LES DEMEURES DE DIEU ET LE CHEMIN QUI Y CONDUIT

Psaume 84

 

Gottes kostbare Gedanken, p.91

Table des matières :

1       Un double propos de Dieu

2       Le passereau et l’hirondelle

3       Adoration éternelle

4       Le chemin vers la maison

5       Une prière remarquable

 

 

Ce psaume des fils de Coré a déjà rafraîchi et consolé d’innombrables croyants. On peut le considérer à différents points de vue. D’une part, il décrit les expériences et les sentiments du palmiste lui-même en son temps. D’autre part, il nous montre le résidu pieux d’Israël dans les derniers jours, quand, après une longue période de souffrances, il désirera ardemment entrer de nouveau dans les parvis de l’Éternel. Et nous pouvons en tirer des instructions pour nous.

Les descendants pieux de Coré le rebelle (cf. Nb. 16) ont subsisté jusqu’au temps de David et au-delà, en tant que famille employée au service de Dieu. En 1 Chroniques 9:19, nous voyons les Corites « préposés sur l’œuvre », comme gardiens des seuils de la tente d’assignation. Le verset 10 du psaume 84 y fait allusion. D’autre part, ils ont aussi servi l’Éternel comme chantres — même jusqu’au temps de Josaphat (2 Chr. 20:19).

 

1        Un double propos de Dieu

La pensée centrale du psaume 84 est la demeure de Dieu. C’est seulement après que le peuple d’Israël a été délivré de l’esclavage de l’Égypte et qu’il a traversé la mer Rouge que nous entendons parler pour la première fois de l’habitation de Dieu. La première pensée de Moïse est alors de préparer à Dieu une habitation (Ex. 15:2).

Dans le cantique qu’ils chantent à ce moment-là, les fils d’Israël évoquent cela à deux reprises. Ils en parlent d’une part comme d’un fait accompli et d’autre part comme d’une espérance qui devait se réaliser plus tard. D’abord : « Tu as conduit par ta bonté ce peuple que tu as racheté ; tu l’as guidé par ta force jusqu’à la demeure de ta sainteté » (v. 13) — ce qui se rapporte au tabernacle. Et ensuite : « Tu les introduiras et tu les planteras sur la montagne de ton héritage, le lieu que tu as préparé pour ton habitation, ô Éternel ! le sanctuaire, ô Seigneur ! que tes mains ont établi » (v. 17) — ce qui se réfère au temple qui sera bâti dans le pays de la promesse.

C’est une chose d’une valeur inestimable que Dieu ait voulu habiter avec son peuple — et déjà quand il séjournait dans le désert. « Ils feront pour moi un sanctuaire, et j’habiterai au milieu d’eux » (Ex. 25:8). Mais Dieu ne voulait pas seulement leur donner un lieu de repos près de lui dans le désert. Son but était de les introduire dans son sanctuaire ; ils devaient habiter avec lui sur la montagne de son héritage.

Tout cela est merveilleux et a un langage pour notre cœur. Si le tabernacle est une image de l’assemblée de Dieu dans les circonstances de notre pèlerinage terrestre, le temple évoque les demeures célestes. En vertu de l’œuvre rédemptrice de Christ, Dieu habite aujourd’hui dans les siens comme dans un temple (1 Cor. 3:16, 17 ; Éph. 2:22). C’est un privilège immense. Mais nous n’habitons pas encore avec lui ; nous ne sommes pas encore dans la maison du Père. Nous attendons l’accomplissement de sa promesse. Or Dieu réalisera bientôt son dessein et nous fera habiter avec lui dans sa propre maison. Le Seigneur Jésus nous prendra auprès de lui dans les demeures de la maison de son Père, où il se trouve déjà. Il a dit : « afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi » (Jean 14:3).

Si, en pensant à un sanctuaire terrestre, des Israélites pieux se sont exclamés autrefois — et s’exclameront dans l’avenir : « Combien sont aimables tes demeures, ô Éternel des armées ! » (v. 1), nous avons encore davantage de raisons de nous réjouir dans l’espérance des « plusieurs demeures » qui sont préparées pour nous dans la maison du Père (Jean 14:2). Connaissons-nous quelque chose de l’ardent désir qui remplissait le cœur du psalmiste quand il pensait aux parvis de l’Éternel ? « Mon âme désire, et même elle languit après les parvis de l’Éternel ; mon cœur et ma chair crient après le Dieu vivant » (v. 2). En fin de compte, ce désir ardent s’élève vers Dieu lui-même. C’est lui qui donne à sa maison ce qui attire notre cœur. Le désir ardent de le connaître davantage nous encourage à le rechercher dans son temple.

Et il est le Dieu vivant. Quelle consolation pour le croyant de savoir, au milieu de tous les troubles et de toutes les difficultés, qu’il est le « Dieu vivant », qui voit et entend tout, qui sait et connaît tout !

 

2        Le passereau et l’hirondelle

Inopinément, le psalmiste parle de deux oiseaux : « Le passereau même a trouvé une maison, et l’hirondelle un nid pour elle, où elle a mis ses petits :... tes autels, ô Éternel des armées ! mon roi et mon Dieu ! » (v. 3). Quel rapport y a-t-il entre ces oiseaux et le contexte ?

Le passereau n’a qu’une valeur insignifiante. « Ne vend-on pas cinq passereaux pour deux sous ? et pas un seul d’entre eux n’est oublié devant Dieu » (Luc 12:6). L’hirondelle est sans cesse en mouvement. Alors, si le passereau a trouvé une maison et l’hirondelle un nid, nous n’avons rien à craindre ; car aux yeux de notre Dieu nous valons « mieux que beaucoup de passereaux » (v. 7). Il nous fera aussi trouver du repos.

Au Psaume 102, dans cette « prière de l’affligé, quand... il répand sa plainte devant l’Éternel », le passereau est utilisé comme illustration de la solitude de notre Seigneur. Il dit prophétiquement : « Je veille, et je suis comme un passereau solitaire sur un toit » (v. 7). Cette comparaison du Seigneur Jésus avec un oiseau insignifiant est saisissante, poignante même, lorsque nous nous souvenons qu’il a connu cela à cause de nous.

La mention du passereau et de l’hirondelle nous mène à « ... tes autels » — l’autel d’airain et l’autel d’or — ce qui dirige nos regards là où se trouvent le refuge et le repos, vers le sanctuaire de l’Éternel.

Cela nous amène à la signification directe de ce verset. En parlant du passereau et de l’hirondelle qui ont trouvé refuge et repos dans le temple, le psalmiste pense à lui-même. « Tes autels » — c’est la maison, c’est le nid que le passereau et l’hirondelle ont trouvé pour eux et pour leurs petits. Nous avons ici une évocation de la rédemption qui nous a été acquise par Christ. Le passereau, image de l’isolement de l’homme ignoré et sans amis, ne reste pas dans sa solitude. Il est mis à l’abri dans le sanctuaire de Dieu. Et l’agitation de l’homme — figurée par les mouvements incessants de l’hirondelle — trouve sa fin dans le sacrifice de Christ.

 

3        Adoration éternelle

Nous trouvons ensuite le premier des trois « Bienheureux » de ce psaume. « Bienheureux ceux qui habitent dans ta maison ; ils te loueront sans cesse ! » (v. 4). En poursuivant l’application à ce qui nous concerne, nous trouvons ici le bonheur de ceux qui attendent cette chose merveilleuse : habiter dans la maison de Dieu. Nous n’y serons pas des hôtes, mais des résidents. Dans une maison, il y a beaucoup de choses qui restent cachées à un hôte, mais non à celui qui y habite. Que sera-ce d’habiter là où Dieu est chez lui et où il a tout disposé selon sa puissance, sa sagesse et sa gloire — où tout parle de son amour, où tout parle de Christ !

Le bonheur de ceux qui habiteront dans sa maison sera si grand que leur adoration pour celui qui voulait les avoir auprès de lui sera continuelle : « Ils te loueront sans cesse ! ».

Si nous nous laissons éclairer par la lumière céleste, si nous méditons sur les merveilleux desseins de Dieu, si nous pensons à notre Sauveur qui, par sa mort, a rendu possible l’accomplissement des desseins divins, alors la louange jaillira de nos cœurs, aujourd’hui déjà. « Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c’est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom » (Héb. 13:15). En 1 Chroniques 9:33, il est dit des chantres qu’ils étaient « exempts d’autres fonctions, parce que, jour et nuit, ils étaient à l’œuvre ». Lorsque nous aurons quitté le temps pour entrer dans l’éternité, nous apporterons à Dieu une louange sans fin dans le sanctuaire de sa présence.

 

4        Le chemin vers la maison

Au verset 5 commence une nouvelle division du psaume. Les quatre premiers versets étaient caractérisés par les mots « demeures » et « habiter » ; dans la division suivante (v. 5 à 7), ce sont les mots « chemin » et « marcher » qui retiennent notre attention. Nous allons nous occuper maintenant du chemin qui conduit vers la demeure céleste de Dieu.

Le deuxième « Bienheureux » de ce psaume est double : « Bienheureux l’homme dont la force est en toi, et ceux dans le cœur desquels sont les chemins frayés ! » (v. 5). C’est un immense bonheur de pouvoir trouver en Dieu notre force pour parcourir le chemin qui nous conduit à sa maison — de la trouver « dans la grâce qui est dans le Christ Jésus » (2 Tim. 2:1). Mais cela s’allie avec des « chemins frayés » dans le cœur. Dans son sens premier, l’expression évoque les « chemins battus » qui conduisaient au sanctuaire de Dieu à Jérusalem. Bienheureux les pèlerins dont les pensées sont au chemin qui conduit à Jérusalem, et qui sont équipés pour en vaincre les difficultés !

Nous sommes, nous aussi, en voyage. Il faut aussi qu’il y ait dans notre cœur les « chemins frayés » par lesquels nous atteindrons finalement la demeure de Dieu. De cœur, nous marchons déjà sur ces chemins, en ayant les yeux fixés sur le but. L’apôtre Paul exprime ainsi cette pensée : « Je fais une chose : oubliant les choses qui sont derrière et tendant avec effort vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus » (Phil. 3:14).

Le chemin de ceux qui sont en route vers la maison passe par « la vallée de Baca » (c’est-à-dire : la vallée des pleurs), mais par la foi, « ils en font une fontaine » (v. 6). Il en a été ainsi de tout temps pour les saints de Dieu. Peines et détresses jalonnent leur chemin. Mais par les expériences douloureuses et humiliantes, ils apprennent à connaître Dieu d’une manière plus profonde. Il devient pour eux une fontaine de bénédiction et de joie céleste, de sorte qu’ils peuvent dire : « Toutes mes sources sont en toi » (Ps. 87:7).

Avançons donc dans la foi et dans l’espérance, ayant continuellement dans notre cœur le but glorieux de notre chemin ! « Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Prov. 4:18). Le Seigneur Jésus, le « Juste » par excellence, a aussi passé par la vallée des pleurs. Il est arrivé au but et il nous dit : « Vous avez de la tribulation dans le monde ; mais ayez bon courage, moi j’ai vaincu le monde » (Jean 16:33).

L’apôtre Paul écrit : « comme attristés, mais toujours joyeux » (2 Cor. 6:10). C’est l’expérience d’un croyant qui peut dire, ayant le but devant les yeux : « Pour moi, vivre c’est Christ » (Phil. 1:21). Paul avait aussi sa vallée de Baca. « Une écharde pour la chair » le tourmentait et l’humiliait. Trois fois il avait supplié le Seigneur qu’elle se retire de lui, mais il avait reçu la réponse : « Ma grâce te suffit » (2 Cor. 12:8, 9). Alors il a cessé de prier pour que ce qui lui causait tant d’affliction soit ôté. Et dès lors, il se glorifie dans ses infirmités, afin que la puissance du Christ demeure sur lui. La vallée des pleurs est devenue pour lui la vallée de la bénédiction. Dans une entière confiance dans le Seigneur, il a appris à le connaître comme jamais auparavant.

Lorsque le Seigneur nous fait passer par la vallée des pleurs, souvenons-nous que c’est sa main et son cœur qui ont tout disposé. Ainsi, « en toutes choses », nous pouvons rendre grâces (1 Thess. 5:18). Lorsque la gloire du but remplit notre cœur, les difficultés du chemin qui y conduit passent à l’arrière-plan. L’essentiel est qu’il nous conduise vers Christ.

Alors que la fontaine fait jaillir l’eau en bas dans la vallée, la pluie y parvient d’en haut : « La pluie aussi la couvre de bénédictions » (v. 6). Dieu envoie aussi sur les siens, souvent à l’improviste, une pluie rafraîchissante. Il restaure le voyageur quand il est fatigué, ou en danger de perdre ses forces. Par le Saint Esprit il lui fait voir quelque chose des merveilleuses révélations qu’il a données de lui-même en Christ. Il lui fait comprendre l’amour de son cœur de Père. Ce qu’Israël connaîtra un jour dans le Millénium, l’enfant de Dieu peut en faire l’expérience aujourd’hui, spirituellement : « Je ferai tomber la pluie en son temps : ce seront des pluies de bénédictions » (Éz. 34:26).

Ainsi pourvus et soutenus par Dieu à tous égards, les voyageurs « marchent de force en force » (v. 7). « Ceux qui s’attendent à l’Éternel renouvelleront leur force... ils courront et ne se fatigueront pas, ils marcheront et ne se lasseront pas » (És. 40:31). Plus ils approchent du but, plus leur force augmente. C’est l’expérience que nous ferons si nous apprenons à nous rejeter davantage sur Christ en toutes choses. Il nous accordera d’aller d’un lieu de force à un autre lieu de force, d’étape en étape. Une réserve de force n’existe pas. Mais il nous fournira une nouvelle force pour chaque nouvelle journée.

 

5        Une prière remarquable

Enfin le but est atteint. « Ils paraissent devant Dieu en Sion » (v. 7). En relation avec le résidu juif croyant des derniers jours, quel beau tableau nous avons-là ! La troupe des pèlerins a atteint le but définitif. Et que font-ils en premier lieu ? Ils épanchent leur prière devant Dieu (v. 8-12). Le psalmiste s’adresse à Dieu de trois manières (v. 8) : « Éternel » — c’est le « Je suis », celui qui est éternellement en relation avec son peuple ; « Dieu des armées » — c’est le Dieu tout-puissant qui dirige toute chose et qui dispose de tout ; « Dieu de Jacob » — c’est le Dieu de toute grâce.

Cette prière ne comporte qu’une seule demande : « Regarde la face de ton Oint » (v. 9). Dans l’original hébreu on trouve ici le mot « Messie ». Cette appellation est déjà donnée au Seigneur Jésus dans le psaume 2, où il est parlé de « l’Éternel » et de « son Oint » (v. 2). En demandant à Dieu, non pas de les regarder eux-mêmes, mais de regarder la face de son Oint, les fidèles d’Israël confessent ici qu’ils ne peuvent trouver le salut qu’en lui. Jadis, ils ont rejeté leur Messie. Mais un jour, ils regarderont avec foi « vers celui qu’ils ont percé » (Zach. 12:10).

Oui, Dieu regarde la face de son Oint, cette face qui autrefois était défaite plus que celle d’aucun homme — mais qui maintenant rayonne de la gloire et de la grâce de Dieu. Ainsi le croyant se sait agréé de Dieu. Cette certitude donne à l’âme une paix profonde — que ce soit la paix du futur résidu croyant ou la paix des enfants de Dieu aujourd’hui. Dieu ne nous a-t-il pas « rendus agréables dans Bien-aimé » (Éph. 1:6) ? Lorsqu’il regarde Christ, il nous voit. Et même si nous avons une défaillance, nous pouvons nous cacher en Christ et dire à notre Dieu : « Regarde la face de ton Oint ».

Un jour qui n’est pas éloigné, nous paraîtrons aussi « devant Dieu en Sion ». Il se peut que, sur le chemin conduisant à notre patrie céleste, nos compagnons de route disparaissent l’un après l’autre de notre vue. Mais nous les retrouverons tous là-haut. Et tous ensemble nous louerons éternellement l’Agneau.

« Car l’Éternel Dieu est un soleil et un bouclier ; l’Éternel donnera la grâce et la gloire ; il ne refusera aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité » (v. 11). Dieu nous accordera la lumière et la protection dont nous avons besoin dans le chemin qui nous reste à parcourir. Il donne « la grâce » pour chaque pas du chemin, et à la fin de celui-ci il donne « la gloire ». Dans la pensée de Dieu, la grâce et la gloire vont ensemble. Dans sa bonté, il ne refusera aucun bien à ceux qui marchent dans l’intégrité.

Le psaume se termine par un troisième « Bienheureux ». « Éternel des armées ! bienheureux l’homme qui se confie en toi ! » (v. 12). Quoi qu’il arrive, Dieu fera tout ce qu’il a dit et accomplira ce qu’il s’est proposé. Confions-nous en lui. À lui soit la gloire, dès maintenant et pour l’éternité !