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Commentaire sur Actes 9

 

Briem Christian

Traduit de l’allemand, Commentaire sur Actes 9.
Collection « Un peuple pour Son Nom » partie 5
Ed. Christliche Schriftenverbreitung, CSV, 2006

 

Des variantes de traduction du texte biblique par rapport à la version J.N.Darby sont signalés par un soulignement.

Table des matières abrégée :

1      Saul de Tarse — Actes 9:1-31

1.1       Une conversion exemplaire

1.2       Saul à Damas — Actes 9:19

1.3       À Jérusalem — Actes 9:26

1.4       La paix après l’orage — Actes 9:31

2      Pierre à Lydde et à Joppé — Actes 9:32-43

2.1       Pierre à Lydde — Actes 9:32-35

2.2       Pierre à Joppé — Actes 9:36-43

 

 

Table des matières détaillée :

1      Saul de Tarse — Actes 9:1-31

1.1       Une conversion exemplaire

1.1.1        Qui était Saul ?

1.1.2        Menace et meurtre — Actes 9:1-2

1.1.3        La voie chrétienne — Actes 9:2

1.1.4        L’exaucement de deux prières — Actes 7:60 et Luc 23:34

1.1.5        Une lumière venant du ciel — Actes 9:3-5

1.1.6        La voix venant du ciel — Actes 9:5

1.1.6.1     Regimber contre les aiguillons — Actes 26:14

1.1.6.2     Deux grands faits du christianisme — Actes 9:4 et 22:7, 8

1.1.6.3     Miséricorde et grâce — Actes 9:6

1.1.7        Obéissance et caractères de la nouvelle vie — Actes 26:19

1.1.8        Aveugle en route vers Damas — Actes 9:7-9

1.1.9        Gouvernement divin — Actes 9:10

1.1.10      La mission du Seigneur à Ananias — Actes 9:10-12

1.1.11      Une relation confiante — Actes 9:13-16

1.1.11.1       Comme des amis — Actes 9:13-14

1.1.11.2       Un vase d’élection — Actes 9:15

1.1.12      Saul, frère — Actes 9:17

1.1.13      Nouvelle naissance — sceau — salut — Actes 9:18

1.2       Saul à Damas — Actes 9:19

1.2.1        Préparation au ministère — Actes 9:19b

1.2.2        Jésus le Fils de Dieu — Actes 9:20

1.2.3        Réaction à la prédication de Saul — Actes 9:21

1.2.3.1     Jésus — le Christ — Actes 9:22

1.2.3.2     Résistance — Actes 9:23-25 et 2 Cor. 11:32, 33

1.3       À Jérusalem — Actes 9:26

1.3.1        Un apôtre de Jésus Christ

1.3.2        Recevoir dans la communion — Actes 9:27-28

1.3.3        De Jérusalem à Tarse — Actes 9:28-30

1.4       La paix après l’orage — Actes 9:31

1.4.1        Une paix extérieure, un cadeau de Dieu

1.4.2        L’assemblée sous trois aspects

1.4.3        Des résultats bénis

1.4.3.1     L’édification

1.4.3.2     La crainte du Seigneur

1.4.3.3     La croissance

2      Pierre à Lydde et à Joppé — Actes 9:32-43

2.1       Pierre à Lydde — Actes 9:32-35

2.1.1        … Qui guérit toutes tes maladies — Actes 9:33-34

2.1.2        Quand des enfants de Dieu sont malades

2.1.3        La guérison et ses effets — Actes 9:35

2.2       Pierre à Joppé — Actes 9:36-43

2.2.1        De bonnes œuvres — Actes 9:36

2.2.2        Une disciple du Seigneur meurt — Actes 9:37-38

2.2.3        La foi met son espérance en Dieu

2.2.4        Un monument d’étoffe et de tissu — Actes 9:39

2.2.5        Tabitha, lève-toi ! — Actes 9:40-41

2.2.6        Beaucoup crurent au Seigneur — Actes 9:42-43

 

 

 

 

 

1                    Saul de Tarse — Actes 9:1-31

Le livre des Actes contient deux événements d’importance extrême : l’effusion du Saint Esprit à la Pentecôte au ch. 2 et la conversion de Saul au ch. 9. Naturellement le baptême du Saint Esprit est d’une importance fondamentale et unique. Mais la conversion de celui qui serait plus tard l’« apôtre des nations » devait également avoir des conséquences incalculables.

 

1.1   Une conversion exemplaire

Luc, l’écrivain-historien inspiré de Dieu, reprend maintenant le fil de sa narration interrompu précédemment (8:3), de sorte que la partie principale du ch. 8 peut être considérée comme une parenthèse, c’est-à-dire que Luc y parle de circonstances qui se sont déroulées parallèlement sur une autre ligne. Mais maintenant il veut dépeindre la conversion merveilleuse de cet homme qui avait joué un rôle décisif de meneur dans la lapidation d’Étienne et dans la persécution des disciples du Seigneur qui en a été la suite immédiate (7:58 et 8:1-3).

Le récit de cette conversion hautement dramatique, contient des traits communs à toute conversion d’homme au Seigneur, mais certains autres apparaissent qui sont spécifiques à la seule conversion de Saul, et ne sont transposables à aucune autre conversion. En général, toute conversion personnelle présente aussi des traits particuliers qui ne sont pas reproductibles. Nous devrions toujours avoir cela présent à l’esprit dans la suite de nos méditations pour nous garder de fausses conclusions.

Nous trouvons en tout dans les Actes, trois récits de la conversion de Saul. Au ch. 9 c’est le récit historique, celui de l’écrivain qu’il a donné sous la direction et le contrôle du Saint Esprit au sujet de cet événement majeur. Plus tard, l’apôtre Paul en redit lui-même quelque chose en deux occasions (ch. 22 et 26). Ce sont des descriptions personnelles de ce qu’il a vécu devant différents auditoires. En rapport avec le but précis qu’il poursuivait dans chacun de ces cas, il a mis l’accent chaque fois sur quelque chose de différent, et a mentionné des détails supplémentaires que le récit historique ne contient pas. Ainsi tout correspond à l’ordre divin, quand nous voyons placés devant nous en premier lieu le récit historique de Luc, puis dans la suite du livre des Actes les restitutions personnelles des événements faites par l’apôtre Paul. La conversion elle-même eut lieu en l’an 33 après J.C. comme on l’admet généralement aujourd’hui.

 

1.1.1       Qui était Saul ?

Pour savoir quelque chose au sujet de la personne de Saul, mieux vaut le laisser lui-même donner la réponse. Devant ses frères juifs, il témoigne plus tard : « Je suis Juif, né à Tarse de Cilicie, mais élevé dans cette ville-ci, et instruit aux pieds de Gamaliel, selon l’exactitude de la loi de nos pères » (22:3). Bien qu’il soit né en dehors de la terre sainte (à Tarse, la capitale de la Cilicie, province romaine d’Asie Mineure située entre la Pamphylie et la Mésopotamie), il avait pourtant reçu son éducation religieuse à Jérusalem par le réputé Gamaliel.

Par ses ancêtres il possédait la citoyenneté romaine. Vraisemblablement cette dignité héréditaire leur avait été conférée pour avoir bien mérité de l’état romain en quelque manière. Saul était donc « romain » (22:25-28) — une circonstance qui devait avoir de l’importance dans son chemin ultérieur. Cependant il ne faisait pas partie proprement des Juifs hellénistes, spécialement nombreux dans la dispersion (diaspora). Il était plutôt « hébreu des hébreux », « pharisien » et « fils de pharisien » comme il l’exprimera plus tard (Phil. 3:5 et Actes 23:6). Déjà ses ancêtres avaient appartenu à ce parti religieux strict.

En ce qui concerne son zèle pour la loi et la tradition de ses pères, il était « persécuteur de l’assemblée » de Dieu, la persécutant outre mesure et la dévastant (Phil. 3:6 ; Gal 1:13). Ce qui le déterminait à cette haine contre les disciples du Seigneur, n’était pas, comme nous l’avons vu, une misérable soif de meurtre et de cruauté, mais c’était la conviction que ce mouvement détruisait la foi juive et devait être combattu par tous les moyens. C’est justement ce qu’il fit avec « une conscience pure » (2 Tim. 1:3). Ce seul fait nous fait comprendre que la conscience, sans la lumière de la Parole de Dieu et sans la connaissance du Seigneur Jésus Christ, ne peut jamais être un guide sûr. En plus Saul était aveugle au sujet de cette personne du Seigneur, et il pensait en lui-même qu’il fallait faire beaucoup contre le nom de Jésus le nazaréen (26:9).

 

1.1.2       Menace et meurtre — Actes 9:1-2

Arrivé à ce point de l’histoire de Saul, Luc introduit la description de son comportement de la manière suivante :

« Or Saul, respirant encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur, alla au souverain sacrificateur et lui demanda pour Damas des lettres adressées aux synagogues, en sorte que, s’il en trouvait quelques-uns qui fussent de la voie, il les amenât, hommes et femmes, liés à Jérusalem » (9:1, 2).

Paroles fortes ! Il respirait menace et meurtre ! L’ardeur de sa haine contre les disciples du Seigneur n’avait été nullement refroidie par ce qu’il avait fait contre eux à Jérusalem. Sa respiration contre eux, pour ainsi dire, demeurait toujours remplie de menace et de meurtre.

Cela montre clairement qu’Étienne n’a pas été le seul à trouver la mort sous sa main, mais que beaucoup d’autres ont aussi été mis à mort au cours de la persécution. Il s’était maintenant mis en devoir de persécuter les croyants, même jusque dans les villes étrangères (26:11).

Pour cela, il était nécessaire d’avoir une délégation de pouvoir correspondante de la part du souverain sacrificateur qui, à l’époque, était encore Caïphe. Les Romains avaient concédé certains droits de souveraineté au souverain sacrificateur en tant que chef religieux des Juifs, y compris sur ceux établis à l’étranger. Du fait que le souverain sacrificateur présidait en même temps le sanhédrin, il était nécessaire d’avoir son habilitation. À sa demande, Saul avait obtenu les délégations de pouvoir nécessaires, étant soutenu par tout le corps des anciens (22:5), et il s’était mis en route avec son dessein meurtrier et avec ces « lettres » pour les synagogues de Damas.

Damas est située à plus de 200 km de Jérusalem, et ainsi Saul et ses accompagnateurs avaient à parcourir une longue distance exigeant du temps. Il est vrai que nous ne connaissons pas le nombre de ses accompagnateurs, ni s’ils voyageaient à pied ou à cheval. Peut-être la remarque du ch. 9 (v.7) donne quelque indication : « Et les hommes qui faisaient route avec lui s’arrêtèrent tout interdits… » et également au v.8 : « et, le conduisant par la main, ils l’emmenèrent à Damas ». Cela semble indiquer qu’ils allaient à pied, d’autant plus que les pharisiens, comme un spécialiste l’a remarqué, utilisaient rarement les chevaux.

Il devait y avoir à Damas un bon nombre de Juifs qui s’étaient convertis au Seigneur Jésus, mais qui ne s’étaient pas encore séparés de la synagogue. C’est eux que le pourchasseur avait en vue afin que « s’il en trouvait quelques-uns qui fussent de la voie, il les amenât, hommes et femmes, liés à Jérusalem ». Il est de nouveau question ici d’hommes et de femmes, comme au v.3 du ch.8. Les sentiments de Saul à l’encontre des disciples du Seigneur étaient d’une dureté et d’un tranchant qui ne lui faisait faire aucune différence dans la manière de traiter les hommes et les femmes.

Ses intentions n’étaient pas restées cachées aux croyants de Damas comme nous l’apprendrons plus tard de la bouche d’Ananias (9:14). Et si cette compagnie de voyageurs n’avançait que lentement, c’est avec d’autant plus d’inquiétude qu’ils les voyaient approcher, et ils utilisaient le temps qui restait pour faire solennellement appel au secours du Seigneur.

 

1.1.3       La voie chrétienne — Actes 9:2

Le lecteur est sûrement frappé par la formule intéressante « ceux qui seraient de la voie ». Cette expression se retrouve encore trois fois dans le livre des Actes sous une forme semblable. Au ch. 19, « comme quelques-uns, s’endurcissaient et étaient rebelles, disant du mal de la voie devant la multitude » (19:9), plus tard « il y eut en ce temps-là un grand trouble au sujet de la voie » (19:23), et enfin « Félix, ayant plus exactement connaissance de ce qui regardait la voie » (24:22).

« La voie » — De quelle sorte de voie s’agit-il ? C’est un peu difficile de donner l’origine de cette expression. Était-ce un terme de dénigrement servant aux ennemis pour se moquer ? ou était-ce un nom de couverture servant aux croyants pour se protéger ?

Les passages suivants peuvent peut-être nous rapprocher de la solution à ces questions.

La servante à l’esprit de python caractérisait Paul et ses compagnons comme des « esclaves du Dieu Très-haut qui vous annoncent la voie du salut » (16:17). Apollos « était instruit dans la voie du Seigneur » (18:25). Pensons enfin à ce que le Seigneur a dit : « Je suis le chemin [même mot que la voie], la vérité et la vie » (Jean 14:6) : nous nous rapprochons alors de la conclusion, selon laquelle ce terme « la voie » désigne la voie chrétienne, le chemin chrétien, et que cela inclut tous ceux qui, à cette époque, confessaient faire partie de la chrétienté.

À ce moment-là, les disciples n’étaient pas encore nommés « chrétiens ». Ce n’est qu’à Antioche que cette désignation leur sera attribuée (11:26), et à l’époque c’était clairement un terme de mépris pour décrire la « secte des Nazaréens » (24:5). Plus tard Pierre a repris et assumé ce nom de chrétien dans un sens tout à fait honorable (1 Pierre 4:16).

Cependant il n’est pas tout à fait clair qui a utilisé en premier cette expression « la voie » pour désigner les chrétiens, et qui a choisi de l’assumer. Il est tout à fait possible que les disciples du Seigneur, dans un temps grave de persécutions, se soient servis de cette expression pour se camoufler derrière. Mais quelle consolation : cette voie les conduisait et nous conduit, certes à travers le désert, mais elle aboutit dans la gloire et le repos éternels !

Marchons-nous tous dans cette « voie » ? ou bien l’un ou l’autre de mes lecteurs se contente-t-il, comme Félix, d’une certaine connaissance de cette voie ? Il peut arriver qu’aujourd’hui on ne parle pas en bien de la voie de ceux qui suivent le Seigneur Jésus. On peut même compter que cela arrivera, et il peut même arriver qu’il naisse « un grand trouble au sujet de la voie » (19:23) et que cela nous crée des difficultés. Continuons malgré tout la voie chrétienne ! il n’y a rien de mieux !

 

1.1.4       L’exaucement de deux prières — Actes 7:60 et Luc 23:34

Nous continuons, pour ainsi dire, à suivre Saul sur son chemin vers Damas, et nous arrivons à quelque chose de prodigieux ; nous verrons que la prière du martyr Étienne (7:60) en train de mourir n’a pas été vaine.

Avant lui déjà, le Sauveur sur la croix avait prié Son Père. C’était la première des sept paroles prononcées par le Sauveur sur la croix : « Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu’ils font » (Luc 23:34).

La manière merveilleuse dont cette prière fut exaucée se voit clairement par la mission que le Ressuscité a donnée à Ses disciples. C’est justement au jour de Sa Résurrection qu’Il leur a commandé de prêcher en son nom la repentance et la rémission des péchés à toutes les nations, en commençant par Jérusalem (Luc 24:47). Tous les hommes devaient maintenant être atteints par une prédication ouverte du plein évangile. Il s’agissait aussi bien de ceux qui étaient vivants à l’époque que de ceux des temps ultérieurs : il n’y a pas de différence ; tous sont inclus dans le dessein de grâce de Dieu.

La prière d’Étienne a eu également un heureux exaucement. C’était tout à fait dans l’esprit de son Seigneur et Maître de prier pour ses meurtriers et de lancer tout fort l’appel : « Seigneur, ne leur impute point ce péché » (7:60). Maintenant en Actes 9, par la grâce de Dieu, la miséricorde devait être accordée à un homme qui avait joué un rôle déterminant dans sa mise à mort, car il l’avait fait dans l’ignorance de l’incrédulité. Toute la patience de Dieu devait se montrer en lui, afin qu’il fût un exemple pour ceux qui viendraient à croire au Seigneur Jésus pour la vie éternelle (1 Tim. 1:13-16). Cet homme était Saul de Tarse.

 

1.1.5       Une lumière venant du ciel — Actes 9:3-5

« Et, comme ils étaient en chemin, il arriva qu’il approcha de Damas ; et tout à coup une lumière brilla du ciel comme un éclair autour de lui. Et étant tombé par terre, il entendit une voix qui lui disait : Saul ! Saul ! Pourquoi me persécutes-tu ? Et il dit : Qui es-tu, Seigneur ? » (9:3-5).

Damas est une des villes les plus anciennes (Gen. 14:15 et 15:2), et l’on dit qu’elle avait été une des plus belles villes du monde. Leur propre prophète la nomme « la perle de l’orient ». Nous ne savons pas si Saul la voyait déjà de loin quand il s’en approchait. Mais il dut apercevoir à ce moment-là quelque chose d’autre, infiniment plus grand, — quelque chose de beaucoup plus glorieux que tout ce que le monde peut offrir. Cet aperçu lui fut réservé à lui seul, — un aperçu qui resta gravé au fond de son cœur et qui changea et forma sa vie ultérieure pour toujours.

Soudain vers midi, quand le soleil était au zénith et irradiait la ville de sa lumière ardente de midi, une lumière vint du ciel qui dépassait l’éclat du soleil et rayonna autour de lui et de ceux qui voyageaient avec lui (26:13). Tous virent la lumière (22:9), mais hormis Saul, les autres ne virent personne (9:7) ; Saul fut le seul à voir le Seigneur glorifié (1 Cor. 9:1 ; 15:8). Tous entendirent la voix (9:7), mais Saul fut le seul à comprendre ce qu’elle disait (22:9). Tandis que cette lumière puissante et surnaturelle environnait les hommes, ils tombèrent tous par terre, aussi bien Saul que ceux qui l’accompagnaient (26:14). Tandis que les hommes se relevèrent bientôt, et se tinrent là muets parce qu’ils entendaient bien la voix, ou plutôt le son, eux ne voyaient personne (9:7). Saul resta allongé par terre, et c’est dans cette position qu’il entendit la voix venant du ciel (*).

 

(*) Les critiques incrédules qui ne croient pas à l’inspiration littérale de l’Écriture Sainte ont identifié des prétendues absurdités ou contradictions dans les trois récits. Mais ces contradictions n’existent que dans leur imagination. Dans le résumé des événements qui vient d’être donné, j’ai essayé de montrer comment le récit historique de Luc concorde avec les deux présentations personnelles données par Paul.

Voyons quelque chose de plus précis sur la voix qui a été entendue. Ce qu’on brandit comme une contradiction se révèle souvent être justement un exemple excellent de la précision de l’Écriture Sainte. C’est le cas ici. Dans le récit de Luc, il est déclaré que les hommes qui accompagnaient Saul entendirent bien la voix, mais ne virent personne (9:7). À l’inverse, dans sa réponse aux Juifs, Paul dit : « … mais ils n’entendirent pas la voix de celui qui me parlait » (Actes 22:9). Cela paraît être une contradiction, mais ce n’en est pas une. Précisément, quand le mot grec pour « entendre » (akouo) est utilisé avec l’accusatif, la « voix » désigne ce qui a été dit ; mais avec le génitif, la « voix » décrit ce qui provient de quelqu’un, c’est-à-dire plutôt le « son » ou le « bruit ». On peut dire aussi : le génitif fait plutôt penser à celui qui parle, et l’accusatif plutôt à ce qui est dit. Saul entendit la voix avec des paroles compréhensibles (accusatif) ; ses accompagnateurs entendirent qu’une voix sortait de quelqu’un (génitif) ; mais ils n’entendirent que le son de la voix sans comprendre les paroles. Ainsi entre les deux expressions du ch. 9:7 et du ch. 22:9, il n’y a aucune contradiction.

 

Quel événement prodigieux ! La lumière naturelle de la gloire de Dieu s’opposant au dévastateur des croyants et le jetant dans la poussière ! Personne ne peut supporter la vue de cette gloire, et Saul pas davantage. Ce que nous voyons ici, c’est la souveraineté de la grâce de Dieu par laquelle Il est prêt à bénir « le plus grand des pécheurs », et par suite tous les pécheurs. Même si personne en dehors de Saul n’a vu cette vision céleste, cependant la souveraineté de Dieu, dans laquelle Il veut bénir tout pécheur, demeure la même encore aujourd’hui. Sans la souveraineté de la grâce de Dieu, personne ne serait sauvé. Car tous nous ne méritons rien d’autre que le jugement éternel. Personne ne sera en enfer sans être obligé de reconnaître que Dieu dans Sa grâce et d’une manière ou d’une autre s’est aussi placé sur son chemin pour « préserver son âme de la fosse, et sa vie de se jeter sur l’épée » (Job 33:17, 18).

Saul a été conscient de se trouver dans la présence d’une Personne divine. La lumière ne pouvait pas être autre chose que la lumière de Dieu. Ce qu’il ne savait pas encore est que la personne qu’il voyait dans l’éclat de cette lumière était Jésus de Nazareth. On disait en général que Son corps avait été volé (Matt. 28:15). Nous ne savons pas si Paul croyait cette tromperie. En tout cas il pensait qu’il fallait faire beaucoup contre le Nom de Jésus, le Nazaréen. Il avait fait cela en bonne conscience comme nous l’avons déjà vu.

Avant d’aller plus loin, il y a une petite particularité qui mérite de retenir notre attention. Dans les trois récits, il est parlé de la lumière venue du ciel. Mais la manière de s’exprimer pour décrire cette lumière va en croissant d’un récit à l’autre. Dans le récit historique de Luc il est simplement parlé d’une « lumière » (9:3). Dans son discours de défense devant les Juifs, Paul parle d’une « grande lumière » (22:6), et dans sa défense devant Agrippa et Festus, il la décrit comme une « lumière plus éclatante que la splendeur du soleil » (26:13). Cela ne nous indique-t-il pas une appréciation croissante de la valeur de cette « lumière » dans la vie de cet homme ? Ne devrait-il pas en être de même pour nous, que la lumière de la Personne et de la gloire de notre Seigneur nous remplisse de bonheur dans une mesure croissante, au fur et à mesure que nous Le connaissons depuis plus longtemps.

Oui, Saul de Tarse a « vu le Seigneur » sur son chemin vers Damas (9:27) ; « le Seigneur Jésus lui est apparu » dans le chemin par où il venait (9:17). Le Seigneur Lui-même confirme cela plus tard (26:16). Et cette lumière de Sa gloire l’a jeté par terre. Humble et brisé, il gisait devant Lui. Voilà la place, chers amis, que nous avons tous à prendre devant Lui.

 

1.1.6       La voix venant du ciel — Actes 9:5

Mais maintenant une voix venant du ciel s’adresse à lui en langue hébraïque (26:14), et l’appelle par son nom : « Saul ! Saul !... ». Le ciel va-t-il lui donner maintenant sa bénédiction pour le chemin qu’il poursuit ? Va-t-il entendre, comme autrefois Abraham, des paroles d’approbation de ce qu’il fait ? C’est l’instant décisif, la question décisive. Quel coup de tonnerre l’atteignit par ces paroles venues du ciel ! « Pourquoi me persécutes-tu ? »

Qui est-ce qui lui parlait de cette façon ? Qui pourrait admettre que Saul se soit rendu coupable d’une pareille folie que de persécuter quelqu’un dans le ciel ? En fait ce qu’il vit et entendit dut l’humilier au plus haut point ! Car il y avait quelqu’un dans le ciel qui le connaissait avec précision, qui connaissait son chemin, qui jusque-là s’était tu à l’égard de tout, mais qui prononçait maintenant à son sujet ce jugement écrasant.

Cependant la voix n’était pas celle d’un juge impitoyable. Il éprouvait qu’une grâce indescriptible entrait là sur son chemin. Et ainsi il osa poser la question à la Personne qui lui parlait du ciel, et le Seigneur lui répondit :

« Et il dit : Qui es-tu, Seigneur ? Et il dit : Je suis Jésus que tu persécutes » (9:5).

La parole « Qui es-tu Seigneur ? » peut être venue de lèvres tremblantes, mais par elle Saul reconnaissait la souveraineté et l’autorité du Seigneur sur lui. Quand il entendit la réponse immédiate : « Je suis Jésus que tu persécutes », il comprit en un instant toute l’erreur et le péché caractérisant son chemin. Le Seigneur Jésus était vraiment dans le ciel, et Saul gisait brisé par terre devant Lui. Certainement la grande lumière qui dépassait l’éclat du soleil les avait tous illuminés, mais maintenant la lumière de Dieu tombait en sondant son âme.

L’accent mis sur les pronoms personnels dans cette courte phrase est frappant : « Je suis Jésus que tu persécutes ». Le Seigneur ne se présente qu’avec Son nom d’homme « Jésus ». Cependant Saul apprenait beaucoup plus que seulement ce nom : Celui-là était Jésus dans la gloire ! C’était Celui que les Juifs avaient rejeté et crucifié. Mais Dieu l’avait couronné de gloire.

La réalité et la vérité absolues de ce fait ont dû terrasser Saul. Quel force effectivement dans ces paroles brèves du Seigneur, avec l’accentuation du « Je » et du « Tu » : « Je suis Jésus que tu persécutes » ! D’un revers de main, Jésus balayait tous les mensonges sur Sa personne auxquels Saul avait cru, et Il révélait à cet homme religieux ce qu’il était en train de faire en vérité : il Le persécutait Lui, Jésus glorifié — il Le persécutait dans Ses disciples. Combien ce « Je… tu » était foudroyant !

 

1.1.6.1              Regimber contre les aiguillons — Actes 26:14

Nous ne pouvons guère nous représenter ce qui s’est passé à l’intérieur de cet homme quand il entendit ces paroles. Le chemin parcouru jusque-là, son dessein meurtrier sur le point d’être exécuté, — tout cela était maintenant comme une grande montagne noire devant lui, et rien ne pouvait l’en débarrasser. Quelle montagne de culpabilité : il avait persécuté Jésus ! Et ce Jésus était vivant, et Il était glorifié dans le ciel. C’est devant Lui qu’il était maintenant, face contre terre.

Après la première question : « Saul ! Saul !... ? », le Seigneur a encore dit quelques paroles que nous n’apprenons que par le dernier des trois récits :

« Il t’est dur de regimber contre les aiguillons » (26:14).

Le Seigneur utilise une expression connue en orient : « Regimber contre les aiguillons ». Quand les bœufs étaient sous le joug, ils étaient « aiguillonnés » par un long bâton mince et pointu pour les pousser à avancer. Irrités par la piqûre, ils repoussaient quelquefois l’instrument de leur tourment (c’est-à-dire ils regimbaient contre lui), ce qui naturellement ne faisait qu’aggraver ce tourment.

Il semble que, par cette image, le Seigneur Jésus renvoie au comportement de Saul en face du témoignage rendu par Étienne. Ce fidèle témoin avait vu « Jésus se tenant à la droite de Dieu » et avait annoncé à haute voix : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu » (7:55, 56). Selon toute vraisemblance Saul n’avait pas accepté la vérité de ce témoignage rendu à un Christ vivant et glorifié, et ainsi il avait regimbé contre les aiguillons. Il est toujours dur de s’attaquer aux révélations divines, et de ne pas s’y soumettre. On s’y blesse, et on fait du tort à son âme. Saul a fait cette expérience, et en temps utile il a passablement appris de cela.

 

1.1.6.2              Deux grands faits du christianisme — Actes 9:4 et 22:7, 8

Revenons un peu sur les paroles du Seigneur : « Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? », « Je suis Jésus le Nazaréen (*), celui que tu persécutes » (22:7, 8). Pourquoi ne dit-Il pas : « pourquoi persécutes-tu mes disciples ? ». On voit ici en germe une vérité précieuse : Christ est lié aux siens, Il se fait un avec eux. Il y a plus encore, ils sont une partie de Lui-même, ils sont Son corps. Lui est la tête glorifiée dans le ciel, et les Siens sur la terre sont membres de Son corps. Ensemble ils forment un seul corps, un seul organisme, une unité indissoluble.

 

(*) Ce n’est que dans la défense de l’apôtre Paul devant ses frères juifs que nous apprenons la teneur complète des paroles du Seigneur : « Je suis Jésus, le Nazaréen, celui que tu persécutes » (22:8). Avec le titre de « Nazaréen », le Seigneur attire l’attention sur le mépris dont Il a fait l’objet de la part du peuple juif (comp. Matt. 2:23 : « Il sera appelé Nazaréen »). Or Celui qui a été méprisé des hommes est maintenant dans la gloire de Dieu ! Faisons attention ici aussi à l’accentuation mise sur les pronoms personnels « Je » et « tu ».

 

Ce seul corps de Christ existait déjà depuis la Pentecôte, même si la vérité sur l’assemblée comme corps de Christ n’avait pas encore été révélée. Cependant l’homme qui gisait encore ici dans la poussière devant le Nazaréen autrefois méprisé par lui, c’est lui que la grâce de Dieu avait justement destiné à faire connaître le mystère de Christ et de l’assemblée (Éph. 3:2-12).

Voilà donc deux grands faits ou vérités qui sont mis en lumière lors de la conversion de Saul et qui confèrent au christianisme son caractère spécial. La première vérité est que Jésus de Nazareth est le Seigneur de gloire. Saul a été le témoin oculaire de cette gloire. Lorsque le Seigneur séjournait sur la terre, il ne L’avait vraisemblablement pas vu, en tout cas il n’a pas marché à Sa suite. Les douze apôtres au contraire, L’ont suivi dans les jours de Sa chair, et quand Il est retourné au ciel une fois l’œuvre accomplie, les disciples L’ont bien suivi du regard jusqu’à ce qu’une nuée l’enlève finalement et Le fasse disparaitre de devant leurs yeux. Mais ils n’ont pas vu Sa gloire. Dans cette mesure, Paul a commencé là où les autres ont terminé.

La seconde vérité qui a mis son empreinte sur la seconde section de la vie de Saul dès son début, et qu’il a appris au plus profond par expérience personnelle est qu’« il y a un seul corps et un seul Esprit » (Éph. 4:4). Ce corps de Christ embrasse dans son aspect éternel tous les croyants depuis la Pentecôte jusqu’à l’enlèvement, et il est dans l’éternité « la plénitude de celui qui remplit tout en tous » (Éph. 1:23).

Si ici nous ne pouvons pas approfondir davantage ce sujet béni, ce sont quand même ces deux faits qui mettent désormais leur empreinte sur le chemin de cet homme : 1. il a vu le Seigneur Jésus dans la gloire. 2. Christ et les Siens forment un seul corps.

Ainsi il y a d’un côté l’évangile que Paul prêchait et qu’il nomme « son évangile » (Rom. 2:16 ; 16:25 ; 2 Tim. 2:8) : c’est « l’évangile de la gloire de Christ » (2 Cor. 4:4). D’un autre côté, Paul n’a pas été simplement serviteur de l’évangile, mais aussi serviteur de l’assemblée (Col. 1:23, 24). De tous les écrivains du Nouveau Testament, il est le seul à parler de l’assemblée comme du corps de Christ, et il est le seul auquel a été confié l’administration du mystère « savoir que les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus » (Éph. 3:6).

Cependant en caractérisant de cette manière le ministère de Paul, nous devançons le sujet des événements d’Actes 9 ; mais c’était nécessaire. Revenons donc maintenant en arrière !

 

1.1.6.3              Miséricorde et grâce — Actes 9:6

La voix venue du ciel qui parlait à Saul, se fait encore entendre, et lui commande :

« Mais lève-toi, et entre dans la ville ; et il te sera dit ce que tu dois faire » (9:6).

Avec ce « mais » (*) le Seigneur rompt le courant de pensées, ce qui équivaut à dire : Je ne veux plus parler de ce que tu fais, mais de ce que tu dois faire maintenant. Il y a là une grâce inexprimable. Deux fois Il avait dû lui mettre à charge le fait qu’il Le persécutait. Saul n’avait pas un mot d’excuse à apporter, rien qui aurait pu justifier une atténuation de la punition méritée.

 

(*) En grec le mot « alla » (= mais) accentue un début de phrase ; il caractérise un contraste, il l’introduit : « mais lève-toi ».

 

Cependant le Seigneur ne lui parle pas de punition, Il ne le condamne pas. Au lieu de cela Il l’envoie dans la ville pour y recevoir des indications sur la suite du chemin. Si nous nous reportons aux paroles tirées du ch. 26 : « Mais lève-toi et tiens-toi sur tes pieds : car je te suis apparu afin de te désigner pour serviteur et témoin… » (26:16-18), alors toute la mesure de cette grâce merveilleuse se fait voir. C’était la miséricorde qui lui épargnait la punition ; c’était la grâce qui l’appelait à être prédicateur des richesses insondables du Christ (Éph. 3:8).

Quel soulagement et quelle consolation affluèrent dans le cœur de cet homme quand il entendit ces paroles : « lève-toi et entre dans la ville… » ! Il avait mérité la mort et le jugement éternel sur le champ. Et maintenant voilà ces paroles ! Maintenant le Seigneur glorifié prend Lui-même en main les rênes de sa vie ! Peut-il y avoir une grâce plus grande ?

Nous pouvons bien comprendre comment des années plus tard, avec ces événements décisifs devant les yeux et le souvenir vivant qu’il en avait, il a pu écrire : « Cette parole est certaine et digne de toute acceptation, que le Christ Jésus est venu dans le monde pour sauver les pécheurs, dont moi je suis le premier. Mais miséricorde m’a été faite, à cause de ceci, savoir afin qu’en moi, le premier, Jésus Christ montrât toute sa patience, afin que je fusse un exemple de ceux qui viendront à croire en lui pour la vie éternelle » (1 Tim. 1:15, 16).

Chacun de mes lecteurs a-t-il pris abri sous cette miséricorde du Seigneur ?

 

1.1.7       Obéissance et caractères de la nouvelle vie — Actes 26:19

Le fait que Paul, encore étendu par terre, ait reconnu par la foi Jésus Christ comme Seigneur sur lui, est incontestable. Cela est confirmé par deux remarques qu’on peut tirer des propos de Paul déjà mentionnés.

Devant Agrippa il dit : « Ainsi, ô roi Agrippa, je n’ai pas été désobéissant à la vision céleste » (26:19). Cette possibilité d’être désobéissant à la vision céleste existait tout à fait. Personne n’est forcé de se convertir ; autrement, tous ceux qui ne veulent pas se convertir pourraient rendre Dieu responsable de leur condamnation. Mais Saul a été obéissant à ce qu’il a vu et entendu. Ceci montre qu’en réponse à la foi, une vie nouvelle, la vie divine était présente. La vie divine s’exprime en premier lieu par l’obéissance.

Ensuite, une autre indication figure dans la réponse de Paul devant les Juifs. Quand le Seigneur Jésus lui a répondu : « Je suis Jésus le nazaréen que tu persécutes », à son tour Saul a encore demandé : « Que dois-je faire, Seigneur ? » (22:10). En cela, il reconnaissait Jésus comme son Seigneur. Il voulait lui obéir. Il ne voulait plus lui-même prendre les décisions sur sa vie ; mais le Seigneur qui l’avait rencontré avec tant de grâce, c’est Lui qui devait désormais en décider. Oui la caractéristique de la vie divine était présente : l’obéissance. La vie nouvelle est toujours une vie obéissante. À ce stade, Saul n’avait bien sûr aucune paix, et pourtant il était déjà né de Dieu. Il pouvait n’en être pas encore conscient. Cependant « l’instinct » de la vie divine, c’est d’obéir à Dieu même quand il manque encore une paix affermie avec Dieu. Ces deux choses ne doivent pas être confondues.

Quand la foi en Christ est présente, l’âme est née de nouveau (Jean 3:16). La femme de Samarie était née de Dieu, car « quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu » (Jean 4:29 ; 1 Jean 5:1). Nous devons dissocier deux côtés. Le côté du pécheur, c’est d’accepter par la foi le témoignage ou la révélation de Dieu. Le côté de Dieu est alors de conférer la vie éternelle au pécheur, quand bien même il s’agirait du plus grand des pécheurs. Donner la vie est le privilège qui n’appartient qu’à Dieu (Jean 1:12). Accepter Christ par la foi est la même chose, quant au résultat, que de croire en Son nom.

La vie ne provient pas de ce qu’on peut tirer son origine d’Abraham. Elle n’est pas le résultat de ce que quelqu’un, dans une position religieuse supérieure, pourrait faire pour nous. La vie vient seulement de Dieu. Dieu ne confie jamais l’administration de ce don (Rom. 6:23) dans les mains des hommes, même pas du plus honoré de Ses serviteurs. Le Seigneur peut utiliser des hommes pour rouler la pierre du tombeau ; mais c’est Lui qui prononce la Parole qui donne la vie. Lazare est sorti du tombeau avec les pieds et les mains encore liés de bandes et d’un suaire. Le Seigneur a utilisé ceux qui se tenaient là pour l’en délivrer. Cependant, le plus important de tout, c’est Lui qui l’a fait et Lui seul (Jean 11:39, 43, 44).

L’obéissance à Dieu donne à Dieu la place qui Lui revient, et met la créature à la place qui lui  appartient. C’est pourquoi cette obéissance est si importante. Sans elle, il n’y a réellement rien de bon. Quand le Saint Esprit décrit la caractéristique de la vie divine dans la première épître de Jean, il cite en premier l’obéissance et seulement ensuite l’amour (1 Jean 2:3-11). Ces deux caractéristiques principales de la vie trouvent leur expression parfaite dans le Seigneur Jésus sur la terre.

 

1.1.8       Aveugle en route vers Damas — Actes 9:7-9

« Et les hommes qui faisaient route avec lui s’arrêtèrent tout interdits, entendant bien la voix, mais ne voyant personne. Et Saul se leva de terre ; et ses yeux étant ouverts, il ne voyait personne ; et, le conduisant par la main, ils l’emmenèrent à Damas ; et il fut trois jours sans voir, et il ne mangea ni ne but » (9:7-9).

Les gens qui voyageaient avec Saul furent tous ensemble jetés par terre par cette illumination de lumière surnaturelle (26:14). Nous avons déjà vu cela. Mais quand ils se relevèrent, ils se tinrent muets de stupéfaction extérieure à cause de ce qui se passait avec Saul : gisant par terre, il était en train de parler avec quelqu’un qu’ils ne pouvaient pas voir. Ils entendaient bien le bruit ou le son d’une voix du ciel, mais n’entendaient pas de paroles permettant de comprendre la signification de ce que disait la voix. Avec la lumière, il en était de même : ils percevaient la lumière de la présence de Jésus, mais Lui-même ils ne Le virent pas. Saul, au contraire, Le vit dans Sa gloire, et il fut aussi le seul à comprendre Ses paroles. C’est quelque chose de semblable à ce qui s’était passé en Jean 12. Quand la voix du Père parla au Fils, les foules entendirent un grand bruit qui leur fit penser à un coup de tonnerre (Jean 12:28, 29). Mais ils ne comprirent pas la communication elle-même. Elle n’était destinée qu’au Fils.

Si ces hommes n’ont pas vu Jésus Lui-même ni entendu Ses paroles, s’il semble qu’aucun d’eux ne se soit converti au Seigneur, ils ont quand même été témoins de cet événement supraterrestre. C’était extrêmement important. On aurait pu objecter que Saul avait inventé quelque chose ou se l’était imaginé pour se donner du poids. Effectivement on a fait circuler dans le monde les plus folles spéculations sur Saul, et sur ce qu’il a vu et entendu, ou mieux sur ce qu’on prétend qu’il n’a pas vu et entendu — tous des produits de l’incrédulité. Non, il y avait ici des gens qui pouvaient témoigner de la véracité de la vision céleste. Tout a ensuite été encore confirmé par l’envoi d’Ananias.

Obéissant aux directives du Seigneur, Saul se leva maintenant de terre, ou comme on peut aussi traduire « il fut élevé de la terre ». Vraisemblablement ses compagnons ont dû l’aider à se relever. Ses yeux étaient manifestement fermés tandis qu’il gisait à terre. Et maintenant qu’il les ouvrait, il découvre qu’il est aveugle. La lumière céleste de la gloire du Seigneur l’a aveuglé et lui a ôté la vue ! Ainsi ses compagnons ont dû le prendre par la main et le conduire à Damas — quel spectacle saisissant !

Il avait commencé son voyage en inquisiteur, avec la ferme intention de s’emparer des disciples du Seigneur à Damas. Il avait voulu les conduire liés à Jérusalem ; et maintenant c’est lui-même qui est conduit à Damas. Il traverse la ville pour ainsi dire en prisonnier, on le conduit par la main jusqu’à la maison de Judas dans la rue qui est appelée « la Droite ».

Nous ne savons pas s’il portait encore sur lui les lettres du souverain sacrificateur qui l’autorisaient à exercer son action ténébreuse dans cette ville. En tout cas il ne les a jamais remises à quelqu’un dans la synagogue. Une autre mission lui avait été confiée — par une autorité infiniment supérieure.

Qu’en était-il des disciples de Damas, ces brebis du Seigneur dépourvues de ressources ? Ils n’avaient rien pu faire du tout pour se défendre. Ce n’avait pas été nécessaire. Le dévastateur avait été arrêté en route par le Seigneur Jésus lui-même depuis le ciel au moment où il était en train d’approcher — avec des conséquences dont aucun du groupe ne pouvait se douter.

Saul resta aveugle pendant trois jours, sans manger ni boire. Nous n’entendons rien dire sur une quelconque visite qu’il aurait reçue durant son séjour dans la maison de Judas. Aucun ami n’était là à ses côtés pour le consoler. Il était tout seul, seul avec Dieu. C’est une rupture gigantesque qui se passait dans son for intérieur. Aveugle pour les choses du monde et isolé du monde extérieur, il a dû éprouver de manière de plus en plus profonde la portée de la révélation du Seigneur. Un coup avait suffi pour faire s’écrouler les fondements de sa vie précédente, et avec lui toute la fierté et la propre justice du pharisien. Il dut se reconnaître comme ennemi direct du Seigneur, et comme le premier des pécheurs. Et pourtant il y avait espérance, car il voyait la grâce surpuissante de Dieu, et il reconnaissait en être l’objet.

Pendant trois jours le Seigneur le laissa dans cette obscurité et dans cette lutte. Comme autrefois Jonas, Saul pendant ce temps-là a traversé la mort et la résurrection. Ce qui s’est passé dans son cœur pendant ces jours-là, personne ne peut le dire. Le voile du silence est jeté là-dessus dans le Nouveau Testament. Ni Luc ni Saul lui-même ne font la moindre allusion aux exercices d’âme qu’il a traversés. Nous apprenons cependant que pendant ce temps-là, il a parlé avec le Seigneur en prières, et que Celui-ci l’a préparé par une vision à la fin de ce temps d’épreuve. Le fait de n’avoir rien mangé est en tous cas une indication de la profondeur du remords et de la contrition qu’il éprouvait quant à sa vie passée.

Même si la conversion de Saul de Tarse a été extraordinaire et unique à bien des égards, cependant toutes les conversions comportent fondamentalement les mêmes traits moraux. L’un de ces traits, c’est que l’on doit s’anéantir soi-même, en finir entièrement avec soi-même. L’homme doit apprendre à se placer du côté de Dieu et contre lui-même. C’est ce que la Parole de Dieu appelle la « repentance ». Le vase doit d’abord être entièrement vidé de lui-même avant de pouvoir être rempli de Christ — Les moyens que Dieu utilise peuvent être plus ou moins tendres ou plus ou moins puissants, — mais dans chaque conversion l’âme est conduite dans l’isolement et dans la conscience qu’elle a à faire seulement avec Dieu. — Le temps pour arriver à ce brisement sera plus ou moins long ou court selon que la détresse de conscience est éprouvée plus ou moins profondément. Cependant ce qui est vécu là a des conséquences pour l’éternité.

Une petite comparaison entre l’expérience de l’eunuque intendant et celle de Paul doit clore cette section. Effectivement nous pouvons comparer les chemins de ces deux hommes, et tirer profit pour nous-mêmes des similitudes et des contrastes : l’Éthiopien était un païen, Saul était un Juif. Le païen voyageait vers Jérusalem pour trouver Christ, le Juif voyageait en s’en allant de Jérusalem pour persécuter Christ. Le premier cas est un exemple de « cherchez et vous trouverez » (Luc 11:9) ; le second est un exemple de « J’ai été trouvé de ceux qui ne me cherchaient point, et j’ai été manifesté à ceux qui ne s’enquéraient point de moi » (Rom. 10:20). Le Seigneur dans le ciel regardait en bas les deux voyageurs dans Sa souveraineté et Sa miséricorde. Il a donné à l’un ce qu’il cherchait, et à l’autre ce qu’il ne cherchait pas. Les deux ont reçu une bénédiction infinie, et les deux furent ainsi richement pourvus à la gloire du Seigneur.

 

1.1.9       Gouvernement divin — Actes 9:10

« Or il y avait à Damas un disciple nommé Ananias » (9:10).

Luc débute par ces paroles une section qui dévoile les voies merveilleuses de Dieu. Dieu opère dans Sa grâce, et Il opère dans le secret. De temps en temps il nous est quand même accordé de jeter un coup d’œil sur le « derrière de la scène ». C’est le cas ici.

Nous apprenons tout d’abord, comment le Seigneur a préparé Ananias au sujet de Saul, et Saul au sujet d’Ananias. Il fait converger leur chemin. Nous retrouverons les mêmes opérations de grâce au ch. 10 qui suit. Corneille y est préparé pour la visite de Pierre, et Pierre reçoit l’ordre d’aller auprès de Corneille à Césarée. Au ch. 8 nous avons vu comment l’Esprit pourvoit à tout pour que l’intendant eunuque reçoive l’enseignement dont il avait besoin par le moyen de Philippe.

Ici maintenant Ananias reçoit la mission d’aller auprès de Saul, tandis que Saul, également dans une vision, apprend qu’Ananias va venir auprès de lui. Ainsi le Seigneur prépare à l’avance l’un pour l’autre sans qu’ils le sachent et sans qu’ils y contribuent.

Mais cela ne suffit pas ! Le Seigneur aplanit le chemin de Saul vers les « frères », d’abord vers les disciples de Damas qui avaient eu connaissance de son projet effrayant. Oui, Lui seul peut abattre les préventions entre les individus, et Lui seul peut remplir le cœur de confiance chacun vis-à-vis de l’autre. Soyons assurés : Il fait cela encore aujourd’hui, si nous nous laissons conduire seulement par Lui.

Un simple disciple du Seigneur se présente maintenant à nous : Ananias. Paul le décrit plus tard comme « un homme pieux selon la loi, qui avait un bon témoignage de tous les Juifs qui demeuraient là » (22:12).

Le Seigneur utilise ce simple disciple pieux pour imposer les mains à Saul de Tarse, afin qu’il retrouve la vue et qu’il soit rempli du Saint Esprit. Cet homme a aussi été celui qui a baptisé Saul pour l’introduire dans le domaine chrétien. Il ne fut fait appel à aucun des apôtres pour cette mission importante, — ce qui est une première indication que Paul a reçu son apostolat « non de la part des hommes, ni par l’homme, mais par Jésus Christ, et Dieu le Père » (Gal. 1:1). Pour exclure à l’avenir toute pensée d’une succession apostolique, le Seigneur ne confie pas à un apôtre la mission d’aller auprès de Saul et de lui imposer les mains, mais c’est « un certain disciple de Damas » dont le nom est donné ici pour la première et la dernière fois dans le Nouveau Testament.

Le fait qu’Ananias habitait Damas nous donne un éclaircissement supplémentaire : Il faisait partie de ceux que Saul était venu faire prisonniers. C’est justement un de ces disciples que la terrible méchanceté de cet homme avait menacé, qui est utilisé par le Seigneur pour lui apporter la grâce de Dieu.

Quel merveilleux règne de la grâce de Dieu ! Ne devrions-nous pas aujourd’hui nous y fier davantage !

 

1.1.10    La mission du Seigneur à Ananias — Actes 9:10-12

« … et le Seigneur lui dit en vision : Ananias ! Et il dit : Me voici Seigneur. Et le Seigneur lui dit : Lève-toi, et va dans la rue appelée la Droite, et cherche dans la maison de Judas, un nommé Saul, de Tarse ; car voici, il prie, et il a vu en vision un homme nommé Ananias, entrant et lui imposant la main pour qu’il recouvrât la vue » (9:10-12).

Le Seigneur parle maintenant à Ananias dans une vision, en s’adressant à lui par son nom, comme Il avait appelé autrefois le jeune Samuel par son nom (1 Sam. 3). Comme Samuel, Ananias répond sans hésiter : « Me voici, Seigneur ! » Par cette façon de s’exprimer, le serviteur indique qu’il est prêt de ses oreilles et de son cœur à écouter ce que le Seigneur a à lui communiquer.

Le Seigneur lui dit maintenant d’aller dans la ruelle nommée « la Droite » et de s’y enquérir de Saul de Tarse dans la maison de Judas. La désignation « un Tarsien » (tel est le sens littéral) est certainement utile pour différencier Saul d’autres qui portaient le même nom. Cependant un coup d’œil à Actes 21:39 nous apprend que cela signifiait davantage. Saul était « bourgeois » ou « citoyen » de Tarse, d’une « ville qui n’est pas sans renom ». Non seulement il était né là, mais il était fils d’une famille à qui avait été attribué le droit de citoyen de cette localité. — « Car voici il prie » ajoute le Seigneur d’une manière très significative. Cela n’était-il pas destiné à soulager Ananias dans l’exécution de sa mission ? Et qui d’autre que le Seigneur savait que Saul était en train de prier ? Qui d’entre les disciples de Damas avait appris sa conversion ? Probablement personne. Le fait qu’il voulait venir à Damas était parvenu à leurs oreilles, ainsi que sa furie parmi les croyants à Jérusalem. Vraisemblablement ils faisaient plus ou moins partie de ceux qui avaient fui le persécuteur à Jérusalem pour chercher refuge au loin dans cette ville lointaine de Damas. Mais le fait qu’il séjournait déjà dans la ville, et la manière dont il y était arrivé (comme un prisonnier, conduit par la main, et aveugle), cela ne s’était sûrement pas encore ébruité. Car on ne peut guère admettre que ses accompagnateurs juifs précédents aient eu un quelconque intérêt à publier ce qu’ils avaient vécu.

« Voici, il prie ».Ce n’était pas une de ces prières habituelles et publiques, pour lesquelles les pharisiens étaient renommés. Si cela avait été le cas, il n’y aurait pas eu besoin de dire « voici ». Non, cette prière caractérisait Saul comme un homme entièrement changé. Une nouvelle création avait surgi ; la vieille était passée, et était devenue nouvelle (2 Cor. 5:17). La prière est l’expression de la vie nouvelle, et la respiration de l’âme. Saul ne respirait plus menace et meurtre, mais il priait. Rien ne pouvait montrer plus clairement qu’il était né de nouveau et qu’il était devenu un nouvel homme.

Sa prière manifestait aussi sa profonde détresse. N’a-t-il pas demandé lumière et délivrance ? Si, — le Seigneur était sur le point de répondre à la prière de l’oppressé. Le fait qu’Ananias lui fut envoyé était une partie de cette réponse.

Effectivement le Seigneur avait montré à Saul, dans une vision, comment ses prières allaient être exaucées : un homme du nom d’Ananias viendrait auprès de lui et lui imposerait les mains afin qu’il voie à nouveau. C’est ainsi que Saul était tout entier dans l’attente de cet homme qu’il avait vu dans la vision et dont il connaissait déjà le nom.

Du point de vue grammatical la proposition subordonnée « pour qu’il recouvrât la vue » est une phrase finale qui désigne le but ou l’objectif d’une action. Ainsi Ananias apprend seulement du Seigneur et de manière indirecte, ce qu’il devait faire à l’égard de Saul.

 

1.1.11    Une relation confiante — Actes 9:13-16

« Et Ananias répondit : Seigneur, j’ai ouï parler à plusieurs de cet homme, combien de maux il a faits à tes saints dans Jérusalem ; et ici il a pouvoir, de la part des principaux sacrificateurs, de lier tous ceux qui invoquent ton nom. Mais le Seigneur lui dit : Va ; car cet homme m’est un vase d’élection pour porter mon nom devant les nations et aussi les rois, et les fils d’Israël ; car je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (9:13-16).

Notons avec quelle confiance et quelle aisance Ananias parle au Seigneur ! Il lui dit franchement ce qu’il a entendu de cet homme. Certainement le Seigneur savait tout cela bien mieux que lui ; et cela aurait pu lui suffire entièrement. Cependant Ananias n’est pas rapide à saisir avec foi ce que le Seigneur lui dit, et est encore incapable de s’élever à la hauteur de Sa grâce. Pourtant il a pleinement confiance en la bonté du Seigneur, et il lui expose ouvertement et simplement ses pensées. Pierre aussi à Joppé parlera franchement avec le Seigneur après qu’il lui aura été dit : « Lève-toi, Pierre, tue et mange » (10:13, 14). Paul aussi se montrera ouvertement surpris de ce que le Seigneur lui donne l’ordre de quitter Jérusalem parce que les Juifs n’allaient pas recevoir son témoignage à Son sujet (22:18-20).

La sagesse et la connaissance ne se trouvent qu’auprès de Lui. Dans chacun de ces cas particuliers, ses serviteurs soumis à Sa volonté ont exécuté la volonté de leur Seigneur et Maître, bien qu’à première vue elle fût en opposition à leur sentiment personnel. Pierre est allé sans hésiter avec les trois hommes à Césarée. Paul a quitté Jérusalem, et Ananias a visité Saul de Tarse dans la maison de Judas dans la rue « appelée la Droite ».

 

1.1.11.1           Comme des amis — Actes 9:13-14

Le Seigneur Jésus, à son tour, ne fait pas de reproche à Ananias, Il ne le blâme pas à cause de ses pensées. Il lui parle ouvertement comme à un ami (Jean 15:15) et lui explique la circonstance. Il lui indique le chemin pour trouver Saul ; et même Il le met au courant de Ses pensées sur ce qu’Il projette de faire avec ce « vase d’élection ».

Il est extraordinairement beau et précieux de voir le Seigneur ouvrir de cette manière Son cœur à Son serviteur. Aujourd’hui encore Il est le Même, Il n’a pas changé. Il sait dans quelle rue nous habitons (Judas) ; Il connaît nos détresses (Saul) et nos craintes (Ananias). — Il ne les connaît pas seulement en tant que Dieu omniscient, mais aussi par expérience humaine. Car bien qu’Il soit Dieu, Il est aussi vraiment homme ; et Il n’a pas oublié les expériences qu’Il a faites comme homme sur la terre. En tout Il ressent comme un homme ressent. Et ainsi Il peut avoir de la compassion pour nous, et Il n’a pas honte de nous appeler Ses frères (Héb. 2:11).

Quelle grâce et quel amour insondables rayonnent ici en face de nous, bien-aimés ! Il s’intéresse à tout ce qui nous concerne, y compris le nom de la rue où nous habitons. Il sait ce que Saul est justement en train de faire : Il sait tout sur nous. C’est pourquoi ayons confiance en Son amour et Sa bonté divinement parfaits, épanchons notre cœur auprès de Lui comme l’ont fait les serviteurs du Seigneur mentionnés plus haut, et obéissons-Lui en toute circonstance ! Un cœur tel que le Sien ne demande rien de déraisonnable. Et même si le Seigneur ne veut pas nous parler en vision, Son amour et Sa sagesse demeurent égaux à eux-mêmes. Ils ne failliront pas non plus à notre égard.

Ananias utilise en outre une expression nouvelle pour désigner les disciples : « tes saints » (9:13). Il est étonnant que cette désignation si fréquente ultérieurement dans le Nouveau Testament pour désigner les rachetés et leur position, se trouve déjà si tôt dans le livre des Actes. Cette expression les décrit comme ceux qui, par le moyen de l’œuvre de la rédemption, sont séparés du monde et de sa communion, et sont amenés à Dieu et à Sa communion. « Tes saints » — C’est par le Seigneur et pour le Seigneur qu’ils sont séparés de tout ce qui ne Lui correspond pas. Heureuse part que celle de ceux qui en font partie !

Dans le verset suivant, Ananias les caractérise comme « ceux qui invoquent ton nom ». « Ton nom », ce n’est pas simplement le nom de « Jésus » ou celui de « Jésus Christ », si haïs des Juifs ; mais cette expression englobe tout ce que le Seigneur Jésus a révélé à l’égard de Lui-même. Ceux qui invoquent ce nom font confiance à cette révélation qu’Il leur a donnée de Lui-même ; ils comptent sur Son secours pour le temps et l’éternité, et Lui rendent l’honneur.

 

1.1.11.2           Un vase d’élection — Actes 9:15

Ananias avait, en fait, posé une question au Seigneur. Il Lui avait exposé tout ce qu’il savait sur Saul afin d’avoir de la lumière au sujet de cet homme. Dans Sa bonté, le Seigneur accède à sa demande, et lui montre ce que Paul serait et ferait pour Lui dans l’avenir. Mais pour le premier pas, Il veut l’utiliser lui, Ananias. Et Il lui dit pour ainsi dire, comme un impératif doux : « Va, car tout tournera bien » !

Saul deviendrait un vase d’élection, un instrument par lequel Il ferait porter Son nom aussi bien que devant les nations que les rois et les fils d’Israël (9:15). Le mot utilisé pour « porter » la Parole (bastazo) désigne le fait de lever et porter avec les mains ou sur les épaules. Comme instrument dans la main du Seigneur, Saul devait « prendre sur lui » Son Nom, c’est-à-dire la révélation du Seigneur, et le « porter » aux nations, c’est-à-dire leur présenter cette révélation, afin que ces nations puissent la voir et l’accepter.

Appel merveilleux ! Mission bénie ! C’était le Seigneur Lui-même qui l’avait choisi pour cela ; ce n’est pas Saul qui en aucune manière avait choisi le Seigneur. Dieu avait mis à part Saul de Tarse, déjà dès le ventre de sa mère, et l’avait appelé par Sa grâce à cette œuvre grandiose (Gal. 1:15).

Dans la réponse du Seigneur, on est aussi frappé par l’ordre adopté en rapport avec le service futur de Paul : les nations sont nommées en premier, avant les fils d’Israël. Le Seigneur indique déjà par là le domaine particulier du ministère de Paul. Il devait recevoir un apostolat « pour l’obéissance de la foi parmi toutes les nations » (Rom. 1:5). Comme Paul le dit lui-même plus tard, « l’évangile de l’incirconcision lui a été confié, comme celui de la circoncision l’a été à Pierre, (car celui qui a opéré en Pierre pour l’apostolat de la circoncision a opéré en moi aussi envers les nations » (Gal. 2:7, 8).

Deux groupes apparaissent ici. Les « nations » sont réunies avec « les rois » par ce « et aussi » et le deuxième groupe est constitué par les « fils d’Israël ». Effectivement ceux devant lesquels Paul, plus tard, a rendu témoignage de Christ étaient la plupart du temps des rois, des dominateurs païens, depuis Agrippa jusqu’à César lui-même (26:1 et 27:24).

Déjà le vieillard Siméon avait prophétisé au sujet des nations et parlé d’« une lumière pour la révélation des nations » (Luc 2:32). Par l’incarnation du Seigneur et par Sa mort, la lumière et le salut devaient maintenant être offerts à tous les hommes. C’est pour cela que « la grâce de Dieu … est apparue » dans Sa personne (Tite 2:11). Durant Son ministère, le Seigneur Lui-même avait aussi indiqué qu’il y avait « d’autres brebis » qui Lui appartenaient et qui n’étaient pas de la bergerie d’Israël. Il devait également les amener, et il n’y aurait qu’un seul troupeau avec un seul Berger (Jean 10:16).

L’homme choisi pour cette œuvre n’était venu à la foi que depuis peu de temps, devant les portes de Damas. Il se désignera plus tard comme « l’apôtre des nations » (Rom. 11:13). C’est pour cela que le Seigneur lui était apparu pour l’envoyer parmi « les nations, pour ouvrir leurs yeux, pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière, et du pouvoir de Satan à Dieu » (26:17, 18).

Cependant les fils d’Israël aussi tombaient en un certain sens dans le domaine de mission de l’apôtre des nations de sorte qu’il annonça l’évangile « au Juif premièrement, et au Grec » (Rom. 1:16). Tant que le système juif n’était pas encore mis de côté définitivement par le jugement de Dieu, cet ordre divin était en vigueur, et Paul l’observait. Quand il arrivait quelque part, il commençait toujours par aller à la synagogue locale, et s’il n’y en avait pas il allait au bord du fleuve où les Juifs craignant Dieu avaient soin de se rassembler (16:13 et Esdras 8:15 et 21). Et aussi, les ch. 9 à 11 de l’épître aux Romains ne sont-ils pas un témoignage émouvant de son ministère auprès de ses frères dans la chair, qui sont « Israélites » et qu’il cherchait à gagner pour Christ et pour l’évangile ?

Dans ces paroles du Seigneur, nous rencontrons encore une fois l’expression « mon nom » : « car je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom » (9:16).

Devait-il souffrir beaucoup pour le nom du Seigneur seulement parce qu’il avait lui-même fait souffrir beaucoup de gens pour ce nom ? Je ne crois pas. Selon les pensées du Seigneur, porter la dignité de Son nom se rattache à une autre charge : celle de souffrir pour Son nom. Quelle perspective pour Saul ! Allait-il reculer face à cela ? Non. Justement, parce qu’il dut beaucoup souffrir pour le nom du Seigneur, cela a non seulement montré l’authenticité de sa conversion, mais aussi sa consécration à son Sauveur miséricordieux. Combien ce serviteur a beaucoup souffert pour son Seigneur ! La brève description de 2 Cor. 11:23-28 ne peut nous le faire sentir que faiblement.

Le Seigneur fait donc connaitre à l’avance à Saul le genre de chemin qu’il aurait à parcourir. Même si nous ne pouvons pas nous transposer cela directement, Dieu, dans Son conseil éternel, a quand même préparé aussi pour nous depuis longtemps des bonnes œuvres afin que nous marchions en elles (Éph. 2:10). Quel repos et quelle paix cela nous donne, quand bien même les circonstances qui nous entourent sont amenées à être embrouillées et affligeantes ! Son chemin pour nous demeure fermement établi. Notre part est seulement de le reconnaître et d’y marcher dans l’obéissance. Tout le reste, nous pouvons le Lui laisser en toute tranquillité.

 

1.1.12     Saul, frère — Actes 9:17

Le Seigneur avait donné à son serviteur Ananias la mission : « Va » (9:15), et Il l’avait fortifié dans sa foi et l’avait encouragé. Cela est rapporté brièvement :

« Et Ananias s’en alla, et entra dans la maison (9:17a).

Ananias est obéissant, et obéissant sans mettre de condition. En toute confiance en son Seigneur, il va directement vers cet homme qui peu de temps auparavant respirait encore menace et meurtre contre les disciples du Seigneur.

« et lui imposant les mains, il dit : Saul, frère, le Seigneur, Jésus qui t’est apparu dans le chemin par où tu venais, m’a envoyé pour que tu recouvres la vue et que tu sois rempli de l’Esprit Saint » (9:17b).

Ananias atteint sans difficulté la maison signalée, et on l’introduit auprès de Saul. Celui-ci est assis là, aveugle, et il attend l’homme dont le Seigneur lui a parlé. Il ne pouvait certes pas le voir entrer, mais il ressent immédiatement ses mains sur lui, et il entend les paroles : « Saul, frère… »

Quelle consolation pour Saul, que ces seules paroles qui lui ont été adressées ! Ce disciple du Seigneur qui lui était envoyé ne se contentait pas de s’identifier, d’être un avec lui (c’est ce dont parle l’imposition des mains), mais il lui parle en tant que « frère ».

Il est vrai aussi que les Juifs se considéraient entre eux comme frères, frères du même peuple, et qu’ils se parlaient les uns aux autres de cette manière. Nous en trouvons un exemple chez Pierre (2:29, 37), chez Étienne (7:2) et plus tard chez Paul (13:26 ; 22:1 ; 23:1, 5, 6 ; 28:17). Dans ces divers cas, il s’agissait toujours, il est vrai, de discours collectifs adressés à des frères juifs.

Le Seigneur avait déjà parlé de ses disciples comme étant des frères, dans un sens plus profond : « et vous, vous êtes tous frères » (Matt. 23:8). Ils étaient liés l’un à l’autre par un lien plus intime que l’appartenance commune à un même peuple : la foi au Seigneur Jésus, l’amour pour Lui et l’un pour l’autre, la vie divine, voilà ce qui les liait. Et c’est ainsi que l’expression « frère » ou « sœur » est devenue une désignation pour les croyants, les enfants de Dieu du temps du Nouveau Testament, même si ce n’est pas pour eux exclusivement (voir Apoc. 6:11 et 12:10). Cette désignation est fréquente dans le Nouveau Testament. Mais qu’il soit parlé d’un individu en joignant le terme de frère à son nom propre, voilà qui était nouveau, et qui soulignait l’intimité de la relation. C’est de là que vient cette manière de parler typiquement chrétienne : « Frère Saul ». D’autres exemples se trouvent dans le Nouveau Testament comme le « frère Quartus » (Rom. 16:23), le « frère Apollos » (1 Cor. 16:12), le « frère Timothée » (Héb. 13:23) et le « frère Paul » (2 Pierre 3:15).

Combien le cœur de cet ancien persécuteur a dû battre de joie quand il a entendu qu’on s’adressait à lui de cette manière, et qu’il se voyait ainsi incorporé à la communion des saints ! Pas un mot sur ses péchés passés ne lui a été adressé, aucun reproche sur son chemin précédent, — mais au lieu de cela, ces seules paroles : « frère Saul » ! Saul était maintenant un frère dans la foi, un frère en Christ ; il appartenait à la famille de Dieu parce qu’il était né de nouveau. Ananias a tiré une conclusion juste : si cet homme croit au Seigneur Jésus, alors c’est un « frère ».

Ananias parle alors de ce dont il avait été chargé par le Seigneur, — Jésus qui était apparu à Saul sur le chemin par lequel il était venu. La vue de ce Seigneur avait aveuglé les yeux de l’homme, qui jusqu’à cet instant, avait aussi été complètement aveugle du point de vue spirituel. Et maintenant le même Seigneur lui ôte la cécité extérieure comme signe de ce que toute culpabilité lui est pardonnée. Les yeux de son cœur avaient déjà été ouverts auparavant.

Cependant quelque chose d’autre devait accompagner l’acquisition de la vue : Saul devait être rempli du Saint Esprit. Dans ce but le Seigneur avait doté Ananias d’une puissance et d’un pouvoir particuliers.

 

1.1.13    Nouvelle naissance — sceau — salut — Actes 9:18

« Et aussitôt il tomba de ses yeux comme des écailles ; et il recouvra la vue ; et se levant, il fut baptisé » (9:18).

Ce que l’écrivain dépeint de manière si vivante, ne pouvait naturellement être éprouvé que par Saul lui-même : « il tomba de ses yeux comme des écailles » et « il recouvra la vue ». Comme la cécité physique comportait déjà en soi quelque chose de tout à fait symbolique, la disparition de cette cécité fut aussi accompagnée de la réception du Saint Esprit, même si rien de spécial n’est mentionné.

Nous avons déjà souvent parlé de la réception du Saint Esprit au cours de nos méditations précédentes. Nous avons aussi déjà réfléchi aux raisons pour lesquelles, dans certains cas, le Saint Esprit n’était donné que par des intermédiaires humains, par l’imposition des mains. Maintenant un autre côté doit nous occuper : la différence entre la nouvelle naissance et la réception du Saint Esprit.

Nous touchons une question complexe dont je voudrais faire la synthèse de la manière suivante, en laissant pour ainsi dire s’exprimer l’un ou l’autre de ceux qui s’interrogent : « peut-il exister quelqu’un qui soit né de nouveau selon Jean 3 et qui ne soit pas scellé du Saint Esprit (Éph. 1:13) ? N’allons-nous pas au-delà de l’Écriture Sainte si nous le prétendons ? Tous ceux qui sont sauvés ne possèdent-ils pas le Saint Esprit comme le montre le passage d’Éph. 1 ? »

Chez beaucoup d’enfants de Dieu il y a beaucoup d’obscurités sur ces sujets importants. Or cette mauvaise compréhension peut même conduire à restreindre les privilèges particuliers de la position chrétienne, et par là l’honneur du Seigneur qui les a acquis pour nous.

On ne va pas du tout au-delà de l’Écriture Sainte quand on affirme ce qui suit : la Parole de Dieu fait la différence aussi bien entre la nouvelle naissance et le salut d’un côté, entre la nouvelle naissance et le sceau du Saint Esprit d’un autre côté.

En outre la question du salut du croyant est vue comme étant en relation étroite avec le sceau du Saint Esprit.

Que la nouvelle naissance ne doive pas être confondue avec la réception du Saint Esprit, les considérations et exemples qui suivent le montrent clairement. Les croyants de l’Ancien Testament étaient sans doute nés de nouveau et possédaient la vie divine ; car ils sont « morts dans la foi » (Héb. 11:13) et ils appartiennent à ceux « qui sont du Christ, à sa venue » (1 Cor. 15:23). Cependant l’Esprit Saint n’habitait en aucun d’entre eux comme dans un temple (voir 1 Cor. 6:19). Ceci suffit déjà à montrer clairement qu’un homme peut être né de nouveau et cependant ne pas posséder le Saint Esprit. Or le Nouveau Testament montre aussi la même chose. C’est ainsi que les disciples du temps de la vie du Seigneur possédaient la vie nouvelle, divine parce qu’ils croyaient au Seigneur Jésus (Jean 3:3 et suiv. ; 10:10). Ils n’ont cependant reçu le Saint Esprit qu’au jour de la Pentecôte (Actes 2).

Des exemples spécialement instructifs sont ceux postérieurs à la venue du Saint Esprit sur la terre, et situés par conséquent après le commencement du temps de la grâce. L’exemple de Saul de Tarse vient de nous occuper. Quand il s’effondra devant le Seigneur glorifié en disant : « Que dois-je faire Seigneur ? », il possédait déjà la vie nouvelle par la foi en Lui. Mais il s’est passé encore trois jours jusqu’à ce qu’Ananias lui impose les mains et qu’il reçoive le Saint Esprit (22:10 et 9:9-18).

Déjà auparavant, beaucoup de gens de Samarie avaient reçu la Parole de Dieu et pourtant le Saint Esprit n’était tombé sur aucun d’eux. Ils ne le reçurent que par l’imposition des mains des apôtres (8:14-17). Nous avons déjà vu cela.

Le centurion romain Corneille était également né de nouveau, car Dieu le qualifie d’homme « pieux et craignant Dieu avec toute sa maison ». Cependant pour recevoir le don du Saint Esprit, il dut attendre jusqu’à ce que Pierre soit venu et lui ait adressé les paroles du salut (ch. 10).

Enfin au ch. 19 nous trouvons quelques disciples de Jean le baptiseur qui, à la question de l’apôtre Paul de savoir s’ils avaient reçu le Saint Esprit après avoir cru, répondirent : « Mais nous n’avons même pas entendu dire si l’Esprit Saint est  » ; et « Paul leur ayant imposé les mains, l’Esprit Saint vint sur eux » (19:1-7). Ces disciples de Jean étaient devenus croyants vraisemblablement depuis passablement de temps ; et pourtant ils ne possédaient pas le Saint Esprit ; ils ne savaient même pas que depuis le jour de la Pentecôte le Saint Esprit « était déjà là », c’est-à-dire qu’Il séjournait sur la terre comme Personne de la Déité.

Les raisons pour lesquelles, dans ces cas-là, le Saint Esprit leur fut donné avec un certain retard, nous l’avons déjà vu en rapport avec le ch. 8 v.17. Quoi qu’il en soit, l’existence du fait même est incontestable. Nous devons faire soigneusement la différence entre la nouvelle naissance et le sceau du Saint Esprit. Ces deux processus opérés tous les deux par Dieu, sont absolument liés l’un à l’autre, et ils peuvent être très rapprochés dans le temps, néanmoins ce sont des privilèges distincts.

Les conditions pour l’un ou l’autre sont aussi différentes. Pour être né de nouveau, il faut croire en Jésus, le Fils unique de Dieu (Jean 3:16, 17, 18, 36 ; 1 Jean 5:1, 13). Car « celui qui n’a pas le Fils de Dieu, n’a pas la vie » (1 Jean 5:12). Mais pour arriver à la possession du Saint Esprit, il faut davantage. Comme le passage cité d’Éphésiens 1 le montre, il est nécessaire pour cela d’avoir mis sa confiance dans « la parole de la vérité, l’évangile de votre salut » (Éph. 1:13). Autrement dit : le sceau du Saint Esprit n’est que pour quelqu’un qui se soumet par la foi au plein évangile de Dieu, sans rajouter des « mais » et des « si », et qui cesse de vouloir encore contribuer en aucune mesure à son salut par lui-même. La Parole de Dieu désigne une telle personne comme étant « sauvée ». Dans cette mesure, à la question posée au début, il faut répondre par « oui » : toute personne sauvée possède le Saint Esprit. Mais nous devons être au clair sur ce que le salut signifie dans le Nouveau Testament. C’est une bénédiction encore plus grande et plus vaste que simplement ne pas être perdu, même si ceci est déjà grand en soi.

Même si nous devançons un peu le sujet, l’exemple du centurion romain d’Actes 10 est tellement instructif que nous désirons le voir encore une fois en rapport avec ce sujet.

Bien que Corneille fût né de nouveau, — ce qui ressort du fait qu’il faisait beaucoup d’aumônes et qu’il priait continuellement Dieu (*), — il n’était pas encore « sauvé » au sens du Nouveau Testament. Car le Seigneur lui a fait dire par son ange : « Envoie à Joppé, et fais venir Simon qui est surnommé Pierre, qui te dira des choses par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison » (11:13, 14). Corneille connaissait bien le message de la grâce que Dieu avait envoyé aux fils d’Israël (10:36) ; mais c’est à juste titre qu’il n’osait pas se l’appliquer à lui-même en tant qu’étranger. Ce n’est que lorsqu’il a pu entendre les paroles que désormais quiconque croit au Seigneur Jésus, reçoit la rémission des péchés par Son nom, « que le Saint Esprit tomba sur tous ceux qui entendaient la parole » (10:44, 45). Le don du Saint Esprit est le sceau de de la rédemption.

 

(*) On met quelquefois en doute que Corneille fût né de nouveau au moment du début de ce chapitre 10. Pourtant, c’est ce que nous pensons : La Parole de Dieu elle-même le désigne comme « pieux et craignant Dieu avec toute sa maison ». Et Dieu fait dire à cet homme par un ange « tes prières et tes aumônes sont montées pour mémorial devant Dieu » (10:4). Serait-il possible de dire qu’il était mort dans ses fautes et dans ses péchés (Éph. 2:1) ? Quand finalement Pierre arriva dans la maison du centurion romain, il confesse ceci : « En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas acception de personnes, mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice, lui est agréable » (10:34, 35). Il est impossible que quelqu’un mort dans ses fautes et dans ses péchés puisse pratiquer la justice ou faire ce qui est agréable à Dieu. Car « il n’y a point de juste, non pas même un seul ; il n’y a personne … qui exerce la bonté, il n’y en a pas même un seul » (Rom. 3:10-12).

 

Ce qui a été dit jusqu’ici est confirmé par l’exemple de Saul, pour revenir à notre récit. Il avait passé ces trois jours difficiles, aveugle et jeûnant ; il n’était pas encore « sauvé » au sens propre. Bien sûr il n’était pas sans espérance, car il croyait au Seigneur Jésus, et s’il était mort dans cet état, il ne serait pas allé à la perdition. Mais il ne possédait aucune paix ferme dans son for intérieur. Cette période a dû être un temps d’exercices d’âme des plus profonds — un temps de faire la connaissance de soi, un temps d’humiliation devant Dieu. Tous ceux qui sont nés de nouveau ont dû au moins une fois, d’une manière ou d’une autre, traverser et vivre ce labourage de l’âme par la Parole de Dieu, quand celle-ci amène à la lumière tout ce qui est caché dans le cœur. Cependant quand Saul reçut de la bouche d’Ananias les paroles riches de grâce du Seigneur (voir aussi 22:14-16) et qu’il les a acceptées par la foi, il a reçu le Saint Esprit, « et se levant, il fut baptisé » (9:18). Maintenant, il était « sauvé » au vrai sens du terme ; car « Celui qui aura cru et qui aura été baptisé sera sauvé » (Marc 16:16). Effectivement le baptême est une image du salut (1 Pierre 3:21).

 

1.2   Saul à Damas — Actes 9:19

« Et ayant mangé, il reprit des forces » (9:19a).

Cette phrase achève la transition vers une section entièrement nouvelle de la vie de Saul. Par la réception du Saint Esprit il a été scellé en tant que racheté, — scellé aussi « pour le jour de la rédemption » (Éph. 1:13, 14 ; 4:30) ; et par le baptême, il s’est placé publiquement du côté du Seigneur méprisé, et il est devenu Son disciple. Le temps du conflit intérieur à l’égard de la paix avec Dieu était passé — un conflit dont il avait pénétré toute la profondeur y compris dans son corps. Maintenant après un temps aussi long de mise à l’écart, il était nécessaire qu’il soit fortifié aussi corporellement. Il prit un repas et reprit ainsi les forces nécessaires.

 

1.2.1       Préparation au ministère — Actes 9:19b

Qu’arriva-t-il maintenant ? La deuxième partie du v. 19 nous montre en tout cas Saul auprès des disciples à Damas :

« Et il fut quelques jours avec les disciples qui étaient à Damas » (9:19b).

Cependant la question se pose : n’y a-t-il pas une période de temps, si petite soit-elle, pour le rétablissement et la reprise de sens de ce disciple du Seigneur nouvellement converti ? Un temps de préparation en toute solitude n’aurait-il pas été approprié ? Au lieu de cela, s’est-il jeté à corps perdu dans le ministère ? Chez d’autres serviteurs de l’Ancien et du Nouveau Testament, nous voyons pourtant que la manière normale est d’être éduqué dans le silence, et d’être préparé au service (ou : ministère) dans une mise à l’écart avec Dieu. Les choses devaient-elles se passer de manière si différente pour Saul, ce vase d’élection ? Je ne le crois pas.

À ce point de la présentation historique de Luc, on a posé la question de savoir comment cela concorde avec ce que l’apôtre dit lui-même de cette même période. Dans l’épître aux Galates, nous trouvons l’indication suivante : « Mais quand il plut à Dieu, qui m’a mis à part dès le ventre de ma mère et qui m’a appelé par sa grâce, de révéler son Fils en moi, afin que je l’annonçasse parmi les nations, aussitôt, je ne pris pas conseil de la chair ni du sang, ni ne montai à Jérusalem vers ceux qui étaient apôtres avant moi, mais je m’en allai en Arabie, et je retournai de nouveau à Damas » (Gal. 1:15-17). Il a dit au préalable qu’il n’a pas reçu ni appris son évangile de la part d’un homme, mais uniquement « par la révélation de Jésus Christ » (Gal. 1:11, 12). Tandis qu’il était seul avec Dieu en Arabie, il fut préparé pour son ministère éminent et unique. C’est là-bas qu’il a reçu du Seigneur Lui-même, par révélation, l’évangile qu’il allait annoncer plus tard.

Il est donc certain que Saul a passé en Arabie avant d’aller à Jérusalem ; et il est tout aussi certain qu’après son séjour en Arabie, il est retourné à Damas. Luc n’en parle pas, et ne fait aucune mention d’un quelconque voyage en Arabie. Manifestement ce n’était pas l’intention de l’Esprit Saint de nous communiquer par Luc tous les détails historiques et biographiques. Que Luc n’ait rien su de ce séjour en Arabie, ce n’est que pure spéculation, qui perd d’autant plus toute sa force par le fait que le livre des Actes a été écrit plusieurs années après que Paul ait écrit son épître aux Galates. Luc devait donc être tout à fait au courant des événements historiques. Ils ne sont pas mentionnés parce qu’ils ne font pas partie du travail évangélique de l’apôtre.

Du point de vue chronologique, le séjour en Arabie qui n’est pas défini dans le temps (*), est à situer entre la première et la dernière phrase du v. 19, avant tout ministère public de sa part, et même avant sa visite aux disciples à Damas.

 

(*) Il n’est pas correct de dire que Saul a séjourné trois ans en Arabie. Galates 1:18 affirme ceci : « Puis, trois ans après, je montai à Jérusalem pour faire la connaissance de Céphas » ; ceci ne dit rien sur la durée du séjour en Arabie. Cela indique seulement clairement qu’après son retour à Damas, il s’est passé encore trois ans avant que Saul aille à Jérusalem.

 

De manière caractéristique Luc mentionne que Saul a été quelques jours avec les disciples à Damas, sans donner la moindre indication de temps. Il affirme seulement le fait, en laissant de côté toute considération de temps par rapport au contexte. Saul revenait donc, comme on peut l’admettre, de sa visite en Arabie, et séjourna alors quelques jours parmi les disciples à Damas.

Ces jours ont dû être effectivement heureux, aussi bien pour les disciples de Damas que pour Saul lui-même ! Combien les croyants se sont réjoui et ont glorifié Dieu en apprenant à travers Paul, ce que la grâce surabondante de Dieu avait fait à son égard ! Car, certainement, il leur a raconté sa conversion, que lui, auparavant persécuteur de l’assemblée, était devenu un vrai disciple du Seigneur. Il leur a aussi communiqué l’évangile qu’il avait reçu, et qu’il était appelé à annoncer. Cependant avant de témoigner publiquement du Seigneur Jésus et d’entrer dans le combat qui s’y rattache, il lui a été accordé d’être quelques jours auprès des disciples à Damas et de jouir de leur communion.

Nous n’entendons plus parler d’Ananias, cet instrument béni du Seigneur. Comme tant de serviteurs de Dieu dans ce livre, il n’est apparu que pour un court espace de temps, pour ensuite disparaître pour toujours de notre regard. Pour toujours ? Pas du tout ! Là-haut dans la gloire avec Christ, nous reverrons tous les serviteurs et les servantes du Seigneur, et nous serons ensemble avec eux pour louer les voies dans lesquelles le Seigneur a accompagné chacun des Siens en grâce (1 Thes. 2:19, 20).

 

1.2.2       Jésus le Fils de Dieu — Actes 9:20

Saul avait spécialement voulu faire preuve de zèle à Damas en persécutant les disciples du Seigneur ; or c’est justement dans cette ville qu’il commença à annoncer l’évangile de Jésus, le Fils de Dieu. Y a-t-il un contraste plus grand que celui-là ?

« Et aussitôt il prêcha Jésus dans les synagogues, disant que lui est le Fils de Dieu » (9:20).

Lui qui était un lion, était devenu un agneau, mais son énergie lui était restée. Jusque-là il avait cherché de toute sa force à éteindre autant que possible la flamme de la vérité de Dieu, et à anéantir le témoignage de Jésus. Mais maintenant, il met toute son énergie sous la direction et dans la puissance de l’Esprit de Dieu, à annoncer la foi qu’il détruisait jadis (Gal. 1:23).

Immédiatement et sans ambages « il prêcha Jésus », car telle est la traduction littérale. Nous trouvons la même manière de s’exprimer à propos de Philippe (« Il lui annonça Jésus », 8:35). Et que prêchait-il à Son sujet : « Que lui est le Fils de Dieu », ou littéralement : « Que celui-ci est le Fils de Dieu ».

Le pronom démonstratif « celui-ci » renforce l’expression : « celui-ci et seulement celui-ci ». Saul avait vu le Fils de Dieu dans Sa gloire céleste. Sa prédication était par conséquent celle d’un témoin oculaire et auriculaire. « Je suis Jésus » avait-il entendu de la bouche de Jésus glorifié — ce Jésus qui était autrefois sur la terre et y fut rejeté par les Juifs et mis à mort, mais qui était maintenant élevé à la droite de Dieu. Saul l’annonçait comme le Fils de Dieu. Et ce témoignage fut rendu aux Juifs dans leurs propres synagogues. Combien cela les rend responsables !

Nous ne savons pas combien il y avait de synagogues à Damas. Manifestement, il y en avait plusieurs. Dans son dévouement, Saul a cherché à atteindre ses compatriotes là où il pouvait le mieux les rencontrer. Ce que les Juifs entendirent là, de la part de Saul, surpassait de loin le témoignage des autres apôtres au sujet de leur Maître. La vérité que Jésus est le Fils de Dieu était, certes, aussi connue des autres apôtres (voir Matt. 16:16) ; mais pour autant que nous le sachions, elle ne faisait pas partie de ce qu’ils prêchaient. Paul est resté seul à le faire connaitre publiquement.

On trouve le titre de « Fils de Dieu » ici pour la première fois dans le livre des Actes. Il décrit un trait essentiel de la gloire divine et personnelle de notre Seigneur Jésus Christ, et par cela il dépasse de loin tout autre titre et dignité du Seigneur que nous avons vus auparavant. Pierre avait parlé à la Pentecôte de Jésus comme Seigneur et Christ (ch. 2). Il L’a ensuite annoncé comme le prophète de Deut.18, comme le Serviteur de Dieu et la maîtresse pierre de coin, comme conducteur et Sauveur, comme Prince de la vie (ch. 3 à 5). Étienne avait vu le Fils de l’homme glorifié se tenir à la droite de Dieu, et il en a parlé aux Juifs (ch. 7).

Mais Saul L’annonçait comme le Fils de Dieu. « Je t’adjure par le Dieu vivant, que tu nous dises si toi, tu es le Christ, le Fils de Dieu ! » (Matt. 26:63). C’est ainsi que le Sauveur avait été questionné sournoisement par le souverain sacrificateur. Le fait d’avoir répondu par l’affirmative à cette question fut considéré comme un blasphème, et fut pour Ses persécuteurs le motif de Sa condamnation à mort. Mais c’est justement le fait de reconnaitre cette dignité qui — du point de vue humain — valut à Jésus la mort, et voilà maintenant que c’était le contenu de la prédication de Saul dans les synagogues de Damas. Il avait vu le crucifié dans la gloire céleste, il avait entendu des paroles de Sa bouche. Et c’est ainsi qu’en tant qu’apôtre du Seigneur glorifié, il pouvait annoncer comme aucun autre ne le pouvait, le message que Jésus est le Fils de Dieu. Dieu lui avait révélé Son Fils (Gal. 1:16), et c’est ce Fils de Dieu qu’Il prêchait, même si ce n’était en premier lieu qu’en face des Juifs.

C’est pourquoi la vérité de Jésus comme le Fils de Dieu se rattache étroitement au ministère ultérieur et plus vaste de l’apôtre Paul en rapport avec l’assemblée de Dieu. Certes Pierre avait bien confessé « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matt. 16:16), et le Seigneur Jésus avait saisi l’occasion de cette confession pour parler de bâtir Son assemblée sur Lui-même : « Et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:16, 18).

Ainsi le fait que soit introduit le titre de « Fils de Dieu » indique que le commencement de la révélation sur l’assemblée approchait. L’assemblée de Dieu est inséparable de Christ, le Fils de Dieu. Si je dis que le commencement de la révélation sur l’assemblée approchait, c’est que le ministère proprement apostolique de Saul n’a pas commencé ici à Damas. Jusque-là plusieurs années devaient encore s’écouler. Mais déjà en ce tout-début, Saul s’est senti poussé à témoigner auprès de ses frères dans la chair, que « celui-ci est le Fils de Dieu ».

 

1.2.3       Réaction à la prédication de Saul — Actes 9:21

Un virage si prodigieux du persécuteur des disciples de Jésus, jusqu’à devenir un prédicateur de la divinité de Jésus et de Sa nature de Fils de Dieu, provoqua un grand étonnement dans l’auditoire.

« Et tous ceux qui l’entendaient étaient dans l’étonnement et disaient : N’est-ce pas celui-là qui a détruit à Jérusalem ceux qui invoquent ce nom, et qui est venu ici dans le but de les amener liés aux principaux sacrificateurs ? » (9:21).

L’étonnement et l’émerveillement ont été les premières réactions aux prédications de Saul. Tous les Juifs de l’endroit étaient au courant de son activité destructrice à Jérusalem. Ils savaient tous la raison pour laquelle ce pharisien strict était venu de Jérusalem à Damas. Comment était-ce possible que le principal persécuteur de « ceux qui invoquent ce nom » (même expression qu’au v. 14) soit devenu un prédicateur justement de ce nom (9:21) ? Ils se trouvaient effectivement devant une énigme insoluble pour eux. L’ancien proverbe « Saul/Saül aussi est-il parmi les prophètes ? » pouvait trouver maintenant une signification nouvelle et plus profonde (1 Sam. 10:11). Les Juifs, en tout cas, n’avaient jamais vécu un contraste plus grand.

Peu à peu la conversion de Saul est devenue justement une marque distinctive, une preuve du christianisme. Selon son authenticité, le christianisme subsiste ou tombe. C’est pourquoi il a été beaucoup parlé et écrit sur cet événement, beaucoup de suppositions et d’hypothèses ont été émises. Cependant, plus on examine les faits que la Parole de Dieu rapporte, plus les suppositions fondent comme neige au soleil, et plus on est forcé de s’en tenir à une seule conclusion : Christ est effectivement apparu à Saul sur le chemin par lequel il venait, et Il a complètement gagné et transformé son cœur.

L’incrédulité a intérêt à mettre en doute l’histoire de la conversion de Saul. Car si elle n’était pas vraie comme on le soutient quelquefois, alors ou bien il a été trompé, ou bien il a été un trompeur. Ou bien il doit avoir été un fanatique, victime de sa propre illusion, ou bien un méchant machinateur qui a trompé consciemment ses contemporains par un filet finement tramé de fausses déclarations.

Faisons l’hypothèse qu’il se serait trompé lui-même. Quel fanatique aurait manifesté du sang-froid, de la constance, de la sagesse, de l’humilité comme cet homme, et cela pendant toute une longue vie débordante d’activité, au cours de laquelle il est entré en contact avec toute sorte de gens possible, avec les plus grands comme les plus bas, laissant derrière lui une profonde impression chez les uns comme chez les autres ! Pour croire qu’une telle vie n’a pas eu d’autre origine, pas d’autre soutien, que la fantaisie d’une exaltation religieuse, c’est plus difficile à imaginer que de croire que cela provient de sa rencontre avec le Seigneur glorifié.

Si alors nous nous rangeons à l’avis qu’il a été un trompeur : où trouver pour cela un motif d’action compréhensible ? Il a abandonné sa position, sa puissance, son honneur. Il s’est uni à une petite « secte » méprisée et persécutée, il a supporté d’indicibles souffrances et a tout perdu pour gagner Christ et pour Le prêcher aux hommes. Et pour finir, il a souffert la mort du martyr. Tout cela est-il l’œuvre d’un trompeur ? Croire cela va à l’encontre de toute raison, de toute loi naturelle. Non, chers amis, l’histoire de la conversion de Saul de Tarse est vraie, aussi vraie que l’évangile qu’il a prêché ! Dans le flot des opinions humaines, il ressemble à une colonne solide à laquelle tout croyant peut se cramponner fermement.

Paul a d’ailleurs lui-même pensé plus tard que sa conversion ferait une grande impression sur les Juifs. Il l’a même présentée au Seigneur comme un argument pour rester à Jérusalem et y témoigner pour Lui ; mais le Seigneur savait mieux, et l’a envoyé loin de Jérusalem, « au loin vers les nations » (22:17-21).

 

1.2.3.1              Jésus — le Christ — Actes 9:22

« Mais Saul se fortifiait de plus en plus, et confondaient les Juifs qui demeuraient à Damas, démontrant que celui-ci est le Christ » (9:22).

Il fallait, bien sûr, du courage et de la hardiesse pour aller de synagogue en synagogue avec le message de Jésus. Mais dans l’exercice de ce ministère, Saul « se fortifiait de plus en plus », ou bien comme on peut aussi traduire : « il était d’autant plus fortifié ». Le Seigneur ne se laisse pas sans témoignage, et encore aujourd’hui Il nous fortifiera d’autant plus que nous le servirons avec plus de dévouement.

Saul démontrait aux Juifs « que celui-ci est le Christ ». Pour le prouver, il ne s’appuyait pas sur son esprit pénétrant ni sur ses propres arguments, mais il tirait ses preuves des Écritures. C’était la méthode qu’il a aussi suivie plus tard, la seule méthode juste : « Et selon sa coutume, Paul entra vers eux, et, pendant trois sabbats, il discourut avec eux d’après les écritures, expliquant et exposant qu’il fallait que le Christ souffrît et qu’il ressuscitât d’entre les morts ; — et disant, que celui-ci, Jésus, que moi je vous annonce, est le Christ » (17:2, 3).

Qu’un homme aussi instruit que Paul connût le mieux possible les Saintes Écritures de l’Ancien Testament, cela ne fait aucun doute ; il avait été élève aux pieds de Gamaliel. Mais malgré toute sa connaissance extraordinaire, il avait été aveugle quant au fait que le Jésus méprisé de Nazareth était le Messie promis, l’Oint de Dieu. Mais maintenant le Saint Esprit le remplissait et jetait une lumière divine sur beaucoup de passages de l’Ancien Testament qui trouvaient ou trouveront leur accomplissement en Jésus et en Lui seul.

Justement les Psaumes parlent souvent de l’Oint (en hébreu : Messie, et en grec : Christ) de Dieu. Prenons seulement un exemple tiré du Psaume 2 : « Les rois de la terre se lèvent, et les princes consultent ensemble contre l’Éternel et contre son Oint » (Ps. 2:2). De telles promesses, et beaucoup d’autres sur le Messie souffrant et glorifié, ont servi d’arguments à Saul pour prouver que Jésus est le Christ.

Si on demande où on trouve pour la première fois dans l’Ancien Testament une indication prophétique au sujet de l’Oint de Dieu, on peut être surpris que Dieu ait utilisé la bouche d’une femme pour cela. À la fin de sa prière et de son cantique de louange, Anne la mère de Samuel dit : « L’Éternel jugera les bouts de la terre, et il donnera la force à son roi, et élèvera la corne de son oint » (1 Sam. 2:10).

Quand le Saint Esprit fait jaillir de la lumière sur la Parole de Dieu et sur ses promesses, alors il n’y a rien qui puisse s’opposer à cette puissance. Nous avons déjà vu cela avec Étienne : « Et ils ne pouvaient pas résister à la sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait » (6:10). Il se passait la même chose avec Saul maintenant. Par ce qu’il prouvait aux Juifs sur Jésus à partir de l’Ancien Testament, il les mettait en confusion. Ces preuves étaient déterminantes et accablantes, et elles amenaient ses contradicteurs à se taire.

Le premier résultat de la prédication de Saul parmi les Juifs a été un étonnement plus ou moins bienveillant, mais nous les voyons maintenant mis hors d’eux par ses preuves. La confusion s’emparait d’eux, parce qu’ils n’étaient pas en mesure de s’opposer à ses arguments. Cette confusion arrive toujours quand l’homme n’est pas prêt à se soumettre à la lumière divine.

 

1.2.3.2              Résistance — Actes 9:23-25 et 2 Cor. 11:32, 33

La confusion fit bientôt place à une inimitié ouverte :

« Et des jours en grand nombre s’étant écoulés, les Juifs tinrent conseil ensemble pour le tuer ; mais leur complot fut connu de Saul. Et ils surveillaient aussi les portes, jour et nuit, pour le tuer. Mais les disciples, le prenant de nuit, le descendirent par la muraille, en le dévalant dans une corbeille » (9:23-25).

Combien ce processus se répète souvent ! Quand des incrédules se rendent compte qu’ils ne sont pas en état de s’opposer aux enseignements d’un serviteur de Dieu, alors ils cherchent à éliminer ce messager par la force. Aussi bien à Damas qu’ensuite à Jérusalem, les ennemis de l’évangile complotèrent pour ôter la vie de Saul. Ils voyaient en lui un apostat, et quand ils ne purent plus résister avec succès à son enseignement que Jésus est le Christ, alors ils durent changer de méthode pour le faire taire.

Nous serions moins étonnés de l’inimitié des gens religieux si nous retenions davantage la parole du Seigneur Jésus qui nous prépare justement à cela : «  Souvenez-vous de la parole que moi je vous ai dite : L’esclave n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, ils vous persécuteront aussi ; s’ils ont gardé ma parole, ils garderont aussi la vôtre. Mais ils vous feront toutes ces choses à cause de mon nom, parce qu’ils ne connaissent pas celui qui m’a envoyé » (Jean 15:20, 21). Ailleurs Il dit : « Ils vous excluront des synagogues ; même l’heure vient que quiconque vous tuera pensera rendre service à Dieu. Et ils feront ces choses, parce qu’ils n’ont connu ni le Père, ni moi » (Jean 16:2, 3).

C’est ainsi que Saul a appris dès le tout commencement de sa vie chrétienne, combien étaient vraies les paroles du Seigneur à Ananias : « Je lui montrerai combien il doit souffrir pour mon nom ». Mais il me semble que ce qu’a éprouvé Saul par ces souffrances, était différent de ce qu’ont subi les autres apôtres dans des circonstances semblables. Il ne pouvait pas oublier quelles souffrances il avait lui-même infligées aux saints, combien étaient cruelles les persécutions par lesquelles il les avait tourmentés — des persécutions sur lesquelles il n’a jamais pu revenir et qu’il n’a jamais pu effacer.

Les raisons d’ordre moral n’ayant pas tracassé les Juifs quand il s’était agi de Jésus, ils résolurent aussi de mettre à mort Saul. À leurs yeux son sort était scellé. Nuit et jour ils faisaient garder les portes de la ville pour empêcher qu’il échappe à leur haine. En 2 Cor. 11:32 nous avons l’indication supplémentaire que le gouverneur (ethnarque) du roi Arétas était au courant du plan meurtrier des Juifs et le soutenait. Vraisemblablement les Juifs avaient dénoncé Paul comme un homme extrêmement dangereux, et ainsi le gouverneur avait mis à leur disposition la garde officielle qui était seule habilitée à surveiller les portes de la ville.

Cependant le Seigneur mit Sa main protectrice sur Son serviteur. Paul apprit le projet, et put rester caché. Et tandis que ses adversaires guettaient et veillaient continuellement aux portes, Saul était déjà échappé à leurs mains.

Sa fuite fut rendue possible d’une manière simple à imaginer. Bien des maisons adossées à la muraille de la ville, avaient une fenêtre regardant sur l’extérieur et bien plus haute que les murs de la ville. C’est par une telle fenêtre que les disciples firent descendre Saul dans une corbeille, et de cette manière il échappa aux mains du gouverneur. Le sort d’Étienne ne devait pas être celui de Saul. Le Seigneur a destiné bien des Siens au martyr, et Il les garde pour son royaume céleste et leur donne la couronne de vie. À d’autres Il accorde une longue vie laborieuse pour Lui, et ils en reçoivent un riche salaire et la couronne de justice.

Il faut nous occuper encore un moment du passage cité de 2 Cor. 11 avant d’aller plus loin. Le bas état des croyants de Corinthe obligeait Paul à parler comme un « insensé » et à « se glorifier un peu », c’est-à-dire à parler de lui-même. Ses opposants le forcèrent à cette « folie ». C’est à cette circonstance que nous sommes redevables de ce que Dieu nous a fait connaître des détails de sa vie pleine d’abnégation, lesquels n’auraient pas été connus sans cela. C’est ainsi que dans les versets 23 à 31 nous trouvons un condensé bref et profondément saisissant de ce qui a caractérisé le service de l’apôtre : des souffrances sans nombre.

Comme une sorte de conclusion de cette description, l’apôtre ajoute encore un mot qui nous touche de manière spéciale, et qui ne paraît même pas être en harmonie avec ce qui précède — la mention de sa fuite de Damas tout au début de son chemin et de son ministère :

« À Damas, l’ethnarque (gouverneur) du roi Arétas faisait garder la ville des Damascéniens, voulant se saisir de moi ; et je fus dévalé dans une corbeille par une fenêtre à travers la muraille, et j’échappai à ses mains » (2 Cor. 11:32, 33).

Pourquoi ces paroles à cet endroit ? Il y a peut-être deux réponses. D’un côté le genre de fuite et de salut qui ont été les siens, montre combien cette expérience a été humiliante pour lui. Pierre échappa à la décapitation qui le menaçait d’une autre manière, pleine d’honneur : Dieu envoya son ange pour le faire sortir de la prison (ch. 12). C’était une manière complètement différente de celle d’être dévalé dans une corbeille le long d’un mur. Le grand apôtre en a éprouvé une profonde humiliation qu’il n’a jamais oubliée. Dans son cas Dieu n’a fait aucun miracle spectaculaire.

Mais Paul, inspiré par l’Esprit de Dieu, a certainement voulu montrer un contraste plus grand que tout ce que l’homme peut se représenter. L’homme qui échappa à ses persécuteurs de manière dégradante, a reçu l’honneur d’être ravi jusqu’au troisième ciel et dans le paradis, et d’entendre des paroles inexprimables que l’homme n’est pas en mesure de répéter (2 Cor. 12:1 et suiv.). « Être dévalé » sur la terre, et « être enlevé » jusqu’au troisième ciel, — quelles expériences totalement opposées ! En un certain sens Paul a été « dévalé » (descendu) durant toute sa vie de serviteur, de manière humiliante et douloureuse. Mais quelle récompense quand il lui a été donné de faire l’expérience de cet enlèvement dans la présence immédiate de Dieu — un avant-goût des bénédictions plus grandes et éternelles qui seront les nôtres à tous.

Dieu ne fait aucune faute dans Ses voies et dans Sa manière d’agir envers nous. Il sait transmettre Ses leçons, d’une manière ou d’une autre. Il était donc sage et juste à la fois à l’égard de Paul de le faire passer par ces humiliations, et à l’égard de Pierre de le libérer de sa prison par un ange de Dieu. — Il est bon pour nous de penser à ce que Dieu qui nous aime depuis les temps éternels, se tient derrière tous les événements, mais que derrière Lui, il n’y a rien ni personne. Tout doit finalement servir à l’accomplissement de Son plan. Apprendrons-nous cela personnellement à la suite de la section que nous venons de méditer, si nous ne l’avons pas encore appris ?

 

1.3   À Jérusalem — Actes 9:26

« Et étant arrivés à Jérusalem, il cherchait à se joindre aux disciples ; et tous le craignaient, ne croyant pas qu’il fût disciple » (9:26).

La remarque « et étant arrivés à Jérusalem » ne signifie pas du tout que Saul est allé directement et immédiatement de Damas à Jérusalem. C’est de nouveau une de ces déclarations qui ne tient aucun compte du temps. Saul a pu séjourner ailleurs entre temps ; mais quand il est parvenu à Jérusalem, il arriva ce que l’écrivain décrit ensuite.

 

1.3.1       Un apôtre de Jésus Christ

Oui, Saul arrive maintenant à Jérusalem ! Il est venu pour faire la connaissance de Céphas dont il a beaucoup entendu parler, mais qu’il ne connait pas encore. Environ trois ans (*) se sont écoulé depuis qu’il a quitté la métropole, respirant menace et meurtre contre les disciples du Seigneur. Des choses extraordinaires se sont passé durant ces années-là. Il était parti accompagné d’un cortège d’hommes (des hommes qui devaient exécuter son projet meurtrier). Il portait alors avec lui « des lettres » qui l’autorisaient à le faire.

 

(*) Il est bien possible que Paul se soit servi de la méthode juive pour mesurer le temps. Dans ce cas il se pourrait que les trois ans se décomposent en une année pleine, et des parties de deux autres années. Nous avons la même manière de compter en rapport avec les trois jours et trois nuits que le Fils de l’homme a passé dans le sein de la terre (Matt. 12:40). Le Seigneur n’a séjourné dans le tombeau, que la journée entière du sabbat, et seulement une partie du Vendredi et une partie du Dimanche. Cependant le temps que le Seigneur a séjourné dans le tombeau est compté comme trois jours.

 

Maintenant il revient à Jérusalem, probablement tout seul. Il était devenu un autre homme, entièrement différent. Le Seigneur glorifié lui était apparu sur le chemin, et lui avait confié une mission complètement différente : « ouvrir les yeux des hommes, pour qu’ils se tournent des ténèbres à la lumière et du pouvoir de Satan à Dieu » (26:18). Il était sorti en tant que persécuteur de l’assemblée de Dieu, il revenait en tant qu’apôtre du Seigneur Jésus Christ. Sa mission précédente concernait une seule ville, et sa nouvelle mission embrassait le monde entier.

Saul était effectivement un apôtre. Dès le commencement il a été appelé comme tel par le Seigneur.

Mais il rencontra de fortes préventions chez les disciples de Jérusalem. Il chercha à se joindre à eux, mais ils ne croyaient pas qu’il fût disciple. Ils avaient peur de faire l’objet d’un complot. Il paraissait incroyable que le puissant persécuteur des chrétiens soit devenu lui-même un chrétien. Avait-il devant lui un projet encore plus pervers, pour qu’il se présente comme disciple ?

Cependant quelques questions s’imposent ici. Doit-on vraiment admettre que les disciples du Seigneur à Jérusalem n’avaient rien entendu sur la conversion de Saul ? Ne savaient-ils rien du tout de son ministère et de son témoignage à Damas ? C’est un peu difficile à imaginer, — difficile d’imaginer que pendant toutes ces années la nouvelle n’en soit pas parvenue aux croyants de Jérusalem. À l’inverse, la nouvelle des intentions meurtrières de Saul avait atteint très rapidement la lointaine ville de Damas. Pourquoi n’en était-il pas de même maintenant ? Nous ne le savons pas.

Cependant même si nous admettons qu’ils n’avaient rien entendu du tout, comment se fait-il qu’ils ne percevaient pas la grâce particulière qui était dans ce vase d’élection du Seigneur ? Ils n’avaient encore jamais vu devant eux un serviteur du Seigneur d’un si haut calibre spirituel, et malgré tout ils ne le reconnaissaient pas. Cela a dû être douloureux pour Saul, même si nous n’entendons pas un mot de plainte de sa part pour la méfiance qui lui a été opposée.

 

1.3.2       Recevoir dans la communion — Actes 9:27-28

Nos embarras sont les occasions de Dieu. Comme la situation paraissait confuse et sans issue, Dieu disposait d’un autre serviteur qui était prêt, et qui faisait honneur à son nom de Barnabas : « fils de consolation ».

« Mais Barnabas le prit et le mena aux apôtres, et leur raconta comment, sur le chemin, il avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment il avait parlé ouvertement, à Damas, au nom de Jésus. Et il était avec eux à Jérusalem, allant et venant, et parlant ouvertement au nom du Seigneur » (9:27, 28).

Barnabas, qui a déjà été introduit à la fin du ch. 4, mit fin à la situation. Il était un « homme de bien, plein de l’Esprit Saint et de foi » (11:24). Cette indication de la Parole de Dieu donnée un peu plus tard, semble bien être une explication de ce que Barnabas a fait ici, plutôt qu’une supposition qu’il aurait connu Saul antérieurement et qu’ils auraient étudié ensemble à Tarse. De telles suppositions n’ont aucun support dans l’Écriture Sainte.

Barnabas « prit Saul avec lui », est-il dit. Nous ne savons pas exactement ce que comportait cette courte remarque. Mais bien sûr il a parlé avec Saul de ce que celui-ci avait vécu. Il saisit l’occasion pour apprendre des détails plus précis sur l’événement merveilleux dont il avait déjà une connaissance de principe, comme nous pouvons l’admettre. Il est alors allé avec Saul auprès des apôtres, non pas seulement vers les disciples, mais vers les apôtres, pour les instruire principalement de trois points : 1. Saul a vu le Seigneur ; 2. Le Seigneur lui a parlé ; 3. Saul a parlé ouvertement au nom de Jésus à Damas.

La première indication à elle seule souligne déjà l’apostolat de Saul. En ce qui concerne la seconde, nous pouvons admettre qu’elle inclut ce que nous avons sous les yeux au v. 15 : le contenu de l’appel de Saul par le Seigneur, autrement dit, ce que le Seigneur avait dit à Saul. L’authenticité de la conversion de Saul était prouvée de la manière la plus claire par ses efforts évangéliques à Damas. Il était de toute importance que les apôtres à Jérusalem apprennent tout cela.

Cependant nous sommes frappés par un point remarquable : ce n’est pas Saul qui a présenté aux apôtres ces trois points forts de l’histoire de sa conversion, mais c’est Barnabas qui l’a fait. Par cela il recommandait Saul à la communion avec les saints. Même un instrument aussi doué que Saul ne peut pas être admis dans la communion des saints sur la base de son propre témoignage. Il a besoin du témoignage d’autrui.

C’est un principe très important et largement perdu de vue dans la chrétienté. Même des enfants de Dieu se révoltent assez souvent contre le fait de devoir se faire « examiner » avant d’être reçu dans la communion des croyants. Ils pensent que, selon 1 Cor. 11:28, ce serait leur affaire personnelle de s’éprouver soi-même, et qu’il ne revient pas aux autres de prononcer un jugement sur eux.

Quelqu’un qui pense ainsi est dans une erreur fondamentale, et méconnaît entièrement la situation. Il n’y a pas seulement un chemin personnel des enfants de Dieu, mais aussi un chemin collectif. S’il s’agit du chemin collectif, on doit être reçu ; on ne peut pas s’admettre soi-même. Il en est de même pour le baptême : on doit être baptisé, on ne peut pas se baptiser soi-même. Il s’agit chaque fois de réception par ceux qui sont déjà dedans. Croire que mon propre jugement sur moi-même doit déterminer celui des autres, y compris celui de l’assemblée de Dieu, ce n’est, en principe, pas autre chose que de l’orgueil caché. Par cela, j’élève ma propre mesure au-dessus de celle de tous les autres ; cela ne peut pas être le chemin juste, le chemin de Dieu.

L’affaire dont nous nous occupons enseigne qu’il faut agir soigneusement quand il est question de recevoir quelqu’un dans la communion pratique des saints. Pour l’honneur du Seigneur qui demeure au milieu des saints réunis, l’assemblée locale a le devoir d’exiger un témoignage approprié pour savoir si la personne est saine dans la foi, si elle craint Dieu dans sa marche et si elle est pure dans ses relations.

« C’est pourquoi recevez-vous les uns les autres, comme aussi le Christ vous a reçus, à la gloire de Dieu » (Rom. 15:9). Ce ne serait pas à la gloire de Dieu si on admettait un fornicateur, ou un cupide, ou un ivrogne (1 Cor. 5:11) par exemple, ou quelqu’un comme Simon le magicien dont la conversion se révélerait ne pas être authentique. Quand l’assemblée de Jérusalem a disposé d’un témoignage approprié au sujet de Saul, elle a été tout de suite prête à le recevoir. Car « c’était à la gloire de Dieu ».

Il n’est pas encore parlé dans ce cas de lettre de recommandation, mais nous voyons par d’autres passages combien elles étaient souvent nécessaires. Paul a émis une telle recommandation pour la sœur Phœbé. Elle vivait à Cenchrée, le port oriental de Corinthe, et Paul séjournait à Corinthe alors qu’elle avait quelque chose à faire à Rome ; ainsi il la recommanda aux saints de Rome (Rom. 16:1, 2). Quand Apollos d’Éphèse voulut voyager en Achaïe, « les frères écrivirent aux disciples et les exhortèrent à le recevoir » (Actes 18:27).

Toute l’épitre de l’apôtre Paul à Philémon qui vivait à Colosses, est une lettre de recommandation unique et attachante, en faveur d’Onésime, un esclave fugitif. Paul l’avait engendré dans les liens, c’est-à-dire qu’étant prisonnier, il avait été l’instrument de sa conversion. Mais alors il renvoie l’esclave devenu croyant à son maître terrestre, et prie Philémon avec des paroles touchantes de le recevoir « comme un frère bien-aimé ».

La responsabilité de recevoir ou de ne pas recevoir ne se limite pas seulement à l’assemblée et à ses relations ecclésiastiques. Elle est non seulement à la charge de quelques frères ayant fait leurs preuves, mais elle s’étend à tous les croyants, y compris les sœurs dans leur domaine de la maison. C’est ce que nous montre la deuxième épître de Jean. Si quelqu’un venait vers la « dame élue » et n’apportait pas l’enseignement du Christ, elle ne devait pas le recevoir dans sa maison, et même pas le saluer, sinon elle participait à ses mauvaises œuvres (2 Jean 10, 11).

Nous vivons dans des jours d’indifférence effrayante à l’égard de ce qui convient vis-à-vis du Seigneur et de Son nom. Si en général on ne demande plus guère ce qu’est la volonté du Seigneur et ce qui contribue à Son honneur et à Sa gloire, alors nous, dans tout ce que nous faisons, voulons-nous bien toujours nous reposer cette question : est-ce à la gloire de Dieu ?

 

1.3.3       De Jérusalem à Tarse — Actes 9:28-30

« Et il était avec eux à Jérusalem, allant et venant, et parlant ouvertement au nom du Seigneur. Et il parlait et disputait avec les Hellénistes ; mais ceux-ci tâchaient de le faire mourir » (9:28-29).

Ainsi Saul jouissait maintenant d’une pleine liberté de contacts avec les frères de Jérusalem. D’après l’épître aux Galates, nous apprenons que la visite de Saul à Jérusalem n’a duré que quinze jours, et que pendant ce temps il a séjourné comme hôte chez l’apôtre Pierre.

C’était certainement des jours heureux, mais aussi des jours pleins de travail. Car Saul parlait ouvertement et hardiment au nom du Seigneur, et disputait avec les Hellénistes, c’est-à-dire les Juifs qui parlaient grec, — justement ce même groupe contre lequel le témoignage d’Étienne s’était dirigé. Mais il en arriva avec Saul comme dans l’affaire d’Étienne : quand les arguments manquent, on agit par la force, et on cherche à mettre à mort Ses témoins.

 

« Et les frères l’ayant su, le menèrent à Césarée, et l’envoyèrent à Tarse » (9:30).

Quand nous lisons au ch. 22 v.17-21, nous apprenons que c’est le Seigneur Jésus lui-même qui insista auprès de Saul pour qu’il quitte rapidement Jérusalem : « Hâte-toi et sors au plus tôt de Jérusalem ; parce qu’ils ne recevront pas ton témoignage à mon égard ». Ici nous avons une indication additionnelle : les frères furent mis au courant d’une agression contre Saul, et ils le menèrent à Césarée, d’où il partit pour Tarse sa ville natale.

Si grave que fût l’événement en soi, pourtant c’est quand même une scène heureuse : les frères ont pris soin de Saul, ils ont montré leur amour à celui qui avait été le persécuteur de l’assemblée, et lui ont fait la conduite sur son chemin pour quitter Jérusalem. Combien cela est beau ! Au cours du voyage plein de dangers vers Césarée, ils l’ont protégé afin qu’il ne tombe pas aux mains de ses ennemis assoiffés de sang. Depuis Césarée, Saul a pu atteindre Tarse par terre ou par mer ; il ne nous est pas dit lequel des deux il choisit.

Nous perdons maintenant la trace de Saul pour longtemps. Environ huit années se sont écoulées jusqu’à ce que Barnabas aille à Tarse chercher Saul (11:25). Cela fait en tout plus de dix ans depuis que le Seigneur a appelé Saul comme apôtre pour porter Son nom aux nations et aux rois et aux fils d’Israël. Nous aurions volontiers pensé que Paul était déjà prêt pour sa mission à cette époque, et que la mission était prête pour lui. Mais les pensées de Dieu étaient différentes.

Comment et avec qui Saul a passé les huit ans à Tarse ? L’écrivain se tait là-dessus, comme aussi pour son séjour en Arabie. Certains ont prétendu que Saul aurait annoncé avec zèle l’évangile dans sa ville natale. Mais ce ne sont là que de pures spéculations sur lesquelles l’Écriture ne dit rien.

Il y a quelque chose qu’on peut déduire avec sûreté sur ce temps-là à partir du silence de l’Écriture : le ministère proprement dit de l’apôtre Paul n’a pas commencé à Tarse. En effet rapporter quelque chose sur un tel sujet serait nécessairement tombé dans le domaine de la mission de Luc. Si la grande œuvre parmi les nations avait commencé à Tarse, et que Saul y avait consacré autant d’années de sa vie de travail, alors Luc n’aurait pas pu passer tout cela sous silence.

Il y a encore un point qui donne à réfléchir : nous n’entendons rien, ni ici ni plus tard, de conversions de gens de Tarse au Seigneur ou de la naissance d’une assemblée. En vérité nous ne savons même pas pourquoi les disciples l’ont justement envoyé à Tarse. Le Seigneur le sait et cela nous suffit.

 

1.4   La paix après l’orage — Actes 9:31

Nous entendons ensuite parler d’un temps béni de repos pour l’assemblée.

« L’assemblée donc, par toute la Judée et la Galilée et la Samarie, était en paix, étant édifiée, et marchant dans la crainte du Seigneur ; et elle croissait par la consolation du Saint Esprit » (9:31).

Nous avons déjà rencontré un petit résumé ou un bref coup d’œil de ce genre au ch. 2 v.44-47 et au ch. 4 v.32-35. Le verset qui est devant nous concerne la situation de l’époque et constitue une sorte d’aboutissement de ce qui précède ; en outre il forme une transition vers une nouvelle section, la visite de l’apôtre Pierre à Lydde et à Joppé.

 

1.4.1       Une paix extérieure, un cadeau de Dieu

Après sa conversion au Seigneur, la persécution dont il était le moteur cessa. Et du fait que maintenant, il était fort éloigné de l’emprise de ses persécuteurs, les hostilités contre lui et contre les disciples du Seigneur disparurent. Il en résultait un temps de repos extérieur — sous la bonne main de Dieu. Il sait bien ce qui est bon pour Ses enfants ; Il permet l’un (l’inimitié) et l’autre (le repos), Il choisit tout pour eux. Les croyants, de leur côté, ont besoin de jours de repos et de paix extérieure d’une manière juste, comme nous allons encore le voir.

Habituellement, on pense que les temps de persécution sont presque obligatoires pour stimuler les croyants. Il peut en être effectivement ainsi. Mais ce serait une erreur d’admettre que les temps de souffrance servent davantage que les temps de paix à ce qu’exige le peuple de Dieu. Les jours de bien-être, de prospérité et de repos, s’ils sont utilisés correctement, sont des conditions plus favorables pour croitre dans la grâce et la connaissance du Seigneur Jésus, que les temps d’adversité et de révolution. C’est pourquoi nous sommes exhortés à prier pour les rois et pour tous ceux qui sont haut placés, « afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté » (1 Tim. 2:1, 2).

Après des tempêtes violentes de persécution et de réajustement, Dieu accorda cette fois-là à Son assemblée une période de repos avec pour résultat une riche bénédiction se répandant au-dedans et au-dehors.

 

1.4.2       L’assemblée sous trois aspects

Nous devons d’abord nous occuper un peu de l’expression remarquable « L’assemblée par toute la Judée et la Galilée et la Samarie ». D’un côté nous apprenons par-là que l’œuvre de Dieu était devenue active aussi en Galilée. Des assemblées n’avaient pas seulement surgi en Judée (Gal. 1:22), mais aussi dans les provinces du nord de la Galilée et de la Samarie. Nous avons déjà entendu parler de la Samarie, mais c’est la première fois que la Galilée est mentionnée sous ce rapport.

D’un autre côté, le fait que des assemblées locales se soient formées dans ces trois provinces, n’anéantit pas le fait qu’il n’y a qu’une seule assemblée. Pour insister sur cette grande vérité, le Saint Esprit utilise ici le singulier (d’après les manuscrits les plus anciens et les meilleurs) : « L’assemblée donc par toute la Judée… était en paix ».

Quant à l’aspect local, il y avait alors, et il y a aujourd’hui, différentes assemblées en différents lieux, et pour chacune tous les croyants en un même lieu constituent l’assemblée. D’autres exemples de cette manière de voir sont les suivants : « l’assemblée qui était à Jérusalem » (11:22) ; « à Antioche, dans l’assemblée qui était là » (13:1) ; « l’assemblée qui est à Cenchrée » (Rom. 16:1) ; « l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe » (1 Cor. 1:2a) ; « aux assemblées de la Galatie » (Gal. 1:2) ; « l’assemblée qui se réunit dans ta maison » (Philémon 2).

Ceci n’est pas la seule manière de voir de l’Écriture Sainte quand il est la question de l’assemblée. Même si les assemblées locales se répandaient « jusqu’au bout de la terre », il reste encore une seule « ecclesia », c’est-à-dire une seule assemblée. C’est là l’aspect général ou temporel : tous les enfants de Dieu, vivant sur la terre à un instant donné, forment ensemble l’assemblée de Dieu, le corps de Christ, la maison de Dieu (1 Cor. 1:2b ; Éph. 4:4 ; 1 Tim. 3:15). Reconnaître cette unité dans la doctrine et dans la pratique est le devoir de chaque membre individuellement (Éph. 4:3). Même en temps de ruine, nous ne pouvons pas nous détacher de cette responsabilité.

L’assemblée de Dieu est vue encore sous un troisième angle : l’ensemble de tous les rachetés depuis la Pentecôte jusqu’à l’enlèvement constitue le corps de Christ, et croît pour être un temple saint dans le Seigneur (Éph. 1:22, 23 et 2:21). Nous pouvons appeler cela l’aspect éternel de l’assemblée parce que c’est ce qu’elle sera éternellement (Apoc. 21:3). Sous cet aspect l’assemblée ne peut naturellement pas être vue en entier sur la terre.

 

1.4.3       Des résultats bénis

Même si l’ennemi dépose les armes pour un temps, le Saint Esprit ne fait aucune pose dans Son action. Trois résultats bénis de Son activité sont mentionnés durant la paix extérieure accordée à l’assemblée par Dieu.

 

1.4.3.1              L’édification

Elle était « édifiée » (au singulier). C’était la première nécessité pour les saints en ce temps-là. Où trouverions-nous la force pour marcher dans la crainte de Dieu, et surmonter les obstacles dans ce monde, si nous n’étions pas toujours à nouveau, fortifiés et édifiés par l’Esprit de Dieu dans notre vie intérieure ! Cette édification trouve toujours sa source propre dans la Parole écrite de Dieu. Tout ce qui se passe dans les rassemblements des croyants devrait et doit avoir lieu pour l’édification de l’assemblée : « … afin que l’assemblée reçoive de l’édification » (1 Cor. 14:5). C’est le grand thème général de tout le chapitre : l’édification commune de ceux qui sont rassemblés. On doit s’abstenir de tout ce qui ne sert pas réellement à l’édification.

En outre il y a une édification personnelle dont parle l’épître de Jude : « Mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très-sainte foi » (Jude 20). Même si l’assemblée devait défaillir complètement, cette part personnelle pourrait quand même nous réjouir. Il est caractéristique que la dernière épître du Nouveau Testament qui nous dépeint la ruine à l’intérieur de la chrétienté, parle encore d’édification personnelle de soi-même sur notre très-sainte foi. La foi chrétienne a-t-elle une telle valeur pour nous que nous combattions pour elle quand c’est nécessaire (Jude 3) ? Ce n’est que si nous le faisons, que nous pouvons aussi nous édifier là-dessus. L’adversaire essaie en  tout cas par tous les moyens de détruire ce bien, ou au moins de nous en dérober la jouissance.

 

1.4.3.2              La crainte du Seigneur

Le deuxième résultat découle du premier : « l’assemblée marchait dans la crainte du Seigneur ». Son comportement pratique était déterminé par la crainte de faire quoi que ce soit qui puisse déplaire au Seigneur. N’est-ce pas une louange élevée qui est décernée ici aux croyants du commencement ? Dans leur vie journalière, ils avaient devant eux le Seigneur Jésus, ils allaient ensemble avec Lui en chemin. Part bienheureuse ! N’est-ce pas bien meilleur que de se persuader que le Seigneur ne voit rien de grave dans notre conformité au monde et dans nos tenues vestimentaires conformes à la mode du monde ?

Je crois ceci : ce qui nous manque aujourd’hui en premier lieu, c’est la crainte de Dieu, la vraie crainte de Dieu. Et cependant « La crainte de l’Éternel est le commencement de la connaissance » (Prov. 1:7). Elle est aussi « le commencement de la sagesse, et la connaissance du Saint est l’intelligence » (Prov. 9:10). « La crainte de l’Éternel, c’est de haïr le mal » (Prov. 8:13). « La crainte du Seigneur, c’est là la sagesse, et se retirer du mal est l’intelligence » (Job 28:28). « La crainte de l’Éternel est une fontaine de vie, pour faire éviter les pièges de la mort » (Prov. 14:27).

Ces quelques indications tirées de la Parole de Dieu peuvent suffire pour montrer que la crainte de Dieu vient en priorité de premier rang. Elle est à la racine d’une vie heureuse. La sainteté pratique précède toujours de peu le bonheur. On ne peut pas être heureux dans le Seigneur si l’on ne se tient pas éloigné du mal. Et sans la crainte du Seigneur il n’y a pas de vraie connaissance des pensées et des voies de Dieu. La sagesse a la crainte de Dieu comme condition préalable. Avec la crainte du Seigneur tout, dans notre vie, tient debout ou tombe. Si elle est présente chez nous, nos enfants eux-mêmes sont à l’abri (Prov. 14:26).

 

1.4.3.3              La croissance

Comme troisième résultat, il est dit que « l’assemblée croissait par la consolation du Saint Esprit ». Une indication semblable sur la croissance de l’assemblée dans ces jours du commencement nous a déjà été donnée, à plusieurs reprises, dans ce livre de la Bible (2:41 ; 4:4 ; 5:14 ; 6:7). Cependant ce n’est qu’ici qu’il est ajouté « par la consolation du Saint Esprit ».

Il n’est pas complètement certain si ce complément concerne la croissance en nombre des saints ou leur marche précédemment mentionnée. Car on peut traduire la deuxième partie du verset de la manière suivante : « et elles marchaient dans la crainte de Dieu et dans la consolation du Saint Esprit et elles se multipliaient ». Si cette manière de traduire est correcte, alors la marche des saints à l’époque n’était pas seulement déterminée par la crainte du Seigneur, mais aussi par la consolation ou l’encouragement du Saint Esprit. Et le résultat de tous les deux était alors que l’assemblée se multipliait. Pensée tellement heureuse !

La traduction qui vient d’être donnée a tout à fait du sens, et elle est également consolante. Par le ministère consolant du Saint Esprit — par les dons qu’Il utilise — l’assemblée n’était pas seulement édifiée elle-même intérieurement, de sorte qu’elle pouvait marcher dans la crainte de Dieu, mais extérieurement aussi elle se multipliait en nombre. Si le Saint Esprit confère de la force à la parole de la prédication, de sorte que des gens se convertissent au Seigneur, cela aussi est pour l’encouragement de l’assemblée. N’avons-nous pas tous vécu quelque chose de cela ?

Quelle que soit la manière dont le passage est compris, une chose est certaine : le Saint Esprit ne manquera jamais de donner l’encouragement (ou : la consolation) nécessaire des saints. Ce qu’il opère n’est pas seulement pour la glorification du Seigneur, mais toujours aussi pour notre encouragement et notre consolation.

C’est ainsi que se termine cette grande section qui était devant nous, qui a commencé par une crise grave, la persécution de l’assemblée, et qui s’achève par l’affermissement et la croissance de cette même assemblée. Le christianisme prenait pied partout où il arrivait. Ni le fanatisme, ni le zèle religieux, ne pouvaient en arrêter le cours. S’arrêterait-il s’il était placé en face de la culture et de la civilisation païennes, et surtout en face de l’idolâtrie païenne ? C’est ce que nous allons voir en poursuivant le livre des Actes.

 

 

2                    Pierre à Lydde et à Joppé — Actes 9:32-43

La trace de Saul de Tarse se perd pour quelque temps dans le livre des Actes. À sa place le récit se tourne de nouveau vers l’apôtre Pierre. Avant que l’apôtre des nations, Paul, puisse commencer ce qui a été proprement son service, quelque chose d’autre devait d’abord se passer, outre sa préparation personnelle : il fallait que la porte d’accès au royaume des cieux soit maintenant ouverte aux nations après l’avoir déjà été aux Juifs et aux Samaritains. Le Seigneur Jésus avait donné à cet effet les clefs du royaume des cieux à l’apôtre Pierre (Matt. 16:19). Maintenant que Pierre entreprend un voyage à travers la Judée, ce voyage sert précisément à ce but sous la direction du Saint Esprit, et aboutit à ce résultat, même si ni Pierre ni quiconque n’en avait la connaissance dans ce moment-là.

Les versets 19 et 20 du ch. 10 montrent clairement que Pierre se tenait en tout sous la direction spéciale du Saint Esprit : « Et comme Pierre méditait sur la vision, l’Esprit lui dit : Voilà, trois hommes te cherchent ; mais lève-toi, et descends, et va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés ». Et plus tard devant les apôtres et les anciens à Jérusalem, il dit aussi : « Hommes frères, vous savez vous-mêmes que, dès les jours anciens, Dieu m’a choisi d’entre vous, afin que par ma bouche les nations ouïssent la parole de l’évangile, et qu’elles crussent » (15:7). Le temps pour cet événement important était maintenant arrivé.

 

2.1   Pierre à Lydde — Actes 9:32-35

« Or il arriva que, comme Pierre parcourait toute la contrée, il descendit aussi vers les saints qui habitaient Lydde » (9:32).

 

Nous ne faisons pas erreur en supposant que c’était l’amour d’un berger (pasteur) qui animait Pierre pour parcourir toute la Judée et y visiter les saints. Auparavant, lui et Jean avaient déjà visité la Samarie, et y avaient annoncé l’évangile dans beaucoup de villages (8:14-25). Un peu plus tard Philippe aussi, sur le chemin de Césarée avait annoncé l’évangile à « toutes les villes » (8:40). En cela ils étaient les imitateurs de leur grand Maître dont il est dit qu’« Il passait par les villes et par les villages les uns après les autres en prêchant et annonçant le royaume de Dieu » (Luc 8:1). « Et il allait par les villes et par les villages l’un après l’autre, enseignant, et poursuivant son chemin vers Jérusalem » (Luc 13:22). « Et il prêchait dans leurs synagogues par toute la Galilée, et chassait les démons » (Marc 1:39). Quel service plein de dévouement est ainsi décrit en peu de mots !

Quand dans notre chapitre maintenant, Pierre revient au premier plan et que nous y voyons présenté une tranche de sa vie et de son activité, nous devons nous rappeler que l’activité des autres apôtres n’est pas le sujet du livre des Actes. Ce livre nous apprend bien quelques éléments en rapport avec Jean, mais rien sur ce que les autres apôtres ont fait pour le Seigneur. Dieu ne nous a pas donné ce livre pour nous instruire du déroulement de tous les événements historiques de l’époque, ni pour nous accorder une vue d’ensemble complète de l’activité des apôtres et des premiers chrétiens. Non, c’est l’expansion de l’évangile qui est devant les yeux de l’écrivain. Et maintenant il faut que le royaume des cieux soit ouvert aux nations, et pour cela une seule personne entre en jeu : c’est Pierre. C’est pourquoi nous le trouvons ici, lui tout seul au service du Seigneur.

Cependant il fallait d’abord que la puissance du nom de Christ soit placée à nouveau devant les hommes, comme aussi la puissance de la prière. En rapport avec la première, on a la guérison d’Énée (à Lydde) et en rapport avec la seconde, on a la résurrection d’entre les morts de Dorcas (à Joppé).

Quand Pierre arriva à Lydde (cette localité juive importante se trouve sur le chemin de Jérusalem à Joppé, et correspond au Lod de l’Ancien Testament, 1 Chr. 8:12 et Néh. 11:35), il s’y trouvait déjà des saints. L’évangile de la grâce de Dieu avait déjà fait son entrée dans cette région, avant que l’apôtre y vint, sans qu’il nous soit dit par qui cela avait eu lieu.

Nous trouvons déjà le terme « saints » au v. 13 : « tes saints dans Jérusalem ». Oui, ce sont les saints du Seigneur : ils sont séparés pour Lui, et Lui appartiennent. Combien il est consolant de savoir qu’aujourd’hui encore il y a de tels gens en beaucoup d’endroits sur la terre : ce sont ceux qui ont été retirés au présent siècle mauvais par la mort du Seigneur Jésus Christ et selon la volonté de notre Dieu et Père (Gal. 1:4), pour servir Celui qui pour eux est mort et est ressuscité (2 Cor. 5:15).

 

2.1.1       … Qui guérit toutes tes maladies — Actes 9:33-34

« Et il trouva là un certain homme nommé Énée, qui depuis huit ans était couché sur un petit lit ; et il était paralytique. Et Pierre lui dit : Énée ! Jésus Christ, te guérit ; lève-toi, et fais-toi toi-même ton lit. Et aussitôt il se leva. » (9:33-34).

 

Le récit de la guérison de cet homme est très bref parce que Luc veut relater non pas tellement ce qui concerne ce paralytique, mais bien plutôt les résultats de sa guérison. Nous avons déjà eu une fois dans les Actes la guérison d’un paralytique, celui à la Belle Porte du temple au ch. 3. Le parallèle entre ces deux cas est frappant : dans les deux cas la puissance du nom de Christ avait été annoncée devant les gens, et dans les deux cas il s’ensuivit que beaucoup vinrent à la foi au Seigneur Jésus (4:4 et 9:35). Nous allons voir tout de suite un troisième parallèle, sur la manière dont s’opéra la guérison.

Certains pensent que ce paralytique qui était couché sur un lit depuis huit ans était un disciple du Seigneur Jésus. Mais rien ne parle en faveur de cette supposition. Il est difficile de penser que Luc estimât qu’il fût un vrai enfant de Dieu puisqu’il parle d’« un certain homme », d’autant plus qu’un peu plus loin, en rapport avec Dorcas qui était croyante, il parle d’elle comme « une femme disciple » (9:36).

Si Pierre interpelle cet homme par son nom, c’est que d’autres lui avaient parlé de lui. « Et Pierre lui dit : Énée ! Jésus, le Christ, te guérit ; lève-toi, et fais-toi toi-même ton lit. Et aussitôt il se leva ». Quand le Seigneur guérit le paralytique dans la synagogue de Capernaüm, Il le fit par Sa propre force (Marc 2). Mais Pierre n’était qu’un serviteur du Seigneur et n’avait pas de force par lui-même. C’est pourquoi il guérit Énée au nom de Jésus Christ et dit : « Jésus Christ te guérit ». La même chose avait eu lieu à la Belle Porte : « Au nom de Jésus Christ le Nazaréen, lève-toi et marche » (3:6). Les deux paralytiques firent l’expérience de la guérison, une guérison instantanée, imprévue, complète et qui n’avait pas été demandée. C’est là le troisième parallèle.

Le reste de la phrase « et fais-toi toi-même ton lit » est touchant ; il rappelle que pendant des années, d’autres avaient dû remplir ce devoir, et que cette nécessité était maintenant passée. Quelle belle image de la grâce de Dieu !

Or ce que le paralytique a vécu, un jour Israël en fera l’expérience, car le paralytique est une figure de ce peuple. Même si aujourd’hui il est encore « paralytique », incapable au sens spirituel de bouger un seul membre à la gloire de Dieu, il arrivera pourtant le temps où sera vérifié ce que dit le Ps. 103 au sujet du résidu d’Israël : « Mon âme, bénis l’Éternel !… C’est lui qui pardonne toutes tes injustices, qui guérit toutes tes maladies » (Ps. 103:1, 3 - [JND traduit « infirmités »]). Dans ce contexte, il n’est certainement pas sans importance de savoir que le nom Énée signifie « louez ». Toutes les voies de Dieu, y compris celles à l’égard d’Israël, retentiront de Sa louange.

 

2.1.2       Quand des enfants de Dieu sont malades

La promesse de guérir toutes tes maladies (Ps. 103:3) ne peut pas être appliquée directement aux croyants d’aujourd’hui. Certainement Dieu délivre encore aujourd’hui Ses enfants de telle ou telle maladie quand c’est selon Son plan pour eux, et alors Il guérit habituellement d’une manière non spectaculaire. Mais « toutes tes maladies » ne peut être dit que d’Israël dans le règne millénaire. Nous chrétiens n’avons pas cette promesse. Quand nous parcourons le Nouveau Testament pour savoir ce qui est dit de l’état de maladie des enfants de Dieu pendant le temps de la grâce, voilà ce que nous pouvons dire avec certitude : Quand des croyants étaient malades, en règle générale ils n’étaient pas guéris par un déploiement surnaturel de puissance divine, si tant est qu’ils fussent guéris. Très souvent Dieu utilisait et utilise beaucoup plutôt la maladie précisément pour l’éducation de Ses enfants. Quelquefois la maladie est même directement le résultat de Sa discipline punitive. C’était le cas des croyants à Corinthe auxquels l’apôtre devait expliquer : « c’est pourquoi beaucoup parmi vous sont faibles et malades, et une bonne partie sont endormis » (1 Cor. 11:30). Il ne les laissa pas dans l’incertitude sur la raison de leurs faiblesses et de leurs maladies.

Dans l’épître aux Philippiens, nous voyons quelque chose de différent, mais une image touchante. L’apôtre Paul avait été très inquiet de la maladie d’Épaphrodite. Combien avait-il été alors heureux et reconnaissant que Dieu rétablisse ce compagnon d’armes (Phil. 2:25-30) ! L’apôtre possédait le don de guérison, mais nous ne trouvons pas qu’il s’en soit jamais servi en faveur des saints de Dieu. Si Dieu avait une leçon à donner à Ses enfants ou s’Il pensait se glorifier d’une manière spéciale à leur égard, alors l’apôtre laissait les choses en l’état. N’avons-nous pas, nous aussi, à apprendre quelque chose de cette manière de voir de l’apôtre, pour nous-mêmes et pour nos prières pour les malades ?

Timothée était un jeune homme plein de dévouement, mais de constitution délicate. Quel remède recommandait l’apôtre à son compagnon de travail pour sa faiblesse corporelle ? « Ne bois plus de l’eau seulement, mais use d’un peu de vin à cause de ton estomac et de tes fréquentes indispositions » (1 Tim. 5:23). Aucune suggestion relative à la possibilité d’un miracle, mais « un peu de vin » !

Au cours d’un de ses derniers voyages, l’apôtre Paul s’est vu dans la nécessité de laisser Trophime, un autre de ses collaborateurs, malade à Millet (2 Tim. 4:20). Lui faisait-il espérer une prompte guérison par sa prière de la foi, une prière d’apôtre ? ou par l’exercice de son « don de grâce de guérison » (1 Cor. 12:9, 28, 30) ? Non. Il le remettait entre les mains de Dieu. Si Dieu estimait nécessaire la maladie de Son serviteur, lui l’apôtre ne voulait pas s’interposer. Si cela avait été pourtant pour son bien spirituel, Trophime aurait été certainement guéri.

 

2.1.3       La guérison et ses effets — Actes 9:35

Nous voyons bien que le cas d’Énée qui est devant nous est tout autre. Il ne s’agissait pas d’un croyant, mais la grâce de Dieu voulait justement se manifester envers lui par la puissance du nom de Jésus Christ — en témoignage aux Juifs incrédules. Sur l’ordre de l’apôtre Pierre « lève-toi, et fais-toi toi-même ton lit ! », le paralytique se leva aussitôt. Dans certains cas où une guérison surnaturelle s’opérait par la puissance de Dieu, l’affaire en restait là. Dans d’autres cas la guérison extérieure s’accompagnait d’une guérison intérieure et spirituelle. Ce fut le cas à Lydde. La guérison d’Énée attira l’attention sur le fait qu’un prédicateur chrétien doté du don de grâce de guérison était venu à Lydde.

 

« Et tous ceux qui habitaient Lydde et le Saron le virent ; et ils se convertirent au Seigneur » (9:35). [JND : « se tournèrent vers le »]

 

En ce temps-là Dieu bénissait encore quelques individus du peuple juif par des miracles particuliers, mais seulement au nom du Sauveur méprisé sur la terre, alors qu’Il est glorifié dans le ciel. La nouvelle de la guérison se répandit rapidement et eut un effet tout à fait salutaire parmi la population de Lydde et du Saron. Le Saron désigne le district (une plaine), tandis que Lydde désigne une ville.

Les habitants du lieu faisaient partie de la descendance d’Abraham, et c’est ce qu’explique la manière de s’exprimer « ils se convertirent au Seigneur ».

Quand il s’agit de gens des nations qui venaient à la foi, il est dit qu’ils se convertissaient à Dieu [se tournaient vers Dieu]. Par exemple il est dit des Thessaloniciens qu’ils s’étaient convertis des idoles au Dieu vivant et vrai (1 Thes. 1:9 [JND : « tournés des idoles vers le Dieu… »]). On ne pouvait guère dire d’un Juif qu’il se convertissait à Dieu [JND : tournait vers Dieu], car selon sa confession et sa position, il était déjà un adorateur de Dieu. Pour lui, il était d’autant plus important de se convertir au Seigneur Jésus Christ, c’est-à-dire de reconnaître comme Seigneur sur lui-même ce Jésus Christ qu’il avait jusque-là méprisé. Nous voyons une fois de plus combien la manière de s’exprimer de l’Écriture sainte est précise.

Il y eut tellement de gens qui virent l’homme, qui reconnurent le miracle dans sa vraie signification et se tournèrent par la foi vers le Seigneur, que Luc peut écrire « tous ». Toute la région fut sous l’effet de l’action de Dieu et de Sa Parole. Ce n’est pas seulement de l’émerveillement ou de l’étonnement qui remplirent les gens devant le miracle, comme auparavant à Jérusalem (Jean 2:23-25), mais il y eut une œuvre véritable de l’Esprit de Dieu en eux.

Il n’est pas dit expressément que Pierre ait annoncé l’évangile du Seigneur, mais on peut le présumer, car « la foi est de ce que l’on entend, et de ce que l’on entend par la Parole de Dieu » (Rom. 10:17). Nous n’apprenons pas non plus que les convertis aient été baptisés, ni rien sur le baptême pendant tout le séjour de Pierre à Lydde. Tout cela est passé sous silence par le Saint Esprit. Son intention était manifestement de mettre en relief l’étendue extraordinaire, la grande extension de l’œuvre de la grâce.

 

2.2   Pierre à Joppé — Actes 9:36-43

Joppé se trouve à environ 15 km au nord-ouest de Lydde. Joppé, actuellement Jaffa, a été depuis les temps les plus anciens une ville portuaire et commerciale importante, et plus tard son importance a été grande pour Israël et Jérusalem (2 Chr. 2:15 ; Esdras 3:7). C’est là que nous conduit maintenant le récit de Luc, car c’est là que Dieu conduisit les pas de l’apôtre Pierre. Avec cet événement, nous faisons un grand pas de plus vers ce qui est d’importance primordiale pour nous, croyants des nations, et dont la description occupe le chapitre suivant (ch. 10) du livre des Actes.

 

2.2.1       De bonnes œuvres — Actes 9:36

« Or il y avait à Joppé une femme disciple, nommée Tabitha, qui, interprété, signifie Dorcas ; elle était pleine de bonnes œuvres et d’aumônes qu’elle faisait » (9:36).

 

Il y avait déjà à l’époque une assemblée locale (chrétienne) à Joppé. Sans doute Philippe avait évangélisé là le longe de son chemin vers Césarée (8:40), et beaucoup des premiers chrétiens de la région autour de Joppé étaient probablement des réfugiés issus de Jérusalem (8:1).

Une disciple du Seigneur dénommée Tabitha vivait là ; Tabitha est une désignation araméenne correspondant au grec Dorcas. Ce nom qui signifie « gazelle » était souvent donné à des jeunes filles car il donne l’idée de beauté et de charme. En ce qui concerne cette disciple, le récit donne l’impression qu’elle n’avait aucune parenté et qu’elle vivait seule. Son intérêt particulier pour les veuves nous fait présumer qu’elle était veuve elle-même, sans enfant. Bien que, quant à elle, elle vécût seule et sans famille dont elle dût prendre soin, elle avait pris les pauvres à la place, comme ses enfants, et elle consacrait de cette manière au Seigneur son temps, ses forces et ses capacités. Elle occupait par-là une place remarquable dans la vie de la jeune assemblée de Joppé.

Avant de voir de plus près les bonnes œuvres qu’elle faisait, notons une circonstance que notre verset indique au moins indirectement : À Joppé, on ne pratiquait pas la communauté de biens comme en son temps à Jérusalem (2:44-45). Cela souligne ce que nous avons déjà eu l’occasion de dire sur ce sujet [voir le commentaire sur Actes 2]. S’il y avait eu parmi les saints à Joppé l’état de choses qui prévalait à Jérusalem au commencement, le service particulier de Dorcas n’aurait pas été nécessaire et n’aurait même pas eu lieu d’être. Ce que nous avons ici quant à la manière de faire face à la pauvreté parmi les croyants, c’est l’état normal ; Jérusalem était un état d’exception.

Dorcas était une disciple, riche en bonnes œuvres et en aumônes qu’elle faisait. Notons bien l’ordre des choses ! La première partie du verset indique la source ou la racine ; la seconde partie indique les résultats ou les fruits. En premier lieu, elle était une disciple, voilà la racine ; en second lieu elle était riche en bonnes œuvres, voilà les fruits. Elle ne faisait pas des bonnes œuvres pour devenir disciple et se mériter le ciel. Non, elle était disciple, et comme telle elle était pleine de bonnes œuvres. Or ce n’est pas seulement la succession de ces choses qui est importante, mais aussi le fait qu’elles sont étroitement liées. Dieu les a liées ensemble, et nous ne devons pas les dissocier. Quand Dieu fait de nous des disciples du Seigneur, alors Il voudrait que nous soyons riches en bonnes œuvres. Les bonnes œuvres sont le résultat de la foi ; elles sont en quelque sorte la Parole de Dieu exposée pratiquement.

L’œuvre de Dorcas était d’un genre purement personnel, et elle était accomplie de bon gré. C’est la manière précieuse d’exercer la bienfaisance, aussi bien pour celui qui donne que pour celui qui reçoit. Elle connaissait chaque veuve qu’elle habillait, chaque enfant dont elle prenait soin. Elle ne possédait vraisemblablement pas beaucoup d’argent pour donner aux pauvres, mais elle les aidait avec ce qu’elle pouvait faire de ses mains. Elle ne se laissait pas non plus décourager par ses peines, elle ne se relâchait pas. C’est ce que fait ressortir la fin de la phrase, exprimée en grec à l’imparfait duratif (qui exprime une action qui dure) : « qu’elle exerçait continuellement ». Quelle belle image, quel exemple digne d’être imité se déploie ici devant nos cœurs !

 

2.2.2       Une disciple du Seigneur meurt — Actes 9:37-38

Pourtant cette vie de dévouement pour le Seigneur trouva une fin soudaine :

 

« Et il arriva en ces jours-là, qu’étant tombée malade elle mourut ; et quand ils l’eurent lavée, ils la mirent dans la chambre haute. Et comme Lydde est près de Joppé, les disciples ayant appris que Pierre était dans cette [ville], envoyèrent vers lui deux hommes, le priant : Ne tarde pas de venir jusqu’à nous » (9:37-38).

 

Oui, il arrive aussi aux enfants de Dieu d’être malades et de mourir. Mais leur mort ne consiste en réalité qu’à s’endormir d’un sommeil qui ne concerne que le corps, non pas l’âme. Certes les proches de ceux qui sont repris auprès du Seigneur et qui sont croyants éprouvent bien une profonde tristesse en rapport avec la perte subie, mais ils ne sont pas affligés comme « les autres qui n’ont pas d’espérance » (1 Thes. 4:13-15), justement parce que, eux, ont une espérance. Quand il est dans le dessein de Dieu de prendre à Lui l’un des Siens par la mort, Il se sert habituellement d’une quelconque maladie. Comme il est dit à l’égard du prophète Élisée : « Et Élisée était malade de la maladie dont il mourut » (2 Rois 13:14). Nous voyons ici la même chose : la maladie, puis la mort de Tabitha. Les veuves n’avaient pas à avoir honte de leurs larmes, car c’est l’amertume de la mort : elle déchire les liens terrestres même les plus intimes.

Cependant le croyant peut regarder la mort en face sans peur, car pour lui elle a perdu son aiguillon (1 Cor. 15:55-56), et même elle n’est qu’une « servante » qui lui ouvre la porte du paradis. C’est pourquoi l’apôtre Paul avait « le désir de déloger et d’être avec Christ car cela est de beaucoup meilleur » (Phil. 1:23). Mais cela ne l’empêchait pas le moins du monde de rendre grâces à Dieu de ce qu’Il avait eu pitié de lui et d’Epaphrodite en préservant ce dernier de la mort, « afin que je n’eusse pas tristesse sur tristesse » (Phil. 2:25-27). Combien il est beau d’avoir ces deux sentiments si différents placés l’un à côté de l’autre ! Le Saint Esprit les a fait naître tous les deux.

Quand il est écrit que « il arriva en ces jours-là, qu’étant tombée malade elle mourut », le Saint Esprit semble indiquer par-là que, selon la prévoyance [Providence] de Dieu, la maladie et la mort de Tabitha arrivèrent juste au moment où Pierre était dans les parages. Dieu avait devant Lui d’honorer d’une manière spéciale cette femme humble et toute simple en la ressuscitant d’entre les morts. La puissance apostolique était présente, en Pierre, et elle devait encore une fois se rendre visible selon la volonté de Dieu.

 

2.2.3       La foi met son espérance en Dieu

C’est justement cela que les disciples paraissent avoir attendu en silence, ou tout au moins espéré. Car si leur désir n’avait porté que sur la consolation de Pierre, ils n’auraient pas envoyé le chercher de cette manière pressante. Mais ainsi la défunte fut lavée selon la coutume juive et couchée dans une chambre haute, tandis que deux hommes d’entre les disciples étaient envoyés à Lydde pour chercher Pierre, disant « ne tarde pas de venir jusqu’à nous ».

Vraisemblablement les disciples à Joppé avaient attendu sa visite de toutes manières, mais maintenant sa venue immédiate était devenue nécessaire. Car à cause du climat de la région, les morts étaient ensevelis le jour du décès (8:2), au plus tard le lendemain matin si la mort intervenait tard dans la journée. Si Pierre avait trop tardé, il aurait été tout à fait possible qu’à son arrivée la défunte fusse déjà ensevelie.

Si donc la demande faite à Pierre de venir rapidement répercutait l’espérance secrète que le Seigneur, dans Sa grâce, puisse utiliser Pierre pour rendre Tabitha à l’assemblée à Joppé, ils savaient cependant tout à fait que, jusqu’alors, le Seigneur n’avait jamais conféré une telle puissance à une personne autre que son apôtre (Matt. 10:8). Le Seigneur n’avait donné une telle puissance ni aux soixante-dix (Luc 10) ni aux témoins de sa résurrection de Marc 16 (v. 17-20). Bien qu’il y eut des saints à Joppé, ils ne possédaient cependant pas la puissance d’opérer des miracles. Seule la puissance divine pouvait réveiller Tabitha à la vie.

Il apparaît par-là que la manière de raconter l’affaire, et spécialement le message communiqué à Pierre, indiquent quelque chose de plus : Les disciples n’ont prié ni le Seigneur ni Pierre de leur rendre Tabitha par un miracle. Personne n’osait dire ce qu’était la volonté de Dieu dans ce cas. Ils remettaient donc l’affaire entièrement à Celui qui, seul, sait ce qui est bon. La foi espère en Dieu. N’est-ce pas là toujours ce qu’il y a de mieux, quelle que soit la situation à laquelle elle est confrontée ?

 

2.2.4       Un monument d’étoffe et de tissu — Actes 9:39

« Et Pierre, se levant, s’en alla avec eux. Et quand il fut arrivé, ils le menèrent dans la chambre haute ; et toutes les veuves vinrent auprès de lui en pleurant, et en montrant les sous-vêtements et les vêtements, toutes les choses que Dorcas avait faites pendant qu’elle était avec elles » (9:39).

 

Pierre prêta l’oreille à la requête des hommes et alla sans tarder avec eux. Arrivé à Joppé (l’aller et retour prend cinq à six heures), les disciples le conduisirent directement à la chambre haute. Là encore ils ne formulèrent aucune demande. Sans un mot ils l’amenèrent vers la défunte, et ils les trouva prêts à faire l’enterrement. Une scène touchante se déroule alors. Toutes les veuves pour qui Dorcas avait fait des habits et des vêtements sont là présentes. Comment aucune d’entre elles aurait pu manquer ? c’est pourquoi il est dit : « toutes les veuves ». En pleurant, elles viennent auprès de l’apôtre et lui montrent ce que cette femme représentait pour elles, et ce que l’assemblée avait perdu en elle.

L’art et la manière dont elle firent cela touche le cœur. Certes les mains diligentes de Tabitha étaient maintenant au repos dans la mort, mais les veuves montraient ce que ces mains avaient accompli auparavant, actionnées par un cœur d’amour. Beaucoup portaient sur leur propre corps les vêtements manufacturés — des monuments vivants ! Beaucoup de monuments d’hommes célèbres ou d’événements célèbres, coulés en bronze ou taillés dans la pierre se sont écroulés depuis longtemps, ou sont oubliés. Mais ces monuments manufacturés avec des étoffes et des aiguilles, qui témoignent de l’amour actif de Dieu dans une simple femme nous parlent encore aujourd’hui à nous.

Les femmes ne pouvaient pas retenir leurs sentiments de tristesse, elles pleuraient tout fort. Mais ces pleurs audibles, remplis de douleur doivent être absolument distingués des puissantes plaintes et lamentations de commande des Juifs dans la maison de Jaïrus (Marc 5:38-39). Ici chez les veuves, il n’y avait pas de tumulte avec de grands cris, mais l’expression d’une tristesse profonde et authentique. Elles avaient perdu une vraie amie qui les avait servies. Cela nous rappelle cette parole : « par amour servez-vous l’un l’autre » (Gal. 5:13). Dorcas l’avait fait. Les vêtements fabriqués pour les pauvres, elle les faisait en réalité pour le Seigneur. Elle n’avait qu’un talent, qu’une aiguille, mais elle s’en servait pour Lui. Et elle avait fait beaucoup avec cela !

 

2.2.5       Tabitha, lève-toi ! — Actes 9:40-41

« Mais Pierre, les ayant tous mis dehors et s’étant mis à genoux, pria ; et, se tournant vers le corps, il dit : Tabitha, lève-toi. Et elle ouvrit ses yeux, et voyant Pierre, elle se mit sur son séant ; - et lui ayant donné la main, il la leva ; et ayant appelé les saints et les veuves, il la [leur] présenta vivante » (9:40-41).

 

Ce qui est raconté ici ressemble un peu à ce qui s’était passé avec le Seigneur Jésus quand Il avait ressuscité la petite fille de Jaïrus, mais il y a davantage de contrastes. Comme le Seigneur (Marc 5:40), Pierre fait sortir dehors tous ceux qui se trouvaient présents. Dans les deux passages, l’expression utilisée en grec est très forte, car c’est proprement « il les jeta (ou : poussa) dehors ». Manifestement ils ne suivirent qu’avec réticences la demande de Pierre qu’ils sortent.

Et pour quelles raisons les fit-il sortir ? La suite du verset donne la réponse : Pierre voulait être seul avec le Seigneur, il voulait Le prier. Pour cela il se mit à genoux (littéralement : « il fléchit les genoux ») — une attitude qui nous convient aussi quand nous voulons parler au Seigneur de gloire. Ne pensons pas que l’attitude extérieure dans la prière est absolument sans importance du fait que Dieu regarde au cœur ! Certainement Dieu regarde au cœur, mais c’est justement la raison pour laquelle la crainte respectueuse devant l’autorité supérieure est aussi manifestée chez nous, chaque fois que cela est possible, par le moyen d’une attitude extérieure appropriée. Ces mots me saisissent chaque fois à nouveau : « Pierre… s’étant mis à genoux, pria ». Au sujet de l’apôtre Paul, il est également dit : « Et ayant dit ces choses, il se mit à genoux et pria avec eux tous » (20:36). Et un peu plus loin : « et nous étant mis à genoux sur le rivage, nous priâmes » (21:5). Dans le ciel aussi il arrivera un jour que nous nous prosternerons et nous adorerons devant Celui qui est assis sur le trône et devant l’Agneau (Apoc. 5:14).

Dans sa prière, Pierre exprime sa dépendance vis-à-vis de Dieu, car il savait bien qu’il ne pouvait pas ressusciter la défunte par sa propre force. Dieu est Celui qui donne la vie, et en dehors de Lui personne ne le peut. C’est dans la conscience de cela que, dans des situations semblables, Élie (1 Rois 17:20-22) et Élisée (2 Rois 4:33) ont fait appel à Dieu et ont trouvé de l’écoute. Le Fils de Dieu, Lui, saisit simplement la main de l’enfant, et à Sa parole « Talitha koumi », la fille se leva et marcha (Marc 5:41-42). Pierre était alors présent et avait été témoin de cette résurrection merveilleuse. Mais ici, il se tient aux pieds de Celui qui, comme le Père, peut vivifier « qui Il veut » (Jean 5:21). Il met son espérance en Dieu, et Dieu lui donne la réponse.

Redisons-le encore : le privilège et la puissance de donner la vie à une créature n’appartient qu’à Dieu seul. Le Seigneur peut utiliser autrui pour rouler la pierre du sépulcre (Jean 11:39-41), comme Il utilise aussi Ses serviteurs dans l’œuvre de l’évangile pour ôter les difficultés du chemin. Mais donner la vie, c’est Lui-même qui le fait. Seul le Seigneur pouvait commander à un mort : « Lazare, sors dehors ! ». Quand celui qui avait été appelé est sorti, il avait alors encore entièrement l’aspect d’un mort, les pieds et les mains liés par des bandes (comme on faisait pour les morts). Le Seigneur ne l’en libéra point, mais Il commanda à d’autres de le faire. Mais la communication directe de la vie n’est jamais confiée à une créature.

Pierre se tourne maintenant vers le corps ; cependant il ne lui parle pas (ç’aurait été une folie), mais il parle à la personne : « Tabitha, lève-toi ! ». Le Seigneur fit que Tabitha entendit ; Il fit revenir l’âme dans le corps. Tabitha se réveilla comme d’un profond sommeil. Elle ouvrit les yeux, s’assit, Pierre la regardant ; puis celui-ci lui donna la main, et la redressa. Dorcas fut instantanément et complètement réveillée à la vie, non pas par étapes. Luc ne décrit que les détails extérieurs qui ont accompagné ce réveil, et il n’indique nullement des stades particuliers de la vie qui revient, comme certains l’ont prétendu. Quand quelqu’un se réveille de son sommeil (et c’est là l’image que Luc a devant lui), il commence par ouvrir les yeux. C’est ce qui a eu lieu avec cette Tabitha endormie. Quand le Seigneur lui redonna la vie, elle commença par ouvrir les yeux, — ces yeux qui sont éteints dans la mort. Merveilleuse puissance de Dieu ! Pierre aida ensuite la ressuscitée à se lever sur ses pieds. Car nous pensons bien qu’elle était encore liée de linceuls et de bandes.

Il semble qu’à ce moment-là, Pierre a ouvert la porte et a appelé à entrer les disciples qui attendaient. Quelle scène cela a dû être quand Pierre a présenté Dorcas vivante aux disciples inquiets et aux veuves en pleurs ! Luc qui raconte l’histoire est silencieux à ce sujet. Cela est tout à fait typique des écrivains inspirés de la Parole de Dieu. Des événements prodigieux sont dépeints brièvement et avec des mots simples. Ils laissent les événements et les faits inouïs parler d’eux-mêmes.

En présence de Lazare, le Seigneur donna l’instruction : « déliez-le et laissez-le aller ». Avec la fille du chef de synagogue, il ordonna de lui donner à manger. Mais pour Tabitha, Pierre lui donna la main pour la lever. Ne pouvons-nous pas dire que nous trouvons là la triple mission que le Seigneur nous indique : délivrer les jeunes croyants de leurs attaches, leur donner de la nourriture spirituelle, et les prendre par la main pour les accompagner plus loin sur le chemin ?

 

2.2.6       Beaucoup crurent au Seigneur — Actes 9:42-43

« Et cela fut connu dans tout Joppé ; et beaucoup crurent au Seigneur » (9:42).

 

Par comparaison avec le miracle de la guérison du paralytique opéré à Lydde, le miracle fait à Joppé était bien plus grand : un mort était revenu à la vie. Mais tandis que tous ceux qui habitaient Lydde et le Saron et qui virent l’homme guéri, se convertirent au Seigneur, à Joppé il est parlé seulement de beaucoup de gens qui crurent au Seigneur. Comme nous l’avons déjà vu, la foi ne repose pas sur des miracles, mais sur la Parole de Dieu. Dans ce temps du commencement, Dieu faisait encore se produire de grands miracles pour éveiller l’attention des gens et les diriger vers l’évangile tandis qu’il était encore nouveau.

Encore un mot sur la déclaration « beaucoup crurent au Seigneur ». La construction de la phrase en grec voudrait plutôt dire ici : « beaucoup mirent leur confiance sur le Seigneur ». C’est une explication belle et simple de ce que signifie croire au Seigneur Jésus : c’est mettre sa confiance sur la grâce et la puissance du Seigneur pour le salut. Au ch. 10 nous trouvons la même construction, et il est alors ajouté : « … que, par son nom, quiconque croit en lui (litt : met sa confiance sur lui) reçoit la rémission (ou : pardon) des péchés » (10:43). Si en face de ses péchés, quelqu’un met sa confiance en Jésus et en Son œuvre de rédemption accomplie à la croix, Dieu lui accorde le pardon des péchés pour le temps et l’éternité. Et quand Dieu pardonne des péchés, Il ne s’en souvient « plus jamais » (Héb. 10:17).

Avec la déclaration du v. 42 de notre texte, Luc est revenu à son sujet principal : la diffusion de l’évangile et la croissance de l’assemblée de Dieu. Un grand miracle a été opéré par Pierre à Joppé, et la moisson y a été grande. Il semble que dans cette région il y avait encore beaucoup à faire, et c’est pourquoi Luc ajoute :

 

« Et il arriva qu’il demeura plusieurs jours à Joppé, chez un certain Simon, tanneur » (9:43).

 

Il n’est pas dit combien de temps Pierre est resté à Joppé, mais ce fut bien plus que deux ou trois jours. La remarque faite sur Simon qui l’hébergeait est intéressante. Manifestement il habitait en dehors de la ville, auprès de la mer (10:6). Sa profession de tanneur [JND : corroyeur = fabricant de courroies] donnait aux Juifs le sentiment qu’il était marqué par l’impureté cérémonielle, car cette profession l’amenait à avoir constamment contact avec les peaux d’animaux morts. Mais Simon, le tanneur, était manifestement un chrétien qui ne s’en souciait pas.

Pierre aussi mit les pensées juives de côté, et séjourna chez Simon tout le temps qu’il demeura à Joppé. Après tout, il avait aussi visité avec Jean la Samarie que les Juifs considéraient comme impure. Or c’est justement dans ce territoire chez Simon, le tanneur, que Pierre avait encore à apprendre une leçon importante. Pierre lui-même était précisément encore emprisonné étroitement par le système légal juif. Nous verrons dans le ch. 10 suivant quelle peine le Seigneur eut à en détacher Son serviteur, et quel nouveau chemin la grâce de Dieu emprunta.