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L'église mêlée au monde : un accident ponctuel ou un mouvement de fond ?
À propos de Apoc. 2v14-15, la doctrine de Balaam

Bibliquest

La lettre communiquée à l'assemblée (ou église) à Pergame expose la situation terrible de cette assemblée mêlée au monde, puisque Satan y a son trône et que le seul fidèle témoin, Antipas, a été mis à mort parmi eux, c'est-à-dire «là où Satan habite». Que viennent faire alors dans cette épître ces mises en garde contre ceux qui tiennent la doctrine de Balaam et contre les Nicolaïtes ?

Le texte du v. 15 laisse comprendre que la doctrine des Nicolaïtes est identique à la doctrine de Balaam. De quoi s'agit-il ?

La doctrine de Balaam ne correspond pas à ce que Balaam a dit ou fait en Nombres 22 à 24, ni à ce que Pierre en dit en 2 Pierre 2 («il aima le salaire d'iniquité», amour de l'argent, même au prix de la malhonnêteté). La doctrine de Balaam ressort de Nombres 31v16, qui explique Nombres 25, spécialement 25v1-2 : Balaam après avoir fini ses prophéties qui ont manqué le but de maudire le peuple de Dieu, a incité le roi de Moab Balak à pousser les filles de Moab / Madian à aller commettre fornication avec les fils d'Israël. Cela correspond  bien à Apoc. 2v14 («Balaam enseignait Balak à jeter une pierre d'achoppement devant les fils d'Israël, pour qu'ils mangeassent des choses sacrifiées aux idoles et qu'ils commissent la fornication»). L’objectif de Balaam selon Nombres 22 et 2 Pierre 2 était d’avoir de l’argent. Ce but a échoué au niveau de Nombres 24v25 puisque les prophéties de Balaam avaient béni le peuple de Dieu au lieu de le maudire, selon ce que demandait Balak en échange d'un salaire. Le but de Balak était de ne pas être écrasé par Israël comme l’avait été le pharaon (Nombres 22v5-6; cette crainte ignorait ce que Dieu avait dit en Deut. 2v9). Balaam est donc revenu à la charge auprès de Balak lui suggérant d’inciter Israël à la fornication et à l’idolatrie en se servant des filles de Moab ; il pensait faire coup double : a) par le péché, obliger Dieu à être contre Israël (il connaissait suffisamment l’Éternel pour comprendre cette tactique), et b) en mélangeant les deux peuples, faire qu’ils ne soient plus ennemis, mais amis. Mais le premier but (a) a échoué car Balaam n’imaginait pas la grâce et la discipline de Dieu en gouvernement (une plaie + Phinées, Nombres 25v7-11) ; et le second but (b) a aussi échoué, car c’est intrinsèquement une impossibilité d'avoir une vraie paix entre le vrai peuple de Dieu et le monde (Jean 1v5,10,11; 15v18).
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Le problème des Nicolaïtes est le même que celui de Balaam : ils suggèrent de ne pas perpétuer le conflit monde-église, et pour ce faire il faut que l'église et le monde aient les mêmes objectifs, les mêmes sujets d'intérêt, c'est-à-dire les mêmes dieux. La fornication facilite cette idolâtrie, qu'il s'agisse d'une fornication physique ou spirituelle : c’est pareil, car les deux vont ensemble.

On a suggéré que les Nicolaïtes représentent le cléricalisme en se basant sur l’étymologie de Nicolas = vainqueur du peuple. Or cela concorde aussi avec la première explication (a), car lorsque le clergé veut asseoir sa position et son autorité, il s’appuie naturellement sur l’élément religieux redirigé vers l'idolâtrie comme Nebucanedtsar en Daniel 3 ; la fornication permet de plaire au peuple et l’idolâtrie permet de dominer le peuple en remplaçant l’autorité du Seigneur. Dans tous les cas, cela aboutit à mêler l’église avec le monde ; au niveau d’Éphèse, seuls quelques individus le faisaient occasionnellement (Apoc. 2v6)  ; au niveau de Pergame, c’est devenu une doctrine, c'est-à-dire qu'on affirme ouvertement que le mélange de l’église et du monde est une bonne chose, — comme le mélange du peuple de Dieu au monde suggéré par Balaam à Balak. Le clergé y contribue, mais le cléricalisme n’est pas le sens principal de cette doctrine des nicolaïtes. Quand l'empereur romain Constantin a imposé le christianisme comme religion d’état, on a mêlé l’église au monde ; c'était inévitable, indépendamment de ce qu’était le clergé. L’objectif a) que Dieu soit obligé d’être contre le peuple de Dieu (à cause de ce mélange avec le monde) n’était peut-être pas saisi par les nicolaïtes, mais il était saisi par Satan qui les poussait.

Que les avertissements sérieux donnés à Pergame puissent conduire les chrétiens à tout faire pour ne pas se mêler au monde et à ses objectifs.