taches de conscience.
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Les sables du désert sont mouvants ; mais bientôt Canaan sera atteinte définitivement. Les tentes ont dû se tacher et se déchirer souvent, en voyageant de la Mer Rouge au Jourdain ; si elles sont dans une condition moins bonne sur le rivage du Jourdain que sur la côte de la Mer Rouge, elles sont néanmoins beaucoup mieux là. Quoiqu’elles ne soient plus neuves, elles sont plus près du moment où elles seront pliées pour la dernière fois.
Th. A. P. (Lettres)
Oh ! ma pauvre et chère amie, combien je sens votre douleur ! Que sera la gloire à venir, si de telles afflictions ne peuvent lui être comparées ! Que Dieu vous donne de reconnaître dans l’abîme de votre souffrance que tout est amour, quelque difficile qu’il semble d’abord de le croire ! C’est ainsi qu’Il répond souvent à ceux qui lui demandent plus de foi et d’amour. Il est bon que nous apprenions le sens des mots dans le livre même où Christ a appris l’obéissance ; et Il l’a apprise par les choses qu’Il a souffertes. Oh ! ma chère sœur, nous sommes le trésor de Dieu ! Souvent nous avons dit que tout est vanité, et que la terre n’est pas notre demeure ; et, en effet, nous appartenons à Dieu, et nous ne sommes ici-bas que pour être façonnés par lui. Il veut que nous comprenions bien cela. Il est un Dieu jaloux. Sa tendresse pour nous n’est jamais aveugle. Béni soit son nom ! Il nous aime trop pour nous épargner une seule peine nécessaire. Il nous aime trop pour nous en envoyer une seule sans nécessité. Il est assis près de son feu comme celui qui affine. Attendez un peu, et vous verrez que cette épreuve est précisément celle dont vous n’auriez pu vous passer. Puis il n’est pas perdu, seulement il s’en est allé le premier. Vous êtes avec lui « héritière de la grâce de la vie », et l’Écriture dit que sans vous il ne peut être rendu parfait. Il vous attend donc dans le sein de Jésus. Assurément, vous n’aimeriez pas qu’il fût plutôt avec vous qu’auprès de Jésus, uniquement pour la satisfaction de converser avec lui.
Vous êtes ensemble, puisque vous demeurez l’un et l’autre en Jésus ; vous avez une même vie dont les pulsations se font sentir dans le cœur de Jésus. Vous avez communion l’un avec l’autre, car ses pensées sont toutes concentrées sur Jésus. Lorsque Moïse et Élie apparurent aux disciples, ils parlaient de Jésus. Ma bien-aimée soeur, vous êtes sur le point d’entrer dans les réalités d’une consolation que vous n’auriez jamais cru pouvoir trouver en Dieu. Il me semble que je vous vois descendre dans un abîme que j’ai moi-même traversé, et je ne puis rendre que bien faiblement ce que je sens, en vous disant que je sympathise avec vous, que j’ai compassion de vous, que je tremble presque pour vous. Mais je puis cependant vous affirmer que pour tout au monde je ne voudrais pas n’avoir pas fait par ce moyen l’expérience de ce qu’est Jésus. Je choisirais de mourir mille fois plutôt que de n’avoir pas passé par tout cela. Je ne voudrais pas qu’un seul coup m’eût été épargné, lors même que souvent encore la douleur se fait vivement sentir.
Si vous considérez les choses à la lumière de l’éternité, vous verrez que vous avez sujet de bénir Dieu, non seulement pour le bonheur assuré de votre ami, mais encore pour tout ce qu’Il veut vous apprendre au moyen de ces longs jours et de ces longues nuits de tristesse. Ce sont des leçons pour l’éternité que Dieu seul peut donner, et ce n’est que dans ce monde que nous pouvons apprendre ce que c’est que la joie dans la douleur et le calme au milieu de la tempête.
Que le Dieu de paix soit avec vous ! Il le veut, je sais qu’Il le veut. Il ne permettra pas que vous soyez éprouvée au delà de ce que vous pouvez supporter. Et si bientôt vous devez être mère, vous serez soutenue par cette douce promesse : « Que tes veuves se confient en moi ». Ce sont des paroles que je me suis appropriées et que j’ai scellées de mon sceau. Il n’a jamais manqué à ceux qui se confient en lui.
Vous ne pourrez peut-être pas lire cette lettre, mais je n’ai pu m’empêcher de vous l’envoyer, comme si Jésus m’eût donné le droit d’entrer dans la maison du deuil.
... Comment pouvez-vous me dire que vous craignez de m’exprimer votre sympathie ? J’en éprouve une vive reconnaissance. Celle que j’ai perdue est, il est vrai, vivement regrettée, mais nous la reverrons. Nous n’attendons pas seulement Jésus, nous attendons aussi tous ses saints avec lui ; et si nous pouvons attendre Jésus, nous pouvons aussi bien attendre ceux qui seront avec lui. « Nous serons ravis ensemble avec eux à la rencontre du Seigneur ».
Pendant qu’elle vivait, nous parlions ensemble de Jésus, et nous nous excitions à l’aimer toujours mieux. Elle était humble, et Il lui a accordé la plus grande grâce, car s’en aller et être avec Christ, c’est de beaucoup meilleur. Elle avait ici-bas tout ce qui aurait pu l’attacher à la terre, et elle vivait comme si elle n’eût rien possédé.
Au moment où Jésus viendra pour réveiller de son sommeil ce corps qui est maintenant comme une semence dans son jardin dont Il garde la clef, elle se lèvera avec un corps glorieux pour être sa joie et pour publier sa louange. « La terre jettera dehors les trépassés », et les habitants de la poussière se réveilleront et se réjouiront avec chant de triomphe, tandis que les larmes mêmes de cette nuit de douleur brilleront à la lumière de sa gloire, comme « la rosée de l’aurore ». Oh ! quelle espérance que celle de la résurrection ! C’est une richesse que Jésus nous a laissée, et que nous possédons au milieu de la mort. Son efficace est merveilleuse ; elle pénètre au dedans du voile, jusqu’à Jésus ressuscité, jusqu’à la vie impérissable. Nulle part la mort ne semble aussi confuse que dans la chambre d’un chrétien mourant. C’est là qu’on sent qu’elle est vaincue. La faiblesse, la mortalité, la corruption y proclament ensemble que, « comme nous avons porté l’image de celui qui est poussière, nous porterons aussi l’image du céleste. » Oui, la mort des bien-aimés de Dieu est précieuse devant ses yeux. Et nous, les vivants, ceux qui seront restés pour l’arrivée du Seigneur, nous ne recevrons pas une moins grande bénédiction, car nous pourrons souffrir un peu plus longtemps avec lui. C’est en considérant les choses à cette lumière que la foi voit mille ans comme un jour. Soyons donc diligents aujourd’hui, afin que demain nous soyons trouvés par lui dans la paix, attendant son arrivée, car « Il reviendra avec chant de joie, portant ses gerbes ».
Je suis réjouie dans la pensée que le Seigneur n’attend pas de nous un grand courage, mais bien plutôt que nous nous reposions sur lui, quand nos cœurs sont sans force, afin qu’Il se glorifie dans notre faiblesse. Si notre chair et notre cœur sont consumés, Il prend plaisir à manifester dans notre infirmité la perfection de sa force. Oh ! sachons seulement tout lui donner. Cette dispensation est contenue tout entière dans ce petit mot TOUT. Le tout de Dieu, c’est lui-même, le ciel et la terre. Notre tout à nous, ce sont deux pites.
N’est-ce pas une chose étrange que je sois encore ici, et que cette amie ait été prise ? Cela me fait désirer de m’en aller aussi. Nous avons été comme deux sœurs pendant toute notre vie. Quelque chose semble me dire que je ne devrais pas être ici ; cependant je suis plus près d’elle, plus en communion avec elle que lorsqu’elle était sur la terre, car nous pouvons être ensemble en dedans du voile. Alors il y avait deux corps pour nous entraver, maintenant il n’y en a plus qu’un. Je vis où elle est ; en restant dans la maison du Père, je suis avec elle ; je la vois comme une plante étrangère à la terre, et je dois me préparer à la rejoindre. L’apôtre nous enseigne un grand secret, quand il nous dit qu’il oubliait les choses qui étaient en arrière. Demeurer au milieu des choses qui sont en arrière, c’est s’asseoir dans les jardins enchantés de Satan, c’est vivre selon la chair. Dans le combat qui est devant nous, il n’y a point de lieu de repos ; il faut tendre en avant vers le but, se fatiguer, et cependant poursuivre. Je me sens pressée de courir vers le but, comme jamais je ne l’ai été auparavant. Le temps est si court ; ne le perdons pas à regarder en arrière, plus tard nous aurons assez de temps pour cela. Nous avons été appelés des cieux à nous consacrer au service de notre Seigneur en attendant qu’Il vienne.