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Échanges spirituels entre

 

moines catholiques et moines bouddhistes

par Bernard Prunneaux, Bonne Nouvelle éditée à Mulhouse 1/2009 p.21-22 (Un complément de Bibliquest a été rajouté ici à la fin)

 

Table des matières :

1     Échanges catholiques-bouddhistes

2     Une expérience du corps

3     L’expérience du vide

4     « Avec nos frères et soeurs bouddhistes »

5     La mystique des ordres religieux catholiques

 

1                    Échanges catholiques-bouddhistes

« En France, une centaine de monastères (Saint-Wandrille, Solesmes, En Callat...) sont engagés dans ce dialogue, soit en accueillant des moines bouddhistes, soit en envoyant des moines et moniales à l’étranger » (hebdomadaire catholique Le Pèlerin du 18 octobre 2007, n°6516 p.47)

Dans l’article du magazine où nous avons relevé cette information, le Père Pierre-François de Béthune, moine bénédictin qui pratique la méditation zen, témoigne de son expérience avec des moines bouddhistes au Japon :

« En partageant chaque moment de leur vie — jusqu’à porter leur habit — j’ai mesuré combien la tradition monastique était universelle. Nous avons beaucoup de points communs : le silence, le travail, le retrait du monde, la méditation. [...] Je pense être devenu un meilleur moine chrétien. [...] Ma prière s’est trouvée transformée, plus silencieuse, moins discursive, moins volontariste également. Grâce au yoga, j’ai appris à faire de mon corps un allié ».

 

P.F. de Béthune est consulteur auprès du Conseil Pontifical pour le Dialogue Interreligieux (CPDI). Nous donnons ci-après quelques courts passages extraits du compte-rendu de son expérience bouddhiste relatée dans le bulletin Lumière et Vie (n°193, août 1989).

 

2                    Une expérience du corps

« Le dialogue interreligieux est fondamentalement une démarche spirituelle. [...]

« Nous constatons que le corps peut être tout entier habité par le spirituel. Cela semble paradoxal d’affirmer que l’expérience du corps est quelquefois une expérience spirituelle de conversion, parce que nous avons été habitués à opposer les deux et à considérer la mortification du corps comme la seule manière de libérer le spirituel. Mais pour celui qui voit ou, mieux encore, qui pratique le chanoyu (cérémonie du thé) ou simplement le zazen, cela devient évident. Quand on fait descendre la conscience dans le coeur et même dans le hara (le ventre), la vie de prière en est transformée ; la vie tout court peut même en être renouvelée. Oui, le progrès dans la vie spirituelle passe parfois par une meilleure expérience du corps. [...]

« Je ne dis pas que ces pratiques corporelles opèrent la conversion ; je remarque seulement que l’enjeu de l’engagement à ce niveau est plus grand qu’on ne le croyait ».

 

3                    L’expérience du vide

« Au coeur du bouddhisme, il y a précisément l’expérience de la vacuité, une expérience qui rappelle toujours aux chrétiens la « kénose » du Christ dont parle saint Paul dans son épître aux Philippiens (2.7). Le Christ s’est dépouillé de lui-même pour accueillir notre humanité. En se « vidant » ainsi, comme le dit littéralement le texte, il n’est toutefois pas devenu toujours plus insignifiant, mais, bien au contraire, toujours plus lui-même, l’unique Seigneur : c’est en se dépouillant qu’il s’est révélé. Il en va de même pour le chrétien. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c’est en offrant toujours plus de place à l’autre pour l’accueillir pleinement qu’il trouve le mieux son identité de témoin de l’Amour inconditionnel.

« Ce vide en nous pour l’accueil de l’autre n’est qu’une manifestation d’une vacuité plus essentielle qui caractérise toute expérience religieuse : la place pour le mystère ».

 

4                    « Avec nos frères et soeurs bouddhistes »

« Des rencontres de plus en plus nombreuses et durables ont en effet été établies ; elles nous font découvrir une véritable connivence avec nos frères et soeurs bouddhistes. [...]

« Car nous pouvons mettre ici en oeuvre le dynamisme évangélique du respect, de l’ouverture et de la bienveillance. Il nous est demandé d’accepter l’autre tel qu’il est, sans prétendre lever les ambiguïtés en séparant le bon grain de l’ivraie. Il nous est surtout demandé d’avoir la bienveillance du Père « qui fait lever son soleil sur les méchants et les bons et tomber la pluie sur les justes et les injustes » (Matt. 5:45) et d’autant plus qu’ici il ne s’agit pas de méchants ou d’injustes, mais de frères différents ! [...]

« Je crois que cette approche convient donc tout particulièrement au dialogue interreligieux. Nous devons toujours commencer par recevoir les autres croyants de façon inconditionnelle, comme des messagers de Dieu. »

 

L’expérience de P.F. de Béthune n’est malheureusement pas un cas isolé. Outre son caractère d’apostasie, elle montre aussi toutes les libertés que les conducteurs catholiques se permettent dans l’interprétation de la Parole de Dieu, dès lors qu’ils veulent justifier leurs pratiques. Ces échanges s’inscrivent dans le cadre de l’expérimentation du Dialogue Interreligieux, conformément aux orientations données par Vatican II. Depuis 1974, une commission internationale pour le Dialogue Interreligieux Monastique (DIM) a été mise en place. Elle est structurée en quatre sections comprenant les États-unis, l’Inde, l’Australie et l’Europe.

 

5                    La mystique des ordres religieux catholiques

Chaque ordre religieux possède une « règle » donnant des orientations spirituelles et pratiques, auxquelles tous doivent se soumettre. Sur bien des points, l’organisation de la vie quotidienne monastique est très éloignée de l’esprit de l’Evangile. Par exemple : le principe du retrait du monde est contraire à la parole de Jésus en Jean 17:15. De même, l’obligation du célibat est appelée par Paul une « doctrine de démons » (1Tm 4.1-3), et les pratiques ascétiques sont dénoncées comme « contribuant à la satisfaction de la chair » (Col 2.20-23). Avec ses exercices et ses méthodes de méditation contemplative, le monachisme catholique apparaît comme une forme de christianisme imprégnée de mystique païenne.

Comme nous l’avons remarqué chez le bénédictin P.F. de Béthune, il semble que la vie entière des moines consiste en une sorte de quête mystique dans laquelle nous ne trouvons pas le témoignage de la grâce de Dieu et de la vie dans l’Esprit. En effet, tout croyant racheté ne passe plus sa vie à rechercher Dieu : il a été trouvé par le Père qui l’a conduit vers le Fils (Jean 6.44 et 65), il connaît son Sauveur et se sait connu de Lui (Jean 10.14). Sa vie spirituelle est caractérisée par un double but : persévérer dans la sanctification et être un ambassadeur de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, dans l’attente du retour de son Seigneur.

 

« Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par de vaines déceptions, s’appuyant sur l’enseignement des hommes, sur les éléments du monde, et non sur Christ » (Col 2.8).

 

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Note Bibliquest :

Il faut insister sur la gravité de ces pratiques monastiques, et des enseignements qui s’y rattachent. Le qualificatif d’« apostasie » utilisé par l’auteur est tout à fait approprié. Presque chaque phrase prononcée par le moine bénédictin contient quelque chose de contraire à l’Écriture, en sorte que nous ne pouvons pas en faire une analyse complète. Relevons juste quelques points :

a)                  Le corps n’a pas à être mortifié pour libérer le spirituel. La mort avec Christ de Romains 6:6-8 n’est pas de l’ascèse monastique. Le corps ne fait pas l’objet d’une expérience pour que le spirituel y habite. Le corps du croyant chrétien est d’emblée temple du Saint Esprit, et ce corps sert à glorifier Christ (1 Cor. 6:19-20), et le croyant chrétien peut d’emblée marcher « en nouveauté de vie » (Rom. 6:4).

b)                  Appeler des bouddhistes « frères » est ignorer entièrement la réalité de la famille de Dieu composée des enfants de Dieu qui ont la vie divine, qui sont nés de nouveau. La foi en Jésus comme Christ en est le premier test (1 Jean 5:1).

c)                  Quand on parle de « spirituel », il ne faut pas mêler ce qui est de l’Esprit de Dieu, et des esprits séducteurs dont parle la Bible à maintes reprises (1 Tim. 4:1 ; Éph. 6:12 ; 2 Cor. 11:14 etc.). Si l’on n’est pas rempli de Christ, les démons s’empressent de remplir le vide qu’on peut faire en soi (Matt. 12:43-45). C’est le grand danger des religions orientales, et des pratiques qui s’y rattachent (yoga…). C’est aussi le danger de toutes les formes de mysticisme où l’individu n’est plus contrôlé par la Parole de Dieu et par l’Esprit Saint, Lui dont le rôle est de glorifier Christ (Jean 16:14).

d)                  Le mélange chrétien / païen décrit dans cet article est typiquement ce qu’Apoc. 18:2 qualifie de « Babylone la grande … le repaire de tout esprit immonde ».

e)                  L’interprétation de Phil. 2:7 est erronée. Christ s’est « anéanti » en ce qu’il a pris une forme d’homme (Lui qui était Dieu), une position d’esclave. Mais Il est toujours resté pleinement Dieu. En devenant homme, il n’a pas accueilli l’humanité pécheresse, car Il a toujours été en dehors du péché (2 Cor. 5:21 ; Héb. 4:15).