[ Page principale | Nouveautés | La Bible | la Foi - l'Évangile | Plan des sujets | Études AT | Études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]

 

Paraboles de Luc 10 et 11

 

Christian Briem

 

Table des matières abrégée :

1     Le Samaritain miséricordieux (ou : bon Samaritain). Luc 10:25-37

2     La parabole des trois amis — Luc 11:5-8

 

Table des matières détaillée :

1     Le Samaritain miséricordieux (ou : bon Samaritain). Luc 10:25-37

1.1      Un propre juste

1.1.1             Luc 10:25

1.1.2             Luc 10:26

1.1.3             Luc 10:27-28

1.1.4             Luc 10:29

1.2      La parabole dans sa signification morale

1.2.1       Le sacrificateur

1.2.2       Le lévite

1.2.3             Qui est le prochain

1.3      Luc 10:33-37

1.4      La parabole dans sa signification typique

2     La parabole des trois amis — Luc 11:5-8

2.1          Différentes manières de Dieu pour exaucer nos prières

2.2      Une prière instante

2.2.1             L’ami qui demande

2.2.2             L’ami à qui la requête est adressée

2.3          Comparaison sommaire avec la parabole de « la veuve »

 

 

 

1                        Le Samaritain miséricordieux (ou : bon Samaritain). Luc 10:25-37

Traduit de l’allemand : « Er lehrte sie vieles in Gleichnissen » = « Il les enseignait beaucoup en paraboles », vol. 2 p. 99-114.

La parabole du Samaritain miséricordieux est l’une des plus connues du Nouveau Testament. Seul Luc la rapporte, mais la plupart des lecteurs de la Bible sont familiers avec son contexte historique. Mais il vaut quand même la peine d’y jeter un coup d’œil. Non seulement cela nous permettra de mieux comprendre la parabole, mais cela nous initiera aussi dès le commencement à ce qu’est l’homme, et à ce qu’est le Seigneur Jésus en face de lui. Ce contraste se poursuit comme un fil rouge à travers tout le récit qui précède la parabole, et à travers la parabole elle-même.

 

1.1   Un propre juste

1.1.1        Luc 10:25

« Et voici, un docteur de la loi se leva pour l’éprouver, et dit : Maître, que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? » (Luc 10:25).

 

Quand Luc introduit le récit d’un événement par l’expression « et voici », il établit en général un rapport avec ce qui précède. Or ici, le Seigneur Jésus venait de parler dans une prière à Son Père des « sages et des intelligents », et il avait dit : « Je te loue, ô Père… parce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et que tu les as révélées aux petits enfants. Oui, Père, car c’est ce que tu as trouvé bon devant toi » (Luc 10:21). Il semble que ce soit l’intention du Saint Esprit de se servir du docteur de la loi pour présenter l’un de ces « sages et intelligents », qui, en réalité, est insensé et ignorant.

Cet homme connaisseur de la loi se met à éprouver le Seigneur Jésus. La question de la vie éternelle en préoccupait beaucoup en Israël (voir Matthieu 19:16-22 ; Marc 10:17-22 ; Luc 18:18-23), et vraisemblablement il voulait voir ce que Jésus aurait à en dire, et si lui-même arriverait à L’empêtrer dans des contradictions sur les idées que les Juifs se faisaient au sujet de la loi.

Sa question « Maître, que faut-il que j’aie fait pour hériter de la vie éternelle ? » manifeste que cet homme était un propre juste, qui voulait faire pour mériter la vie éternelle. Il allait de soi pour lui qu’il avait quelque chose à faire ; la seule chose qui n’était pas claire pour lui était ce qu’il avait à faire. Cependant il semble qu’il s’agissait d’une question purement théorique, et il ne faut pas supposer que celui qui posait cette question se proposait en aucune manière de faire ce que Jésus allait répondre. Au contraire il Le mettait à l’épreuve, et attendant une réponse dont il pourrait se servir contre Lui.

Le seul point positif chez cet homme était qu’il se souciait de la vie éternelle, même si c’était peut-être avec des motifs mélangés.

Cependant la question sur la vie éternelle était trop peu de chose à elle seule, et toutes les dispositions intérieures étaient fausses. Car cet homme ne demandait pas, comme plus tard le geôlier de Philippes : « que dois-je faire pour être sauvé ? » (Actes 16:30). Poser une pareille question, c’est reconnaître qu’on est perdu, et qu’on n’a pas d’autre secours que celui de la grâce de Dieu. La question du docteur de la loi était bien loin de cette conviction. Il voulait faire quelque chose afin d’acquérir la vie éternelle. Mais raisonner ainsi, c’est se placer sur le terrain de la loi, et s’estimer compétent et capable de faire ce que Dieu requiert. Quelle erreur fatale, et en même temps quelle folie ! Car, d’abord, jamais personne n’a jamais pu garder la loi, sinon il vivrait encore aujourd’hui, et deuxièmement Dieu n’a pas donné la loi comme moyen de salut, sur la base duquel un pécheur peut parvenir à la vie éternelle (Gal. 3:21). Dieu a donné la loi pour tester ceux qui pensent être en état de répondre aux exigences de Dieu (Exode 24:3, 7).

La réponse du Seigneur va dans ce sens. Tandis que le geôlier pouvait entendre l’heureux message : « crois au Seigneur Jésus, et tu seras sauvé, toi et ta maison » (Actes 16:31), le Seigneur répond d’abord au docteur de la loi par deux questions.

 

1.1.2        Luc 10:26

« Et il lui dit : Qu’est-il écrit dans la loi ? Comment lis-tu ? » (Luc 10:26).

 

On s’étonne de la patience du Seigneur avec ce propre juste, mais aussi de la sagesse avec laquelle Il répond à la question. Il se place sur le terrain de Son interlocuteur. Nous trouvons cela aussi en d’autres occasions. Cela permet au Seigneur d’amener le docteur de la loi à répondre lui-même à sa propre question, et à le faire à l’aide de la loi sur laquelle il s’appuie. Il s’était adressé à Lui en tant que « Maître », et ce Maître lui demande maintenant quelque chose en prenant pour point de départ que lui, le docteur de la loi, connaît cette loi, — ce qui se révèle exact. Cela n’était-il pas justement tout à fait désarmant ? Y avait-il encore place pour de mauvaises intentions ?

Dans le texte original, il y a une tournure de la phrase qui, au moyen de la place de l’expression « dans la loi », met l’accent justement sur cette expression. « Dans la loi », demande le Seigneur Jésus, « qu’est-il écrit ? ». Avec la deuxième question « que lis-tu ? », le Seigneur veut seulement forcer le docteur à citer le passage correspondant de la Parole. En cela aussi Il présuppose la connaissance suffisante pour répondre, et la capacité de le faire. Cette manière d’agir du Seigneur ne devait-elle pas faire disparaître tout sentiment d’inimitié dans le cœur de cet homme ?

 

1.1.3        Luc 10:27-28

« Et répondant, il dit : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute ta force, et de toute ta pensée» ; «et ton prochain comme toi-même». Et il lui dit : Tu as bien répondu ; fais cela, et tu vivras » (Luc 10:27-28).

 

En soi, la réponse du docteur de la loi est tout à fait bonne. Elle montre qu’il n’avait pas étudié la loi en vain, et qu’il connaît très bien les deux commandements qui forment le cœur de ce que Dieu exige de l’homme dans la loi (voir Deut. 6:4-5 ; Lév. 19:18). D’eux dépendant la loi toute entière et les prophètes (Matt. 22:40). Effectivement l’amour est la somme de la loi (Rom. 13:10).

Ainsi, c’est comme si le Seigneur Jésus disait : « tu as tout à fait raison. Tout ce qu’il te reste à faire, c’est de te comporter selon ta réponse, et de vivre ainsi ». La forme verbale de « fais cela » est remarquable. Elle signifie : « fais cela constamment, de manière ininterrompue ! » Un seul manquement à cet égard serait tenu par Dieu comme une violation de toute la loi. Car il est écrit : « maudit est quiconque ne persévère pas dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi pour les faire » (Gal. 3:10). « Car quiconque gardera toute la loi et faillira en un seul point, est coupable sur tous » (Jacques 2:10). Ces conséquences inexorables ont-elles bien été pesées par ceux qui encore de nos jours pensent pouvoir réussir à se tenir devant Dieu sur le terrain de la loi, c’est-à-dire sur le terrain des œuvres accomplies ?

Aimer signifie vivre, et vivre réellement, c’est aimer. En tout cas la réponse du Seigneur au docteur de la loi le fait ressortir clairement. L’obligation morale de la créature tant vis-à-vis du Créateur que vis-à-vis du prochain, c’est l’amour. Le Seigneur Jésus s’en tient ici à ce principe éternel, — un principe valable en tout temps à toute époque de l’histoire de l’homme. Le caractère immuable de la vie éternelle est l’amour, et celui qui demeure dans l’amour, demeure en Dieu et Dieu en lui (1 Jean 4:16).

Dieu peut-Il se satisfaire des formules creuses d’une fidélité extérieure à la loi ? Le docteur de la loi se flattait de s’y connaître en matière d’observance de la loi cérémonielle, ce dont Saul de Tarse s’est aussi vanté (Phil. 3:6). Mais le Seigneur lui dit en quelque sorte : « tu veux t’acquérir la vie éternelle ? Alors accomplis avec amour les formes extérieures et vides de la piété, car déjà cela seul c’est vivre réellement ».

En un sens, cela est aussi valable pour nous les croyants aujourd’hui, comme le montre clairement le passage déjà cité de Rom. 13. Le verset 8 donne l’encouragement suivant : « Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres, car celui qui aime les autres a accompli la loi » (Rom. 13:8). Et Jacques se réfère ainsi dans son épître à la loi royale : « Si en effet vous accomplissez la loi royale, selon l’écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même», vous faites bien » (Jacques 2:8 et suiv.). Or il reste que, si nous croyons au Fils de Dieu, nous avons la vie éternelle (Jean 3:16-18, 36 ; 1 Jean 5:1, 13) — Dieu soit béni ! Mais cette vie éternelle se manifeste dans l’amour pour Dieu et pour le prochain.

Nous sommes souvent enclins à oublier cette liaison, et en tout cas à nous satisfaire de formes extérieures de piété. C’est pourquoi la parabole qui suit, du point de vue de son sens purement pratique, est aussi d’une grande importance pour nous.

Le Seigneur Jésus s’était exprimé comme si le sujet était maintenant clos, et la question définitivement clarifiée. Qu’y avait-il de plus à dire ? L’intention du docteur de la loi d’éprouver le Seigneur avait échoué. Entre les mains du Seigneur, l’affaire s’était montrée en vérité fort simple : ceux qui cherchent à obtenir la justice par des œuvres peuvent-ils s’en tenir à ce que dit la loi, et faire ce dont ils ont été convaincus comme étant l’élément essentiel de cette loi ? Pour un cœur sincère, cette remise en ordre aurait pleinement suffi. Convaincu par le Seigneur, un tel homme aurait dû voir son incapacité, et s’abriter sous la grâce de Dieu. Mais le docteur de la loi reprend la parole :

 

1.1.4        Luc 10:29

« Mais lui, voulant se justifier lui-même, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? » (Luc 10:29).

 

Sur ce point, l’un des deux brigands sur la croix était beaucoup plus avancé quant à la sincérité et à l’intelligence spirituelle que ce docteur, et il confessait devant les autres suppliciés : « car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons commises » (Luc 23:41). Ce brigand justifiait Dieu, tandis que le docteur de la loi ne cherchait qu’à se justifier lui-même. Les gens font comme ce dernier quand ils ne veulent pas se courber devant les pensées de Dieu par lesquelles ils se sentent jugés.

Peut-être qu’en faisant sa manœuvre d’esquive, le docteur de la loi avait encore l’arrière-pensée de se justifier d’avoir posé sa question initiale. Jésus ayant ramené l’affaire à un dénominateur aussi simple, n’aurait-il pas dû, lui le docteur, trouver tout seul la réponse ? Pour montrer que la réponse n’était quand même pas aussi simple, il ajoute la seconde question, celle de savoir qui est son prochain. Mais quel certificat d’indigence était-il ainsi en train de présenter ! Et en même temps quel aveu de n’avoir encore jamais agi selon ce commandement ! Il ne savait même pas qui était son prochain ! En tout cas c’est ce qu’il laissait apparaître. Dès lors, comment pouvait-il aimer ce prochain ?

C’était effectivement une piètre vie que celle de ce docteur en Israël ! La réponse simple du Seigneur avait tout mis en lumière chez cet homme : l’incrédulité, l’aveuglement, l’ignorance et le cœur partagé. Il avait besoin d’être enseigné par une parabole simple sur qui était « son prochain ».

 

1.2   La parabole dans sa signification morale

Les Juifs de l’époque pensaient, selon l’enseignement de leurs maîtres, que le terme « prochain » ne visait que ceux qui avaient une parenté par le sang. Les gens issus des peuples païens en général, et les Samaritains en particulier, n’avaient aucune place dans leurs pensées. Ils cherchaient donc à contourner le commandement, et à l’atténuer. Mais le Seigneur montre dans Sa merveilleuse parabole que Dieu ne reconnaissait aucune frontière nationale ou corporative dans la question de l’amour du prochain.

 

« Et Jésus, répondant, dit : Un homme descendit de Jérusalem à Jéricho, et tomba entre [les mains des] voleurs, qui aussi, l’ayant dépouillé et l’ayant couvert de blessures, s’en allèrent, le laissant à demi mort. Or, par aventure, un sacrificateur descendait par ce chemin-là, et, le voyant, passa outre de l’autre côté ; et pareillement aussi un lévite, étant arrivé en cet endroit-là, s’en vint, et, le voyant, passa outre de l’autre côté » (Luc 10:30-32).

 

Le Seigneur se sert d’une image qui avait pu se dérouler de cette manière tous les jours en Israël. Il fait le tableau d’un homme allant de Jérusalem à Jéricho. Le chemin descendait, et depuis toujours il était désert, sinueux et dangereux ; il traversait une région inhabitée, infestée de voleurs et bandits de grands chemins.

Cet homme était Juif, sans qu’il soit décrit avec aucun détail. Cette particularité d’être Juif a son importance dans la parabole. Si le voyageur n’avait pas été Juif, le Seigneur n’aurait pas manqué de le signaler. Sinon Il aurait fourni au sacrificateur et au lévite un prétexte tout à fait bienvenu de ne pas s’approcher de l’homme tombé aux mains des voleurs, même si c’était un prétexte injustifié.

C’était donc un frère Juif qui était tombé aux mains des voleurs sur le chemin de Jéricho. Ceux-ci le dépouillèrent, le blessèrent jusqu’à mettre sa vie en péril, et le laissèrent dans cet état pitoyable, sans soins. Tout cela, bien entendu, était diamétralement opposé à aimer le prochain comme soi-même.

 

1.2.1        Le sacrificateur

Mais voilà qu’arrive dans le tableau un sacrificateur, qui parcourt le même chemin. Il a vraisemblablement terminé son service hebdomadaire au temple à Jérusalem, et il rentre chez lui. Selon la tradition juive, il y avait une colonie de sacrificateurs à Jéricho. Il aperçoit l’homme à demi mort et passe de l’autre côté de la route aussi loin que la largeur de celle-ci le permet. Bien qu’il soit représentant de la loi, il ne voit pas qu’il ait aucune obligation d’aider cet homme. Il n’a aucun cœur pour lui. Il est vrai qu’il vient juste de sortir du sanctuaire de Dieu, où le peuple est régulièrement instruit de la loi de l’amour, mais il enfreint lui-même ce commandement sur ce qui est le plus impardonnable. Il voit l’homme à demi mort par terre ; peut-être entend-il des appels à l’aide, et des gémissements. Et c’est l’un de ses frères ! Mais il ne soucie point de tout cela. En aucun cas il ne voudrait se souiller. Aussi se dépêche-t-il de s’éloigner, car personne ne le voit, peut-être même pas l’homme à demi mort, — personne, sauf Dieu.

N’est-ce pas quelquefois notre image, chers amis ? Avons-nous compris qui est notre prochain ? Nous occupons par grâce une haute position spirituelle. Mais ne manquons-nous pas souvent à voir notre prochain dans celui qui est dans une vraie détresse et que le Seigneur amène sur notre chemin ? L’aidons-nous avec amour ? Ce sacrificateur en tout cas savait aussi peu que le docteur de la loi qui était son prochain. Avec une attitude légale on ne trouve jamais les bons motifs pour agir, ni la force pour faire ce qui plait à Dieu. Seul l’amour en est capable.

 

1.2.2        Le lévite

La personne suivante qui apparaît est un lévite. Selon sa position, il est juste après le sacrificateur (le prochain en quelque sorte), et il se comporte de la même façon. Lui aussi arrive à l’endroit où gît l’homme à demi mort, il le voit dans sa misère et passe outre du côté opposé. Il répète la manière d’agir si mauvaise du sacrificateur. Comme lévite, il avait à faire aux ustensiles du temple, mais cela ne suffit pas à réchauffer son cœur pour son prochain. Ne devons-nous pas non plus craindre cette duplicité dans nos voies, ce manque de cœur ?

 

1.2.3        Qui est le prochain

« Qui est notre prochain ? » Notre prochain est celui qui a besoin de notre aide et de notre amour. Il ressort cependant de ce qui vient d’être dit que nous ne devons pas seulement le chercher parmi les inconvertis. En Exode 12, en rapport avec la Pâque, nous trouvons une indication très utile : « Et si la maison est trop peu nombreuse pour un agneau, que lui et son voisin le plus rapproché [le prochain] de sa maison, le prennent, selon le nombre des âmes » (Exode 12:4). Notre prochain, c’est aussi celui avec lequel nous nous nourrissons ensemble de l’agneau immolé. Ainsi nous trouvons le prochain de deux côtés : parmi les enfants du monde avec lesquels il n’y a aucune communion spirituelle, et parmi les enfants de Dieu avec lesquels nous sommes liés intimement de plusieurs manières.

Dans les paraboles de « la brebis perdue » et de « la drachme perdue » de Luc 15, nous retrouvons les voisins et les amis. Là, ce sont ceux qui se réjouissent au sujet de ce qui était perdu, et avec celui qui l’a retrouvé. C’est une vérité touchante : nous sommes appelés à être un peuple proche de Lui, le Bon Berger, et rendu dignes, en tant que Ses « prochains », de partager Sa joie avec Lui ! Cela dépasse naturellement l’objet de notre parabole.

 

1.3   Luc 10:33-37

« Mais un Samaritain, allant son chemin, vint à lui, et, le voyant, fut ému de compassion, et s’approcha et banda ses plaies, y versant de l’huile et du vin ; et l’ayant mis sur sa propre bête, il le mena dans l’hôtellerie et eut soin de lui. Et le lendemain, s’en allant, il tira deux deniers et les donna à l’hôtelier, et lui dit : Prends soin de lui ; et ce que tu dépenseras de plus, moi, à mon retour, je te le rendrai. Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé entre les [mains des] voleurs ? » « Et il dit : C’est celui qui a usé de miséricorde envers lui. Et Jésus lui dit : Va, et toi fais de même » (Luc 10:33-37).

 

Entre les Juifs et les Samaritains, la répugnance et l’inimitié étaient profondes. Les Samaritains étaient d’origine païenne, et ils étaient publiquement maudits dans la synagogue. On ne les acceptait jamais comme prosélytes ; leur nourriture était mise au rang de la viande de porc ; un Juif préférait souffrir que recourir à leur aide.

Nous remarquons combien le Seigneur met fortement l’accent dans Sa parabole sur le fait que celui qui reconnaît son prochain dans l’homme à demi mort, c’est justement un pareil homme haï des Juifs. Ému par l’amour et par la pitié, il lui fait tout ce qui peut le préserver d’une ruine certaine. Quelle grâce se manifeste ici ! L’étranger se soucie même de ce qui se passerait durant le temps de son absence. Il subvient à tout. Et en poursuivant son voyage, il n’allait pas oublier l’homme tombé entre les mains des voleurs, mais il allait revenir au temps convenable, et récompenser la fidélité qui a été montrée. C’est avec cette assurance que se termine la parabole.

À la question de savoir qui de ces trois personnages est le prochain de celui qui était tombé entre les mains des voleurs (10:36), le docteur de la loi donne de nouveau la bonne réponse. Dans celle-ci, il utilise une tournure qui a donné son nom à notre parabole : « c’est celui qui a usé de miséricorde envers lui ». Oui, c’est bien de la miséricorde qui a été exercée dans ce cas. Il devait s’appliquer à ce genre de sentiments, et ceux-ci devraient bien nous caractériser, nous aussi, qui avons été les objets de la grande miséricorde de Dieu.

 

1.4   La parabole dans sa signification typique

Le lecteur attentif aura peut-être remarqué que la question du Seigneur au v. 36 contient une inversion de la direction du regard. Jusque-là le « prochain » était toujours celui à qui il devait être fait miséricorde. Mais maintenant le « prochain » c’est celui qui exerce la miséricorde. Le Seigneur ne veut-Il pas par-là orienter le regard sur Lui-même, le vrai Samaritain miséricordieux ? Lui est le prochain de celui qui est tombé entre les mains des voleurs, le prochain de chacun de nous.

De divers côtés, on conteste que cette parabole, ou cette affaire, ait une signification typique et prophétique outre la signification avant tout morale. Les arguments qu’on soulève sont réduits à néant par la simple constatation suivante : quand le Seigneur Jésus répond à une question, dans Sa grâce et dans Sa sagesse Il dépasse habituellement largement la question posée, et Il présente des vérités plus grandes et des principes plus élevés, qui sont bien inclus dans ce qui était demandé, mais qui sont en soi de portée supérieure.

C’est ce qu’on trouve ici aussi. Le commandement sur l’amour du prochain est étoffé et exemplifié au moyen de la manière d’agir de Dieu dans l’évangile. C’est aussi ce qui donne à notre parabole sa beauté particulière.

Lequel d’entre nous ne se réjouit pas à la pensée que l’exemple parfait d’amour du prochain soit le vrai « Samaritain miséricordieux », et plus précisément notre Seigneur et Sauveur. Certes nous devons prendre garde à ne pas faire de « surinterprétations », cependant plusieurs particularités mentionnées par le Seigneur ont un sens absolument figuré, que les auditeurs de l’époque l’aient compris ou non. Limiter le message de la parabole au seul côté moral serait une grande perte.

Considérons rapidement quelques-unes de ces particularités, et d’abord l’homme qui descend de Jérusalem à Jéricho. Ne délaisse-t-il pas le lieu de la bénédiction pour s’en aller au lieu de la malédiction ? En cela il est une image de l’homme naturel, de tout le genre humain, qui va de l’avant dans ce chemin. Le chemin loin de Dieu est toujours un chemin qui descend, un chemin où l’on tombe sous la puissance de Satan et où l’on fait du tort à son âme.

En ce qui concerne le sacrificateur et le lévite, ils personnifient la loi et son incapacité à délivrer l’homme de son état misérable. La religion ne peut pas sauver un homme mort dans ses péchés. Ce dont il a besoin, c’est d’un Sauveur, qui non seulement le sauve de la perdition, mais qui l’amène à la vie.

Le Samaritain est une image de ce Sauveur, le Seigneur Jésus. Il introduit la parabole avec un « mais » béni, qui renforce le contraste : « Mais un Samaritain… ». Cela nous rappelle le passage d’Éph. 2 : « Mais Dieu, qui est riche en miséricorde, à cause de son grand amour dont il nous a aimés, alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés ensemble avec le Christ » (Éph. 2:5). Nous pensons aussi à Rom. 5:8 : « mais Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 5:8).

Le Samaritain « allait son chemin ». Cela nous parle de l’incarnation du Seigneur, ou au moins elle y est incluse. Dans la parabole de « l’homme noble » de Luc 19, il est aussi parlé d’un voyage, mais dans une autre direction, vers la gloire. Là c’est l’ascension du Seigneur qui est préfigurée. Mais dans chacun de ces deux voyages, le retour est préfiguré. C’est très beau. Ici le Fils de l’homme vient du ciel vers la terre, pour chercher et sauver ce qui est perdu (Luc 19:10). Il était donc en voyage, et est arrivé au bon moment auprès du blessé. Il ne descendait pas comme les autres vers Jéricho, le lieu de la malédiction. Il est seulement dit qu’Il « allait Son chemin ». Et quel chemin était-ce, celui qu’Il a entrepris pour venir jusqu’à nous, des misérables et des perdus ! C’est pour cela qu’il fallait qu’Il devienne homme.

 

Qui peut saisir pleinement cet amour ?

Qui est venu ici-bas parmi les pécheurs.

Lui que le monde entier ne peut contenir

A voulu être le parfait serviteur !

 

Mais il y a plus, encore ; Il a dû s’abaisser jusqu’à nous, pauvres pécheurs, et répondre à nos plus profonds besoins. Il l’a fait — que Son Nom en soit loué. Il a fait pour nous beaucoup plus que le Samaritain dans la parabole : Il a laissé Sa vie pour nous, pour que nous puissions vivre par Lui.

 

L’amour doit aller plus profond encore

Il a pris notre place :

Pendu à la croix dans la honte et la douleur

Il est mort pour un monde perdu.

 

Une indication nous touche beaucoup : « le voyant, Il fut ému de compassion » (Luc 10:33). Quand le Seigneur Jésus voit la misère de l’homme déchu, Il en est ému de compassion. Nous retrouvons à plusieurs reprises cette indication touchante dans les évangiles. En Luc 15 c’est le Père qui, voyant son fils de loin, est ému de compassion (15:20). Ainsi les mêmes sentiments remplissent le Père et le Fils, quand Ils « voient » jusqu’où l’homme est tombé sous la domination de Satan.

Ces sentiments saints dans le cœur du Seigneur sont aussi présentés dans la parabole par le fait que l’étranger se sert ouvertement d’une partie de ses vêtements pour bander les plaies de l’homme à demi mort. Il se sert de Son propre vin et de Sa propre huile pour panser les plaies. Ensuite il installe le blessé sur sa propre bête et le mène à l’hôtellerie. Cela ne nous fait-il pas penser à 2 Cor. 8:9 : « Car vous connaissez la grâce de notre seigneur Jésus Christ, comment, étant riche, il a vécu dans la pauvreté pour vous, afin que par sa pauvreté vous fussiez enrichis ».

La parabole se termine par l’indication du retour du bienfaiteur. Oui, le Seigneur Jésus va revenir. Entre temps, nous sommes confiés à l’autre Consolateur, le Saint Esprit, qui nous conduit dans toute la vérité.

L’hôtellerie peut faire penser à l’assemblée (communauté) qui, au temps de l’évangile, est ouverte à tout ce genre de personnes que le Samaritain miséricordieux y a amené.

Et finalement, de quoi nous parlent les deux deniers ? La plus belle explication me semble être que ce montant de l’hébergement et des soins du protégé ne suffisent pas pour une longue durée. Le Samaritain miséricordieux revient bientôt.

 

 

2                        La parabole des trois amis — Luc 11:5-8

Traduit de l’allemand : « Er lehrte sie vieles in Gleichnissen » = « Il les enseignait beaucoup en paraboles », vol. 2 p. 115-124 = ME 2002 p.40  (Traduction revue et complétée par Bibliquest pour être plus proche de l’original)

 

Les paraboles du Seigneur sont riches en enseignements pratiques. Dans quelques-unes d’entre elles, le Seigneur prend le sujet de la prière, et met l’accent sur son importance vue sous différents aspects. Certaines paraboles ont été prononcées pour montrer aux gens comment et quand ils devaient prier. D’autres donnent des exemples de prières, — des bonnes et des mauvaises, des prières pressantes et des prières qui viennent trop tard. La parabole du ‘juge inique’ avec la veuve qui l’importune est introduite par cette parole : « Et il leur dit aussi une parabole, pour [montrer] qu’ils devaient toujours prier et ne pas se lasser » (Luc 18:1).

 

2.1   Différentes manières de Dieu pour exaucer nos prières

Parfois, Dieu nous laisse prier longtemps pour une seule et même chose, pour éprouver notre foi et notre persévérance. D’autres fois, il exauce notre prière immédiatement et directement. Lorsque Daniel s’humiliait devant Dieu, la réponse est venue aussitôt, pendant qu’il priait encore (Dan. 9:21). Mais dans une autre circonstance, nous voyons Daniel mener deuil « trois semaines entières » avant de recevoir une réponse (Dan. 10:2). Dans ce cas, Dieu voulait lui donner l’occasion de s’unir à Ses intérêts et Ses pensées. Et c’est ainsi que le prophète a eu trois semaines entières pour prier et attendre avant que Dieu lui accorde ce qu’il avait demandé au bord du fleuve Hiddékel. Mais c’était certainement un temps de communion précieuse avec Dieu. Car la persévérance dans la prière rend plus profondes la communion avec Dieu et la conscience de notre dépendance de Lui.

Il y a des cas où nous sommes exhortés à demander avec persévérance et même avec ténacité, alors que dans d’autres, pour telle prière précise, nous sommes invités à cesser de prier. C’est ce dernier cas qu’a vécu l’apôtre Paul. Après que le Seigneur lui ait montré clairement qu’Il ne donnerait pas suite à sa demande de lui retirer son « écharde pour la chair », Il lui a dit : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans l’infirmité » (2 Cor. 12:9). De même, Moïse, après avoir supplié l’Éternel instamment et à plusieurs reprises de lui permettre quand même de passer dans le pays promis, reçut finalement la réponse : « C’est assez, ne me parle plus de cette affaire » (Deut. 3:26).

Ces contrastes dans la manière dont Dieu répond à nos prières peuvent être un sujet de difficultés pour nous. Cependant nous avons besoin de la foi dans tous les cas, soit que Dieu nous exauce immédiatement, soit qu’il nous fasse attendre « trois semaines entières ». Nous ne supporterions certainement guère si Dieu nous répondait toujours de cette manière. La foi est autant nécessaire pour persévérer dans la prière, que pour cesser de prier pour telle chose particulière et laisser Dieu agir selon Ses voies à notre égard. La paisible soumission à la volonté de Dieu, même si ce que nous avons demandé ne peut pas nous être accordé, ne peut être réalisée que dans une pleine confiance en Sa bonté et en Sa sagesse.

Une telle opposition entre différents côtés d’une seule et même vérité, ici en rapport avec la prière, me paraît toujours particulièrement à sa place lorsque nous voulons ne nous occuper que d’un côté particulier, et que nous voulons en forcer l’application. Nous perdons trop vite des yeux qu’il y aussi d’autres manières de voir. Seul cet équilibre intérieur nous gardera d’un point de vue exclusif, ou pire, du fanatisme.

 

2.2   Une prière instante

Deux paraboles nous enseignent la valeur de la prière instante et persévérante : celle des ‘trois amis’ en Luc 11 et celle de ‘la veuve et du juge inique’ en Luc 18. Il est désirable de faire une comparaison entre les deux, mais nous ne voulons le faire que plus tard, quand nous aurons considéré de plus près la parabole de Luc 11. Nous la désignons par le titre des ‘trois amis’ parce que nous y voyons trois amis : l’ami qui a faim, l’ami qui demande, et l’ami auquel la demande est faite.

 

« Et il leur dit : Qui sera celui d’entre vous qui, ayant un ami, aille à lui sur le minuit, et lui dise : Ami, prête-moi trois pains, car mon ami est arrivé de voyage chez moi, et je n’ai rien à lui présenter ? et celui qui est dedans, répondant, dira : Ne m’importune pas ; la porte est déjà fermée, et mes enfants sont au lit avec moi ; je ne puis me lever et t’en donner. — Je vous dis que, bien qu’il ne se lève pas et ne lui en donne pas parce qu’il est son ami, pourtant, à cause de son importunité, il se lèvera et lui en donnera autant qu’il en a besoin » (Luc 11:5-8).

 

Au début du chapitre 11, juste avant cette parabole, Luc nous rapporte un autre exemple de cela, celui du Seigneur, comme homme dépendant, priant Son Dieu.

Stimulés par l’exemple de leur Maître, les disciples paraissent avoir reconnu la nécessité de la prière, en sorte que l’un d’eux demande au Seigneur : « Seigneur, enseigne-nous à prier ». Là-dessus, le Seigneur leur donne la prière qu’on appelle le Notre Père, — une prière merveilleuse qui était parfaitement adaptée à la situation et à l’époque où se trouvaient les disciples. Ceux-ci ne se trouvaient pas encore dans la position chrétienne, car le Seigneur n’était pas encore passé par la mort et la résurrection. À quoi cela aurait-il servi, si le Seigneur leur avait imposé des demandes (chrétiennes) qu’ils n’auraient absolument pas été en mesure de comprendre en tant que Juifs à ce moment-là ? Même si cette « prière du Seigneur », comme on l’appelle souvent, a eu une grande importance pour le résidu juif de l’époque, et en aura aussi une grande pour le résidu juif futur, elle n’en contient pas moins des principes moraux que nous ne devons pas non plus méconnaître aujourd’hui.

Pour approfondir chez Ses disciples la conscience de l’importance de la prière, le Seigneur ajoute cette parabole des trois amis. Les traits en sont particulièrement vifs, et il vaut la peine d’en considérer à la fois les parallèles et les contrastes. En partant du comportement typique d’un homme, des conclusions sont tirées sur le comportement de Dieu. La connexion avec le comportement humain est caractéristique de l’évangile que Dieu nous a donné par Luc.

 

2.2.1        L’ami qui demande

La parabole nous présente d’abord l’ami qui fait une requête. Il ne demande pas pour lui-même, mais pour un autre ; il se charge de son cas et s’emploie en sa faveur. Nous pouvons aussi certainement faire ces deux choses : prier pour nous-mêmes et prier pour les autres. Tous les deux sont justes et nécessaires. Sachons voir au-delà de nos propres intérêts et ne négligeons pas la prière pour les autres — pour tous les saints (Éph. 6:18) et pour tous les hommes et tous ceux qui sont haut placés (1 Tim. 2:1-2). C’est sur la première catégorie que nous avons à apprendre ici.

Ce qui nous frappe, c’est la concision de la requête. Le demandeur ne fait pas un long exposé à son ami, mais il formule au contraire sa demande d’une manière claire et précise : « Ami, prête-moi trois pains ». Il n’a pas besoin de deux, ni de quatre pains, mais de trois, et c’est ce qu’il dit à son ami. Combien nous avons à apprendre de cet exemple ! Spécialement quand nous prions en public, efforçons-nous de prier de façon précise et concrète, et ne nous perdons pas en considérations interminables. Faire un exposé à Dieu quand nous sommes à genoux, c’est le contraire de ce que le Seigneur nous enseigne ici. On ne peut pas toujours éviter les prières ayant un contenu général ; mais des demandes concrètes dévoilent un intérêt profond pour la personne ou la chose dont il s’agit.

Le caractère pressant de la demande est encore souligné dans la parabole par le fait que celui qui adresse la requête se présente à la porte de son ami à une heure tout à fait indue. Il est lui-même trop pauvre, ou il n’est momentanément pas en mesure de nourrir son ami arrivé de voyage. Il va donc en confiance chez son ami qui est dans l’aisance, et il frappe à sa porte à l’heure où l’on dort. Il ne se laisse pas plus impressionner par son refus (« Ne m’importune pas »), que par toutes ses explications sur l’impossibilité dans laquelle il se trouve d’aider sur le champ. Quand bien même la porte est déjà fermée, il continue à frapper jusqu’à ce qu’il ait en main ce qu’il demande.

Dieu prend plaisir à ce que ses enfants manifestent une certaine insistance dans leurs prières, voire même de la ténacité. Nous trouvons cette pensée chez les prophètes : « Vous qui faites se ressouvenir l’Éternel, ne gardez pas le silence, et ne lui laissez pas de repos... » (Ésaïe 62:6, 7). Abraham n’a-t-il pas déjà manifesté cette ténacité lorsqu’il intercédait devant l’Éternel en faveur de la ville de Sodome, et qu’il diminuait progressivement le nombre possible des justes qui s’y trouvaient (Gen. 18:22-33) ? N’en a-t-on pas un peu le souffle coupé quand on lit cette histoire dans Genèse 18 ?

Une telle persévérance dans la prière honore le Dieu Tout-puissant. « Car il faut que celui qui s’approche de Dieu croie que [Dieu] est, et qu’il est le rémunérateur de ceux qui le recherchent » (Héb. 11:6).

L’humble confession de notre propre indigence est une condition supplémentaire importante pour que la prière soit agréable à Dieu. L’ami qui venait demander était conscient de son dénuement et de son incapacité à venir en aide à son ami affamé ; c’est pourquoi il s’adresse à son ami manifestement mieux pourvu que lui. Nous aussi, nous sommes entièrement incapables de nourrir à l’aide de nos propres ressources les personnes affamées qui nous entourent, qu’il s’agisse des besoins des pécheurs perdus ou de ceux des enfants de Dieu manquant du nécessaire. Pourtant nous connaissons Celui qui est riche — riche aussi en miséricorde : c’est notre Dieu et Père. Allons à Lui lorsque nous avons besoin de pain, tant pour nous-mêmes que pour les autres !

 

2.2.2        L’ami à qui la requête est adressée

Dans l’application de la parabole, il y a des parallèles évidents entre l’ami qui demande et l’attitude qui nous est recommandée. Il en est autrement avec l’ami riche auquel est adressée la requête. Si on fait l’application à Dieu, on trouve plus de contrastes que de parallèles. Souvent ce sont justement les contrastes qui nous offrent les leçons à apprendre. Tel est le cas ici.

Le Seigneur Jésus n’a pas honte de nous nommer Ses « frères » ou Ses « amis ». (Héb. 2:11, 12 ; Jean 15:14-15). Or si nous venons à Lui pour prier, nous ne prions pas un ami, mais Dieu Lui-même. C’est le premier contraste, et nous devons toujours être conscients de qui est la personne à qui nous nous adressons en prière. Le Seigneur Jésus à qui nous adressons notre prière, est Dieu ; notre Père à qui nous adressons notre prière, est Dieu. Un ami se tient sur un pied d’égalité, mais Dieu est infiniment élevé au-dessus de nous. Il est Souverain absolu.

Est-il concevable que nous puissions venir à Lui à un moment qui Le dérange ? Est-il pensable qu’Il nous dise : « Ne m’importune pas, la porte est déjà fermée » ? Est-il possible qu’Il allègue une quelconque excuse pour nous renvoyer ? Mille fois non ! « Voici, celui qui garde Israël ne sommeillera pas, et ne dormira pas » (Ps. 121:4). Il aime à donner, Il donne plus que ce que nous lui demandons, et Il est toujours bien disposé. Nous n’avons jamais à craindre de troubler Son repos, ni de Le fatiguer. Si nous pouvons nous servir encore une fois de l’image de l’ami, et l’appliquer au Seigneur, nous apprenons alors du livre des Proverbes cet encouragement consolant : « L’ami aime en tout temps, et un frère est né pour la détresse » (Prov. 17:17).

Le motif pour lequel celui qui demande obtient ce qu’il demande, fait aussi ressortir clairement une grande différence entre la manière d’agir de Dieu et celle de l’ami à qui est adressée la demande dans notre parabole. Ce dernier se voit non seulement dérangé dans son repos, mais il nourrit aussi des sentiments égoïstes et peu aimables envers son prochain. C’est pour cela qu’il commence par lui opposer un refus. Ce n’est que lorsqu’il est amené à craindre d’être incommodé plus longtemps par son insistance, qu’il se lève — cela est devenu subitement possible malgré les enfants au lit — et qu’il lui donne ce dont il a besoin. Il le lui donne, non pas parce qu’il est son ami, mais à cause de son culot.

Dieu donne-t-Il pour de tels motifs et de cette manière ? non, bien sûr ! Notre Père est l’amour parfait et la bonté parfaite. Il aime à nous bénir, et Il bénit surabondamment ceux qui, en toute confiance, viennent à Lui avec leurs besoins.

Il s’ensuit que la leçon essentielle de notre parabole est la suivante : Si la persévérance conduit déjà au but de la part d’un homme qui n’y voit que de l’importunité, combien plus Dieu répondra-t-Il aux appels persévérants de Ses enfants qui se confient fermement en Lui !

 

2.3   Comparaison sommaire avec la parabole de « la veuve »

Nous sommes impressionnés par la manière dont notre Seigneur et Sauveur nous enseigne aussi dans cette parabole. Or le Seigneur y rajoute le principe divin suivant : « Demandez, et il vous sera donné ; cherchez, et vous trouverez ; heurtez, et il vous sera ouvert ; car quiconque demande, reçoit ; et celui qui cherche, trouve ; et à celui qui heurte, il sera ouvert » (Luc 11:9, 10). Ces paroles ne sont-elles pas propres à conférer à nos requêtes ce caractère d’urgence, auquel Dieu aime tant répondre ? Mais faisons bien attention à ceci : l’urgence et la persévérance, c’est à nous de les avoir, non pas à Dieu.

Nous n’avons pas encore considéré la parabole ‘du juge inique et de la veuve’ en Luc 18. Faisons quand même ici une comparaison entre ‘l’ami’ et ‘la veuve’.

Dans les deux paraboles il y a un contraste duquel nous avons à apprendre — le contraste entre ce qu’est l’homme et ce qu’est Dieu. Il ne peut pas être plus immense. Un juge inique se voit contraint de donner suite à la demande de la pauvre veuve, mais il le fait parce qu’il est tourmenté par ses cris incessants. Un ami malveillant se voit contraint de se lever au milieu de la nuit pour répondre aux besoins de son voisin, mais il ne le fait qu’à cause de son importunité.

Or ce que Le grand Maître qui enseigne veut faire savoir, c’est que, si la ténacité arrive à ses fins même de la part de gens mal disposés, et qu’elle permet d’obtenir le bienfait, combien plus le Dieu de bonté laissera-t-Il se déverser Sa bénédiction sur vous quand vous lui demandez avec sérieux, avec persévérance et avec foi.

La veuve est allée vers le juge pour lui exposer sa propre cause. L’ami, par contre, est intervenu en faveur de son frère affamé. Ainsi le Seigneur nous enseigne dans ces deux paraboles que nous devons prier pour nous-mêmes et pour les autres, jusqu’à ce que nous soyons exaucés. L’une de ces paraboles illustre l’exhortation : « Demandez, et il vous sera donné » ; et l’autre, l’exhortation « Heurtez, et il vous sera ouvert ».