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Réflexions chrétiennes sur le monde actuel

 

5.12.2003

 

1                        Paix, guerre, trouble — Action, prière

« Cherche la paix et poursuis-là », nous dit l’apôtre Pierre (1 Pierre. 3:11) ; « pour autant que cela dépend de vous, vivez en paix avec tous les hommes », nous dit l’apôtre Paul (Rom. 12:18), qui recommandait à Timothée de « faire des supplications pour tous les hommes, spécialement les haut placés, afin que nous puissions mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté » (1 Tim. 2:2).

Mais voilà que simultanément, il est dit à plusieurs reprises que la grande faute des faux prophètes était d’annoncer la paix (Jér. 6:14 ; 8:11). Un faux prophète Hanania a même perdu la vie pour avoir annoncé la paix (Jér. 28).

Alors la Bible et les croyants sont pour la paix ou pour la guerre ? Il ne manque pas de gens pour accuser tous les deux d’être des fauteurs de troubles qu’il faut faire taire en attendant de les éliminer.

 

Ces réactions ne sont pas d’aujourd’hui. Quand on veut éliminer les chrétiens (ou les croyants Juifs du temps de l’Ancien Testament) on les accuse de troubler l’ordre public. Ce motif d’accusation est d’usage particulièrement commode, car il est vague et général : Il suffit de constater que les opposants protestent un peu fort pour mettre toute la faute sur les croyants, et punir ceux-ci au lieu de punir ceux qui génèrent réellement le trouble. On rajoute alors le commentaire que la religion est source de guerre, profitant de l’occasion pour tenter de jeter le discrédit sur Dieu lui-même.

Le roi Achab accusait le prophète Élie de troubler Israël, car, à la parole de l’Éternel, il avait annoncé une famine de plusieurs années. Dieu avait amené ce désastre pour travailler dans les consciences de son peuple à la suite des péchés de celui-ci. Élie lui répond fort justement que c’était lui, Achab qui troublait Israël par ses péchés, et non le prophète qui les dénonçait. Plus tard l’apôtre Paul, à la ville de Philippe, est accusé de mettre tout en trouble dans la ville, simplement parce qu’il a chassé le démon d’une démoniaque ; à Thessalonique, Paul ayant prêché deux semaines, les opposants font une émeute, puis devant les autorités, les émeutiers accusent Paul d’avoir bouleversé toute la terre habitée, et ceux qui les reçoivent, de contrevenir aux lois de l’empereur (Actes 16:11-21 ; 17:1-9). Il n’y a pas de limite dans le grotesque des accusations, sachant toujours que « plus c’est gros, plus ça passe ».

 

Quand on est en période plus calme, le croyant peut-il contribuer à la paix ? Oui, dit-on, en s’associant aux mouvements de paix et en priant pour son pays, et on cite à l’appui Jérémie 29:7: « cherchez la paix de la ville où je vous ai transportés, et priez l’Éternel pour elle ; car dans sa paix sera votre paix ».

Or l’action du croyant poussé par l’Esprit est puissante, et la prière aussi est puissante ; mais il faut prier et agir avec intelligence, faute de quoi on s’expose à prier et travailler en vain, ce qui conduit au découragement, voire au doute quant à la foi.

Que dit vraiment la Bible ? On peut dégager quelques idées directrices :

1. Le passage de Jér. 29:7 doit être replacé dans son contexte. Il exhortait à la prière non pas le peuple resté au pays, mais les déportés à Babylone. Il leur est dit de prier pour la ville, non pas pour le pays. La distinction s’explique par le fait que le châtiment du pays de Babylone avait déjà été annoncé (Jér. 27:7). Dieu pouvait encore favoriser les croyants et leur entourage, mais il était impossible d’ignorer que les mauvaises œuvres du pays en général méritaient rétribution.

2. Inversement Dieu a dit par trois fois à Jérémie de ne plus prier pour le peuple d’Israël à cause de ses péchés (Jér. 7:16 ; 11:14 ; 14:11). Ceux qui restaient dans le pays sans subir la déportation par le roi de Babylone, étaient comparés à des figues si mauvaises qu’on n’en pouvait manger (Jér. 24 ; 29:17), et seuls ceux qui subissaient les châtiments de Dieu, et acceptaient Sa discipline et Son gouvernement étaient susceptibles d’amélioration.

3. Un reproche grave à l’encontre des faux prophètes, est d’avoir laissé entendre que ceux qui méprisent Dieu peuvent avoir la paix (Jér. 23:17). Quand un pays est rempli d’iniquités de tous genres, c’est mépriser Dieu et Sa sainteté que de penser que Dieu peut accorder Sa paix. D’autres passages le confirment :

·           Michée 2:10: « Levez-vous et allez-vous-en ! car ce n’est pas ici un lieu de repos, à cause de la souillure qui amène la ruine : la ruine est terrible ! »

·           Ésaïe 48:22: Il n’y a pas de paix, dit l’Éternel, pour les méchants

·           Deut. 29:19-20: Dieu ne pardonne pas à quelqu’un qui dit : J’aurai la paix, lors même que je marcherai dans l’obstination de mon cœur

·           Le Seigneur Jésus Lui-même déclare que le monde a Satan pour chef (Jean 14:30), à quoi Il rajoute : « Levez-vous et partons d’ici » (14:31).

·           Jacques déclare (4:4) que vouloir être ami du monde, c’est se constituer ennemi de Dieu. Un chrétien voudrait-il faire le médiateur pour rétablir la paix entre Dieu et le monde ? Cela fait sourire.

 

Est-ce à dire qu’il faut passer indifférent devant les malheurs de son pays ? Certes non, mais l’action et la prière du croyant visent avant tout un changement des cœurs, repentance d’abord, conversion à Christ ensuite. C’était le message de l’apôtre Paul aux Athéniens (Actes 17:30-31). Le même apôtre Paul travaillait avec ardeur pour amener les âmes à Christ, et auprès des croyants il insistait pour qu’ils cherchent les choses d’en haut (Col. 3:1-4) en tant que citoyens du ciel (Phil. 3:20).

On aurait mal vu Paul chercher à mettre l’ordre et la paix parmi ce qu’il appelle des ordures (les choses honorables de ce monde ; Phil. 3:8), ni Jésus chercher ce même ordre et cette même paix entre les pharisiens, les Hérodiens (collaborateurs de l’occupant) et Pilate (la puissance romaine d’occupation du pays) : la seule fois où ils ont été d’accord entre eux, c’est pour se débarrasser de Lui. Même Sa résurrection n’a pas calmé leur haine de Christ : ils l’ont reportée sur les chrétiens comme le montre le début du livre des Actes.

 

Que la considération de ces portions de l’Écriture puisse amener les croyants à mieux cibler leur action et leurs prières.