[ page principale | nouveautés | La Bible | la foi | sujets | études AT | études NT | Index auteurs + ouvrages + sujets ]
Épaphras — Colossiens 4 v.12
ME 1861 p. 467; sous-titres ajoutés par Bibliquest
Auteur inconnu
Table des matières:
3 Des hommes de prières : un besoin vital aujourd’hui
4 Modestie, mais amour des âmes
5 Un modèle pour tous — Comment prier
8 Il est urgent que l’exemple d’Épaphras soit suivi
Il y a une différence bien frappante entre les annales inspirées du peuple de Dieu et toutes les biographies humaines. On peut bien dire des premières qu’elles renferment beaucoup de choses en peu de mots, tandis qu’on peut dire, en vérité, d’un grand nombre des dernières, qu’elles se composent de beaucoup de paroles pour peu de chose. L’histoire d’un des saints de l’Ancien Testament — histoire qui comprend une période de 365 ans, est résumée dans ces deux courtes phrases : «Énoch marcha avec Dieu, et il ne fut plus, parce que Dieu le prit» (Gen. 5:24). Que c’est bref ! et pourtant que c’est vaste, que c’est complet ! Combien de volumes les hommes auraient remplis des détails d’une telle vie ! Et cependant qu’est-ce qu’ils auraient pu en dire de plus ? Marcher avec Dieu, cela comprend tout ce qu’il est possible de dire d’un individu. Un homme peut faire le tour du globe, il peut prêcher l’évangile sous tous les climats, il peut souffrir pour la cause de Christ, il peut nourrir ceux qui ont faim, vêtir ceux qui sont nus, visiter les malades ; il peut lire, écrire, imprimer et publier des livres d’édification ; en un mot, il peut faire tout ce qu’il serait possible à l’homme de faire ; et avec tout cela, sa vie entière pourrait être résumée en cette courte phrase : «il a marché avec Dieu». Et ce sera très-heureux pour lui, si ce résumé est la vérité ; car quelqu’un pourrait faire à peu près tout ce que nous venons d’énumérer, tout en n’ayant jamais marché avec Dieu une seule heure, tout en ne connaissant pas même ce que signifie une marche avec Dieu. C’est là une pensée profondément sérieuse et pratique, qui devrait nous engager à cultiver soigneusement la vie cachée, sans laquelle les services les plus éclatants se trouveront n’avoir été qu’un feu de paille et de la fumée.
Il y a quelque chose de particulièrement touchant dans la manière dont le nom d’Épaphras est, pour la première fois, présenté à notre attention, dans le Nouveau Testament. Les allusions à ce frère sont des plus brèves, mais en même temps des plus suaves. Il semble avoir été le type même d’une classe d’hommes dont le besoin se fait vivement sentir de nos jours. Ses travaux — du moins quant à ce que l’écrivain inspiré nous en a rapporté — ne paraissent pas avoir été bien apparents ni bien remarquables. Ils n’étaient pas de nature à attirer les regards ou les louanges des hommes, et n’en étaient pas moins les travaux les plus précieux, je dirai même : des travaux inappréciables. C’étaient des travaux du cabinet, accomplis après avoir fermé la porte sur soi, des travaux dans le sanctuaire, des travaux sans lesquels tout le reste se trouve, à la fin, stérile et sans valeur. Il ne nous est pas présenté par le biographe sacré comme un puissant prédicateur, comme un laborieux écrivain, comme un intrépide voyageur, ce qu’il aurait pu être, si le Seigneur l’eût voulu, et ce qui, à sa place, est vraiment utile et précieux. Le Saint Esprit ne nous dit pas qu’Épaphras fût un de ces hommes ; mais il a placé sous nos yeux ce caractère particulièrement intéressant, de manière à remuer jusqu’au fond tout notre être spirituel et moral. Il nous l’a présenté comme un homme de prière — de prière instante, fervente, semblable à un combat — de prière, non pas tant pour lui-même que pour les autres. Écoutons sur ce sujet le témoignage de l’inspiration.
«Épaphras qui est des vôtres, esclave du Christ Jésus, vous salue, combattant toujours pour vous par des prières, afin que vous demeuriez parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu ; car je lui rends témoignage qu'il est dans un grand travail de coeur pour vous, et pour ceux qui sont à Laodicée, et pour ceux qui sont à Hiérapolis» (Col. 4:12-13).
Tel était Épaphras ! plût à Dieu qu’il y eût des centaines de chrétiens tels que lui de nos jours ! Nous sommes reconnaissants d’avoir des prédicateurs, reconnaissants d’avoir des écrivains pieux, reconnaissants de voir des frères voyager pour la cause de Christ ; mais nous manquons d’hommes de prière, d’hommes du cabinet, d’hommes qui ressemblent à Épaphras. Nous sommes heureux de voir des hommes qui prêchent Christ, heureux d’en voir qui soient capables de manier la plume d’un écrivain diligent dans l’intérêt de la noble cause ; heureux d’en voir se mettre en chemin, dans le véritable esprit évangélique, pour «les lieux qui sont au delà de nous» (2 Cor. 10:16) ; heureux d’en voir, dans un véritable esprit pastoral, allant, à réitérées fois, visiter leurs frères dans chaque endroit. À Dieu ne plaise que nous cherchions à déprécier d’aussi honorables services, ou que nous en parlions défavorablement ; au contraire, nous ne saurions exprimer par des mots la haute estime que nous avons pour de tels hommes. Mais, après tout et avec tout cela, nous avons besoin d’un esprit de prière — de prière fervente, persévérante, de prière qui combat, sans laquelle rien ne peut prospérer. Un homme sans prières est un homme sans sève. Un prédicateur sans prières est un prédicateur inutile. Un auteur sans prières n’écrira que des pages inefficaces. Un évangéliste sans prières ne fera que peu de bien. Un pasteur sans prières n’aura que peu de nourriture à distribuer au troupeau. Nous avons besoin d’hommes de prière, d’hommes qui ressemblent à Épaphras — dont les murs de leur cabinet sont témoins de leurs travaux, de leurs combats. Ce sont incontestablement là des hommes tels que le moment actuel en exigerait surtout.
Il y a d’immenses avantages liés à ces travaux du cabinet, — des avantages tout à fait spéciaux ; avantages pour ceux qui s’y livrent, et avantages pour ceux qui en sont les objets. Ce sont des travaux tranquilles et modestes, accomplis dans la retraite, dans la sainte et sanctifiante solitude de la présence divine, hors de la vue des hommes. Jamais peut-être les Colossiens n’auraient connu les travaux d’amour d’Épaphras à leur égard, si le Saint Esprit n’en eût pas fait mention. Il est possible qu’à quelques-uns d’entre eux il eût pu paraître avoir peu de sollicitude et de zèle pour eux ; il est probable qu’il y avait alors, comme il y en a aujourd’hui, des personnes qui mesurent l’intérêt et la sympathie d’un chrétien par ses visites, ou par ses lettres. Ce serait là une fausse mesure. Il faudrait qu’on pût le voir à genoux pour connaître le degré de sa sympathie et de son intérêt pour le bien de ses frères. Ce peut être l’amour des voyages qui nous fait aller au loin visiter des frères ; ce peut être la manie d’écrire qui nous engage à adresser des lettres de côté et d’autre ; tandis que rien, si ce n’est un véritable amour pour les âmes et pour Christ, ne pourra jamais nous conduire à combattre, comme Épaphras le faisait, en faveur des enfants de Dieu, «afin qu’ils demeurent parfaits et bien assurés dans toute la volonté de Dieu».
En outre, les précieux travaux du cabinet ne demandent ni don spécial, ni talents particuliers, ni facultés intellectuelles éminentes. Tout chrétien peut s’y livrer. Un enfant de Dieu peut ne pas avoir de capacité pour prêcher, pour enseigner, écrire ou voyager ; mais tout chrétien peut prier. On entend quelquefois parler d’un don de prière : c’est une expression qui ne nous plaît guère ; au contraire, elle nous choque. On l’applique souvent à une pure et facile redondance de certaines vérités bien connues que la mémoire retient et que les lèvres répètent ; c’est là une pauvre chose après tout. Il n’en était pas ainsi d’Épaphras, et ce n’est pas ce qui nous manque, ce que nous désirons surtout maintenant. Ce qui nous manque, c’est un réel esprit de prière, qui s’occupe de tous les besoins actuels de l’Église, et qui sache porter ces besoins, dans des intercessions persévérantes, ferventes et pleines de foi, devant le trône de la grâce. Cet esprit peut s’exercer en tout temps et dans toutes les circonstances. Le matin, midi, le soir ou minuit, toute heure est bonne pour celui qui travaille ainsi dans son cabinet ; en tout temps, le coeur peut s’élever au trône de Dieu ; l’oreille de notre Père est toujours ouverte ; le domicile de sa demeure est toujours accessible. Approchez-vous à quelque instant, ou avec quoi que ce soit, il est toujours disposé à écouter et prêt à répondre. Il est Celui qui entend, Celui qui exauce, Celui qui aime la prière faite avec importunité. Il n’est point de paroles qu’il préfère à celles-ci de notre part : «Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni». Lui-même a dit : «Demandez — cherchez — heurtez — il faut toujours prier, et ne point se lasser ; — tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevez, et il vous sera fait ; — si quelqu’un manque de sagesse, qu’il demande à Dieu». Ces mots sont d’une application générale ; ils s’adressent à tous les enfants de Dieu ; le plus faible d’entre eux peut veiller, peut prier, recevoir une réponse et rendre grâces.
Puis encore, rien n’est plus propre à nous donner un vif intérêt au bien-être de quelqu’un, que l’habitude de prier constamment pour lui. Épaphras s’occupait beaucoup des chrétiens de Colosses, de Laodicée et de Hiérapolis. L’intérêt qu’il prenait à eux le faisait prier, et ses prières le faisaient s’intéresser à eux. Plus nous nous intéressons à quelqu’un, plus nous prierons pour lui, et plus nous prierons, plus notre intérêt sera vif et sincère. Si vous êtes poussé à prier pour des frères, vous pouvez d’avance vous réjouir de leurs progrès dans la foi et de leur prospérité spirituelle. De même, relativement aux inconvertis, quand nous sommes conduits à nous présenter devant Dieu en leur faveur, nous pouvons espérer leur conversion avec de profonds et anxieux désirs, et la saluer, quand elle a lieu, avec une sincère reconnaissance. Voilà ce qui devrait nous exciter à imiter Épaphras, que Paul appelle : «notre bien-aimé compagnon de service», et auquel le Saint-Esprit accorde l’honorable épithète, de «fidèle serviteur du Christ pour les Colossiens» (1:7) et «d’esclave du Christ Jésus», à cause de ses ferventes prières pour le peuple de Dieu.
Enfin, le motif le plus élevé qui puisse être présenté, à cultiver l’esprit d’Épaphras, c’est le fait qu’il est tout à fait en harmonie avec l’esprit de Christ qui lui-même est toujours occupé de son peuple ; qui lui-même désire que tous ses rachetés «demeurent parfaits et accomplis dans toute la volonté de Dieu» ; et ceux qui sont portés à la prière dans ce but, ont le privilège d’être en une sainte communion avec le grand Intercesseur. N’est-il pas merveilleux qu’il soit permis à de pauvres et faibles créatures ici-bas, de demander à Dieu précisément ce qui occupe les pensées et les sympathies du Seigneur de gloire ? Quel puissant lien il y avait entre le coeur d’Épaphras et le coeur de Christ, quand le premier travaillait et combattait pour ses frères à Colosses !
Chrétiens, méditons sur l’exemple que nous donne Épaphras ; imitons-le. Fixons notre attention sur une ville de Colosses quelconque, et combattons avec ardeur par nos prières, pour les chrétiens qui s’y trouvent. Le moment actuel est bien solennel : toutes choses semblent approcher d’une crise ; les caractères se dessinent, les hommes prennent parti : et c’est bien. Nous ne sommes plus laissés dans l’incertitude relativement à ceux qui veulent servir le Seigneur, et à ceux qui ne le veulent pas. Puisse le Seigneur trouver accès dans les coeurs de plusieurs, et préparer les siens à souffrir et à faire sa sainte volonté. Comme cela doit nous faire sentir l’urgent besoin que nous avons d’hommes qui ressemblent à Épaphras ; qui soient disposés à travailler, sur leurs deux genoux, pour la cause de Christ, ou à porter avec joie, s’il en doit être ainsi, les nobles liens de l’Évangile. Tel fut encore Épaphras. Il est parlé trois fois de lui dans les épîtres de Paul. La première (Col. 1:7), comme d’un bien-aimé compagnon de service de l’apôtre, d’un «fidèle serviteur du Christ pour vous», venu à Rome pour faire connaître au prisonnier Paul «l’amour que les Colossiens avaient pour lui, par l’Esprit». La seconde fois, c’est, nous l’avons vu, essentiellement comme d’un homme de prière (Col. 4:12) ; et la dernière fois, c’est comme d’un compagnon de prison de l’apôtre dévoué des Gentils : «Épaphras, mon compagnon de captivité dans le Christ Jésus» (Philémon 23).
Veuille le Seigneur exciter au milieu de nous un esprit d’ardentes prières et d’intercession. Puisse-t-il susciter plusieurs chrétiens, formés dans le même moule spirituel qu’Épaphras ! Ce sont de tels hommes qu’il faut pour la crise qui approche.