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L’ASSEMBLÉE DE DIEU

 

 

1 Corinthiens 10 à 14

 

Conférences de Ballaigues ; 6 - 9 mai 1924

Les sous-titres entre crochets ont été ajoutés par Bibliquest

Tables des matières

1     [Ce qu’est l’Assemblée de Dieu — sa réalisation pratique aujourd’hui]

2     Chapitre 10  [Unité, communion et table du Seigneur]

3     Chapitre 11  [La Cène du Seigneur]

4     Chapitre 12  [L’Assemblée, corps de Christ, et son fonctionnement]

5     Chapitres 13 et 14  [L’amour, les dons spirituels]

 

 

1                    [Ce qu’est l’Assemblée de Dieu — sa réalisation pratique aujourd’hui]

Dès le commencement de cette épître, l’apôtre Paul reconnaît les saints auxquels il s’adresse comme étant «l’Assemblée de Dieu qui est à Corinthe» (1:1). Vu la marche relâchée de ces croyants, mais aussi pour l’instruction de l’Église pendant toute son histoire, il était important que nous eussions ici la pensée de Dieu à son égard. Elle est l’Assemblée de Dieu. Cette expression fait ressortir ce qu’elle est à Ses yeux, quels sont son origine, son caractère, ses privilèges et ses responsabilités. C’est Dieu qui l’a formée pour lui-même ; c’est de lui qu’elle tient sa vie, son appel et son espérance. Paul rappelle ailleurs aux anciens d’Éphèse qu’il leur a annoncé l’Évangile de la grâce de Dieu, le royaume de Dieu, et qu’ils doivent paître l’Assemblée de Dieu (Actes 20:24, 25, 27, 28). Tout est de Dieu dans cette oeuvre, accomplie par le Saint Esprit depuis le jour de la Pentecôte pour le rassemblement des membres du corps de Christ. L’Assemblée de Dieu comprend tous les croyants depuis ce jour-là jusqu’au retour du Seigneur. Elle embrasse donc tous les enfants de Dieu. Vue dans sa manifestation locale ici-bas, l’Assemblée de Dieu est formée de tous les croyants vivant à un moment donné dans le même endroit. Qu’ils le comprennent ou non, ils sont tous responsables d’écouter les enseignements de cette épître qui, avec intention, s’adresse non seulement «à l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe», mais «à tous ceux qui, en tout lieu, invoquent le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, et leur Seigneur et le nôtre» (1:1, 2).

L’Esprit Saint prend occasion du désordre qui régnait à Corinthe pour nous donner les instructions nécessaires à la marche collective et individuelle des chrétiens ici-bas. On a appelé cette épître la constitution de l’Assemblée, parce qu’elle nous donne les principes constitutifs qui la régissent et doivent régler sa marche et son fonctionnement ; nous y trouvons aussi l’ordre selon Dieu qui doit caractériser son témoignage en vue de la gloire du Seigneur et de la prospérité spirituelle de ceux qui en font partie. On entend dire aujourd’hui que, vu la ruine et la confusion qui règnent dans l’Église professante, il n’est plus possible de mettre en pratique les directions de cette épître au sujet du rassemblement des enfants de Dieu, et que nous devons accepter, comme un mal inévitable, les divisions et la mondanité qui caractérisent cet état de choses. Étudions plutôt avec prière et dans un esprit de soumission à la Parole les instructions de cette lette inspirée, afin d’y conformer notre marche individuelle et collective.

Toutes les vérités contenues dans cette épître peuvent être réalisées aujourd’hui. ; mais, pour pouvoir le faire, il faut suivre les instructions de la seconde épître à Timothée exhortant à se séparer des vases à déshonneur (2 Tim. 2:21), ce qui n’était pas nécessaire au commencement. Alors, tous les croyants invoquaient le Seigneur «d’un coeur pur» (1 Cor. 1:2 ; Act. 9:14). Aujourd’hui, il y a une profession chrétienne accompagnée de mal doctrinal et moral non jugé, duquel il faut se séparer pour être des vases à honneur. Puis il faut, comme l’apôtre exhorte Timothée à le faire lui-même, fuir «les convoitises de la jeunesse» et poursuivre «la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un coeur pur» (2 Tim. 2:22). C’est seulement ainsi que nous pourrons mettre en pratique tous les enseignements de la première épître aux Corinthiens, comme aussi ceux de toute l’Écriture. Alors, malgré la ruine, il nous sera possible, comme aux premiers chrétiens, de persévérer «dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières» (Actes 2:42). Ceux qui, dans un jour de désordre comme le nôtre, prennent garde aux instructions dont nous venons de parler, réalisent, quoique dans la faiblesse, ce qu’est une Assemblée de Dieu dans le lieu qu’ils habitent, tout en n’étant peut-être qu’une infime minorité des enfants de Dieu qui se trouvent dans cette localité, et qui tous ensemble composent l’Assemblée de Dieu de cet endroit. Mais, pour qu’une assemblée porte ce caractère et soit reconnue du Seigneur, il faut qu’elle mette en pratique la séparation du mal enjointe dans les passages que nous avons considérés. Ne serions-nous que deux ou trois pour répondre à la pensée de Dieu quant au rassemblement des siens, nous pouvons et devons agir selon les enseignements de cette épître. Si nous nous retirons du mal, nous ne formons pas une secte, mais nous sommes sur le terrain de Dieu, n’ayant pas quitté sa maison, mais cherché, comme on l’a dit, un endroit propre dans cette maison, où nous puissions poursuivre la justice etc., avec ceux qui invoquent le nom du Seigneur d’un coeur pur. C’est ainsi que nous aurons l’inappréciable privilège de présenter Christ au monde et d’être les témoins de sa grâce envers l’Assemblée dont nous faisons partie. Si nous entrons dans ce chemin avec des coeurs exercés, nous trouverons d’autres chrétiens désireux de servir et de glorifier le Seigneur, et nous pourrons avec eux mettre en pratique les directions de la Parole pour un jour de ruine. Il y aura d’abondantes bénédictions de sa part pour ceux qui l’honorent en marchant dans le chemin de l’obéissance à cette Parole.

Paul se nomme «apôtre appelé de Jésus-Christ par la volonté de Dieu» (1 Cor. 1:1). Il met en relief le caractère divin de son apostolat, à cause de l’état de désordre de l’assemblée de Corinthe, où l’ennemi cherchait à miner son autorité. Il importait aussi que, dans toute la période de l’histoire de l’Église, les enseignements de cette épître fussent entourés de toute la solennité que leur donne l’autorité morale de l’apôtre inspiré de Dieu auquel fut confiée la révélation de son conseil quant à «l’Assemblée de Dieu, laquelle il a acquise par le sang de son propre Fils» (Actes 20:28). Le propos de Dieu à son égard était un «mystère caché dès les siècles en Dieu» (Éph. 3:9), appelé aussi «le mystère du Christ» (v. 4). Pour acquérir l’Assemblée comme son Épouse bien-aimée (Éph. 5:25), Christ a dû donner sa vie : «Il s’est livré lui-même pour elle». Dans la gloire elle est vue comme «l’Épouse, la femme de l’Agneau» (Apoc. 21:9), les noces ayant eu lieu dans le ciel : «Réjouissons-nous et tressaillons de joie et donnons-lui gloire ; car les noces de l’Agneau sont venues» (Apoc. 19:7).

Pour donner aux Corinthiens le sentiment de la grandeur de leur appel, l’apôtre s’adresse à eux comme «aux sanctifiés dans le Christ Jésus, saints appelés» (v. 2). Telle est la position de sainteté dans laquelle nous a placés l’oeuvre de la Rédemption. L’état pratique des Corinthiens ne répondait pas à la grandeur de leurs privilèges. Toutefois l’Esprit de Dieu agit avec puissance par le moyen de cette lettre de Paul pour les amener à juger le mal dans lequel ils étaient tombés. Aussi, dans la seconde épître, comme dans la première, l’apôtre les reconnaît comme étant «l’assemblée de Dieu qui est à Corinthe» (1:1). Ils auraient perdu ce caractère s’ils ne s’étaient pas purifiés du mal. En ce qui nous concerne, nous avons par la foi les mêmes privilèges, mais notre vie pratique n’est pas à la hauteur de ceux-ci ; nous manquons de piété et de fidélité au Seigneur dans nos maisons, dans nos rapports avec le monde et les uns envers les autres. Que le Seigneur nous aide à porter un saint jugement sur nous-mêmes, en nous replaçant sur un terrain d’obéissance à sa Parole.

Notre Dieu est un Dieu d’ordre et de sainteté ; aussi ne peut-Il sanctionner le désordre qui règne aujourd’hui dans sa maison. Nous avons à nous appliquer à garder l’unité de l’Esprit pour manifester l’unité fondamentale du corps de Christ, qui est le fruit immuable de son oeuvre à la croix (Jean 11, Éph. 4:2, 3). La propre volonté de l’homme n’a aucune part dans le domaine de Dieu, c’est pourquoi vivons dans sa dépendance et sa crainte.

 

Au sujet de l’Assemblée, disons quelques mots sur Matt. 16:18 : «Sur ce roc je bâtirai mon Assemblée». Ce passage contient trois vérités importantes :

1° la révélation faite par le Père à Simon Pierre de la gloire de la Personne de Christ exprimée dans ces paroles : «Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant» (v. 16). Il lui fallait descendre dans la mort pour accomplir les conseils de Dieu, mais celle-ci n’avait aucun droit sur Lui, et, dans la puissance de la vie qui était en Lui, Il allait sortir triomphant du tombeau, après avoir glorifié Dieu par son obéissance, ôté le péché de devant ses yeux, vaincu la mort et la puissance de Satan et rendu possible la pleine réalisation de tous les glorieux desseins de Dieu.

 

2° La révélation de la pensée, jusque-là cachée en Dieu, quant à l’Assemblée, dont la formation sur la terre et la manifestation en gloire reposent sur la victoire de Christ et son amour pour elle : «Sur ce roc (la Personne du Fils du Dieu vivant ressuscité d’entre les morts), je bâtirai mon Assemblée» (v. 18).

 

3° En rapport avec le nouvel ordre de choses qui devait résulter de la mort et de la résurrection de Christ, et la présence du Saint Esprit ici-bas, Simon reçoit le nouveau nom de Pierre qui exprimait par anticipation la bénédiction de la relation nouvelle fondée sur l’oeuvre de la rédemption, dans laquelle il allait entrer. Cette relation est la part actuelle de tous les rachetés, unis à Christ par le Saint Esprit, comme des «pierres vivantes» ajoutées au fondement qui est lui-même (1 Pierre 2:5).

Le Seigneur dit : «Mon Assemblée» : elle est à Lui ; Il s’est livré lui-même pour elle (Éph. 5:25) ; aussi «les portes du hadès», c’est-à-dire la puissance de la mort et de Satan «ne prévaudront pas contre elle» (Matt. 16:18). Le Seigneur ne dit pas : «contre moi», bien que ce soit vrai aussi, à cause de son excellence et de sa gloire. Le péché a détruit tout ce que Dieu avait confié à la responsabilité du premier homme, mais il n’en sera pas ainsi de l’Assemblée, parce qu’elle est le fruit du travail de Christ. Toute la puissance de l’ennemi a été brisée à la croix, et le Seigneur ressuscité et glorifié peut entrer librement désormais dans son domaine pour lui enlever ses captifs : «Étant monté en haut, Il a emmené captive la captivité, et a donné des dons aux hommes» (Éph. 4:8). Ainsi, nous, pécheurs misérables, esclaves de Satan, avons été arrachés à notre terrible condition et, comme des pierres vivantes, avons été ajoutés à la maison que le Seigneur bâtit et qui croît pour être un «temple saint» dans lequel il manifestera sa gloire éternelle.

 

L’intelligence des pensées de Dieu au sujet de l’Assemblée, celle de l’amour de Christ pour elle, sont nécessaires pour marcher fidèlement au milieu de la ruine présente. Si l’on n’a pas compris l’appel glorieux de l’Église, on ne saura pas apprécier l’importance et le prix que le Seigneur attache à son témoignage ici-bas. Malgré son état actuel de confusion et de misère Christ aura son Assemblée, telle que son coeur la désire, sans tache ni ride. Christ est Dieu ; aussi, Il se la présentera à lui-même (Éph. 5:27), tandis qu’Ève fut amenée par Dieu à Adam réveillé de son sommeil (Gen. 2:22). Avec quelle joie le Seigneur dit : «Mon assemblée» ! Elle est pour Lui cette perle de très grand prix pour laquelle il a donné tout ce qu’Il avait et, comme ensemble de tous ceux qui composent l’Église, ce trésor qu’il cache pour lui-même, «et, de la joie qu’il en a, il s’en va et vend tout ce qu’il a et achète le champ» qui le contient (Matt. 13:44-46).

 

L’Assemblée n’est pas révélée dans l’Ancien Testament. Toutefois, elle occupait une si grande place dans les pensées de Dieu que, dès le commencement, la Parole nous en présente des images instructives. Ainsi, dans la Genèse, quatre femmes en sont la figure sous des aspects différents :

Ève nous parle de l’Église comme étant unie à son Époux : «Celle-ci est os de mes os et chair de ma chair» (Gen. 2:23).

Rebecca est l’objet du choix d’Abraham et du labeur du fidèle serviteur qui va la chercher dans le pays lointain (Gen. 24), à la suite du sacrifice d’Isaac (Gen. 22). C’est ainsi qu’ensuite de la mort et de la résurrection de Christ, le Saint Esprit, venu sur cette terre, rassemble l’Église qui doit partager sa gloire.

Rachel est l’objet d’un service d’amour persévérant de la part de Jacob. C’est ainsi que «Christ a aimé l’Assemblée et s’est livré lui-même pour elle» (Éph. 5:25).

Asnath, épouse de Joseph lui est donnée en récompense de tout son travail et partage sa gloire parmi les nations, pendant qu’il est rejeté et méconnu par ses frères (Gen. 41:45).

 

2                    Chapitre 10  [Unité, communion et table du Seigneur]

L’Assemblée est le corps de Christ ici-bas. Cette vérité est développée dans des chapitres 10 à 14 de la première épître aux Corinthiens. Les chap. 3 à 9 de cette même épître nous parlent surtout de l’Assemblée comme maison de Dieu, et comme confiée à la responsabilité de l’homme. Ce que nous avons dit plus haut concernant l’Épouse de Christ se rattache plutôt à l’enseignement de l’épître aux Éphésiens. Dans notre épître, la maison et le corps sont envisagés au point de vue de notre responsabilité. Le corps de Christ y est vu dans son fonctionnement sous la dépendance du Saint Esprit qui l’unit à la Tête, de laquelle il reçoit la vie et la nourriture nécessaires à sa croissance. Il y a un seul corps, dont l’unité est indestructible, comme fruit de l’oeuvre de la croix. La manifestation de cette unité a lieu à «la table du Seigneur» (v. 21). Quelle que soit la ruine de l’Église responsable, le témoignage de l’unité du corps est toujours exprimé par le seul pain : «Car nous qui sommes plusieurs sommes un seul pain, un seul corps» (v. 17).

Remarquons bien ce nom de Seigneur qui revient plus de 40 fois dans cette épître. Lorsque les croyants oublient l’autorité et les droits de Celui auquel ils appartiennent, comme c’était le cas à Corinthe, l’Esprit de Dieu ne manque pas de les leur rappeler. Dans un jour de ruine, en Israël, le prophète Malachie insistait de même sur la table de l’Éternel que méprisaient les sacrificateurs, en offrant du pain souillé sur son autel (Mal. 1:12, 13). L’expression : «la table du Seigneur» se trouve une fois dans l’Ancien Testament  (Mal. 1:12) et une fois dans le Nouveau (1 Cor. 10:14). Quoique l’application n’en soit pas la même dans ces deux passages, tous deux font ressortir les droits du Seigneur sur ceux qu’Il a amenés en relation avec lui-même, et qu’Il invite à jouir de sa communion. Il y a une analogie frappante entre les circonstances dans lesquelles prophétisait Malachie environ un siècle après le retour de la captivité de Babylone, et celles où nous sommes après un laps de temps presque identique, qui s’est écoulé depuis le réveil par lequel Dieu a rappelé à 1’Église les vérités relatives à son appel, à son témoignage et à son espérance. Le relâchement et la torpeur spirituelle sont les mêmes à la fin de ces deux économies.

La communion exprimée à la table du Seigneur est une commune participation aux bénédictions qui découlent, pour tous les membres du corps de Christ, de l’efficace de son sang répandu. En prenant «la coupe de bénédiction que nous bénissons», nous déclarons avoir une commune part à la valeur de ce sang, par lequel nous avons été rachetés et lavés de nos péchés. En outre, «le seul pain» exprime notre union en un seul corps dont nous sommes les membres, unis par le Saint Esprit à la Tête glorifiée qui est Christ (v. 17).

Tout ce passage est une grande leçon de communion donnée à des personnes rendues intelligentes, par l’enseignement de l’Esprit de Dieu (v. 15), mais qui étaient en danger d’oublier la position de mise à part dans laquelle elles avaient été placées. L’apôtre y donne trois exemples de communion exprimée par l’acte de manger, prouvant ainsi que, dans les trois cas, il y avait identification de ceux qui accomplissaient cet acte avec ce à quoi ils participaient.

1° Ceux qui ont part à la table du Seigneur rendent témoignage, en y prenant place, à la grâce qui les a rachetés et amenés dans l’unité du corps de Christ (v. 16-17).

2° Israël avait communion avec l’autel, en participant aux sacrifices de prospérité (v. 18).

3° Ceux d’entre les Corinthiens qui mangeaient et buvaient dans les temples païens des sacrifices offerts aux idoles, s’identifiaient, affreuse anomalie, avec la table et la coupe des démons (v. 20, 21).

Remarquons encore deux vérités qui ressortent de ce passage :

1° L’apôtre y présente ses enseignements sous forme de questions qui font appel à la conscience des saints, en leur montrant d’une part la grandeur de leurs privilèges, et de l’autre, la gravité de leur association avec le monde, duquel ils avaient été tirés pour jouir de leur glorieuse position. Il y a dans les versets 14 à 22 huit points d’interrogation qui sont autant d’aiguillons pour nos consciences.

2° Le Saint Esprit nous y donne les éléments de la cène dans un ordre différent de celui dans lequel elle fut instituée par le Seigneur, et que le chap. 11 nous rappelle. Dans le Chap. 10, la coupe est mentionnée avant le pain (v. 16), parce que la condition essentielle de la communion avec Dieu exprimée à la table du Seigneur est le pardon de nos péchés en vertu du sang de Christ. C’est l’efficace de ce sang versé à la croix que nous rappelle «la coupe de bénédiction que nous bénissons», ainsi que notre participation à cette délivrance. Dès lors, lavés dans ce sang précieux, nous devenons membres du corps de Christ, par le Saint Esprit.

Il est important de remarquer que c’est à la table du Seigneur que nous prenons place. Elle n’est pas appelée la table du Sauveur, bien que ce caractère béni sous lequel nous le connaissons n’en soit pas absent. Nous sommes constamment en danger d’oublier sa Seigneurie. Ses droits sur les siens qu’Il a acquis par ses souffrances et sa victoire doivent être reconnus et proclamés à sa table, comme aussi pendant tout le cours de notre vie ici-bas. C’est ce que les Corinthiens oubliaient. Lorsque nous nous réunissons en son Nom, le Seigneur est présent au milieu de nous selon sa promesse. Aussi le mal ne peut rester caché et impuni à sa table. Il en était ainsi à Corinthe où le jugement du Seigneur s’exerçait sur les siens, afin qu’ils ne fussent pas «condamnés avec le monde» (11:32).

 

Nous avons la responsabilité de garder la Parole du Seigneur et de ne pas renier son Nom (Apoc. 3:8). Si nous ne jugeons pas le mal dans l’Assemblée, pouvons-nous dire que nous revêtons ces deux caractères et que nous avons la table du Seigneur ? Plusieurs chrétiens sont associés au mal doctrinal et moral, tout en se réunissant extérieurement sur un terrain de séparation des divers systèmes de la chrétienté. Ils se souviennent de la mort du Seigneur en célébrant la cène qu’Il a instituée pour être le mémorial de ses souffrances en son absence, mais ils ne sont pas réunis sur le terrain divin de l’unité du corps qui ne comporte aucune participation avec le mal et ils n’ont, par conséquent, pas la table du Seigneur. Toutefois le Seigneur tient compte de la faiblesse et de l’ignorance des siens dans un jour de confusion et de ruine et peut les bénir. N’oublions cependant pas notre responsabilité de ne pas renier le nom de Celui qui est «le Saint et le Véritable» et de nous purifier des vases à déshonneur, afin que nous soyons «des vases à honneur, sanctifiés, utiles au Maître, préparés pour toute bonne oeuvre» (2 Tim. 2:19-22).

Nous avons déjà rappelé que nous exprimons à la table du Seigneur l’unité du corps symbolisée par le «seul pain» (v. 17). Nous avons donc communion les uns avec les autres, comme étant membres d’un même corps et sommes solidaires les uns des autres devant Dieu. De là découle la responsabilité «d’ôter le méchant du milieu de nous-mêmes» (5:13). L’Israélite avait communion avec l’autel, en mangeant des sacrifices offerts sur l’autel et le païen avec l’idole, c’est-à-dire avec les démons qui se cachaient derrière elle. Pouvons-nous participer à la table du Seigneur et à la table des démons ? (v. 21). Terrible iniquité dont se rendaient coupables ceux qui, à Corinthe, mangeaient des sacrifices idolâtres qui avaient lieu dans les temples païens. L’apôtre fait appel à leur conscience, en leur disant : «Oubliez-vous que vous êtes lavés dans le sang de Christ et membres de son corps ? Provoquez-vous le Seigneur à la jalousie, en attirant ainsi ses jugements sur vous ? Ils avaient été rendus intelligents par l’opération du Saint Esprit dans leurs coeurs, et ils étaient responsables de prendre garde aux avertissements de la Parole. Il en est de même de nous.

 

3                    Chapitre 11  [La Cène du Seigneur]

Nous rappellerons que la grande vérité sur laquelle l’Esprit de Dieu insiste dans les chap. 11 à 14 est celle du fonctionnement du corps de Christ. On a dit que dans l’épître aux Éphésiens, nous avons la Tête et le corps, dans celle aux Colossiens, la Tête du corps et dans celle aux Corinthiens, le corps de la Tête. Ici nous trouvons l’Assemblée réunie au nom du Seigneur : «Quand donc vous vous réunissez en assemblée» (v. 18). Le Seigneur a promis sa présence à ses saints réunis en son Nom. Pour Israël, il y avait un lieu spécial choisi par Dieu «pour y mettre son Nom», et auquel il fallait apporter les holocaustes, les sacrifices et les dîmes (Deut. 12:4-7). Pour le trouver, il fallait un exercice de coeur et de conscience : «Vous chercherez le lieu que l’Éternel votre Dieu choisira» (v. 5). Au milieu de la ruine actuelle, combien cet exercice est nécessaire ! Remarquons les vérités importantes qui demeurent comme autant de promesses encourageantes pour les croyants qui se réunissent au nom du Seigneur, selon Matt. 18:20 : «Là où deux ou trois sont assemblés en (litt. : à) mon Nom, je suis là au milieu d’eux».

1° Il y a ici-bas un lieu de rassemblement selon Dieu.

2° Un témoignage, quelque faible qu’il soit, reconnu du Seigneur,

3° et réuni sur le pied de la séparation du monde et de la communion mutuelle.

4° L’autorité qui rassemble est dans une Personne divine qui est elle-même le Centre du rassemblement.

Outre ce que nous avons dit plus haut, la Cène est un mémorial de la mort du Seigneur. Il peut être réalisé par des croyants attachés à la Personne de leur Sauveur, sans qu’ils soient réunis sur le terrain divin de l’unité du corps. Des âmes pieuses qui le célèbrent par amour pour leur Sauveur y trouvent certainement de la bénédiction, quoique Sa présence personnelle ne soit promise qu’à ceux qui sont rassemblés à son Nom, c’est-à-dire sur le terrain de l’unité du corps de Christ, dans l’obéissance au Seigneur et à sa Parole, ainsi que dans la séparation de tout ce qui est incompatible avec le Nom de Celui qui est «le Saint et le Véritable».

Quatre vérités se rattachent à la Cène du Seigneur dont l’apôtre nous rappelle ici l’institution, laquelle il avait reçue directement de Lui, ainsi que les autres vérités relatives à l’Assemblée :

1° La Cène est d’abord le mémorial de la Personne du Seigneur : «Faites ceci en mémoire de moi» (vers. 25). La première pensée qui doit occuper nos coeurs à sa table n’est pas la bénédiction que nous apporte la mort du Seigneur, mais sa Personne, ses souffrances pour nous dans cette heure solennelle de la croix ; nous nous souvenons d’un Christ livré, mort pour nous. Le Seigneur, maintenant dans la gloire, est sensible à ce souvenir, que perpétuent les siens, des souffrances inexprimables de la croix. Il aime à nous voir réunis autour de ce mémorial, institué «la nuit qu’il fut livré» (v. 23).«N’est-ce rien pour vous tous qui passez par le chemin ? Contemplez et voyez s’il est une douleur comme ma douleur» etc. (Lam. 1:12).

2° Ce repas est aussi le mémorial de son oeuvre rédemptrice, car son sang nous purifie de tout péché. Il y a encore dans cette coupe la proclamation d’une bénédiction future pour le peuple terrestre, car elle est, nous dit le Seigneur, «la nouvelle alliance en mon sang» (v. 25). Cette alliance sera traitée avec la maison d’Israël, en vertu de l’oeuvre de la croix que nous avons déjà comme le fondement de notre salut.

3° «Vous annoncez la mort du Seigneur» (v. 26). Nous proclamons, à la face du monde qui l’a rejeté, la mort de Celui qui a tous les droits sur cette création, et qui les fera bientôt valoir en puissance et en jugement, mais qui, en attendant, est un Sauveur parfait pour quiconque croit en Lui. La célébration de la Cène est donc la plus puissante évangélisation que nous puissions adresser au monde sans dire une seule parole. Elle est aussi la déclaration de son jugement et de notre entière mise à part pour appartenir à Celui que les hommes ont rejeté. C’est un témoignage auquel les soeurs participent comme les frères, grâce précieuse que le Seigneur accorde à tous les siens.

4° «Jusqu’à ce qu’il vienne» (v. 26). Nous annonçons aussi au monde que Celui qui a été honni, bafoué, mis à mort, va revenir avec puissance et gloire. Alors la proclamation de sa mort cessera. Nous n’aurons plus besoin de signes visibles pour nous rappeler son amour et ses souffrances à la croix pour nous, car nous l’aurons Lui-même devant nos yeux, comme l’Agneau immolé, dans toute sa gloire et sa beauté.

Ainsi, dans la Cène, nos regards se portent dans trois directions :

1° dans le passé où nous voyons un Christ mourant pour nous ;

2° dans le présent, où nous le contemplons dans la gloire, comme le Seigneur élevé à la place d’honneur et de puissance.

3° Dans l’avenir, car nous annonçons sa mort «jusqu’à ce qu’Il vienne». Nous l’attendons revêtu de gloire et de majesté pour nous prendre auprès de Lui.

Question : À qui les actions de grâces doivent-elles être rendues dans le Culte ?

Il est évident qu’il y a des louanges qui s’adressent au Père en tout premier lieu. C’est Lui qui a cherché et trouvé «des adorateurs qui l’adorent en esprit et en vérité» (Jean 4:24). C’est au Père que Jésus rendit grâces lorsqu’Il institua le mémorial de sa mort (Luc 22:17, 19). En même temps, dans ce souvenir de lui-même, le Seigneur se présente à nos coeurs avec puissance et les remplit d’actions de grâces qui s’élèvent vers lui, l’Agneau immolé.

Combien les circonstances dans lesquelles fut institué ce précieux mémorial sont propres à réveiller nos consciences et à nous engager à célébrer la fête dans le jugement de nous-mêmes et le sentiment de ce que nous avons coûté à notre Sauveur ! Rappelons-nous aussi que notre vie tout entière représentée par les sept jours de la fête des pains sans levain qui commençait à la Pâque, doit être passée dans une sainte séparation pour Lui. C’est à elle que Paul fait allusion quand il dit : «C’est pourquoi célébrons la fête... avec des pains sans levain, de sincérité et de vérité» (1 Cor. 5:8). C’est «la nuit qu’il fut livré», que le Seigneur a voulu rappeler à nos coeurs oublieux. À ce moment-là Il institua la fête de notre délivrance. Si cela était mieux compris, la Cène aurait toujours sa place centrale dans le Culte.

L’acte de rompre le pain, quoique accompli par un seul frère, identifie toute l’assemblée avec celui qui distribue la Cène. En participant à celle-ci, nous rompons tous le pain. C’est pourquoi nous chantons avec raison : «Nous rompons le pain, nous buvons à la coupe qui nous rappellent ton amour».

Rappelons-nous qu’en participant à la Cène, il est convenable que nous mangions tous un morceau du pain rompu et que nous buvions tous à la coupe, au lieu de nous contenter d’y tremper nos lèvres.

Le titre Seigneur est mentionné sept fois dans les instructions de ce chapitre 11° relativement à la Cène (v. 20-32). Les Corinthiens oubliaient son autorité sur les siens, en méprisant la précieuse institution de la Cène et ils attiraient ainsi sur eux la discipline du Seigneur. «Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés» (v. 31). «Je laverai», dit le Psalmiste, «mes mains dans l’innocence, et je ferai le tour de ton autel, ô Éternel !» (Ps. 26:6). Non seulement je dois me juger devant Dieu de mes manquements, mais aussi devant un frère que je puis avoir offensé, et chercher de même à amener un frère qui a péché contre moi au jugement de sa faute, afin que la communion réciproque soit réalisée à la table du Seigneur (Matt. 5:23, 24 ; 18:15-18). Humilions-nous de la légèreté avec laquelle nous nous en approchons, sans jugement ni confession de nos fautes envers Dieu et nos frères, sinon Dieu sera contraint d’agir envers nous en châtiment selon son juste gouvernement. Il en était ainsi à Corinthe et l’apôtre dut dire à ces croyants infidèles : «C’est pour cela que plusieurs sont faibles et malades parmi vous et qu’un assez grand nombre dorment» (v. 30). On peut remarquer que, dans cette épître, la joie n’est pas mentionnée, bien que les dons de grâce fussent abondants dans l’assemblée, tandis qu’elle l’est sans cesse dans l’épître aux Philippiens.

 

Nous sommes sur le terrain de la vérité, mais si nous ne manifestons pas dans notre vie de chaque jour les fruits qui doivent en résulter, comment pourrions-nous en convaincre ceux qui nous entourent et nous observent ? Supplions le Seigneur, afin qu’Il opère plus de sincérité et de vérité dans notre marche individuelle et collective, dans nos familles, dans nos relations avec le monde, dans toute notre activité ici-bas. L’Assemblée est le porte-lumière de Christ en son absence et Il prend connaissance de son état. Ses yeux sont comme une flamme de feu, et Il nous dit : «Repens-toi et fais les premières oeuvres» (Apoc. 2:5). Les Corinthiens se glorifiaient de leurs dons, mais oubliaient le jugement d’eux-mêmes. Sentons nos misères, menons deuil et pleurons (Jacq. 4:9), mais comptons sur les ressources immuables de la grâce de Dieu. Nous n’avons aucun sujet de nous glorifier, car, vu nos ressources spirituelles et les lumières que Dieu nous a conservées, nous devrions être des modèles pour ceux qui nous entourent, «des luminaires, présentant la parole de vie» (Phil. 2:15, 16). Nos frères qui ne marchent pas dans le chemin de l’obéissance au Seigneur et à sa Parole seraient repris dans leur conscience et amenés au jugement d’eux-mêmes s’il en était ainsi. De plus, ceux qui pratiquent «les oeuvres infructueuses des ténèbres» pourraient être convaincus, par la lumière qui brille dans notre vie, de la gravité de leur état et amenés aux pieds du Sauveur (Éph. 5:13-16).

Soyons des hommes de prière et regardons à Lui. Épaphras combattait pour les Colossiens «par des prières» (Col. 4:12, 13). Son service était précieux pour le Seigneur : il était «dans un grand travail de coeur» au sujet de l’état des assemblées de Colosses et des environs. Il suppliait le Seigneur de garder ses saints dans le chemin de sa volonté : imiter sa foi, sa sollicitude pour les intérêts et la gloire du Maître et sa dépendance de Lui.

Nous avons un besoin pressant d’une marche qui soit plus en rapport avec nos privilèges et nos lumières. Dans ces derniers jours, Dieu nous a ramenés sur le terrain établi au commencement, mais quel déclin dans ce témoignage de la fin ! Si nous ne nous jugeons pas nous-mêmes, nous serons châtiés par le Seigneur plus sévèrement que nous ne l’avons été jusqu’ici. Le chrétien est discipliné, mais le monde sera jugé. L’oeuvre accoutumée du Saint Esprit est de nous occuper de Christ : qu’Il soit notre objet ! Pourquoi tant de bouches muettes dans les assemblées ? Parce que nos coeurs ne sont pas remplis de Christ. Il y a là un sujet sérieux de prière et d’humiliation. Il y a des ressources auprès de Lui ; en nous jugeant, nous pouvons toujours nous adresser à Lui et implorer son secours. N’a-t-il pas dit : «Ouvre ta bouche toute grande et je la remplirai» (Ps. 81:10) ?

Nous pouvons certes bénir le Seigneur pour toutes les richesses de bénédiction qu’Il répand sur nous dans ces derniers jours, mais nous sommes sans excuse pour la profonde misère que nous manifestons dans notre marche, notre témoignage et notre service. Nous sommes étonnés de voir tant de chrétiens pieux se tenir à l’écart du chemin de la vérité. Pourquoi ? Parce qu’ils regardent à notre marche. On peut dire avec Jacques : À quoi sert la connaissance, si la pratique ne répond pas à ce que nous professons ? L’Assemblée est une lampe destinée à faire briller la lumière divine au milieu des ténèbres qui l’entourent. Le Seigneur marche au milieu des sept lampes d’or et nous fait connaître son appréciation de l’état de l’Église responsable (Apoc. 2 et 3) : celle-ci a été si infidèle qu’elle sera finalement vomie de sa bouche.

C’est le défaut d’obéissance à la Parole qui est la plus grande cause de nos manquements. Regardons à Jésus ; étudions les Saintes lettres qui peuvent nous rendre sages à salut, et mettons de côté les lectures malsaines qui paralysent et empoisonnent nos âmes. Demandons au Seigneur qu’Il nous accorde la grâce de devenir des hommes de prière (Col. 4:2-6). Ne négligeons pas le service qui nous est confié par lui dans l’Assemblée. Souvent, comme Archippe (v. 17), nous avons besoin que ce service nous soit rappelé pour que nous l’accomplissions.

N’oublions pas que tous les croyants sont des serviteurs de l’Assemblée et serviteurs les uns des autres. Aidons-nous mutuellement dans la dépendance du Seigneur. À Corinthe on avait oublié tout cela, chacun pensait à soi, à son importance personnelle. Soyons dans l’attitude de Corneille et de ses amis qui étaient «tous présents devant Dieu» pour entendre tout ce que Dieu avait ordonné à Pierre de leur dire (Actes 10:33). Il ne suffit pas d’avoir la connaissance de la vérité : il faut le connaître Lui (Phil. 3:10), et marcher dans son chemin. Rappelons-nous toutefois que ce n’est pas en nous repliant sur nous-mêmes que nous prendrons des forces pour servir le Seigneur. On déplorait un jour la ruine devant un fidèle serviteur de Dieu. Il répondit : «Prêchez Christ».

Puissions-nous être plus conséquents et plus fidèles dans ces derniers jours et manifester la vie de Christ, afin que les âmes travaillées soient éclairées et recherchent la communion de ceux qui reflètent le divin Modèle, en manifestant ses vertus.

Sur les pentes neigeuses des hautes Alpes, on voit quelquefois en été une tache de verdure sur laquelle l’oeil aime à se reposer. Lorsqu’on s’en approche, on constate qu’une petite source d’eau a fait fondre la neige à cet endroit et que l’herbe tendre a pu y pousser : soyons ces îlots de verdure, alimentés par la chaleur vivifiante de l’Esprit et de la Parole, au milieu des pentes glacées de ce monde. Le Psaume 122 nous donne à cet égard une instruction intéressante. Le fidèle pense à la gloire de Dieu liée à la prospérité de Jérusalem, la ville du grand Roi. Il désire ardemment le bien de ses frères, de ses compagnons (v. 8) et de la maison de l’Éternel (v. 9). La gloire du Seigneur doit être le mobile suprême de toute notre activité ici-bas, le grand objet de notre sollicitude et de l’exercice de nos coeurs devant Lui. Puis vient le bien de tout le peuple de Dieu, de tous ceux que le psalmiste appelle : mes frères, et à la prospérité spirituelle desquels il pense continuellement. Enfin il parle de ses compagnons, qui nous rappellent tous les bien-aimés du Seigneur avec lesquels nous marchons dans le chemin de la séparation du monde.

 

La discipline exercée par le Seigneur sur ceux qui méprisent sa présence et ses droits en participant indignement à la Cène, peut aller jusqu’au retranchement du coupable du terrain de son témoignage. Combien nous avons à prendre garde à cet avertissement du Seigneur : «Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j’aime ; aie donc du zèle et repens-toi !» (Apoc. 3:19).

Les deux ou trois réunis au nom du Seigneur ont toute son autorité conférée à l’Assemblée pour lier et délier en son Nom (Matt. 18:18), mais ils ont aussi la responsabilité de marcher dans la crainte du Seigneur, afin que leurs décisions soient réellement prises en son Nom et portent l’empreinte de la soumission à son autorité. C’est à cette condition qu’elles seront ratifiées par Lui dans les cieux.

Si c’est sa Personne qui occupe nos coeurs, son Nom sera le centre d’attraction qui nous rassemble. Celui qui fait les délices du coeur de Dieu fera aussi les nôtres. Rappelons-nous que Celui qui nous réunit a pour Nom : le Saint et le Véritable (Apoc. 3:7) ; Il est aussi le Seigneur, auquel nous devons l’obéissance. Comment annonçons-nous la mort du Seigneur ? Non par des paroles, mais par un acte : «Car, toutes les fois que vous mangez ce pain, et que vous buvez la coupe, vous annoncez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne» (v. 26). C’est cet acte lui-même qui en est le témoignage devant le monde. Nous rappelons la mort de Celui qui était le resplendissement de la gloire de Dieu et l’empreinte de sa substance (Hébr. 1:3).

Les Corinthiens ne distinguaient pas le corps de Christ dans le symbole de la Cène, qu’ils prenaient comme un repas ordinaire, sans juger le mal de leurs voies. Ils ne réalisaient pas le jugement que Dieu a fait peser sur Lui à notre place à la croix, et appelaient ainsi ce jugement sur eux-mêmes. Ils oubliaient aussi l’amour de Celui qui a glorifié Dieu en étant fait péché pour nous, et dont le sang a coulé pour la rémission de nos fautes. Il nous dit : «Faites ceci en mémoire de moi». Il nous demande de nous souvenir de Lui dans le moment solennel où son amour l’a conduit à prendre notre place sous le jugement divin. Pourrions-nous traiter à la légère un pareil privilège ? Il nous convient de nous tenir à l’écart du monde pour répondre à la pensée de Celui qui nous donne une si riche part. Le souper est le repas de la famille : aucun membre de celle-ci ne devrait en être absent.

Paul avait reçu du Seigneur ce qu’il avait enseigné aux Corinthiens relativement à la Cène, de même que toute la révélation de ses pensées quant à l’Assemblée (v. 28). Du sein de la gloire Il a confirmé à son serviteur ce qu’il avait établi pour les siens avant sa mort. Il veut que la Cène occupe jusqu’à son retour une place centrale dans le témoignage des siens réunis en son Nom. Quoi que fasse l’adversaire, il ne pourra pas la ravir aux fidèles, pas plus que l’Évangile dont ils doivent rendre témoignage aux hommes jusqu’à la fin du temps de la patience de Dieu. En célébrant la Cène, nous nous mettons du côté du Seigneur contre le monde ; nous rappelons à celui-ci le crime dont il s’est rendu coupable et à Satan la défaite qu’il a subie à la croix. L’Assemblée n’enseigne pas ; elle annonce la mort du Seigneur sans dire une parole.

 

*      *        *

 

Pour résumer l’enseignement de ces deux chapitres, nous pouvons dire que, par la table et la Cène du Seigneur, nous proclamons trois vérités importantes :

1° En vertu de sa mort et de sa résurrection, les rachetés sont unis à Christ par le Saint Esprit et forment ici-bas le corps de Christ, dont 1’unité est symbolisée par le seul pain : «Nous qui sommes plusieurs sommes un seul pain, un seul corps» (10:17).

2° Nous nous souvenons de la mort du Seigneur. Un Christ mort pour nous est rappelé à nos coeurs et à nos consciences par les éléments de la Cène (11:23-25).

3° Nous annonçons à la face du monde que Celui qu’il a rejeté et mis à mort est le Seigneur de tous, et qu’Il va revenir en puissance et en gloire.

 

Le Seigneur est monté dans la gloire, mais, vrai Homme et Berger de ses brebis, Il pense sans cesse aux siens et veut les grouper autour de Lui pour les occuper de sa Personne. Il veut faire vibrer une corde sensible dans nos coeurs, en nous rappelant la nuit solennelle en laquelle Il fut livré pour nous et ses souffrances à la croix. Célébrons donc la Cène avec tout le sérieux qu’elle comporte ; approchons-nous de la table du Seigneur, en réalisant mieux ce qu’elle est. Le Saint Esprit est présent pour nous diriger dans l’expression de nos louanges ; laissons-lui toute sa liberté pour agir à la gloire de Celui autour duquel nous sommes rassemblés.

«Que chacun s’éprouve soi-même (v. 28). Avant d’accomplir leur service, les sacrificateurs devaient se laver les mains et les pieds à la cuve d’airain (Ex. 30:17-21). Ce lavage s’accomplit pour nous par la Parole, à la lumière de laquelle nous devons éprouver nos voies dans la présence du Seigneur. Si nous nous approchons de la table du Seigneur avec de la souillure non jugée, c’est un interdit que nous apportons devant Lui et qui appelle sa discipline. Éprouvons-nous donc, non pour nous abstenir, mais pour répondre à tous égards à la pensée du Seigneur et faire en sa présence ce qu’Il nous demande. Souvent, au lieu de s’humilier, on s’abstient de venir à la fraction du pain. Nous privons ainsi le Seigneur de ce qui lui est dû. Méditons cette parole qui s’adresse à nous, aussi bien qu’à Israël : «Vous prendrez garde à me présenter, au temps fixé, mon offrande, mon pain, pour mes sacrifices par feu, qui me sont une odeur agréable» (Nomb. 28:2).

Il faut se juger dans la présence du Seigneur, avant de venir au rassemblement. On ne fait pas sa toilette quand on est à table. Il y a des manquements divers qui doivent être confessés au Seigneur ; quelquefois c’est envers un frère que l’on est en faute : Matt. 5:23, 24 nous trace le chemin à suivre en pareil cas ; si nous nous conformons à la Parole, la grâce vient à notre secours. Ce ne sont pas seulement nos actes, mais notre état qu’il faut discerner (*) et juger. Si nous avons des racines d’amertume dans le coeur les uns contre les autres, comment pourrions-nous jouir de la communion du Seigneur à sa table ? Si je vais rencontrer le Seigneur sans tenir compte de sa Parole, j’attire sa discipline. Nous sommes souvent plus disposés à éprouver nos frères que nous-mêmes. Si, à l’insu de l’Assemblée, quelqu’un apporte de l’interdit, celle-ci n’en est pas responsable, mais elle souffre. S’il y a de la spiritualité chez les frères, il y aura un grand exercice de coeur devant Dieu au sujet de l’état de l’Assemblée et le mal ne tardera pas à être manifesté.

(*) C’est le même mot grec traduit par «juger» au v. 31 et plus haut par «distinguer».

Il y a gradation dans le jugement du Seigneur sur les siens : «Plusieurs sont faibles et malades parmi vous et un assez grand nombre dorment» (v. 30). Si le premier coup de verge n’est pas suffisant, le Seigneur appesantit davantage sa main, et enfin Il retire de ce monde celui qui s’est rendu impropre pour le témoignage.

 

4                    Chapitre 12  [L’Assemblée, corps de Christ, et son fonctionnement]

Ce chapitre nous donne le tableau des opérations du Saint Esprit dans le corps de Christ ici-bas, en vue de l’accroissement de ce corps, et du développement de tous ses membres à la gloire du Seigneur. Le corps de Christ est comparé au corps humain dont le fonctionnement, l’agencement et la liaison de toutes ses parties, constitue le plus merveilleux chef-d’oeuvre de la création. Chacun des organes de ce corps agit sous la dépendance de la tête, en vue de la croissance et de la conservation de l’ensemble. À tous les deux, s’applique cette parole du psalmiste : «Je te célébrerai de ce que j’ai été fait d’une étrange et admirable manière» (Ps. 139:14, 15).

Si le corps humain est une merveille de sagesse et de puissance, plus grande encore est celle que manifeste le corps de Christ, auquel nous pourrions appliquer les paroles du psalmiste : «Dans ton livre mes membres étaient tous écrits» (Ps. 139:15). Dieu a donné toutes les ressources nécessaires à l’activité et au développement du corps. Les Corinthiens étaient sortis du paganisme où se produisaient des manifestations de puissance satanique propres à tromper les âmes, et au sujet desquelles ils avaient écrit à l’apôtre (v. 1). Dans ce chapitre, il nous donne le moyen de discerner ces mauvais esprits. Un homme parlant par l’Esprit saint ne dira jamais : «Anathème à Jésus» (v. 3), car son service ici-bas a pour objet de glorifier son Nom et de proclamer Sa seigneurie, tandis qu’un démon ne dira jamais : «Seigneur Jésus». La servante animée d’un esprit satanique qui était à Philippes l’instrument de l’ennemi pour chercher à ruiner l’oeuvre de l’Évangile, n’aurait pas pu dire : «Ces hommes sont les esclaves du Seigneur Jésus» (Actes 16:17). Tous les êtres créés devront un jour confesser que «Jésus Christ est Seigneur à la gloire de Dieu le Père» (Phil. 2:11).

 

La confession de la seigneurie de Christ était donc la pierre de touche pour le discernement des manifestations spirituelles qui avaient lieu à Corinthe. Dès le commencement, la haine de l’ennemi s’est concentrée sur la personne du Fils de Dieu, et il aurait voulu prononcer anathème ou malédiction sur Lui. Par contre, le témoignage du Saint Esprit est qu’Il est «sur toutes choses Dieu béni éternellement. Amen» (Rom. 9:5). Toute doctrine qui porte atteinte à la gloire de Christ est d’origine satanique. Rappelons cette solennelle déclaration qui termine notre épître : «Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur Jésus Christ, qu’il soit anathème, Maranatha» (ou le Seigneur vient) ! (1 Cor. 16:22). C’est à son apparition en gloire que le jugement prononcé dans cette parole finale de l’épître aura son exécution. Rappelons encore que nous avons été délivrés par la mort de Christ de ce jugement, vu qu’Il a été fait «malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois» (Gal. 3:13).

Si nous sommes nourris de Christ, nous discernons l’esprit d’erreur. L’apôtre Jean nous donne trois caractères de l’esprit de vérité en contraste avec celui des faux prophètes :

1° la confession de Jésus-Christ venu en chair (1 Jean 4:2) ;

2° la victoire remportée sur le mal (v. 4) ;

3° la soumission à l’autorité de la Parole donnée par les apôtres inspirés (v. 6). Si nous sommes conduits par l’Esprit de Dieu, nous manifesterons ces trois choses. Pour échapper à la puissance de l’erreur, il faut

1° prendre garde aux avertissements de la Parole,

2° croître dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (2 Pierre 3:17-19), en étant occupés de Lui. Une âme nourrie de Lui n’a pas de peine à discerner ceux qui sont des «chiens» (Phil. 3:2).

Les opérations de l’Esprit de Dieu sont caractérisés par l’unité dans la diversité de leurs effets, mais elles ont toujours pour but la gloire de Dieu et le bien du corps de Christ, dans lequel elles ont lieu. Dieu est manifesté dans ce travail de grâce dans la plénitude de son Être, car c’est le même Esprit, le même Seigneur et le même Dieu qui opère tout. Remarquons cette expression : le même que nous trouvons sept fois dans les versets 4 à 13 de ce chap. 12, et qui fait ressortir l’unité parfaite des opérations divines dans leur diversité, laquelle répond aux besoins multiples des membres du corps de Christ. Dans le corps humain aussi, il y a unité de pensée et d’action dans la plus complète diversité d’opérations. À l’état normal, les deux parties de notre être, l’esprit et le corps, agissent toujours en parfait accord. Ce que la tête a décidé, les membres l’exécutent. Instinctivement, ils se prêtent aide et défense les uns aux autres. Si quelque danger menace mon oeil, ma tête ordonne à ma main de se porter au secours du membre en danger, et cet ordre s’accomplit avec la rapidité de l’éclair. Il en est de même dans le corps de Christ, dont le fonctionnement n’est pas moins merveilleux. Il y a une telle union entre la Tête et le corps que leur ensemble est appelé le Christ (v. 12). Lorsque Saul de Tarse persécutait les saints sur la terre, c’est contre Christ qu’était dirigée sa haine, et le Seigneur, lui apparaissant en gloire, lui dit : «Je suis Jésus que tu persécutes» (Actes 9:5).

Les membres qui nous paraissent les plus humbles et les plus petits sont nécessaires au fonctionnement du corps. C’est pourquoi nous devons être «soumis les uns aux autres dans la crainte de Christ» (Éph. 5:21). Dans notre corps, si un membre est malade, l’autre augmente son activité pour suppléer à l’inaction du premier. Il doit en être ainsi dans le corps de Christ. Les soeurs ont aussi le privilège de servir le Seigneur à la place qu’Il leur assigne dans le corps. Quelques croyants sont les pieds qui vont porter aide, consolation, avertissement, à ceux qui en ont besoin. Aspirons à être ces membres utiles, quoique peu apparents du corps. D’autres sont les oreilles qui écoutent et reçoivent les enseignements de la Parole pour en faire part autour d’elles, ou qui prêtent attention aux doléances et aux peines des membres souffrants, pour en faire des sujets de prières et sympathiser avec ceux qui sont dans la détresse.

Il y a deux dangers auxquels nous sommes exposés, et que l’Esprit nous signale :

1° Un membre du corps peut être jaloux de la place et de la fonction assignées à un autre membre et méconnaître l’importance du service qui lui est confié à lui-même, ce qui le rend incapable de l’accomplir. «Si le pied disait : Je ne suis pas main» etc. (v. 15). Pourquoi le pied serait-il jaloux de la fonction de la main ? Tous deux sont nécessaires et utiles, s’ils agissent de concert l’un avec l’autre.

2° Un membre du corps peut en mépriser un autre et refuser de reconnaître son service, entravant ainsi gravement le fonctionnement de tout le corps : «L’oeil ne peut pas dire à la main : Je n’ai pas besoin de toi» etc. (v. 21). Ces deux tendances fâcheuses ne se manifestent jamais dans le corps humain, mais elles sont malheureusement très fréquentes dans l’Assemblée.

Les dons mentionnés au v. 28 doivent être distingués des services assignés à chaque membre du corps. Ce sont des ministères spéciaux confiés à quelques-uns d’entre eux pour la bénédiction de tout le corps et qui, dans notre chapitre, émanent du Saint Esprit, tandis que, dans le chap. 4 de l’épître aux Éphésiens, ils sont donnés par le Christ glorifié pour la formation de son corps, jusqu’à ce qu’il atteigne la pleine mesure de sa croissance, étant conforme à Lui en gloire. Le don d’évangéliste, s’exerçant en dehors du corps en vue de l’appel des âmes qui doivent y être amenées, est mentionné en Éph. 4, parce que le corps y est vu en formation, tandis que, dans notre chapitre, où les dons s’exercent dans le corps, l’évangéliste est passé sous silence.

«Dieu a placé les membres, chacun d’eux, dans le corps, comme il l’a voulu» (v. 18). Cette expression fait ressortir la souveraineté du Chef, que nous devons reconnaître sans cesse pour être maintenus sous sa dépendance (voir aussi Rom. 12:3-5). Chacun est appelé à comprendre la place que le Seigneur lui a donnée et à agir selon la mesure de foi qui lui a été départie (Rom. 12:3). Cette activité n’a pas pour but de nous donner de l’importance à nous-mêmes, mais est «en vue de l’utilité» (v. 7). Chaque membre doit être utile aux autres (v. 25). Si nous n’apprécions pas l’importance de la manifestation de l’unité du corps pour la gloire du Seigneur, nous agirons dans l’indépendance sans penser à la place qu’Il nous a faite et au service qu’Il nous a confié. Dans notre épître, le corps est vu comme un tout organisé, fonctionnant sous la dépendance du Saint Esprit et ayant tout ce qu’il faut pour être un témoignage à la gloire de son Chef ici-bas, tandis que dans les Éphésiens, comme nous l’avons dit, le corps est vu dans son accroissement, et les dons servent à son développement, jusqu’à ce qu’il atteigne «la plénitude de la stature du Christ» (4:13).

L’expression : «Dieu de mesure» (2 Cor. 10:13) est remarquable ; c’est le caractère qu’Il prend en rapport avec les dons, lesquels sont mesurés selon sa sagesse et son choix souverain. La diversité des dons énumérés aux v. 8-10 nous montre la sollicitude infinie du Seigneur pour son Assemblée qu’Il «nourrit et chérit» (Éph. 5:29). Le «don de foi» (v. 9) est une mesure particulière de foi pratique donnée en vue du bien du corps. La foi est ici en rapport avec les circonstances du moment pour l’accomplissement d’un service spécial confié par le Seigneur. Les deux espions envoyés par Josué à Jéricho nous en donnent l’illustration. Leur foi s’élève au-dessus des difficultés que présentait l’accomplissement de leur mission. Ils regardent à Dieu pleins de confiance en Celui pour qui rien n’est impossible, et ils reviennent au camp remplis de joie, après avoir fait l’expérience de sa fidélité et de sa protection et disent : «Oui, l’Éternel a livré tout le pays en nos mains, etc.» (Jos. 2:24). La foi a deux caractères :

1° Elle est l’acceptation du témoignage divin ; par elle nous sommes sauvés et tout enfant de Dieu la possède (Rom. 5:1 ; Éph. 2:8).

2° Elle se manifeste dans la vie journalière par une confiance entière en Dieu et produit les fruits précieux énumérés en Hébr. 11.

En outre, il y a dans notre chapitre un véritable don de foi, utile dans l’assemblée et qui rend celui qui le possède capable de triompher des difficultés qui se présentent dans le chemin, par une confiance inébranlable en Dieu. Luther en est un bel exemple. En Rom. 14:22, la foi est la connaissance de la pensée de Dieu qui met l’âme en liberté relativement à certaines ordonnances légales. Certains croyants non-affranchis peuvent être empêchés de manger de toutes choses par un manque de lumière. D’autres jouissent par la foi d’une pleine délivrance.

Le v. 13 nous présente deux opérations distinctes de l’Esprit :

1° Nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit.

2° Nous avons tous été abreuvés pour l’unité d’un seul Esprit. Par le baptême de l’Esprit donné le jour de la Pentecôte, les saints furent unis en un seul corps à la Tête glorifiée.

En outre, nous avons bu à cette source de vie, comme Israël dans le désert buvait du rocher spirituel, duquel découlait l’eau rafraîchissante (1 Cor. 10:4). Nous avons besoin d’être abreuvés sans cesse afin d’être des canaux de bénédiction pour d’autres (Jean 7:38). Le baptême de l’Esprit a trait à notre union en un seul corps ; être abreuvé, c’est être rendu personnellement participant de toutes les bénédictions qu’apporte le Saint Esprit dans le coeur de celui qu’Il remplit de sa présence. «L’amour de Dieu est versé dans nos coeurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné (Rom. 5:5).

Il y a des dons permanents mentionnés au v. 28 et des dons miraculeux (v. 30) qui ont cessé. Malgré la ruine et l’infidélité de l’Église, le Seigneur ne cesse pas de lui donner ce qui est nécessaire à la formation et au fonctionnement de son corps jusqu’à ce qu’Il vienne. Il faut «la puissance de l’Esprit saint» (Rom. 15:13) pour réaliser notre place dans le corps et une marche selon Dieu. Il est de toute importance que nous soyons occupés de Christ, en qui est la puissance pour nous conduire jusqu’au bout, en cherchant le bien des enfants de Dieu. Tous les dons sont dans sa main pour faire face à tout. S’ils manquent, Lui demeure et Il donnera ce qui est nécessaire au moment opportun.

 

5                    Chapitres 13 et 14  [L’amour, les dons spirituels]

Les derniers versets du chap. 12 et le commencement du chap. 13 nous donnent le secret de l’activité féconde des dons à la gloire du Seigneur : Ce secret est l’amour. Le résumé des chapitres 12 à 14 nous est donné en 2 Tim. 1:7 : un Esprit de puissance (12), d’amour (13) et de conseil ou sobre bon sens (14). L’amour doit être le moteur qui met tous les membres du corps en activité. Les Corinthiens ne manquaient d’aucun don de grâce (1:7), tandis que plusieurs dons ont été retirés aujourd’hui. Aussi la question se pose : Avons-nous ce qui nous est nécessaire pour achever le voyage jusqu’à la venue du Seigneur ? Oui, répondons-nous, car Il est «fidèle pour nous affermir jusqu’à la fin». Le Seigneur a conservé à son Assemblée tout ce qui est nécessaire à son accroissement. Nous avons tout ce qu’il faut pour nous conduire à sa gloire dans l’Assemblée et au dehors, de sorte qu’un nouveau converti trouvera en elle ce qui est nécessaire à son développement spirituel, s’il est disposé à se laisser enseigner par le Seigneur. «Poursuivez l’amour» (14:1). La poursuite exprime l’énergie nécessaire pour atteindre le but. L’apôtre poursuivait le but, Christ dans la gloire (Phil. 3:12). Nous lisons aussi : «Poursuivez la sainteté» etc. (Hébr. 12:14). Il y a des obstacles et des difficultés, aussi faut-il de l’énergie morale pour les vaincre. On veut parfois remplacer l’amour par la connaissance, mais en pareil cas, l’édification manque. «La connaissance enfle, mais l’amour édifie» (8:1). L’amour est la manifestation de la nature divine, car «Dieu est amour» (1 Jean 4:8). L’amour est un fruit de l’Esprit (Gal. 5:22). «Or la fin de l’ordonnance C’est l’amour» (1 Tim. 1:5). Tout ce que Timothée devait placer devant les saints d’Éphèse, tout le mandat qu’il avait reçu de Dieu par l’apôtre se résumait dans ce mot : l’amour. Tout le ministère dans l’Assemblée doit être caractérisé par l’amour et doit avoir pour objet sa manifestation chez les saints. Le chap. 13 mentionne sept choses que nous pourrions estimer d’une grande valeur (v. 1-3), mais qui sans l’amour, n’en ont aucune devant Dieu. Ce même chapitre énumère quinze qualités de l’amour (v. 4-7), dont la manifestation est d’un grand prix devant Dieu. L’amour est comme les cercles reliant solidement entre elles les douves d’un tonneau. Si les cercles tombent, les douves n’ont plus aucune force et le tonneau tombe aussi en pièces. L’amour est le lien de la perfection (Col. 3:14). C’est l’Esprit qui en est la puissance ; c’est Lui qui unit les membres du corps les uns aux autres et à la Tête glorifiée.

Quoi que nous puissions faire de remarquable aux yeux des hommes, si l’amour n’en est pas le mobile, la source et la puissance, cela n’a pas de valeur pour Dieu (Matt. 7:21). Les Corinthiens travaillaient pour leur propre gloire, en étalant leurs dons ; le chrétien fidèle est mû par de meilleurs motifs : «L’amour du Christ nous étreint», dit Paul (2 Cor. 5:14). Si je «n’ai pas l’amour, je ne suis rien» (13:2), et «cela ne me profite de rien» (v. 3). On pense beaucoup aux dons, mais s’ils ne sont pas caractérisés par l’amour, ils ne sont d’aucun profit. Tout le travail du Seigneur, notre modèle, a été le fruit de l’amour ; Il s’est livré lui-même pour nous, comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (Éph. 5:1, 2). L’amour pour le Père et pour les siens était le mobile de tout son dévouement. Confiant dans ses propres forces, Pierre essaie de suivre le Seigneur et tombe. Le Seigneur ne lui dit pas : «Tu n’as pas pu me suivre», mais : «M’aimes-tu ?» (Jean 21:15-17). D’autres peuvent me porter aux nues, mais le Seigneur manifestera tout : «Je ne suis rien» dit Paul.

Nous devons désirer, avec ardeur les dons spirituels, non pour nous faire valoir par leur moyen, mais pour contribuer à l’avancement des saints et à la gloire du Seigneur. Le don le plus excellent est celui de prophétiser. Il pouvait au commencement revêtir le caractère d’une révélation nouvelle de la part de Dieu. Maintenant il ne peut en être ainsi, puisque la révélation des pensées de Dieu nous a été donnée dans toute sa plénitude dans les Écritures. Toutefois le don de prophétiser s’exerce encore aujourd’hui, et il a pour but et pour effet «l’édification, l’exhortation et la consolation» (v. 3). La prophétie applique la Parole aux besoins actuels des âmes, selon la connaissance que l’Esprit a de ces besoins. Si ce don s’exerce sous sa dépendance, les inconvertis eux-mêmes en éprouvent la puissance et, par son moyen, ils peuvent être amenés dans la lumière divine en publiant que Dieu est véritablement parmi nous (v. 25). Ainsi ce don met l’âme directement en rapport avec Dieu ; les secrets du coeur connus de Lui seul, sont mis à nu. Lorsque la lumière divine qui brillait dans les paroles du Seigneur à la Samaritaine eut placé devant elle sa vie de péché, elle s’écrie : «Je vois que tu es un prophète» (Jean 4:19 ; 9:17). Le prophète n’annonce pas seulement l’avenir, mais il apporte un message de Dieu aux âmes, répondant à leurs besoins et à leur état. «Si quelqu’un parle, qu’il le fasse comme oracle de Dieu» (1 Pierre 4:11). Voir aussi 1 Rois 17:24.

Le don de prophétie est mis en contraste avec le don des langues, non pour supprimer celui-ci, mais pour en régler l’exercice. À moins qu’ils n’eussent reçu le don d’interpréter ce qu’ils disaient en langues (v. 5), ou que quelque autre pût le faire (v. 28), ceux qui exerçaient ce don dans l’assemblée ne parlaient pas pour l’édification des âmes et devaient se taire (v. 5, 19, 28). L’édification, c’est-à-dire l’affermissement, l’exhortation et la consolation du troupeau est mentionnée sept fois dans ce chapitre. Elle doit être le grand objet du ministère à la gloire du Seigneur. Si quelqu’un parle en langue étrangère, un homme du dehors l’entendant sans le comprendre, n’en recevra aucun profit et tournera cela en dérision (v. 25). Nous voyons l’importance du don des langues en Act. 2, car, par son exercice, l’Évangile était annoncé aux différents peuples présents à Jérusalem, qui entendaient dans leurs propres langues les choses magnifiques de Dieu.

Les dons miraculeux ont été donnés pour l’établissement du christianisme. Ces signes de puissance auront lieu dans l’avenir, lors de la manifestation de la gloire du Seigneur. Maintenant ils ne sont plus nécessaires à ceux qui possèdent la Parole. Les prophètes qui parlaient à Juda rappelaient sans cesse le peuple à l’obéissance de la Parole, sans accomplir de miracles, tandis que ceux dont le ministère s’adressait aux dix tribus, Élie et Élisée par exemple, étaient doués d’une puissance miraculeuse propre à ramener le peuple de l’idolâtrie à la connaissance du vrai Dieu qu’ils avaient perdue.

Paul ne voulait exercer aucun don qui ne fût profitable aux âmes. Il parlait par révélation (v. 6) lorsqu’il apportait aux saints le mystère de Christ et de l’Assemblée qui lui avait été confié. La prophétie était le canal de cette révélation. Il parlait aussi par connaissance de vérités déjà révélées : c’était comme docteur qu’il s’adressait alors aux saints. Par la connaissance, il faisait valoir toute la Parole, en l’appliquant par l’Esprit aux besoins des auditeurs. L’épître aux Hébreux a ce caractère ; l’écrivain inspiré y applique les vérités chrétiennes à l’état moral et aux dangers que couraient les croyants Juifs, en replaçant devant eux la Personne et l’oeuvre de Christ, en contraste avec l’ordre de choses légal duquel ils avaient été retirés.

Pour l’Assemblée, il y avait trois dons de grâce «plus grands» (12:31) : les apôtres qui représentaient l’autorité du Seigneur, les prophètes la révélation et les docteurs l’enseignement. Les deux derniers seuls subsistent aujourd’hui et, comme nous l’avons dit, le don de prophétiser ne peut plus avoir maintenant le caractère d’une révélation nouvelle, mais celui d’une application spéciale de la vérité aux besoins actuels des âmes. Nous ne parlons pas du don d’évangéliste si important pour l’appel des pécheurs, et qui n’est pas mentionné dans notre épître, comme nous l’avons déjà remarqué, tandis que, dans l’épître aux Éphésiens il est placé avant ceux de pasteurs et docteurs que le Chef de l’Assemblée donnera jusqu’à la fin. Les apôtres et prophètes étaient des dons fondamentaux, les évangélistes, pasteurs et docteurs des dons permanents. Les premiers ont posé le fondement (Éph. 2:20) et, dans leur caractère originel, ont pris fin. Les derniers ayant pour but d’amener les âmes à Christ, puis de paître le troupeau et enfin, d’exposer et de maintenir la saine doctrine, seront conservés à l’Église jusqu’au retour du Seigneur (Éph. 4:13).

Le don des langues était un signe, non à ceux qui croyaient, mais aux incrédules (v. 22). Il n’était donc pas proprement pour l’Assemblée, quoiqu’il pût avoir sa place s’il y avait l’interprétation nécessaire à l’édification. Sinon, il ne devait pas s’exercer dans son sein. Puis les prophètes devaient parler un à un, non plusieurs à la fois, et au plus deux ou trois (v. 29-31). Les esprits des prophètes sont assujettis aux prophètes (v. 32). La puissance spirituelle qui agissait dans le prophète était toujours sous le contrôle de son propre entendement renouvelé, de sorte que l’exercice de cette puissance devait avoir lieu avec sagesse et soumission à la Parole. Il doit en être de même aujourd’hui pour l’activité du service dans l’Assemblée, car «Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix» (v. 33). Chacun est maître de son propre esprit et responsable envers le Seigneur.

Il faut distinguer entre le fonctionnement des membres du corps dans l’Assemblée réunie sous la direction de l’Esprit Saint, qui est le grand sujet de ce chapitre, et l’exercice des ministères spéciaux confiés à quelques-uns, et dont l’activité doit s’accomplir dans tout le corps. «Quand vous vous réunissez» (v. 26) a trait à ce rassemblement local : il s’agit d’une réunion d’Assemblée pour l’édification. En Matt. 18:19, il s’agit d’une réunion d’Assemblée pour la prière. Le principe établi au v. 26 est celui d’une dépendance entière du Saint Esprit, qui peut employer librement ceux qu’il veut pour une action ayant pour but la gloire du Seigneur et l’édification de l’Assemblée. Il peut arriver qu’un frère ayant joui pour lui-même d’une vérité que l’Esprit Saint a appliquée avec puissance à son âme dans le secret, soit conduit à en faire part à l’Assemblée réunie (Jean 7:38). C’est ce qui arriva à Antioche (Actes 11:23-26). Le v. 26 contient un reproche adressé aux Corinthiens à cause de leur précipitation à agir dans l’Assemblée, tout en établissant le principe d’une entière liberté sous la dépendance de l’Esprit en vue de l’édification.

On demande à une nourrice de se nourrir elle-même soigneusement : c’est ainsi qu’elle aura un bon lait à donner à son enfant.

Le chapitre 15 des Actes nous fournit l’exemple d’une réunion d’Assemblée modèle : sous la dépendance du Seigneur, trois frères parlent successivement et l’Assemblée est édifiée. «Que toutes choses se fassent avec bienséance et avec ordre» (1 Cor. 14:40).