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JUGER, JUGEMENT

 

Citations d’auteurs divers

 

Table des matières :

1     Textes bibliques

2     Commentaires

2.1      Luc 6:37

2.2      Matthieu 7:1

2.3      Actes 16:15

2.4      1 Cor. 4:2-5

2.5      1 Cor. 11

2.5.1      [La dignité et le jugement de soi-même pour participer à la cène]

2.5.2      [Le gouvernement du Seigneur sur les siens — La communion]

2.5.3      [Le jugement de soi-même : la marche dans la lumière divine]

 

 

 

1                    Textes bibliques

 

« Ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés » (Matthieu 7:1)

 

 « et ne jugez pas, et vous ne serez point jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez point condamnés ; acquittez, et vous serez acquittés » (Luc 6:37)

 

« Et après qu'elle eut été baptisée ainsi que sa maison, elle [nous] pria, disant : Si vous jugez que je suis fidèle au Seigneur, entrez dans ma maison, et demeurez-y. Et elle nous y contraignit. » (Actes des Apôtres 16:15)

 

« Ici, au reste, ce qui est requis dans des administrateurs, c'est qu'un homme soit trouvé fidèle » (1 Corinthiens 4:2)

« Mais il m'importe fort peu, à moi, que je sois jugé [examiné] par vous, ou de jugement d'homme ; et même je ne me juge [examine] pas moi-même » (1 Corinthiens 4:3)

« Car je n'ai rien sur ma conscience ; mais par là je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge [examine], c'est le Seigneur » (1 Corinthiens 4:4)

« Ainsi ne jugez rien avant le temps, jusqu'à ce que le Seigneur vienne, qui aussi mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et qui manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu » (1 Corinthiens 4:5)

 

« car celui qui mange et qui boit, mange et boit un jugement contre lui-même, ne distinguant [ou : discernant] pas le corps » (1 Corinthiens 11:29)

« C'est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous, et qu'un assez grand nombre dorment. » (1 Corinthiens 11:30)

« Mais si nous nous jugions [examinions ; même mot que distinguer au v. 29] nous-mêmes, nous ne serions pas jugés » (1 Corinthiens 11:31)

« Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde » (1 Corinthiens 11:32)

 

 

2                    Commentaires

2.1   Luc 6:37

Jean Muller. Notes sur des réunions d’études sur Luc 6:37, 39-42

 

Le v. 37 nous exhorte à ne pas juger les autres, afin de ne pas être jugés nous-mêmes.

Le premier devoir du chrétien est donc ainsi de se juger soi-même, dans la présence de Dieu, qui sonde et éprouve toutes choses (Ps. 139), car chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu (Rom. 14:12), et l’apôtre pouvait dire, en parlant de son ministère : « celui qui me juge c’est le Seigneur » (dans le sens de subir un interrogatoire, comme un accusé qui doit rendre compte de lui-même et de ses actes), aussi exhortait-il les Corinthiens (1 Cor. 4:4-5) à ne rien juger avant le temps jusqu’à ce que le Seigneur vienne (dans le sens de prononcer un jugement).

En rapport avec le souvenir de la mort du Seigneur dans la Cène, nous sommes exhortés solennellement à nous éprouver et à nous juger nous-mêmes, c’est-à-dire à nous examiner (1 Cor. 11:28, 29).

L’exhortation du Seigneur à ne pas juger les autres ne doit toutefois pas empêcher l’exercice de la discipline dans l’Assemblée, pour « juger ceux qui sont de dedans » (1 Cor. 5:12), pour maintenir la sainteté à la Table du Seigneur. Dans l’exercice des ministères dans l’Assemblée, lorsqu’un prophète parle, les autres sont appelés à juger, c’est-à-dire apprécier si ce qui est dit vient vraiment de Dieu (1 Cor. 14:30).

 

 

2.2   Matthieu 7:1

William Kelly, Lectures (= exposés) sur Matthieu — Matt. 7:1

 

En toute circonstance cette grande vérité oblige la conscience : « ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés » (7:1). D’un autre côté il n’y a guère de principe dont l’égoïsme de l’homme abuse plus facilement. Si une personne continue à marcher dans une voie mauvaise, et se sert de ce passage pour refuser aux frères le droit de juger sa conduite, il est clair qu’il fait preuve par là d’un manque de conscience et d’intelligence spirituelle. Son œil est aveuglé par le moi, et il ne fait rien d’autre que tourner les paroles du Seigneur en excuse pour le péché. Le Seigneur n’entendait en aucune manière affaiblir le saint jugement du mal ; au contraire, Il fera plus tard peser cette obligation solennelle sur Son peuple : « ne jugez-vous pas ceux qui sont de dedans ? » (1 Cor. 5:12). C’était la faute des Corinthiens de ne pas juger ceux qui étaient au milieu d’eux. Il est donc clair qu’en un sens je dois juger et en un autre sens je ne dois pas juger. Il y a des cas où je pécherais contre le Seigneur si je ne jugeais pas, et il y a des cas où le Seigneur l’interdit, et m’avertit que si je le fais, j’attirerai un jugement sur moi-même. C’est une question très pratique pour le chrétien, de savoir quels sont les cas où il faut juger et ceux où il ne faut pas. Tout ce qui ressort clairement — ce que Dieu présente aux yeux de Son peuple, de manière qu’ils le savent eux-mêmes, ou qu’ils en entendent le témoignage de manière non douteuse — cela ils sont certainement tenus de le juger. En un mot, nous sommes toujours responsables d’avoir en horreur ce qui offense Dieu, que ce soit connu directement ou indirectement ; car « on ne se moque pas de Dieu » (Gal. 6:7), et les enfants de Dieu ne doivent pas être gouvernés par de simples considérations d’ordre technique, dont l’habileté de l’ennemi peut facilement tirer avantage.

Mais que veut dire ici notre Seigneur par ce « ne jugez pas, afin que vous ne soyez pas jugés » ? Il ne se réfère pas à ce qui est clair, mais à ce qui est caché ; à ce dont il n’a pas plu à Dieu d’étaler la preuve aux yeux de Son peuple, pour autant que ce soit quelque chose qui existe. Nous ne sommes pas responsables de juger ce que nous ne connaissons pas ; au contraire, nous sommes tenus de veiller contre l’esprit tendant à soupçonner le mal. Il peut y avoir mal effectif, et même un mal de caractère très grave, comme dans le cas de Judas. Notre Seigneur dit : « l’un d’entre vous est un diable » (Jean 6:70), et Il a maintenu volontairement les disciples dans l’ignorance des détails. Remarquez au passage que l’évangile de Jean est le seul à nous montrer que la connaissance de notre Seigneur en rapport avec Judas Iscariote était celle d’une Personne divine. Il l’a dit bien longtemps avant que quoi que ce soit vienne au grand jour. Dans d’autres évangiles tout est tenu dans la discrétion jusqu’à la veille de la trahison ; mais Jean a été conduit par le Saint Esprit à se rappeler comment le Seigneur le leur avait dit dès le commencement : et pourtant, bien qu’Il le sût, ils n’avaient qu’à s’en remettre à Sa connaissance de la chose ; car si le Seigneur le supportait, ne devaient-ils pas faire pareil ? S’Il ne leur donnait pas de directions sur la manière d’agir à l’égard du mal, ils avaient à attendre. C’est toujours la ressource de la foi, qui ne se presse jamais, spécialement dans un cas aussi solennel. « Celui qui croit [JND : se fie à elle] ne se hâtera pas » (És 28:16). Nous n’avons pas besoin de nous tourmenter sur ce qui n’est pas certain. Dieu voit tout, et tout est entre Ses mains ; et nous pouvons nous fier à Lui. La patience est le mot d’ordre jusqu’au moment du Seigneur pour agir avec ce qui Lui est contraire. Le Seigneur laisse Judas se manifester entièrement, mais il ne fut plus dès lors question de supporter le traître. S’il y a des cas où nous devons juger, il y a aussi des questions qu’Il ne demande pas à l’Église de résoudre. Les pires de tous, sont ceux qui s’en vont, non pas ceux qui sont mis dehors. Qu’est-ce qui condamne le plus un homme que le fait qu’il ne peut plus se tenir dans la présence du Seigneur, même sur la terre ? Bien sûr aucun mal ne peut subsister en présence du Seigneur au ciel ; et il ne le peut pas non plus à long terme sur la terre. « Ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ; mais c’est afin qu’ils fussent manifestés comme n’étant aucun [d’eux] des nôtres » (1 Jean 2:19). Ceux-là sont caractérisés comme étant des antichrists. Ce n’était pas simplement un mal d’ordre moral, mais un mal contre Christ personnellement, et donc un mal attaquant directement le fondement de la vérité éternelle. « Ils sont sortis ». Ainsi, partout où il y a ce qui, sans contredit, est contraire à la gloire personnelle de Christ, Lui s’en occupe. Il y a des cas, comme en 2 Jean, où il convient aussi aux saints de s’en occuper ; mais nous trouvons en général que de telles personnes s’en vont. Dieu préfère, si j’ose parler ainsi, les débarrasser Lui-même, déjà ici-bas. Ils ne peuvent pas continuer dans la présence du Seigneur, même que cette présence soit simplement donnée à connaître sur la terre par la puissance de l’Esprit de Dieu. Mais tandis qu’il a ces cas où les saints jugent et ceux où le Seigneur juge, il n’en reste pas moins cette parole : « ne jugez pas afin que vous ne soyez pas jugés ». Nous devons nous garder d’imputer des motifs, ou de  prononcer une sentence sur l’état absolu d’une personne devant Dieu.

 

 

2.3   Actes 16:15

William Kelly, Exposé sur le livre des Actes

Une autre leçon d’une très grande portée pratique devrait être évidente : c’est la profonde indifférence non seulement vis-à-vis des âmes, mais vis-à-vis du Seigneur qu’il y a dans ce refus de « juger », qui plaît à la chair et qui caractérise l’église mondaine, aussi bien catholique que protestante, épiscopalienne, presbytérienne et tout le reste de ce qui n’est pas basé sur la confession du Christ de Dieu, et sur le don du Saint Esprit venant de Dieu (Matt. 16:16-18 ; Actes 11:17). Sans nul doute les hommes plaident que nous ne devons pas juger, ou que nous devons exercer un jugement de charité : les deux arguments sont pareillement ignorants, pervers et mauvais. Certainement nous ne devrions jamais être portés à la censure, jamais imputer de mauvais motifs là où une mauvaise conduite n’est pas manifeste. Mais pour ceux qui connaissent que la foi dans le témoignage de Dieu rendu à Christ est le point crucial du passage de la mort à la vie (la vie éternelle), abandonner ou négliger la distinction faite à cet égard, c’est faire preuve d’incrédulité autant que de manque de cœur. Notre jugement solennel, s’il est guidé par la parole, est que la mort est la condition de tous ; notre jugement de charité et notre joie sont que ceux qui par grâce écoutent Sa parole sont les seuls qui vivent par Christ et de Christ et en Christ ; c’est pourquoi nous les exhortons en Son nom à ne plus vivre désormais pour eux-mêmes, mais pour Celui qui pour eux est mort et est ressuscité (2 Cor. 5:15).

Lydie ne recula pas devant un tel jugement, mais elle le provoqua plutôt, humblement, comme dû au Seigneur. Paul et ceux qui l’accompagnaient agirent en conséquence, et le Saint Esprit l’a rapporté pour notre avertissement. Il n’y avait donc assurément aucun manque d’amour dans l’acte de Pierre jugeant Simon le samaritain [le magicien] selon ses propres paroles ; et bien que baptisé, il jugea qu’il était « dans un fiel d’amertume et dans un lien d’iniquité » (8:20-23). C’était plutôt, en effet, le côté douloureux du jugement d’amour que la connaissance de Dieu entraîne pour Ses serviteurs, — un jugement absolument indispensable vu les circonstances ; et malheur à ceux qui, pour plaire au monde ou pour leurs aises et avantages égoïstes, abandonnent un devoir dû aussi clairement et indiscutablement à leur Maître ! Ni Pierre ni Paul ne le firent.

 

 

2.4   1 Cor. 4:2-5

William Kelly, Notes sur 1 Corinthiens, à propos de 1 Cor. 4:2-5

 

« Ici, au reste, ce qui est requis dans des administrateurs, c’est qu’un homme soit trouvé fidèle. Mais il m’importe fort peu, à moi, que je sois jugé (*) par vous, ou de jugement (2*) d’homme ; et même je ne me juge (*) pas moi-même. Car je n’ai rien sur ma conscience ; mais par là je ne suis pas justifié ; mais celui qui me juge (*), c’est le Seigneur. Ainsi ne jugez (3*) rien avant le temps, jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui aussi mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et qui manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu » (1 Corinthiens 4:2-5).

 

(*) En anglais : « inquire(d) into » = examiné.

(2*) litt : « de jour d’homme » par opposition au « jour du Seigneur »

(3*) En anglais « judge » = prononcer une sentence, le jugement définitif.

 

L’apôtre raisonne en se servant de l’image d’un administrateur dont la fidélité est spécialement requise. « Ici » (cela signifie « sur la terre »), ajoute-t-il, il est requis qu’un administrateur soit trouvé fidèle (4:2). Sans doute, cela est encore bien plus important pour un administrateur des choses célestes ; mais l’apôtre prend soin de placer la responsabilité personnelle de l’administrateur en relation directe avec Christ ; « mais il m’importe fort peu, à moi, que je sois jugé par vous, ou de jugement d’homme ; et même je ne me juge pas moi-même » (4:3). Le mot « juger » dans cette phrase correspond à l’examen préliminaire avant le procès au tribunal. Cela ne comporte aucune pensée de mépris à l’égard des Corinthiens ; le jour d’homme, ou inquisition, n’avait pas d’importance pour lui, quelle que soit la personne qui tenterait d’entreprendre une tâche que le Seigneur n’a jamais déléguée à l’homme. Non seulement personne n’est compétent pour un tel jugement ou examen, mais le Saint Esprit ne donne pas la capacité nécessaire pour cela. Il est réservé au Seigneur, à Qui seul il convient, — même si l’on pourrait concevoir que la créature soit rendue propre pour le faire. Ici aussi, ce n’est pas qu’il fasse peu cas des autres, ni qu’il soit content de lui-même, car il rejette spécialement toute prétention tant à l’irresponsabilité qu’à être son propre juge.

L’homme est totalement incompétent pour un tel examen, fût-il même apôtre : ce serait usurper les fonctions du Seigneur. Il est de la plus haute importance que ce sens de responsabilité directe à Christ soit maintenu toujours et partout. Qu’il s’agisse de Paul ou d’Apollos, le principe est le même. Il ne s’applique pas seulement à ceux que Dieu a établi à la tête dans l’église ou dans le service de Christ, mais aussi au dernier et au moindre autant qu’au premier. C’est au Seigneur seul qu’il appartient d’examiner leur service.

Insistons sur l’importance extrême de voir que l’église n’a ni l’autorité ni le devoir de procéder à un tel examen. Les serviteurs de Christ, selon leur don reçu de Ses dispositions souveraines, peuvent servir l’église, et ils peuvent aussi être débiteurs vis-à-vis de tous les hommes dans l’évangile (Rom. 1:14) ; mais dans leur service, ils n’ont de comptes à rendre qu’à Christ, tant pour les détails que pour le principe. Car c’est Lui, et non pas l’église, qui leur a donné le don, dont la possession et l’exercice les constituent Ses serviteurs. Autant ils sont appelés à aimer et à honorer l’assemblée, autant l’assemblée est tenue de respecter leur soumission directe à Christ le Seigneur, et de ne pas s’interposer entre Lui et eux.

Les serviteurs sont sans aucun doute des saints, et comme tels leur conduite tombe sous le coup de la discipline si elle n’est pas bonne ; et si elle est réellement mauvaise, elle peut donner lieu à une sainte censure. Personne ni aucune fonction ne jouit ni ne doit jouir d’aucune immunité. Une fausse doctrine chez les docteurs (= enseignants) les expose au jugement de l’assemblée (plus sévèrement que pour d’autres, à cause de leur position), éventuellement jusqu’à l’exclusion. Une utilisation clairement impropre de leur don pour des motifs égoïstes peut les amener à être traités pareillement, même si leur doctrine est saine. Néanmoins, dans leur service en tant que tel, et en dehors d’un tel mal, les ministres de Christ n’ont de comptes à rendre directement et exclusivement qu’à Lui. L’église n’est pas une dame ayant autorité au-dessus d’eux ; ils ne sont assujettis qu’au Seigneur seul. L’abandon de cette vérité, l’affirmation de l’autorité de l’assemblée à la place de celle de Christ vis-à-vis du ministère, a introduit le catholicisme, et finalement la papauté, bien que d’autres ingrédients encore plus mortels se mêlent aux deux, spécialement à la papauté. Or la substitution de l’église à Christ pour gouverner le ministère, et la prétention à en être la source, est assurément un mal de nature très grave ; et le protestantisme n’a nullement réussi à exorciser complètement ce mauvais esprit. N’est-il pas visiblement actif dans le presbytérianisme, fleurissant dans le méthodisme (wesleyens), grossier et sans vergogne dans le congrégationalisme ? On peut vraiment dire que cette sorte ne sort que par la prière et par le jeûne (Marc 9:29) ; car l’énergie et l’importance du moi, non pas celles des ecclésiastiques mais celles des laïcs, aiment beaucoup cet esprit, et par conséquent seule la foi qui peut marcher dans une constante dépendance du Seigneur, peut s’en passer, et le traiter en intrus et en objet de scandale.

Il est aussi profondément intéressant d’observer les expressions choisies par l’apôtre. Même en parlant du Seigneur, il ne dit pas κρινων, mais ανακρινων με. La vérité est que le croyant ne vient jamais en jugement (κρινων), comme notre Seigneur l’établit Lui-même en Jean 5 ; s’il vient en jugement, c’est qu’il est perdu. La vie et le jugement sont incompatibles. Celui qui refuse Christ et la vie en Lui sera certainement jugé. Il est perdu, et ce sera alors manifesté.

Tel est la manière dont l’honneur de Christ est défendu vis-à-vis de ceux qui ont méprisé et rejeté Son Fils. Ceux qui croient en Lui ne sont pas appelés à rendre un hommage obligatoire et ruineux ; ils se courbent avec bonheur déjà maintenant devant Celui qui est leur Seigneur et leur vie. Ils rendront compte à Dieu ; ils recevront selon ce qu’ils auront fait dans le corps (2 Cor. 5:10) quand ils seront manifestés devant le tribunal de Christ ; mais ils ne viendront jamais en jugement, ayant déjà la foi et la vie éternelle en Lui. Ils s’exercent donc à avoir une bonne conscience maintenant ici-bas.

C’est ainsi que l’apôtre dit ici « car je n’ai rien sur ma conscience » (en disant cela il ne parlait pas de sa vie passée, où même alors il avait marché selon sa conscience, mais dans l’aveuglement et le péché « à main levée »). Or l’apôtre ajoute : « mais par là je ne suis pas justifié ». Il est bien d’avoir bonne conscience, mais cela ne justifie pas celui qui, en ceci ou cela, est aveuglé par l’amour du moi et par d’autres sentiments. Le Seigneur décidera à Sa venue. Il est le seul à pouvoir faire un examen adéquat. « Ainsi ne jugez rien avant le temps [ce que les Corinthiens faisaient probablement], jusqu’à ce que le Seigneur vienne, qui aussi [non pas jugera, mais] mettra en lumière les choses cachées des ténèbres, et qui manifestera les conseils des cœurs ; et alors chacun recevra sa louange de la part de Dieu ». À cette époque, tous ceux qui auront cherché les ténèbres pour éviter d’être détectés, seront exposés à la lumière de Dieu, qui manifestera même les conseils cachés que les cœurs eux-mêmes ont manqué de voir. Combien la louange des hommes est souvent trompeuse, maintenant que règnent surtout le factice et les ombres ! Alors chacun recevra la louange qui lui est due, et qui est durable et précieuse de la part de Dieu. L’apôtre ne parle que de cela ici. Il a déjà parlé de perdition et de salut lorsque le travail de l’ouvrier négligent sera consumé par le feu.

L’apôtre a ainsi établi à la fois la dépendance du serviteur vis-à-vis du Seigneur et son indépendance vis-à-vis des investigations des hommes. Mais bien sûr, cela ne nie pas que l’église a la responsabilité de juger la conduite. Il s’agit ici d’une question de conseils des cœurs, que personne ne peut analyser correctement, hormis le Seigneur qui le fera à Sa venue. « Et alors » ajoute-t-il solennellement, « chacun recevra sa louange de la part de Dieu ». Il pouvait parler ainsi librement et heureusement de son côté. Cela aurait dû sonder la conscience de beaucoup à Corinthe.

 

2.5   1 Cor. 11

J.N. Darby. Études sur la Parole. 1 Corinthiens 11

2.5.1       [La dignité et le jugement de soi-même pour participer à la cène]

[11:28] Il ne s’agit pas de s’enquérir si l’on est digne de participer à la cène ; [11:27] ce qui est blâmé ici, c’est qu’on y participe d’une manière indigne. [11:28] Tout chrétien, à moins d’un péché qui l’exclue, est digne de participer à la cène, parce qu’il est chrétien ; [11:29] mais il peut arriver à tout chrétien d’y aller sans se juger ou sans apprécier, comme il le doit, ce que la cène lui rappelle, et ce que Christ a rattaché à l’institution : en agissant ainsi, il n’a pas fait la différence entre le corps du Seigneur et un repas ordinaire, et en ne le faisant pas, [11:31] il n’a pas jugé le mal qui était en lui. Dieu ne peut pas nous laisser ainsi dans l’insouciance : si le croyant se juge lui-même, le Seigneur ne le juge pas ; [11:32] si nous ne nous jugeons pas, le Seigneur juge ; mais lorsque le chrétien est jugé, il est châtié par le Seigneur afin qu’il ne soit pas condamné avec le monde (v. 31, 32).

 

2.5.2       [Le gouvernement du Seigneur sur les siens — La communion]

[11:32] Ces voies du Seigneur en châtiment, sont des actes du gouvernement de Dieu confié aux mains du Seigneur qui juge sa propre maison, vérité importante et trop oubliée! Sans doute, le résultat de tout est selon les conseils de Dieu qui déploie dans ce gouvernement, toute sa sagesse, sa patience et la justice de ses voies ; mais ce gouvernement est réel. Dieu veut le bien de son peuple à la fin, mais il veut la sainteté, un coeur dont l’état réponde à ce qu’il a révélé (et il s’est révélé Lui-même), et une marche qui en soit l’expression. L’état normal du chrétien, c’est la communion avec Dieu, avec le Père et avec son Fils Jésus, selon la puissance de ce qui a été révélé ; si en pratique on manque à la sainteté, on ne marche pas avec Dieu, la communion est perdue et ainsi la force pour glorifier Dieu, force qui ne se trouve nulle part ailleurs que dans cette communion. [11:31] Mais si l’on se juge, il y a restauration ; le coeur étant purifié du mal en jugeant ce mal, la communion est rétablie. [11:32] Si l’on ne se juge pas, il faut que Dieu intervienne et qu’il corrige et purifie par la discipline, discipline qui peut aller jusqu’à la mort (voyez Job 34 et 36 ; 1 Jean 5:16 ; Jacques 5:14, 15).

 

2.5.3       [Le jugement de soi-même : la marche dans la lumière divine]

[11:31] Il nous reste encore une ou deux remarques à faire. «Se juger soi-même» n’est pas rendu dans le grec par le même mot que «être jugé» de la fin du verset, qui veut dire «être jugé du Seigneur». Le mot employé pour exprimer le premier de ces deux actes est le même que celui qui est employé, lorsqu’il est dit au v. 29 : «ne distinguant pas le corps». Ainsi ce que nous avons à faire en allant à la cène, n’est pas seulement de juger un mal commis, mais de discerner notre état tel qu’il est manifesté dans la lumière et de marcher dans la lumière comme Dieu lui-même est dans la lumière. C’est cette marche dans la lumière qui nous empêche de tomber dans le mal, en actes ou en pensée : ensuite, si nous y sommes tombés, il ne suffit pas de juger l’acte, il nous faut nous juger nous-mêmes, juger l’état du coeur, la tendance, la négligence qui nous a fait tomber dans le mal, en un mot, ce qui n’est pas communion avec Dieu ou qui empêche cette communion. C’est ainsi que le Seigneur en a agi avec Pierre : il ne lui a pas reproché sa faute, il en a jugé la racine.

[11:32] De plus, l’Assemblée doit pouvoir discerner les voies de Dieu dans ces châtiments. Dieu agit en châtiant, comme nous l’avons vu dans Job ; mais les saints ont la pensée de Christ par l’Esprit de Christ, et ils doivent discerner leur propre condition.