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VIE CHRÉTIENNE

 

Regroupement d’articles divers

Bremicker Ernst August

 

ME2005 p.372-378 + ME2005 p.8-13 + ME 2010 p. 297-303 + ME 2008 p. 225-230 + ME 2009 p. 316-320 + ME 1999 p. 109-114 + ME 1997 p. 193-198 + ME 2008 p.174-179

 

Table des matières abrégée :

1       Le chemin vers l’APOSTASIE : ce qu’il est et comment l’éviter (Jude)

2       Mort d’Étienne et  Conversion de Saul / Paul : Mise en lumière du caractère céleste de l’Église — Actes 7:54 à 8:1

3       Ne pas se lasser

4       Élie, homme de foi

5       Cœurs brisés

6       Idées préconçues sur la manière dont Dieu agira — « Voici, je me disais... »  2 Rois 5

7       S’aimer l’un l’autre

8       Le sentier des justes – Prov. 4:18

 

 

Table des matières détaillée :

1       Le chemin vers l’APOSTASIE : ce qu’il est et comment l’éviter (Jude)

1.1        Le contenu de l’épître de Jude

1.2        La structure de l’épître de Jude

1.3        Les destinataires de l’épître de Jude

1.4        L’auteur de l’épître de Jude

1.5        Le but de l’épître de Jude et son application à nous

1.5.1      Afin que nous ne soyons pas surpris par l’évolution de la chrétienté

1.5.2      Afin que nous soyons vigilants

1.5.3      Afin que nous nous engagions pour la foi chrétienne

1.5.4      Afin que nous vivions en sainte conduite et en piété (cf. 2 Pierre 3:11)

1.5.5      Afin que nous ne soyons pas entraînés par l’erreur des pervers (cf. 2 Pierre 3:17)

1.5.6      Afin que nous connaissions les ressources divines pour les jours difficiles

1.5.7      Afin que nous nous reposions sur Celui qui seul est capable de nous garder

2       Mort d’Étienne et  Conversion de Saul / Paul : Mise en lumière du caractère céleste de l’Église — Actes 7:54 à 8:1

2.1        Traits caractéristiques de l’économie chrétienne

2.2        Israël, en tant que nation, a été mis de côté.

2.3        Le monde va rejeter ceux qui rendent témoignage de Christ, les condamner et les persécuter.

2.4        Le ciel est ouvert.

2.5        L’Homme glorifié dans le ciel est prêt à recevoir directement dans le ciel son esclave éprouvé.

2.6        Le Saint Esprit, personne divine, habite sur la terre.

2.7        Le Saint Esprit non seulement donne la force de témoigner, il dirige aussi le regard du croyant vers le haut.

2.8        La relation des rachetés avec leur Seigneur dans le ciel

3       Ne pas se lasser

3.1        Ne pas se lasser dans la prière

3.2        Ne pas se lasser dans le service

3.3        Ne pas se lasser dans les circonstances difficiles

3.4        Ne pas se lasser à cause des afflictions des autres

3.5        Ne pas se lasser en faisant le bien

4       Élie, homme de foi

4.1        L’obéissance de la foi

4.2        Le courage de la foi

4.3        La prière de la foi

4.4        La défaillance de la foi

5       Cœurs brisés

5.1        Le cœur brisé du pécheur (Luc 7:36-38)

5.2        Le cœur brisé des croyants éprouvés (Luc 7:11-15)

5.3        Le cœur brisé du croyant en chute (Luc 22:54-62)

5.4        Le cœur brisé du Sauveur

6       Idées préconçues sur la manière dont Dieu agira — « Voici, je me disais... »  2 Rois 5

6.1        L’amère expérience de Naaman

6.2        Les raisons de la déception

6.3        Idées humaines concernant le salut

6.4        L’aide de Dieu — nos réflexions

7       S’aimer l’un l’autre

7.1        Dieu nous aime — nous pouvons l’aimer

7.2        Aimer les autres d’un amour divin

7.3        L’amour pratiqué

8       Le sentier des justes – Prov. 4:18

8.1        L’importance de la parole de Dieu dans notre vie

8.1.1      Avec nos oreilles

8.1.2      Avec nos yeux

8.1.3      Avec notre cœur

8.1.4      Avec notre corps entier

8.2        Garder notre cœur

8.3        Surveiller nos paroles

8.4        Bien orienter notre regard

8.5        Être attentif à notre marche

 

 

 

1         Le chemin vers l’APOSTASIE : ce qu’il est et comment l’éviter (Jude)

Introduction à l’Épitre de Jude

ME2005 p.372-378

1.1       Le contenu de l’épître de Jude

Cette épître a été considérée avec raison comme une sorte d’introduction à l’Apocalypse, parce qu’elle révèle les caractères du christianisme et les désordres moraux et religieux qui se développeront sur la terre avant le jugement définitif dont nous parle ce livre.

Jude ne décrit pas la dépravation du monde en général ; il parle de personnes qui professent le christianisme. Son thème n’est pas non plus les désordres ou le mal qui se manifestent dans une assemblée locale ; l’ordre dans l’assemblée de Dieu n’est pas son sujet. Il a une autre tâche. Conduit par le Saint Esprit, il décrit l’éloignement et la décadence dans la profession chrétienne. Dès le début de l’histoire du christianisme, il était bien visible que l’homme n’allait pas garder la vérité que Dieu avait confiée. Paul, aussi bien que Pierre et Jean, annoncent l’infidélité qui allait caractériser les chrétiens et mettent en garde contre la ruine imminente. Jude parle clairement de cet éloignement et montre dans quelle direction il se développera, jusqu’à ce qu’il se termine finalement dans l’apostasie.

L’épître ne parle pas de l’apostasie elle-même, mais montre que le chemin sur lequel la chrétienté se trouve aboutira à la mise de côté complète de tout ce qui est de Dieu. Dans la 2ième épître aux Thessaloniciens, Paul décrit l’apostasie finale du christianisme et nous apprend que celle-ci ne pourra se réaliser qu’au moment où les vrais chrétiens auront été enlevés au ciel. Mais le « mystère d’iniquité opère déjà », et ceci à l’intérieur de la profession chrétienne (2 Thess. 2:3, 4, 7). C’est de cela que Jude nous entretient.

Bien qu’il ait eu sous les yeux les premières déviations de la vérité, son message est essentiellement prophétique. À partir des premiers écarts qui étaient déjà visibles, il esquisse les grandes lignes de l’évolution qui allait s’ensuivre, jusqu’au moment où le Seigneur Jésus viendra en jugement et mettra un terme à la profession chrétienne sur la terre. C’est le sombre tableau d’une dégradation constante à l’intérieur de la chrétienté. Cette dégradation a commencé par l’entrée des « loups redoutables » dans le troupeau (Act. 20:29) et se poursuivra jusqu’à l’apparition du Seigneur en jugement.

Jude n’embellit rien. En termes clairs, il démasque les hommes qui se sont glissés parmi les fidèles. Il utilise pour cela des exemples tirés de la nature, comme aussi de l’Ancien Testament. Il décrit les traits de caractère des hommes impies qui font leur mauvais travail parmi les vrais chrétiens et parle à plus d’une reprise du jugement qui les attend. C’est ce qui rend cette lettre si sérieuse.

Jude adresse son épître à des croyants, à des « appelés » de Dieu, mais dans celle-ci, il parle d’hommes qui prétendent être chrétiens sans l’être réellement. Ils n’ont qu’une profession de christianisme, mais pas la vie divine. Il ne s’agit pas ici de croyants qui se sont égarés, mais de traîtres et de séducteurs qui n’ont jamais passé par la nouvelle naissance.

 

1.2       La structure de l’épître de Jude

L’épître peut se diviser en quatre parties :

1° Après quelques mots introductifs et un souhait de bénédiction, nous avons un encouragement à combattre pour la foi autrefois enseignée aux saints (v. 1-3). La courte introduction fait appel à notre responsabilité et nous dit quelles sont les ressources à notre disposition.

2° Dans la partie principale (v. 4-19), Jude décrit les traits de caractère des hommes méchants qui se sont introduits parmi les chrétiens et indique quel sera leur jugement.

3° Dans les versets 20 à 23, Jude s’adresse de nouveau directement aux destinataires de l’épître et leur montre comment ils ont à se comporter. Il parle à leur cœur et à leur conscience, d’une part afin qu’ils se réfugient dans les ressources qui sont à leur disposition, et d’autre part pour qu’ils se comportent de la bonne manière envers ceux qui ont été séduits.

4° L’épître se termine, dans les versets 24 et 25, par une louange d’un caractère tout particulier, qui dirige nos regards sur Celui qui seul est capable de nous garder dans un temps difficile et de nous présenter sans tache devant sa gloire.

 

1.3       Les destinataires de l’épître de Jude

Les destinataires initiaux de cette épître ne sont pas connus, mais il est vraisemblable que Jude écrit — comme Pierre — à des Juifs croyants. Ce n’est pas sans raison qu’ils ne sont pas mentionnés ; ainsi personne ne peut penser que le contenu de l’épître ne le concerne pas.

L’épître s’adresse aux « appelés ». Tous les croyants sont ainsi compris, car, par la grâce de Dieu, c’est bien là notre privilège. En même temps, la désignation « appelés » donne à l’épître une note personnelle. En effet, dans le Nouveau Testament, l’appel est toujours présenté comme une bénédiction personnelle, et non une bénédiction collective. Ainsi, à l’exception de la première épître de Jean, aucune épître du Nouveau Testament n’est à la fois aussi générale, parce qu’elle s’adresse à tous les croyants, et aussi personnelle, parce qu’elle concerne directement chacun d’eux. Personne ne peut donc se dérober à sa responsabilité en face de ce qui se développe dans la profession chrétienne. Cette épître est nécessaire pour stimuler notre vigilance.

La manière dont l’épître nous est adressée nous rappelle les mots « mais toi » par lesquels l’apôtre Paul interpelle personnellement plusieurs fois son compagnon d’œuvre Timothée (1 Tim. 6:11 ; 2 Tim. 3:10, 14 ; 4:5). Dans la deuxième épître particulièrement, cette interpellation personnelle est en relation avec le message sérieux de l’apôtre. Dans le même ordre d’idées, nous pouvons penser aux messages contenus dans les lettres adressées aux sept assemblées d’Apocalypse 2 et 3. Là aussi, des assemblées entières, ou les frères particulièrement responsables de ces assemblées, sont d’abord interpellés collectivement. Et à la fin de chaque lettre, on trouve le message très personnel : « Que celui qui a des oreilles écoute ce que l’Esprit dit aux assemblées ! » La parole s’adresse aux assemblées, mais chacun est personnellement tenu d’écouter.

 

1.4       L’auteur de l’épître de Jude

Jude s’intitule « frère de Jacques ». Modestement, il se situe relativement à un serviteur plus connu que lui. Il s’agit vraisemblablement de « Jacques, le frère du Seigneur », qui occupait une place particulière dans l’assemblée à Jérusalem (Gal. 2:19 ; Actes 12:17 ; 15:13 ; 21:18). S’il en est bien ainsi, il est à remarquer que Jude ne mentionne pas sa parenté avec le Seigneur, mais se nomme « esclave de Jésus Christ ». La relation terrestre qu’il avait eue avec lui ne comptait plus.

Le Nouveau Testament ne nous donne que peu de détails sur Jude, frère du Seigneur (voir Matt. 13:55). Nous savons qu’il ne croyait pas en lui à l’époque du ministère public de Jésus (Jean 7:5). Il ne nous est pas dit quand il est parvenu à la foi, mais en Actes 1:14, nous voyons que « les frères du Seigneur » sont avec les disciples dans la chambre haute. L’épître qu’il a écrite donne quelques indications sur son caractère. C’était visiblement un homme résolu et zélé, qui servait son Seigneur fidèlement et désirait le bien des croyants, un homme de cœur, disposé à encourager ses frères et sœurs dans la foi.

 

1.5       Le but de l’épître de Jude et son application à nous

Quel est le dessein de Dieu en nous donnant une telle épître ? Ce n’est sans doute pas simplement de décrire le déclin de la profession chrétienne. Comme tous les autres livres de l’Écriture, cette épître a été inspirée de Dieu et est « utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice » (2 Tim. 3:16). Son but nous semble pouvoir être décrit en sept points. C’est :

 

1.5.1        Afin que nous ne soyons pas surpris par l’évolution de la chrétienté

Nous avons vu que le contenu de l’épître est principalement prophétique. Elle décrit une évolution qui, pour Jude, était encore largement à venir, mais qui, pour nous aujourd’hui, est déjà nettement devenue réalité. Devons-nous être surpris par l’état des choses à l’intérieur du témoignage chrétien ? Non. Dieu nous a averti à l’avance de ce qui allait se passer et de ce qui va encore arriver. Déjà dans l’Ancien Testament, Dieu faisait dire à son peuple qu’il est Celui qui déclare « dès le commencement ce qui sera à la fin, et d’ancienneté ce qui n’a pas été fait » (Es. 46:10).

 

1.5.2        Afin que nous soyons vigilants

L’évolution décrite dans l’épître de Jude devrait être pour nous une raison particulière de vigilance. Nous vivons dans la nuit du rejet de notre Seigneur, dans un temps où ses droits ne sont pas reconnus. Il est donc plus que nécessaire d’être éveillés spirituellement. Paul écrit aux Thessaloniciens : « Car vous êtes tous... des fils du jour; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres. Ainsi donc ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres » (1 Thess. 5:5, 6).

 

1.5.3        Afin que nous nous engagions pour la foi chrétienne

Au verset 3, nous sommes encouragés à « combattre pour la foi ». La vérité chrétienne est de plus en plus attaquée publiquement. Les normes bibliques sont progressivement contestées. Dans une telle situation, il est nécessaire de prendre une position claire en faveur de la vérité et de la défendre. Dieu ne veut pas que nous soyons des chrétiens passifs qui s’adaptent à l’esprit du temps, mais que nous nous engagions pour lui et que nous combattions pour la vérité.

 

1.5.4        Afin que nous vivions en sainte conduite et en piété (cf. 2 Pierre 3:11)

Le danger existe que, face au courant de mal qui caractérise les hommes impies qui nous entourent, nous ne portions plus très soigneusement garde à notre comportement. Or ce devrait être le contraire. Dieu veut que nous vivions dans la sainteté et la piété, que notre chemin soit à sa gloire et que nous trouvions en lui tout ce qui satisfait nos cœurs.

 

1.5.5        Afin que nous ne soyons pas entraînés par l’erreur des pervers (cf. 2 Pierre 3:17)

Le danger est non seulement que nous ne soyons plus très attentifs quant à notre marche, mais même que nous soyons contaminés par la façon de faire des hommes impies qui nous environnent. Nous pourrions alors « déchoir de notre propre fermeté », c’est-à-dire perdre le fondement qui est sous nos pieds. Mais Dieu désire bien autre chose pour nous. C’est aussi pour cela que l’épître de Jude nous a été donnée.

 

1.5.6        Afin que nous connaissions les ressources divines pour les jours difficiles

L’épître de Jude est pleine de telles ressources dans son introduction et dans sa conclusion. Dieu ne nous laisse pas seuls. Il nous apporte son secours. Nous avons des ressources qu’il nous faut saisir, et qui sont entièrement extérieures à nous. Si inquiétant que soit le développement des choses qui nous entourent, nous pouvons poursuivre notre chemin sans dommage.

 

1.5.7        Afin que nous nous reposions sur Celui qui seul est capable de nous garder

Les circonstances décrites dans l’épître de Jude devraient contribuer à nous rapprocher de notre Dieu. N’en restons pas à être occupés du mal ou de notre responsabilité. Levons les yeux vers Celui qui a le pouvoir de nous garder sans que nous bronchions et de nous placer irréprochables devant sa gloire (v. 24).

 

 

2         Mort d’Étienne et  Conversion de Saul / Paul : Mise en lumière du caractère céleste de l’Église — Actes 7:54 à 8:1

Étienne et Saul

ME2005 p.8-13

Le chapitre 7 des Actes nous dépeint en termes saisissants la mort du premier martyr de l’histoire de l’assemblée sur la terre. Étienne, homme rempli de l’Esprit Saint, y rend un témoignage puissant à la personne de son Seigneur. Ce témoignage était en même temps un dernier appel à la nation juive, qui avait rejeté son Messie et l’avait cloué à une croix. Dans sa prédication du chapitre 3, Pierre leur avait dit : « Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés : en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du Seigneur, et qu’il envoie Jésus Christ, qui vous a été préordonné » (v. 19, 20). Au chapitre 7, Étienne s’adresse encore une fois aux chefs religieux de ce peuple. Mais dans leur colère aveugle et dans leur haine contre Christ, ils rejettent encore ce dernier témoignage et lapident le témoin du Seigneur Jésus.

Cette lapidation marque un tournant dans les voies de Dieu envers la terre. Le peuple terrestre de Dieu est maintenant définitivement mis de côté. À sa place, Dieu va tirer des nations « un peuple pour son nom » (15:14) — un peuple qui porte un caractère céleste, un peuple qui est lié avec un Seigneur glorifié dans le ciel.

À ce moment-là, l’assemblée de Dieu existait déjà. Quand il vivait sur la terre, le Seigneur avait parlé d’elle comme d’une chose future ; il avait annoncé qu’il la bâtirait (Matt. 16:18). Il était monté au ciel et le Saint Esprit était venu sur la terre (Act. 1 et 2). C’est ce dernier événement qui marque l’heure de la naissance de l’assemblée. En effet, c’est lorsque le Saint Esprit est venu sur la terre que les croyants ont été « baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps » (1 Cor. 12:13). Au moment du témoignage d’Étienne, l’assemblée de Dieu existait donc, mais son caractère céleste n’était pas encore connu. Le rejet du témoignage d’Étienne et la conversion de Saul de Tarse, peu après, mettent en lumière cette vérité.

 

2.1       Traits caractéristiques de l’économie chrétienne

Les derniers versets du chapitre 7 des Actes et le début du chapitre suivant placent devant nos yeux, de façon particulièrement claire, quelques-uns de ces traits.

 

2.2       Israël, en tant que nation, a été mis de côté.

Les Juifs n’ont pas seulement rejeté le Christ que Dieu leur avait envoyé, ils ont aussi rejeté ceux qui témoignent de lui. Par cela, la mesure de leur culpabilité est comble. Dieu doit se détourner pour un temps de ce peuple. Ce ne sera qu’après l’achèvement de l’économie chrétienne, c’est-à-dire après le temps actuel de la grâce, que Dieu s’occupera de nouveau de son peuple terrestre et l’introduira finalement dans la bénédiction du règne promis.

 

2.3       Le monde va rejeter ceux qui rendent témoignage de Christ, les condamner et les persécuter.

Les hommes d’alors n’ont pas eu de repos qu’Étienne ne soit mort. À ce moment a commencé une terrible période de persécution contre l’assemblée (8:1). Au cours des siècles, d’innombrables chrétiens ont laissé leur vie comme martyrs. Paul écrit à ce sujet à Timothée : « Tous ceux aussi qui veulent vivre pieusement dans le Christ Jésus, seront persécutés » (2 Tim. 3:12). Quant au principe, c’est encore valable aujourd’hui, car le monde n’a pas changé. Il est ennemi de Christ et de ceux qui le suivent. Certes, dans bien des pays, le caractère de la persécution s’est modifié. Mais d’un autre côté, nous pouvons bien nous demander : vivons-nous pieusement ?

 

2.4       Le ciel est ouvert.

Nous pouvons lever nos yeux vers le ciel et y voir aussi bien la gloire de Dieu que l’Homme Christ Jésus glorifié à la droite de Dieu (7:55, 56). Une telle chose n’a jamais existé dans les précédentes dispensations. Les chrétiens connaissent un Homme glorifié dans le ciel. Ils peuvent diriger leurs yeux vers le haut. Ils peuvent voir la gloire du Seigneur à face découverte. Ce regard vers le haut est déterminant pour le maintien de leur caractère céleste. Paul exhorte les Colossiens : « Cherchez les choses qui sont en haut, où le Christ est assis à la droite de Dieu » (Col. 3:1). Les chrétiens sont des hommes dont les intérêts et le but ne se trouvent pas sur la terre. Ils sont orientés vers le ciel.

 

2.5       L’Homme glorifié dans le ciel est prêt à recevoir directement dans le ciel son esclave éprouvé.

Étienne a demandé au Seigneur : « Reçois mon esprit ». Et lorsqu’il s’est endormi, à l’instant même, il a été auprès de son Seigneur. Ceci constitue aussi une partie de notre espérance. Nos attentes ne sont pas focalisées vers la terre, mais vers le ciel. Si nous devons nous endormir — si jusque-là le Seigneur n’est pas encore revenu — alors nous serons instantanément auprès de lui, ce qui est « de beaucoup meilleur ».

 

2.6       Le Saint Esprit, personne divine, habite sur la terre.

Il habite dans chaque croyant et agit en ceux qui se laissent remplir par lui (cf. v. 55). Ceci non plus n’avait jamais existé dans les époques précédentes, et n’existera plus sous cette forme dans les suivantes.

Seule l’économie chrétienne est caractérisée par le fait qu’un Homme glorifié est dans le ciel et que, simultanément, Dieu le Saint Esprit est sur la terre. Le Saint Esprit qui était sur cette terre aux jours d’Étienne y est encore aujourd’hui de la même manière. Il est en nous la puissance pour notre témoignage. Si ce témoignage est aujourd’hui si faible, ce n’est pas à cause du Saint Esprit, mais uniquement à cause de nous-mêmes. Nous ne lui donnons pas la place nécessaire dans nos vies.

 

2.7       Le Saint Esprit non seulement donne la force de témoigner, il dirige aussi le regard du croyant vers le haut.

C’est ce que nous voyons en Étienne. En lui se sont accomplies les paroles que Paul — qui assistait à cette scène — a écrites des années plus tard aux Corinthiens : « Nous tous, contemplant à face découverte la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit » (2 Cor. 3:18). Étienne est rendu capable de prier pour ses ennemis, comme l’a fait son Maître. Entouré de ses meurtriers pleins de haine et de rage qui lancent des pierres contre lui pour le tuer, il crie à haute voix : « Seigneur, ne leur impute point ce péché ». Nous sommes confus quand nous pensons combien peu le Seigneur est visible dans nos vies.

 

2.8       La relation des rachetés avec leur Seigneur dans le ciel

Nous pouvons remarquer combien est étroite la relation entre le serviteur du Seigneur sur cette terre et son Maître dans le ciel. Les disciples en Actes 1 avaient aussi les yeux fixés sur le ciel lorsque les anges leur ont demandé : « Hommes galiléens, pourquoi vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel » (v. 11). Mais pour Étienne, c’était différent. Il avait les yeux levés vers le ciel et y voyait son Seigneur. Pour soutenir son témoin, le Seigneur ouvrait devant lui le ciel, où il allait bientôt le prendre auprès de lui. C’est aussi là que nos regards doivent être dirigés. Notre attente est d’être un jour là où le Seigneur se trouve déjà maintenant. L’espérance chrétienne est céleste et non terrestre. Et s’il est vrai que le Seigneur va un jour établir son règne sur cette terre et que nous allons régner avec lui, n’oublions pas que notre part dans ce royaume sera céleste.

La lapidation d’Étienne — ce terrible événement — nous enseigne un fait de la plus grande importance : nous sommes liés à un Seigneur céleste. Un jeune homme nommé Saul a été témoin de cette scène. L’écrivain précise : « et Saul consentait à sa mort ». Mais Dieu avait ses plans envers cet homme, qui était l’instrument choisi pour présenter de façon particulière la vérité de l’unité de Christ avec son assemblée, et la position céleste de celle-ci.

L’histoire de la conversion de Saul nous est rapportée en Actes 9. Sur le chemin de Damas, une vive lumière a resplendi autour de lui et l’a fait tomber par terre. Et du ciel s’est fait entendre la question qui le sondait au plus profond : « Saul ! Saul ! pourquoi me persécutes-tu ? » Il a su immédiatement que c’était le Seigneur qui lui parlait. Mais remarquons que la voix ne demandait pas « Saul ! Saul ! pourquoi persécutes-tu ceux qui m’appartiennent ? » ni même : « pourquoi nous persécutes-tu ? » Les deux auraient été justes, mais cela n’aurait pas été toute la vérité. Bien sûr, Saul avait persécuté ceux qui appartiennent au Seigneur, mais ce n’était pas simplement un groupe de croyants sur cette terre, ou un groupe de citoyens du ciel sur la terre. Non, Saul persécutait le Seigneur lui-même. Nous apprenons ici combien nous sommes liés étroitement — et de façon indissociable — avec Christ. Celui qui persécute l’un des siens le persécute lui- même ; et ceci bien qu’il soit dans le ciel et que nous soyons encore sur la terre. Ce fait met en évidence notre position céleste. Nous ne sommes pas seulement des hommes orientés vers le ciel, mais nous appartenons déjà, quant à notre position, au lieu où notre Seigneur se trouve.

Saul est devenu Paul. Et, bien des années plus tard, c’est justement lui qui enseignera par ses écrits la glorieuse vérité de Christ et de l’Assemblée. C’est à lui qu’il a été donné d’expliquer la merveilleuse unité du corps de Christ. Christ est la tête glorifiée dans le ciel et nous sommes ses membres sur la terre. Cette unité avec Christ est beaucoup plus que l’unité pratique des premiers chrétiens, aussi magnifique et exemplaire qu’elle ait été, lorsque « la multitude de ceux qui avaient cru étaient un cœur et une âme » (Act. 4:32). « Il y a un seul corps », nous dit Éphésiens 4:4. Pour toute l’éternité, nous sommes inséparablement liés à Christ.

En résumé, nous voyons que la mort d’Étienne met clairement en lumière le caractère de ce monde, ainsi que le lien qui nous unit à notre Seigneur dans le ciel. La conversion de Saul nous amène un pas plus loin. Elle révèle la position céleste que nous possédons déjà maintenant en Christ, le fait que nous sommes un avec lui, l’Homme glorifié à la droite de Dieu.

 

 

3         Ne pas se lasser

ME 2010 p. 297-303

 

Dans le Nouveau Testament, plusieurs passages nous exhortent à ne pas nous lasser. On peut se lasser — c’est-à-dire se décourager, se relâcher, ne plus faire les choses de bon cœur — dans diverses activités qui ont été accomplies un jour avec zèle.

Dieu nous appelle à aller notre chemin dans l’énergie de la foi. Cependant il peut nous arriver d’être comme Élie sous le genêt (1 Rois 19:4). L’avenir paraît sombre. Le courage nous quitte. Les forces diminuent. Nous nous lassons et nous abandonnons.

Un tel état peut être passager, causé par des circonstances extérieures. Mais il peut aussi s’établir et devenir durable. Plus d’un chrétien a bien commencé, puis l’énergie spirituelle a faibli et un état de lassitude s’est installé. Si c’est notre cas, que Dieu nous réveille et ranime notre courage !

Nous désirons considérer les passages du Nouveau Testament qui nous exhortent à ne pas nous lasser, dans lesquels le mot grec caractéristique lui-même apparaît dans le texte original.

 

3.1       Ne pas se lasser dans la prière

« Et il leur dit aussi une parabole, pour montrer qu’ils devaient toujours prier et ne pas se lasser » (Luc 18:1).

Le Seigneur Jésus a insisté plusieurs fois sur l’importance de la prière. Ici il le fait au moyen d’une parabole, pour encourager ses disciples à prier toujours, sans se lasser. « Toujours » ne veut pas dire que nous ne devions rien faire d’autre que prier. Ce ne serait évidemment pas possible. Cela signifie que nous avons à vivre continuellement dans une attitude de dépendance de Dieu et qu’il nous faut aller à notre Dieu avec tous les problèmes que nous pouvons rencontrer. La parabole que le Seigneur énonce ici, celle de la femme qui importunait continuellement un juge inique, montre clairement son intention : il exhorte à persévérer dans la prière, et à ne pas se décourager si la réponse divine ne vient pas tout de suite.

Nous trouvons des enseignements semblables dans d’autres passages du Nouveau Testament. Comme homme parfaitement dépendant, le Seigneur Jésus a passé toute une nuit à prier Dieu (Luc 6:12). Les disciples « persévéraient d’un commun accord dans la prière » (Act. 1:14 ; cf. 6:4). Les croyants de Rome sont exhortés à persévérer dans la prière (Rom. 12:13), et Paul écrit à ceux de Colosses : « Persévérez dans la prière, veillant en elle avec des actions de grâces » (4:2).

Par la prière, nous avons la possibilité de parler avec notre Dieu dans le ciel. Nous le faisons personnellement, en famille et en assemblée. Le danger est grand de se relâcher, de se lasser, dans l’un ou l’autre de ces cadres, ou même en tous. Peut-être avons-nous peu à peu abandonné la bonne habitude de commencer et de terminer nos journées par la prière. Ou bien participer aux réunions de prières de l’assemblée locale a dégénéré pour nous en un pénible devoir, et peut-être même n’y allons-nous plus. Il se peut aussi que, quant à un sujet déterminé pour lequel nous avons beaucoup prié, nous nous fatiguions parce que rien ne change.

Dans tous les cas, recevons l’encouragement que nous donne le Seigneur à ne pas nous lasser dans la prière, et prenons un nouveau départ. « La fervente supplication du juste peut beaucoup » (Jacq. 5:16).

 

3.2       Ne pas se lasser dans le service

« C’est pourquoi, ayant ce ministère comme ayant obtenu miséricorde, nous ne nous lassons point » (2 Cor. 4:1).

L’apôtre Paul avait reçu du Seigneur un ministère bien déterminé et de caractère unique. Il était serviteur de l’évangile et serviteur de l’assemblée (cf. Col. 1:23, 25). En 2 Corinthiens 3, il se présente comme un ministre de la nouvelle alliance (v. 6). Il appelle ce ministère celui de l’Esprit et celui de la justice (v. 8, 9). Le premier verset du chapitre 4, cité ci- dessus, se réfère à cela et montre un aspect particulier de son service. L’ayant reçu par la miséricorde de Dieu, Paul ne voulait ni se relâcher ni se lasser — et effectivement il ne l’a pas fait.

Aucun de nous ne voudra se comparer à Paul. Et pourtant, nous désirons sans doute servir Dieu par l’Esprit et nous tenir à sa disposition là où il veut bien nous employer. Chacun de nous a reçu un don de grâce, un service (1 Pierre 4:10 ; Éph. 4:7). Et au don se lie la responsabilité d’accomplir fidèlement le service confié et de ne pas se lasser.

Il arrive, hélas ! qu’un croyant abandonne complètement son service pour le Seigneur. Nous en avons un exemple dans la personne de Jean surnommé Marc. Il était allé avec Paul et Barnabas pour les assister dans leur mission (Act. 13:5). Mais très vite, il les a quittés et s’en est retourné à Jérusalem. Sans connaître précisément les raisons de son abandon, nous pouvons dire que ce serviteur s’est lassé.

Il se peut aussi qu’un service nous soit à charge et que nous ne voulions plus l’accomplir. Nous cherchons peut-être quelque chose de plus facile ou qui nous laisse plus de temps libre. Souvenons-nous de l’exhortation donnée à Archippe : « Prends garde au service que tu as reçu dans le Seigneur, afin que tu l’accomplisses » (Col. 4:17). Timothée aussi a été encouragé à persévérer dans le service reçu : « Accomplis pleinement ton service » (2 Tim. 4:5).

 

3.3       Ne pas se lasser dans les circonstances difficiles

« C’est pourquoi nous ne nous lassons point ; mais si même notre homme extérieur dépérit, toutefois l’homme intérieur est renouvelé de jour en jour. Car notre légère tribulation d’un moment opère pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire » (2 Cor. 4:16, 17).

Paul se trouvait dans des circonstances très difficiles, comme il l’écrit dans les versets précédents — la tribulation, les situations sans issue, la persécution. Au verset 10, il dit : « Portant toujours partout dans le corps la mort de Jésus ».

Le corps humain est caractérisé par la faiblesse. Il est appelé « le corps de notre abaissement » (Phil. 3:21). Chez le croyant, il dépérit de la même manière que chez l’incrédule. C’est « un vase de terre » (2 Cor. 4:7) qui, durant la vie du chrétien, traverse des circonstances éprouvantes et variées.

Si nous n’avions que cela devant les yeux, nous pourrions facilement nous décourager et nous lasser. Beaucoup de croyants font l’expérience que leur être extérieur dépérit à vue d’œil. Même si aujourd’hui nous connaissons peu la persécution et la tribulation, nous expérimentons tous que le chemin du chrétien conduit à la gloire à travers la souffrance. Plus d’un croyant a consumé ses forces dans le service pour le Seigneur. Beaucoup d’entre nous connaissent la maladie et éprouvent chaque jour que l’homme extérieur dépérit. Mais quoi qu’il en soit, nous n’avons pas à nous lasser.

Paul met en contraste l’homme intérieur et l’homme extérieur. L’âme du croyant est renouvelée de jour en jour par la communion avec le Seigneur glorifié. De plus, l’apôtre nous assure que la tribulation, en comparaison avec la gloire qui nous attend, est légère et momentanée. Cela nous encourage à ne pas nous lasser, même dans les difficultés.

Vers quoi sont orientés nos regards ? S’ils sont dirigés sur les circonstances, nous nous décourageons facilement ; s’ils sont dirigés sur le Seigneur dans le ciel, nous ne nous lassons pas.

 

3.4       Ne pas se lasser à cause des afflictions des autres

« C’est pourquoi je vous prie de ne pas perdre courage à cause de mes afflictions pour vous, ce qui est votre gloire » (Éph. 3:13).

On peut aussi se lasser — ou perdre courage — en raison des circonstances difficiles d’autres personnes. Paul était prisonnier à Rome. De cette prison, il écrit aux Éphésiens : « C’est pour cela que moi, Paul, le prisonnier du Christ Jésus pour vous, les nations... » (3:1). Il n’était pas emprisonné à cause d’une faute, mais parce qu’il avait apporté l’évangile aux nations non-juives. Il se pouvait que les Éphésiens, qui étaient pour la plupart d’entre ces nations, se découragent à cause des circonstances éprouvantes de Paul et se relâchent dans l’énergie de leur foi. L’apôtre prévient ce danger.

Bien que notre situation soit différente de celle que nous trouvons ici, nous pouvons en retirer une instruction pour nous. Paul était un instrument remarquable dans la main du Seigneur, et son service actif avait été arrêté. Une chose semblable peut aussi arriver aujourd’hui. Il y a des frères et des sœurs qui occupent une place particulière dans le peuple de Dieu et qui ont un caractère exemplaire. Cela peut être le cas sur le plan local ou de manière plus étendue.

Lorsque de telles personnes cessent subitement le service actif — que ce soit pour cause de maladie, de décès ou d’autres circonstances — il y a le danger que d’autres se lassent et se découragent.

Mais nous avons notre ressource dans « notre Seigneur, en qui nous avons hardiesse et accès en confiance, par la foi en lui » (Éph. 3:12). Il s’agit pour nous — comme en 2 Corinthiens 4 — de regarder non pas aux circonstances ou aux personnes, mais au Seigneur Jésus. C’est cela qui nous préserve de nous lasser.

 

3.5       Ne pas se lasser en faisant le bien

« Ne nous lassons pas en faisant le bien, car, au temps propre, nous moissonnerons, si nous ne défaillons pas » (Gal. 6:9).

Les Galates ont été sérieusement repris par l’apôtre Paul. À la fin de l’épître, il leur montre le lien obligatoire entre les semailles et la moisson, et en fait une application spirituelle. Celui qui sème pour la chair moissonnera de la chair la corruption. Et celui qui sème pour l’Esprit moissonnera de l’Esprit la vie éternelle (v. 8).

La moisson suit toujours les semailles, mais elle est plus ou moins décalée dans le temps. Il se peut que nous semions le bien, mais que nous ne voyions aucun résultat. Cela pourrait nous décourager, et nous amener à nous lasser. Mais Paul nous rappelle que la moisson vient « au temps propre », au temps fixé par Dieu. Quand ce temps viendra-t-il, nous ne le savons pas. La moisson viendra au plus tard lorsque nous serons manifestés devant le tribunal de Christ. Un jour, Dieu récompensera tout ce qui a été fait en vue du bien. Cela doit nous encourager.

Nous trouvons ailleurs une exhortation similaire.

« Mais vous, frères, ne vous lassez pas en faisant le bien » (2 Thess. 3:13).

Ici, Paul vient de faire une mise en garde relativement à ceux qui ne veulent pas travailler et se mêlent de choses qui ne les concernent pas. En contraste avec de tels comportements, Paul exhorte les croyants à ne pas se lasser en faisant le bien. Il ne suffit donc pas d’éviter ce que nous ne devons pas faire. Il faut aussi savoir ce que nous devons faire. Et cela est appelé ici « le bien ».

Il faut comprendre l’exhortation à « faire le bien » dans un sens très général. Il ne s’agit pas spécialement d’aumônes ou d’œuvres charitables, mais de faire ce dont nous sommes convaincus devant Dieu que cela doit être fait.

En Jacques 4:17, il est dit : « Pour celui donc qui sait faire le bien et qui ne le fait pas, pour lui c’est pécher ». C’est une déclaration qui va très loin et qui nous fait réfléchir.

Faire le bien est, de notre part, la réponse à ce que Dieu a fait pour nous. Aucun homme ne peut faire le bien pour acquérir une place au ciel. Mais ceux auxquels le Seigneur a ouvert le ciel par son œuvre à la croix devraient maintenant ne pas se lasser de faire le bien. Il y a chaque jour d’abondantes occasions de le faire. Ne nous lassons donc pas.

 

4         Élie, homme de foi

ME 2008 p. 225-230

 

Élie est un des grands hommes de Dieu de l’Ancien Testament. Sa foi et sa confiance en Dieu sont pour tous les temps un exemple éloquent. La base de sa foi était : « L’Éternel, le Dieu d’Israël, devant qui je me tiens, est vivant » (1. Rois 17:1). Élie vivait dans un temps particulièrement difficile. À la suite du roi impie Achab et de sa femme idolâtre Jézabel, Israël s’était détourné de Dieu. Cependant Élie savait qu’il ne se tenait pas devant les hommes, mais devant Dieu.

Nous désirons nous occuper de quatre aspects de la foi d’Élie : l’obéissance de sa foi, le courage de sa foi, sa foi dans la prière, et enfin la défaillance de sa foi.

 

4.1       L’obéissance de la foi

La foi et l’obéissance sont inséparables. L’épître aux Romains emploie deux fois l’expression « l’obéissance de la foi » — au début et à la fin de l’épître (1:5 ; 16:26). Sans la foi en Dieu, il n’y a pas d’obéissance qui puisse lui être agréable. Mais sans l’obéissance, il n’y a pas non plus de foi véritable. La foi est le fondement, l’obéissance est la conséquence pratique. L’obéissance est comme le fruit qui croît sur l’arbre de la foi. Cela est vrai pour l’homme qui saisit le salut de Dieu. Sa foi est visible dans son obéissance. Et cela est vrai aussi pour l’homme sauvé qui vit de foi. Chez les Thessaloniciens, « l’œuvre de foi » se montrait comme conséquence du fait qu’ils s’étaient tournés vers le Dieu vivant (1 Thess. 1:3).

La vie d’Élie a été caractérisée par l’obéissance. Il obéissait aux ordres de Dieu, même s’ils pouvaient lui paraître étranges. À peine Dieu lui a-t-il confié pour la première fois un service qu’il reçoit l’ordre de se cacher. Sans discuter, il s’en va au torrent du Kerith, où il est nourri par les corbeaux. Lorsque le torrent tarit et qu’il reçoit un nouvel ordre de Dieu, il n’hésite pas à se rendre à Sarepta pour y loger chez une veuve. Et quand enfin Dieu lui confie la mission difficile d’aller vers Achab, Élie obéit à nouveau. Les conséquences pouvaient être graves pour lui, mais il fait ce que Dieu lui dit.

Paul pouvait rendre témoignage aux croyants de Rome que leur obéissance était « venue à la connaissance de tous » (Rom. 16:19). Cela pourrait-il aussi être dit de nous ? Dieu nous donne dans sa Parole des instructions claires auxquelles nous devons obéir. Le Seigneur Jésus est non seulement notre Sauveur mais aussi notre Seigneur. Nous lui devons l’obéissance, même si parfois nous ne comprenons pas quelles sont ses intentions. Ses pensées sont bien au-dessus de nos pensées. Que l’exemple d’Élie nous apprenne à obéir à Dieu dans toutes les circonstances de notre vie et à avoir confiance que le chemin qu’il nous trace est le bon ! Dieu n’a pas déçu son serviteur Élie. Il ne nous décevra pas non plus.

 

4.2       Le courage de la foi

Dieu a donné à son serviteur Élie des instructions qui exigeaient un courage et une foi exceptionnels. Prophète inconnu, venu du pays de Galaad, il a dû annoncer le jugement de Dieu au roi d’Israël. Trois ans et demi plus tard, bien qu’étant considéré par le roi comme l’ennemi numéro un, il a dû retourner auprès de lui. Et sur la montagne du Carmel, il a été seul face à 450 prophètes de Baal et à 400 prophètes des ashères. Il fallait pour cela un courage hors du commun. Élie le puisait dans la foi en son Dieu.

Quand les trois amis de Daniel se tenaient devant le roi Nebucadnetsar courroucé qui voulait les contraindre à se prosterner devant la statue qu’il avait faite, nous nous émerveillons aussi de la hardiesse de leur foi. Sans crainte, ils disent au roi : « Notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise de feu ardent, et il nous délivrera de ta main, ô roi ! Et sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux » (Dan. 3:17, 18). Ils avaient la ferme assurance que Dieu les secourrait. Ils ne savaient pas de quelle manière, mais ils se confiaient en leur Dieu.

Quelle était l’origine d’une telle hardiesse chez ces hommes de Dieu de l’Ancien Testament ? C’était la relation vivante avec leur Dieu qui caractérisait leur vie. Ils ne se laissaient pas détourner de leur chemin par les difficultés et les dangers. Élie était conscient qu’il ne se tenait pas devant Achab ni devant Jézabel, mais devant son Dieu.

Nous trouvons la même attitude chez les apôtres que le Seigneur avait envoyés dans ce monde pour être ses témoins. Ces hommes qui, après la crucifixion du Seigneur, avaient encore fermé les portes par crainte des Juifs, s’avancent maintenant avec détermination pour la cause de leur Seigneur. Même s’ils doivent envisager d’être emprisonnés et mis à mort, ils ne renoncent pas à rendre témoignage à Christ. Nous ne vivons pas aujourd’hui de telles circonstances, et pourtant nous sommes souvent si craintifs. L’exemple de ces hommes de l’Ancien et du Nouveau Testament doit nous encourager à prendre sans crainte position pour notre Seigneur.

 

4.3       La prière de la foi

Une vie de foi est impensable sans la prière. Par la prière nous sommes en relation avec notre Dieu. Par elle nous pouvons ouvrir notre cœur devant lui, tout lui dire, et lui demander sagesse et discernement. Elle est la source cachée de la force.

Le Nouveau Testament nous dit expressément qu’Élie était un homme de prière : « Élie était un homme ayant les mêmes passions que nous, et il pria avec instance qu’il ne plût pas, et il ne tomba pas de pluie sur la terre durant trois ans et six mois » (Jacq. 5:17). Élie n’était pas un surhomme. Il avait les mêmes penchants que nous. Cependant il avait recours à la prière, et c’est ainsi que sa confiance inébranlable en son Dieu était nourrie. Rappelons brièvement quatre circonstances de sa vie.

1° Élie prie qu’il ne pleuve pas durant une longue période. Et il est si convaincu de l’exaucement qu’il se rend vers le roi Achab et lui annonce exactement ce jugement (1 Rois 17:1). Pour solliciter de Dieu une telle sécheresse et croire fermement à sa réalisation, il faut croire à toute la puissance de la prière. 2° Quand le temps est écoulé, et quoique l’Éternel lui ait fait connaître qu’il allait donner de la pluie (1 Rois 18:1), Élie prie de nouveau, et il le fait avec la ferme conviction que Dieu exaucera sa prière. Il incite même Achab à se hâter afin d’arriver à la maison avant la pluie (1 Rois 18:44). 3° À Sarepta, Élie prie Dieu dans sa chambre, et lui demande de ramener à la vie le fils de la veuve (1 Rois 17:20). Cette prière est aussi caractérisée par la hardiesse — car a-t-on déjà vu un mort ressusciter ? 4° Enfin Élie prie en public, sur le Carmel ; il demande à son Dieu de faire tomber le feu du ciel sur le sacrifice (1 Rois 18:36, 37). C’est là encore un miracle qu’il demande, et il est convaincu que Dieu l’accomplira.

Dans son épître, Jacques parle de « la prière de la foi » (5:15). Immédiatement après, il déclare : « la fervente supplication du juste peut beaucoup » (v. 16), puis il mentionne l’exemple d’Élie. Nous apprenons par là que celui qui prie doit être un « juste », c’est-à-dire un homme qui est en ordre avec Dieu dans les différents domaines de sa vie. Nous sommes conscients d’être, quant à la foi, bien loin derrière Élie. Et pourtant sa vie de foi et de prière nous est donnée comme exemple pour notre instruction. Nous sommes encouragés en voyant comment Dieu a exaucé ses prières.

 

4.4       La défaillance de la foi

Dieu ne se tait pas sur les fautes de ses serviteurs. Le jour est venu où, malgré son obéissance, son courage et sa disposition à la prière, Élie a tout à coup regardé à lui-même. Il est alors devenu faible. Cela doit nous rendre prudents, soit dans le jugement que nous portons sur lui, soit dans celui que nous portons sur nous-mêmes. Pour Élie comme pour bien d’autres, l’heure qui a suivi la victoire s’est montrée plus dangereuse que celle du combat. Devant les menaces de la méchante Jézabel, il s’est enfui dans le désert pour sa vie. Il s’est assis sous un genêt, profondément découragé (1 Rois 19:1-4). Il est vrai qu’il a aussi prié là, mais ce n’était plus la prière de la foi.

« Ainsi, que celui qui croit être debout prenne garde qu’il ne tombe » (1 Cor. 10:12). Voilà la leçon que nous avons à en tirer pour nous-mêmes. C’est dans ce but que Dieu nous a décrit cette défaillance de la foi d’Élie.

Nous pouvons peut-être discerner trois raisons de ce changement subit. 1° Il ne nous est pas dit qu’Élie ait prié lorsqu’il a appris la menace de Jézabel. Visiblement, il n’a pas agi dans la dépendance de son Dieu, mais s’est mis en route de sa propre initiative. 2° Il était seul avec les circonstances, au lieu d’en être occupé avec le Dieu qui les tient toutes dans sa main. 3° Ses pensées n’étaient plus occupées que de lui- même. C’est ce qui ressort de sa prière sous le genêt. Il n’avait devant les yeux que sa propre personne et son propre service.

La défaillance de la foi est quelque chose qui, hélas ! ne nous est pas étranger. Combien souvent avons-nous subi une défaite, précisément lorsque nous nous y attendions le moins. Souvent les raisons sont les mêmes que celles de la défaillance de la foi d’Élie. Et pourtant, il est encourageant de voir que Dieu n’a pas laissé son serviteur couché sous le genêt. Il lui est apparu pour le fortifier. Dieu ne nous laisse pas sombrer dans la défaite, mais il veut diriger nos regards sur lui, afin que nous obtenions des forces nouvelles dans la foi et que nous poursuivions notre chemin dans la confiance en lui. Ce triste épisode de la vie d’Élie contient donc aussi un encouragement pour nous.

 

 

5         Cœurs brisés

ME 2009 p. 316-320

 

5.1       Le cœur brisé du pécheur (Luc 7:36-38)

La scène se passe dans la maison de Simon le pharisien. Un homme qui se croyait juste avait invité Jésus à sa table. Or l’événement central de cette scène n’est pas la rencontre du Seigneur Jésus avec son hôte, mais celle qu’il a avec une femme qui n’était pas invitée, une pécheresse notoire. Elle avait entendu parler du Seigneur Jésus et était venue là où il se trouvait. Souffrant de sa culpabilité, elle saisit l’occasion qui s’offre à elle d’être déchargée du poids qui est sur son cœur. Poussée par sa détresse intérieure et attirée par la grâce du Seigneur, elle vient dans la maison du pharisien. Elle se met aux pieds de Jésus et pleure.

Ses larmes témoignent de son cœur brisé. Elle reconnaît qu’elle est une pécheresse. Elle est sensible aux « richesses de la bonté de Dieu » et se laisse « pousser à la repentance » par cette bonté qui s’est révélée en Jésus (cf. Rom. 2:4). Le Sauveur ne laisse pas ce cœur brisé sans réponse. Qui vient à lui de cette manière fait l’expérience que son cœur est guéri. La femme entend les paroles bienfaisantes : « Tes péchés sont pardonnés... Ta foi t’a sauvée, va-t’en en paix ».

C’est de ceci que tout pécheur a besoin : du pardon et de la paix. Il l’obtient par la foi. Aujourd’hui encore, le Seigneur désire guérir le cœur blessé de ceux qui vivent sans Dieu et sans perspective. Le chemin que cette femme a pris est encore aujourd’hui le seul chemin par lequel on obtient le pardon et la paix. Tous les autres sont des chemins d’erreur qui ne conduisent pas au salut. Celui qui vient au Seigneur dans la conscience de sa culpabilité et de ses péchés, et qui croit en lui et en son œuvre rédemptrice, reçoit ses paroles : « Va en paix ».

 

5.2       Le cœur brisé des croyants éprouvés (Luc 7:11-15)

Le cœur étreint par la tristesse, une veuve conduit son fils unique au tombeau. Une détresse inexprimable, et probablement de nombreuses questions sans réponse, remplissent son cœur. Mais devant les murs de la ville de Naïn, la vie vient à la rencontre de la mort. Le convoi funèbre doit s’arrêter lorsque le prince de la vie s’approche.

Avec un regard plein d’amour, le Seigneur voit ce qu’il y a dans le cœur brisé de cette mère, et il est ému d’une profonde sympathie. « Le Seigneur, la voyant, fut ému de compassion envers elle. » La détresse de la femme ne le laisse pas indifférent. « Ne pleure pas », lui dit-il. Parole de consolation pour son cœur blessé.

Ensuite, Jésus se révèle comme étant le Seigneur de la vie et de la mort. Il touche la bière, et ceux qui sont là peuvent entendre ses paroles : « Jeune homme, je te dis, lève-toi ». La mort doit lâcher sa proie. Le cœur brisé de la mère est guéri. Son fils lui est rendu.

Dans un monde où tout passe, l’ombre de la mort plane au-dessus de chacun. Elle est inéluctable. Le monde est « la vallée de l’ombre de la mort ». Mais c’est précisément dans un tel monde que notre Seigneur et Sauveur est venu. Il a lui-même expérimenté ce que c’est que d’y vivre. Il sait ce que signifie la perte d’un être bien-aimé. Au tombeau de son ami Lazare, il a aussi versé des larmes.

C’est pourquoi il nous comprend lorsque nous connaissons des difficultés, lorsque nous sommes malades, lorsque nous sommes abattus et avons le cœur lourd. C’est une grande chose de savoir que notre Seigneur a le pouvoir de nous aider. Mais il n’y a pas seulement cela. Il nous fait goûter d’abord sa sympathie. Il nous aime. Il entre dans nos circonstances et nous console : « Ne pleure pas ». Il peut sécher les larmes et guérir les cœurs brisés.

Le Maître agit de manière divinement parfaite. Tout d’abord, il sèche les larmes, ensuite il apporte la délivrance. Nous aurions peut-être agi de manière inverse. Mais le Seigneur veut que nous apprenions d’abord à connaître la douceur de ses compassions et ensuite sa puissance qui donne le secours. Dans sa sagesse, il décide lui-même quand et comment il nous aidera. Laissons-le agir. Une chose est certaine : il guérit les cœurs brisés et bande les plaies. Il veut que sa paix remplisse nos cœurs et nous soutienne dans nos circonstances difficiles.

Aucun d’entre nous n’a la puissance de ramener des morts à la vie, mais le Seigneur veut nous utiliser pour aider les autres. Lorsque nous rencontrons des personnes qui ont le cœur brisé, cherchons à les aider dans le même esprit que le Seigneur.

 

5.3       Le cœur brisé du croyant en chute (Luc 22:54-62)

C’est maintenant une tout autre scène qui s’ouvre devant nous. Des hommes méchants, ennemis du Seigneur Jésus, l’ont saisi et l’ont conduit au palais du souverain sacrificateur. Pierre le suit de loin. Peu de temps auparavant, il avait déclaré, très sûr de lui, être prêt à mourir pour son Maître. Mais maintenant, une distance s’établit entre lui et le Seigneur. Il entre bien dans la cour de la maison où se trouve Jésus. Mais il s’assied parmi les ennemis de son Maître et se chauffe à leur feu. Qu’arrive-t-il ? La tentation ne se fait pas attendre. Une servante lui adresse la parole et la peur l’envahit. Avec insistance, il se dissocie de celui sur qui se concentre la haine de tous. « Je ne le connais pas. »

Allons-nous nous placer au-dessus de Pierre ? Certainement pas. Ne nous est-il pas arrivé de renier le Seigneur dans des situations beaucoup plus anodines ? À l’école ? Au travail ? Parmi nos voisins ? Un peu de distance intérieure avec le Seigneur suffit pour que nous tombions à la moindre tentation.

Et Jésus ? Avait-il le temps de penser à son disciple ? Ce qu’on lui faisait subir aurait pu retenir toute son attention. Merveilleux Sauveur ! Son cœur était occupé de Pierre. Il savait à l’avance ce qui allait arriver, et ce reniement l’affecte profondément, mais il ne met pas son disciple de côté. « Et le Seigneur, se tournant, regarda Pierre. » Ce regard attristé et en même temps plein d’amour est comme une flèche qui atteint le cœur de Pierre et le brise. Cet homme courageux et énergique sort et pleure amèrement sa faute.

Le Seigneur ne nous abandonnera pas non plus. Par son regard d’amour, il s’emploie à nous placer toujours dans la lumière pour atteindre nos cœurs. Son amour ne change pas. Il ne veut pas seulement nous secouer et nous faire comprendre où nous avons manqué. Il veut aussi nous soigner. Au matin de la résurrection, il a trouvé Pierre et a parlé à son cœur. Peu après, il l’a réhabilité devant les autres disciples. C’est toujours le but du Seigneur. Il veut nous ramener à une heureuse communion avec lui et faire de nous des serviteurs utiles pour lui.

 

5.4       Le cœur brisé du Sauveur

Nous ne pouvons terminer ces courtes considérations sur des cœurs humains brisés sans penser au cœur de Celui qui, justement dans l’évangile de Luc, nous est présenté comme le « Fils de l’homme ».

Ses sentiments sont décrits prophétiquement dans les Psaumes : « L’opprobre m’a brisé le cœur, et je suis accablé ; et j’ai attendu que quelqu’un eût compassion de moi, mais il n’y a eu personne » (69:20). Il avait guéri les cœurs brisés. Mais sur le chemin de la croix, il est seul avec ses propres souffrances. Il avait toujours été là quand quelqu’un avait besoin d’aide. Il avait témoigné sa sympathie à ceux qui étaient dans la douleur. Mais maintenant qu’il est lui-même dans la plus grande détresse, le cœur des autres se ferme.

Il n’avait semé que l’amour, et le plus souvent, il ne récoltait qu’une hostilité amère. On lui reprochait même sa confiance en son Dieu. Et ses disciples ? Le Seigneur n’attendait-il pas de la consolation de leur part ? Maintenant ils avaient fui. Jésus devait suivre ce chemin douloureux entièrement seul.

Le psaume 22 exprime ses sentiments lorsqu’il était suspendu à la croix : « Je suis répandu comme de l’eau, et tous mes os se déjoignent ; mon cœur est comme de la cire, il est fondu au-dedans de mes entrailles » (v. 14).

Lequel d’entre nous pourrait sonder la détresse qui a alors été celle du Sauveur ? À lui soient éternellement la louange et la reconnaissance !

6         Idées préconçues sur la manière dont Dieu agira — « Voici, je me disais... »  2 Rois 5

ME 1999 p. 109-114

6.1       L’amère expérience de Naaman

Un homme se tient devant la porte du prophète Élisée. C’est un homme haut placé, venu de la Syrie voisine, accompagné d’une grande délégation. Pourtant, la mission de cet officier de haut rang (il est le chef de l’armée syrienne) n’est pas d’ordre politique ou diplomatique. Cet homme est confronté à une difficulté personnelle grave : il est atteint d’une maladie incurable. Tous ses succès militaires ne comptent plus, car c’est maintenant de sa vie qu’il s’agit. Les médecins qu’il a consultés ne peuvent pas l’aider. Il est atteint de la lèpre, maladie inguérissable et sans espoir.

Mais un trait de lumière est apparu à l’horizon. Une jeune fille du peuple d’Israël, une prisonnière de surcroît, a donné un conseil à sa femme : il devrait aller vers le prophète en Israël ; lui pourrait l’aider. L’homme s’est mis en chemin. Après quelques détours, il se tient finalement, sans doute anxieux et impatient, devant la porte de l’homme de Dieu.

Mais voici que Naaman, le Syrien, s’est aussi imaginé très concrètement de quelle manière il devait être guéri. Il y avait réfléchi et avait conclu que le prophète Élisée devait le recevoir avec les honneurs dus à son rang, invoquer solennellement son Dieu et enfin promener sa main sur la peau malade.

Mais quelle déception ! Il n’y a point de réception solennelle, point de marques de respect. Le prophète Élisée n’envoie à la porte que son serviteur. Et pire encore est le message transmis : le grand homme de Syrie devrait se baigner sept fois dans le Jourdain. Traite-t-on ainsi un homme qui est habitué à ce que tout lui obéisse ? Rempli de colère, il se détourne et se prépare à rentrer chez lui.

 

6.2       Les raisons de la déception

Arrêtons-nous un instant à ce point-là du récit. Chaque lecteur de la Bible connaît bien la fin heureuse de l’histoire de Naaman, mais ce n’est pas cela qui nous occupe maintenant. Demandons-nous pourquoi Naaman est devenu ainsi furieux ? Une des raisons est vraisemblablement que son moi a été blessé. Comment osait-on agir ainsi avec lui, comment pouvait-on lui demander de se baigner dans un cours d’eau d’Israël, alors que les fleuves de sa patrie lui semblaient bien meilleurs ? Qu’allaient penser les gens ?

Une autre raison est sûrement que l’invitation d’Élisée lui semblait trop facile. Il était prêt à faire quelque chose de grand, à dépenser une fortune. N’avait-il pas exprès emporté avec lui de l’argent et de nombreux cadeaux ? Ce que le prophète demandait était vraiment trop bon marché.

Mais une troisième raison nous apparaît. Naaman était venu avec des idées préconçues très précises, et les choses se déroulaient tout autrement. Il confesse : « Voici, je me disais... » C’est de là que vient toute sa déception. Ce que le prophète lui a fait transmettre était trop différent de ce qu’il s’était imaginé. Déçu et vexé, il s’en retourne furieux. Si ses serviteurs ne l’avaient pas ramené à la raison, il serait mort de sa maladie.

 

6.3       Idées humaines concernant le salut

Les quelques mots de Naaman : « Voici, je me disais... », illustrent l’état d’esprit de beaucoup aujourd’hui.

En premier lieu, nous pouvons les appliquer aux incroyants qui cherchent à résoudre le problème de leur culpabilité et de leurs péchés. La lèpre dont Naaman était atteint est en effet une image du péché qui sépare l’homme de Dieu. Il n’existe qu’une solution à ce problème : c’est celle que Dieu a donnée. Le seul moyen de salut est la mort de Jésus sur la croix. « Il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par lequel il nous faille être sauvés » (Act. 4:12). Il n’y a qu’un seul chemin, pas deux.

Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, ont de la peine à s’engager sur ce chemin. Ils ne veulent pas accepter simplement ce que Dieu dit. Comme Naaman, ils se sentent blessés dans leur moi. Comme lui, ils trouvent que ce chemin est beaucoup trop facile et ils ont leurs propres idées sur la façon dont ils peuvent être sauvés. Combien de fausses voies de salut existent aujourd’hui ! Elles sont à la mesure de la fantaisie et des pensées des hommes, mais elles ne mènent jamais au but.

C’est que le diable s’ingénie à donner aux hommes de nouveaux moyens imaginaires par lesquels ils pourraient trouver le salut. C’est toujours l’homme lui-même qui veut ou doit faire quelque chose pour cela. Mais devant Dieu, tous ces efforts sont vains. Peu importe ce que nous pensons, nous. Ce qu’il faut, c’est que nous nous engagions sur le chemin de salut que Dieu a donné. Avec un « Voici, je me disais... », on ne peut que se perdre. Nous devons accepter ce que Dieu dit, même si cela diffère complètement de ce que nous avons pu imaginer.

 

6.4       L’aide de Dieu — nos réflexions

Cependant, les paroles de Naaman constituent aussi un avertissement pour nous croyants. Comment nous comportons-nous quand nous avons une difficulté ? Nous nous tournons peut-être vers Dieu, nous le prions, mais en même temps, n’avons-nous pas souvent des idées déjà faites sur la manière dont il devrait nous aider ? Et alors nous sommes déçus quand Dieu répond de façon différente. Nous disons comme Naaman : « Voici, je me disais...  ».

Marie et Marthe, les deux sœurs de Béthanie, étaient en grand souci. Leur frère Lazare était malade. Pleines de confiance, elles se tournent vers leur Maître : « Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade » (Jean 11:3). Elles ne disent rien de plus, mais au fond de leur cœur — la suite du récit de Jean 11 nous le montre — elles s’étaient imaginé que le Seigneur viendrait tout de suite guérir Lazare. Elles avaient réfléchi et étaient arrivées à cette conclusion. Il ne leur était pas venu à l’esprit que le Seigneur pouvait agir tout autrement. Et à cause de cela, il y eut d’abord la déception et la tristesse, puis, lorsque le Seigneur intervint, un grand étonnement. Mais par cette résurrection, elles apprirent à connaître la gloire du Fils de Dieu d’une façon toute nouvelle.

Cela signifie-t-il que nous ne devons pas réfléchir ? Très certainement pas. La capacité de penser sainement est un don du Créateur, pour lequel nous pouvons être reconnaissants. Mais nous ne devons pas devenir esclaves de nos pensées. En fait, elles n’évoluent que dans un cadre très limité. En tant qu’êtres humains, nous sommes liés au temps et à l’espace. Les expériences du passé nous amènent à tirer des conclusions pour le futur. Mais la logique humaine n’est pas la logique divine. Dieu n’est limité ni dans le temps ni dans l’espace, et ses possibilités ne se heurtent à aucune barrière. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit l’Éternel : car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées » (És. 55:8, 9). Souvent, nous cherchons désespérément toutes les solutions possibles et oublions que Dieu nous réserve peut-être une surprise. Sa manière d’intervenir sera peut-être complètement différente de tout ce que nous avons pu supposer.

N’avons-nous pas tendance à vouloir apporter nous-mêmes quelque chose à la solution de nos problèmes ? Nous demandons bien l’aide de Dieu, mais nous réfléchissons en même temps à toutes les initiatives que nous pourrions encore prendre. Et Dieu doit alors nous faire sentir notre incapacité.

Considérons un autre exemple : Le peuple d’Israël s’était rassemblé pour le combat contre les Philistins. Le géant Goliath avait enlevé au roi Saül et à ses troupes tout espoir de victoire. Ils tremblaient de peur. C’est alors que David, jeune berger, entre en scène, prêt à se présenter contre le géant. Et que fait le roi Saül ? Il n’a ni foi ni confiance en Dieu. Il calcule selon son raisonnement humain. Il réfléchit et arrive à la conclusion que ses armes ont une certaine utilité. David peut-il s’avancer au combat sans aucune aide de sa part ?

Mais peu de temps après, David donne à Goliath la bonne réponse. Il dit : « Toute cette congrégation saura que ce n’est ni par l’épée, ni par la lance, que l’Éternel sauve » (1 Sam. 17:47). L’épée et la lance étaient, selon le raisonnement humain, les seules armes par lesquelles Goliath pouvait être vaincu. Mais elles ne l’étaient pas pour Dieu. Il avait des possibilités bien différentes. David comptait avec cela, au contraire de Saül et du peuple.

« Voici, je me disais... » Avec cette disposition d’esprit, nous vivrons maintes déceptions. Faisons paisiblement confiance à notre Dieu, sans limiter ses possibilités d’intervention à nos capacités de réflexion. Nos situations extrêmes ne font que fournir à Dieu des occasions de manifester sa puissance. Cette pensée devrait toujours nous redonner du courage, et surtout quand nous ne voyons plus d’issue. Notre Dieu en a toujours une.

 

7         S’aimer l’un l’autre

ME 1997 p. 193-198

 

« C’est ici mon commandement, que vous vous aimiez l’un l’autre, comme moi je vous ai aimés » (Jean 15:12). Le Seigneur Jésus a dit cela à ses disciples lorsqu’il s’engageait dans le chemin où il allait démontrer son amour de la façon la plus complète, le chemin de la croix. Ces paroles n’ont rien perdu de leur valeur pour nous. Le commandement du Seigneur est que nous nous aimions l’un l’autre. L’amour envers ceux qui font partie de la famille de Dieu est une preuve que nous sommes passés de la mort à la vie (1 Jean 3:14).

L’amour — il n’existe probablement pas de mot dont le sens profond et véritable ait été autant altéré par les hommes. Quelle signification donne-t-on à l’amour dans ce monde ? Beaucoup n’y voient que la satisfaction de leurs désirs charnels et égoïstes. Mais l’amour n’est-il pas infiniment plus, ou plutôt, n’est-il pas quelque chose de complètement différent de l’accomplissement des aspirations du moi et de ses convoitises ? Sans doute y a-t-il aussi dans ce monde des hommes pour qui l’amour a une signification plus élevée. Mais pour tous ceux qui sont nés de Dieu, seul est important ce que la Bible nous en dit.

 

7.1       Dieu nous aime — nous pouvons l’aimer

En considérant quelque peu ce sujet dans cette lumière, nous sommes immédiatement conduits à Celui duquel il est dit : « Dieu est amour » (1 Jean 4:8). Nous ne pouvons ni comprendre ni expliquer cette déclaration profonde. Comment oserions-nous, êtres humains si limités, dire ou écrire quoi que ce soit concernant la nature de Dieu ? Ce que nous pouvons voir, par contre, c’est la manifestation de l’amour de Dieu dans son Fils.

Là nous découvrons que l’amour divin n’est jamais égoïste ; il n’a pas lui-même pour but. Et il est toujours en relation avec l’activité. C’est l’essence de cet amour que d’être actif. L’amour divin donne ; c’est son caractère propre. Cela ressort déjà du verset bien connu de Jean 3:16 : « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique ». Dieu a aimé, et c’est pourquoi il a donné. Aimer et donner forment un tout.

Oui, l’amour de Dieu est désintéressé : « Dieu... n’a pas épargné son propre Fils, mais... l’a livré pour nous tous » — « Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 8:31 ; 5:8). Dieu n’a pas pensé à lui, mais à ceux qui étaient ses ennemis. Son amour l’a conduit à ne pas épargner son propre fils.

Dans son amour, Dieu fait entrer les hommes dans une relation avec lui-même. Ce faisant, il n’abandonne rien de sa gloire, car l’œuvre de la croix lui donne un fondement de justice pour cela. Son amour « est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5). Ainsi, les enfants de Dieu non seulement sont au bénéfice de cet amour et y trouvent toute leur joie, mais ils sont rendus capables de manifester eux-mêmes l’amour, l’amour divin. Le Père nous aime, le Fils nous aime, et nous pouvons répondre à cet amour en aimant nous aussi.

Le Seigneur Jésus explique à ses disciples le rapport entre ces choses. Il dit : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15:9, 10). Il est facile de dire que nous aimons le Seigneur, mais voici un test pour mettre cette déclaration à l’épreuve : Gardons-nous ses commandements, sommes-nous prêts à accomplir ses désirs ? Ne pensons pas aux autres, mais répondons à cette question pour nous-mêmes.

 

7.2       Aimer les autres d’un amour divin

Notre amour n’est pas seulement envers Dieu, le Père et le Fils. Nous aimons également nos frères et nos sœurs. La mesure de notre amour les uns envers les autres est notre amour pour Dieu. Lorsqu’il en est ainsi, nous ne sommes pas occupés de nous-mêmes, mais de ceux que nous aimons — de nos frères et de nos sœurs. L’apôtre Jean écrit : « Bien-aimés, aimons-nous l’un l’autre, car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7). L’appel à nous aimer l’un l’autre est fondé sur le fait que l’amour est de Dieu. Il y a donc un lien étroit entre l’amour de Dieu et le fait que nous nous aimons l’un l’autre.

Et maintenant, comment l’amour s’exprime-t-il dans la vie quotidienne ? Se limite-t-il à ce que nous nous disions l’un à l’autre que nous nous aimons beaucoup ? Très certainement pas. Imaginerions-nous, par exemple, des époux qui ne font que parler de l’amour, mais ne le montrent aucunement dans la pratique ? Certes pas. À ce sujet, l’apôtre Jean nous dit : « Enfants, n’aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité » (1 Jean 3:18). Cela ne signifie naturellement pas que nous n’avons pas le droit de dire que nous nous aimons ; cela signifie que l’amour ne se réduit pas à cela. Dire que nous aimons n’est pas encore aimer en réalité.

L’amour ne se limite pas non plus seulement à des sentiments. Bien sûr, notre cœur a des sentiments ; et l’amour a certes affaire avec cela. Jean écrit aussi à ce sujet : « Celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jean 3:17). Cependant il demeure vrai que ni les mots ni les sentiments seuls ne donnent à l’amour son caractère essentiel. Pour cela il faut quelque chose de plus : l’action et la vérité.

« En vérité » signifie vraiment et honnêtement, et non pas avec hypocrisie ou mauvaise foi. Il est évident que le danger de ne pas aimer «  en vérité  » est très grand si l’on croit que l’amour peut se limiter à des paroles. Plus nous parlons d’amour envers nos frères et sœurs, plus le risque est grand qu’il ne s’agisse pas d’un amour vrai, mais de quelque chose de superficiel.

 

7.3       L’amour pratiqué

Aimer « en action » est le résultat du travail opéré par Dieu dans notre être intérieur. Si notre cœur est touché de la bonne manière, l’amour ne reste pas un sentiment, mais il se démontre alors en activité. Inversement, l’activité sans les sentiments du cœur laissera toujours une impression de froideur. Les deux vont absolument de pair. Pratiqué de cette manière, l’amour portera les caractères de l’amour divin qui en est la source. Il sera d’abord désintéressé et ensuite prêt à donner Celui qui aime ne pense pas à lui-même et à son propre intérêt, mais il recherche ce qui fait du bien à son frère et à sa sœur, à ce dont ils ont besoin. Une telle façon de se comporter est en contraste absolu avec ce qui est enseigné et pratiqué dans notre société moderne de la fin du 20e siècle. « Chacun est d’abord le prochain de lui-même », telle semble être la devise selon laquelle beaucoup d’êtres humains vivent aujourd’hui, et les enfants de Dieu sont en grand danger de se conduire selon ce principe.

La pratique de l’amour commence par la connaissance des besoins de nos frères et sœurs. Cela présuppose de l’intérêt les uns pour les autres. Là où cet intérêt manque, la base de l’amour actif est ôtée. Nous pouvons bien nous demander, chacun pour nous-même : quel intérêt avons-nous les uns pour les autres, dans quelle mesure connaissons-nous leurs besoins ? Cela concerne d’abord notre propre famille (la relation entre conjoints ou entre parents et enfants) ; cela est valable dans l’assemblée locale, de même que dans tous nos contacts avec autrui. Dieu voudrait tout d’abord ouvrir nos cœurs les uns pour les autres.

La pratique de l’amour, ensuite, se montre dans une attitude disposée à donner à l’autre ce qui lui fait du bien. Nous avons à lui être utile, à rechercher son avantage, et prendre garde à ne pas lui faire de tort. Jean dit même que nous devons laisser nos vies pour nos frères (1 Jean 3:16). Cela va très loin, et n’est que très rarement appliqué à la lettre (bien qu’il y en ait des exemples dans l’histoire de l’Église). Mais ce que nous devons retirer pour nous de cette déclaration est que l’amour est prêt au sacrifice. Il est relativement facile d’aimer quand nous en retirons un avantage pour nous-mêmes, ou du moins quand nous ne subissons aucun préjudice. Mais qu’en est-il lorsque l’intérêt de notre frère est au détriment du nôtre ? Acceptons de nous poser cette question.

L’apôtre Paul rend témoignage aux assemblées de Macédoine qu’ils s’étaient premièrement donnés eux-mêmes au Seigneur, et puis à Paul et à ses collaborateurs (2 Cor. 8:5). Le dévouement et l’amour pour les autres présupposent donc le dévouement et l’amour pour le Seigneur. Cela ne vient pas de nous-mêmes, mais cela découle du fait que nous nous savons aimés de Dieu, que nous jouissons de son amour et que nous le laissons agir en nous. « Nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19).

 

8         Le sentier des justes – Prov. 4:18

 

ME 2008 p.174-179

 

« Le sentier des justes est comme la lumière resplendissante qui va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi » (Prov. 4:18).

Le livre des Proverbes nous a été donné « pour connaître la sagesse et l’instruction, pour discerner les paroles d’intelligence » (1:2). Il nous fournit des enseignements pratiques sur la manière de marcher avec le Seigneur, à sa gloire et en communion avec lui. Il nous donne également des avertissements pour nous préserver de fautes.

Dieu désire que notre chemin soit un chemin de justice pratique, c’est-à-dire conforme à sa volonté et à sa pensée. Notre vie devrait être marquée par une croissance spirituelle et par un discernement qui progresse. C’est pourquoi Salomon compare le sentier des justes avec la lumière du matin qui paraît d’abord, et qui ensuite va croissant jusqu’à ce que le plein jour soit établi.

Comment pouvons-nous réaliser un tel sentier ? C’est ce que nous expliquent les versets qui suivent.

 

8.1       L’importance de la parole de Dieu dans notre vie

« Mon fils, sois attentif à mes paroles, incline ton oreille à mes discours. Qu’ils ne s’éloignent point de tes yeux ; garde-les au-dedans de ton cœur ; car ils sont la vie de ceux qui les trouvent, et la santé de toute leur chair » (4:20-22).

C’est une grande grâce que Dieu nous ait donné sa Parole. Il a parlé, et nous pouvons prendre connaissance de ce qu’il a dit. Mais comment en tenons-nous compte dans la pratique ? Salomon met ici la parole de Dieu en relation avec les oreilles, les yeux, le cœur et le corps tout entier.

 

8.1.1        Avec nos oreilles

Dieu désire que nous écoutions sa Parole. Utilisons-nous les occasions où elle est lue pour bien l’écouter ? Sommes-nous attentifs lors des réunions où elle est annoncée ? Quel genre d’auditeurs sommes-nous ?

 

8.1.2        Avec nos yeux

Il est essentiel que nous lisions beaucoup la Parole. Nous le faisons collectivement — aux réunions, en famille. Ne négligeons pas de le faire individuellement. Lisons-nous la Bible de façon régulière ? Sa lecture a-t-elle une place bien déterminée dans chacune de nos journées ? Commençons-nous chaque journée avec un passage de la parole de Dieu ou laissons-nous autre chose prendre possession de nous dès la première heure ?

 

8.1.3        Avec notre cœur

Quelle place a la parole de Dieu dans notre cœur ? C’est une question d’affection. Il ne suffit pas d’écouter et de lire la parole de Dieu. Il ne suffit pas de la connaître intellectuellement. Il faut qu’elle ait une place dans nos affections. L’aimons-nous vraiment ? La Bible ne s’adresse pas en premier lieu à notre cerveau, mais à notre cœur.

 

8.1.4        Avec notre corps entier

Si nous prenons vraiment la parole de Dieu à cœur, elle aura une influence sur toute notre façon de vivre. C’est à travers nos actes et nos paroles que l’on verra si nous nous contentons d’être des auditeurs ou si nous agissons selon ce qu’elle nous enseigne. Elle doit exercer son influence dans notre vie pratique de tous les jours. C’est alors seulement qu’elle aura atteint son but et que Dieu sera glorifié.

 

8.2       Garder notre cœur

Pour que notre sentier soit comme la lumière qui va croissant, prenons tout d’abord garde à notre cœur.

« Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde, car de lui sont les issues de la vie » (4:23).

Dans la Bible, le cœur a bien souvent une signification symbolique. Il désigne le siège de nos sentiments et ce qui détermine nos choix.

Il s’agit donc de nos affections et de notre amour pour le Seigneur. Nous parlons souvent — et avec raison — de l’amour du Seigneur à notre égard. Nous ne pourrons jamais assez admirer son amour, le remercier de nous avoir aimés et de s’être livré lui-même pour nous. Mais parallèlement se pose la question de notre amour pour lui. Jean écrit : « Nous, nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19). En est-il ainsi de nous ? Aimons-nous réellement le Seigneur ? David pouvait dire : « Je t’aimerai, ô Éternel, ma force ! » (Ps. 18:1). Il ne disait pas cela du bout des lèvres, c’était une réalité.

Notre attachement au Seigneur donne son caractère à toute notre vie. C’est pourquoi il doit être journellement entretenu et préservé. Le monde comporte beaucoup de choses qui contribuent à éloigner ou à détourner notre cœur du Seigneur. Ce peut être des choses franchement mauvaises — le péché sous diverses formes — mais aussi des choses qui n’ont rien de mal en elles-mêmes, comme par exemple les occupations nécessaires de la vie. Mais pour que notre sentier soit comme la lumière resplendissante du matin, il faut que notre Seigneur et Sauveur ait toujours la première place dans notre cœur. Qu’il produise cela en réponse à son amour pour nous !

 

8.3       Surveiller nos paroles

« Écarte de toi la fausseté de la bouche, et éloigne de toi la perversité des lèvres » (4:24).

Lorsque le Seigneur Jésus vivait sur cette terre, les hommes pouvaient s’étonner des « paroles de grâce qui sortaient de sa bouche », et les admirer (Luc 4:22). Dans aucune situation, il n’a jamais dit quoi que ce soit d’inopportun. Malheureusement, il n’en est pas ainsi de nous. Si nous examinons ce que nous avons dit au cours de la journée, nous devons reconnaître que bien des paroles inutiles, ou même des paroles tout à fait mauvaises, sont sorties de notre bouche. Jacques nous avertit de la puissance effrénée de la langue : « Mais pour la langue, aucun des hommes ne peut la dompter : c’est un mal désordonné, plein d’un venin mortel. Par elle nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à la ressemblance de Dieu ; de la même bouche procède la bénédiction et la malédiction. Mes frères, il ne devrait pas en être ainsi. Une fontaine fait-elle jaillir par une même ouverture le doux et l’amer ? » (Jacq. 3:8-11).

Ce qui ne se voit pas dans la nature, le jaillissement du doux et de l’amer d’une même source, est malheureusement possible chez les humains. Que le Seigneur nous garde ! Et qu’il nous accorde, à chaque instant de nos journées, ce qu’il faut pour que nos paroles soient à sa gloire, pour que nos frères et sœurs soient encouragés par elles, et pour qu’elles soient un témoignage utile à ceux qui sont encore loin de Dieu.

 

8.4       Bien orienter notre regard

« Que tes yeux regardent droit en avant, et que tes paupières se dirigent droit devant toi » (4:25).

Nos yeux sont la porte d’entrée par laquelle s’introduisent en nous de nombreuses influences fâcheuses, qui deviennent des occasions de chute en amorçant nos mauvais penchants. Que nos yeux regardent droit en avant ! Paul courait droit au but (Phil. 3:14). L’épître aux Hébreux nous invite à fixer les yeux sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi (12:2). Le regard de la foi est toujours dirigé vers l’avant et vers le haut. Toutefois, aussi longtemps que nous sommes ici-bas, le monde offre beaucoup de choses qui tendent à détourner nos regards. Soyons prudents quant à ce que nous pouvons voir, à droite ou à gauche de notre sentier. Les médias à eux seuls proposent aujourd’hui un immense éventail de distractions et de souillures. Job avait « fait alliance avec ses yeux », pour ne pas regarder ce qui pouvait être pour lui une occasion de chute (Job 31:1). Détournons résolument nos yeux de ce qui nuit à notre vie spirituelle et fixons-les sur le Seigneur.

 

8.5       Être attentif à notre marche

« Pèse le chemin de tes pieds, et que toutes tes voies soient bien réglées. N’incline ni à droite ni à gauche ; éloigne ton pied du mal » (4:26, 27).

Il s’agit ici de notre comportement — de nos actes et de nos paroles. Dieu nous appelle à suivre une voie droite, non pas une voie sinueuse ou tortueuse. La sagesse dit, au chapitre 8 : « Je marche dans le chemin de la justice, au milieu des sentiers de juste jugement » (v. 20). Notre sentier doit être réglé et équilibré. Des dangers nous guettent à droite et à gauche, et nous incitent facilement à dévier du chemin.

Dans l’Ancien Testament, Dieu exhorte plusieurs fois son peuple à ne s’écarter du chemin ni à droite ni à gauche. Souvent, ces exhortations sont en rapport avec la parole de Dieu. Une déviation de ses enseignements dans notre comportement pratique signifie en général que nous y ajoutons ou que nous en retranchons quelque chose. Dieu nous met en garde : « Vous n’ajouterez rien à la parole que je vous commande, et vous n’en retrancherez rien » (Deut. 4:2). Le Nouveau Testament se termine par un solennel avertissement à ce sujet (Apoc. 22:18, 19).

Que ce soit dans notre marche individuelle ou collective, nous avons toujours à reconsidérer nos voies à la lumière de la Parole. Dieu ne manquera pas de nous diriger : « Que vous alliez à droite ou que vous alliez à gauche, tes oreilles entendront une parole derrière toi, disant : C’est ici le chemin, marchez-y » (És. 30:21). Il veut nous replacer sur le bon chemin. Il veut que notre vie soit heureuse.

Pour que notre sentier puisse être comparé à la lumière resplendissante du matin, écoutons la parole de Dieu, prenons garde à notre cœur, à notre bouche, à nos yeux et à nos pieds. Bientôt nous aurons atteint la gloire du ciel, et tout sera parfait.