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1 Pierre 3:21

 

Correspondance au sujet de 1 Pierre 3:21

Auteur probable : André Gibert

 

ME 1968 p. 209-216

Table des matières :

1     Questions

1.1      Le baptême sauve-t-il ?

1.2      Le dépouillement de la saleté de la chair

1.3      La demande à Dieu d’une bonne conscience

2     Réponses

2.1      Le baptême sauve-t-il ?

2.2      Le dépouillement de la saleté de la chair

2.3      La demande à Dieu d’une bonne conscience

2.3.1       Le mot

2.3.2       La tournure de la phrase

2.3.3       Le sens

 

 

1                        Questions

J’ai été arrêté, il y a quelque temps, par le passage de 1 Pierre 3:21 : « Or cet antitype vous sauve aussi maintenant, (c’est-à-dire le baptême), non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience, par la résurrection de Jésus Christ... »

 

Trois expressions s’y suivent dont chacune me semble présenter quelque difficulté.

 

1.1   Le baptême sauve-t-il ?

« Cet antitype (le baptême) vous sauve aussi maintenant » — Je pense que c’est d’une interprétation littérale de cette proposition, détachée de son contexte et du reste de 1’Écriture, qu’est tirée, pour une part, la fausse doctrine de la « régénération baptismale ». D’autre part, dans ses Remarques sur la 1° épître de Pierre, p. 45, H. R. insiste sur le « vous sauve » comme s’adressant à des Juifs convertis, et il ajoute : « Si un Juif n’était pas baptisé, il n’était pas sauvé du tout », ce qui pourrait laisser entendre à tort que, pour les Juifs, la foi en l’oeuvre de Christ serait inopérante sans le baptême, ou que, en d’autres termes, le baptême aurait une efficacité salvatrice en ce cas-là. Que peut-on en penser ?

 

1.2   Le dépouillement de la saleté de la chair

« non le dépouillement de la saleté de la chair » — Sur ce point, il me semble que l’apôtre établit un contraste entre les ablutions auxquelles on procédait sous l’économie mosaïque pour ôter les souillures du corps (qu’elles fussent matérielles ou morales), et le baptême chrétien, dans lequel le croyant est identifié avec Christ dans la ressemblance de sa mort (Rom. 6:5). C’est la mort expiatoire de Christ, typifiée par l’eau du baptême, qui nous purifie de nos péchés : nos péchés ainsi laissés dans la mort, nous serons identifiés avec Christ dans la ressemblance de sa résurrection, ce qui nous donne dès maintenant une bonne conscience devant Dieu.

Ne pourrait-on pas établir un parallélisme entre 1 Pierre 3:21 et Hébreux 9:9, 10, selon lequel ceux qui offraient des dons et des sacrifices sous l’ancienne alliance n’étaient pas rendus parfaits quant à la conscience » parce que ce culte se fondait sur des « ordonnances charnelles » (données à l’homme dans la chair) comportant des viandes, des breuvages, diverses ablutions, alors que le baptême figure, lui, une purification morale, celle de la conscience (mais il ne l’opère pas lui-même) ?

 

1.3   La demande à Dieu d’une bonne conscience

Enfin les mots « la demande à Dieu d’une bonne conscience » pourraient amener certains croyants à penser qu’ils doivent demander à Dieu de leur donner une bonne conscience. N’est-ce pas plutôt que la bonne conscience procède du fait que Christ, ayant accompli l’expiation, a été ressuscité, et nous en lui, ce qui nous met à jamais à l’abri du jugement ?

 

2                        Réponses

2.1   Le baptême sauve-t-il ?

Le fait que huit personnes furent sauvées dans l’arche à travers l’eau du déluge détruisant l’ancien monde, préfigurait, entre autres, le salut des croyants à travers le jugement de Dieu sur le péché. À ce type correspond, maintenant que l’œuvre de rédemption est accomplie, une autre figure, savoir le baptême chrétien. (Le mot « antitupos », que la version JN Darby francise en « antitype », signifie une figure — une empreinte ou une image prise soit d’un original soit d’une autre empreinte ou image : il ne se trouve que deux fois dans l’Écriture, ici et en Hébreux 9:24, où il est rendu par « copie »). La réalité représentée tant par l’arche du déluge que par le baptême chrétien est que Christ, mort pour nos péchés, est sorti de la mort en vainqueur, il est ressuscité ; la foi du croyant s’empare de cette réalité, et le bénéfice lui en est assuré : nous traversons la mort, en esprit et en figure, par le baptême » (J.N.D.) et entrons dans une vie nouvelle, de résurrection. Il est évident que la vertu n’est pas dans le signe mais dans la chose signifiée. Personne n’a jamais été sauvé en effectuant un signe, ni en obéissant à une ordonnance cérémonielle : le baptême, s’il s’agit de régénération, est inopérant sans la foi, alors que la foi est opérante sans le baptême. Mais quelqu’un qui, se disant croyant, refuserait le baptême, ferait douter de sa foi. C’est ainsi que se comprend Marc 16:16, passage à propos duquel J.N.D. écrit : « Dire que l’obéissance d’un homme doit être ajoutée à sa foi pour qu’il soit sauvé, est sauf pour quelques personnes extrêmes, trop monstrueux pour être reçu. Tandis que, supposons un Juif, ou un païen (comme il m’est arrivé d’en rencontrer) qui soit réellement convaincu que Jésus est le Christ, et qui même sente ses péchés, mais qui dise : « Ma mère est une Juive pieuse ; elle mourrait si je devais être baptisé » — je lui dis : « Je ne puis vous reconnaître comme sauvé ». Il ne s’agit pas ici d’une pauvre obéissance à une ordonnance de la part d’un chrétien, mais du refus d’être chrétien. C’est dans ce sens que Pierre parle du baptême qui sauve ; quoique l’expression soit obscure, le passage est suffisamment clair quant au point qui nous occupe » (Letters 2 p. 278).

Ceci nous amène à ce que vous citez de H.R. :

« Si un Juif n’était pas baptisé, il n’était pas sauvé », en considérant avec cet auteur que pour les Juifs le baptême au nom de Jésus avait cette signification particulière de les faire passer d’une condition dans une autre. Ils « se sauvaient de cette génération perverse » qui refusait de croire en Lui, ils sortaient du « baptême pour Moïse » (1 Cor. 10:2) et éventuellement de celui de Jean, ils se séparaient de ce qui n’était « pas un peuple » et allait être détruit, pour faire partie du résidu sauvé, le vrai peuple de Dieu (Actes 2:47 ; 1 Pierre 2:10). La suite des états, en Actes 2:38-40, est bien remarquable : ceux qui avaient été transpercés à salut par la Parole entendue et crue, montraient cette foi par la repentance ; ensuite ils étaient baptisés, exprimant par là que c’est par le nom de Jésus Christ que leurs péchés étaient remis ; et enfin ils recevaient le don du Saint Esprit. Ce n’est pas que la foi en Christ fût inopérante sans le baptême, ou que le baptême eût une efficace salvatrice propre, mais se soustraire au baptême équivalait à se solidariser avec la nation apostate, et donc à refuser Christ : or « il n’y a de salut en aucun autre » (Actes 4:12).

Revenons à 1 Pierre 3:21 pour citer à ce sujet W. Kelly : « La place du baptême est de toute importance, et d’un profond intérêt ; mais l’Écriture ne lui attribue jamais la vivification, comme le fait une très vieille erreur, invétérée, de la chrétienté. Tous les Pères (ou ainsi appelés) qui parlent du don de la vie l’imputent au baptême. Ce fut l’erreur de temps de ténèbres bien avant le papisme ; et on la fondait sur les mots, entièrement mal compris, de notre Seigneur en Jean 3:5. Toute l’Écriture, pouvons-nous dire, dirige les regards, en ce qui touche le salut de l’âme, vers le Sauveur et la foi en Lui. Aucune partie n’en est plus claire à cet égard que la doctrine incluse dans cette épître, particulièrement dans le premier chapitre. Christ est Celui qui vivifie des hommes morts dans leurs fautes et leurs péchés, Christ le Fils en communion avec le Père, révélé dans la puissance du Saint Esprit par la Parole.

… Le baptême chrétien exprime et confesse la participation à la mort de Christ ; ainsi que le dit Paul : « Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ? Nous avons été ensevelis avec lui par le baptême pour la mort » (Rom. 6:3, 4). C’est là sa signification : la mort, non la vie, de Christ, bien que par la foi en Lui nous ayons part à l’une et à l’autre.

… Le baptême, ainsi que Pierre l’enseigne en Actes 2:38, était « en rémission des péchés ». Ananias fut envoyé à « Saul, frère », qui avait déjà la vie en Christ ressuscité, et il lui commanda de se lever, d’être baptisé et de se laver de ses péchés, invoquant son nom (Actes 22:16). De même ici : « laquelle figure — car c’est ce qu’est le baptême — vous sauve aussi maintenant », mais l’apôtre ajoute soigneusement : « non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience » … Le baptême figure donc non la vie — comme le dit la tradition qui obscurcit tout et égare — mais le salut, le salut présent de nos âmes (1:9) et la garantie du glorieux changement qui s’opérera pour nos corps à la venue de Christ. Il met en évidence notre passage de notre état déchu à la nouvelle position de salut « par la résurrection de Jésus Christ » … Nous pouvons encore remarquer que Héb. 11:7 coïncide avec le « vous sauve maintenant » de notre verset : l’arche était préparée pour Noé et sa maison, c’était là la figure ; le vrai salut dont parle figurativement le baptême est d’un caractère divin et éternel, sur la base de la mort et de la résurrection de Christ » (W. K. The epistles of Peter, p. 605-612).

 

2.2   Le dépouillement de la saleté de la chair

Le parallélisme que vous soulignez est en effet bien instructif. Les purifications lévitiques étaient tout extérieures, quoique typiques et chargées par là de signification morale, de sorte que pour le fidèle il pouvait y avoir, en partant de ces ablutions corporelles, un travail de conscience plus ou moins profond. Elles n’étaient pas, en d’autres termes, de simples lavages de propreté. Quoi qu’il en soit, Héb. 9:13 ne parle que de « la pureté de la chair » et 1 Pierre 3:21 du « dépouillement de la saleté de la chair ». Or c’est la conscience qui a besoin d’être purifiée, et une figure, que ce soit l’eau des ablutions d’autrefois ou l’eau du baptême, ne saurait le faire, ni par conséquent donner une « bonne conscience ». C’est pourquoi Pierre dit : « non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience ». « Car la vie de Christ donnée à l’âme ne cherche rien de moins et ne peut être satisfaite par rien de moins. Et comme Celui qui est la vie éternelle et qui nous la donne a souffert pour les péchés, nous recevons aussi la riche bénédiction de sa mort, selon toute la valeur de celle-ci » (W.K.).

 

2.3   La demande à Dieu d’une bonne conscience

Quant à l’expression : « la demande à Dieu d’une bonne conscience », elle présente une double difficulté.

2.3.1                      Le mot

D’abord, le mot traduit ici par « demande » et qui pourrait l’être par « engagement, ou témoignage ». « Le sens de ce mot (eperôtêma) est grandement controversé : il signifie demande, question. La plupart des commentateurs en parlent comme d’un terme de loi… signifiant contrat, ou plutôt stipulation ou obligation d’un contrat… Je suis disposé à croire que c’est la chose demandée, l’objet de la demande. La conscience demande comme étant devant Dieu, et a la chose qu’elle demande (savoir « une bonne conscience ») dans le baptême comme figure, par la résurrection de Jésus Christ » (J.N.D., note dans l’édition de 1872 du Nouveau Testament, version nouvelle).

 

2.3.2                      La tournure de la phrase

Ensuite, la tournure : « demande d’une bonne conscience », qui prête à équivoque en ce que « bonne conscience » peut désigner aussi bien ce qui est demandé que l’auteur de la demande. Il semble bien qu’ici « une bonne conscience » est la chose demandée, et que ce n’est pas une bonne conscience qui recherche quelque chose » (ibid).

2.3.3                      Le sens

Nous pensons donc qu’il ne s’agit pas dans ce passage de la recherche d’une bonne conscience pratique, que le croyant exercé dans sa marche demanderait à Dieu (la conscience du croyant, dans ce sens, qui est celui de 1 Timothée 1:5, est bonne quand il n’y a pas de mal à juger dans sa conduite) ; il s’agit du « cœur purifié d’une mauvaise conscience » de Héb. 10:22, ou de l’état devant Dieu de « sans conscience de péché » (Héb. 10:2), qui est celui du croyant qui participe à la mort et à la résurrection de Christ dont le baptême est le signe. « Le baptême n’est pas une ablution à laquelle on demande de nettoyer les impuretés de la chair : il représente la mort de Christ, et quand on aborde cette mort, on obtient la chose qu’on demande, à savoir, une bonne conscience, une conscience lavée de tous les péchés dont elle était chargée devant Dieu. Les eaux de la mort par lesquelles Christ a passé et nous en Lui, nous ont délivrés de toutes nos souillures, et par sa résurrection il nous a amenés à Dieu. Ainsi nous nous présentons devant Lui avec une bonne conscience, car tout a été parfaitement accompli. On voit, dans ces versets, la vraie signification du baptême. On traverse l’eau, figure de la mort de Christ, en vue d’obtenir une bonne conscience et d’arriver dans un lieu où l’on est à l’abri du jugement ; de même Noé et sa famille étaient entrés dans l’arche, non parce qu’ils étaient sauvés du déluge, mais afin de l’être, et de recommencer à vivre dans un monde nouveau. Ainsi, je ne passe pas au travers du baptême parce que j’ai une bonne conscience, mais en vue de l’obtenir, car il n’y a pas d’autre moyen de l’obtenir que la mort de Christ dont le baptême est la figure » (Mess. Év. 1912, p. 152, 153).

Ainsi, en soi le baptême n’opère ni ne confère rien — ni salut ni bonne conscience, pas plus aux Juifs qu’aux Gentils — mais il exprime en figure une réalité spirituelle : celle de notre identification avec Christ dans la « ressemblance de sa mort », par laquelle nos péchés sont expiés ; et « nous le serons donc aussi dans la ressemblance de sa résurrection » (Rom. 6:5), qui nous place déjà devant Dieu avec la bonne conscience que demande l’âme vivifiée.