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Dieu console ceux qui sont abaissés
2 Corinthiens 7:6
Briem Christian (ajouts bibliquest entre crochets)
Gottes kostbare Gedanken, p.257-269
1 [Les particularités de la deuxième épître aux Corinthiens]
2 Soupçons contre le serviteur du Seigneur
Nulle part ailleurs que dans la deuxième épître aux Corinthiens, on ne trouve de description aussi touchante de ce qu’est l’esprit de service, l’amour chrétien et le vrai dévouement. Cette épître de l’apôtre Paul nous est en général moins familière. Elle nous semble aussi moins riche que les autres épîtres du Nouveau Testament. En effet, elle ne contient guère d’enseignements importants, contrairement à la première épître adressée aux mêmes destinataires. En outre, ce qui rend la deuxième épître un peu plus difficile à comprendre, ce sont les transitions soudaines que l’on rencontre souvent dans les sujets et les sentiments de l’auteur. Ainsi, nous trouvons une grande joie et une profonde détresse côte à côte. La consolation et le blâme, la tendresse et la gravité se succèdent en une suite rapide. La complexité structurelle du texte renforce la difficulté de compréhension. Il y a par exemple de grandes insertions ou parenthèses, voire même des insertions dans une insertion. Si on ne les reconnaît pas, on a déjà du mal à voir le lien. Et pourtant, cette épître, la plus personnelle de toutes celles de l’écrivain inspiré, contient une foule de beautés morales comme aucune autre. Aujourd’hui, nous allons nous pencher sur l’un de ces charmants «tableaux» et nous en imprégner.
L’apôtre avait écrit sa première lettre importante aux croyants de Corinthe. Dans cette lettre, il les avait sérieusement blâmés pour certaines situations inacceptables, et avait dû corriger plusieurs comportements fautifs. Il aimait ces chrétiens, ils étaient ses enfants spirituels (1 Cor. 4:15). Mais il était affligé de ce qu’ils avaient prêté l’oreille à de faux docteurs qui cherchaient à saper l’enseignement du grand apôtre en méprisant sa personne et en lui imputant de fausses motivations. Comment les Corinthiens avaient-ils accueilli cette lettre grave ? Changeaient-ils de pensées et se repentaient-ils, ou cela ne faisait-il que les éloigner davantage ?
Ces questions tourmentaient le cœur de l’apôtre, au point qu’il n’avait pas utilisé la porte que le Seigneur lui avait ouverte pour l’évangile en Troade (2 Cor. 2:12). Il avait espéré y rencontrer Tite et recevoir de lui des nouvelles de Corinthe. Mais n’y ayant pas trouvé son frère, il n’avait pas eu de repos dans son esprit. Il prit donc congé d’eux et partit vers la Macédoine (2 Cor. 2:13).
Si nous faisons un grand saut depuis ce passage du ch. 2 de notre épître jusqu’au ch. 7 v. 5, nous pouvons continuer à lire directement sans trouver d’interruption ou de manque : «Car aussi, lorsque nous sommes arrivés en Macédoine, notre chair n’eut aucun repos, mais nous fûmes affligés en toute manière ; au dehors des combats, au dedans des craintes». En fait, l’auteur reprend ici le fil historique du ch. 2, de sorte que toute la partie intermédiaire constitue une grande parenthèse dans le flot des pensées de l’apôtre. Nous avons également ici le cas mentionné, où une insertion contient à son tour d’autres pensées intercalaires. Cette «insertion dans l’insertion» s’étend du ch. 4 v. 7, jusqu’au dernier verset du ch. 5. Dans la grande insertion que nous venons de sauter, l’apôtre montre quels étaient le caractère et les principes du ministère que Dieu lui avait confié. C’était d’autant plus nécessaire que de faux enseignants parmi eux remettaient en question ce ministère, et attribuaient à ce serviteur de Dieu des motifs malhonnêtes.
Or, lorsque l’apôtre, au v.2 du ch. 7, fait appel de manière touchante au cœur des Corinthiens en leur disant : «Recevez-nous ; nous n’avons fait tort à personne, nous n’avons ruiné personne, nous n’avons spolié personne», nous pouvons déduire de ces paroles quelle sorte d’accusations on lançait. Et ce qui était particulièrement triste, c’est que les Corinthiens les avaient plus ou moins écoutées. Ne connaissaient-ils donc pas leur père spirituel, qui les avait engendrés par l’évangile ? N’avaient-ils pas fait l’expérience d’être infiniment bénis par lui, et n’avaient-ils pas pu éprouver sa fidélité ? Pourquoi donc croyaient-ils si volontiers les affirmations non prouvées de ses adversaires ? Pourquoi ne s’étaient-ils pas aperçus que ceux-là ne cherchaient qu’à se glisser dans leur cœur aux dépens de l’apôtre ?
La réponse est simple, et pour nous aussi, elle est très instructive : ils avaient pris goût au monde et s’étaient liés à lui (ch. 6 v.14 et suiv.). Il n’était donc pas surprenant que la vérité de Dieu avait largement perdu de sa valeur du point de vue pratique pour eux, et qu’à la place ils s’étaient ouverts à des opinions erronées. Leur méfiance à l’égard de celui qui annonçait la vérité, nourrie par les enseignants en question, ne faisait que montrer clairement à quel point leur propre état intérieur était mauvais. Le fait qu’ils aient accepté si volontiers les rumeurs malveillantes sur le serviteur du Seigneur n’était en effet pas un bon signe pour eux. Aujourd’hui encore, ce n’est pas un bon signe pour ceux qui agissent ainsi.
Combien l’apôtre a dû être peiné d’apprendre une telle méfiance à son égard de la part de ses chers Corinthiens ! Mais il n’en parle pas. Maintenant qu’il les sait sur le chemin de la restauration, il leur ouvre son cœur, et leur fait savoir ce qui s’y est passé. D’habitude, il ne parle pas de lui, l’amour pense aux autres. Mais maintenant, c’est justement cet amour qui lui commandait de leur ouvrir son cœur, et de les laisser voir ce qu’il y avait dedans, afin de les gagner d’autant plus. Un commentateur apprécié parle à ce propos de la «souplesse de la puissance de l’amour». Combien nous pouvons la percevoir chez l’apôtre bien-aimé, et combien en cela il suivait aussi si fidèlement son grand Maître !
Lorsque l’apôtre et ses compagnons arrivèrent en Macédoine, «leur chair» — une expression pour désigner la faiblesse du corps humain — n’y trouva aucun repos. Ils étaient affligés de toute manière. Au dehors, des combats leur étaient imposés, et au dedans, des craintes rongeaient leur cœur. C’est précisément le caractère de ces détresses qui nous rendent cet homme de Dieu si grand, si digne d’être aimé. Si nous comparons nos soucis à cela, ne devons-nous pas dire qu’ils sont pour la plupart très égocentriques ? Mais la «sollicitude pour toutes les assemblées», en connaissons-nous aussi quelque chose ? Ou bien nos intérêts sont-ils ailleurs, plus ou moins dans le monde ? Certes, nous pouvons venir à notre Seigneur avec tous nos soucis, mais combien peu souvent c’est le bien-être du peuple de Dieu qui nous fait nous agenouiller ! En revanche, quelle attitude noble nous voyons chez l’apôtre ! Il ne s’inquiète pas pour lui-même, mais sa chair ne trouve pas de repos à cause de son inquiétude à l’égard des saints de Corinthe.
Il les avait assurés qu’ils étaient «dans leur cœur à mourir ensemble et à vivre ensemble» (2 Cor. 7:11 ; voir 6:11). Il se sentait si intimement lié à eux que, s’ils mouraient, lui aussi mourait, et s’ils vivaient et se portaient bien spirituellement, lui aussi vivait. Mais c’était eux qui ne s’étaient pas bien portés spirituellement, et c’est pourquoi il était profondément inquiet à leur sujet. De plus, il ne savait pas comment ils avaient reçu sa lettre. Il l’avait écrite sous l’inspiration du Saint Esprit, et il savait qu’elle était de nature à les «attrister» (2 Cor. 7:8). L’inquiétude quant aux conséquences de cette lettre, et la crainte de se les être complètement aliénés le faisaient cependant trembler. Oui, il avait même carrément regretté d’avoir écrit cette lettre.
Il s’agit certes d’une affaire extraordinaire : pendant un petit moment, l’écrivain saint a perdu de vue le vrai caractère de sa lettre, oubliant que ce n’était pas lui qui était responsable de ce qu’il avait écrit, mais le Saint Esprit qui avait guidé sa plume. Mais réfléchissons : C’est l’amour des Corinthiens et le souci à leur égard qui ont un instant troublé son jugement spirituel !
Remarquons plus qu’en passant que nous devons apprendre à distinguer le vase humain, la personnalité de l’apôtre, de l’inspiration par le Saint Esprit. L’instrument utilisé était en soi tout à fait imparfait, mais pas le Saint Esprit qui l’utilisait et qui a produit un résultat parfait. Inspiré par Lui, l’apôtre s’est vu, par exemple, obligé d’écrire sur sa propre faiblesse. Humainement parlant, il aurait pu garder cela pour lui. Mais il voulait laisser les croyants regarder dans son cœur pour leur montrer ce qui s’y passait à cause d’eux. Merveilleuse grâce de Dieu dans un homme qui avait les mêmes passions que nous ! Combien il se rapprochait de son Maître, sauf que celui-ci était parfait de tout côté !
Nous pouvons nous demander comment il était possible que Paul puisse ressentir et agir si profondément, si divinement. C’est qu’il vivait en communion avec son Seigneur. Et même si l’état de l’assemblée était honteusement bas, ces deux principes le guidaient quand même toujours : prendre le parti de l’honneur du Seigneur et de l’amour pour les Siens.
Il en était de même pour Moïse. Comment se fait-il que cet homme de Dieu ait fait exactement ce qu’il fallait, presque instinctivement, dans des situations dangereuses, sans avoir reçu d’instructions de Dieu à ce sujet ? Comment pouvait-il, par exemple, briser sans hésiter les deux tables qui pourtant avaient été écrites avec le doigt de Dieu ? Comment savait-il qu’il devait dresser sa tente hors du camp ? Le maintien de la gloire de Dieu et l’amour pour Son peuple étaient les mobiles de son action. S’ils nous manquent, bien-aimés, nous ne devons pas nous étonner de sombrer toujours plus avant dans un état d’indifférence et d’impuissance. Seuls le souvenir de ce qui est dû à l’honneur du Seigneur et un amour profond pour Son assemblée peuvent nous en préserver. Ces deux principes susciteront également en nous un juste ressenti de notre véritable état et la tristesse qui en découle. Paul n’avait rien à se reprocher. Nous, au contraire, nous avons une large part de culpabilité dans le bas état de l’assemblée. Mais si nous le ressentons et si nous en souffrons, nous connaîtrons aussi la consolation de Dieu.
Nous avons vu quelles étaient les craintes et les inquiétudes de l’apôtre au sujet de l’assemblée de Corinthe. Nous arrivons maintenant à une déclaration qui peut vraiment nous réjouir :
«Mais Celui qui console ceux qui sont abaissés, Dieu, nous a consolés par la venue de Tite» (2 Cor. 7:6).
La manière de s’exprimer est déjà remarquable. Il n’est pas simplement dit : «Dieu console ceux qui sont abaissés». Cela serait vrai, incontestablement. Mais la forme de l’expression en dit plus, et signifie quelque chose comme ceci : ‘Il y a quelqu’un qui console ceux qui sont abaissés, et c’est Dieu’. Nous trouvons une expression similaire, bien que dans un contexte différent, au ch. 1, lorsqu’il est dit : «Celui qui nous lie fermement avec vous à Christ et qui nous a oints, c’est Dieu» (2 Cor. 1:21). Ce n’est personne d’autre que Dieu qui nous a affermis en Christ et nous a oints ; et c’est aussi Lui qui console ceux qui sont abaissés.
Voulons-nous en faire partie ! Alors acceptons les abaissements que nous subissons de la main de notre Dieu et disons avec le psalmiste : «Je sais, ô Éternel… que c’est en fidélité que tu m'as affligé» (Ps. 119:75). «Tout cœur orgueilleux est en abomination à l’Éternel» (Prov. 16:5). C’est à ceux-là qu’Il doit résister, «mais Il donne la grâce aux humbles» (1 Pierre 5:5). C’est pourquoi il est bon de faire partie de ceux qui sont abaissés et de pouvoir dire : «Il est bon pour moi que j’aie été affligé» (Ps. 119:71). Dieu a, si nous pouvons dire ainsi, une prédilection particulière pour ce qui est abaissé, pour «ce qui n’est pas» (1 Cor. 1:28). Ceux qui sont abaissés font l’expérience de la grâce de Dieu, y compris sous la forme de consolations.
Le prophète Jérémie a dû un jour se lamenter sur la ruine de la fille de son peuple. Son œil coulait, son œil se fondait en eau. L’ennemi avait été le plus fort, et le consolateur était loin de lui (le prophète). Quant à Sion, elle étendait les mains, mais il n’y avait personne pour la consoler (Lam. 1:16,17 ; 2:11). Combien cela est bouleversant ! Mais si nous sommes abaissés à nos propres yeux, et si nous nous associons aux humbles (Rom. 12:16), nous pouvons nous réjouir des consolations de notre Dieu et Père. C’est quelque chose que nous ne pourrons plus vivre de la même manière au ciel.
Les consolations de Dieu nous parviennent de différentes manières. À l’époque, Dieu a d’abord consolé Paul et ses collaborateurs par l’arrivée de Tite. Le simple fait de revoir ce fidèle serviteur de Dieu les réconfortait. Il en fut de même lorsque Paul se rendit à Rome et que les frères vinrent à sa rencontre ; en les voyant, «il rendit grâce à Dieu et prit courage» (Actes 28:15). N’avons-nous pas, nous aussi dans notre faible mesure, fait l’expérience de quelque chose de semblable ? Dieu ne nous a-t-il pas déjà rafraîchi et redonné courage par la visite, peut-être inespérée, d’un chrétien pieux ou par la rencontre de personnes partageant les mêmes sentiments que nous ?
Ce n’est «pas seulement par la venue de Tite» qu’ils ont été consolés, «mais aussi par la consolation dont il a été rempli à votre sujet» (2 Cor. 7:17). Tite lui-même faisait également partie de «ceux qui sont abaissés». Il s’était rendu à Corinthe dans une mission difficile, certainement inquiet de l’accueil qui lui serait réservé. Mais ce qu’il avait vécu ensuite était de nature à le remplir de consolation et de joie. Il a pu constater que Dieu avait agi dans leurs cœurs. Et lorsqu’il a fait part de tout cela à l’apôtre et aux frères qui l’entouraient, ils furent consolés de la même consolation dont il avait été consolé chez les Corinthiens. L’exclamation de l’apôtre Paul est presque exubérante : «Je suis rempli de consolation, ma joie surabonde au milieu de toute notre affliction» (2 Cor. 7:4).
Ne devrions-nous pas, nous aussi, être attentifs aux bonnes nouvelles ? De toute façon, nous ne sommes pas épargnés des mauvaises. Mais n’avons-nous pas parfois négligé le fait que Dieu, dans sa grâce, a voulu nous consoler et nous encourager par la nouvelle d’une évolution heureuse ? Mais nous étions tellement préoccupés par le mal et la tristesse que Ses efforts nous ont échappé.
Dieu console ceux qui sont abaissés de bien des manières. Tantôt Il laisse notre œil glisser sur une parole de l’Écriture qui, tout à coup, nous interpelle particulièrement. Tantôt lors d’une prédication de Sa Parole, Il fait exprimer une pensée qui nous est personnellement destinée et qui tombe comme un baume sur le cœur blessé. Et n’avons-nous pas tous fait l’expérience, plus d’une fois, que le verset et le sujet du feuillet du jour du calendrier touchaient exactement le cœur de nos problèmes ! C’est comme si Dieu éclairait d’un coup la situation ou le moral dans lequel nous nous trouvions, et qu’Il apaisait notre âme.
Combien Il est bon ! Mais chers amis, utilisons aussi les autres moyens qu’Il nous accorde dans Sa grâce ! Sinon, nous ne serons que perdants. «Celui qui console ceux qui sont abaissés, Dieu nous a consolés...». Heureuse réalité ! «Ô notre Dieu, nous te louons pour cela».